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 UA vampigarou des prés

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MessageSujet: UA vampigarou des prés   UA vampigarou des prés Icon_minitimeVen 11 Jan - 23:55


« Ne joue pas avec la nourriture, Nagato. »

L'adolescent aux cheveux roux relève timidement la tête, le regard baissé et une expression gênée sur le visage. Préférant éviter le coup d'oeil de son aîné à la vingtaine bien avancée, qui en outre venait de laisser échapper un long soupir en remarquant l'embarras de son cadet, il essaya de garder son attention fixée sur le « repas » dont il était supposé se satisfaire. Difficile, pourtant, de se sentir parfaitement à l'aise ; ses mains moites peinent à le tenir, et ce n'est clairement pas un manque de force qui en est à l'origine. L'adolescent joue machinalement avec ses doigts, sentant ses dents racler avec hésitation le bord de ses lèvres, la nervosité lui nouant la gorge. Pendant un instant, quelque chose dans son corps se comprime, lui rappelant la faim qui lui tord douloureusement l'intérieur. Le plus âgé lui avait dit qu'il le faisait attendre pour que, le moment venu, l'hésitation soit moins grande ; pourtant, Nagato n'a pas vraiment l'impression que ce soit plus simple, au contraire. Tremblant, il finit par tourner la tête vers son interlocuteur, l'air si piteux qu'il n'était pas loin d'implorer la pitié.

« Mais... Mais tu es sûr qu'il n'est pas mort, hein... ? 
- Pour l'instant, oui. »

Nagato ouvrit de grands yeux effrayés. Même si l'idée lui donna presque la migraine, il était bien incapable de devenir plus blanc, se contentant de fixer son aîné aux cheveux hérissés un air épouvanté. Si ce dernier ne comprit pas vraiment la réaction du plus jeune, il finit, après plusieurs longues secondes passées à le dévisager et à cligner des yeux, par reprendre la parole d'une voix si morne et plate qu'elle aurait probablement pu appartenir à un robot.

« … Je veux dire que sauf si tu commets une grave erreur, normalement, il devrait survivre. Au pire des cas, il souffrira d'un léger mal de crâne au réveil, c'est tout. »

Si la réponse eut le mérite de détendre très légèrement les muscles crispés du plus jeune, Natsume était quasiment sûr que ce dernier allait probablement finir par pousser des geignements craintifs si il était poussé davantage. Il parvenait à peine à tenir le col du pauvre bougre que le plus âgé s'était embêté à récupérer il ne savait où, et qui à l'heure actuelle était perdu au pays des songes. Pourtant, depuis qu'il le lui a déposé devant les yeux, le rouquin tergiverse, parlemente ; tout pour éviter de penser à la sensation de creux désagréable dans sa poitrine qui ne cesse de devenir plus entêtante au fur et à mesure que les heures passent. Tout pour éviter de penser à ce qu'il va devoir faire, éventuellement, dans cette clairière lugubre, au beau milieu de la nuit. Sa gorge se serre à la pensée, et il parle timidement, malaisé et dégoûté par l'envie qu'il sent gronder au fond de lui-même.

« Et je... Je dois faire ça souvent ? »

L'aîné le fixe en silence, visage fatigué, traits lassés. Il a la sensation étrange, et particulièrement frustrante, d'avoir déjà vu une scène similaire il y a un certain temps – longtemps, certes, mais tout de même.
Accroupi, Nagato cherche quelque chose dans les yeux de l'homme envers qui il n'a cesse de déposer ses interrogations depuis quelques jours. Il aimerait y voir quelque chose de rassurant, d'apaisant et de doux, mais tout ce qu'il y voit n'est rien d'autre qu'une froideur morne.

« Dès que tu as faim. Plus tu attendras, plus tu auras besoin de boire, et plus tu perdras le contrôle. Après, tu mourras de la manière la plus douloureuse qui soit, une seconde fois. »

Un frisson désagréable passe du sommet de son échine à son coccyx, et Nagato est persuadé que si son cœur était encore capable de battre, il aurait raté un saut au moment précis où Natsume avait fini sa phrase. En déglutissant, les épaules haussées, il expire comme il le peut, tentant de donner une apparence de courage à sa voix balbutiante.

« Je, alors, je... Comment est-ce que je... ? Je suppose que je mords, et ensuite je-
- Tais-toi. »

Le ton sec et dur de son interlocuteur lui fait relever la tête sous le coup de l'étonnement, peu habitué à une telle brutalité de la part de ce dernier. Oh, qu'il soit austère et vraisemblablement incapable d'exprimer la moindre forme de compassion et d'humanité était une chose ; qu'il soit agressif en était une toute autre. Surprise, et probablement un peu indigné également, l'adolescent cligne des yeux, une moue boudeuse au coin des lèvres. Si il s'apprêtait à prendre la parole pour râler que tout de même tout ça n'était pas très poli, le son grave et sec d'un raclement le fit sursauter d'un coup et porter ses mains à ses oreilles, encore peu habitué la finesse de sa nouvelle ouïe. Durant ce moment, il était presque sûr d'avoir entendu Natsume bouger derrière lui, et lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour découvrir que ce dernier s'était placé devant lui. Le manteau étendu devant Nagato, les ongles tendus, l'adulte plutôt détaché qui l'avait traîné ici semblait d'un coup sur le qui-vive, fixant d'un air mauvais l'ombre qui commençait à se dessiner du bout de la ruelle.
Curieux, le rouquin se relève assez péniblement, tentant de comprendre ce qui attire ainsi l'attention de son aîné. L'ombre d'une créature se dessine au bout de la rue, se dévoilant petit à petit, et après quelques secondes, l'adolescent finit par en reconnaître la forme. Un rictus moqueur se dessine sur ses lèvres, et il pouffe librement, jetant un regard goguenard vers son mentor improvisé. Il ne voyait après tout qu'un gros berger allemand à l'air curieux et plutôt joueur, d'ici.

« Bah, c'est juste un chien, pourquoi est-ce que tu... ? »

Il s'attendait à ce que Natsume ait l'air un peu embarrassé, ou juste qu'il le fixe de cet air désintéressé et lassé qui semblait peint sur son visage, mais il n'en fut rien. Ses yeux s'ouvrirent avec surprise lorsqu'il remarqua les crocs sortis de son aîné, et le vert saillant de son regard feinté, tout à coup. Il siffle presque, le dos droit et les muscles tendus.

« Donovan, arrête ça. Sors de l'ombre, vieux cabot galleux. »

Sur le moment, Nagato ne comprend pas, et il viendrait presque à se demander si Natsume n'avait pas finalement perdu la tête. L'animal devant eux se contente de tourner la tête sur le côté, confus, la langue pendante, un air bêtement jovial au visage. Le rouquin trouve qu'il est plutôt mignon, d'ailleurs, avec sa fourrure brune et ses grands yeux bleus.
C'est probablement pour cela, également, qu'il est si surpris et si épouvanté lorsque l'aîné rapidement la main, la serrant brusquement, jusqu'à ce que d'épais rubans d'ombre viennent se précipiter vers la silhouette du canidé. Puis, une seconde à peine après, une douleur brûlante traverse les yeux de Nagato, comme si ces derniers s'étaient mis à brûler dans l'arrière de son crâne. Par un réflexe inné, ses mains s'apposent devant, et il pousse un geignement peiné, bien incapable de comprendre la raison de cette douleur. Il sait, pourtant, que rien ne l'a touché. Tout ce qu'il eut le temps de voir, ce fut le mouvement fugace et si rapide que Nagato aurait pu l'avoir imaginé, du chien qui s'était mis hors de portée de l'offensive du vampire. Confus, il reste immobile, mais se crispe lorsqu'il sent une main ferme se poser sur son épaule, bien qu'il en reconnaisse le propriétaire sans avoir besoin d'ouvrir les yeux.

« Laisse-toi le temps de s'habituer à leurs capacités. Respire et détends-toi, ça passera. »

Nagato hoche faiblement de la tête, essayant de se concentrer sur la voix posée de son aîné pour se calmer. Un grognement rauque et bien trop puissant pour être le fait d'un seul chien des rues lui fit ensuite ravaler sa salive et se cacher davantage derrière le vêtement noir. Pourtant, après plusieurs secondes, c'est une nouvelle voix qui résonne à ses oreilles, légère et tranquille, presque rieuse.

« Jeesh, c'est pas l'amabilité qui t'étouffe, hein, depuis le temps ? On ne dit même pas bonjour poliment à un vieux pote ? »

L'adolescent lève timidement la tête. Le grand chien a disparu ; une information qui peine quelque peu Nagato, alors qu'une moue déçue se dessine sur ses lèvres. Naïvement, le rouquin le cherche du regard sans le trouver. En son lieu, pourtant, un homme à la quarantaine approchant se tient devant eux, un rictus narquois sur son visage, et l'air aussi inoffensif que joueur. Nagato ne sait pas vraiment quand il a pu arriver, pour tout dire, mais il semble que la voix qu'il a entendu fut la sienne. Du peu qu'il comprend, toutefois, le nouvel arrivant semble plutôt bien connaître Natsume. Le concerné ne semble pourtant pas partager la bonne humeur du plus âgé, vu la manière dont son expression se tend, et dont sa voix siffle un venin pleinement palpable.

« Aux amis, oui. »

Le nouveau venu pouffe brusquement, les yeux rieurs et l'expression amusée. Un grand sourire sur son visage, il ricane bêtement, s'importunant peu du visage fermé et du clair mécontentement de Natsume.

« Aouch. T'as pas vendu ta langue, en tous cas, c'est bon à savoir. »

D'apparence, Nagato se dit qu'il avait l'air assez gentil, même si il se disait encore qu'il aurait préféré voir le toutou. Difficile pour lui, pour le coup, de comprendre la soudaine dureté du plus grand vampire, qui lui semble étrangement sur la défensive depuis l'arrivée de l'autre. Son regard ne lâche pas la silhouette de son "mentor", ses iris se déplaçant nerveusement entre une potentielle échappatoire et la cible de ses paroles.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

L'interpellé hausse les épaules, franchement peu inquiété par le ton d'avertissement qui lui est réservé. Sa veste mal rabibochée traine un peu sur le haut de son corps, et durant une seconde, Nagato se demande depuis combien de temps exactement il ne l'a pas changé, vu les trous qui s'y trouvent et son état d'usure évident.

« Un hasard, je t'assure. J'ai juste senti ton odeur, et... Une autre qui te ressemblait beaucoup, également. »

Les yeux bleus du nouvel arrivant dérivent lentement vers Nagato, dévisageant ce dernier avec une insistance qui fait se tendre le rouquin d'un coup et se cacher soudainement derrière le manteau de Natsume en glapissant comme un lapereau apeuré. Relevant tout juste la tête pour pouvoir tout de même comprendre ce qui se passe malgré la crainte qui le fait réagir, l'adolescent ne put s'empêcher de déglutir bruyamment en remarquant que l'expression de l'homme se faisait progressivement moins amicale. Les yeux sourcils, les traits durcis et l'expression assombrie, il relève la tête vers Natsume, une lueur dure et sévère dans son regard qui lui semble étrangement plus vif, d'un coup, semblable à la manière dont celui du vampire le plus âgé semblait s'altérer quand quelque chose le faisait réagir intensément.

« Tu tournes les gamins, maintenant ? »

Sa voix s'est refroidie. De loin, Nagato parvient à remarquer de grands crocs blanchâtres, pointus et menaçants, presque autant que les griffes qui apparaissent petit à petit à la place de ses ongles. L'amicalité a entièrement disparue de son expression, remplacée par une menace muette inscrite dans le creux de ses traits. Durant quelques secondes, Nagato sent de grands frissons lui traverser l'échine, et par un réflexe quasi immédiat, il se surprend à baisser davantage la tête vers ses clavicules.
Natsume, de son côté, ne paraît ni impressionné, ni intimidé. Tout au plus garde-t-il le même regard mauvais, une grimace agacée au coin des lèvres.

« Ce que je fais ne te regarde plus, que je sache. »
- Si tu te mets à t'approcher de mômes, ça va le devenir. »

L'avertissement est à peine dissimulé, mais il ne semble provoquer qu'un léger énervement, vu la manière dont le vampire exhibe ses propres canines pointues pendant quelques secondes, dans ce qui semble être un réflexe instinctif et impensé. Sa voix, cette fois-ci, devient plus agressive : son écho claque entre les murs de la ruelle.

« Reste décent. Je ne suis pas tombé aussi bas. »

Nagato sait que ce n'est pas vrai : malgré tout, il est surpris par la violence du ton de son aîné, comprenant tout juste que l'idée doit profondément le dégoûter. Non, Natsume ne l'a pas transformé, il le sait. Enfin, en réalité, il n'en sait pas grand chose : mais il est persuadé que ce n'est pas le cas, pour une raison qu'il ignore, comme si un élément était absent, et que par son absence, cette hypothèse devenait viscéralement invraisemblable. Pourtant, Nagato ne prend pas la parole pour le défendre. D'un part car il n'ose pas s'interposer entre les deux, de crainte de devenir la cible commune de leur ire. Et d'autre part...
... Mais... Mais on... Il y a quelque chose, tout de même, non... ? J'ai l'impression que l'on est...
Il garde le silence, l'expression troublée, jetant des coups d'oeil entre les deux individus qui ne semblent pas décidés à lui parler alors qu'il est bien le centre de la conversation malgré lui. Son regard s'attarde sur l'expression de Natsume, sur laquelle passe un éclat d'inconfort, dévoilé par la brève grimace qui déforme ses lèvres. Puis, finalement, il reprend la parole, avec une certaine réticence.

« Nous avons le même. »

Le même...?
Nagato cligne des yeux, soudainement intéressé. Il ne comprend pas vraiment ce que Natsume veut dire par là ; et vu la manière dont ce dernier lui jette un coup d'oeil pour observer sa réaction, quelque chose lui dit que c'est intentionel. Pourtant, l'homme qui se trouve en face paraît saisir : ses traits se décontractent, mais son expression reste sévère, sombre. Quelque chose le dérange et le perturbe. Le regard qu'il échange avec son interlocuteur laisse entendre une compréhension muette, et un ensemble de non-dits si grands que Nagato ne parvient pas à se dire qu'il imagine des choses quant à cette étrange tension tout à coup.

« … Il est toujours en vie, donc ? »

'Il'...?
L'adolescent fronce les sourcils. Natsume semble pourtant très bien comprendre : les lèvres pincées, il éructe une brève réponse.

« On dirait. »

Quelque chose fait se dire à Nagato que la véritable conversation ne tombe plus dans ses oreilles, actuellement. Qu'elle a lieu, mais qu'il ne l'entend pas ; qu'elle s'écrit dans les coups d’œils que les deux hommes se jettent, incertains et certains en même temps. Pendant un instant, une confusion fait plisser les yeux du plus âgé, dont le regard inspecte l'adolescent puis l'adulte pendant quelques secondes, faisant des allers-retours lents et incertains. Malaisé, Nagato s'écrase un peu plus sur lui-même, définitivement gêné. C'est après plusieurs secondes que l'homme reprend la parole, une hésitation lourde dans la main.

« Donc tu... »

Seul le silence lui répond. Natsume soutient le regard, muet comme une tombe, peu désireux de révéler quoi que ce soit par ses mots. Pourtant, après plusieurs secondes, l'autre esquisse une grimace, plus tempéré.

« Je vois. »

Malgré tout, Natsume perd patience. Un soupir lui échappe, et, l'air plus fatigué, il finit par poser sa question, désirant probablement que tout cela se termine.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Sa voix sonne légèrement défaite, comme si il savait qu'il valait mieux en finir ainsi. Son interlocuteur le fixe avec une certaine résignation sur le visage, et hoche négativement de la tête, les mains enfoncées dans ses poches.

« Rien, rien. J'avais entendu des rumeurs, et j'ai senti une odeur qui te ressemblait. Je venais vérifier que tu ne causes de souci à personne. »

Natsume serre les dents. Ses yeux se plissent, et ses épaules se contractent ; l'insinuation insuffle une acidité violente dans sa voix.

« Oh, mais quel bon samaritain tu es. 
- Non, c'est pas ça, tu sais bien que... »

L'autre soupire, visiblement conscient qu'il n'est de toute façon pas écouté et que cela ne servira à rien, vu l'expression renfermée du plus jeune. L'aîné le dévisage une nouvelle fois, une grimace embêtée au coin des lèvres.

« Je suppose que tu ne veux toujours pas discuter ? »

Il a déjà sa réponse, en réalité. Il lui suffit de regarder les traits du cadet, et ce que lui marmonne son instinct au fond de sa tête, pour savoir que cette question est pleinement inutile. Même sa voix manque de conviction. Il l'interroge avec la même motivation que celle d'un rat mort, l'air las, comme si elle était face à quelque chose sur lequel il savait très bien qu'il n'aurait aucune influence. C'est le cas, d'ailleurs, puisque le ton du cadet tonne toujours avec la même force.

« Ce n'est pas parce que tu viens seul que je serais plus prompt à revenir te lécher les pieds, Faust. »

Nagato relève un peu la tête, surpris, avant de dévisager les deux avec plus d'insistance. Le dénommé paraît quelque peu blessé par la réflexion de son « ami » (?), et affiche une expression dépitée.
... Attends, est-ce que ça veut dire que... ?

« Je ne te demande pas de revenir, je te demande juste de-
- Tu ne me demandes plus rien. C'est fini, un point c'est tout. »

... Oh. Alors ils étaient probablement...?
Oui, dans sa logique, c'est ce qui fait sens. Logique pleine de trous et fichtrement crade pour peur qu'on ait la moindre idée de la vérité, mais Nagato est un peu trop curieux, et également un peu trop prompt à sauter aux conclusions. Clairement, c'est ce qui expliquerait le ton impératif et claquant du cadet, ainsi que la grimace qui s'étire sur le visage du plus âgé face à cette claire coupure nette dans la conversation. Ce dernier ne rempile pas immédiatement, choisissant plutôt de se masser la nuque, clairement fatigué, et de hausser les épaules, comme pour se donner un air désintéressé.

« Fais gaffe, avec le gamin.
- Je me débrouille seul, merci bien.
- Ouais, ouais, j'vois ça. »

Le coup d'oeil que Faust jette au type assommé et allongé au sol, ainsi qu'au visage hésitant de Nagato, en dit bien assez pour qu'il n'ait pas besoin d'afficher plus qu'un rictus narquois. Il effectue toutefois un petit mouvement ridicule de la main, sûrement destiné à être un salut, avant d'afficher un très grand sourire destiné au plus jeune d'entre eux.

« Tchao, du coup, mini-croc ! »

Confus, l'adolescent releva timidement la main, lui rendant son salut avec toute l'incertitude qui était la sienne.

« Au r'voir, msieur... ? »

Probablement qu'il aurait été plus loquace si la personne à laquelle il tentait de répondre n'était pas, progressivement, en train d'assumer sous ses yeux la forme du grand chien qu'il avait remarqué tout à l'heure, sans que cela ne semble choquer personne d'autre que lui-même. Les yeux écarquillés, Nagato s'étouffe dans sa salive, avant de venir chercher le regard du vampire le plus âgé pour tenter d'y trouver un semblant d'explication ; ce dernier semble juste blasé, comme d'ordinaire, et le laisse avec toutes les interrogations qui courent dans sa tête. La silhouette canine disparaît aussi rapidement qu'elle est apparue, dans un mouvement si véloce que Nagato passe près de le manquer, n'entendant que claquement de griffes sur le sol pour lui confirmer que leur interlocuteur vient de détaler sans autre procès.
Pris de court, l'adolescent tente maladroitement de se relever, le regard encore fixé sur le bout de l'allée, les yeux grands ouverts et les traits déformés par la surprise.

« … C'était un... ?
- Un loup-garou, oui. Celui-ci, c'était un chef de meute, et ce sont les plus dangereux. »

Ses mots ont valeur d'avertissement, vu la manière qu'il a de fixer son cadet, comme si il voulait s'assurer que ce dernier retienne ce qu'il en est en train de lui dire. Ce n'est pas entièrement fou, en un sens : il y a encore une semaine, tout cela était du registre du mauvais film, et non la réalité. Il rentrait de cours, mangeait quelque chose de sucré qui n'avait rien d'humain, et faisait sa journée sans jamais penser au fait qu'il était possible de mourir et de revenir à la vie, ou que des personnes mi-animales pouvaient exister. Alors, honnêtement, à ce stade, il était bien capable de hocher de la tête et de faire comme si tout ce que son aîné lui disait faisait sens, à l'heure actuelle.

« Les loups-garou sont plus forts et plus endurants que nous à notre âge. En combat à main nue, ne tente jamais d'en combattre un.
- C-ce n'était pas mon intention ! »

La crainte dans les yeux du cadet et sa précipitation embarrassée à éclaircir la situation eut le mérite de tirer au plus vieux vampire l'esquisse d'un rictus amusé, comme si quelque chose l'amusait. Étonné, Nagato n'osa pas lui faire remarquer quoi que ce soit, plutôt curieux de voir une expression qui ressemblait presque à de l'attendrissement. Attendrissement qui disparut bien vite, toutefois, remplacé par un sourire narquois et moqueur.

« En revanche, quand tu sauras fuir par les airs, tu ne risqueras rien. Puis, généralement, ce n'est pas l'intelligence qui les étouffe. »

... Mais c'est pas très gentil de dire ça !
Il se retint toutefois du moindre commentaire, trop timoré, même si son expression montrait plus ou moins involontairement le léger malaise qu'il ressentit. En un sens, ce n'était pas la première chose manquant de gentillesse qu'il entendait de la journée non plus. Et à ce propos, d'ailleurs, il ne put s'empêcher de poser une question, quitte à le faire avec toute la délicatesse de quelqu'un qui souhaite éviter de marcher sur des œufs. En tentant d'afficher l'expression la plus innocente possible alors qu'il essayait de se reconcentrer sur le type qui était encore au pays des rêves à ses pieds, il reprit la parole.

« Vous... Aviez l'air de vous connaître. »

Nagato ne dirait pas qu'il eut l'impression de parler à un mur, car ce serait insinuer qu'un mur serait aussi peu réactif que Natsume ; ce n'était pas le cas, puisque l'adolescent était persuadé que l'on aurait pu y trouver plus d'émotions.

« Effectivement. »

Cela eut au moins comme effet de lui faire comprendre qu'il ne recevrait pas davantage de réponses, et qu'il ferait probablement bien de s'en satisfaire. Déçu, l'adolescent ne retint pas sa moue, manquant presque d'oublier l'origine de leur situation actuelle. Ce n'est pas le cas de Natsume, qui s'empresse, avec une rapidité qui aurait pu laisser à croire qu'il était mal à l'aise si Nagato n'avait pas la sensation d'imaginer des choses, de le lui rappeler, jetant un regard au corps sous son cadet.

« … Dépêche-toi. Il faut rentrer avant l'aube. »

J'avais presque réussi à oublier.
Nagato déglutit. Les mains moites reviennent petit à petit, en même temps que le grondement sourd au fond de sa poitrine qui lui réclame avec un impératif violent de se sustenter. L'idée, pourtant, lui noue la gorge et le fait frissonner de crainte. Apeuré, un froid perçant dans sa poitrine inerte, il relève la tête pour tenter de faire infléchir son aîné, des lueurs de crainte dans le regard.

« Mais, mais, j-je... ! »

Beaucoup de mots aimeraient s'échapper de sa bouche. Beaucoup d'oppositions et de raisons tout à fait légitimes qui lui rendent insupportable l'idée de se nourrir d'un autre être vivant : toute son éthique, en somme, qui se réveille. C'était une chose de reprendre vie après la mort. C'était une chose de ne plus pouvoir supporter la lumière du jour, ou même d'être devenu quasiment immortel (quoique le concept lui paraissait encore un peu alien et il n'osait pas demander à Natsume quel âge il avait vraiment, des fois). C'en était une autre, toutefois, de planter ses crocs dans la gorge d'un inconnu pour l'utiliser comme source de nourriture. Une chose qu'il n'a pas envie de faire, mais que tout son être désire en même temps malgré lui.
Il aimerait trouver dans le regard de Natsume une forme de pitié, ou de l'aide, quelle qu'elle soit. Nagato se doute que ce qu'il demande par son imploration silencieuse est complètement impossible : pourtant, le voilà, avec ses grands yeux rougis et humidifiés, qui renifle piteusement, apeuré.

L'adolescent aimerait que l'autre réagisse, mais il n'en est rien. Tout au plus a-t-il droit à une expression fermée, illisible, alors que le plus grand s'accroupit à ses côtés, plantant son regard redevenu marron et sans feinte dans le sien. Sa voix est plus sérieuse, plus froide, comme si il énonçait une simple équation.

« Tu auras mal, au début. Bien plus mal que tu ne peux l'imaginer. La faim, au bout d'un moment, devient une torture. »

Nagato sent un long frisson lui dévaler l'échine. Il est persuadé, soudainement, au vu du ton et de la fermeté de Natsume, que ce dernier sait très bien de quoi il parle. L'évocation lui fait l'effet d'un coup dans la gorge. L'adulte ne s'arrête pas, pourtant, le considérant toujours avec la même froideur méthodique, la tête droite.

« Si tu ne le fais pas, je te laisse ici, et maintenant. Je n'ai aucun intérêt à te regarder mourir, crois-moi. »

La peur remonte, lui tordant le ventre, la poitrine, la gorge. Nagato n'a pas envie d'être de nouveau seul, et surtout, il n'a pas envie de mourir de nouveau. La première fois était suffisamment désagréable comme ça pour qu'il ne souhaite jamais s'y frotter de nouveau. Son visage ne peut plus blanchir, mais l'effroi tire un peu plus ses traits, probablement assez pour que l'expression de son interlocuteur s'adoucisse très légèrement, même si il ne s'en rend pas compte. L'autre soupire, l'air dépité.

« Tu n'as pas le choix, Nagato. »

Il le sait bien, même si il aurait aimé entendre tout autre chose. Une solution miracle, un « truc », une astuce venant de quelqu'un de plus expérimenté que lui, mais il n'y a rien, sinon ce qu'il sait déjà. L'adolescent ravale sa salive, baissant le regard pour fixer le corps sous ses pieds, en évitant de penser au fait qu'il s'agit d'un autre humain et non d'un morceau de viande.  
Dépité, il finit par amorcer un mouvement, tremblotant. La voix du plus âgé est plus douce, plus tranquille, même si Nagato ne le regarde plus.

« Laisse ton instinct faire. L'odeur te guidera vers la veine la plus épaisse. »

La voix qui lui parle est bien la seule chose qui lui donne l'impression de ne pas perdre pied, pour le moment. Quelque chose au fond de lui-même s'agite et s'impatiente au fur et à mesure qu'il ose rapprocher sa tête. Il sent ses dents se dévoiler, comme si l'odeur rance qui parvenait à ses narines avait suffi à les réveiller. L'hésitation le fait jouer nerveusement avec le tissu du vêtement. Il ravale sa salive, incertain. Sa mâchoire bouge d'elle-même vers la droite, suivant la force du fumet qui l'attire malgré lui. Une main se pose sur son épaule, offrant une pression ferme mais plus douce qu'il ne l'aurait cru. Et, d'un coup, il mord.
Un silence complet vient s'apposer sur la rue. L'aîné le laisse faire, se contentant de jeter un coup d'oeil de temps à autre pour s'assurer il ne sait quoi. Malgré lui, il laisse échapper un soupir de soulagement, que Nagato n'entend pas, trop occupé à tenter de comprendre comment ses crocs fonctionnent. Une bonne minute s'écoule lentement, très lentement, au bout de laquelle le plus grand finit par l'arrêter en posant une nouvelle fois sa main sur l'épaule du cadet, cette fois-ci pour l'éloigner le plus doucement possible.
L'adolescent ne s'y oppose pas. Les traits de son visage se déforment sous l'effet du dégoût, et une grimace révulsée étire ses lèvres encore ensanglantée alors qu'il relève la tête. Malgré tout, Nagato se retient de cracher, bien conscient que la faim qui lui étranglait la cage thoracique semble s'être apaisée. Il relève la tête vers Natsume, comme si il ne comprenait pas sa propre réaction.

« C'est-... C'est dégoûtant. »

Son interlocuteur cligne des yeux, visiblement surpris. Nagato aurait aimé qu'il dise autre chose, comme s'excuser de ne pas l'avoir prévenu quant au goût, par exemple. Mais non. Il paraît plus étonné qu'autre chose, dévisageant l'adolescent avec insistance.

« Ah. Dommage. J'aurais cru que... »

L'aîné semble chercher ses mots alors qu'il fouille dans sa poche pour en tirer un mouchoir et le lui donner. Si l'adolescent l'attrape avec précipitation, désireux d'essuyer ses joues, cela ne l'empêche pas de presser très légèrement son aîné.

« Q-que... ? »

Une moue désabusée se dessinait progressivement sur le visage de Natsume. Finalement, avec un certain flegme, il haussa les épaules, toujours accroupi, une lueur d'amusement dans le creux de ses yeux.

« Eh bien, pour dire ça poliment, tu es aussi difficile que moi. Ce n'est pas le type de sang qui te convient au goût.
- A-ah. »

Ce n'était pas un commentaire auquel il s'attendait, et qui le laissa bien incapable de répondre, ne pouvant savoir si son interlocuteur était en train de lui faire une remarque ou de s'amuser, ou de lui reprocher sa réaction. Un silence embarrassant le fit gigoter sur place, jusqu'à ce qu'un gloussement discret ne s'échappe de la gorge du plus âgé, et qu'il se relève en prenant bien le temps d'épousseter son manteau.

« Maintenant, finis ton assiette. 
- C-c'est pas une assiette ! »

Son indignation fut de courte durée, puisqu'en fixant son interlocuteur, il découvrit que ce dernier avait l'air assez surpris par sa réaction, les yeux ronds et les sourcils haussés. Une nervosité soudaine parut le parcourir, vu la manière qu'eut de jouer nerveusement avec ses doigts, devenu soudain bien plus prompt au balbutiement.

« C'était une, enfin... »

L'embarras évident sur le visage du plus âgé n'était pas habituel à ses yeux (naïf qu'il était), si bien que Nagato eut comme la sensation qu'il avait réagi d'une manière qui n'était absolument pas prévue. Et, au delà, il ne voyait qu'une seule terminaison possible à la phrase du plus âgé, même si c'était assez étrange.

« … Une blague ? »

Natsume se racla la gorge avec hésitation, avant de hocher très légèrement de la tête, comme par timidité. Confus et particulièrement perdu, Nagato n'eut pas grand chose de bien plus intelligent à dire que quelques onomatopées.

« Ah. Euh. D'accord. »

L'aîné toussota, avant de s'évaporer dans un nuage d'ombre gazeux, ne laissant derrière lui que quelques filaments noirs jusqu'à ce que la chauve-souris aux poils hérissés qu'il était devenu ne s'accroche à la corniche d'un reverbère, préférant probablement s'écarter que de rester dans un silence gênant plus longtemps. Pour une fois, Nagato l'aurait presque remercié.


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MessageSujet: Re: UA vampigarou des prés   UA vampigarou des prés Icon_minitimeMer 16 Jan - 1:43


Nagato a oublié que cela fait mal, des fois, de tomber.
Oh, il était un grand spécialiste, plus jeune. Les genoux qui lâchent, les chevilles qui se tordent juste un peu trop à droite, les yeux qui sont incapable de fixer quelque chose pendant quelques secondes, les talons qui ne se calibrent pas assez, juste au bon moment. Bien souvent, cela finissait en bosse, en petite hauteur au sommet de son crâne, en bleus sur ses genoux, et, sans surprises, en pleurs dans les bras de son père qui finissait toujours par venir le récupérer dès lors qu'un seul octave de sa voix ne se mettait à résonner en pleurs larmoyants. Plus tard, ce fut le vélo, les arbres, les jeux, les balades imprudentes dans les coins de montagne qu'il se croyait le seul à connaître – et dans lesquelles il découvrait, un peu penaud, qu'il n'était très certainement pas le premier à y avoir chuté. Oh, cela faisait mal, bien évidemment. De la brûlure sourde et froide de la terre granuleuse sur son visage, au coup violent et sec des roches dans son thorax, à la morsure glacée et acérée des branches humides qui lui revenaient contre les joues. Tout cela faisait mal, et, grand pleurnichard qu'il avait toujours été, il finissait toujours, après avoir éprouvé toute la détermination du monde en essayant de ne pas le faire, à pleurnicher un peu dans son coin. Parce que, sans surprise, Nagato n'aime pas la douleur. Elle finissait toujours, toutefois, apaisée et enveloppée par les rires encourageants de sa mère, ou la main encourageante de son père contre ses cheveux. Alors, bien souvent, il oubliait jusqu'à la prochaine fois.

Le rappel est brutal. C'est peut-être la sixième, ou la septième chute depuis tout à l'heure. Les mains tremblantes, il tente de se relever sur ses coudes, car il brûlent moins que ses paumes, et la tentative lui est bien plus pénible qu'il n'aimerait l'avouer. Il est presque sûr d'avoir senti quelque chose rompre dans son thorax, ou dans son abdomen, il n'est plus vraiment certain de l'appelation, et probable que ses derniers cours de SVT remontent un peu – un mois, environ, ou quelque chose du genre. Toujours est-il qu'il a mal, et qu'il le sent. Un toussotement douloureux lui fait pousser un grognement qui ne lui ressemble pas vraiment, mais là encore, la formulation a quelque chose de cocasse quand il n'est plus vraiment capable de définir ce que peut bien être cette vague idée de « lui-même ». Au mieux, c'est drôle. Au pire, c'est une très mauvaise blague. Nagato aime les blagues ; mais elle ne l'a jamais vraiment faire rire, celle-ci.
Il est presque sûr que ses genoux ne sont pas supposés faire ce bruit-là lorsqu'il tente de se relever. Malgré tout, il serre les dents, et il y parvient après quelques longues secondes, toutes aussi perçantes les unes que les autres avec la pique qui remonte dans sa poitrine.

Septième chute. Oui, c'en est certain, maintenant. C'est la septième fois qu'il voit Natsume afficher cette expression fermée et illisible en le regardant. Nagato y voit de la déception. Une déception toute naturelle, probablement, après tant d'échecs. Ce n'était pas supposé être si difficile, apparemment. Une « base » pour lui permettre de pouvoir s'enfuir en cas de soucis, une crainte qui lui était apparemment apparu lors de leur dernière sortie. Alors il essaye, à chaque fois ; ce n'est que lorsqu'il parvient à frôler quelque chose au fond de lui-même qu'il se sent perdre pied et que, tout naturellement, il chute aussi prestement que possible du haut de la branche à laquelle il se tenait pourtant. La chute est rapide, douloureuse, pénible.
Moins pénible, toutefois, que le regard las et frustré qui se pose sur lui. Nagato a l'impression qu'il le claque un peu davantage au sol une nouvelle fois, mais il le tient, comme si baisser les yeux serait honteux de quelque façon que ce soit. Il sait pourtant, du peu que lui a expliqué l'autre, que ces échecs répétés et successifs sont étranges. La transformation en chauve-souris est l'une des choses les plus simples qui existent chez les leurs, même si elle demande une certaine énergie – une énergie dont Nagato dispose encore, après s'être nourri récemment (et le souvenir fait encore remonter une vague de nausée dans sa gorge). Pourtant, l'adolescent n'y arrive pas. Les ficelles lui échappent. Dès lors qu'il croit parvenir à approcher d'un semblant de compréhension sur ce qui bourgeonne dans son être, la sensation s'enfuit comme si il n'avait fait qu'imaginer tout cela. La voix de Natsume ne fait que confirmer ce qu'il sait déjà.

« On réessaiera demain. »

Ça ne marche pas.
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MessageSujet: Re: UA vampigarou des prés   UA vampigarou des prés Icon_minitimeLun 11 Fév - 1:20


/!\ Violence, i guess, comportements auto-destructeurs, same shit as always :derp:

Honnêtement, ce n'était pas une bonne idée. La première fois aussi, et certainement pas maintenant.  Dans sa première vie, déjà, il avait la sale habitude de prendre les risques les plus grossiers comme si ils n'existaient pas, avec toute l'arrogance et l'impudence d'un gamin qui ne demande qu'à ressentir le frisson d'une sensation à peu près vivable en ignorant sciemment tout ce qui lui dit de ne pas le faire.
Autant dire que depuis qu'il n'a plus vraiment à s'inquiéter du fait qu'on lui arrache la gorge ou qu'on lui arrache une tripe ou deux, ce petit défaut en est devenu un énorme.

Il sent bien que sa jambe ne répond plus ; après tout, depuis le craquement sinistre de cette dernière, il est presque sûr qu'elle ne répondra plus aux pauvres petits signaux que tentent de lui insuffler son cerveau. Son torse, de la même manière, lui semble si comprimé qu'il ne serait pas étonnant qu'une côte finisse par éclater à un moment ou à un autre. En y pensant bien, d'ailleurs, c'est probablement déjà fait : c'est juste qu'au bout d'un moment, il devenait compliqué de différencier les coups de la sensation froide et perçante qui vrillait dans son thorax. Il est trop occupé avec le bras sous sa gorge qui le maintient au sol et écrase son larynx, de toute façon. Heureusement pour lui, respirer n'est plus vraiment un indispensable, et si il crachote piteusement face à cet assaut censé le déséquilibrer, il parvient tout de même à esquisser le semblant d'un rictus désabusé.
Bah tiens, au moins, j'en ai fini avec l'asthme.

Pas comme si c'était de son genre de lâcher l'affaire, toutefois. Trois contre un n'était pas vraiment à son avantage, il en avait conscience, mais peu importe. Il s'en fiche, maintenant, de la raison qui l'a poussé à se battre avec ces trois loups. Ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte, là, actuellement, c'est le piaillement de douleur de l'un d'entre eux alors que, dans un coup de pied aussi hargneux que violent, la jambe de Natsume l'envoie tomber au sol. Il en est le premier surpris, quoique dans les faits, il avait remarqué que sa force avait énormément augmenté depuis sa transition. Le sourire victorieux qu'il affiche sur son visage pendant quelques secondes, en plus d'étirer une tâche de sang sur sa joue, a quelque chose de stupide. Il ne reste pas étonné longtemps, toutefois. Un crochet vient le ramener à la réalité ; pas assez pour l’assommer, toutefois. Juste assez pour que, au moment où sa tête claque contre le sol avec brutalité, son premier réflexe soit de mordre violemment la main qui tente de venir le saisir à la gorge. La douleur, il n'y pense même plus. Crocs sortis, si il s'apprête à mordre dans une défense piteuse mais efficace, il n'en a toutefois pas l'occasion : sa cible s'éloigne vivement, sans prévenir.

Ce n'était qu'avec un certain décalage qu'il finit par entendre le son d'un grognement sourd et mauvais résonner à ses oreilles. Ses tympans, d'ordinaire si sensibles, semblaient avoir pris un coup. Les trois autres avaient déjà baissé les oreilles, les griffes rétractées, les crocs immobiles.  

« J'vous ai dit de décarrer. Vous voulez qu'on en parle en assemblée, ou vous allez le faire ? »

La menace, assortie d'un autre grondement, plus long, moins fort mais plus insistant, eut l'air d'être suffisante. Les yeux baissés, à rancœur pour deux d'entre eux, personne n'osa les relever et faire ainsi preuve de trop de défiance ; ils se levèrent tous au même moment, libérant leur prise sur le cadet, et s'éloignant lentement. Prenant bien attention au fait de ne pas passer trop près du Donovan, il gardèrent un écart moyen jusqu'à ce que deux ou trois mètres de distance ne les sépare. L'un d'entre eux aida celui qui titubait à ne pas trop s'écraser par terre, tandis que le dernier s'était déjà transformé de nouveau, filant dans la nuit sous le son de coup de pattes.
Un grognement échappe au dernier lorsque, très péniblement, il tente de redresser la partie supérieure de son corps. C'est un échec ; il retombe lamentablement sur lui-même dans un borborygme ravalé. La douleur qui le poignarde subitement le fait geindre pathétiquement et grommeler comme il le peut, portant une main tordue à ses flancs douloureux.

« Putain de chiasse ! »

Ou quelque chose du genre. Un soupir las et franchement exaspéré fut audible par ses oreilles alors que, les mains dans les poches et l'air fatigué, le plus âgé s'approchait lentement. Le considérant avec un mélange de curiosité et de dépit, il grimaça, les traits déformés par l'exaspération en découvrant le carnage. Quelques coups d’œil curieux, et les odeurs nauséabondes qui parvenaient à ses narines ultra-sensibles, lui en dirent assez sur la situation.

« Bordel de merde, t'as de la chance que vous guérissiez plus vite que nous, sérieusement. »

Dit-il, soit dit en passant, en donnant un coup de pied au morceau d'os qui trainait là. Il ne préférait pas prendre le temps de l'identifier et savoir d'où il venait, tiens. Son possesseur (zut) poussa un nouveau grognement, essuyant maladroitement le sang qui traînait sur le bord de ses crocs, ses yeux feintés s'attardant à peine sur ses multiples blessures.

« Ce sera réglé demain soir, me casse pas les pieds.
- Ouais, bah en attendant, c'est moi qui vais bouger ta carcasse jusqu'à ton nid, alors un peu de respect pour ma pauvre fourrure, j't'en prie.
- Mange tes grands morts.
- J'préfère les biches. »

Il gigota par réflexe lorsque le loup l'attrapa sur ses épaules, lui tirant de nouveaux jurons de peine au vu de la douleur. Faust, probablement un peu apitoyé malgré l'énervement qui faisait tapoter énergiquement ses doigts contre son propre pantalon, grimaça.

« Purée, ils t'ont pas raté. J'les avais pas vu aussi déchaînés depuis qu'ils étaient louveteaux.
- T'as pas vu leurs tronches, crois-moi. »

Un rictus provocateur au coin des lèvres, Natsume croyait sans doute pouvoir faire rire son interlocuteur. Il ne peut toutefois qu'être troublé par le regard sombre et dur que lui réservait ce dernier.

« Arrête de faire le malin. T'as réfléchi, avant d'y aller à trois contre un ? »

Natsume leva les yeux au ciel, détournant la tête pour ne pas avoir à croiser la mine pleine de reproches de son aîné. Il sait bien que sa petite « escarmouche » n'est ni la première, ni la dernière, et certainement pas la plus intelligente. Depuis qu'il est arrivé, de toute façon, il n'a fait que les accumuler. Au début, c'était souvent de petits face à face innocents, comme il y en avait des dizaines dans n'importe quelle meute à peu près normale où la hiérarchie se reformait souvent et se consolidait par l'expiation des tensions. Depuis peu, toutefois, ce n'était plus pareil. Pour que Faust finisse par intervenir, malgré son désir de neutralité dû à son statut de chef de meute, ce devait être devenu évident même aux autres. Alors oui, Natsume sait qu'il ne doit pas s'attendre à des félicitations de la part de ce dernier, tout particulièrement au vu de leur rapport. Il n'a pas envie de les entendre, toutefois, puisqu'il sait très bien ce qu'il va dire ; il l'a déjà entendu dans d'autres bouches que la sienne.
Faust le dévisage, remarquant son teint exceptionnellement pâle. Oh, il l'est déjà beaucoup, depuis sa transition. Mais là, dans ce cas de figure particulier, avec ses yeux rougis et ses cernes lui donnant cet air malade et fatigué, il sait très bien ce que cela veut dire. Natsume grommellerait presque d'avance face au reproche qu'il sent déjà pointer le bout de son nez dans le regard dur du plus vieux et il détourne la tête, vexé comme un pou.

« Sans manger, en plus. Tu as de la chance de ne pas avoir fini brisé en deux, vu ton état. »

Natsume leva les yeux au ciel, les dents serrées, les crocs sortis, faisant à peine attention à la manière qu'ils avaient de maltraiter ses pauvres lèvres. La frustration était plus importante, sur le moment.
Oh, oui, je le saurai, merci, que je suis juste un vampire nouveau-né et que question puissance brute, j'peux pas encore jouer au bras de fer avec le chien galeux lambda. Merci bien, on me le fait assez comprendre comme ça.
Il garda toutefois son amertume dans sa gorge. Pourquoi diable en parler, tiens ? Faust devait s'en douter, qu'il n'était pas à sa place, ici. Il avait beau l'avoir sauvé et recueilli, introduit à sa meute comme l'on introduirait un enfant, les faits restaient les mêmes. Son inexpérience et son statut ne lui permettaient pas vraiment de se départir du fait qu'il n'était pas un loup, et qu'en réalité, il n'avait aucune envie d'en être un. Pas comme si il avait vraiment eu envie d'être un vampire non plus, en réalité. Il le savait, non, pourtant ? Il le savait, qu'il n'en voulait pas, de ce monde.
Et nianiania, et je sais mieux, et je m'en sors mieux, et c'est moi le patron, et mon cul sur la commode, oui.
L'acidité dans son ventre lui fit grincer des dents.

« Je peux pas mourir, on s'en fout. »

Natsume ne cache pas le sarcasme dans sa voix, comme si sa fausse jubilation n'était qu'un rire jaune longuement étiré. Lui-même, cela le fait beaucoup rire ; encore plus en voyant l'expression crispée et gênée de Faust.

« Bah quoi, c'est une blague, décoince-toi un peu. T'as pas d'humour ? »

Mot à mot, il sait bien que l'autre comprend à quoi il fait référence, ne serait-ce qu'à son expression  embêtée et gênée ; voilà qu'il grimace et soupire d'un air fatigué. Bien sûr qu'il les a entendu, les propos de certains des membres de la meute quant à la présence d'un vampire parmi leurs rangs. Il ne peut pas ne pas les avoir entendu, puisque c'était lui qui avait pris le risque de l'introduire malgré les méfiances de certains. Cela n'empêche pas Natsume de les lui minauder au visage comme l'on cracherait une rancœur. La sensation brûlante et pénible dans sa poitrine lui pousse à la sortir par n'importe quel moyen, et cette agressivité n'est qu'un soulagement bien bref.
Néanmoins, la pitié que le vampire voit dans les yeux du brun lui donnerait presque envie de vomir. Son ton mielleux se fait plus dur, ses traits se raidissent, et c'est en serrant les dents qu'il siffle ses prochaines paroles.

« Arrête de me regarder comme ça.
- Je m'inquiète, c'est tout. Je sais que c'est compliqué pour toi, mais...
- Non, t'en sais rien. »

Il avait presque craché ses derniers propos, comme si ces derniers étaient plus importants, plus vifs, plus personnels. Durant une seconde, une lueur de peine était passé dans les yeux de Faust.
Si le cadet tente de se dégager, la poigne du loup n'a pas besoin de s'affirmer une seule seconde pour le tenir en place et continuer à le porter. Son expression s'est teintée d'une fatigue visible. Il ne s'attarde pas trop sur la rancune et l'aigreur qu'il voit dans le regard marron troublé du vampire. Faust sait bien qu'au fond, elles ne sont pas tournées vers lui ; pas comme si cela était une excuse, mais disons plutôt qu'il était assez lucide pour garder l'esprit clair.

« J't'emmerde. »

Cette injure sonne plus comme un geignement piteux qu'autre chose, et sans doute que le concerné le sait, vu son expression frustrée. Soit ça, soit c'était la douleur physique, ou les deux, peu importe, en soi. Faust soupire.

« Ouais, ouais, je sais. »

Leur chemin de retour se fait dans un silence lourd.
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MessageSujet: Re: UA vampigarou des prés   UA vampigarou des prés Icon_minitimeLun 4 Mar - 4:34


« Bon toutou ! T'es vraiment joli, toi ! »

Les mains de l'adolescent caressent vigoureusement la tête du chien blanc qui léchouille distraitement la grande gamelle de jambon qu'on vient de lui servir. Il semble plus intéressé par le fait de la vider goulûment que par l'attention et le regard plein d'admiration qui lui offre le jeune garçon, mais Nagato ne s'en préoccupe pas des masses. Il est aux anges, à l'heure actuelle. Après ces heures de travail, il estime d'ailleurs qu'il avait bien le droit à ça.
Pas comme si son patron était sur son dos, toutefois. Il n'était même pas sûr de l'avoir vu plus d'une ou deux fois après que ce dernier l'ait engagé, ne posant même pas de questions sur les raisons qui pouvaient pousser un gamin de dix-sept ans tout juste à prendre un job de nuit dans l'épicerie d'une rue un peu craignos du fin fond de la ville. Le contrat était simple : il faisait ses heures, surveillait un peu, évitait d'éloigner les clients et il était payé. Pas grand chose, en fait, mais à ses yeux, tout ce qui permettait de pouvoir s'acheter une dizaine de sandwichs sodebos à la journée était une chance incroyable ; ou disons plutôt qu'il n'avait aucun coût de vie, et que tout ceci n'était rien de plus qu'un moyen de se faire de l'argent de poche ainsi que de se distraire. Natsume lui avait dit, franchement moqueusement, que si il voulait avoir de quoi se distraire dans sa chambre franchement austère, il n'avait qu'à se trouver de l'argent comme un grand.
Nagato, qui n'est rien d'autre que quelqu'un qui écoute assez bien, en l’occurrence, avait fait exactement ça (d'autant plus qu'il était un peu pénible, l'autre, depuis son altercation avec le loup aux cheveux hérissés).

Et, l'avantage de tout ça, c'était que Nagato avait vite compris que donner les restes de nourriture à jeter aux animaux du coin faisait plus ou moins de lui le roi du pétrole à leurs yeux. Qu'ils soient détraqués pour le plupart et parfois franchement agressif ne le dérangeait pas ; un berger lui avait arraché un énorme morceau de peau, un coup, mais son bras avait guéri durant la nuit. Oh, bien sûr, il avait beuglé et pleurniché pendant des heures jusqu'à ce que Natsume, exaspéré, finisse par lui donner une petite pochette de sang avec une paille pour qu'il se taise (« un capri sun remixé »), mais ce n'était pas un gros risque. Puis, de toute façon, c'était ça ou être tout seul les soirs ; et, clairement, son colocataire n'était pas une meilleure compagnie que le tic régulier de l'horloge et le grésillement des néons.
Bien vite, les habitués s'étaient fait reconnaître. C'était devenu son petit plaisir de la journée, de regarder figures canines et félines s'agglutiner autour de ce que l'adolescent pouvait leur donner, se satisfaisant de la pensée qu'au moins, il faisait quelque chose d'à peu près utile, quitte à ne plus avoir le moindre futur et le moindre avenir dans quoi que ce soit.
Ou quelque chose du genre, héhé, ahaha.
Mais, comme d'habitude, il ignora sans grand remords cette pensée et se focalisa davantage sur le spitz blanc que sur la constatation inévitable mais diablement révulsante de sa vie ruinée.

« Hééé ! Doucement, cochon, tu vas vomir ! »

Il gloussa bêtement, éloignant un peu la tête du molosse et caressant distraitement une oreille lorsqu'il entendit un piaillement plaintif. Nagato ne s'inquiète pas, pourtant. C'est qu'à force, il commençait à avoir des favoris, et par là, il commence à saisir les habitudes de chacun. Il y avait le matou calico, qui venait toujours se faufiler dans un coin d'étalage, intimidé par le bruit et les mouvements trop brusques des autres. Le pomeramian un peu capricieux, affublé d'un collier, qui devait sûrement profiter de sa sortie nocturne pour aller chicaner de la nourriture : celui-ci, Nagato éviter de le laisser se gaver, ayant bien conscience qu'il avait sûrement un foyer chaleureux qui l'attendait. Puis, il y avait ceux pour qui ce n'était pas le cas.
Les maigres. Les méfiants, les peureux, ceux qui sursautaient dès lors que sa main approchait à un mètre. Les marqués, aux yeux barrés de cicatrices, parfois si fraîches que Nagato préférait ne pas s'interroger sur la raison de l'absence définitive de ces bêtes-là quelques jours plus tard. Les petits, aussi, ceux qui avaient sûrement grandi dehors et qui se faufilaient comme des ombres entre les rues, plus discrets que des souffles de vents, aussi vite disparus qu'apparus. Des malchanceux, pour la plupart, forcés de vivre la nuit et de se nourrir de ce qu'ils parvenaient à trouver, s'évaporant dès lors que l'aube venait, de peur d'être trouvés. Sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, Nagato pouvait sentir un creux gonfler dans sa poitrine à chaque fois qu'il y pensait trop longtemps. Un creux qui vient le faire grimacer alors que, le ton devenu plus calme et ses traits plissés en une expression neutre, il reprend la parole avec lenteur et hésitation.

« Vous avez plus vraiment de maison non plus, vous... »

Il prit un instant de pause, interdit par ses propres mots, comme si il regrettait de les avoir dit. Il finit toutefois par glousser jaunement, bien conscient qu'au fond, ce n'était pas un souci. Pas comme si tous ces animaux pouvaient comprendre quoi que ce soit, de toute façon. C'était même, au delà de l'empathie et de l'affection toute naturelle qu'il avait pour ces derniers, la raison qui faisait qu'il pouvait se permettre de rester aussi près d'eux. Puis, ce n'était pas la première fois qu'il en arrivait à laisser échapper ses pensées noires, alors à ce stade...
Le spitz blanc, toutefois, venait d'attraper sa main en la mordillant légèrement, gardant ses grands yeux noirs fixés sur son visage fatigué. Surpris, Nagato ne sut pas comment réagir au départ, mais ses réflexes prirent le pas immédiatement : un sourire se força sur son visage, en dépit de ses dents serrées et crispées.

« Héhé, désolé, oui, je retourne aux caresses. »

Je sais pas faire grand chose de mieux, de toute façon.
Un bruit sourd de moteur, toutefois, éloigna bien vite une partie des animaux. Le spitz, tout particulièrement se carapata à toute vitesse, manquant de trébucher une à trois fois alors qu'il partait dissimuler son petit fessier blanc sous une étagère bien lourde et chargée de produits. Perplexe, mais reconnaissant ce bruit pour l'avoir entendu quelques fois au cours de ses nuits, Nagato releva la tête vers l'entrée. Il ne fut pas surpris de voir la tête de Natsume se libérer du casque ; il était plus étonné par sa simple présence. Les yeux bien ouverts, il le fixe s'aprocher de la supérette avec interdiction, n'osant pas parler. De toute façon, l'autre le fit bien assez vite, mais pas avant d'avoir jeté un regard perplexe vers les quelques matous et chiens qui étaient restés devant les portes malgré tout.

« Je me disais bien que tu devais être en retard pour une raison. »

Ca ne sonnait pas comme une accusation, mais en même temps, pour il ne sut quelle raison, il était complexe d'être parfaitement à l'aise. Nerveux, il sursauter légèrement, avant d'esquisser un sourire qui manquait cruellement d'assurance.

« Ah, e-euh, désolé. Tu t'es inquiété ? »
- … Non, je venais juste voir. Je trouvais ça bizarre, c'est tout. »

Cette réponse, somme toute un peu trop rapide pour que la lenteur essayée par le plus vieux sonne crédible, Nagato ne fut pas sûr d'en comprendre la moitié. Un silence gênant prit place, faisant se tendre un nœud de malaise dans le ventre de Nagato. C'est que, même pour quelqu'un d'aussi bête et dense que lui, ça n'avait pas l'air frais. Les yeux du vampire aux cheveux bruns s'étaient même éloigné des siens pendant quelques secondes, au même moment où il s'était mis à détourner le regard, ne serait-ce qu'inconsciemment. Perplexe, Nagato manqua d'ouvrir la bouche mais se tut, définitivement perdu ; pourquoi diable mentir sur un sujet pareil... ? Ce n'était pas une question piège, après tout. Mais comme dans beaucoup des interactions qu'il avait avec son colocataire de toute façon, il n'en comprenait pas la moitié.
Colocataire qui, au passage, était assez doué pour prétendre qu'il n'y avait pas eu d'instant de silence gênant et continuer à parler comme si de rien n'était, c'était bien la chose à avouer. Voilà que l'attention de ce dernier s'était focalisé sur les animaux, l'air distrait mais intéressé, comme si, plongé dans ses pensées, il parvenait tout de même à rester juste assez conscient pour poser ses questions.

« Donc, c'est ça que tu fais à chaque fois...? Tu attends toujours qu'ils aient tous fini ? »

Il était vrai que ce n'était pas la première fois qu'il avait du retard. De temps à autre, son petit cirque lui prenait même plus d'une heure ; toutefois, Nagato pensait à juste titre qu'il avait bien tout le temps du monde, maintenant. Il comprenait néanmoins assez bien la curiosité de l'aîné, et c'est en se levant pour aller ranger les dernières caissettes de produit qu'il répondit avec une certaine hésitation, une grimace sur les traits.

« Non, c'est juste... Il en manquait un, enfin, alors... »

Soit dit en passant, il jeta un nouveau regard aux environs, ne serait-ce que pour essayer de le trouver. Mais non. Rien à faire. Tant pis ; il ne pouvait pas voir tous ses favoris chaque jour non plus, dans les faits. L'inquiétude le prenait toujours un dans ces cas de figure, mais il n'aimait pas penser au pire (ou du moins il n'aimait pas remarquer qu'il le faisait souvent), alors il se força à cesser ses ruminations en s'assurant que les étals étaient bien disposés. Il ne voudrait pas recevoir un nouveau savon de son patron par mot (oui, c'était pire) lorsqu'il redeviendrait demain.
De toute façon, il avait autre chose à faire. Plus à l'aise à cette idée, il laissa les traits de son visage se détendre et se faire plus insouciant, jusqu'au moment où il parla d'une voix détendue et insouciante, piaillant joyeusement.

« Mais c'est pas grave. Tu venais me chercher, non ? »

Enfin, ça, c'était ce qu'il avait compris en voyant le deuxième casque sur la moto, mais qui était-il pour supposer avoir un gramme de logique dans son cerveau, après tout. Une question devait donc être la plus inoffensive possible, mais face à laquelle le plus âgé se retrouva de nouveau crispé, balbutiant d'un seul coup à toute vitesse, sous le regard confus du cadet.

« E-euh, o-oui, enfin, éventuellement, je, hm... »

Le regard alternant entre la droite et la gauche, tapotant nerveusement des doigts, il finit toutefois par froncer les sourcils, l'air sincèrement confus.

« … Ça t'arrange ? »

Nagato hocha vivement de la tête, le début d'un sourire gêné sur son visage. Dans ces cas de figure, il ne savait jamais vraiment comment réagir, et il lui semblait que le silence valait parfois mieux ; au moins, Natsume parut mieux saisir et, après s'être raclé la gorge, lui fit signe de le suivre. Docilement, l'adolescent ferma une dernière fois la porte du magasin et pressa le pas vers le véhicule. Il mit son casque sans protester quand le plus âgé le lui tendit, bien que ses yeux, toutefois, s'attardaient davantage sur ce sur quoi il était assis.

« Dis, tu me montrerais comment... ?
-Non.
- M-mais, j'ai pas fini ma phrase !
- Je la vois venir, et non. C'est dangereux.
- Mais on ne peut pas mourir !
- Et c'est toujours non. »
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