L'UA de ta daronne

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 (Presque) Charmantes (re)trouvailles

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Samalo
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MessageSujet: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeMer 29 Aoû - 2:24

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« Bon, alors, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?
- Mais tais-toi, j'arrive pas à me concentrer !
- T'as des yeux pour voir, pas besoin de te concentrer.
- Je n'ai pas envie de la rater !
- Mais ça fait des heeeures qu'on attend, si ça se trouve elle viendra pas !
- Des heures, des heures... Ça en fait à peine... Euh...
- Trois, gros débile. Trois heures qu'on poireaute parce que ta nana est toujours pas sortie.
- C'est pas ma nana, je te l'ai déjà dit.
- Bon, alors, ta 'Nanatsume', si tu veux. »

Au moins, le Phénix doré arrive à rire tout seul de sa blague. Mais le Magicien dont il est le familier s'amuse beaucoup moins. Son cœur battant à tout rompre, il a du mal à répliquer davantages aux piques de son oiseau. Tori peut être pourtant intelligent quand il le veut, mais au fil du temps, il a juste appris à vanner le quarantenaire pour lui montrer qu'il l'aime bien malgré tout. Et pour lui prouver qu'il est ridicule, aussi. Sérieusement... Quarante balais (sans mauvais jeu de mots) à son effigie et il est là, à se cacher derrière un arbre dans le parc de Sainte-Catherine en espérant y trouver celle qu'il recherche désespérément. Il est beau, l'ancien champion de balai aérien qu'on disait l'un des plus prometteurs de sa génération. Mais il fallait se douter que derrière un prodige de la voltige se cachait un boulet qui se contentait de stalker les gens parce qu'il n'est pas capable d'aller vers les autres lorsque c'est important.

« Ah !.. C'est elle !..
- Wouaaah ! Téma les rides ! T'es sûr que c'est ton ex ?
- Tu dis n'importe quoi !.. Elle est... Elle est charmante... »

Et il est sérieux, en plus. Cela fait des années qu'ils ne se sont pas vus, mais Sam ne garde que des bons souvenirs de la Shimomura. Et il la reconnaît sans mal dans ses traits qui se sont durcis mais qu'il trouve toujours aussi gracieux malgré tout.

« Arrête de la regarder comme ça alors qu'elle t'a abandonné du jour au lendemain sans prévenir. Si ça se trouve, en plus, c'était pour aller avec un autre ! »

Samaël ne l'écoute pas, mais ses paroles ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd malgré ce qu'il voudrait faire croire. Car c'est en effet une des nombreuses hypothèses qui l'a traversé quand il se demandait ce qui avait bien pu se produire pour que Natsume s'en aille d'un coup sans lui fournir la moindre explication. Alors ça lui brise le cœur de se dire ça, mais il ne peut pas donner totalement tort non plus à son Familier alors qu'il ignore ce qu'elle a fait de sa vie après leur séparation. Si Tori est d'ailleurs aussi sec, c'est parce qu'il lui en veut d'avoir laissé l'Enodril en plan sans autre forme de procès. À l'abri des regards, c'est pourtant avec douceur et timidité que le brun la fixe se détacher de la sortie de l'école pour s'en aller, sans doute afin de rentrer chez elle. Sam était encore hésitant hier soir, mais aujourd'hui, il n'a plus de doute : il doit aller la voir.





« Euh... Euuuh t'es sûr que cette veste me va encore ?
- Mais oui, idiot, t'es tout propre, t'es tout beau, tu sens bon le roseau. Allez, va voir la donzelle qui t'a laissé derrière comme un vieux putois.
- Tori ! Tu veux finir en poulet frit, peut-être ?
- Bon, bon, je te laisse, je te laisse... Tu diras bonjour au gros lézard de ma part en arrivant.
- Tori, je t'ai dit d'arrêter !
- Mais non, je parlais de celle qui peut voler, andouille. Allez, à plus ! »

Sur le coup, il ne sait pas à quoi ou plutôt à qui il fait allusion, mais la mémoire lui revient bien vite quand il s'approche de la maison une fois que son ami l'a quitté. En effet, une grosse dragonne est installé contre le domicile. Et à voir ces couleurs, l'Enodril a tout à coup un flash.

« Oh... Ka-Kaede ! Tu-Tu vas bien ? »

Samaël ne sait pas si elle le reconnaîtra, mais il ose quand même un petit sourire timide. Il espère juste qu'il ne finira pas en chair à pâté s'il s'est trompé de personne. Mais il n'entretenait pas de mauvais rapport avec Kae, au contraire. Son attention se porte toutefois sur l'habitation, et notamment sur la porte qui est en fait déjà à moitié ouverte. En se raclant la gorge, le Magicien jette un dernier coup d'œil sur son apparence pour dégager les quelques plis gênants de ses vêtements, et se permet d'entrer dans la demeure après avoir frappé.

« Hmm... Excusez-moi ?.. Est-ce que Natsume Shimomura est là ?.. »
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Segnif

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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeMer 29 Aoû - 3:27

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« Mamaaaaaaan, y'a plus de confiture de cerise !
- Et donc ?
- Bah, euh, je peux pas terminer mon gâteau...
- Tu peux en refaire, que je sache, les fruits n'attendent que toi. »

La mention d'un effort à faire tire une grimace à l'adolescent qui n'a décidemment pas la moindre envie de faire quoi que ce soit qui nécessiterait de bouger ne serait-ce que son petit doigt, et son expression crispée doit sans doute prouver la même chose. Dans un soupir un peu las, il pousse un grognement exaspéré et regarde avec dépit l'escalier qui mène à cette cave qui l'a terrorisé durant toute son enfance, et par là, le congélateur. En même temps, en vacances, il veut juste se détendre comme il le veut, et sûrement pas faire des choses aussi complexes que, diantre, descendre des escaliers. Mais bon. Il faut se rendre à l'évidence ; sa mère n'ira très certainement pas prendre la voiture pour descendre au magasin juste pour sa pomme, alors...  Alors il doit, et cela lui crève le cœur, se contenter de pâte à tartiner au chocolat. Et tant pis si cela se marie mal avec le thé aux fleurs que préparait Natsume, tiens, visiblement. Oui, Kaden se plaint souvent, bien souvent.

Un son, toutefois, attire son attention. Dans le salon, l'adolescent est le seul à entendre tout ce qui se dit, et il fronce les sourcils, ne reconnaissant pas la voix qui vient de sonner à ses oreilles. Curieux, et pas franchement méfiant pour des raisons plus ou moins évidentes de 'de toute façon Kae elle mange les méchants', il esquisse quelques pas vers la porte d'entrée. La maison n'est pas grande, après tout, alors il n'a qu'à avancer un peu pour découvrir le visage inconnu d'un type tout aussi inconnu au bataillon. Le dévisagent salement, car ce n'était pas tous les jours qu'un quarantenaire déboulait d'on ne savait où en réclamant de voir sa daronne (quoique les gens qui se paumaient dans la forêt étaient bien relous, des fois), il hésita à répondre ; c'est qu'il avait juste un peu l'air louche, en même temps, ou juste... Erhm. Bon. Il fallait bien agir, après tout, car continuer de fixer quelqu'un ainsi aurait été très malpoli (ça l'était déjà), si bien que Kaden reprit la parole, usant de sa voix (et de sa capacité à porter) pour interpeller sa génitrice.

« … C'est pour toi, j'crois ! »

Pas de réponse, toutefois. Quelques secondes s'écoulèrent, durant lesquelles, très mal à l'aise, il n'osa pas tout de suite bouger, et offrit un sourire malaisé et particulièrement gênant au nouvel arrivant, voulant plus que tout que tout cela se termine. Bon sang, il n'avait pas signé pour s'occuper des invités-ou-pas-invités de sa mère, hein ! Soupçonnant qu'elle n'ait pas entendu, il hésita à prendre de nouveau la parole, mais n'en eut pas besoin.
De longs grondements, semblables à ceux d'une dragonne de relatif mauvais poil, résonnèrent entre les murs, et Kaden cligna des yeux, surpris. La réponse à ses questions vient vite, car voilà que la silhouette de sa génitrice se dessinait plus loin dans la cuisine, fusillant du regard son familier qui ne cessait de s'agiter derrière les fenêtres de la maison, comme pour inciter sa maîtresse à lui porter attention. Furieuse, l'adulte claqua ainsi violemment la fenêtre de haut en bas, sans même renverser une seule seconde le contenu de la théière qu'elle portait. Elle prit même la peine de lui tourner le dos avec un dramatisme parfaitement exagéré.

« Kaede, calme-toi, bon sang, tu vas déloger les verrous de la-.. ?! »

Son agacement dirigé vers son amie qui ne cessait de s'agiter depuis quelques minutes pour une raison inconnue fut oublié en une seconde à peine dès lors que ses iris marrons tumultueux remarquèrent le visage du nouvel arrivant. Ses traits se crispèrent d'un coup ; sa bouche qui voulait prononcer de nouvelles réprimandes envers la dragonne se figea de telle sorte à ne lui laisser qu'une expression ridicule de poisson flétri. Alors que ses yeux s'écarquillaient de manière quasi grotesque, la prise qu'elle avait sur sa théière lâcha d'un coup. L'objet en porcelaine se brisa dès qu'il heurta le sol, répandant son contenu brûlant dessus, et également quelque peu sur ses pieds.
Kaden réagit relativement vite, habitué à ce genre d'accidents ; la plainte de sa génitrice alors qu'elle pestait l'inquiéta suffisamment pour qu'il vienne courir à ses côtés, jetant sur elle des regards paniqués. L'expression morne, il la dévisage pour tenter de voir la moindre preuve d'une douleur plus grande.

« M'man ! Tu vas bien ?! »
- Oui, c'est bon. Rien de grave. »

Elle semble étonnemment polie ; détail qui alerte suffisamment le cadet pour qu'il plisse les yeux étonné. D'ordinaire, elle aurait sans doute râlé cinq minutes avant de passer à autre chose, mais... Mais non, là, tout avait été coupé net, soudainement, comme si quelque chose lui tournait en tête. Et, à vrai dire, l'adolescent commença à avoir des doutes sur ce que cela pouvait être quand il remarque le coup d'oeil que sa mère jeta vers la porte d'entrée, et le nouvel arrivant. Essayant de décrypter ce qu'il voyait sur l'expression illisible et étrangement neutre de cette dernière, comme à chaque fois qu'il abordait un sujet compliqué, il en conclut que la tension qu'il sentait émaner de la scientifique n'était sûrement pas le seul fruit de son imagination.
Eloignant avec une douceur ferme la main de son fils, elle se redressa comme elle le put, ignorant la douleur dans ses doigts de pied. Toutefois, au vu de la manière dont ses doigts jouaient nerveusement avec le tissu de son manteau, Kaden hésita presque à demander si tout allait vraiment bien, ou si il devait rester dans les environs au cas où. Il n'irait pas dire qu'il était soupçonneux, mais, enfin...

« Kaden, voudrais-tu bien... ? »

Il aurait presque sursauté. Son ton semblait relativement lent et hésitant, différent de sa rapidité sèche d'ordinaire. Le coup d'oeil qu'elle jeta à l'entrée de la maison lui en dit néanmoins juste assez pour qu'il comprenne que la raison de son comportement étrange n'était pas bien loin. Méfiaant, il plissa les yeux, devenu suspicieux qu'il ne soit signe de mauvaises choses ou même d'un danger potentiel, mais la légère pression sur sa main lui fit saisir qu'il devait sortir. Il obéit en rechignant un peu, mais tout de même. Dans un soupir, il hocha de la tête, et passa distraitement à côté du perturbateur.

« Ouais, d'accord. B'jour, monsieur. »

Un vague signe de la main, et il était dehors. Tant pis, il finirait son gâteau plus tard, après tout.

'Nervosité' n'aurait pas été un mot suffisant pour décrire l'angoisse qui lui vrillait le ventre. Oh, bien sûr, il expliquait relativement bien la raison de la crispation totale de ses muscles, ou même de son regard qui ne savait où se poser et fixait étrangement ailleurs depuis quelques secondes, ou le ralentissement net de son rythme cardiaque. Il expliquait en revanche assez peu la sensation froide qui venait de lui poignarder la poitrine, et qui, en toute honnêteté, la laissait quelque peu hésitante face à la suite des choses à faire. En même temps, parmi toutes les possibilités qu'elle avait pu imaginer, cette dernière n'en faisait nullement partie ; face à quelque chose qui n'avait jamais été envisagé, un peu par peur et un peu par volonté de se conserver, il ne restait plus grand chose de son cerveau.

« … Bonjour. »

Ou peut-être que si. Il restait juste assez pour sortir un mot, sorti avec la mécanique froide d'un robot sous le point de faire une erreur système, mais tout de même. Un mot qui n'est pas balbutié, malgré le fait qu'elle est quasiment sûre que la sueur va être son invitée dans peu de temps, mais bon. Pour l'instant son cerveau semble avoir rencontré un bug total de la matrice, ceci expliquant peut-être le manque total de naturel de tout cela.

« Il y a des chaises. »

… Et le manque de naturel de tout cela, aussi. Et oui, parfois, quand il manque un neurone et qu'on est un peu sous le choc, il arrive de sortir ce genre de choses, alors qu'elle voulait juste « tu peux t'asseoir si tu veux » pour faire la conversation. Mais faire la conversation, évidemment, n'avait jamais été son fort ; et en même temps, vu son expression de robot mort, c'était évident.
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Samalo
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeMer 29 Aoû - 14:51

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D'un signe de tête, il salue l'adolescent qui vient de se montrer. Il ne s'attendait pas à en voir un ici, mais en le détaillant, son cœur se met à rebattre la chamade, d'anxiété cette fois-ci.
T-Tiens... Il.. Il lui ressemble un peu, non ?.. Haha...
Non, il faut qu'il chasse ses pensées. Ce n'est pas le moment de devenir parano non plus. Peut-être qu'il est juste là par hasard. Un frère ou un cousin dont il n'aurait jamais entendu parler ?.. Oui... Oui, c'est sans doute ça. Aaah... Heureusement que Tori n'est pas venu avec lui. Il n'aurait pas hésité à énoncer toutes sortes d'hypothèses visant à l'agacer. Enfin, au moins, peut-être aurait-il brisé le silence gênant qui vient de s'installer alors que la maîtresse des lieux se fait attendre. Et pourtant, puisqu'il a maintenant la confirmation qu'elle se trouve ici en ce moment, il tripote nerveusement ses doigts, cherchant du regard la jeune qui l'a quitté il y a seize ans. Et alors, quand il entend des bruis de pas et une voix apparemment irritée, l'Enodril déglutit. Pas de doute, c'est bien elle. Il la reconnaît sans même la voir encore, et alors, quand elle apparaît enfin dans son champ de vision, sa poitrine tambourine comme si un véritable orage y était logé.

« Bon-Bonjour, Natsume... »

Avec tendresse, il lui sourit. La surprise qui peut se lire sur le visage de la nouvelle arrivante lui indique au moins qu'elle le reconnaît. Il sursaute néanmoins en voyant que la théière que tenait la Shimomura s'échappe de ses mains et se brise au sol, lâchant son contenu brûlant par terre. Embêté, il se retient de proposer toutefois son aide quand il aperçoit le jeune homme se précipiter près de l'adulte qui partage son toit.
Ah, au moins il veille sur sa mère, c'est déjà ça... Euh... QUOI ?! Sa mère ?!
Il ne comprend qu'après les mots de l'adolescent, mais il a juré l'entendre dire 'maman' brièvement. Et cela expliquerait en effet beaucoup de choses. La bouche béante, les yeux écarquillés comme des soucoupes au moment où il saisit la situation, les paroles de son Familier lui reviennent tout à coup en mémoire.
« Si ça se trouve, en plus, c'était pour aller avec un autre ! »
Des années qu'ils ne se sont pas vus. En temps normal, il se serait sans doute réjoui que son ex-copine ait pu refaire sa vie, mais il ne peut que sentir quelque chose se briser en lui. Tori avait-il raison, en fin de compte ?.. Après tout... Cet adolescent doit avoir bien une quinzaine d'années, non ?.. Le temps qu'a duré leur éloignement...
Si c'était ça, pourquoi ne me l'a-t-elle pas dit ? J'aurais compris, si ses sentiments s'était taris. Je voulais juste continuer de la voir...
Mais il s'imagine qu'il ne peut pas lui en vouloir. Peut-être ne voulait-elle pas le blesser. Tant mieux, si elle a pu trouver son bonheur autre part, mais le Magicien aurait juste souhaité qu'elle lui en parle avant de s'en aller. Est-elle heureuse comme elle est maintenant, au moins ?..
Lorsque le cadet les laisse enfin seuls, Samaël ne sait pas par quoi commencer. Le trac le prend soudainement, d'une même ampleur que celui qui l'a parcourut à son premier championnat de balai aérien. C'est Natsume, pour une fois, qui prend la parole en première. Elle semble aussi confuse que lui, ce qui le rassure un peu. Il l'a rarement vu dans un tel état, il faut dire, alors ça l'impressionne, quelque part. Un peu bête, Sam ne comprend pas tout de suite où elle veut en venir quand elle désigne les chaises, avant de traduire dans la langue de la Magicienne que ça signifie tout simplement qu'il peut s'asseoir. En silence, il s'exécute donc. Mais une fois cela fait, il ne peut pas laisser un nouveau blanc s'installer pendant des heures encore. L'apparition du... fils de la dresseuse de dragon le perturbe encore plus qu'il ne le voudrait.

« Kaden, c'est ça ?.. Il m'a l'air d'être un bon garçon. C'est donc ton fils ? Je me disais qu'il te ressemblait un peu, physiquement, héhé... »

Par le grand Créateur, que c'est awkward... Mais après tout, ce n'est pas la faute de Kaden. Sam le pense quand il dit qu'il a l'air d'être gentil. Il espère qu'il prend soin de sa... mère, même si le terme fait encore un peu mal.

« Je suis désolé de débarquer comme ça à l'improviste. Je... Je voulais savoir comment tu allais, depuis le temps. »

Pendant un temps, d'ailleurs, il l'avait cru disparu. En effet, si elle s'était envolée, il avait été rassuré de savoir qu'elle était toutefois toujours vivante. C'était la seule chose qui lui importait.

« C'est... une charmante maison. Vous... Euh... Vous vivez que tous les deux ou.. ? »

Pour le coup, il ne sait pas s'il avait mieux valu que Tori ne soit pas là, finalement. Il aurait sans doute été plus direct. Quoiqu'il n'aurait pas hésité à faire des remarques cinglantes en direction de la brune, et ça, il ne l'aurait pas supporté. Tout comme ce n'est pas la faute de Kaden, ce n'est pas la faute de Natsume non plus. Depuis toujours, Samaël croit que le problème devait venir de lui. Même après Natsume, il n'a jamais vraiment réussi à retomber amoureux, il faut dire.

« Est-ce que son père ou... ou son autre mère sont là ? »

Une interrogation qui le prend aux tripes rien qu'en y pensant ou en la disant, mais sa curiosité a pris le pas sur sa raison. C'est une question qui lui pend aux lèvres depuis qu'il a découvert le lien entre Kaden et Natsume, et elle le brûlait tout entier.
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Segnif

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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeMer 29 Aoû - 21:02

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Un afflux brusque et soudain de souvenirs venait de lui remonter d'un coup dans l'esprit, lui offrant le même effet qu'un uppercut en pleine gorge. Des images d'une époque qu'elle avait enterré au fond de sa tête dès lors qu'elle s'était retrouvée quasiment emprisonnée ici, car le simple fait d'y penser lui nouait la gorge : elle l'est encore plus maintenant. Difficile de ne pas reconnaître un visage qui avait hanté nombre de ses cauchemars et quelques uns de ses rêves les plus amers, malgré les effets et les caprices de l'âge ; difficile, par conséquent, d'être parfaitement insensible à une arrivée aussi soudaine et inattendue. Natsume n'aime pas beaucoup être dans cet état, et elle peste intérieurement de voir que ses gestes se sont fait nerveux, particulièrement alors qu'elle ramasse les morceaux de sa théière (dommage, elle l'aimait bien) pour se changer les idées. C'est plus simple, après tout, qu'oser croiser le regard de Samaël ; elle n'est pas vraiment sûre de ce qu'elle afficherait là, tout de suite.
Le laisser parler était plus simple. La lâcheté et sa tendance à l'évitement s'expriment tout particulièrement maintenant que ses pensées sont dans un état de confusion quasi totale. Beaucoup de choses seraient à dire, et en même temps, Natsume n'est pas sûr de pouvoir parler convenablement. En premier lieu, pourtant, ses pensées vont vers la raison de cette arrivée soudaine. L'inquiétude lui ronge le ventre, si bien qu'elle en oublierait presque d'écouter.
Comment est-ce qu'il a pu... ? Est-ce que Nagisa aurait parlé ? Si elle l'a fait, est-ce que Namiko est au courant...?

Ses oreilles semblent se ranimer lorsque le prénom de Kaden est prononcé, la faisant ravaler sa salive très nettement. Si l'envie de faire un commentaire quant à sa remarque par rapport à une ressemblance lui vient, elle ne sort pas, l'estomac bien trop noué maintenant qu'elle pense au fait qu'un autre éléphant se trouve encore dans la pièce ; un qu'elle est la seule à connaître, toutefois. Un qui devra peut-être sortir, aussi, ou non. Tout un tas de choses qui font que le sujet lui serre l'estomac, si bien qu'elle ne répond pas tout de suite.
Il n'y a pas qu'à moi, qu'il ressemble un peu.
En soufflant, elle se relève et dépose avec apathie les quelques morceaux de porcelaine cassée sur le bord d'un plan de travail. Visiblement, il ne sait rien. Si Nagisa a lâché le secret, elle n'en a pas dit plus, et il est bien difficile d'en vouloir à l'Enodril d'arriver à l'improviste dans des circonstances pareilles. Elle aurait bien aimé longer les murs, d'ailleurs, en comprenant que son arrivée était aussi le fruit d'une inquiétude. Légitime, par ailleurs. Seize ans, tout de même, ce n'était pas quelques semaines, ou même quelques mois ; c'était bien plus que ça. Souvent, dans les moments les plus durs, ou même avant la naissance de Kaden, elle avait hésité à tenter un contact, même bref. Puis, tour à tour, la présence hebdomadaire de Namiko dans sa maison la persuadait que ce n'était pas une bonne idée ; ensuite, c'était la culpabilité, dévorante, à chaque fois qu'elle se rendait compte que Kaden grandissait de plus en plus. Et les jours passent, les mois, les années ; elle s'était dit qu'à ce stade, il aurait peut-être même été de mauvais goût de faire quoi que ce soit. La lâcheté, et la peur de ce qui serait arrivé, encore une fois, étaient d'excellents paralysants. En ce sens, elle ne que donner raison à son interlocuteur, et se dire qu'au fond, elle n'avait qu'elle-même à blâmer. Difficile de dire quoi que ce soit contre de la bonne volonté, en plus de ça ; la laideur de ses propres actions lui revenaient dans le visage avec force.

Sans surprise, la question finit par venir. Elle l'avait vu arriver, en même temps. L'âge apparent de Kaden rendait la question brûlante, quasi transparente dès lors qu'il devait l'avoir vu, et elle n'était pas assez naïve pour comprendre le double questionnement de Samaël par rapport à un.e potentiel.le « deuxième parent.e ». Visiblement, éviter le sujet ne fonctionnerait pas longtemps, et, les lèvres pincées, elle en aurait presque aimer faire un trait de sarcasme, tant tout cela donnait un peu à rire au fond. Jaune, mais tout de même.
Oh, il vient juste d'entrer, ça tombe bien.
Mais non ; même avec son absence de finesse légendaire, Natsume avait conscience que dire les choses aussi sèchement et honnêtement serait très probablement la pire des idées. Pourtant, les questions de Samaël laissent peu de doutes sur le fait que la question lui tient à cœur, et, ne voulant pas qu'il tourne quarante ans autour du pot, elle décida d'être plutôt directe.

« Il n'y a jamais eu que moi et Kaden ici, en seize ans. »

Et en même temps, pas comme si elle avait jamais essayé ou même espéré le contraire. Après ce qui s'était produit, l'idée même de « retrouver quelqu'un » la faisait lever les yeux au ciel. Pas comme si cela était même possible, vu la manière dont sa grand-mère surveillait ses fréquentations. Et en même temps, sans le savoir, faire son deuil ne lui avait pas été possible au vu des circonstances de leur séparation ; elle n'avait donc jamais été prête, ni ouverte, lorsque de maigres possibilités s'étaient présentées. Oh, il y avait bien quelques tentatives de la part d'hommes comme de femmes, mais ils s'étaient tous retrouvés face à un mur froid et imperturbable. Si elle avait conscience que sa fermeture n'était pas nécessairement saine, cela valait pour tout, et ce n'était pas sa priorité.
Toutefois, elle avait bien conscience que la question portait davantage sur les origines de Kaden qu'autre chose ; détail qui avait été quelque peu « oublié ». Pour l'instant, du moins. Elle avait bien conscience que le cacher ne servirait à rien, et que le suspense ne durerait pas particulièrement longtemps. Il lui fallait juste quelques secondes pour se rattraper.

Croyant qu'il faisait mention de l'état de la maison par intérêt sincère et non par simple tentative de faire la conversation, Natsume haussa distraitement les épaules.

« C'est lui qui a fait la décoration. »

En même temps, elle ne l'avait jamais aimé, cette maison. Si cela ne tenait qu'à elle, elle l'aurait fait brûler dès lors qu'elle en avait reçu les clés. Kaden en avait fait quelque chose de vivable, toutefois ; un peu comme la petite tumeur grisâtre dans sa tête, en somme, mais elle n'oserait jamais le dire ou l'affirmer entièrement. Surtout pas devant quelqu'un d'autre.
Le regard toujours éloigné, elle déposa distraitement un verre d'eau sur la table, ne serait-ce que par politesse (et besoin de s'occuper, de regarder ailleurs, et de faire du meublage, aussi). Le stress lui tendait tellement les épaules qu'elle était quasiment persuadée qu'elles allaient finir par se dégager d'elles-mêmes. Quelque chose lui faisait toutefois toujours tiquer dans un coin de la tête, et elle osa croiser le regard de l'aîné, une curiosité suspicieuse rendant son regard plus vif.

« Nagisa t'a prévenu, je suppose. »

Son assurance ne dura qu'une seule seconde. Ses yeux se dérobèrent très vite sous l'effet de son propre malaise. C'était quelque chose de lui parler ; c'en était une autre d'amorcer le moindre contact, même le plus sommaire. Et encore et toujours cette fichue nervosité à gérer, qui lui dévorait le ventre et la poitrine avec une énergie si vivace qu'elle était presque sûre qu'elle en respirait un peu moins bien. L'asthme n'était jamais loin, après tout.

« Tu... Tu as l'air d'aller bien. »

Sans doute qu'il allait bien, oui, elle ne pouvait que lui souhaiter ça. Elle l'avait souhaité, aussi, de temps à autre, lorsque l'écran s'était retrouvé par inadvertance sur une chaîne de télé quelconque relatant une de ses victoires, et que, prise d'une douleur brûlante, elle éteignait l'appareil avec une quasi férocité amère. Au fond, elle se disait que c'était peut-être mieux pour lui, de ne pas être mêlé à tout ça.
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Samalo
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 0:23

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« Oh. »

Personne d'autre, donc, ne demeure ici. Il n'y a qu'eux deux. Peut-être que... que Kaden était en fait un enfant adopté ?.. Ou alors, elle s'était séparé du père biologique de son fils très vite. Il espère juste que ce n'est pas un sujet fâcheux pour elle. Il suppose que continuer sur ce sujet, toutefois, ne vaut pas la peine. Surtout qu'elle change le rythme de la discussion, de telle sorte à ce que le nom de l'adolescent soit écarté pour l'instant. Samaël voulait juste savoir si elle avait refait sa vie, et avec qui. Il aurait été curieux de voir qui avait pu fonder une famille avec elle, mais puisqu'elle n'a pas l'air d'être très relations amoureuses... Enfin. Même quand ils se sont connus, ça se voyait tout de suite. Peu ouverte, il avait déjà été difficile pour Sam de l'approcher, il s'en souvient. Et pourtant, il n'a jamais regretté une seule seconde. Il s'était même vu avoir des enfants avec Natsume, si elle l'avait voulu. En tout cas, rester avec elle ne lui aurait pas déplu. Si seulement elle était restée... Mais l'Enodril est certain qu'elle devait avoir ses raisons, quelles qu'elles soient. De toute façon, il ne considère pas non plus qu'il a perdu du temps à la chercher. Il en a eu, aussi, des occasions de se marier avec quelqu'un. Leur séparation a toutefois laissé une marque si brutale qu'il n'avait jamais pu ouvrir de nouveau son cœur à quelqu'un d'autre de cette manière. Et ceux qui le connaissent pourraient même trouver ça étrange, lui qui est assez fleur bleue. Mais seize ans... Kaden est définitivement né peu de temps après leur séparation, ça veut dire. Est-ce que... Est-ce que Natsume avait un amant ?.. Samaël ne croirait pas que ça puisse être son genre, pourtant, mais est-ce pour ça qu'elle a disparu ? Pour éviter de le faire souffrir s'il découvrait que cette hypothèse se révélait vraie ?
Non... Non, elle ne m'a jamais trompé.
Que de mystère, pourtant... Ou alors Natsume avait tout à coup décidé d'adopter un gosse après leur rupture. C'était possible aussi.

« Ah... C'est... C'est mignon comme tout. Hé... En même temps, quand je t'ai connu, tu n'étais pas très décoration non plus. »

Il sourit, amusé, en se rappelant de l'époque où ils ont commencé à emménager ensemble. Ils se préoccupaient assez peu de la déco en soit, même à cette période, mais Sam trouvait amusant qu'ils ajoutent chacun leur petite touche, pour dire que c'était chez eux, en un sens. Plus honteusement, l'Enodril avait eu besoin parfois d'avoir quelque chose qui lui ferait penser à sa petite-amie les fois où elle serait temporairement absente. Et les fois où elle serait absente... pendant seize ans.

« Euh... Oui, c'est elle qui m'a indiqué où tu te trouvais. »

Il avait peur de balancer Nagisa pour les précieuses informations qu'elle lui avait donné, mais après tout, puisqu'il s'agit de Natsume, il se dit que ça ne resterait pas secret très longtemps, de toute manière, et que les deux s'entendent relativement assez bien pour que l'une n'étrange pas sérieusement l'autre. Malgré tout, ça le flattait un peu qu'elle s'inquiète de son état.

« Oh, euh... ça peut aller, oui. J'ai pris ma retraite du balai aérien pour entraîner une équipe et... Et je donne des cours à des jeunes, aussi. »

Des jeunes qui ont parfois l'âge de Kaden, maintenant qu'il y pense. Mais il ne sait pas si évoquer de nouveau l'adolescent est une bonne idée, vu que Natsume n'a pas l'air de vouloir en parler plus que ça, malgré la curiosité débordante pour le jeune garçon. Mais peut-être qu'il y a derrière une triste histoire ?..
Parlant de triste histoire...

« Tu... Tu m'as manqué, tu sais... Durant les premières années après notre séparation, enfin... tu vois ce que je veux dire, j'espérais que... Que tu ailles bien, où que tu sois. J'ai cru un moment que... que tu n'étais plus de ce monde. »

Il baisse un peu le regard, une lueur peiné dans ce dernier, avant de triturer nerveusement ses doigts en se rappelant de cette période sombre où il est tombé en dépression après avoir découvert qu'il n'y avait plus aucune trace de la femme qu'il avait profondément aimé et avec qui il pensait pouvoir enfin aspirer au bonheur qu'il recherchait.
Toutefois, dès lors qu'il pense à ce qu'il vient de dire, il se rend compte que ça peut sonner comme de la manipulation affective. Il ne veut surtout pas qu'elle ait des remords à cause de ça. Gêné, il tente de se reprendre.

« Euh... Euuuh... M-Mais je dis pas ça par rapport à... Enfin c'est pas pour te faire culpabiliser ou quoi, hein, je... Je sais que tu devais avoir tes raisons pour être partie. »

Il s'était promis d'essayer de ne pas aborder le sujet, mais d'un autre côté, si Natsume disparaît une nouvelle fois sans laisser de trace -peut-être pour que Sam ne la retrouve pas, cette fois-, il doit au moins savoir, avant de s'en aller, ce qui a provoqué la soudaine disparition de la Shimomura. Il faut qu'il sache s'il a fait une erreur et comment réparer ça avant de la laisser.

« Je... Je souhaite juste que t'aies pas eu de regrets à le faire. »

Mais c'est un sujet sensible, il en est question. Son but n'est pas de lui rappeler de mauvais souvenirs si elle en a, il veut juste... comprendre. La comprendre.
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 2:02

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L'évocation du passé n'est pas particulièrement agréable. Pendant longtemps, après son exil, elle s'était voulu d'avoir cru qu'elle pouvait vivre sa vie tranquillement dans un coin, sans pensées particulières quant au futur. De s'être installée avec quelqu'un, de se dire qu'elle pouvait croire que la réalité ne reviendrait pas la gifler en pleine figure dès lors qu'elle prendrait trop ses aises... Mais elle les avait prises, ses aises. Alors oui, de temps à autre, elle faisait un effort quant à la décoration de leur appartement, principalement pour lui faire plaisir, mais aussi peut-être un pour se dire qu'elle était effectivement à sa place, et pas juste de passage. Maintenant, la simple évocation de ces actes faisaient s'humidifier ses yeux tout naturellement. Ou du moins, cela aurait été le cas si elle n'avait pas un contrôle d'acier sur ses nerfs. Un contrôle qui ne tenait pour l'instant qu'à sa manière de rester debout et s'appuyer sur le plan de travail, mais c'était déjà ça.
Elle n'avait pas tant besoin de la confirmation que ça, mais elle hocha maigrement de la tête. L'inquiétude lui rongea de nouveau le sang, suffisamment pour qu'elle ravale sa salive avec difficulté.
À quoi est-ce qu'elle pensait... ?! Elle sait très bien que si elle l'apprend...

La conversation, toutefois, n'attendait pas sa préoccupation. Visiblement, de ce qu'elle entendait, l'autre avait pu continuer sa vie de manière au moins convenable, ce qui lui fit presque pousser un soupir de soulagement. Apprendre le contraire l'aurait bien trop peiné pour qu'elle puisse continuer à tenir sa façade pour le moment. Lui qui avait toujours aimé les jeunes, après tout, devait sûrement s'épanouir dans un domaine qui mêlait à la fois son goût pour les sports aériens et ces premiers. Au moins quelque chose de positif, dans tout ça ; il avait pu passer à autre chose. Enfin, ça, c'était la théorie, théorie à laquelle Natsume aurait bien aimé croire le plus longtemps possible.
Théorie qui s'effrite dès lors qu'elle est mise face à la réalité, car Samaël semble avoir bien moins de difficultés avec cette dernière que l'éleveuse de dragons. La sincérité des émotions de l'aîné la prend au ventre brutalement, d'autant plus quand il explique son ressenti de l'époque. Sans être une spécialiste, elle est persuadée, à l'entente de ce qui est dit, qu'il n'a pas entièrement guéri. Elle aurait dû le savoir, et peut-être qu'elle le savait, au fond. Il est juste difficile d'entendre ça. De l'entendre s'inquiéter, exprimer qu'il était avant tout craintif de ce qui avait pu se passer, et d'imaginer, avec tout l'effroi que cela avait dû lui faire ressentir, un potentiel décès. D'avoir témoin de toute une affection qu'elle connaissait, et que, décidément, elle n'avait rien fait pour mériter, surtout avec ses actions.
Et encore et toujours, cette prévalence à s'effacer, à minimiser son ressenti, à faire passer les petites motions d'une imbécile apeurée devant les siennes, malgré seize ans de mensonge et de dissimulation. Une émotion si vive et forte lui prend les tripes, tellement que pendant quelques secondes, elle ne sait pas comment la gérer. Elle aimerait lui dire de cesser de s'inquiéter pour sa pomme, de lui faire des reproches, ne serait-ce qu'un commentaire passif agressif, de s'énerver, de faire quoi que ce soit que Natsume estime qu'il serait en droit de faire, mais non. Peut-être aurait-elle tenu, si le dernier commentaire n'avait pas donné un coup final à la pauvre esquisse de carapace qu'elle avait tenté de faire tenir, ne serait-ce que pour être moins transparente.

Sa poigne se crispe contre le meuble du buffet. Une houle vient de remonter dans tout le sommet de son corps, comme si une vague de poison brûlant lui asphyxiait les bronches. Elle est presque sûre que si son expression est devenue illisible, ce n'est que par volonté désespérée d'essayer de colmater les fuites ; une volonté qui est bien souvent suffisante, mais qui ne l'est pas actuellement. La dernière phrase de Samaël continue de revenir dans sa tête, encore et encore, comme un disque cassé qui ne cesserait de répéter ses dernières notes.
J'en ai eu, des regrets. J'en ai toujours, et j'en aurai toujours.
Ce serait simple à dire. Ce serait tellement, tellement simple à dire... Mais non. Quelque chose dans sa poitrine vient de se soulever, de rompre si subtilement qu'elle ne s'en était même pas rendue compte. Ses épaules se sont mises à s'agiter, et le tremblement se répand lentement dans tout son corps ; il passe à son ventre, puis jusqu'à ses genoux, qui ne tiennent que par la force qu'elle met dans sa prise sur le meuble de cuisine. Sa seconde main, celle qui est disponible, laisse ses ongles s'enfoncer dans sa paume alors qu'elle crispe sa mâchoire du mieux qu'elle le peut pour mieux tenter de maîtriser ses spasmes nerveux.

Difficile à faire, toutefois, quand la douleur est si vive, et si amère. Quand ses poumons capricieux lui rappellent par de petites piques glacées ce qui se passe dans sa tête, dépassée et fatiguée. Fatiguée, quelque part, par seize années à laisser cette question pourrir dans une cellule au fond de sa tête, sans jamais oser ouvrir la porte de peur d'y trouver une vérité monstrueusement évidente. Mais maintenant qu'il faut s'y plonger d'un coup sec, elle n'est pas sûre de pouvoir sortir la tête.
Elle devrait peut-être répondre. Mais, à l'instant, ses pensées sont encore fixées sur ses derniers mots. Des regrets... Oui, peut-être que certains lui traînent un peu plus en tête. Qu'ils ont continué de l'habiter pendant des années, alors qu'elle gardait le secret, incapable de savoir comment expliquer une situation pareille à son fils. Maintenant, toutefois... Maintenant, tous ces regrets-là remontent. Jusqu'au bout de ses lèvres, qui s'entrouvrent pour laisser passer, d'une voix amère et hésitante, rendue confuse par des balbutiements laissés, quelques confidences peinées.

« Si... Si je n'étais pas partie, Kaden aurait pu connaître son père. Si j'avais su que j'étais enceinte quand il a fallu que... »

Elle tente de se maintenir comme elle le peut, mais c'est devenu compliqué. Le flot est puissant, étouffant, et saisissant. Natsume devrait peut-être se taire ; elle s'en rend compte lorsque la signification de ce qu'elle avoue lui passe en tête. Mais en même temps, elle n'en a pas envie. Elle n'en a plus envie, à vrai dire ; elle n'a jamais eu envie d'emporter ça dans sa tombe, mais elle a été persuadée, pendant longtemps, que c'était ce qui finirait par arriver. Elle avait même prévu un mot, pour Kaden, un jour, si jamais il lui arrivait quelque chose. Qu'il soit fixé sur certains points, et fasse ce qu'il désire de ces informations. Quelque chose lui dit, toutefois, qu'il n'aura peut-être pas besoin de l'ouvrir, cette fichue lettre.
Péniblement, ses yeux humides se relèvent un peu, et un rictus désabusé et empli d'amertume se dessine sur ses lèvres mordues sous le coup de l'émotion. Le message ne peut pas vraiment être plus clair.

« Il aurait pu en être fier. »

Sûrement, oui. Elle n'a pas de moyen d'être sûr de tout ça, mais peut-être que cela aurait été plus simple. Peut-être que cela aurait été moins pénible, plus supportable. Que cela aurait été juste un petit peu plus facile de vivre comme ça, mais en même temps, est-ce qu'il était bon de penser à des choses qui n'avaient pas pu exister... ? Non, probablement pas. La honte, toutefois, vient s'en mêler lui agrippant la gorge alors même que sa poitrine est déjà aux mains d'autres émotions confuses et aliénantes, si puissantes que la douleur dans ses poumons en devient insupportable. Ses jambes finissent par lâcher, et elle laisse ses bras entourer son propre corps, le regard fixé sur le sol, perdu.

« J-je, je ne... Je ne voulais pas... »

Trop tard, toutefois. Le barrage a cédé, et ses derniers mots finissent dans une syllabe étranglée et hachée, avant de se muer en un gros et lourd sanglot.
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Samalo
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 3:45

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Il sentait quelque chose n'allait pas depuis sa dernière phrase. Il avait espéré que ça ne ferait pas culpabiliser son amie, mais peut-être que son souhait avait été trop naïf encore. Elle se met dans un état que Sam ne lui connaissait pas, pour être exact, ou du moins, pas encore très bien. Il avait pu la connaître aussi vulnérable et meurtrie à de nombreuses reprises par le passé, mais alors qu'il la revoit pour la première fois en seize ans, il est déstabilisé par les émotions qui la traversent tant et si bien qu'il réussit à sentir le flot jusqu'en lui. Tétanisé sur sa chaise, la voir ainsi le peine profondément, ravivant de mauvais souvenirs dans sa poitrine où il avait déjà pu être témoin d'un craquage de celle qui fut sa première et dernière petit-amie. Elle était pourtant si stoïque il y a encore quelques minutes, mais... Samaël discernait déjà le malaise et d'autre sentiments contradictoires qui la parcouraient. Immobile, il ne sait pas très bien s'il doit réagir, ou plutôt, s'il a le droit de le faire, quand bien même il meurt d'envie de s'approcher pour tenter de l'apaiser un peu. Toutefois, les paroles balbutiées de la Magicienne résonnent comme une révélation. Une révélation que l'Enodril, trop simplet, ne comprend pas sur le coup. Il ne voit en effet pas tout de suite le rapport entre sa grossesse et son départ, à moins qu'elle voulait préserver Kaden de Samaël pour une raison qu'il ignore. Si elle avait eu besoin d'aide pour élever le gamin, ça n'aurait pas posé de problème à l'Enodril, que ça soit son gosse ou celui d'un autre. Il n'aurait vu qu'un enfant et sa mère désemparée. Car il sait, pour le coup, que la grossesse de Natsume n'a pas dû être de tout repos pour elle, qu'il savait vouloir attendre avant d'avoir des gamins en ignorant même si elle en désirait.
Fier ?.. Mais de quoi est-ce qu'elle parle ?..
On aurait envie de le baffer, parfois, pour être aussi stupide. Mais sérieusement, plus elle dévoilait la vérité qu'il attendait, moins il comprend ce qu'elle essaye de lui expliquer.

« Natsume !.. »

Peu importe, au final, quand il y a plus important : le moral en miettes de la Shimomura qui semble épuisée du poids qu'elle a dû porter pendant des années. Lorsqu'il la voit finalement s'écrouler, son premier réflexe ne se fait pas attendre : d'un bond, il se lève de sa chaise pour s'agenouiller à son chevet, les yeux emplis d'inquiétude. Certains auraient dit qu'il avait passé une trop grosse partie de sa vie à attendre que Natsume lui revienne. Mais il s'en était complètement fichu. Il avait été sûr de ne jamais trouvé une autre personne comme elle. Si seulement elle n'était pas partie quand elle est tombée enceinte...

« Attends... »

Tout à coup, les engrenages se mettent à marcher. Lentement, mais sûrement, il refait le calcul dans sa tête et tente de trouver un raisonnement logique avec les derniers propos de la brune qui sont capitales. Un éclair de génie, soudainement, lui passe. Et la réponse lui apparaît alors tellement claire et tellement évidente quand il repense à tout ce qu'elle lui a dit depuis qu'il est ici qu'il lâche un hoquet de stupeur sous l'effet du choc.

« Tu... Tu veux dire que... C'est moi, son père ?.. Je suis le père de Kaden ?.. »

Il n'avait vu l'adolescent que quoi... cinq minutes, et déjà, il apprenait qu'il portait en lui ses gênes combinés à ceux de Natsume. Le fruit de leurs sentiments respectifs, qu'on lui a caché seize années entières. Il a un fils. Un fils avec Natsume. Il ne sait pas comment ça se fait (enfin bien sûr il a une idée), mais c'est une nouvelle qu'il doit encaisser, là, maintenant, alors qu'il a en même temps la concernée devant lui qui a fini par lâcher prise, avec son corps et ses émotions. Ses sanglots arrivent toutefois à lui faire placer la nouvelle information cruciale de côté pour se concentrer sur elle uniquement.

« Tu as gardé ça pour toi... durant tout ce temps ?.. »

Il ne sait pas si la conception de Kaden est la cause de son départ ou l'une d'elles parmi tant d'autres, mais si ça l'a met aussi mal, c'est qu'elle a dû endurer de vives épreuves pendant qu'elle avait disparu et que, peut-être, avait-elle une raison bien précise pour à la fois s'envoler à ce moment-là et en plus lui cacher sa grossesse. Il ne pense pas que ça puisse être le genre à garder le secret en sachant qu'il désirait fonder une famille et qu'il lui en avait fait part au préalable, quand ils seraient tous les deux prêts, bien sûr. Même si ça avait été un accident, elle le lui aurait annoncé. Si elle est partie... C'est qu'il devait y avoir quelque chose contre lequel elle était impuissante. Perdu et chagriné de la voir ainsi, il manquerait lui-même de céder aux larmes s'il ne se retenait pas. Les pleurs de la Magicienne lui permettent de garder le contrôle sur lui-même pour le moment, alors il en profite pour glisser quelques mots d'une voix qui se veut douce et rassurante.

« Je suis désolé. Si je t'avais cherché davantage peut-être que... Peut-être que j'aurais pu te retrouver et... Et te soutenir dans tout ce que tu as traversé. »

Chaque jour il se demandait s'il avait fait quelque chose de travers pour qu'elle décide de ne même pas lui laisser un mot. Il n'avait gardé que ce qu'elle avait oublié de prendre : une vieille gameboy avec des Bulbizarre dessus. Il a conservé précieusement l'appareil jusqu'à aujourd'hui comme s'il s'agissait d'un véritable trésor. Certains jours, il s'était également demandé ce qu'il pourrait faire pour trouver une quelconque trace de Natsume. Mais rien qui aurait pu lui permettre de la retrouver, et le Créateur seul sait combien de temps il a cherché, en vain.
En douceur, il lui demande silencieusement s'il peut se rapprocher davantage. Il attend que l'accord lui soit donné avant qu'il ne l'encercle de ses bras pour l'enlacer, y mettant toute la tendresse qu'il lui réservait jusqu'aux jours de leurs retrouvailles s'il avait lieu. Il avait oublié comme ce contact lui était agréable durant leur jeunesse, puisqu'une aura nostalgique et chaleureuse l'enveloppe un court instant, telle une rémniscence. La prendre dans ses bras lui avait tant manqué.

« Je ne vais pas espérer que notre relation reprenne comme avant si nos sentiments ne s'y prêtent pas, mais... Je veux être là si tu ne vas pas bien. Je ne veux plus me séparer de toi aussi longtemps. De toi et... Et de Kaden. »

Il l'avait déjà perdu une fois, et avec elle, sans qu'il ne le sache, leur enfant aussi. Sans chercher à établir une relation compliquée de père/fils avec un adolescent dont il ne sait rien, il ne peut pas faire comme si de rien n'était maintenant qu'il sait la vérité. Même s'il a encore bien du mal à se la figurer pour le moment.
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 15:28

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Céder n'était pas l'objectif ; c'était même ce qu'elle redoutait le plus, dès lors qu'elle l'avait vu rentrer dans la pièce. Elle aurait peut-être même préféré que les choses se passent mal plutôt que d'en arriver à un spectacle si ridicule et pathétique, sans vraiment se rendre compte que cela en dit long sur son état psychologique et les relations qu'elle entretient avec les autres. Rien à faire, pourtant, face à la pression dans sa poitrine, et la sensation désarmante, destabilisante, de perdre quelque chose qui la faisait plus ou moins tenir. Elle ne saurait dire si c'est le fait de l'avoir avoué, d'y avoir pensé un peu trop intensément, ou même de l'avoir revu, et d'avoir réveillé des choses qu'elle avait si profondément enterré qu'elle en arrivait même à se faire croire que la pique au fond de sa tête n'était pas si douloureuse que ça. Le résultat est suffisamment, brutal, toutefois, pour être honnête ; et ce ne sont même pas ses maigres tentatives de se relever qui auraient pu changer quoi que ce soit. C'est un peu plus compliqué que ça, bizarrement, la dépression et les troubles psychologiques.

Ses épaules se resserrent d'un coup net lorsque l'autre s'approche, dans un réflexe instinctif de défense qu'elle ne maîtrise pas elle-même. Sa voix lui semble un peu distante, un peu lointaine, et elle est vaguement consciente qu'il s'est approché, sans toutefois dépasser la limite qui aurait provoqué une réaction de rejet si elle avait été franchie. Ses doigts s'enfoncent un peu dans sa peau, sans qu'elle ne se rende entièrement compte ; la douleur physique, sur le coup, est peut-être la seule chose qui lui rappelle qu'elle est encore consciente lors de crises d'angoisses comme celle-ci. Sa respiration est devenue plus lente, plus sifflante, aussi, régulée par les caprices de ses poumons compressés et instables.
De son côté, toutefois, Samaël semble juxtaposer les éléments et saisir, finalement, ce que Natsume avait expliqué en croyant naïvement que ce serait relativement évident. Peut-être que ça l'était moins pour lui, en un sens. Mais lorsqu'il énonce la réalité des faits, toutefois, elle ne peut s'empêcher de baisser de nouveau la tête et le regard. Elle n'ose pas confirmer, ne serait-ce que par un hochement de tête. Elle ne l'a jamais vraiment dit à haute voix, ni même à basse, d'ailleurs. Elle avait bien vaguement donné les informations à Nagisa il y a seize ans, mais là encore, elle n'avait jamais été très explicite, tournant autour du sujet d'une manière tellement ridicule que même sa sœur avait fini par lui dire qu'elle était agaçante à fuir la réalité ainsi. C'est pourtant ridiculement aisé et simple à dire, tellement qu'elle aurait dû le faire. Lui cacher ça n'était rien de bien honorable, en réalité, mais... Mais non, elle n'avait pas d'excuse. Et elle le savait déjà bien avant cette discussion ; ce n'était pas pour rien qu'elle éludait le sujet à chaque fois que Kaden s'était interrogé, quitte à ce que ce soit particulièrement suspicieux.

Ce n'est donc pas aisé pour sa personne, et elle ajouterait bien que cela n'a aucune importance qu'elle soit mal à l'aise au vu des faits, d'entendre des excuses de la part de quelqu'un qu'elle est intimement persuadée d'avoir trahi. C'est même bien plus honteux, dans son esprit nervosé, d'être celle à laquelle il s'excuse alors que les torts penchent d'un seul côté. Et en même temps, savoir que dans tout cela, elle était bien la seule à avoir tout fait pour qu'il ne trouve rien, combien même ces actions lui déchiraient le cœur.
Si elle hésite au départ à lui donner la permission pour se rapprocher, à la fois car une partie de son instinct s'ébourriffe à l'idée du moindre contact et que la partie pathétique de son cerveau chigne des 'mais tu ne mérites pas qu'on fasse attention à toi gros caca', elle finit par hocher faiblement la tête, le corps toujours crispé et raide. Ses membres ne se détendent pas à ce contact, mais, toutefois, des sanglots plus gros encore lui échappent alors que cette très bref approche ranime en elle quelque chose d'aussi agréable que pénible. C'était comme si une bulle venait d'éclater, d'un seul coup, et qu'elle peinait à maîtriser les effluves s'éparpillant dans tous les sens, sans un barrage ferme pour les retenir. Elle réussit, pourtant, à éructer quelques mots, formant ainsi une phrase à la prononciation certes chaotique mais intelligible.

« Tu n'aurais pas pu trouver quoi que ce soit. Elle s'est bien arrangée pour ça, et je... Je ne pouvais pas... »

Bien sûr, qu'elle y avait pensé de temps à autre. Elle y avait pensé, lorsque les nausées devenaient si puissantes qu'elle était obligée de compter sur sa sœur pour faire des tâches aussi basiques qu'aller se laver, ou juste bouger. Elle y avait pensé aussi, lorsque les premiers mois, voir années, de Kaden, avaient effrité son moral et aspiré toute son énergie. Et, des fois, certaines nuits, quand la stature s'effritait à l'heure du coucher, elle y avait pensé aussi. Cela n'aurait pas été très compliqué, en vérité. Elle était en position de le faire, mais... Les conséquences, en même temps, la paralysaient sur place dès qu'elle osait y penser ne serait-ce qu'une seconde. Et en même temps, Namiko l'avait bien assez prévenue de ce à quoi elle s'exposait si elle cherchait de nouveau à sortir de son champ de vision ; déjà qu'elle avait été furieuse de perdre le contrôle une fois... Ses menaces quant à ce qu'elle ferait de Kaden, ou même ce qu'elle ferait en règle générale, étaient suffisantes pour qu'elle se taise. Puis, il y avait la honte, la culpabilité, et tout cela, qui formaient de bons anesthésiants pour chaque occasion à laquelle ces pensées se présentaient.
Cela n'avait toutefois aucune importance maintenant. Ses derniers propos, d'ailleurs, résonnent dans la tête de la Shimomura qui serre un peu les dents, furieuse contre elle-même.

« Je.... Je suis désolée, je... Enfin, tu devrais t'occcuper d'autre chose et vivre ta v-vie e-et... »

Et en un sens, il avait bien le droit de côtoyer qui il veut, et donc de voir son ex petite-amie et son fils. Natsume est juste inquiète en pensant à ce que cela peut vouloir dire, et ce que cela lui fait, aussi, d'entendre ça. Elle n'a pas, après tout, entendu souvent ce genre de choses ; alors les gérer... Sans surprise, elle passe au dessus de ce commentaire, ne sachant comment y répondre malgré le fait que cela la touche bien plus qu'elle ne le voudrait, pour exprimer ses troubles face à la suite des événements. Car, bien évidemment, maintenant qu'elle n'a aucune idée de comment vont se dérouler les choses, elle est quelque peu perdue, et désemparée.

« Je ne sais même pas ce qui va se passer maintenant. Si ma grand-mère l'apprend, je ne sais pas ce qu'elle fera, et je... »

Je n'ai pas vraiment envie que tu partes.
Elle ne le dira pas, toutefois. Ce n'est pas d'ordre romantique, évidemment. Natsume est avant tout heureuse, sans vraiment oser l'accepter, de revoir quelqu'un qui avait en quelque sorte été son meilleur ami pendant des années, et de qui, en dépit d'une relation qui avait malheureusement été mise à terre, représentait l'un des rares liens positifs qu'elle avait pu former malgré des années de conditionnement et de difficultés. Ce n'était pas comme si elle en avait revu, des amis, pendant toutes ces années. Elle n'aurait pas osé imaginé, d'ailleurs, ce qu'elle aurait ressenti si elle avait perdu contact avec sa sœur pendant longtemps avant de la revoir ; sans doute quelque chose de sembable. Et en même temps... En même temps, l'ombre de la présence de Namiko lui rappelle encore une fois que même en tant qu'ami, il y a peu de chances que la chef des Shimomuras accepte qu'ils se côtoient. Pour l'instant, toutefois, difficile d'émettre ne serait-ce que des suppositions
Les larmes, pourtant, se calment, comme si, maintenant que la poche avait été vidée, ses pensées reprenaient lentement une tournure plus posée. Natsume se force à souffler pour évacuer la douleur dans ses poumons, ne voulant pas alerter son interlocuteur qui s'intéresse déjà bien trop à sa poire comme ça. Avec une vigueur presque féroce, elle se force à essuyer les yeux, se reprochant déjà tout ce qui vient de se produire, pour sortir quelques phrases encore une fois bredouillées.

« … Il n'en sait rien. Je n'ai jamais pu lui dire, et... Je suppose qu'il va falloir le faire, m-mais... »

Mais c'est compliqué. Aller annoncer à un adolescent qui n'a jamais vraiment pensé à tout ça qu'il a son père biologique face à lui, c'est complexe. Oh, pas que Kaden ait eu un quelconque « manque » à combler sur ce point, le souci a toujours surtout été le fait que Natsume avait des compétences lacunaires. Mais la Shimomura imagine bien aisément que l'information le perturbera peut-être un peu, surtout au vu des circonstances. Sa colère, ça, la scientifique est prête à l'affronter sans broncher : elle sait déjà qu'il a quelques rancunes quant à tous les secrets qui ont été faits par rapport au passé. Natsume ne sent plus, toutefois, de rester dans le silence. Ne serait-ce que si l'autre veut tenter d'apprendre à connaître son fils biologique ; cela ne veut pas dire qu'une relation parentale émergera, mais elle estime qu'il a le droit d'essayer d'apprendre à le connaître. C'est un peu de sa faute, après tout, si cela n'a pas été possible avant.
Alors, d'un ton calme et plus clair, qui l'étonne elle-même, après avoir inspiré un coup, elle relève les yeux pour croiser les siens avec hésitation.

« C'est moi, qui doit m'excuser. Tu n'as rien à te reprocher. »

Un jour, peut-être qu'elle arrivera à arrêter d'avoir honte. Mais très certainement pas maintenant, et quelque part, elle avait la sentiment que ce 'pas maintenant' était une jolie façon de dire 'jamais'.
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Samalo
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 18:30

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Il ne sait plus comment il a fini par se convaincre qu'elle était en vie, au final. Il l'a juste toujours espéré, gardant un optimisme qui n'était sûrement pas bon pour lui mais auquel il se raccrochait chaque jour. Cette femme qui avait joué une part importante de sa vie... Elle ne pouvait pas s'être évaporée sans raison. Alors il a continué à se dire qu'elle devait être vivante. Et tant qu'il avait cette idée en tête, il pouvait avancer. Mais c'était dur, très dur, de se réveiller tous les matins sans avoir sa présence à ses côtés. De ne plus la prendre dans ses bras quand elle n'allait pas bien ou lui réclamer des câlins lorsqu'il cherchait de l'affection. Même pour les courses, pendant plusieurs semaines, il avait continué à prendre des choses aussi pour elle. Il se disait naïvement que, le jour où elle reviendrait, elle retrouverait ses marques, ou des choses qu'elle aime. Mais Natsume n'était jamais revenu. Les membres de son équipe de balai aérien, quand ils l'ont appris, l'ont réconforté en lui disant qu'il avait tout le temps de se trouver quelqu'un d'autre et qu'il n'aurait aucune difficulté à le faire. Mais chaque fois qu'il faisait même quelques essais pour voir, il n'arrivait pas à l'enlever de sa tête. Inconsciement, il ne le voulait pas non plus. Il n'était pas prêt. Et pendant seize ans, il ne l'a jamais été. Alors au bout d'un moment, il n'a plus cherché à retrouver quelqu'un d'autre. C'était elle, ou personne. Même s'ils ne revenaient pas au stade où ils s'étaient quittés, il voulait juste la retrouver, la voir, lui parler, la sentir contre lui, s'assurer qu'elle allait bien. Mais encore et toujours, dans ses propos, il comprend, après plusieurs secondes de réflexion, qu'elle parle de Namiko. Sa grand-mère paternelle lui fait des misères depuis son plus jeune âge, de ce qu'il avait compris quand elle l'évoquait brièvement durant leurs conversations. L'Enodril se demande tout à coup si ce ne serait alors pas encore à cause d'elle que Natsume a dû s'éloigner de la sorte, ce qui expliquerait, en somme, beaucoup de choses. Et vu ce qu'elle révèle, l'hypothèse se confirme de plus en plus dans la tête du Magicien qui prend, pour la peine, le temps de réfléchir un peu à tout ça et d'en arriver à certaines conclusions.

Ses sanglots ne se taisent pas, mais elle arrive quand même à parler et à se laisser aller dans ses bras. Après toutes les nombreuses fois où elle y avait trouvé refuge, Sam espérait que ça puisse l'aider un petit peu. Si elle semble toujours tendue, néanmoins, il a l'impression que ce contact ne peut pas lui faire de mal, même s'ils savent tous deux le temps qui les a séparé depuis la dernière fois où ils se sont approchés comme ça. Doucement, une de ses mains vient caresser son dos tandis que l'autre plonge dans ses cheveux longs. Il hume silencieusement son odeur en sentant une vague de nostalgie l'atteindre avec puissance, tout en la laissant continuer. Sa grand-mère revient dans la conversation, encore et toujours. Déjà il y a vingt ans, elle en avait peur. Aujourd'hui, avec effroi et colère, Samaël se rend compte que rien n'a changé et qu'elle semble encore à la merci de cette vieille carne qui la terrorisait déjà à l'époque.
Il ?... Mais je croyais que Namiko était... Ah non d'accord on parle d'autre chose.
Il n'imaginait pas que le sujet de Kaden reviendrait sur la table, comme elle semblait l'éviter, mais entendre son nom apporte une drôle de sensation dans la poitrine de l'Enodril. Il doit encore réaliser que l'adolescent est également un petit bout de lui, même si on ne peut pas dire qu'en seize ans d'absence il puisse se considérer vraiment comme son père, dans le sens dont il aurait probablement rêvé. Mais il n'en veut pas à Natsume. Il n'y arrive pas. Sans doute l'aime-t-il encore trop pour ça, d'une façon ou d'une autre. Maintenant qu'elle est en face de lui, il ne veut plus repasser au 'si' qui pourraient y avoir. Une expression tendre sur le visage, ses mains se déplacent cette fois-ci de ses hanches jusqu'à ses épaules au moment où elle s'éloigne un peu pour sécher ses larmes.

« On a le temps pour le prévenir. Tu n'es même pas obligé de le lui en faire part si tu n'en as pas envie, et s'il n'en ressent pas le besoin. »

Oh... Il aurait sans doute adoré pour tisser un lien aussi fort avec l'adolescent pour se permettre de l'appeler son fils et réciproquement. Mais ce n'est pas comme ça que ça marche, et il est même possible que Kaden ne prenne pas de bonne façon la nouvelle. Qu'il n'accepte jamais Sam comme son père, autre qu'un titre de géniteur qui lui a permis d'exister aujourd'hui. C'est après tout Natsume qui s'est chargé de l'élever, et il n'a aucun droit sur lui. Les choses ont fait que Sam regrette amèrement de ne pas avoir été là ou d'avoir été prévenu, mais... On ne change pas le passé, malheureusement. C'est pour ça qu'il ne peut pas en vouloir à Natsume non plus ; ça serait inutile.

« Je serais... ravi d'apprendre à le connaître. Mais avant qu'il ait la possibilité de voir en moi un père, j'aimerais qu'il voit d'abord un ami. »

Il craint que Kaden pense que ses rapprochements ne sont pas naturels, s'il se met à lui parler alors qu'il est courant de la vérité.

« Namiko ne doit plus... contrôler ta vie. Je n'ai pas peur de ce qu'elle pourrait me faire. Je ne la laisserais pas non plus t'éloigner de moi, je l'ai été trop longtemps. Je ne veux plus te quitter. »

Plus que le secret que Natsume lui a caché, c'est savoir que sa grand-mère tire toujours les ficelles derrière. Sam parierait d'ailleurs que c'est à cause d'elle en partie si elle a dû partir à sa grossesse, et c'est ce qui le rend d'autant plus fou de rage envers Namiko, même s'il ne la connaît ni du Créateur, ni du Destructeur, et qu'il n'a toujours qu'entendu parler de ce que son ex voulait bien lui raconter à son sujet.

« Il faut que tu te libères de son emprise, ça ne peut plus continuer comme ça. Je t'aiderai, s'il le faut, mais je ne peux pas te voir souffrir encore à cause d'elle. »

Sans doute est-ce une Magicienne redoutable et puissante. Sans doute a-t-elle des relations et une influence sans pareille. Mais peu importe : il est prêt à s'y opposer s'il le doit.
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeVen 31 Aoû - 0:54

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Elle a l'impression que la panique reflue peu à peu. Elle ne refluera pas entièrement avant un moment, elle n'est pas assez naïve pour croire le contraire, mais au moins, son esprit a cessé de s'affoler avec hystérie, ce qui constitue une avancée majeure. Elle contrôle sa respiration avec une certaine maîtrise, plus ou moins habitucée à gérer ces crises. La seule différence étant qu'elle l'a toujours fait seule ; elle n'a jamais mêlé Kaden à ça, et sauf quelques très rares fois où Nagisa était présente, elle tend à garder ce genre de choses bien au secret. La présence de quelqu'un d'autre, elle ne sait pas vraiment ce que cela provoque. Si elle s'est un peu tendue au contact des mains de l'autre dans son dos et dans ses cheveux, plus particulièrement, elle lui fait suffisamment confiance pour ne pas se crisper davantage par méfiance. C'est compliqué, pour l'instant, de savoir comment réagir exactement. Et cette peur qui continue de lui vriller le ventre... Elle ne sait pas vraiment si elle apprécie le rapprochement ou non, et si elle le laisse garder ses mains sur ses épaules, c'est en évitant au fait de penser que le contact la perturbe ne serait-ce qu'un peu. En même temps, la dernière fois qu'elle n'a ne serait-ce qu'eu un contact amical avec quelqu'un d'autre que sa sœur date d'au moins avant la naissance de Kaden.
Natsume expire un peu. Si elle écoute, elle se permet un rictus jaune en imaginant ce que ressentira Kaden. Elle est peut-être particulièrement à l'ouest quand cela concerne son fils, mais elle n'a pas  suffisamment peu de neurones pour ne pas savoir que continuer à lui mentir pourrait être relativement dangereux. Kaden n'est pas quelqu'un qui aime les secrets, les mensonges et les omissions ; peu étonnant, pour quelqu'un qui sait qu'il y baigne depuis toujours. Et si elle hoche de la tête face à ses propos et comprend tout à fait son point de vue, elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter en imaginant sa réaction. Si elle s'apprêtait à répondre, toutefois, la suite l'en empêche.

Elle s'était presque entièrement détendue. Puis, le sujet de Namiko était revenu, et sa gorge s'était nouée de nouveau. Comme si l'on avait tiré sur un fil qui redressait automatiquement sa colonne vertébrale, ses muscles s'étaient de nouveau crispés. L'évocation simple de son prénom suffit à étaler une couche d'huile sur la flamme de la crainte. Non, sur le moment, elle ne veut même pas entendre ce qu'elle sait déjà. Si la détermination du plus vieux est remarquable, Natsume y voit une forme de folie, et d'inconscience totale. En même temps, et sûrement se montre-elle condescendante face à quelqu'un qui est parfaitement en âge de prendre ses propres décisions, mais elle ne se rend pas compte que sa crainte la rend complètement irrationnelle et paniquée. Elle manquerait presque de rire jaune.
Son attention et son dévouement sont touchantes, si bien que ses yeux s'humidifient un peu et qu'elle se reproche avec virulence le fait d'être agréablement touchée par son comportement, comme si c'était égoïste de sa part. Natsume baisse le regard en l'entendant parler de ce qui lui paraît totalement impossible et déconnecté de la réalité, mais diablement tentant en même temps. Elle grimace, une lueur hantée passant dans son regard alors qu'elle se rappelle tous ses échecs passés.

« Si tu crois que je n'ai pas essayé... Ce n'est pas si simple. »

Les études, qui la passionnaient autant, avaient servi de porte de sortie. En même temps, comment diable Namiko aurait-elle refusé le prestige d'un doctorat sur leur nom... ? Même si l'idée de le faire dans ces conditions la dégoûtait, en un sens, c'était une bonne excuse pour partir. Et dans une certaine mesure, Kaden en avait été une aussi, même si penser ainsi la mettait mal à l'aise ; depuis qu'elle n'était plus un 'bon parti', après tout, elle n'avait plus à supporter d'entendre parler de ses arrangements maritaux qui la dégoûtaient depuis le début de sa puberté. Mais, éventuellement, à chaque fois, sa grand-mère trouvait le moyen de reprendre le contrôle et de détruire le peu que Natsume avait réussi à construire. Sauf que maintenant, il n'y avait plus qu'elle, qui prendrait des risques à agir ainsi, et elle l'exprima avec un regard plus stable et critique, identique à celui qu'elle utilisait lors d'analyses.

« Kaden ne sait pas que Namiko est ainsi. Elle a toujours tout fait pour bien passer à ses yeux, et si je lui disais la vérité maintenant, je ne sais pas qui... Qui il choisira, entre nous deux. Elle veut faire la même chose qu'elle a fait avec moi il y a trente ans, et je crois que j'arrive à l'en empêcher, mais j'ai peur de le brusquer. »

Elle a fait tuer sa propre fille, après tout. Qu'est-ce qu'elle fera si jamais...
Elle ne le dit pas à haute voix, toutefois, puisqu'elle en a déjà parlé, de tout ça. La pensée lui passe néamoins en tête à chaque fois que l'anniversaire de sa tante défunte passe, et par là, le souvenir de l'article de journal au sujet de son corps retrouvé dans un état déplorable au bord d'une autoroute, la voiture éventrée et explosée. Quoique encore son propre sort ne l'inquiète pas, il en est autre chose de celui de son ami.  Mais en vérité, Natsume les voit, les manœuvres de la vieille femme pour tenter de prendre peu à peu le pas sur elle, sa manière d'empoisonner son esprit avec des mots discrets et insidieux, sans que rien ne soit remarqué par un adolescent en terrible manque de reconnaissance. Et elle pourrait réussi, malheureusement ; c'est bien ça qui convaincrait presque Natsume d'écouter ce que lui dit Samaël. Une autre partie de son cerveau, toutefois, s'y oppose.

« C'est elle qui m'a mise ici. Si je veux avoir une chance, je dois tout lâcher et refaire ma vie, et je... Je ne sais pas comment faire, et je... »

Un frisson la parcoure. Durant quelques secondes, elle n'ose pas. En parler à seize ans aurait été plus dur. Etre parfaitement honnête sur un sujet aussi intime et personnel avec quelqu'un qu'elle n'a pas vu depuis aussi longtemps est autre chose, et elle hésite pendant quelques secondes, incertaine. L'évidence finit toutefois par échapper de ses lèvres après quelques longues secondes de mutisme.

« C'est terrifiant. »

Natsume ravale sa salive, peu décidée à rester lontemps sur le sujet bien trop brûlant et complexe de ses émotions. Dans un souffle fatigué, elle expire et tente de se calmer, de prendre du temps, et de repenser à ce qui va suivre. Reste encore cette histoire avec l'adolescent, d'ailleurs, et les propos de l'Enodril la travaillent encore assez pour qu'elle reprenne la parole sur l'autre sujet brûlant.

« Kaden a... Kaden sait que je lui ai caché des choses. Il a toujours mal vécu le fait que je ne sois pas honnête avec lui. Tu peux choisir de lui dire ou non. Juste... Fais attention à comment tu fais les choses. Il pourrait mal le prendre, si il croit que tu fais la même chose. Le choix te revient, au final. »

Et encore et toujours, c'était de sa faute. Mais rien ne servait de partir dans de longues complaintes sur ses erreurs, puisque cela ne changerait pas le futur, et que sur ces points, elle estimait ne pas avoir la plus grande légitimité à parler. Et d'ailleurs, pour être honnête, elle ne savait tellement pas où elle en était actuellement que le futur immédiat lui était complètement flou. Dans un instant de lucidité, elle releva la tête en plissant les yeux.

« … Qu'est-ce qui se passe, maintenant ? On ne va pas rester sur le sol non plus, et je... Si tu veux rester, je ne sais pas vraiment, enfin, la maison est petite et tu ne seras peut-être pas à tes aises, et puis, enfin... Qu'est-ce que tu veux, en fait ? »

Car oui, pour Natsume, 'je ne vais pas qu'on soit éloignés', c'est plus ou moins aussi transparent qu'un pot de ketchup.
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeLun 3 Sep - 18:45

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Si la vie de Natsume a constamment été encadrée par sa grand-mère, alors elle n'a pas du être de tout repos. Loin d'elle durant quelques années de paix, Samaël devine que sa disparition soudaine il y a seize ans n'est pas sans rapport avec la vieille femme, une nouvelle fois. Si Natsume avait été malheureuse avec lui, elle le lui aurait dit. Du moins, l'Enodril le pense. Encore une fois, il ne sait pas tout ce qu'elle a traversé, mais d'après le comportement qu'il observe aujourd'hui, elle ne lui en a jamais voulu pour quoi que ce soit. Leurs retrouvailles aujourd'hui ne s'est pas passé dans la dispute ou la rancune, en tout cas, c'est déjà ça, alors il se dit qu'elle n'a pas dû détester les années qu'ils ont vécu ensemble. Il n'a cependant, en effet, aucune idée du pouvoir que Namiko exerce sur sa petite-fille. Mais il est assez fort pour l'obliger à partir loin du père de son enfant et de même de quelqu'un qu'elle a aimé et dont elle a été aimée. Un pouvoir exercé d'ailleurs également sur Kaden lui-même, puisque la matriarche Shimomura semble se servir de l'affection de ce dernier à son avantage. Les rapports que Sam entretient lui-même avec son grand-père maternel sont également compliqués, mais il sait au moins que jamais il n'a fait reposer sur lui de telles obligations. Être un peu reconnu dans un domaine a aidé, aussi, puisqu'à défaut de le marier tôt à une riche inconnue, il pouvait toujours se vanter d'avoir un maître dans l'art du balai aérien. Ce serait probablement affreux pour Kaden de devoir choisir entre sa grand-mère et sa mère, mais seul lui pourra décider au moment venu, à partir du moment où on lui aura dit la vérité.

Elle a peur, bien sûr, et à raison. Samaël n'a jamais affronté Namiko en personne, mais il en a suffisamment entendu pour se méfier d'elle. Quand rien que son nom suffit à troubler Natsume, c'est qu'elle doit être encore pire que ce qu'il pourrait imaginer. Au moins, s'il y a bien une vérité qui finira par tomber bientôt, c'est l'identité du père de Kaden à ce dernier. Le cœur de Sam bat un peu plus fort en l'imaginant l'annoncer à l'adolescent, mais il craint sa réaction. Il réagira mal, il en est sûr. Et peut-être même qu'il ne voudra pas qu'il l'approche, même pour apprendre à le connaître. Mauvaise nouvelle pour Sam qui espérait tant pouvoir nouer un contact ne serait-ce que faible avec l'enfant. Des années de mensonges ne se résoudront pas comme ça, mais le magicien a quand même envie d'essayer. Le choix est difficile à faire, cependant. Vaut-il mieux lui révéler maintenant ? Ou plus tard ?.. Vaut-il mieux se reposer sur une éventualité que Kaden, au fil du temps, le considère comme une sorte de parent ou est-il préférable qu'il sache tout tout de suite ?

« Ah euh... Je... Jeee... Je ne sais pas trop... J'ai pas réfléchi à après en fait, mais... euh...  »

Elle l'a interrompu dans son flot de pensées pour en revenir à la situation actuelle. Tiens, c'est vrai qu'ils sont toujours au sol. Il y a effectivement plus confortable. Samaël ne s'en rendait pas compte avant, mais peut-être qu'elle a mal au jambes, à forces de rester dans cette position par terre.

« Héhé... tu sais bien que je suis mauvais pour prendre les décisions. »

Un sourire un peu gêné au visage, il se lève pourtant en aidant l'autre à faire de même. Il ne comptait pas rester chez Natsume, évidemment. Pas que l'idée lui aurait déplu, bien au contraire, mais il ne va pas les embarrasser, et puis si elle dit que leur maison est assez petite, c'est qu'elle veut probablement lui faire comprendre qu'ils n'ont que peu de place. En même temps, s'ils ne sont que deux à y loger, ils n'ont pas besoin que ça soit immense à l'intérieur. Ce serait donc ici qu'ils seraient forcés de demeurer sous l'emprise de Namiko ?.. De quoi ça tient-il, d'ailleurs ? Parce que c'est sa propriété ? Est-ce qu'elle aurait glissé une barrière magique et invisible autour pour les empêcher de déménager ? Il lui semblait que quand ils vivaient ensemble en Italie, ils...

« … Je sais ! »

Un éclair de génie a traversé son esprit. Le regard brillant, il pose ses deux mains sur les épaules de l'autre et la fixe avec un sourire enthousiaste au visage.

« Viens habiter avec moi ! »

Comme l'idiot qu'il est, il se demande pourquoi il n'y a tout simplement pas pensé plus tôt. Parce qu'il trouve évidemment que c'est une idée géniale qui va leur permettre d'écarter le problème alors que ce n'est pas si simple en vérité. Bercé d'illusions, il aimerait pourtant croire que ça suffira à venir en aide aux deux Shimomura.

« En France, ou même au fin fond de l'Italie, si tu veux. Toi, moi, et Kaden, tous les trois ensemble, quelque part où ta grand-mère n'aura aucune emprise sur vous ! Je ferais en sorte de vous protéger d'elle ! »

Un bien beau rêve en qui il voudrait croire dur comme fer, comme pour se rassurer. Parce qu'il a besoin de se dire qu'une solution existe et qu'il aimerait bien être celui qui permettra à son amie de se sentir de nouveau libre, sans une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeMar 4 Sep - 3:42

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Un soupir quelque peu las s'échappe de ses lèvres face à sa plaisanterie. Elle ne confirme pas, mais en même temps, c'est plus ou moins évident ; inutile de demander à l'autre de s'activer à choisir quelque chose rapidement, sauf lorsque cela concernait ses activités sur balai. Un détail qui ne l'agaçait plus à partir du moment où elle tendait à choisir, puis à lui dire qu'il pouvait toujours décider la prochaine fois. En même temps, difficile pour elle de cacher une affection à chaque fois qu'elle pense à cette époque, et, sans rien, elle accepte l'aide de son ami pour se relever. Ce dernier semble pourtant particulièrement agité, pour changer. Natsume est toutefois prise par surprise lorsque ses mains reviennent subitement sur ses épaules ; un contact trop rapide et imprévisible pour qu'elle ne sursaute pas, mal à l'aise. Elle n'avait jamais eu une approche aisée des rapprochements ; pendant leur relation, il lui avait fallu un temps avant de ne pas ressentir de malaise et de méfiance pour quelque chose d'aussi simple qu'un câlin. Avec le temps, le sentiment avait reflué, mais le temps et le distance ont réinstauré une barrière étrange, perméable ou rigide, transparente ou opaque en fonction des moments, sans réelle certitude à chaque fois. Elle hausse les épaules par réflexe, sans oser tout de suite demander à ce qu'il bouge. Néanmoins, l'idée lui trotte en tête.
La proposition de Samaël la force toutefois à aborder un autre souci plus urgent. Si elle cligne des yeux, c'est par une certaine incrédulité ; elle a du mal à croire ce qu'elle vient d'entendre. Mais non, l'ainé parle avec une assurance et une confiance qui masqueraient presque totalement la naïveté de son idée si Natsume ne l'avait pas déjà décortiqué sous mille angles, et calculé tout autant de probabilités qui laissent peu de chane au moindre optimisme. La détermination et la gentillesse dont ils débordent sont certes touchantes, mais Natsume soupire quelque peu, embêtée.

« Ce serait simple si il avait deux ans, et non pas seize. Lui expliquer qu'il ne pourra plus jamais revoir sa grand-mère, je demande à voir comment on fait, entre ça et lui annoncer que tu es son, enfin, son père. »

Elle bute sur les mots. C'est dur à dire, toujours, mais elle ne s'étonne pas de sa difficulté. En même temps, pendant seize ans, elle avait tout fait pour oublier cette information et y penser le moins possible, même si c'était parfois compliqué lorsqu'elle reconnaissait certains de ses traits dans le visage de l'enfant. Mais dans tous les cas, partir du jour au lendemain lui paraît bien davantage être un scénario lunaire d'une comédie quelconque plutôt que quelque chose de réalisable.

« Elle finira vite par nous retrouver, crois-moi. Et je ne crois pas que tu pourras nous protéger de grand chose de plus que ne peut le faire un élevage de dragons, Samaël. »

Son but n'est pas d'être trop sarcastique, mais suffisamment explcite. Et puis, au delà, il y a la sécurité de Nagisa, Kaden, celle de Samaël et sa famillle... Oui, Natsume exagère grandement l'influence de sa grand-mère. Mais ce n'est pas comme si en étant coincée dans une forêt pendant seize ans et à angoisser chaque jour sur ses décisions ou sa potentielle arrivée, elle avait pu se rendre compte que toute la pression mise sur ses épaules était majoritairement un mirage bien construit. Elle n'est de toute façon même pas encore prête à regarder en fait la froide vérité des faits.
Dans un soupir car Natsume comprend que Samaël veut rester proche, elle réfléchit, et se gratte un peu la nuque.

« Je peux te laisser une place sur le canapé, ou... Il y a une petite dépendance, tout près, mais il faudra que tu m'aides à la remettre en état. Enfin, ça, c'est si tu le veux. Je pourrais toujours t'avertir d'éviter de traîner quand Namiko est là. Je ne voulais pas que tu sois mal à l'aise, mais si tu tiens à rester avec nous... »

En vérité, elle ne sait pas non plus comment elle va elle-même gérer ça, si cela se fait, mais elle n'est pas sûre que ce soit bien important. L'offre de l'autre, pourtant, lui revient en tête, et avec elle, la cruauté implacable de sa certitude qu'elle n'est en aucun cas viable. Bizarrement, et sans s'en rendre compte, elle sent presque le besoin de se justifier.

« Cela ne tiendrait qu'à moi, et à ma seule personne, peut-être que... Mais pour l'instant, ce n'est pas possible. Tant que j'appartiens encore aux Shimomuras, je ne peux pas faire autrement. Il faudrait qu'elle me renie ou... Je ne sais pas, un miracle. »

Et les miracles, ça n'arrive jamais, répondrait bien la petite voix edgy au fond de sa têtet qui ressemblait très nettement à cette saleté de dépression. Idiote, elle l'écoute. Mais pourtant, sa poitrine est toujours plus légère que tout à l'heure, et Natsume reconnaît avec une certaine difficulté la sensation qui la parcoure depuis tout à l'heure. Elle ose, pour une rare fois depuis le début de leur entrevue, à croiser le regard du Magicien sans l'éloigner automatiquement.

« M-malgré tout... Je, erhm, je... Je suis heureuse de te voir. J'espère juste que... Que tout ça ne bouleverse pas ta vie. »

Elle n'aimerait pas, mais elle sait bien que tout manière, Samaël n'écoute personne quand il a fait un choix et qu'il y tient. Et oui, elle tenait à faire cette clarification, de peur qu'il ne croit la déranger totalement alors qu'elle sait, au fond, que ce n'est pas du tout le cas. Elle est malgré tout honteuse de cet aveu, sans qu'elle ne puisse le contrôler. Grattant sa nuque, elle tente de rendre la conversation plus simple.

« Je, euhm... Je suppose que l'on a des choses à se raconter ? Je t'offre la tisane ? Tu as d'autres questions ? »

Et par le Créateur, que cela s'annonçait compliqué.

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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeSam 15 Sep - 3:15

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D'accord, il a peut-être pris ses rêves pour des réalités. Encore. Mais bien sûr, pour lui, ce n'était pas compliqué d'aller d'un endroit à un autre, il était aussi libre comme l'air. Aussi libre que lorsqu'il manie son balai. Pour Natsume et Kaden, ce n'est pas aussi évident, malheureusement. La solution était apparu tellement simplement dans l'esprit de l'Enodril qu'il n'a pas pensé à ce que ça pourrait signifier aussi pour la mère et l'enfant. Déménager assez loin pour que Namiko ne les retrouve pas, ça signifie faire quitter aux deux Shimomura leurs places dans l'école, ainsi qu'une certaine stabilité et une proximité avec Nagisa et Isaac. Mais d'un autre côté... Namiko ne pourrait plus leur pourrrir la vie. Une perspective qui, si elle est alléchante, est pourtant loin d'être aussi facile à mettre en œuvre, et Samaël s'en rend à peine compte quand Natsume lui explique pas à pas pourquoi son idée ne fonctionnerait pas. Et aussitôt, l'enthousiasme du brun fond comme neige au soleil. En effet, il avait oublié que Kaden, contrairement à sa génitrice, aime la matriarche des Shimomura. Cette vieille carne a dû occuper son esprit avec du venin manipulateur et un attachement qu'il sera difficile de défaire. Déjà que lui annoncer que son père est revenu ne risque pas d'être une nouvelle dont il va particulièrement se réjouir... Mais ce n'est pas le plus important, aux yeux de Sam, qui veut prioriser la sécurité de ceux qu'il a retrouvé. Une priorité qui, il le découvre, va devoir passer au second plan alors que ses projets tombent peu à peu à l'eau, et ce n'est pas la petite pique de la cadette qui va arranger ça.

« Mais... Mais je suis fort, quand même !.. »

Fort pour la voltige sur un bout de bois, ça, c'est sûr... Quoique depuis le temps où il a pu perfectionner ses techniques magiques, il est devenu un peu plus doué dans ce domaine, mais rien ne l'assure pouvoir affronter Namiko. Son ego est toutefois un peu blessé par la remarque de Natsume alors qu'il voulait revenir auprès d'elle en tant qu'ami sur lequel elle puisse compter et se reposer. Au fond de lui, aussi, une part de lui veut toujours un peu l'impressionner.
Malgré tout, il ne peut pas retenir un léger sourire apparaître quand même sur son visage quand elle expose les possibilités qu'elle a de l'accueillir chez elle, même s'il est gêné de l'indisposer ainsi.

« Oh euh... C'est-C'est gentil, m-mais je ne veux pas t'embêter... En-Enfin peut-être que pendant quelques jours... Je-Je vais y réfléchir, mais ne te sens pas obligée. »

Pas qu'il n'aimerait pas rester ici pour les voir tous les jours, puisqu'il compte de toute façon revenir assez souvent, mais si cette maison rappelle déjà le lien que Natsume entretient de manière malsaine avec sa grand-mère, il ne veut pas s'imposer davantage. Il a déjà conscience que ces retrouvailles aujourd'hui doivent déjà faire un choc pour elle. Le simple nom de famille qu'elle porte semble même suffir pour l'enchaîner aux Shimomura.
Quelques mots supplémentaires de sa part, pourtant, et le cœur de l'Enodril semble bondir de nouveau dans sa poitrine. Loin de l'engouement habituel qu'il ressentait alors quand ils sortaient ensemble, deviner qu'elle était soulagée de le voir malgré tout et l'entendre de sa bouche étaient deux choses bien distinctes. Timidement, il sourit, rassuré de savoir que sa présence ne la met pas mal à l'aise. Il n'ignore pas non plus qu'il est parfois peu aisé pour elle de sortir de telles phrases, alors il est flatté.

« Oh euh... Une tisane pourquoi pas... »

Par politesse et pour ne pas l'embarrasser plus que ça, il aurait sûrement pris congé en temps normal. Sauf que rester auprès d'elle et lui parler est une idée qui l'attire bien plus. Et puis, si elle ne semble pas contre le fait de discuter encore un peu...

« Des questions... J'en ai sûrement des tas, depuis le temps. Tu sais en plus comme j'aime bien me mêler de ce qui ne me regarde pas. »

Il glousse légèrement, avouant apprécier glisser ce genre de remarque pour oublier que quinze ans les ont séparé physiquement et que quinze ans, ce n'est pas rien.

« J'aimerais d'abord... Savoir comment t'aider. Les Shimomura te persécutaient quand on était encore ensemble, mais aujourd'hui, presque rien ne semble avoir changé. Je voudrais bien avoir ne serait-ce que le pouvoir de changer ton nom de fami-... »

Il s'immobilise brusquement, une nouvelle idée farfelue ayant inondé ses pensées. Il se demande comment il n'a pas pu y songer plus tôt, mais il se dit que peut-être n'est-il pas si bête, après tout (spoiler : si).

« Mais... oui, c'est ça ! Tu n'as qu'à te marier pour de faux avec moi ! Comme ça, tu auras une excuse pour changer de nom de famille et Namiko ne pourra plus rien dire ! »

Et c'est pour ça, quelques fois, que Tori est une présence qui est de loin bénéfique pour le Magicien. 'On s'en passerait bien, de tes idées à la noix', sortirait le Phénix avec une voix blasée qui ramènerait l'Enodril à la réalité.
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeDim 16 Sep - 3:32


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Faire la conversation n'est pas son fort. Faire la conversation sur des sujets compliqués tels que des trucs aussi simples que « oh bah tiens bonjour désolé de t'avoir quitté sans un mot y'a dix-sept ans » et « tiens au fait tu es le géniteur de mon fils et j'ai gardé ça pour moi pendant ce même laps de temps », c'est un tout petit peu plus dur. Natsume suppose que répondre que des questions serait bien plus simple, même si son malaise et son envie de s'enterrer sont encore plus puissantes depuis que l'autre ne cesse de chercher des moyens de l'aider. Pire encore, il cherche à l'aider alors même qu'elle n'a rien expliqué ; un fait qui peine énormément la Shimomura, quand elle imagine juste une seconde ce qu'il a bien pu ressentir à l'époque. Ravalant sa salive, elle esquisse malgré tout un semblant de sourire amusé en le voyant pousser  une exclamation indignée. Sans le vouloir, elle se sentait un peu rassurée de voir que la personnalité de quelqu'un qu'elle avait profondément aimé n'avait pas fait un revers complet. Mais en même temps, l'égocentrisme de la pensée la poussa à ne pas faire de commentaires.

En un sens, après son aveu, Natsume ne savait déjà plus vraiment où se mettre. Cela lui paraissait presque indécent d'égoïsme, de parler de ses émotions à elle, encore et encore. Mais au moins, il ne semblait pas mal réagir, ce qui la rassura juste un peu. Plutôt maladroite, elle n'arrive pourtant pas à bouger tout de suite, et doit se donner une gifle mentale pour mettre un terme à son immobilité totale
Bon sang, Natsume, bouge !
Oui, aller faire de la tisane, c'était déjà ça, même si elle n'avait plus qu'une vieille casserole un peu usée pour faire chauffer de l'eau. S'activant nerveusement avec des doigts tremblants et un rythme cardiaque toujours élevé (elle allait finir par en suer, c'était ridicule), elle alla piocher dans ses boîtes de feuilles pour former des mélanges à peu près corrects. Elle reste très attentive malgré tout, et quelque chose la titille suffisamment pour qu'elle ne réponde directement, malgré l'hésitation qui transparaît très clairement dans sa voix.

« Je ne me sens obligée de rien, c-c'est juste... Tu as le droit de t'en mêler, puisqu'en un sens, cela te concerne. »

Ou non, à vrai dire, il pouvait bien choisir de ne rien avoir avec tout ça ; mais Natsume parle ici du sujet de Kaden, et rien d'autre. Elle ne croit pas qu'il devrait chercher à l'aider. Après l'avoir trahi de cette manière, du moins, à ses yeux, elle serait presque soulagée qu'il balaie d'un revers de la main tout ce qui peut lui rendre la vie difficile à l'éleveuse et rester loin de tout ça. Natsume ne lui souhaite que ça, après tout, de vivre simplement, sans se soucier de ça. Après seize ans, elle estime qu'il y a bien le droit de passer à autre chose. Il semble pourtant déterminé à aider, et l'ancienne scientifique ne peut que ravaler l'envie de lui dire qu'il ne devrait pas. Elle l'écoute pourtant, et pose avec délicatesse les tasses remplies d'infusion sur la table, sans oser elle-même s'asseoir. Agir naturellement lui paraît quelque peu compliqué, pour l'instant.

Elle grimace un peu. Lorsqu'ils vivaient ensemble, elle tendait à sortir de la pièce pendant les appels des Shimomuras, ou faire comme si ce n'était rien, mais elle ne pouvait pas non plus totalement nier quelque chose de relativement évident. Enfin, avec la thèse, elle était tranquille, puis... Puis il y avait eu cette histoire d'arrangement, et... C'était compliqué. Au moins, maintenant, elle avait l'impression, ou du moins elle tentait de s'en persuader, qu'elle avait à peu près la paix. Et cela en dépit de la vérité simple et honnête qu'elle était bien plus terrorisée qu'il y a seize ans, que ce soit pour elle, mais surtout pour Kaden. Samaël ne peut rien pour ça, et elle cherche une méthode pour le lui dire de la manière la plus douce possible, sans trop brusquer ses émotions.
En s'asseyant, elle passe une main dans ses cheveux mal coiffés et pousse un soupir fatigué. Son regard se relève et ses yeux se plissent, toutefois, quand elle aperçoit son interlocuteur s'immobiliser d'un coup net. En fronçant les sourcils, elle se demande ce qui a bien pu passer dans sa tête, mais elle aurait bien été incapable de deviner ce dont il s'agit ; elle en avait toujours été plus ou moins incapable, après tout. Et sans surprises, elle n'aurait pas pu prédire la suite.

Elle en vient à manquer de s'étrangler dans sa tisane, toussotant brusquement avant de réussir à prononcer un mot à peu près audible.

« … P-pardon ?! »

Les yeux tellement écarquillés qu'on en oublierait presque qu'elle a des origines asiatiques directes, elle bredouille bêtement. Le choc la prend par surprise de telle manière qu'elle n'arrive pas à organiser se pensées, tant l'idée lui semble, eh bien, à la fois grotesque et complètement, eh bien, excessive pour les intérêts de Samaël qui devrait tout de même réaliser à quel point ce serait s'impliquer, même si ce n'est qu'administratif. Elle commencerait bien par dire que cela ne marcherait pas, mais quand elle y réfléchit pendant juste une seconde de trop, elle se rend compte qu'une autre partie de son esprit lui fait remarquer que ce n'est pas, au fond, complètement stupide. C'est un pari stupide, certes, mais c'est aussi ce genre de pari stupide qui peut marcher, tant c'est ridicule. La pensée la déconcerte, et elle tente de trouver toutes les raisons du monde pour aller contre la première logique de son cerveau qu'elle trouve maintenant (comme par hasard) complètement névrosé.

« M-mais enfin, t-tu as ta vie aussi, e-et ce serait peut-être compliqué pour toi, enfin, je... »

En même temps, l'autre n'est pas un enfant (du moins on pourrait l'oublier) qui ne se doute pas du fatras administratif, et potentiellement aimant à emmerdes, que peut-être une pareille action. De son côté, elle essaie d'oublier le sentiment de nausée que le simple mot de mariage ramène dans sa gorge ; quand on connait la raison qui avait poussé Namiko à la ramener au Japon, au début, c'était tout de même franchement ironique. Elle serait bien tentée de chasser son idée sèchement au simple sentiment de malaise qu'elle suscite dans son ventre, même sur un plan où ce n'est qu'une vague signature sur un papier.

« E-et puis tu as ta famille, e-et... »

Elle cesse pourtant d'argumenter lorsqu'elle se rend compte que cela voudrait dire pouvoir peut-être également soustraire Kaden de l'influence de Namiko. Juridiquement, cela voudrait dire que Kaden ne serait plus directement sous la tutelle de la vieille femme si jamais il venait à lui arriver quelque chose, et elle ne peut pas nier que la pensée est rassurante. Entre deux eaux, elle baisse les yeux, tapotant nerveusement des doigts sur la table. Natsume ne sait pas quoi dire ; rien de très étonnant, en somme, dirait-on si l'on était mauvaise langue. Mais sur le coup, et elle est vraiment sonnée.
Dans un sursaut de stabilité, ou plutôt dans une tentative forcée de parler avec simplicité, elle tente de clarifier la situation.

« Tu n'as pas à... À prendre des risques et à tout changer dans ta vie. Je t'ai fait tellement de mal, que... Tu ne me dois rien, c'est moi qui devrait m'excuser. »

Et m'expliquer. Et arrêter d'être aussi égoïste en passant pour une folle pathétique devant quelqu'un à qui tu as fait vivre quelque chose d'horrible il y a seize ans.
Ses doigts se serrent autour de ses avant-bras, comme si la douleur pouvait aider à être un peu plus consciente.Toutefois, une peur sommaire, et principale lui tord toujours le ventre. Elle tente de l'exprimer sans se laisser trop submerger, mais c'est difficile.

« Et en même temps... Je ne veux pas qu'elle blesse Kaden, ou qu'elle l'utilise comme elle m'a utilisée, alors je... »

Elle se force à exhaler pour reprendre un peu le contrôle. Fichu asthme qui presse douloureusement sur ses poumons qui commencent tout juste à sentir le poids de l'âge venir les affaiblir, tiens. L'envie de pleurer revient de nouveau, et elle tente de la chasser par l'action d'afficher une expression neutre, mais rien à faire, ses yeux sont de nouveau rougis.

« Qu'est-ce que je devrais faire... ? »

Ce n'est même pas vraiment une question. Elle ne sait pas si elle parle à haute voix, si elle lui parle, ou si elle s'interroge seule. Les faits sont là, de toute façon ; elle ne sait plus rien, et l'admettre est une forme de réveil particulièrement douloureux. Elle voudrait comprendre, savoir quoi faire, et ne pas être tant pourchassée par les doutes, mais la vérité est autre, mais l'exprimer vocalement est aussi pénible que nécessaire, quelque part.
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeLun 17 Sep - 4:32

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Il n'est pas surpris que sa demande l'ait prise au dépourvu. Une autre réaction aurait été plutôt étonnante, d'ailleurs, mais au moins, il a réussi à l'étonner un petit peu. Il ne voulait juste pas qu'elle s'étouffe dans sa tisane (ça aurait été en effet assez bête). Toutefois... Elle n'a pas l'air de le prendre mal. S'il pensait qu'elle allait lui répondre qu'il était fou ou bien que c'était là une idée stupide, il n'en fut rien, à sa grande curiosité. Et clairement, ce n'est pas un 'non' qu'il se reçoit. Ce n'est pas un 'oui' non plus, mais on dirait qu'elle tente de chercher des excuses plutôt que de lui opposer une contradiction brutale. Elle le met en avant, comme si c'était sa principale préoccupation par rapport à ce qu'il vient de lui suggérer. Ce n'est même pas pour son propre intérêt, qu'il lui propose ça. Les sentiments qu'il ressent pour Natsume sont très houleux, mais plus amoureux. Depuis le temps, s'il n'a jamais vraiment réussi à faire son deuil, il éprouve quand même encore cette grande affection à son égard, mais de nature différente d'autrefois. Mais s'il y a une chose qu'il aurait adoré faire quand ils étaient encore ensemble, c'était la présenter à sa famille. Ses parents et sa famille du côté maternel auraient été sans doute enchanté de la voir. Jamais toutefois il n'a voulu les imposer à sa petite-amie et il les voyait alors sans elle, préférant attendre qu'elle soit vraiment prête. S'ils apprenaient toutefois que Samaël se mariait... Ils seraient sûrement les plus heureux du monde. Cela leur paraissait triste que celui qui désirait le plus fonder une famille doive remettre de côté cette perspective quand il était difficile pour lui de surmonter la perte de la Shimomura dans sa vie... qui ne l'avait en vérité jamais quitté, malgré ses quelques efforts pour passer à autre chose.

Il la remercie quand même d'un geste silencieux de la tête pour la tisane et goûte à la boisson chaude qui manque de brûler sa langue. Pour autant, le goût est loin d'être mauvais et il a l'impression que la chaleur le détend au moins un peu. Ce qui n'est pas le cas malheureusement de son interlocutrice qu'il a visiblement plus ébranlé qu'il ne le pensait. Il peut concevoir que les actions qu'il tente auprès d'elle la déroute, quand il y pense et quand elle avoue finalement l'avoir blessé en le quittant du jour au lendemain sans explication. Un pincement froid à sa poitrine le ramène des années en arrière, où il se rendait compte que sa copine l'avait laissé. Croyant à un accident tragique et mortel, il s'était raccroché toutefois au fait qu'on n'avait jamais retrouvé son potentiel corps dans la nature et qu'il préférait se dire qu'elle était bien vivante, quelque part, et qu'elle l'avait tout simplement largué. Au stade où il s'était fait un sang d'encre pendant des semaines en se ruinant la santé à cause de son moral en miettes, il voulait se convaincre qu'elle l'avait plutôt abandonné pour s'enfuir loin avec quelqu'un d'autre pour une autre raison que d'imaginer que quelque chose d'affreux se soit passé. La savoir vivante était tout ce qui lui importait, alors tant qu'il n'avait pas de nouvelles, il se disait qu'il n'y en avait pas de mauvaises à déclarer.
La douleur, toutefois, restait quand même très présente. Et une incompréhension, aussi, qui avait été partagée par ses parents qui avaient entendu moult fois parlé de la Shimomura en bien par les dires de leur fils qui faisait toutes les éloges possibles et imaginables à son égard, à tel point qu'il en devenait ridicule, mais touchant à la fois. Il était si heureux un jour et si dévasté le lendemain que le changement brusque et inattendu avait fait un choc à Lyra et Ikaël qui avaient eu du mal à reconnaître leur enfant si lumineux d'habitude et qui semblait nager dans le bonheur.

Quant à Natsume, l'ombre de Namiko, malgré toutes ces années, plane encore sur elle. Elle attend comme un corbeau devant sa future charogne. Samaël a déjà de la difficulté à lui en vouloir en la sachant sous l'emprise de cette femme monstrueuse depuis toujours, mais la voir en proie à une si grande peur en pensant à elle le déstabilise au moins un peu. Rares étaient déjà les fois où il avait pu la voir autant perdre le contrôle d'elle-même tant elle semblait avoir un sang-froid inébranlable, même si le Magicien avait dû la réconforter, à de nombreuses reprises, pendant que sa carapace s'était brisée suite à une énième discussion houleuse au téléphone ou à un cauchemar effroyable en pleine nuit. Là encore, on la croirait fragile, derrière ce rempart qu'elle tente souvent de mettre entre elle et le monde pour se protéger. En vérité, Samaël ne sait pas comment il devrait comprendre le fait qu'elle finisse par craquer ainsi devant lui alors que ça fait quand même plus d'une quinzaine d'années qu'ils ne se sont pas vus. Il ne peut toutefois pas rester indifférent, c'est une évidence. Il a néanmoins le sentiment que la prendre une nouvelle fois dans ses bras ne rendrait pas la tâche plus aisée pour elle. Sans doute n'est-elle pas prête à un contact aussi fort tout de suite. Il veut pourtant lui montrer qu'il est là pour elle.

« Natsume... »

Il se permet de reposer sa tasse de tisane dans un coin de la pièce. Aussi délicieuse soit sa saveur, il n'en a pas envie tout de suite alors qu'il peut sentir jusqu'ici le malaise qui s'est emparée d'elle. Doucement, il ose quelques pas en sa direction, mais sans l'entourer de ses bras. Au lieu de ça, il avance ses doigts vers les siens pour les effleurer, exécutant des caresses lentes.

« Tu n'as pas... à t'en faire pour moi. »

Phrase on-ne-peut-plus-banal s'il en est, et c'est possible qu'elle trouve ça ridicule, d'ailleurs, mais il considère qu'elle s'est déjà suffisamment inquiété pour lui durant les deux dernières décennies. Il ne doute pas en effet que la Magicienne conservait à son égard d'immenses regrets auxquels il ne sert à rien de repenser.

« Il est trop tard pour faire machine arrière. Je me suis rendu compte que... ma vie... »

Il cherche ses mots. Ou plutôt, hésite à les sortir. C'est inévitable qu'elle ressente de la culpabilité, mais c'est inévitable aussi pour l'aîné de mentir sur ce qu'il a ressenti quand il était auprès d'elle et ce qui s'est passé quand elle l'a quitté. Il croit que sa vie n'a jamais été aussi compliqué et simple à la fois maintenant qu'il a retrouvé son amie et qu'il a découvert qu'il avait un fils.

« Elle s'est arrêtée quand tu es partie. »

Parler de famille est également assez complexe dans la situation qu'est la leur. Doucement, il écarte une mèche de cheveux tombante de la cadette dont il n'aime pas voir le regard éteint et peiné.

« Si Kaden ne me veut pas dans sa vie... je comprendrai. Mais si je veux rester, c'est aussi pour prendre soin de toi. C'était bien mon rôle, autrefois... »

C'est torturant, ce genre de rappel, et pourtant il se le permet pour cette fois car il a autant souffert dans l'équation et qu'il fut le premier concerné dans toute cette histoire. Mais ce n'est pas parce que seize (voire dix-sept) ans les sépare que ça va changer quoi que ce soit, de son point de vue, par rapport à sa fonction auprès d'elle. Il n'a jamais demandé à changer, après tout, et elle non plus.

« C'était... une idée comme ça. Mais si tu as besoin de mon nom pour quitter les Shimomura, alors il est à toi. »

Il ne veut pas qu'il y ait méprise. Qu'elle croit qu'il conserve encore des sentiments plus qu'amicaux pour elle et que cette idée de mariage va de pair avec ça, loin de là. Il ne profiterait jamais de son état de faiblesse ainsi, surtout pour une raison aussi égoïste. C'est bien pour l'aider et la protéger qu'il désirerait qu'elle fasse partie officiellement de sa famille.

« Et puis... Ma famille serait heureuse de te rencontrer. Mon papy aura peut-être... un peu de mal avec cette histoire d'enfant caché pendant des années, mais ça lui passera. Au fond, il est gentil. »

S'il en parle à son grand-père, peut-être arriverait-il à le convaincre de les protéger, elle et Kaden ? Connaissant Narciso, de toute façon... Pas la peine de dire que la notion de famille est très importante pour lui. Aucun doute qu'il serait fou de joie à l'idée d'avoir un arrière petit-fils, ça... Il le demande tous les ans à Noël, limite, ce vieux fou. Et puis, surtout... Que de ses parents. Sam ignore s'il devrait rire ou avoir peur de la réaction de son père et de sa mère s'ils apprennent qu'ils ont un petit-fils, mais mieux vaut garder ça pour lui jusqu'à ce qu'il soit prêt à entendre ça et à être gaga.
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MessageSujet: Re: (Presque) Charmantes (re)trouvailles   (Presque) Charmantes (re)trouvailles Icon_minitimeLun 17 Sep - 17:50


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Ses pensées ne sont plus en ordre depuis un moment déjà. Elles en ont l'apparence ; mais ce ne rien de plus qu'un arrangement arbitraire, comme lorsqu'on bazarde un fatras impressionnant dans des tiroirs, quitte à ce que quelques feuilles débordent, tant que l'on peut garder l'image d'un ordre relatif. Si elle était de mauvaise foi, et elle encore profondément plongée dans un pareil état d'esprit car cela constitue un semblant de structure rassurante, elle prétendrait que c'est le résultat du choc de cette rencontre. Si elle était honnête avec elle-même, toutefois, elle avouerait que ses pensées n'ont jamais vraiment été solides en dix-sept ans. Oh, elle était douée pour les apparences, pour le paraître, pour les grands airs indifférents qu'elle se donnait devant sa sœur et Namiko ; mais là encore, elle s'était contenté de fermer tout ça à clé. Sur le moment, Kaden était plus important. Il fallait qu'elle soit à peu près stable, alors elle avait, comme l'on organiserait une chambre, bazardé tout ce qui ne servait à rien. Sauf que là, les tiroirs s'ouvrent, les pensées débordent, et elle déteste ça.
Profondément, vicieusement ; le dégoût lui serre jusqu'aux entrailles. Une étrange sensation de colère lui passe par le ventre, sans qu'elle ne la remarque ou ne la comprenne. Elle résiste difficilement à l'envie de retirer rapidement sa main lorsque l'autre vient la chercher, car elle sait que c'est une tentative de la réconforter, même si elle n'a pas prête du coup à l'accepter maintenant.

L'impression d'être une chose pitoyable agite des sentiments contradictoires en elle, et sa fierté blessée, l'une des seules choses qui lui restait encore pour s'accorder un semblant de dignité, se rebiffe violemment dans sa tête. Tendue, elle se force à afficher une expression apathique devant ses premiers propos, quoique ses ses doigts se serrent.
Mais arrête de faire ça ! Bon sang, vis pour toi, fais ta vie, arrête de t'occuper de ça !
Natsume ne sait pas pourquoi ces mots, certes violents, restent coincés dans sa gorge. Peut-être est-ce car elle a la sensation que cela ne servirait à rien, de dire tout ça, car l'autre est plus déterminée qu'elle à ce qu'elle s'en sorte, et c'est bien cela qui la perturbe. Ils ne se sont pas vus depuis dix-sept ans. Leur relation actuelle n'est plus que vaguement celles d'anciens amis, à la limite, presque comme lorsqu'on croise quelqu'un dans un supermarché et que l'on lui bonjour, qu'on est content, mais cela s'arrête là. Ou du moins, elle essaie de se dire que ce doit être ça. Elle se force à étouffer la sensation d'affection et l'envie de lui faire confiance qui traîne dans un coin de sa tête car il n'est pas sensé ou sain pour lui d'être aussi dévoué, pour la seule raison qu'ils avaient entretenu une relation amoureuse il y a dix-sept ans de cela.  L'idée qu'une amitié subsiste malgré tout, sous forme morcelée et drastiquement diminuée, la met mal à l'aise dans le principe où elle pense qu'il ne devrait y avoir qu'un désintérêt total de son côté. Pourtant, petit à petit, elle est forcée d'avouer que c'est plus compliqué qu'une simple notion de "il faut". Ses problèmes de gestion émotionnelle vont visiblement devoir attendre un peu.

Sa bouche se ferme dans une expression pincée, au moment où une situation de douleur froide lui passe par la poitrine lors de son aveu. Elle ne répond pas, mais elle prend la vérité comme un coup violent qui a au moins le mérite de lui faire oublier son petit ego blessé. Sa crispation est tellement nette qu'elle reste totalement immobile, se retenant de chasser sa main qui s'e va écarter l'une de ses mèches de cheveux.
Le sujet de Kaden la fait réagir, toutefois. Son regard se fait plus sérieux, et elle vient à s'interroger sur sa réaction, quelque peu incertaine. Il est sûr et certain que l'adolescent sera furieux contre elle ; mais cela, Natsume est prête à le supporter. Elle avait toujours su que si cette vérité sortait, ce serait dans la douleur, et étant donné qu'elle est la seule responsable, elle le laissera exprimer sa colère en toute liberté. La seule chose qui lui importe toutefois, c'est qu'il ne soit pas trop choqué ; vu le désintérêt que Kaden avait eu sur la question de son géniteur depuis son enfance, elle ose croire qu'il ne sera pas trop perturbé non plus. En se concentrant sur ce point, en outre, elle arrive presque à faire comme si elle n'avait pas entendu la suite ; elle n'a pas l'impression que répéter cent mille fois qu'il n'a aucun rôle à remplir sera très utile, à ce stade.

Quelques secondes passent après ses paroles, car sur le moment, elle réfléchit à ce qu'elle veut et peut dire. En se forçant à arborer une expression calme, elle en arrive à se convaincre qu'il s'agit de son émotion principale ; la dissociation n'est pas très loin, mais elle parvient à se maîtriser suffisamment pour garder les pieds sur terre. Par réflexe, l'une des ses jambes est remontée sur la chaise, de telle sorte à ce qu'elle mette sa tête juste au dessus : une vieille habitude qui ne l'a jamais vraiment quittée, et qui l'aide à voir les choses plus calmement. De son côté, elle n'est pas très sûre que rencontrer la famille du plus vieux soit une excellente idée, puisqu'elle aurait envie de longer les murs, mais en même temps, peut-être que Kaden... Sur le coup, elle n'en sait rien, alors elle se retient de tomber dans des suppositions.
De toute évidence, elle n'arrive pas à répondre maintenant, et même si cela la frustre, elle est forcée d'avouer qu'elle n'en serait pas capable tout de suite. Et pour l'instant, rien ne presse ; Namiko ne reviendra pas avant un mois, après tout. Elle finit donc par reprendre la parole d'une voix plus calme et maîtrisée, à la limite de la froideur, comme si elle ne s'était pas décomposée il y a une trentaine de minutes à peine.

« Donne-moi un peu de temps. C'est beaucoup, d'un coup. »

Elle souffle. Natsume n'est pas sûre de ce qu'elle en pense personnellement, mais sur le coup, sa priorité n'est pas à ses goûts, mais à ce qui serait le plus sûr pour Kaden. Remettre à ça plus tard la soulage d'un coup, d'ailleurs, probablement car l'enchaînement des situations, des aveux et des expositions s'est révélé aussi épuisant que stressant. Ses yeux sont redevenus secs sans qu'elle ne s'en rende compte, et durant une seconde, un gloussement jaune lui échappe. Si elle hésite à expliquer pourquoi, et elle jette un coup d'oeil nerveux à son interlocuteur durant une seconde, elle finit par se dire qu'il faudra peut-être mettre les pieds dans le plat à un main ou un autre, alors...

« C'est juste que... Je trouve ça ironique, compte tenu de la raison qui a fait qu'elle m'a forcé à revenir au Japon. »

Un rictus sarcastique se tire sur son visage. Le regard distant, elle se permet de s'expliquer qui doit forcément être abordé, et qu'elle préfère aborder maintenant, en toute honnêteté. Elle sait que ce sera pénible, et la pression dans sa poitrine en dit long, mais elle l'ignore. De toute façon, hormis une crise d'asthme, elle ne craint pas grand chose sur le moment ; une pensée qui lui déplaît, ironiquement, par l'impression qu'elle a de trop se ramollir. Son ton est monotone, comme si elle se contentait de sortir la définition d'un principe biologique quelconque.

« J'ai reçu un appel de Namiko, peu de temps après que tu sois parti bosser, un matin. Je ne savais pas ce qu'elle voulait à ce moment-là, mais elle m'a fait comprendre que j'avais tout intérêt à obéir lorsqu'on viendrait me chercher le lendemain. »

Sur le coup, elle avait été tétanisée. Effrayée jusqu'au bout des ongles, autant par l'impératif total qui lui avait été donné et à la fois par ce qui pourrait arriver. Elle réprime un frisson en y repensant ; jamais son ventre n'avait été aussi noué qu'à ce moment. Ce n'était pas pour rien que son comportement avait été quelque peu étrange, ensuite.

« Sur le coup, j'ai été idiote. J'ai cédé à la panique, et j'ai cru qu'elle allait, enfin... J'ai eu cru que tu serais en danger si je restais. »

Elle croit bon de ne pas s'exposer trop longtemps sur ce point : Natsume ne veut pas donner l'impression de donner d'excuses. Les faits, et rien que les faits, ça, c'es simple, rassurant, pas émotionnel, c'est-à-dire quelque chose sur lequel on ne peut pas l'attaquer. Alors elle les expose ainsi, même si sa façon de faire est brutale.

« J'ai hésité à t'en parler, mais je me suis dit que je n'allais pas céder et que ça pouvait attendre un peu, puis... Je crois, je ne suis pas sûre, que j'étais tellement angoissée que j'en ai oublié ma pilule ce soir-là, et... Je n'y ai pas pensé après, disons. »

Elle épargne les détails, puisque son ami les connait bien et que ce n'est pas ça qui les intéressent. Si elle s'était maudit pour cet oubli pendant des mois, ne pas en avoir parlé à son ex avait été une autre erreur cruciale, bien plus grave, au fond, celle-là. Un mensonge de plus, en somme, mais à ce stade, Natsume ne sait pas si faire la liste changera quoi que ce soit. Dans un soupir, elle détourne un peu le regard.

« Enfin, tu vois bien. Les heures sont passées, et quand ils sont venus me chercher à la sortie de la fac, je n'avais pas de plan de secours. »

Elle pensait, jusqu'au bout, qu'elle en aurait un. Les faits avaient été différents, toutefois. Lorsqu'elle avait été accueillie par une voiture et des gorilles à la sortie de la faculté, elle avait eu la sensation, nette et absolue, d'être définitivement piégée. Elle aurait sans doute pu tenter une fuite, quitte à échouer, mais tout s'était passé tellement vite qu'elle avait dû abandonner ces idées dès lors qu'elle fut assise. Un autre regret à ajouter à la liste, en somme.

« Quand je suis arrivée au Japon, Namiko m'a expliqué qu'ils avaient conclu un arrangement avec une autre famille, et que visiblement, ils n'avaient pas l'attention d'attendre que mes « ovaires dépérissent » jusqu'à la fin de ma thèse. »

Une grimace de dégoût lui étire les lèvres. Inutile d'expliciter davantage, puisqu'il comprendra très bien, et que parler de ces petits pactes maritaux entre familles de Magiciens lui donne une nausée conséquente. Encore heureuse que son « fiancé » de l'époque n'ait rien tenté à cette époque, ou sa santé mentale l'aurait probablement amené à commettre un acte moralement discutable. Dans tous les cas, elle change vite de sujet, mise mal à l'aise par la révulsion que lui rappelle ce souvenir. Ce n'est pas comme si elle ne savait pas que sa famille la considérait comme une héritière bonne à incuber, mais c'est toujours pénible.

« J'ai essayé de trouver des moyens de partir, mais c'était plus surveillé qu'une cellule de prison, mais lorsqu'ils m'ont fait passer un examen gynécologique pour voir si « tout allait bien », ils ont découverte que, enfin... Que j'étais enceinte. Enceinte de cinq mois. »

Si la visite plus ou moins forcée chez un gynécologue lui avait légitimement déplu, elle avait eu le mérite de mettre à jour cette vérité qui... Oui, elle en parle légèrement maintenant, mais elle se rappelle avoir passé plusieurs heures à ne sentir qu'un vide dans sa poitrine, couplée à la morsure glacée d'une terreur totale. Et bien évidemment, ce n'était pas Namiko qui aurait compati, ou qui que ce soit d'autre. Elle se souvient avoir cru à un mensonge, au début, et avoir protesté, comme si cela pourrait changer quelque chose. Après tout, cela lui paraissait impossible, et elle ne voulait pas que ce soit possible ; les faits étaient cruellement réalistes, eux.

« J'ai fait un déni de grossesse, avec le stress. J'avais même perdu du poids, alors les symptômes ne sont pas apparus jusqu'à ce que je le sache. Ironiquement, c'est ce qui a permis de casser définitivement l'arrangement de Namiko, puisqu'il était trop tard pour me faire avorter. »

Un rictus sardonique s'étire sur son visage. C'était le comble de l'ironie noire, de casser un malheur par un autre malheur. Et malgré le pincement que cela lui procure de penser à cette époque, elle continue.

« Ensuite, elle a... Hé bien, elle n'était pas ravie. Elle m'a fourrée ici, pour s'assurer que je reste tranquille, et parce qu'apparemment, ma présence était déshonorable dans la maison familiale. Je ne te fais pas de dessin pour la suite, Kaden est né, et je suis restée là. »

Elle hausse les épaules. Les insultes, ça... Ce n'était pas comme si elle n'avait pas déjà eu le droit à des remarques de ce genre avant. Passer du statut de « héritière médiocre » à « mère célibataire aux mœurs discutables » (c'était la version polie), c'était à la limite presque un compliment, quand on jetait un coup d’œil aux pensées des Shimomuras. Enfin.
Raconter en détails un accouchement, elle s'en passerait volontiers, déjà qu'elle essayait de retirer cet événement de sa mémoire... Et que son cerveau l'avait grandement aidé à ça, d'ailleurs, l'amnésie traumatique était une chose utile dans ce genre de cas, ironiquement. Mais de toute façon, c'était tout ce qu'il avait besoin de savoir. Dans un soupir, elle passa une main dans ses cheveux, tentant de les remettre en place ; les nattes ont fini par se détacher en partie à certains endroits.

« Mais tout ça, je ne lui ai jamais dit. »

Elle n'allait pas s'étendre là dessus quarante ans non plus. Elle prend une grande gorgée de sa boisson, plus analytique. Pour le moment, elle essaie de voir comment agir, même si c'est loin d'être évident. Voilà pourquoi elle pense à quelque chose, et le propose.

« Je peux... Je peux te laisser un peu de temps avec lui, si tu veux. La journée est loin d'êre finie. »

Elle hausse les épaules. Il n'est pas sûr que Kaden montre un grand intérêt pour quelqu'un qui n'est rien d'autre qu'un « ancien ami de sa mère », mais cela pourrait être bénéfique pour son interlocuteur, ou cela satisferait peut-être sa curiosité. Il fallait bien qu'elle lui donne réponse à ses questions, ou du moins, elle le présupposait. En parlant de donner, d'ailleurs, une pensée fugace passa par tête et elle écarquilla un peu les yeux, se rappelant de quelque chose soudainement.

« Oh, et... »

Sans un mot, elle descend d'une traite sa tasse et se relève, partant faire un bref détour dans sa chambre. Elle tire du fond de son armoire un petit carton de déménagement quasi-intact, et en sort un vieux haut qui  ne semble pas avoir pris un gramme de poussière, ou même avoir été abîmé, comme si on y avait fait très attention, ou qu'elle s'attendait à le rendre un jour. Maladroitement, elle vient le déposer sur la table, en se grattant la nuque avec un peu d'embêtement.

« Tiens. En faisant mes affaires, je l'ai embarqué sans faire exprès. Je crois qu'il est temps que je te le rende. »

Ce n'était très certainement pas le plus gros des problèmes. Sans s'en rendre compte, il semblait qu'elle était pourtant déterminée à rendre ses comptes après dix-sept ans ; une avancée maigre, mais c'était déjà mieux qu'un recul.
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