L'UA de ta daronne

A remplir
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

 

 UA Anges/Démons (Livie, présent)

Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeSam 22 Juin - 20:45

Spoiler:

« … Liviel, nous te parlons. »

Iel sursaute, le regard se relevant soudainement des plaines qu'iel contemplait de loin, sans vraiment y penser, pendant que ses supérieurs s’affairaient à discuter de sordides affaires en cours. En même temps, iel ne voyait pas beaucoup pourquoi il avait été appelé, dans la mesure où personne ne lui faisait vraiment confiance pour gérer quoi que ce soit tout.e seul.e sans avoir le droit à un regard circonspect quand vient le moment du rapport. Puis, en plus, avec leurs insinuations et leur télépathie tout juste dissimulée... Non, vraiment, iel ne trouve pas que les regards mécontents des officiers fassent sens. Iel perçoit bien, pourtant, le mécontentement qui agite leur grâce et fait frémir leurs ailes, mais c'est avec une expression ingénue qu'iel relève la tête, le visage éclairé par une interrogation sincère.

« … Oui, Faust ? »

Son aîné claque de la langue, le regard las, quelques lueurs blasées dans le creux de ses yeux bleus pénétrants. Il ne bouge pas de sa position, pourtant, les mains croisées dans son dos alors qu'il se détourne sans un mot vers les anges secondaires qui n'ont d'yeux que pour lui. Rien d'étonnant, en un sens ; on lui avait déjà qu'iel aurait dû se trouver heureux.se d'avoir été pris.e sous l'aile d'un primaire, alors iel ne s'étonnait pas trop de se voir être aussi ignoré.e par ses comparses. Après tout, face à la grâce puissante et lumineuse de son supérieur, Liviel savait qu'iel n'était pas plus qu'une petite étincelle grisonnante dans une nuit sombre. Un ange tertiaire comme ellui, après tout, se devait d'être discret et humble ; ou du moins, c'était ce qu'on lui avait souvent dit, même si iel ne voyait pas en quoi iel ne l'était pas en s'efforçant de rester silencieux.se et distant.e.
Au moins, Faust ne lui tenait pas cure, généralement, se contentant de lae regarder d'un air mi-exaspéré, mi-amusé (il évitait de le faire quand ils pouvaient être vus), avant de lui indiquer ce qui avait pu poser souci pour éviter que ça ne se reproduise.
Le souci étant qu'il y avait bien, bien trop de petites règles superficielles et insensées.

Jusque là, toutefois, iel devait attendre en silence, tandis que les murmures se faisaient de plus en plus discrets. Généralement, iel évitait de regarder ses pieds ; tout d'abord car iel ne les appréciait pas trop, n'ayant jamais compris l'intérêt de donner à ces corps humains des pattes aussi peu fonctionnelles et bien moins esthétiques que celles des oiseaux, notamment, ou même des kangourous. Alors, bien souvent, iel se retrouvait à observer leurs environs, quand bien même iel devait connaître les voûtes célestes par cœur, à force.
Petit à petit, pourtant, les murmures s'apaisent. Leur fréquence change, s'altère, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que des petits frémissements électriques s'évanouissant dans les champs supérieurs. Iel relève légèrement la tête, supposant qu'ils devaient être partis maintenant qu'ils avaient eu ce qu'ils désiraient. Timidement, iel remonta la tête vers son responsable, dont l'expression n'avait toujours pas changée, gardant cette apparence chaleureuse fixe, crispée, aussi figée que son sourire. Ce ne fut que lorsque les dernières molécules de leurs interlocuteurs eurent disparues que l'archange se détendit très légèrement, défaisant la droiture rigide de ses épaules. Lae cadet.te s'osa à un sourire maladroit, exhibant une expression mi-honteuse, mi-amusée (car iel ne ressentait pas grande honte en vérité, et sans doute que l'autre devait le sentir), comme si iel s'attendait à une moue complice du plus vieux. Il fut quelque peu déçu ; l'aîné en armure d'or lui offrit sa plus belle mine lasse, mais sans la même sévérité qu'il avait affiché tout à l'heure, toutefois.

« Livie, tes ailes. Tu étais en train de nous indiquer ton ennui et ton exaspération. Devant Ragouel et Sariel. »

Iel ne l'avait pas vraiment réalisé, et même alors que l'archange le lui disait, iel mit un moment à s'en rendre compte. En jetant un coup à son dos, toutefois, iel fut bien forcé de le remarquer ; effectivement, elles s'étaient dépliées paresseusement, sans rigueur aucune, comme des chiffons vaguement placés on ne sait où. Il faut dire que c'était une habitude chez ellui, mais on lui avait très, très souvent dit qu'il s'agissait d'un extrême faux pas ; cela faisait bien une bonne centaine d'années, après tout, qu'on lui répétait les mêmes choses sans que cela ne finisse par rentrer dans sa tête.
Bien que Faust ait employé son nom commun, à contrario de son nom de Naissance qu'il avait évoqué lorsqu'il avait fallu lae réprimander aux yeux des autres, Livie n'aurait pas pu dire qu'iel se sentait parfaitement à l'aise à l'heure actuelle. Embêté.e, lae séraphin.e se mit à balbutier.

« Je, eh bien... Je réfléchissais à la suite des tâches qui m'ont été confiées, et je me disais que ce devrait être une corvée immense pour eux que de-
- ... Penses-tu qu'il est utile de me mentir ? »

Il lae fixait maintenant d'un air parfaitement neutre, sans une trace de jugement dans sa voix. Livie se sentit pourtant d'un seul coup très sot.te. En effet, il y avait peu de chances que l'archange se laisse convaincre d'une part, et d'autre part, sûrement qu'il pouvait voir à travers ellui comme en un livre. La gorge nouée, iel choisit donc de se taire, baissant le regard avec une certaine honte.
Le silence ne tint pas. Faust ne paraissait pas particulièrement en colère, ni agacé, mais là encore, iel ne l'avait jamais vu ainsi. Même face aux erreurs les plus ridicules, il paraissait toujours bienveillant et calme, si bien que Livie pouvait difficilement croire les quelques rumeurs les plus grotesques qu'iel entendait des fois, au détour d'une fréquence ou deux. Iel fut en plus de ça mis face au sourire doux de son aîné, qui gloussa tranquillement en secouant de la tête, comme amusé par quelque chose.

« Je peux comprendre ta lassitude. Mais ne t'inquiètes pas ; bientôt, tu devrais avoir l'occasion de faire tes preuves. »

Aussitôt, le semblant de honte fut vite oublié. Les ailes de l'ange tertiaire se mirent à frémir sous l'effet de l'excitation et elles se relevèrent automatiquement, du moins tant que le regard plein d'espoir de Livie se posa sur Faust. Iel n'osait pas demander, car iel se doutait que cela aurait été un acte d'arrogance, mais il n'attendait que ça. Cela faisait bien cent ans qu'iel n'avait pas été autorisé à retourner sur terre et qu'iel était cantonné à des aspects purement administratifs, alors ne serait-ce que caresser l'espoir de pouvoir à nouveau faire quelque chose (iel ne pensa pas à l'orgueil de cette pensée) suffisait à lae rendre impatient.e.
Faust ne le réprimanda pas de cette démonstration d'impatience, se contentant d'un rire clair et léger, hochant de la tête avec désabus.

« Je faisais la même chose, lorsque j'étais à ton rang. »

… Oui, mais vous n'y êtes plus depuis des millénaires.
Iel garda la pensée pour lui. L'orgueil et la jalousie étaient des péchés graves, après tout ; si on les lui découvrait, il y avait fort à parier qu'iel serait même rétrogradé en tant que chérubin. Alors, à la place, iel hocha timidement de la tête et attendit d'être autorisé.e à partir pour disparaître.


Dernière édition par Segnif le Lun 6 Jan - 2:39, édité 4 fois
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeMar 25 Juin - 19:26


Iel se demande, de temps à autre, ce que c'était, le monde, avant la terre.
Oh, il y avait les contes. Les légendes, la parole des Principautés, les récits des Archanges, les murmures interdits des chérubins, encore discrets. Dans les grands principes, tout était inscrit dans leur tête au moment même de leur éveil, alors on aurait pu rire de ses espoirs naïfs lorsqu'iel s'attendait à quelques nouveautés de la part de son supérieur. Faust, depuis plusieurs millénaires, avait accumulé un bon nombre d'anecdotes qu'il se plaisait à raconter aux curieux, que ce soit sur la beauté du jardin d'Eden, sur les premières merveilles de la création, sur les civilisations qu'il avait vu naître et se défaire, aussi régulièrement que le remous des vagues. Il pouvait décrire en détails la manière dont s'était il avait vu les montagnes se lever et s’affaisser, les rivières et les mers s'unir et se diviser. De belles histoires, en somme, pour les séraphins qui l'écoutaient avec attention, les yeux brillants de curiosité, le bout de leurs ailes battant légèrement sous le coup de l'excitation. Pendant un temps, Livie en avait fait partie.

Iel ne sait plus exactement à quel moment les jolies histoires n'avaient plus suffi, ni quand exactement est-ce qu'iel s'était mis.e à attendre un peu plus que des récits qu'ils avaient déjà lu, entendu et vu des centaines de fois.
Alors iel avait demandé, avec un peu d'arrogance, peut-être, car iel avait senti la grâce d'un de ses semblables frémir sous le coup de la crainte, si il pouvait leur parler de Babylone. Des premiers hommes, de la Tour, des rois qu'ils avaient fait et défait. Iel n'avait même pas osé aborder le sujet tabou, mais pourtant, iel avait bien senti que c'était déjà peut-être trop, car Faust s'était arrêté, le dévisageant dans le silence le plus complet, le visage de marbre. Iel avait pu sentir les vibrations imperceptibles des fréquences de ses compagnons, prêts à disparaître dès lors que viendrait le moindre signe du courroux de leur supérieur. Il ne vint pas, évidemment, mais il s'était contenté d'un  ton plat et d'un regard indescriptible, fixe mais lâche, ferme mais détaché.

« Il n'y a pas plus à raconter que ce qui a déjà été dit. »

Aussi lent qu'iel pouvait être de temps à autre, il avait compris qu'il ne valait mieux pas explorer davantage cette question. C'était un point dans une phrase, une ponctuation parmi d'autres, mais un point final qui n'attendait pas d'objection, et puisque c'était ce qui lui était demandé, iel s'était tu. On lui avait, de temps à autre, fait part du fait qu'iel alors peut-être fait preuve d'orgueil.
Livie s'était demandé.e, peut-être naïvement, en quoi cela l'était. Et puisque personne ne souhaitait lui répondre, alors iel avait tenté d'imaginer. De reconstruire les pièces du puzzle, de lire dans les textes, d'analyser les moindres petits mots disséminés ici et là, tout ça dans l'espoir de façonner quelque chose qui aurait pu ressembler à la vérité. Après tout, au delà de son assignation, iel n'avait pas autre chose à faire ; on ne lui avait jamais permis d'aller sur terre plus d'une fois, et en quelques dizaine d'années, sa lassitude se faisait de plus en plus grande.
Contrairement à ses congénères, l'idée de sommeiller ou de méditer dans les méandres des terres célestes ne lui était d'aucune tentation ; sûrement qu'iel n'était pas lae seul.e, mais iel préférait encore vaquer de plan en plan, écoutant, discutant, tentant de trouver quelque chose de différent que l'on aurait pu lui attribuer. Iel ne recevait, à chaque fois, que des refus. Peut-être naïvement, il avait pensé qu'il s'agissait d'une question de temps : c'était, après tout, ce que Faust s'évertuait à lui répéter. De « prendre patience », et « d'attendre que vienne son tour », car comme chaque ange, on aurait dû lui attribuer une tâche, une utilité. La seule assignation dont iel disposait, pourtant, était celle, lassante, répétitive, de seconder ses alters et ses supérieurs. Iel se demandait, de temps à autre, si Faust pouvait seulement comprendre. De sa position, qu'iel avait intériorisé comme bien plus haute de la sienne car c'était ce ce qui était Vrai, avait-il déjà ne serait-ce que ressenti ce besoin égoïste de sens... ? Tout était déjà décidé pour tous, alors pourquoi n'y avait-iel pas le droit ?
... Me voilà encore à radoter avec orgueil. Si on m'entendait, je serais sûrement puni pour quelques décennies encore.

Iel souffla légèrement, battant des ailes avec frustration pour chasser les débuts d'agacement de son âme, non sans une certaine crainte. Ces temps-ci, Livie sent sa certitude s'alourdir, si bien qu'iel se sent fébrile à l'idée que cela n'affecte sa grâce ; que diraient ses compagnons si ils se rendaient compte de ce frisson dans sa foi dans les projets célestes... ? Rien de bon, sûrement, et iel se verrait encore interdire l'accès au plan terrestre pour des générations à venir.
Mais ceci, c'est de l'égoïsme... Si je ne pense qu'à mon plaisir et non au Bien de tous, alors...
Car c'était ce qu'on lui disait à chaque fois, et à ses yeux, cela faisait sens. Ce n'était pas un.e séraphin de basse classe qui pouvait prétendre savoir ce qui était conforme au Bien, alors iel baissait la tête le plus humblement possible et obéissait sans un mot, comme iel était supposé le faire.

Dans le coin d'astre où iel se trouvait, iel pouvait sentir, toutefois, le frétillement d'une fréquence familière venir s'agiter contre la sienne. Surpris, iel se releva subitement, alerte et attentif.ve, face à ce qui ne pouvait qu'être qu'une tentative de communication, qu'un appel personnel ; on demandait sa présence.
Bien vite, les mots de son supérieur revinrent dans sa tête, et iel sentit sa grâce s'agiter d'un bourdonnement d'excitation. Avec empressement, iel se dépêcha d'aller à sa rencontre, plein d'espoir.
Bientôt, tu devrais avoir l'occasion de faire tes preuves.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeMar 25 Juin - 23:20


« Un... Un écureuil... ? »

Sa déception devait être visible, puisque Faust l'avait immédiatement gratifié.e d'un sourire bienveillant, un peu crispé malgré tout. Livie n'aimait pas le voir ainsi, aussi droit et guindé, l'expression fausse, les ailes figées dans une expressivité qui avait tout de la démonstration et rien de la spontanéité. Quelque chose lae mettait toujours profondément mal à l'aise, plus encore que la présence des Principautés qui suscitaient chez lui cet excès de formalité.
... Et encore une fois, je me permets de juger de ses actions... Mais pour qui est-ce que je me prends ?

« Je sais que cela peut paraître dérisoire, mais il faut que cet écureuil survive. De sa survie dépendra un événements mineur d'ici deux années terrestres, alors il faut que quelqu'un s'en charge. »

Iel n'afficha aucune réaction susceptible de trahir sa pensée, sentant les regards de Ragouel et de Sariel sur ellui. Les mains tenues fermement dans son dos, iel était assez experimenté.e pour savoir que des traces de nervosité ne seraient pas acceptées ; iel pouvait bien faire passer les tressautements de sa grâce pour de l'excitation, mais les doutes n'attireraient sûrement pas les mêmes réactions. Pour autant, à l'heure actuelle, ce n'est pas tant la nervosité qui pourrait lui poser souci, mais plutôt le sentiment de frustration qui bourdonne dans son être et peine à rester dissimulée.
Iel avait imaginé sa possible première assignation pendant des années. Des dizaines d'années, même, rêvant au jour où on lui ferait l'immense honneur de pouvoir descendre sur terre, de pouvoir être utile, de pouvoir servir le but qui avait mené à sa création, et...
Et ce but était actuellement de protéger un écureuil.

« Tu souhaiterais nous faire part de quelque chose, Liviel... ?

- Non, bien sûr que non. Merci de la confiance que vous m'accordez. »

Iel afficha un sourire sur son visage, essayant d'imiter ceux qu'iel avait déjà vu son supérieur faire à de multiples occasions. S'incliner lui vient naturellement, et iel espère que ce petit spectacle d'humilité suffira à taire les doutes qui devaient être nés chez eux. Fort heureusement, Ragouel, dont la dureté des traits de sa forme matérielle ne semblait pas être le seul fruit des murmures et des chuchotements craintifs des chérubins, paraissait peu intéressé par ses manières. Le regard perçant de Sariel, pourtant, ne l'avait pas quitté ; si iel ne disait rien, c'était sûrement qu'iel devait communiquer avec son partenaire par télépathie depuis un moment déjà. Livie ne préférait pas imaginer ce qu'ils pouvaient se dire.
La voix de Ragouel, toutefois, lui fit cesser ces interrogations pendant quelques secondes, particulièrement intimidé par la force de son regard d'argent.

« Tu ne devras pas quitter le champ qui t'as été assigné. Comme il s'agit d'un lieu dense, il n'est pas exempté que tu y remarques des anomalies, auquel cas, il te faudra revenir. Est-ce clair ? »

L'idée ne lae remplissait pas de joie, à vrai dire, ce qui devait expliquer sa difficulté, sur le moment, à répondre immédiatement « oui », comme on se serait attendu de sa part. Sûrement qu'une demie-seconde de trop s'écoula, puisque Livie sentit la grâce de l'Archange venir presser la sienne, dans un geste si pressé qu'iel saisit bien vite qu'iel devait obtempérer. Docilement, il s'inclina donc de nouveau, même si le mouvement ne parut pas convaincre les deux Principautés. Tout du moins, ils ne le firent pas remarquer, se contentant du même ton neutre et froid.

« Ne nous déçois pas. »

Iel n'y avait, en tous cas, aucun intérêt.


Dernière édition par Segnif le Dim 30 Juin - 21:00, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeMer 26 Juin - 0:24


À force de se perdre dans les voûtes célestes, Livie s'était dit de temps à autre que tout se ressemblait.
Oh, pas qu'iel en connaisse toute l'étendue ; iel savait qu'elles ne pouvaient être, dans leur infinité, découvertes. Puis, il y avait toutes ces strates qui lui étaient inaccessibles de par son rang médiocre, et toutes ces matérialité que son esprit n'aurait jamais pu avoir l'audace de concevoir . Iel essayait, pourtant, de temps à autre, mais iel se retrouvait toujours démuni par la pauvreté de son imagination. Alors, de temps à autre, quand on lui permettait de descendre sur Terre, iel essayait d'y trouver des inspirations, des aides.
Ces derniers temps, en comparaison, le paradis lui semblait incroyablement terne.

Iel, évidemment, n'en avait jamais fait la remarque. Iel ne se permettait même pas de le penser, de peur que l'idée ne trouble son esprit. Pourtant, alors que son regard se porte sur les branches tirées des arbres, sur les feuilles qui descendent dans une petite danse régulière jusqu'à venir effleurer l'herbe de la pointe de leurs dents, sur le flux délicat de l'eau qui se balance et se retourne dans le creux du lac, iel n'arrive pas à se convaincre du contraire.
Iel n'avait su pas quoi faire, au départ, lorsque l'on lui avait enfin permis de quitter les terres célestes pour le plan inférieur. Iel s'était contenté.e de hocher vivement de la tête avant de disparaître, se sentant frémir d'impatience, à tel point qu'iel avait eu du mal à se fixer sur une fréquence stable pendant plusieurs longues, longues, et très embarrassantes minutes. Iel avait pu entendre les rires clairs et moqueurs de ses alters, mais cette fois-ci, iel ne les avait même pas écouté, se contentant d’atterrir sans la moindre grâce, la tête la première sur l'herbe et la boue d'une petite colline. Le contact fut quelque peu soudain et nouveau, puisqu'iel n'avait jamais chuté auparavant, et iel lui avait fallu quelques instants pour reconnaître la sensation qui était passé par les nerfs de son corps physique comme étant de la douleur.

Oh, et une colonne vertébrale brisée, aussi. Fort heureusement, iel s'était vite rappelé de comment désactiver les capteurs de douleur, mais les quelques instants qui avaient suivi son écrasement n'avaient pas été les plus drôles de sa longue vie. Iel avait cru, pendant plusieurs minutes, qu'iel avait potentiellement brisé son enveloppe physique et qu'iel allait devoir ramper de nouveau jusqu'aux terres célestes pour faire part de son échec cuisant. Mourir physiquement sur une petite route entourant le lac du parc dont iel devait s'occuper (ou du moins, où se trouvait l'écureuil dont iel devait s'occuper) n'était pas vraiment ce qu'iel avait prévu à la base.
Fort heureusement, ce ne fut pas le cas, mais il lui fallut tout de même un certain temps avant de pouvoir prétendre se relever et tanguer à peu près correctement. Iel n'eut pas vraiment le temps de pleinement prendre conscience de sa situation, toutefois, car ses oreilles furent bien vite assaillies par des cris saillants et vifs.

« Oh, mais pour l'amour de Dieu, arrêtez ! 
- Mais, c'est mal de blasphémer, mada-
- Mais couvrez-vous, ou j'appelle la police ! »

Livie ne saisit tout d'abord pas vraiment la raison de son agitation ; il fallut qu'iel suive du regard le doigt qui était pointé sur ellui pour froncer les sourcils, perplexe. Le roquet de la vieille femme qui l'avait apostrophée, l'air horrifiée et indignée, en attendant, s'était mis à aboyer avec férocité, mais iel n'en fut pas alerté.e.

« Ah, il me manque deux bras, c'est cela ? Je me disais bien, j'étais sûr.e d'avoir vu des statues, et...
- Maman, pourquoi l'est tout nu ? »

La voix légère d'une enfant curieuse lui fit relever les yeux, alors même que la petite vieille dame qui lui criait dessus il y a quelques instants s'était mise à composer un numéro sur son téléphone, vociférant des insultes entre deux sursauts de rage. La fillette se fit vite cacher les yeux par celui qui devait être son géniteur, puisqu'il eut vite le réflexe de presser sa main et de la faire changer de direction, mais ce qu'elle venait de dire eut le mérite de faire réagir Livie. Baissant le regard vers son propre corps, iel cligna bêtement des yeux, sa bouche s'ouvrant dans un « oh » de compréhension.

… Ah, oui, Adam, Eve, tout ça...
Avec un soupir agacé, iel claqua des doigts pour faire apparaître des vêtements sur son corps (ou du moins, iel avait choisi un modèle d'anorak gris similaire à celui de la vieille dame, ainsi qu'une paire de bottes qu'iel avait vu aux pieds de la fillette déjà partie. Iel se tourna donc vers la personne âgée, un grand sourire aux coin des lèvres.

« Pardon, madame. C'est mieux, ainsi ? »

Les yeux écarquillés, la bouche ouverte et le teint plus blanc que jamais, Livie eut tout juste le temps d'entendre une voix marmonner de l'autre côté du combiné qu'elle tomba tout net en arrière, droite comme un « i », jusqu'à ce que son corps ne vienne percuter la terre dans un « boum » relativement violent. Perplexe et étonnée, Livie resta interdit.e plusieurs secondes, jusqu'à ce qu'un grognement ne viennne sortir de sa gorge et que ses traits ne se déforment avec exaspération.

« … Oh, mais quoi, encore ?! »

En entendant des sirènes de police, toutefois, iel eut le bon réflexe, après avoir grimacé, de disparaître aux yeux des mortels, puisqu'à ce moment-là, il se rendit compte qu'iel était dans une « sacrée merde », ou quelque chose du genre ; ou du moins, Livie l'avait entendu de la bouche de Gabriel (enfin, Clive, une fois) lorsqu'il avait fallu parler d'une bêtise réalisée par son frère. Depuis, iel avait pris goût à l'expression, même si iel évitait de l'utiliser en public.
Toujours est-il qu'iel avait un écureuil à trouver. En jetant un coup d’œil circulaire au grand, grand, grand parc où iel se trouvait, Livie réalisa soudainement que la tâche ne serait peut-être pas particulièrement simple.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeMer 26 Juin - 22:28


Il se trouve que dans un parc, l'on trouve un certain nombre d'écureuils.
Bien, bien plus d'écureuils qu'iel ne l'avait imaginé ; Livie comprenait, soudainement, l'incompréhension un peu désabusée de ses alters face à la prolifération spectaculaire des humains au cours de siècles. Soudainement, tenir compte de cette population et essayer de trouver celui qu'iel était supposé garder était devenu extrêmement compliqué.
Alors, bien sûr, iel avait imaginé qu'il aurait pu aller directement demander à ses supérieurs quel était l'animal sur lequel iel devait focaliser son attention.
Iel avait aussi imaginé le regard de Ragouel sur ellui, et tout de suite, iel avait renoncé à cette hypothèse.

« Oh, mais non, par la Création, cessez donc de bouger ! »

Son geignement désespéré mourut dans un grognement exaspéré quand les rongeurs, ayant terminé de remplir leurs bajoues de noix et autres noisettes qu'iel avait pris soin de ramener jusque là, se dépêchèrent de s'éloigner en courant à toute vitesse jusqu'aux arbres dans lesquels ils remontèrent avec une aisance spectaculaire. Livie, lassé.e, laissa sa tête s'écraser contre le sol, étouffant un grognement. Si ses ailes avaient pu apparaître dans cette forme physique, iel aurait sûrement pris la peine de se tirer les plumes, mais à la place, iel choisit plutôt de continuer à crier dans la terre, ce qui n'était pas un soulagement, mais qui avait au moins le mérite de l'écouter.
Non, non, c'est de la colère, ça, ce n'est pas bien... !

Prenant son visage dans ses mains, iel se força à expirer, troublé.e par le rythme cardiaque plus élevé de son cœur matériel. Encore peu habitué.e aux sensations d'un corps humain, iel est quelque peu désarçonné par la force des sensations qu'iel doit gérer.
Il devait admettre, toutefois, que ces deux dernières semaines commençaient à lui « peser sur le haricot ». Le Le projet de localiser ce maudit rongeur n'avançait pas ; et quand bien même iel l'aurait trouvé, Livie avait la sensation qu'iel ne se serait pas nécessairement pas capable de le distinguer de tous les autres écureuils de ce maudit parc (situé quelque part au Japon, ou quelque chose du genre). Plus le temps passait, et plus iel se faisait à l'idée que la pauvre bête était peut-être passée dans l'estomac d'un oiseau, ou même sous une de ces voitures sur la route entourant le parc.
Oooh, mais pourquoi je m'étonne de ne jamais être choisi ! Dès qu'on me confie quelque chose, ça tourne à la catastrophe !

Iel imaginait déjà les réactions déçues de ses supérieurs, le mépris justifié des autres séraphins, et pire, même : les moqueries des chérubins. On ne lui laisserait plus jamais de nouvelle occasion de venir sur terre, et, et...
Et l'on va me confier des gestions de morts, encore !
Un frisson de déplaisir passa par son échine en imaginant la situation. Pendant des décennies, cela avait été son travail : vérifier que les transferts se passaient correctement, comme tant d'autres le faisaient également. Du travail à la chaîne, en somme, dont iel devrait se sentir honoré.e, mais... Mais qu'iel devait avouer, pouvait devenir quelque peu répétitif. Si iel ne ramenait rien de correct à ses supérieurs, toutefois, il finirait par y retourner, et, et...-

« … Si tu veux rassembler les écureuils, pourquoi ne pas les endormir ? »

La voix qui l'interpelle lui fait plisser les yeux sous le coup de la curiosité. Depuis qu'iel est ici, hormis quelques curieux qui le dévisageaient, personne n'était vraiment venu lui adresser la parole, alors iel ne s'attendait pas à cela, mais ce devait sans doute être un humain banal, du son de sa voix, quoique un peu railleuse.
En relevant la tête, toutefois, iel hoqueta de surprise. Immédiatement, iel recula brusquement, le regard plus vif et sévère, sa main se portant à sa ceinture pour venir en tirer sa lame. Les muscles tendus, il porta son poids sur sa jambe droite, les doigts serrés autour de son arme, ses ailes s'arquant soudainement.

Livie sent sa grâce frémir sous le coup du choc et de la surprise, mais aussi, plus discrètement, d'une certaine peur. Tendu.e, iel essaie de se rappeler les indications qu'avait pu lui donner Faust au cours de ces dernières années. Contrairement à lui, toutefois, Livie n'a pas eu à côtoyer les champs de bataille ; et même si iel reste un soldat, iel a toujours été cantonné aux tâches administratives, alors iel ne peut pas s'empêcher de se sentir quelque peu fébrile. Pour autant, l'ange ne recule pas et relève même la taille, arquant ses ailes davantage pour se rendre plus menaçant.e et impressionnant.e.  Iel clame d'une voix excessivement forte, l'expression hautaine.

« Déclare tes intentions, vile- !
- Hé. Calme. »

L'individu le fixe d'un air incroyablement morne, les mains dans les poches de sa veste noire. Si il jette un coup d’œil à la dague que Livie vient de dégainer, il n'esquisse toutefois pas de mouvement de recul, se contentant plutôt de dévisager l'envoyé céleste avec un air détaché mais curieux, ne serait-ce qu'à la manière qu'il a de le détailler du regard. Livie, de son côté, se sent ravaler sa salive, interdit.e et incertain.e de la marcha à suivre, quand bien même on l'avait mainte fois averti.e par le passé. Iel n'avait juste pas imaginé qu'un jour, éventuellement, iel, iel... !  

« Doucement. On ne voudrait pas paniquer ces pauvres humains, tout de même. »

Livie ne saisit pas tout de suite ; il lui faut toutefois regarder autour d'ellui pour s’apercevoir que des regards effrayés et curieux se sont posés sur eux, et plus particulièrement sur l'arme qu'iel a dégainé. Si iel n'a pas d'idée immédiate quant à la réaction à prendre, toutefois, son interlocuteur semble plus vif, se contentant d'un sourire lumineux et d'une expression bien plus joviale, l'air guilleret, se permettant même un rire tranquille en se tournant vers leurs spectateurs involontaires.

« Les répétitions, on finit toujours par s'y prendre ! »

Livie fronça les sourcils, perplexe, ne comprenant absolument pas ce qu'était en train de faire l'autre, mais cela eut au moins le mérite de divertir l'attention des humains qui les observaient (ce qui, au moins, lui éviterait d'avoir à effacer des mémoires après). Pour autant, l'ange ne relâcha pas son attention de là où elle était, se permettant même de vérifier une nouvelle fois ce qu'iel avait pu voir.
Rien à faire, pourtant, elle était toujours là. Pas d'ailes, mais une aura grisâtre, poisseuse, épaisse comme un nuage de poussière et de gaz, s'étendant distraitement dans l'ombre de son possesseur. Malgré ses remous tentaculaires, elle reste pourtant en place, sagement, presque fébrile. Petit à petit, Livie se détend en l'observant ; elle n'est pas bien grande, dans les faits. Il ne doit pas être trop puissant, ce qui lae convint dans l'idée qu'iel n'est pas en grand danger à l'heure actuelle.

« Donc, où est-ce que l'on en ét-... Hé ! »

Il esquive de justesse un coup de dague sainte qui aurait dû le renvoyer dans les tréfonds du néant (car, mine de rien, ces choses-là étaient plutôt efficaces pour détruire définitivement) par un mouvement vers la droite. L'ange, pourtant, s'y reprend, bien décidé à réussir, alors il arque un mouvement de pied vers l'arrière, les traits de son visage se déformant sous l'effet d'une indignation toute naturelle.

« Mais ça suffit ! Un peu de manières ! 
- Des manières, avec un démon ?!
- Mais pas la peine de crier, bon sang ! »

La troisième offensive, toutefois, ne fit que déchirer l'air, puisque son adversaire involontaire avait aussitôt disparu, téléporté à deux ou trois mètres tout juste. Contrarié, il semblait cette fois promptement agacé, les canines à l'air, grondant comme un roquet exaspéré.

« Être un ange ne t'épargne pas de dire « bonjour », que je sache. Et je ne crois pas avoir démarré les hostilités ; ce n'est pas une grande démonstration de bienveillance que tu fais, ici, Tipex. »

Probablement qu'un ange à peu près responsable et mature aurait ignoré cette pique et l'aurait éliminé sur le champ, comme il était attendu qu'iel le fasse car c'était ce qui était Bien, mais Livie s'arrêta, les sourcils se fronçant automatiquement. Bien que sa posture restait défensive, ses doigts avaient commencé à tapoter nerveusement autour de sa lame, et iel n'amorça pas de nouveau geste d'attaque. Grognon, iel marmonna malgré tout quelques paroles.

« … Bonjour, démon. 
- ... Mon prénom, c'est Natsume, hein. Si on pouvait éviter les 'Démon' accusateur... »

Il fit un vague signe de la main dans l'air, le regard désabusé et l'expression tirée en une exaspération hautaine. Toujours circonspect, l'ange aux cheveux blancs plissa les yeux.

« … Vous m'avez appelé 'Tipex'.
- Et tu sais ce que c'est ? »

Il avait tourné le regard pour le fixer sur lui. Au départ, Livie crut à une vraie question ; il lui fallut toutefois remarquer l'inclinaison de ses lèvres et la lueur rieuse dans son regard pour qu'iel saisisse qu'il s'agissait là d'une moquerie. Agacée, le séraphin claque de la langue et répondit avec sécheresse.

« … Sûrement quelque chose d'insultant.
- Mais tu n'en es pas sûr. »

Amusé, il avait même pouffé, mais Livie répondit à cet accès de condescendance par une expression froide et hautaine. Après tout, la considération d'un démon, auquel iel devait être bien attendu supérieur.e car iel n'était pas dans l'immonde camp du Mal, n'était pas importante. En plus de ça, vu qu'il ne semblait pas avoir d'ailes, Livie était certain qu'il ne s'agissait pas d'un ange déchu ; il devait être un de ces humains qui avaient vendu leur âme, et qui ne représentait donc pas une grande menace pour iel. Boursouflé.e d'arrogance, l'ange releva la tête, la mine ridiculement dure.
Le démon ne parut toutefois pas intimidé pour un poil (sans doute qu'il devait être suicidaire, mais la Raison n'était pas le propre des gens de son espèce), se contentant d'une mine tranquille et désinvolte, ainsi que d'un ton de la même nature

« Et donc, ton nom, à toi ?
-... Que comptez-vous faire avec ? Le reporter à vos confrères maléfiques ? »

Sa question était très sérieuse, autant que sa voix, d'ailleurs, mais l'autre haussa les sourcils dès lors qu'iel eut parlé, observant l'ange avec un désarçonnement très semblable à celui de quelqu'un ne comprenant pas du tout ce qui est en train de se passer. Après quelques secondes, toutefois, ses épaules sursautèrent sous l'effet d'un pouffement soudain et brutal ; assez brutal, d'ailleurs, pour lui tirer un fou rire soudain.

« … Mes... Mes, oh, sérieusement ? « Confrères maléfiques » ? C'est comme ça que vous parlez de nous, là-haut ? »

Son fou rire se fit plus aigu, comme si il s'étouffait avec sa propre respiration, tandis qu'il tapait machinalement sa propre cuisse pour se calmer. Définitivement perdu, Livie perdit quelque peu de sa constance, ses traits se détendant sous l'effet de la confusion, et de la lueur un peu inquiète dans son regard, comme si iel avait dit une idiotie qui allait lae faire passer pour un.e idiot.e. Finalement, en relevant la tête après avoir essuyé ses yeux, le démon esquissa une moue goguenarde, clairement moqueuse.

« Bichon, tu t'attends à ce que je fasse quoi, avec un nom angélique ? Acheter une Fiat Punto avec un carnet de chèques trafiqué ? 
- Qu'est-ce que c'est, une-...
- Révise, la prochaine fois que tu descends ici, c'est inscrit sur ta face, que t'es nouveau.»

Vexé, l'ange grommela dans sa barbe inexistante, mais n'arriva pas à émettre un quelconque juron, car tout de même, ça aurait été très mal (pas comme le fait de faire expirer un démon, ce qui était objectivement très bien). Dans les faits, pourtant, la Chose (car oui, c'était comme ça qu'iel allait la considérer) n'avait pas tort : ses connaissances en vocabulaire humain était un peu... Rouillé, disons. Ce n'était pas comme si iel n'avait pas étudié pendant des années en espérant être à peu près opérationnel.le, pourtant, mais rien ne comparait le fait de  vraiment aller sut erre, alors sûrement qu'iel devait avoir l'air un peu ridicule.
Après quelques secondes, pourtant, iel se rendit vite compte que l'autre attendait quelque chose, ce qui finit par lui faire pousser un grognement de forfait.

« … Liviel.
- Livie, donc.
- J'ai dit-... !
- C'est plus court, ça nous arrangera tous les deux. »

Puisqu'il n'avait pas l'air de vouloir renoncer, le séraphin leva les yeux au ciel et choisit de garder sa langue dans sa poche, car ce serait sûrement une économie de salive humaine acceptable (et que c'était compliqué de ne pas s'étouffer dedans, par la Création ! Qui donc était responsable de ça ?!). Enchanté par son absence de réponse, le démon sourit une nouvelle fois, d'un sourire somme toute très faux et forcé, avant de joindre ses mains et de porter sur ellui une mine qui tentait probablement d'avoir l'air agréable (ou à peu près sociable).

« Bien, Livie. Qu'est-ce qui me fait l'honneur de ta sainte présence dans mon parc... ?
- ... « Ton », parc ? 
- Eh bien, oui, c'est mon coin de repos entre deux travaux, alors il est à moi, si on veut. Je n'avais pas vu de présence angélique depuis à peu près soixante ans, alors je commençais à me dire que c'était un coin tranquille. D'ordinaire, c'est rare dans les zones riches, d'ailleurs... »

Si il parut être faussement en train de réfléchir à la fin (Livie ne savait pas pourquoi, mais sans qu'iel ne le comprenne, cela lae vexait et lae brusquait), il semblait très planté dans ses certitudes, si bien que l'ange n'arriva pas à savoir si iel était supposé le prendre au sérieux, l'ignorer ou même s'en moquer. De ce fait, iel compensa donc par la même arrogance que tout à l'heure, le ton grinçant de mépris, quand bien même iel avait reposé sa dague à sa ceinture.

« Je ne vois pas pourquoi je te le dirais. Tu devrais déjà être heureux de ma bénévolence de ne pas te châtier.
- ... Parce que tu le peux ? »

Livie ouvrit la bouche, mais eut du mal à répondre « oui » sur le champ. Contrairement aux chérubins, iel était supposé pouvoir le faire : un claquement de doigts aurait dû faire exploser toutes les particules de cette créature pénible pour le renvoyer de là où elle était supposée rester. Livie avait déjà eu le privilège de pouvoir voir Faust le faire ; quoique contrairement à iel, l'archange aurait pu l'anéantir d'un simple mouvement. Toujours était-il que oui, iel était supposé en être capable, en tant que séraphin.e. Sauf que, malheureusement...

« … Un démon aussi faible que toi ne devrait pas me poser souci. Tu es un ancien humain, c'est ça... ? »

Iel choisit de dévier la conversation d'un air condescendant, examinant son aura distraitement. Vu sa faiblesse, c'était sûrement ça, mais l'autre ne parut pas vexé par sa question rhétorique, se contentant de lever les yeux au ciel d'un air un peu exaspéré.

« Sa Sainteté m'excusera d'avoir daigné lui adresser la parole, mais si elle faisait preuve d'un tout petit peu de jugeote, elle se rendrait compte qu'il est tout dans mon intérêt de savoir ce qu'elle fait ici pour, qu'éventuellement, elle décampe d'ici vers d'autres horizons en besoin uuuuurgent de sa céleste lumière. »

Le sarcasme, cette fois-ci, ne se cachait pas, faisant légèrement grimper d'octave la voix de son possesseur. D'un air dédaigneux, il haussa les épaules.

« Mais en tout cas, de tout ce que je vois, malgré Sa toute puissance, les petits écureuils lui en font voir de toutes les couleurs. 
- ... Ils ne me font pas de mal, j'en cherche juste un en particulier.
- Ah, donc c'est ça. »

Livie mit un temps à comprendre, mais après plusieurs secondes, iel ouvra bêtement la bouche, surpris.e. Le sourire mielleux et satisfait du démon, toutefois, lui fit vite saisir son erreur, et iel eut la soudaine envie de disparaître par dessus terre.
Mais... Mais zut ! La discrétion de ma mission ! Mais quel boulet !
Pour autant, l'autre ne parut pas bien impressionné par ce détail, se contentant de hausser vaguement les épaules.

« Je ne vais pas m'intéresser à ce que vous pouvez bien avoir faire d'un écureuil, mais si tu le trouves le tien, tu arrêteras d'embêter les animaux de mon parc, c'est ça ? 
- ... En théorie, oui. »

Iel ne fit pas remarquer le nouvel usage de possessif, conscient.e qu'il serait probablement ignoré.e. En outre, la satisfaction soudaine de l'autre, ne serait-ce que par son nouveau sourire et sa mine plus enjouée (elle avait quelque chose de très fausse, ce qui contribuait à lae mettre mal à l'aise.

« Bien. Alors que dirais-tu d'une petite entraide ? Je t'aide à trouver ton Mickey, et tu ne me dénonces pas à tes patrons emplumés. Ça te conviendrait ? »

Surpris.e, Livie resta à observer son interlocuteur pendant plusieurs secondes, se répétant les propos du démon dans sa tête pour s'assurer qu'iel n'avait pas mal entendu, mais tout portait à croire que non. Il venait bien de lui proposer une... Une entente ? Comme ça, sans raison ? Juste pour pouvoir... Juste pour avoir de la tranquillité ?
Complètement perdu, Livie finit toutefois par se reprendre, affichant de nouveau sa mine méfiante, la voix plus dure et les yeux plissés.

« … Qu'est-ce qui me dit que tu ne veux pas me tromper ? »

Car, après tout, on ne lae prendrait pas pour un.e idiot.e ; les démons étaient des démons, et leur nature les rendait malhonnêtes, si bien que Livie avait toutes les raisons du monde d'être précautionneux.se. Pour autant, l'autre ne parut pas être désarçonné, usant de son ton le plus mielleux, battant ses doutes d'un revers de la main.

« Eh bien, si c'est le cas, imagine leur tête quand ils apprendront que tu leur as ramené un démon sur un plateau d'argent ! Caché, en plus ! »

L'énonciation eut le mérite d'attirer ses oreilles, et elle avait quelque chose de très, très agréable à imaginer. En effet, imaginer la surprise et la fierté de ses supérieurs dans un tel cas... Ils ne seraient probablement pas heureux de lae voir pourchasser un démon contre lequel on ne l'avait pas envoyé, mais si jamais il s'interposait avec sa mission, alors Livie aurait une raison légitime, et...
… Et ils seraient tous impressionnés ! Une mission on ne peut plus banale, et je leur ramènerais un fidèle du mal !
La perspective lae rendait presque guilleret.te, et iel n'arrivait pas à empêcher le début d'un sourire de se porter sur ses lèvres. L'apercevant, le démon en question renifla du nez dans un gloussement sarcastique, tandis que l'ange se reprit vite, rendant sa posture aussi droite que possible pour forcer un semblant de dignité. D'un œil torve, iel considéra donc de nouveau l'autre.

« … Tu m'aideras, alors... ?
- Je connais cet endroit comme ma poche ; tu perdrais beaucoup de temps sans mon aide. »

Tranquillement, il s'approcha sans rien dire, sortant les mains de ses poches pour finir par tendre une main gantée de cuir envers ellui.
Livie, de son côté, se contenta de fixer son regard dans celui de l'autre, la mine entièrement neutre, clarifiant sa position. Le démon, désabusé, poussa un soupir et finit par s'éloigner de nouveau, le ton dégoulinant de sarcasme.

« Enchanté. À la prochaine, donc ! »

Et il disparut dans un nuage noir de poussière, retournant lentement vers la terre.
Livie, encore interdit.e, se mordit la lèvre inférieure.
C'est une bonne idée, n'est-ce pas... ?
Iel n'aurait personne pour le lui dire, cette fois, alors, inconsciemment, iel se sentit bien plus insécure. Après quelques longues secondes de doute, durant lesquelles iel sentit un nœud se former dans sa gorge, iel finit toutefois par chasser ces pensées.
Bien sûr que oui, en plus, j'ai le contrôle ! Bon, ces écureuils...


Dernière édition par Segnif le Dim 30 Juin - 21:01, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeJeu 27 Juin - 0:19


Il n'est pas nouveau que Livie n'a jamais été particulièrement doué.e pour prendre des décisions.
Sa maladresse et son incompétence étaient presque légendaires, à force, là-haut. Que ce soit sa grâce capricieuse qui se montrait incapable d'effectuer la moindre action surnaturelle sans qu'un effet secondaire désagréable ne se manifeste, ou son extraordinaire talent dans l'art de faire tout le contraire de ce qui était attendu d'ellui. D'ordinaire, le souci était qu'iel ne s'en rendait compte qu'au dernier moment, que lorsque Faust, d'un air gêné et d'un sourire particulièrement forcé, se retrouvait à essayer de réparer ses erreurs en jurant sûrement intérieurement plusieurs fois.
Sauf que cette fois-ci, iel savait pertinemment que ce n'était pas une bonne idée.
C'était mille fois pire.

« Mais, mais, attends, tu dois avoir une idée, non ?! 
- Désolé de te décevoir, White Spirit, mais c'est ma meilleure idée. »

L'expression parfaitement neutre, l'air pleinement détendu, le démon lae fixait avec la mine de quelqu'un qui était en train de regarder de la peinture sécher, totalement désintéressé par ses multiples indignations. Depuis tout à l'heure, ils étaient en train de faire le tour du lac, sur les chemins de promenade, et au début, Livie n'avait pas compris pourquoi il lui avait dit de le suivre. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes qu'iel avait fini par réagir avec indignation. Ceci, malheureusement, ne suscitant qu'un vague désintérêt agacé de son interlocuteur.

« On marche, et on essaie de le trouver. Tu as une méthode plus efficace ?  
- Mais je... Quand tu as proposé ton aide, j'imaginais que tu aurais une idée fiable ! Pas un... Pas ça ! 
- Quel genre de plan fiable est-ce que j'aurais dû concocter du bas de mon piètre esprit de lamentable démon, votre Sainteté génialisssime ? » 

Ooooh, mais je savais que c'était une mauvaise idée !
Pestant, Livie se retrouva démuni.e par l'audace prétentieuse du démon, ouvrant sa bouche sans savoir quoi dire exactement. Désarçonné par l'honnêteté brutale de l'autre, iel gesticula sur place, mis mal à l'aise par sa question qui était somme toute quelque peu délicate à l'heure actuelle pour ellui.

« Eh bien, je... Tu pourrais essayer de voir si il n'est pas angélique, cet écureuil ! 
- ... Angélique ? 
- Si ça se trouve, il est destiné à accomplir un miracle, alors... Si tu te brûlais en le touchant, on en serait sûr ! » 

La mine éclairée, iel esquissa un grand sourire, les paumes tenues l'une dans l'autre, des lueurs pleines d'espoir dans son regard. Pendant un instant, Livie y crut sincèrement : c'était après tout, dans sa logique, parfaitement sensé, et iel parvint même à s'en convaincre alors que l'expression du démon se fit la peinture même de l'exaspération et de la lassitude. Son ton, morne, bordait presque vers l'acidité.

« … Tu t'attends à ce que je me brûle pour tes beaux yeux, Tipex ? 
- ... Eh bien, je pourrais toujours te châtier ! » 

Iel avait bredouillé sa propre menace sans y croire. Natsume se contenta de lever les yeux au ciel, absolument pas impressionné (mais pourquoi donc ?! C'était la mort, la vraie, pas la physique, si iel en avait été capable !), claquant de la langue et tapotant du pied sous le coup de sa crispation.

« Je ne brûlerais pas, imbécile. Il faut une matière bénite, pour ça, pas un rongeur un peu illuminé. » 

L'insulte lui passa au dessus de la tête, car iel l'avait entendu tant de fois qu'elle ne faisait plus aucun effet, mais iel eut tout de même le réflexe d'afficher une mine indignée, n'appréciant pas vraiment le ton de l'autre. Il n'eut pas le temps de protester, toutefois, car voilà qu'il rempila, les sourcils froncés dans une expression de doute.

« Et toi, tu saurais le reconnaître, ton écureuil ? » 

Le silence complet qui suivit en dit assez pour que Livie, sentant un bourgeonnement de honte dans un coin de sa tête, eut l'envie intérieure, même infime, de se faire toute petite. Son expression se décomposa quelque peu, et iel détourna le regard, gêné.
Observant sa réaction, Natsume esquissa une mine douceureuse, les traits de ses lèvres tirés en un sourire satisfait et prétentieux.

« Donc on suit ma méthode, si tu n'as pas d'objection. Et en silence, de préférence, c'est plus agréable. » 

Quelque part, probablement que c'était un mélange de tout. De cette mission qui n'avait aucun sens, de ce sentiment de frustration qui grandissait en ellui depuis plusieurs semaines, de ce démon agaçant qui s'était subitement mis à traîner dans ses bottes sans servir à grand chose, et de sa réponse insolence. Tout ça, lentement mais sûrement, s'était amoncelé dans un vase gorgé à ras bord, et dont la petite goutte d'eau fut le sourire mielleux et condescendant de son interlocuteur.
Le voir chuter subitement dans le lac après qu'iel l'y eut poussé, avec son expression qui passa de la surprise à de la panique quand il s'écrasa dans l'eau, fut au moins un soulagement partiel.

« … E-espèce de- ! Sombre... ! »

Le flot d'injures qui s'échappa de la bouche du démon en train de prendre la tasse eut le mérite de lae faire rire, à défaut de le choquer. Assez conscient de la situation dans laquelle iel s'était mis, toutefois, iel s'assura de disparaître dès lors que l'autre commença à remonter sur le sol en rampant contre la berge, l'expression mauvaise. Non, vraiment, sur le moment, c'était très satisfaisant.


Dernière édition par Segnif le Jeu 27 Juin - 18:46, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeJeu 27 Juin - 1:08


« Pourquoi est-ce que tu reviens toujours ici ? » 

Iel avait fini par poser la question, après une énième inspection d'arbre sans succès. Cette fois-ci, c'était son tour (enfin, Livie avait l'impression que c'était souvent son tour, mais probablement qu'iel imaginait des choses), alors iel s'appliquait plus ou moins à la tâche tandis que le démon s'était allongé sur un banc pour s'y prélasser. Pourtant, dans le silence de cette après-midi plutôt calme, iel n'avait pas pu s'empêcher de vocaliser la question qui bourgeonnait dans sa tête depuis un moment déjà. Plusieurs secondes passèrent ; Livie crut au départ que l'autre s'était endormi, vu qu'un livre quelconque se trouvait sur son visage pour le protéger du soleil, mais puisqu'ils n'en avaient pas le besoin, c'était probablement faux. L'autre finit toutefois par relever un regard paresseux vers ellui, l'air désintéressé.

« Eh bien quoi, un démon n'a pas le droit d'avoir son petit jardin secret ?  
- Non, ce n'est pas, je ne... C'est juste, je ne vois pas vraiment ce qu'un démon pourrait trouver ici, et-... » 

Iel avait commencé à balbutier, incertain. C'est-à-dire que des démons, iel n'en avait jamais vraiment connu. Enfin, iel avait lu, lu et relu les textes, évidemment, mais... Mais Livie devait avouer que celui qui se trouvait à quelques mètres de sa personne était assez différent des peintures particulièrement virulentes qu'iel avait pu entendre de la bouche de ses alters. Oh, Livie en avait bien vu de loin, lorsque Faust s'occupait des procès de ceux qui avaient été capturés, mais... Mais c'était différent, en un sens. Ces exécutions publiques ne l'avaient jamais mis particulièrement à l'aise, quand bien même c'était le Bien qui se déroulait.
Alors, avec sa question rhétorique, l'autre l'avait pris par surprise, si bien qu'iel se retrouvait maintenant à marmonner des phrases sans grand sens, sous la lassitude grandissante de celui-ci. Dans un soupir exaspéré, il haussa les épaules, le ton dénotant un agacement net.

« J'ai encore le droit de me reposer si je le souhaite, il me semble. » 

Livie plissa les yeux, n'en voyant pas vraiment l'intérêt ; pourquoi diable, pensait-iel, pouvait-il croire que c'était plus intéressant que se dédier à une cause ? N'avait-il pas des obligations... ? Là encore, Livie se rendit compte qu'iel ne savait pas grand chose du démon qu'il rencontrait plutôt souvent ces derniers jours, et que ce n'était pas forcément mieux pour ce qui était des « autres ». Dans la mesure où il était attendu d'ellui de les exterminer sans chercher davantage, car on ne savait de quels maléfices ils étaient capables, ce n'était pas nécessairement dénué de sens ; pour autant, la curiosité lui grattait un coin du crâne, et iel finit par se relever légèrement, les sourcils froncés et le regard curieux.

« … Tu n'as pas des... Des travaux « démoniaques », à faire ? »
- Oh, ça... »

Il leva vaguement la main, l'air dépité et blasé au possible, avant de se relever lentement en utilisant ses coudes, poussant au passage un grognement de vieux chat s'étirant. Après avoir articulé ses épaules et ses mains, il donna un petit coup de tête en l'air pour désigner, plus loin, un stand aux couleurs agressives mais lumineuses, devant lequel se tenait une longue queue de personnes.

« Regarde celui-là. Il attend sa glace depuis presque quinze minutes. » 

Il avait désigné du doigt un homme d'une quarantaine d'années au moins, qui gesticulait nerveusement sous l'effet de la chaleur, ses mains moites le forçant à alterner le plus souvent possible pour les doigts qui tenaient son attaché-case.  Livie, sur le moment, ne vit pas nécessairement pourquoi Natsume lui en parlait.

« Il a chaud, il fatigue, il ne supporte pas d'entendre son voisin parler au téléphone et se retient tout juste de le frapper, et... » 

Un sourire malicieux se dessina sur la figure du démon.

« Et tout ce qui le fait tenir, c'est l'idée de pouvoir déguster un sorbet à la framboise. C'est la seule chose qui le motive depuis ce matin. » 

Il gloussa automatiquement, les yeux animés par des lueurs joueuses.

« Mais tu vois, quand il finira par enfin passer commande, le glacier découvrira que par un hasard tout à fait fortuit, tout le stock de sorbet framboise s'est écoulé, et finira par lui offrir de la glace à la fraise. » 

Il ricana ouvertement, non sans se tourner vers l'ange, à qui il offrit un sourire mielleux et bouffi d'arrogance, ses traits se déformant par le biais de la prétention. Livie, quant à ellui, le fixait avec une expression parfaitement neutre, quoique un peu concernée, les sourcils froncés dans une confusion manifeste.

« Allons, avoue que tu es bouche bée devant tant de machiavélisme. » 
- Ça n'a... Ça n'a aucun intérêt. 
- Oh, comme si tu pouvais saisir... » 

L'air déçu, le démon gonfla des joues en se retournant théâtralement, après avoir effectué un bref geste de la main pour signifier à l'ange qu'il ne voulait pas l'entendre. Sa voix avait perdu de sa raillerie pour laisser place à un très léger agacement, ce qui n'eut comme effet que de rendre le séraphin encore plus confus.
Mais pourquoi... Mais qu'est-ce que j'ai fait, encore ?!
Perdu et un peu indigné malgré lui par la méchanceté gratuite de l'autre, Livie leva ses bras en l'air avec fatigue, laissant un grognement de frustration s'échapper de sa gorge. Iel leva les yeux au ciel, trouvant ceci somme toute très ridicule, et marmonna dans sa barbe inexistante.
Non, mais, je vous jure... Quel intérêt que de leur compliquer la vie, hein ? Ces démons ne pensent qu'à être méchants, à quoi je m'attendais !
Frustré.e, iel n'aimait donc pas penser au fait que l'autre serait potentiellement satisfait par son tour. En cogitant, iel finit toutefois par avoir une idée. Un sourire joyeux et guilleret se dessina sur ses traits alors qu'iel se retournait vers Natsume, le ton prenant des notes d'un amusement puéril et mesquin.

« Eh, Enfin, hm... Et il se trouve, peut-être qu'un miracle aura lieu, et que la machine se remettra à marcher ! » 

Surpris, le démon s'était immobilisé, avant de tourner lentement de la tête, les sourcils froncés. Sa moue se fit presque indignée, et il grommela d'agacement, levant les yeux au ciel avant de se retourner presque vivement, comme si il était en train de bouder.

« Tu gâches tout. » 

Malgré ellui, Livie se rendit compte que la situation l'amusait, et que le ton boudeur du démon ne semblait pas si mauvais. Pris d'un gloussement léger, iel continua à rire discrètement, sentant un bourgeonnement de chaleur venir se lover dans sa poitrine.
Sans qu'iel ne sache pourquoi, iel eut comme une impression de familiarité ; sans doute était-ce car il s'était déjà amusé de temps à autre avec ses alters, mais là encore, la pensée lae fit s'arrêter quelques secondes. L'autre n'était pas un ange, alors il n'y avait pas de raison qu'il le compare. Il ne le fallait pas, en plus de ça. Ce serait presque blasphématoire, quand iel y pensait.
Un nœud de malaise revint frotter dans son estomac, si bien qu'iel se reprit bien vite en changeant de sujet, notamment en relançant la discussion sur tout autre chose.

« … Tu ne devrais pas chercher des pistes, d'ailleurs ? » 
- Oh, je le fais. Une glace à la fois. » 

Il avait levé la main, et si Livie ne comprit pas tout de suite pourquoi, iel eut vite fait de remarquer le cône de sorbet à la framboise qu'il avait fait venir à ses mains. Blasé, l'ange eut comme seule réponse un sarcasme lassé.

« … Tu n'es pas un démon très efficace. 
- Juste assez pour que tu ne puisses pas me détruire d'un claquements de doigts, mais pas assez pour que ce ne soit pas profondément humiliant pour toi, je le crains. » 

Livie leva les yeux au ciel. Malgré ellui, toutefois, le début d'un rictus amusé venait de tordre le bout de ses lèvres, mais iel le chassa bien vite.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeJeu 27 Juin - 1:41


Livie avait souvent imaginé son premier compte-rendu. Iel s'était souvent imaginé se lancer dans un long laïus passionnant, bien introduit, dénotant tout son dévouement et tout son attachement envers le Bien, se permettant même quelques larmes d'émotion durant son développement. Iel avait même pensé au fait d'introduire une harpe ou deux, de temps à autre, mais peut-être que ce serait devenu excessif. Iel s'était alors contenté.e, dans ses rêveries de plus en plus nombreuses, d'imaginer quelque chose de simple mais toujours parfaitement pertinent, toujours pris par des sourires guillerets et des bourdonnements chaleureux en imaginant la fierté et l'admiration dans les yeux de ses supérieurs et de ses alters. Entre deux piles de paperasse à terminer, il fallait bien s'occuper et se motiver avec l'idée qu'un jour, ce serait quelqu'un d'autre qui s'occuperait des rapports ; bien évidemment, iel s'assurerait de ne pas dépasser les vingt ou trente pages, par pitié envers ces pauvres âmes.
Iel avait imaginé beaucoup de choses.
Iel n'avait pas imaginé se retrouver seul avec son supérieur direct dans un coin perdu et totalement insignifiant de la sphère céleste.

« Ton assignation se déroule bien, donc ? »

Le sourire bienveillant de Faust et sa tranquillité l'aident au moins à ne pas afficher sa déception de ne pas voir davantage de monde. Pas une seule autre fréquence, pourtant, et iel avait cherché. Certes, iel serait incapable de détecter celle d'un archange, mais jamais iel ne se serait attendu à ce que l'un.e d'entre eux viennent. Les chérubins et les autres séraphins, toutefois...
Toutefois rien du tout, visiblement, car il n'y avait que lui. On avait pourtant souvent dit à Livie qu'iel devrait se sentir honoré de recevoir son attention pendant plus d'une seconde, mais au bout d'un moment, peut-être qu'une certaine gourmandise avait commencé à passer dans sa tête. Livie aurait aimé voir d'autres regard se porter vers iel ; iel aurait aimé n'entendre que du silence admiratif, là où il y avait bien trop souvent des murmures moqueurs.

« … Bien sûr ! Vous allez voir, tout se déroulera très bien ! »

Iel espère que son sourire n'a pas l'air trop crispé, mais avec sa nervosité, ce n'est pas évident. En même temps, iel n'ose pas vraiment dire à ce dernier qu'iel ne sait absolument pas si la mission se déroule bien, puisqu'iel n'a absolument pas trouvé la bestiole dont iel devait assurer la protection, et qui pouvait tout aussi bien être morte à l'heure actuelle. Mais puisqu'iel n'avait pas encore été foudroyé sur place, iel supposait qu'elle devait être encore en vie ; ce qui, même si c'était réconfortant, avait quelque chose d'un peu exaspérant.
Dans tous les cas, Faust en parut satisfait, puisque ses trois paires d'ailes battirent très légèrement dans une allégresse paisible. Livie les avait presque oublié, il faut le dire. Généralement, il les dissimulait sans souci lorsqu'ils étaient ailleurs, ou que l'occasion n'était pas officielle, car il n'aimait pas trop l'attention qu'elles suscitaient. Puisque ses pouvoirs le lui permettaient, il s'amusait même à se balader entre les chérubins, des fois, cachant sa présence et sa force comme si c'était tout naturel.  Quand iel lui avait demandé la raison, Faust lui avait avoué avec un peu de désabus et d'amusement que c'était souvent les seules occasions où il « se sentait bien ». Il avait refusé de développer, et Livie avait compris qu'il valait mieux ne pas lui en demander davantage.

« Tu me vois ravi de l'entendre. J'espérais que tu puisses profiter de cette occasion. Je sais que les conditions ne sont pas idéales, mais... »

Oh, si vous saviez...
Iel se força à sourire de nouveau, gêné. Garder sa grâce tranquille malgré l'agitation qui la parcourait était quelque peu compliqué : très clairement, il valait mieux qu'iel évite de dire qu'iel coopérait avec un démon, car Livie aurait alors sûrement le droit au cruel mais très efficace regard de la déception, ou du moins c'était tout ce qu'iel craignait. Puis, de toute façon, personne n'aurait à le savoir, et c'était pour le Bien de tous, alors iel hocha négativement de la tête, faussant un enthousiasme certain pour se rassurer ellui-même.

« Non, je... Je sais que c'est une chance. C'est à moi de vous dire merci. »

Iel s'inclina respectueusement, même si iel savait que l'autre n'aimait pas ça lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Pour autant, Faust le laissa faire, se contentant de lui adresser un sourire amical en se relevant lentement pour se préparer à s'éloigner.

« Bien, tant que tu n'as rien d'anormal à déclarer ? »

Iel se sentit s'immobiliser sous le regard du plus âgé, comme si iel craignait qu'il ne puisse voir en ellui d'un simple coup d’œil. Pendant une seconde, l'idée de tout lui avouer lui passa par la tête.

« Non, évidemment. »

Elle disparut aussi vite que prévu. Tout ce qui comptait, après tout, était le résultat : on le lui avait souvent répété.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeJeu 27 Juin - 3:25


Souvent, quand on lui avait parlé des crépuscules, Livie demandé si on exagérait pas un peu. Il faut dire que de temps à autre, cela bornait à des longs poèmes excessifs et à des discours sur la beauté de la Création, qui, si ils n'étaient pas sans lyrisme et sans attrait, lui avaient toujours paru étrangement semblables. Sans pouvoir dire comment, ils lui avaient paru fades et communs, comme des descriptions tellement incrustées dans leur désir d'être les plus élogieuses possibles qu'elles en devenaient indissociables de tout un tas d'autres d'encensements semblables, et qui pourtant étaient supposés être différents.
Chaque soir, toutefois, iel se dit qu'il y avait peut-être une part de vrai, derrière tous ces bonimensonges.  

La première journée, iel l'avait observé avec attention, les yeux brillants d'une admiration enfantine, le début d'un sourire au coin des lèvres. Le second jour, puis le troisième jour, et le quatrième jour, iel avait fait la même chose, prenant même la peine de s'asseoir sur une colline du parc pour en profiter tranquillement. Le cinquième, iel l'avait raté, car trop occupé à paniquer sur la possibilité d'avoir tué tout un groupe d'oiseaux en faisant tomber un arbre sous le coup de l'énervement. Le sixième, iel ne l'avait vu que de moitié, puisqu'il avait bien fallu se concentrer sur cette fichue mission, et le septième, iel l'avait tout juste aperçu. De temps à autre, tout de même, iel se surprenait à relever la tête pour l'apercevoir, puis Livie retournait diligemment à la tâche.

Un comportement, toutefois, qui n'était pas partagé par le démon qui venait de temps à autre participer à sa recherche, même si il n'était pas rare qu'il refuse de faire quoi que ce soit et préfère paresser contre un banc en lae regardant faire (apparemment, il « méditait », ou un truc du genre).
Celui-ci, étrangement, s'arrêtait toujours dans ce qu'il faisait pour garder un œil distrait vers l'étendue aérienne. Des fois, il ne faisait que baisser le regard discrètement, comme si il cherchait à ne pas être vu, la mine plate et neutre, une lueur indéfinissable dans le coin du regard. Puis, dès lors que l'instant passait, il recommençait à balancer quelques piques, l'air de rien.
Ce soir, toutefois, Livie n'avait pas pu s'empêcher de parler.

« … Tu aimes regarder ? »

La question était sortie seule de sa bouche. Iel s'en était surpris.e lui-même, mais son ton s'était fait curieux, sans inquisition, sans jugement quelconque, alors que depuis le début de leurs discussions, il était rare voir quasiment impossible que ses questions ne se fassent pas sans une méfiance complètement incrustée à ses propos. Peut-être que c'était ce ton-là, ou l'origine de sa question qui fit froncer les sourcils au démon, encore couché sur le sol, dévisageant l'ange avec insistance. Sans qu'iel ne sache vraiment pourquoi, Livie se sentit soudainement nerveux.se, balbutiant une justification boiteuse à son interrogation sortie de plus ou moins nulle part.

« … J-je veux dire, tous les jours, tu... Enfin, tu prends le temps, j'ai remarqué, et... »

Iel se sentit honteux, comme si iel avait une erreur à ne pas faire, une faute pour laquelle iel aurait dû s'excuser. Et pourtant, en tant qu'ange, pourquoi aurait-iel dû même imaginer devoir quoi que ce soit à un démon ? Dans sa tête, les rappels de ce qui était attendu d'ellui se font plus forts, mais ils sont comme étouffés par la sensation de gêne intense qui noue sa gorge et brouille son ventre. Le regard de l'autre, en plus de ça, ne s'est pas détaché de son visage. Son expression, totalement neutre, illisible, ne montre pourtant pas d'agacement ou d'exaspération. Tout au plus observe-t-il le séraphin avec attention, avant de finalement répondre d'un ton calme, quoique un peu désinvolte. Son regard, toutefois, s'est détourné pour venir se reposer sur les nuages.

« Ma loyauté n'influe pas sur mon appréciation du monde, que je sache. »

C'était un argument qui, aussi valable qu'il était, lui laissait tout de même un goût assez amer en bouche. Mal à l'aise pour iel ne savait quelle raison, Livie se sentit quelque peu troublé par sa réponse, jusqu'à ce qu'iel ne mette le doigt sur le mot qui avait suscité chez ellui une pareille réaction. Les yeux plissés, iel reprit la parole avec une voix  plus lente et un ton plus incertain, presque craintif.

« Tu es vraiment... ? »

Le regard marron du démon croisa le sien, et il n'y vit pas la moindre trace de regret, de honte, ou même de gêne, ce qui lui donna envie de baisser les yeux. La tranquillité et l'absence de doute de l'autre, pour iel ne savait quel raison, malmenait quelque chose en en son sein qui lui donnait envie de regarder ailleurs.

« Quoi, loyal au camp du bas ? »

Son ton était léger, même un peu amusé, d'ailleurs, comme si il n'était pas du tout gêné de l'énoncer.  La facilité avec laquelle il le disait lae laissa quelque peu pantois.e, voir même intimidé.e (mais iel ne serait jamais intimidé.e par un démon, hein, qu'on soit clairs). Devant cette assurance qui la troublait plus que ce qu'iel aurait bien voulu admettre, Livie n'eut comme réflexe que de hocher presque timidement de la tête. Natsume gloussa tranquillement, un sourire amusé au coin des lèvres, comme si il riait de quelque chose qu'il était le seul à savoir drôle.

« Eh bien, oui. L'on peut dire que je trouve qu'ils ont de bons arguments. »

Quelque part, à force de le côtoyer, Livie commençait à oublier qu'il était bel et bien « de cette nature-là ». Iel se serait presque attendu, à force, qu'il renie cette affiliation, qu'il prétende la subir, ou même qu'il l'excuse par un quelconque concours de circonstances car, dans ce cas-là, alors il aurait pu se voir accorder un pardon. Sans même s'en rendre compte, Livie avait même commencé à le considérer. La pensée fit frémir sa grâce d'un sursaut de honte.
La certitude de l'autre était assez claire, en soi, sur sa position. Ou du moins, il n'affichait aucune trace de doute, et cette assurance tranquille, ainsi que sa manière de parler de la division du Bien et du Mal comme des arguments , lae mirent suffisamment mal à l'aise pour qu'iel finisse par reprendre la parole assez brusquement, d'une voix mal assurée et presque bredouillante.

« … C'est la tentation, c'est cela ? Tu étais humain, et... »

Dans sa tête, iel reconstituait déjà l'histoire. C'était facile, puisqu'iel avait entendu des centaines de variation ; des membres de famille à sauver d'une maladie impitoyable, un rêve naïf contre lequel certains auraient pu tout sacrifier, l'illusion d'une vie plus aisée... Tout.e seul.e, Livie s'imaginait déjà l'histoire d'un humain quelconque, inconscient, qui aurait fauté comme tant d'autres, et cette histoire avait quelque chose de réconfortante, car elle était compréhensible pour ses certitudes.
Avant même qu'iel ne puisse bredouiller quelques explications inventées et probablement erronées, toutefois, le démon poussa un long soupir, relevant légèrement la tête pour lae considérer, un rictus mi-jaune, mi-las au coin des lèvres. Des lueurs amères vinrent s'animer dans le creux de ses yeux.

« Tipex, tipex... Est-ce que tu sais au moins ce que c'est, la tentation... ? »

À ces mots, l'ange manqua presque de grommeler d'indignation ; tout de même, si iel ne savait pas ça.... !
Le regard dubitatif de l'autre, toutefois, lae fit taire. Il avait l'air vraiment las, cette fois, et non désintéressé, sarcastique, moqueur, voir faussement souriant comme il pouvait l'être pour se moquer d'ellui la plupart du temps. Soupirant à nouveau, il détourna quelque peu le regard, portant son attention sur le ciel crépusculaire, étirant ses muscles comme si de rien n'était. Livie, de son côté, ne dit pas un mot.

« La tentation, ce n'est pas manger la pomme, Livie. »

La référence lae fit tiquer, se retenant de s'offusquer devant ce blasphème qui, venant d'un démon, avait quelque chose qui lae dérangeait encore plus. L'ange eut toutefois du mal à éloigner son regard de celui du démon aux yeux bruns, rendu.e perplexe par son rictus désabusé.

« C'est savoir que tu pourrais le faire. C'est le libre-arbitre. »

Quelque chose dans son ventre se noua à ces mots, et iel sentit sa grâce frémir, comme si iel avait pris peur de quelque chose. Livie, sur le moment, n'aime pas  cette formulation : elle est si catégorique et claire qu'iel ne peut pas être à l'aise face à ce qui va à l'encontre même de tous les principes qui l'ont accompagné depuis le début de son Existence. Au delà, le démon insinuait même d'autres choses auxquelles iel n'avait pas l'envie de penser, et dont iel n'avait pas le courage de disserter : sa foi en la volonté céleste, subitement, lui parut presque timorée.

« En l’occurrence, savoir que tu as le choix. De le faire, ou de ne pas le faire. »

Sa voix était devenue plus lourde, sur le moment, perdant de cette désinvolture moqueuse qui semblait toujours la couvrir, comme un voile qu'il avait brièvement éloigné, mais qui revient, inexorablement, sous la forme du rictus désabusé qui étire ses lèvres et de la narquoiserie presque amère de sa voix.

« Et ça, nos amis emplumés n'aiment pas vraiment. »

Le commentaire lae fit tiquer, mais pas davantage que le reste de cette conversation, qui au fur et à mesure qu'elle continuait, lui donnait de plus en plus envie de disparaître. Les lèvres pincées, l'ange choisit de garder le silence, surtout car le regard du démon se détacha du sien, allant se porter cette fois vers le parc, qu'ils surplombaient presque de leur position. Son ton se fit plus lent, mais toujours fatigué.

« Profiter de cette vue, ce n'est pas quelque chose que l'on a exigé que je fasse. Me dire que l'odeur de l'eau est agréable quand vient le soir, ce n'est pas quelque chose qui a été écrit. C'est ce que je choisis de faire. »

Livie aurait presque juré voir le début d'un sourire doux sur son visage. La vision et l'écoute, toutefois, eurent comme effet de lae faire se tendre de tout son corps, crispant ses muscles comme les traits de son visage, tandis qu'iel reprit la parole avec une certaine vivacité, claquant de la langue, les lèvres pincées.

« … On parle du Mal, Natsume. 
- Toi, oui. »

L'acidité soudaine de l'autre le désarçonna, mais iel ne fit que dévier son regard, refusant obstinément de lui laisser un centimètre. Dans on évitement, les yeux de Livie se reposèrent sur ce qui avait suscité leur conversation au départ. Ces derniers se perdirent lentement, doucement, sûrement, dans le tableau d'ensembles colorés et chatoyants, qui descendait lentement vers une obscurité douce. Iel marmonna d'une voix plus timorée, presque interdite.

« … Mais il est vrai que c'est assez joli. »

L'autre expira légèrement, comme dans un gloussement désamorcé, mais n'en rajouta pas plus, choisissant plutôt de reporter son attention vers son livre. Pour une fois, Livie lui en fut reconnaissant.e.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeVen 28 Juin - 0:56



Au bout d'un mois, la patience de Livie commençait à être quelque peu usée. Les stratagèmes, également, commençaient à se faire de plus en plus extravagants et, même si iel ne l'aurait pas admis, probablement ridicules. Lorsqu'iel avait fait part de son dernier au démon, d'ailleurs, ce dernier avait grogné quelque chose de semblable à un « débrouille-toi tout seul » avant de disparaître comme il avait l'habitude le faire quand quelque chose le dérangeait. Vexé.e, Livie avait grommelé pendant une dizaine de minutes au moins, mais, dans un esprit de contradiction à la limite de l'obstination, il s'était appliqué à le mettre en place.
Il avait fallu attendre la nuit tombée, évidemment, car il valait mieux que personne ne soit là pour s'étonner de l'apparition soudain d'un arbre au beau milieu de la journée, mais l'ange s'était appliqué, farfouillant comme il l'avait pu pour trouver ce dont iel avait besoin. Iel s'était trouvé investi d'une énergie plus considérable que d'habitude, comme si le regard blasé et le sarcasme du démon l'avaient encore plus motivé à réussir. Depuis leur dernière discussion, en plus, Livie sentait, ne serait-ce qu’inconsciemment, le besoin impérieux de lui prouver quelque chose, mais iel n'aurait pas pu dire quoi ; toujours était-il qu'un « ahaha je te l'avais bien dit » aurait largement suffi à l'heure actuelle. Ou du moins, que c'était suffisant à lae motiver de planter un arbre et de le faire pousser par le biais d'un miracle ou deux, même si c'était quelque peu compliqué et qu'on ne l'y avait jamais formé.

Et, malheureusement pour ellui, dès lors qu'iel remontait du trou de deux ou trois mètres qu'iel avait fait creuser pour accélérer la pousse et terminer la travail, aucune germe ne finissait par montrer le bout de son nez. La première fois, Livie avait supposé un manque de chance ou une maladresse, voir un souci avec la graine. La seconde fois, malgré l'agacement, iel s'était dit que c'était sûrement autre chose. La troisième fois, iel avait tenté de le faire pousser à même le sol, mais il n'en avait résulté qu'un petit germe qui s'était desséché après quelques secondes.
Au bout de la trentième fois, iel avait pu, enfin, voir quelque chose commencer à faire craqueler la terre ; et encore, l'arbuste n'avait pas dépassé les trente centimètres avant de s'étioler et de tomber, comme tous les autres, vers la terre dans laquelle iel le laissa retomber. Lassé mais toujours pas désespéré, iel essaya de se motiver à recommencer, mais le cœur n'y était pas.
Mais à quoi ça sert, en plus... Près de deux mois que je suis ici, et...
Dans un grognement de frustration, le séraphin donna un coup de pied dans la nouvelle pousse mourante, mais la plante ne fut même pas déracinée, se contentant de tomber mollement sur le côté, sous l’œil à la fois agacé et frustré de Livie.
Mais même ça, je ne peux pas le faire !

Iel ne fait pas attention à la chaleur bourdonnante et froide qui agite sa poitrine, crispant ses muscles et nouant sa gorge. Tout au plus fixe-t-iel son dernier essai avec frustration, non sans sentir ses dents se serrer et sa mâchoire se contracter. Dans un réflexe courroucé, iel se saisit de sa dague pour aller se débarrasser du plan restant. D'accord, c'était peut-être excessif, mais à ce stade...
Une main l'arrêta soudainement dans son œuvre, et même si iel n'eut pas besoin de se retourner, Livie constata que le démon, l'air exaspéré et agacé, était finalement revenu, considérant l’œuvre de l'ange avec une frustration à peine dissimulée.

« Pas comme ça, crétin. Si tu veux que ton noisetier tienne debout, il faut aérer la terre convenablement. »

Malgré la sécheresse de son ton, il semblait plus inconvenancé que franchement énervé. Faisant quelques pas pour s'approcher de tous les petits talus qui avaient servi d'échecs, il poussa un long soupir, les sourcils froncés dans une moue mêlant déception et regret. Si Livie n'était pas convaincu.e que son cerveau était frit par l'exaspération et la fatigue, il aurait juré y voir également une trace de tristesse.

« Mes pauvres... Qu'est-ce qu'il vous a fait, celui-là ? Attendez, je vais arranger ça.  »

Il s'accroupit doucement, sortant enfin ses mains de ses poches pour venir les poser avec lenteur les feuilles flétries et les troncs décharnés. Son ton s'est fait chaleureux, et il roucoule presque en venant les repositionner tranquillement, sous le regard quasi médusé de l'ange qui le fixe avec la plus grande incompréhension. Livie, sur le moment, a l'impression d'être en train d'halluciner ; au début, iel se demande si il ne s'agirait par là d'un de ses tours, mais plus les secondes passaient, et plus les compliments affectueux du démon continuaient, plus iel se rendit compte que c'était bien en train d'arriver. Mis mal à l'aise, il détourna le regard, ses doigts tapotant le bord de ses cuisses, se retenant tout juste d'aller faire un petit tour ailleurs.

« … Tu, euh, aimes les plantes... ? »

La question était un peu ridicule, à ce stade, mais elle lui servait plus à s'échapper de sa maladresse plutôt qu'autre chose. Ou du moins, c'était quelque chose d'assez inutile à demander lorsque le concerné venait juste de caresser une feuille en la regardant comme si c'était la prunelle de ses yeux. Souriant avec crispation, iel aurait presque été heureux.se d'entendre l'autre glousser, car cela voudrait dire qu'il penserait à autre chose.

« Disons que j'ai un bon passif de jardinier, oui. »

Le démon tapota distraitement des pieds sur la terre. Petit à petit, les talus qui avaient été rebouchés se mirent à remuer lentement, tranquillement, tandis que le responsable passait à leurs côtés, jetant des coups d’œils curieux vers ces derniers. En écarquillant les yeux, Livie remarqua alors que de nombreuses germes s'étaient mises à apparaître sur terre, prenant lentement la forme de petits arbrisseaux, s'étirant jusqu'à prendre la forme de grands arbres solides. Ébahi, l'ange resta sans voix sur le moment, mi-incrédule, mi-impressionné, si bien qu'iel ne pensa même pas à afficher une expression autre quand le démon finit par se tourner en sa direction, un sourire mielleux et satisfait au visage.

« Voilà. Remue un peu la terre pour faire croire qu'il a été transféré durant la nuit, et ce sera crédible. Et ne t'assoies pas sur la racine, la prochaine fois. »

S'iel hocha de la tête au début, un peu désarçonné et perplexe, quelque chose tiqua toutefois dans sa tête à l'écoute de ses propos. Fronçant les sourcils, iel sentit une pensée bredouiller dans sa tête.
... Mais, il n'était pas là, quand je me suis-... ?
La réalisation lui fit ouvrir de grands yeux. Iel ouvrit la bouche sans réussir à parler au départ, suscitant l'interrogation de l'autre qui ne comprenait pas nécessairement sa réaction. Natsume était assez observateur, toutefois, pour saisir que quelque chose devait clocher, puisque le regard du séraphin se gorgea de lueurs coléreuses, et que ses traits durcirent presque automatiquement.

« … Tu m'as regardé faire ? »

Sa voix s'est faite plus froide. Elle claque presque, et le démon en conclut bien vite qu'il ne s'agissait pas d'une question. Immédiatement, son expression se ferma et il n'afficha qu'un désintérêt glacial, la voix devenue morne et coupante.

« … Je ne répondrai pas à cette question.
- Tu m'as regardé échouer pendant des heures et tu n'as rien fait ?! »

Le ton de l'ange monte, tandis qu'iel haussa la tête, les épaules baissées et les bras levés. Le haut de son corps s'arque dans la direction de l'autre, et iel manque presque de grogner, les traits de son visage se fronçant sous l'effet de la colère qui bourgeonne dans sa poitrine. L'audace de Natsume et son absence manifeste de remords, ainsi que l'idée même qu'il l'ait pu lae regarder pour se moquer, provoque chez ellui plus de colère qu'iel n'aurait pu le croire. Face à son ire, toutefois, le démon ne cille pas d'un pouce, le fixant même avec un certain mépris, claquant de la langue avec agacement. I

« Je suis venu car tes massacres commençaient à me faire de la peine. Je ne suis pas à ton service, que je le sache. »

Il siffle presque, les dents serrées. Distraitement, Livie entrevoit son aura pulser, s'agiter et s'embrouiller. Le séraphin, pourtant, ne recule pas.

« Tu m'as promis de m'aider ! Donne-moi une raison de ne pas te dénoncer ; tu n'as rien fait depuis une semaine au moins ! »

Iel crie, maintenant, sa voix se cassant dans un trémolos grave.

« Baisse d'un ton, l'angelot. »

Le démon grogne, les canines à l'air, mais Livie ne voit dans son comportement et dans sa mine hautaine qu'une provocation supplémentaire. Il faut dire que la frustration monte depuis un moment déjà ; entre l'inaction de l'autre et sa propre incapacité à mener à bien sa mission, Livie n'en mène pas large. Iel ne saurait pas dire, en revanche, si iel se sent humilié.e, ou si iel profondément frustré.e par une situation qui ne semble pas vouloir s'arranger d'elle-même. Alors, face à son air impérieux et ses propos, le cerveau de Livie ne lui laisse qu'une seule réaction.
Si iel vient saisir le col du démon pour le faire tomber, ce dernier, après avoir brièvement écarquillé les yeux, comme si il ne s'y attendait pas, le gratifie d'un coup de coude entre ses côtes qui bloque sa respiration tout net. Dans un halètement aigu, Livie a tout juste le temps de penser à laisser de côté ses capteurs de douleur ; déjà, iel se presse d'utiliser une de ses jambes pour le renverser.
Puisque l'autre s'est accroché à son anorak, l'ange tombe avec lui, et ils roulent contre la terre une fois tombés à terre. Cela ne les arrête pas, toutefois. Les mains du séraphin se sont portés vers les cheveux du démon pour les tirer et l'éloigner, mais les canines de ce dernier se sont plantées dans son bras, tirant du sang. Si Livie aurait peut-être dû réagir en l'éloignant, car leur chamaillerie prenant un tournant de plus en plus violent, l'ange se sent presque satisfait.e de son geste, car cela signifie que le sien ne sera pas injustifié ; et de toute façon, il y a fort à parier que l'autre ne ressent pas non plus la douleur maintenant. Alors, comme libéré d'un poids, il se défoule. Il ignore d'où vient la rage soudaine de son opposant, mis sur le moment, très égoïstement, c'est le dernier de ses soucis.

Leur altercation ne dure pas bien longtemps. Dès lors qu'ils ont fini de rouler et se retrouver sur une terre plane, leurs « coups » ne sont plus que des tentatives ridicules de renverser l'autre et de le bousculer avec plus ou moins de réussite. Leurs gestes se font maladroits, même chez le séraphin qui est pourtant le plus précis et le plus méthodique des deux ; le second, de son côté, se montre plus désordonné, plus soudain et nerveux, même dans ses coups de pieds et ses griffures.  
Le démon sent bien, pourtant, que ceux de Livie se sont ralentis. Son corps, pourtant, tremblote ; et ce ne peut pas être l'effet de la douleur, puisqu'iel n'en ressent pas. Surpris et circonspect, Natsume s'arrête quelques secondes, et constate bien vite que les mouvements de l'autre ne servent même plus à blesser, puisque ses membres sont devenus tremblotants. Au dessus de lui, il entend des sons semblables à des reniflements, et lorsqu'il relève la tête, il est accueilli par des yeux humides et larmoyants. Les traits de son visage tirés en une grimace de douleur, Livie étouffe un sanglot étranglé, pleurant maintenant à chaudes larmes, le corps agité de petits spasmes nerveux. Les yeux du démon s'écarquillent, et sa bouche s'ouvre mécaniquement, les sourcils haussés sous l'effet de la surprise.

« Wow, wow, euh... Doucement, ça va, je suis pas en colère, tout va bien, c'est... »

Il relève très  légèrement le haut de son corps, s'appuyant sur ses coudes pour examiner le visage décomposé du séraphin, des lueurs d'inquiétude dans le regard. Incertain quant au comportement à adopter, il vient poser une main griffue (et dont les doigts sont encore pleins de sang, mais sur le moment, il n'y pense pas) sur l'épaule de l'autre, essayant de prendre un ton calme et plat, mais il semble que son assurance s'effrite quelque peu face aux pleurs qui redoublent d'intensité.

« J-je sais... J-je sais que je sers à rien et q-que j-je suis faible, e-et inutile, m-mais... »

Sa voix se casse, se brise, s'entrecoupe de hoquets aigus alors qu'iel s'étrangle dans ses propres larmes. Natsume, quelque peu paniqué, garde de grands yeux ouverts en tentant de tapoter maladroitement son dos pour lae calmer.

« C-c'est bon, euh, non, t'es pas inutile, on va le trouver, ton écureuil, écoute... »

Comme toute réponse, l'ange sanglote contre sa veste, serrant ses ailes dans le dos du démon pour le garder dans cette position. Ce dernier, quelque peu surpris, hausse les sourcils et balbutie des paroles maladroites, complètement perdu par ce craquage auquel il ne s'attendait absolument pas.

« Wow, euh, d'accord, c'est nouveau, ça, tu... ? »

Il ne recevra pas de réponse ; à force, il a fini par le saisir, au moins. Il lui semble, toutefois, que l'action a calmé l'autre, et cela lui suffit à retenir son envie de reculer. Natsume le laisse faire, incrédule, tandis que les pleurs se calment. Ou du moins, ils se font plus réguliers, mais plus faibles, étouffés dans le tissu de son haut (qu'il faudra changer, et il pleure un peu là-dessus).
Il lui semble que le séraphin ne se rend pas pleinement compte de ce qu'iel fait, ce qui ne serait pas si étonnant, quand il y réfléchit quelques secondes. Son expression passe de la surprise à une neutralité lasse, toutefois, quand il l'examine. Dans un murmure, il se permet même un commentaire qui, il le sait, passera inaperçu aux oreilles de l'ange.

« … Bon sang, tu n'as pas changé. »

Il soupire. En examinant le visage de Livie en train de pleurnicher dans ses bras, toutefois, il ne peut pas s'empêcher d'expirer de lassitude, et laisse une main venir se poser sur son crâne pour le masser distraitement. Petit à petit, les sons se calment. Dans quelques minutes, il disparaîtra pour lui éviter la gêne d'une explication ou d'une situation inconfortable : pour le moment, toutefois, il se permet de rester ici, se disant que cela ne ferait de mal à personne.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeVen 28 Juin - 17:59


« Tu ne devrais pas faire ça.
- Je m'attendais à ce que tu dises quelque chose comme ça, oui. »

Dans un soupir exaspéré et las, il s'étire distraitement, ne se sentant pas nécessairement de se retourner pour observer l'expression médisante et exaspérée de Winter. Ses commentaires étaient attendus, en un sens, car ils n'étaient pas loin de ceux qu'il se faisait lui-même de temps à autre dès lors qu'il arrêtait d'écouter la partie de son esprit qui s'efforçait d'enjoliver excessivement la situation. Sauf que les siens étaient plus durs, plus secs, plus acides encore. À côté de ça, la mine sombre de la démone aux cheveux bleus paraissait être une peinture même de l'optimisme.
Elle s'avança de plusieurs longs pas, tapotant des doigts dans l'air pour faire apparaître une chaise somptueuse et ridiculement confortable, sur laquelle elle consentit enfin à s'asseoir, croisant les jambes pour s'étendre dessus, le dos arqué contre l'accoudoir. Elle grimace quelque peu, se sentant étrangement mal à l'aise dans cette pièce qu'elle connaît plutôt bien, depuis le temps ; c'est-à-dire qu'aujourd'hui, tout particulièrement, elle sent bien que quelque chose cloche.
L'atrium, entouré de tout un ensemble de petits rectangles de plantes diverses et colorées, lui semble étrangement petit, aujourd'hui, presque contrit. Les gravures sur les colonnes de marbre supportant le toit changent, se déforment, se griffonnent. Elles semblent incapable de se fixer sur une image précise. L'eau du bassin central, quant à elle, s'agite discrètement, calmement, mais sûrement. Son regard torve se reporte vers l'autre démon, qui s'est paresseusement allongé sur un divan, l'air désintéressé par son avertissement. En plissant les yeux, elle reprit la parole d'une voix plus insistante.

« Je ne dis pas ça juste pour toi. Tes absences répétées commencent à faire parler. »

D'un vague mouvement de la main, elle refusa la sucette que venait de lui tendre l'autre, gardant un regard exaspéré vers ce dernier, qui semblait très décidé à ne surtout pas l'écouter et à regarder le plafond ; une habitude très ancienne, mais qui l'usait quelque peu aujourd'hui. Encore plus quand, de mauvaise humeur, il décidait de défouler son agacement sur des sucreries et autres fruits divers qu'il s'enfilait sans trop réfléchir. Sans doute que le pire était de le voir essayer de faire comme si de rien n'était, quand bien même ses crocs refusaient de disparaître.

« Oh, alors si ça fait parler... »

Son ton narquois tire tout juste un regard blasé à la femme aux yeux bleus, dont la frustration les fait se teinter d'un voile noir opaque. Sans nul doute, Natsume ne la prend pas au sérieux : ces temps-ci, cela tend à devenir une habitude, et elle n'en est pas particulièrement rassurée. Elle a comme la sensation que cela s'aggrave, petit à petit, mais elle se garde bien de le faire remarquer, tout à fait consciente qu'elle pourrait bien parler à un mur et en obtenir le même effet. Winter n'aurait pas su dire, d'ailleurs, si il n'avait pas fait exprès de croquer avec tant de vigueur dans une pomme au caramel pour bien lui signifier sa distanciation. Le coup d’œil mauvais qu'il lui lance, toutefois, en trahit assez quant à son intérêt véritable.

« Je fais mon travail, non ? Je tiens la même position depuis des millénaires, l'on ne va pas commencer à me chercher des noises maintenant. »

La mine hautaine, les lèvres tirées en une expression pincée et tendue, son ton s'est imbibé d'un venin qui n'est pas dirigé vers elle, mais auquel elle réplique par une acidité sèche et directe, les sourcils froncés.

« Ta position implique des attentes. Et change de ton. »

Ce rappel a au moins le mérite de le détendre un peu, quoique sa manière de croquer agressivement dans son fruit et de détourner puérilement le regard n'aident certainement à apaiser l'intense envie de Winter de l'étrangler. Enfin, elle pourrait bien s'y essayer, mais ils ne feraient que se rouler par terre jusqu'à ce que l'un d'eux, dans un instant d'énervement, ne finisse par poignarder l'autre : et ce serait quelque peu embêtant pour ses projets, à vrai dire. Levant les yeux au ciel face à sa réaction, elle ne s'étonna pas de le voir reprendre la parole quelques secondes après, l'air plus bougon. Il marmonne presque, mâchonnant son fruit avec un excès d'insistance probable (surtout qu'avec des dents aussi pointues, c'était aussi utile que de mâcher une compote).

« J'ai toujours eu carte blanche, pourquoi est-ce que cela changerait maintenant ? Je n'ai reçu aucun blâme, en outre.
- Pas d'au dessus. D'en bas. »

L'évocation de l'autre lui fit plisser les yeux, quelque peu confus. Après quelques secondes, pourtant, un rictus narquois se dessina sur ses lèvres mordues et il pouffa ostentatoirement, hilare. Des lueurs désabusées et amusées vinrent s'agiter dans son regard brièvement feinté.

« Quoi, tu t'inquiètes de la petite friture ? Celle qui claque des genoux dès que je m'approche ou que j'énonce l'hypothèse d'un renvoi vers le haut ?  »

Son sourire laisse entrevoir le blanc de ses canines tandis qu'il ricane sans grande honte, sous l'observation lasse de Winter, dont l'expression s'est fait la peinture même de la fatigue. Elle n'a pas vraiment la patience pour son petit spectacle aujourd'hui, à vrai dire, d'autant plus qu'il s'est fait de plus en plus faux et mal joué avec les siècles. Elle roule des yeux, le bleu de ses yeux s'animant d'une lueur perçante alors qu'elle le fixe plus durement. Il semble l'avoir remarqué, car il s'est arrêté quelques secondes, interloqué par la rigidité soudaine de ses traits.

« De combien de temps date la première guerre, dis-moi ? »

Il cesse de croquer, rivé sur son interlocutrice. Elle ne lâche pas son regard, et quelque chose dans la froideur brute de son ton le met mal à l'aise, si bien que, subrepticement, il tourna la tête pour reprendre une bouchée, quand bien même il s'approchait dangereusement du trognon.

« … Je ne vois pas le rapport.
- Dis-le moi. »

L'insistance de Winter est simple, formelle, mais toutefois assez lourde pour qu'il se rende compte qu'elle ne lâchera pas l'affaire. Il grommelle, les traits froncés dans une expression de déplaisir, mais finit malgré tout par marmonner quelques mots après plusieurs secondes d'un silence qui commençait à se faire pesant. Son expression se fait plus lourde, et sa grimace se transforme lentement en une mine de marbre.

« Cinq mille deux cent ans, six mois et dix sept-jours. »

Le silence qui s'en suivit aurait peut-être été suffisant, si et seulement si Winter n'avait pas conscience de l'obstination incroyable de ce dernier. Qui au passage, semblait être en train de se murer dans son silence, puisque après avoir négligemment jeté le trognon dans un petit lopin de terre pour qu'il y pousse un pommier, il avait même pris la peine de se retourner, comme pour bien lui faire saisir qu'il ne souhaitait pas en discuter davantage. Habituée, Winter ne se gêna toutefois pas pour continuer de planter le clou, plus détendue, mais sa voix n'en était pas moins accentuée par son agacement.

« Bien. Entre temps, le nombre de démons a grandi de manière exponentielle, et ceux qui t'ont connu à cette époque-là ne sont plus qu'une minorité. »

Maintenant qu'elle le disait ainsi, il ne pouvait pas s'empêcher de gesticuler sur place, relevant les épaules pour y cacher son cou dans une tentative somme toute très puérile d'ignorer la conversation qui délayait depuis plusieurs siècles déjà. Grognon, il grimaça quelque peu et marmonna des paroles inaudibles dans sa bouche (sûrement des injures en énochien, le connaissant). Fatiguée, Winter, le regard désabusé, prit une voix plus calme, mais pas moins amère.

« Tu commences à voir pourquoi il faudrait peut-être te montrer un peu plus convaincant ? »

Elle soupira, laissant ses longs doigts crochus et griffus gratter sa tempe, tandis que ses sabots tapotaient distraitement le siège de son interlocuteur dans l'espoir de susciter une réponse. Tout ce qu'elle reçut, du moins, fut un coup d’œil orageux et mauvais, qui, si il aurait sûrement fait frémir un pauvre petit démon inexpérimenté, ne lui donna qu'une envie très soudaine d'utiliser son appendice caudal reptilien pour le frapper. Pour autant, car c'était quelque chose d'assez régulier, elle se retint, particulièrement en remarquant la manière qu'il eut de se crisper de tout son corps, si bien qu'elle crut, pendant un instant, entrevoir l'ombre d'un grésillement sombre ; ses yeux s'écarquillèrent légèrement, mais elle ne dit rien, se contentant plutôt de prendre un instant de pause.
Après quelques longues secondes, elle adopte cette fois-ci un ton plus calme, plus plat, presque tranquille.

« Je ne te blâme pas de trouver ça fatiguant, ça l'est. Et je sais que les démonstrations d'autorité n'ont jamais été ton plus grand plaisir, mais... »

Il leva les yeux au ciel, marmonnant un « oh vraiment » qui n'avait sans doute comme objectif que de sauver son ego, mais elle l'ignore promptement, tant pour elle-même que pour lui. Un rictus sec et jaune passe sur ses lèvres.

« Juste, je crois que ton petit cinéma de jardinier pénible a fait son temps. »

Le regard appuyé qu'elle lui lance ne passe pas inaperçu, mais, vexé comme un pou, il lui répond par une mine arrogante et orgueilleuse, insufflant un venin insidieux dans ses paroles tandis qu'il siffle presque.

« Eh bien quoi, je suis très bon jardinier, non ?
- Tu sais ce que je veux dire. »

Sa plaisanterie ne la fait pas vraiment rire, et à vrai dire, son ton non plus, mais elle roule des yeux avec insistance, un peu plus affalée contre son siège. Au bout de plusieurs secondes, toutefois, l'autre démon finit par se retourner, la mâchoire serrée et les traits crispés, ne lui offrant qu'une question mordante.

« Et donc ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? »

Winter aurait pu parier sur le fait que sa question était rhétorique, mais son talent dans l'art d'ignorer les stratagèmes de « toute façon je suis le plus acide et virulent donc j'ai raison » était tel qu'elle fit comme si c'était une vraie interrogation, boursouflant son audace d'un ton désobligeant et indifférent.

« Eh bien, l'on a quelques traîtres et casse-pieds de service qui mériteraient un petit rappel à l'ordre, mais...
- Pas le temps.
- Tu le faisais bien, il y a quelques millénaires. Et le « temps » ? Vraiment ? Ta présence là-haut commence même à affecter tes excuses. »

La pique le fit grommeler en détournant de nouveau le regard. Devant cette vue, Winter esquissa un sourire narquois, mais également marqué par quelques traces de déception.

« Tu t'es ramolli. »

Natsume grommela, pas franchement appréciateur du sous-entendu, levant les yeux au ciel dans une démonstration de mépris. Son expression se courba en un rictus désobligeant, tout comme son ton, qui se teinta d'amertume.

« Non. J'étais juste bien plus en colère, avant. 
-… Parce que tu ne l'es pas encore ? Menteur. »

Il ne l'aurait jamais admis, mais vu la manière dont il avait rapproché ses genoux de lui-même pour bougonner davantage, Winter n'avait même pas besoin de rajouter un « touché » pour savoir que le couteau s'était bien enfoncé dans la plaie. L'expression de l'autre s'était fermée, laissant uniquement place à un marbre illisible, mais contre lequel elle avait l'habitude de se heurter. Celui-ci, toutefois, commençait à la fatiguer, alors elle se permit plus de virulence, sifflant presque entre ses mots.

« Tu te comportes comme un enfant déprimé, voilà tout. Et je regrette de te dire que plus le temps passe, plus ça commence à se voir. »

Elle ne reçut aucune réponse, si ce n'est le même mutisme obstiné. Il n'était pas nouveau que l'autre tendait à voir ce qu'il voulait voir tant que la situation ne devenait pas drastiquement grave quand cela le concernait, mais elle claqua de la langue, bien plus consciente du fait que les risques commençaient à devenir préoccupants.

« Si l'on apprend que tu dédies tant de ton temps à parler à un ange, en plus... Je ne serais pas étonné que l'on demande ta tête.
- Et moi, je demande à voir quiconque la demander. Crois-moi, ce serait distrayant. »

Le miel de son ton aurait sans doute fait rire Winter dans une autre situation, et il était extrêmement plaisant quand il s'agissait de dire du mal dans le dos des autres, mais là, ça ne s'y portait pas. Il avait esquissé un rictus prétentieux, mesquin, des lueurs d'arrogance luisant dans le fond de son regard alors que, d'un claquement de doigt, il fit apparaître un verre d'elle ne savait quoi (sûrement un énième jus de fruits excessivement chicos) pour commencer à le boire d'une traite.
Quelque chose devait le démanger (Winter dirait bien un fond, peut-être bien un fond, de culpabilité), toutefois, puisque malgré tout son cinéma de 'démon-bien-trop-insensible-à-tout-ça' (ce qui, au passage, était un contresens, mais il n'avait pas perdu de sa détermination à tenter de le faire croire), il finit par grimacer discrètement, maugréant presque.

« Ce n'est pas n'importe lequel. »

Il avait fixé son regard sur sa boisson, cette fois, refusant obstinément de croiser celle de la démone bleue. Il y eut un instant de silence, pendant lequel Winter ne se permit pas de surenchérir de suite, dans une forme de respect à peu près cohérent à ses habitudes. Pour autant, elle n'en resta pas là.

« Je le sais. »

Elle grimaça légèrement en remarquant la lueur lourde dans le regard du plus âgé, avant de hocher négativement de la tête, en refusant poliment qu'il lui offre également un verre.

« … Mais je sais aussi que l'on ne peut se permettre d'être laxistes. »

Lentement et gracieusement (car elle en faisait toujours bien trop), elle se releva comme si de rien n'était, esquissant un pas ou deux, dont l'ombre fit naître quelques petits serpents sifflant derrière son passage. De dos, elle tourna toutefois légèrement la tête, la mine dure et le ton ferme.

« Depuis trente ans, tu passes les deux tiers de ton temps sur terre. Il va bien falloir que tu reviennes faire ton travail à un moment ou l'autre. Rang ou non. Si ça ne marche pas, il va falloir abandonner. »

Elle disparut dans un nuage de souffre et de poisse, ne laissant derrière elle que des traces d'humidité et de moisissure. En silence, le démon restant les fit disparaître d'un regard avant de se recroqueviller nerveusement dans son divan, les traits fermés et la mine plus sombre, la poitrine lourde.
Quoiqu'il en dise, il savait, et c'était bien le souci, qu'elle avait raison.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeSam 29 Juin - 3:10


« Quand est-ce qu'on arrive... ? 
- Bientôt, arrête voir. »

Le grognement agacé de l'autre lui fait faire la moue, mais Livie concède de le suivre malgré tout, une grimace au coin des lèvres. Depuis la dernière fois, le séraphin n'arrive pas vraiment à être pleinement à l'aise avec l'autre, que ce soit par gêne ou par honte, alors iel ne se sent pas de répliquer ou de trop le contredire. Sans être apeuré, ou même rancunier, iel sent toutefois un petit nœud d'anxiété dans son ventre lorsqu'iel se retrouve à supporter un silence de plus de trois secondes avec le démon. Nerveusement, ses doigts jouent contre sa ceinture, et iel fixe son regard dans le décor, essayant de trouver dans ces arbres artificiellement plantés une distraction de cette situation on ne peut plus gênante.
Mâchonnant une sucette à la violette de son côté, le démon soupira de nouveau, sentant ses doigts remuer nerveusement dans les poches de sa veste. Il savait que Winter allait encore le regarder avec ce même regard blasé. Même si elle n'était pas sa supérieure, elle avait quand même le don de lui donner envie de se cacher sous terre (enfin, en dessous de l'enfer) quand elle s'y mettait longuement, ne serait-ce qu'à cause de l'ennui. Toutefois, il a du mal à se dire qu'il est en train de faire une erreur : tout au plus se sent-il un peu fébrile, mais il se dit, très arrogamment, qu'il le dépassera aisément. Si seulement Livie pouvait se tenir sans blablater pendant deux secondes, ce serait parfait-

« … Qu'est-ce que c'est, ta vraie forme ? »

Le hoquet de surprise du haut de son corps le fait s'étouffer avec sa sucette, qui tombe au sol quelques secondes après, tandis qu'il peine à respirer, pris de court. Surpris.e par son étouffement soudain et inattendu, Livie cligna des yeux bêtement, ne songeant même pas à aider son vis-à-vis, car il lui semblait évident que l'autre ne risquait rien et que c'était au mieux assez amusant à voir. De son côté, toutefois, entre deux inspirations aiguës, le démon n'en menait pas large.
Il faudra vraiment que je m'occupe de régler ce corps, par le futur.
En même temps, l'entretien n'avait jamais été sa spécialité, et lorsqu'un morceau commençait à tomber en panne, sa réaction était toujours de le frapper jusqu'à ce que cela marche de nouveau ; un élément qui menait sans trop de surprises au fait que sa forme physique tienne grâce à deux bouts de bois et deux cailloux (presque littéralement, vu qu'il lui était arrivé, dans une situation quelque peu cocasse, de devoir faire avec ce qu'il trouvait, et les bouteilles de plastique étaient particulièrement utiles).

Pour autant, quand il parvient à reprendre un peu le contrôle et relever le haut de son corps sans que cela ait l'air d'être une épreuve de torture, il grimaça quelque peu, affichant une mine narquoise et volontairement moqueuse, quoique quelques lueurs curieuses se trouvaient tout de même dans ses yeux.

« Wow, euh, une étape à la fois, ça va un peu vite entre nous- »

La mine perplexe de Livie, réfléchissant son incompréhension totale de la situation, fit lentement disparaître son rictus, qui retroussa en une moue quasi boudeuse, déçu de l'absence de réaction. Il soupira lourdement, marmonnant un « laisse tomber » auquel, fort heureusement, le séraphin acquiesça.
On dirait moi il y a trois millénaires, question lenteur.
Il grimaça quelque peu, choisissant plutôt de répondre brièvement, non sans un fond de méfiance dans le regard.

« Pourquoi cette curiosité, soudainement, Tipex ? »

Le sujet n'était jamais venu avant, après tout, alors il était presque en droit de se demander la raison de sa présence soudaine. Livie ne pouvait pas nier que c'était logique, même si une pour une raison qu'iel lui échappait, iel se retrouva à gesticuler nerveusement sur place, ses ailes s'agitant légèrement. Maladroitement, iel força un sourire crispé sur ses lèvres, l'expression bloquée dans une tentative bancale d'apparaître pleine d'assurance.

« Eh bien, euh... Vous, les démons, vous êtes tous atteints par la Malédiction, non... ? »

Ou du moins, si c'était bien comme le l'on lui avait appris. En se remémorant les innombrables sermons de Clive, iel se rappelait, dans les grandes lignes, qu'en s'opposant à la volonté divine et céleste, les démons avaient été punis par la pose d'une souillure sur leur âme : une calamité qui allait jusqu'à altérer la forme de leur essence, et, plus largement, leur apparence physique même. Alors, si c'était vrai, iel était face à une interrogation devait faire sens, normalement. Ou du moins, c'était ce qui lui permettait de ne pas revenir sur ses paroles en bredouillant un « désolé » piteux, malgré le fait que l'autre le fixait dans une sorte de confusion perplexe, les sourcils froncés.

« Le pet à la figure de D- »

Le regard, soudainement plus assuré et mauvais de Livie, lui fit pousser un soupir en roulant des yeux, avant qu'il ne claque la langue pour se reprendre.

« … Le pet à la figure de Sa Sainteté des harpes, tu veux dire ? »

Il avait l'air quelque peu blasé malgré tout, mais le fait qu'il en parle lae rassura sur le fait qu'iel n'était peut-être pas en train de dire un ramassis de bêtises. Livie hocha timidement de la tête, gesticulant nerveusement des épaules.

« Je ne l'aurais pas dit comme ça, m-mais...
- Oui, pour répondre à ta question. »

Sa mine soudainement platement neutre lae fit se dire qu'iel approchait peut-être d'un terrain de banalités inutiles, d'autant plus qu'il se permit même de bâiller (mais il n'avait pas besoin de sommeil, non ?). En dévisageant l'autre d'un regard qui était probablement très malpoli dans une culture ou deux, iel se mordit un peu les lèvres avant de reprendre la parole avec prudence.

« Elle ne t'affecte pas beaucoup, enfin, dans cette apparence, alors je me demandais si... »

Iel n'en dit pas plus, supposant que c'était déjà bien assez clair comme ça, et ne voulant pas nécessairement entrer plus en détails dans la conversation, de peur de commettre une bourde. Natsume lae regardait distraitement, le regard imbibé d'une curiosité impressionnante, mais il ne dit rien sur le moment, se contentant de sourire un peu avant de hausser les épaules, l'air de rien, en parlant. Petit à petit, leurs pas les portent vers l’extrémité sud du parc.

« Tout le monde ne la prend pas de la même façon. C'est juste que... Quand tu l'as, c'est comme avoir un amplificateur dans la tête. Toutes tes petites voix qui hurlent en même temps. Et résister à tout ce que tu veux ou ce que tu peux penser devient quasiment impossible. Alors la corruption arrive vite. »

Il se massa l'arrête du nez, grimaçant légèrement, tandis que Livie l'observait avec une incrédulité inquiète, mal à l'aise. Cela n'allait pas contre ce qu'on lui avait dit, et la pensée l'horrifiait quelque peu. Un frisson de crainte passa dans son échine en imaginant une telle chose, des images toutes plus violentes et affreuses les unes que les autres passant dans son esprit, qui grossit inconsciemment le trait, comme s'il était impossible pour ellui d'envisager quelque chose qui ne soit pas abominable.

« Il y en a qui résistent bien. D'autres... Eh bien, disons que l'on a des prisons pour les plus féroces. On n'appelle pas ça les « neuf cercles de l'enfer » pour rien. »

Il ricana, comme si il avait dit quelque chose de drôle, ou du moins il le fit jusqu'à ce qu'il ne remarque l'expression confuse de Livie. Une fois cela fait, il s'arrête tout net, la dévisageant avec insistance, son expression passant à une incrédulité totale.

« … Attends, tu ne sais pas tout ça...? »

Les joues rougies, le séraphin se racla la gorge et détourna la tête, non sans honte, ressentant soudainement l'envie de se cacher sur ses propres ailes. Livie n'aurait pas su dire si on ne le lui avait jamais dit ou si iel ne s'était pas montré.e assez attentif lorsqu'il avait fallu écouter les autres, alors iel ne préféra rien dire, ce qui suscita encore plus de frustration chez son vis-à-vis. Ce dernier soupira de frustration, laissant échapper un bref grognement tandis qu'il se massait l'arrête du nez.

« Mais qu'est-ce qu'ils vous apprennent, là-haut ? Les accords de la septième symphonie de Beethoven en boucle ?
- ... Plutôt la deuxième. E-et je suis très doué en chœur ! »

Livie avait répondu avec un enthousiasme tout naturel, un grand sourire sur le visage, les pommettes relevées. Iel était si fier.e de faire part de cette information qu'il n'avait même pas envisagé que cela puisse être inapproprié sur le moment, et affiche donc une mine surprise, et un peu déçue, face à l'expression totalement neutre et désintéressée de son interlocuteur. Ce dernier, après plusieurs secondes, se racla la gorge, comme pour signifier qu'il était temps de passer à autre chose. Embêté.e, Livie se serait presque mis à bouder.
M-mais... Mais je suis vraiment très doué.e, c'est vrai !

« L'enfer est comme un amas de cercles. Plus tu descends, plus tu te rapproches du centre ; chaque étage est un cercle. Et chaque cercle est gouverné par un Général. »

L'ange hocha diligemment de la tête pour faire signe qu'iel avait compris, ce qui tire un très discret sourire au démon. Il continua sur sa lancée.

« Plus tu te rapproches du centre, plus tu te rapproches des centres de commande. Et, par conséquent, de la source la plus intense de la Malédiction. »

Natsume grimaça très légèrement, passant une main sur sa nuque comme pour chasser une intense envie soudaine de se gratter.

« Autant dire que si tu n'es pas très résistant, il ne faut pas bien longtemps avant que ton âme ne soit plus qu'un résidu de corruption. Auquel cas, l'enfer te mange tout cru, et tu n'es plus toi. Mais entre temps, la Malédiction affecte l'apparence et l'essence, oui. »

Livie sentit sa gorge se nouer. La seule évocation de l'Enfer lae mettait profondément mal à l'aise, alors l'idée même que l'endroit puisse « avaler » une âme faisait remonter des frissons de révulsion et de malaise le long de sa colonne vertébrale pourtant purement physique. L'autre, toutefois, énonçait cela comme si il s'agissait de décrire un vague phénomène physique, hochant des épaules comme pour dire un « bah c'est comme ça » pas très enthousiaste. Sa mine s'assombrit toutefois, très légèrement, même si il parlait avec le même ton neutre.

« Certaines personnes se laissent corrompre, mais leur volonté est tellement puissante que quelque chose subsiste toujours. Ils ne sont plus vraiment eux-mêmes, mais en même temps, ils ont encore le contrôle. Et ce ne sont pas ceux-là que tu aimerais croiser, je te le promets. »

Si il glousse, l'air de rien, Livie ne peut pas dire qu'iel est parfaitement à l'aise face à ses propos ; et en même temps, comme le lui répétait sa conscience, c'était un démon, alors il fallait définitivement qu'iel arrête de s'attendre à un comportement sain (l'homonymie lae ferait rire si iel avait de l'humour sur ces choses-là) de sa part. Dans les faits, Livie ne partage pas du tout la décontraction de son homologue et souhaiterait ardemment que cette petite marche se raccourcisse au plus vite. Les paroles de l'autre reviennent dans sa tête, petit à petit, et Livie est forcé de constater que quelque chose cloche. Embêté.e, iel fronce les sourcils.

« … Alors, ce n'est pas la noirceur de votre âme, qui vous affecte ? »

Le séraphin n'avait pas le souvenir d'une pareille chose, ou du moins, personne ne l'avait dit. Iel était très sérieux, d'ailleurs, car iel ne prenait pas les contradictions de ses supérieurs à la légère, mais pour iel ne savait quel raison, sa question eut pour effet de tirer un long gloussement au démon. Agacé.e, Livie grogna avec mécontentement, n'appréciant pas d'être la punchline de la blague, ce qui sembla, cette fois, susciter la pitié de son interlocuteur. Ce dernier la considérait maintenant avec une moue mi-moqueuse, mi-amusée sur le visage, les yeux luisant de malice.

« Non, pas nécessairement. C'est plus compliqué que ça. Mais, « la noirceur de notre âme », sincèrement ? »

Sa taquinerie fit rougir les joues du séraphin aux cheveux blancs. Gêné.e, iel détourna les yeux, marmonnant quelque chose qui devait très vaguement ressembler à un « oui bon ça va ». Pour autant, à sa grande surprise, l'autre finit par reprendre la parole, plus détendu.

« Ça joue énormément, toutefois. Si ton tempérament s'y prête, autant dire que cela ne prendra pas longtemps. »

Probablement qu'il avait des histoires à raconter, vu la manière qu'il avait de le dire, mais Livie n'était pas trop intéressé.e. À la place, c'était tout autre chose qui suscitait son attention, car toute cette conversation ne venait pas de rien, à la base. Remarquant qu'il avait réussi jusque là à dévier le sujet, Livie plissa des yeux, osant relancer le sujet avec une audace boursouflée par la curiosité.

« Et toi, est-ce que ta forme réelle est... ?
- Ça, c'est un secret, Angelot. Je ne te demande pas de me montrer la tienne, que je sache. »

... Même moi, je ne sais pas à quoi elle ressemble.
Iel ferma la bouche, n'osant pas le dire. Si la réponse du démon l'avait frustré.e en premier temps, la suite avait réveillé en son sein une vieille angoisse, qui agita suffisamment son ventre pour lae rendre muet.te. On lui avait dit qu'il était normal de mettre un certain temps à se découvrir pour pouvoir saisir les contours réels de sa grâce : en revanche, iel avait aussi entendu qu'un ange incapable de le faire, ça n'était pas possible. Alors Livie avait attendu, et attendu. Et quand attendre devenait trop suspicieux, iel prétendait avec un sourire : personne n'irait vérifier, après tout, si iel n'était pas capable de la manifester. Ici aussi, iel préfère faire comme si. Étrangement, l'idée que le démon lae sache « défectueux.se » ne lui plaisait pas vraiment.

« De toute façon, on a pas le temps pour ça. Regarde. »

Sans qu'iel ne s'en rende compte, leur chemin les avait mené jusqu'à un arbre, bien plus grand et bien plus massif que ceux qu'ils avaient planté, qui devait sans doute être un chêne (Livie n'en était pas sûre, et iel préférait éviter de dire une bêtise de peur de se prendre un regard mauvais de son vis-à-vis.
Au début, d'ailleurs, iel ne comprit pas le sens du coup de main de l'autre pour désigner quelque chose, ne voyant pas nécessairement de quoi il voulait parler. L'ange manqua presque de lui demander si il n'avait pas finalement fini par « péter un plomb » (quelque chose auquel iel s'attendait en permanence), mais iel se tut en étant un petit crissement, semblable à un cri animal. Surpris, iel fronça les sourcils avant de baisser le regard ; devant ses yeux étonnés, et sur une petite table qui se trouvait à quelques pas de l'arbre (et qui n'avait pas l'air d'être une table de pique-nique, d'ailleurs), se trouvait un écureuil immobile, sage, en train de grignoter une noix beaucoup trop grosse pour lui.

Livie mit un temps à saisir ; ou du moins, plus de trois ou quatre secondes passées à l'observer, ce qui n'était probablement pas très fameux pour son intelligence. Puis, après ce laps de temps, sa mâchoire s'abaissa, sa bouche s'ouvrit sous le coup du choc et ses yeux s’illuminèrent de petits lueurs émerveillées. Iel se tourna timidement vers le démon, qui fixait la scène avec un petit rictus en coin. Interdit.e, iel osa tout juste parler.

« … Est-ce que c'est... ?!
- J'ai dû farfouiller deux ou trois fois, et discuter un peu, mais je crois que c'est celui-là. Le bougre est né avec trois pattes. Il y a exactement deux mois. Enfin, si mes contacts ne m'ont pas menti. 
-… M-merci ? »

Iel ne savait pas vraiment comment répondre, alors iel avait balbutié un remerciement qui était bien peu de choses comparé au profond soulagement qu'iel ressentait actuellement. C'était comme si sa poitrine s'était soulagée d'un poids qui s'était installé progressivement, et qu'iel n'avait même pas vu s'installer avant qu'il ne disparaisse. En observant le petit animal qui semblait bien inconscient de tout ce qui se passait, l'ange se serait presque mis à pleurer. Devant cette démonstration d'émotion vives, le démon se racla la gorge, détournant le regard avec un embarras certain, gigotant presque sur place.

« Je t'ai dit qu'on le trouverait, commence pas à me remercier. »

Livie ne comprit pas vraiment pourquoi il se comportait ainsi, tout à coup, et iel porta sur lui un regard curieux, un peu incrédule quant au fait qu'il puisse être gêné par le fait d'être remercié. Par ailleurs, il y avait de fortes chances qu'il ne reçoive aucune réponse, alors iel n'insista pas, se contentant de sourire légèrement, se sentant plus joyeux.se. Durant un instant, l'autre en esquissa le bout d'un aussi, mais iel ne le remarqua pas, trop occupé à caresser l'écureuil, des lueurs émerveillées dans les yeux.


Dernière édition par Segnif le Mar 23 Juil - 22:40, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeDim 30 Juin - 5:10


« Hé, dis... Tu as rempli ta part du marché, non ? Alors pourquoi est-ce que tu es toujours là ? »

Iel l'avait demandé distraitement, sans vraiment y réfléchir, en relevant le regard durant quelques secondes de la petite bête qu'elle s'efforçait de protéger. Il faut dire que la tâche, somme toute excitante au premier abord, était vite devenue ennuyeuse dès la sixième heure : globalement, un écureuil ne faisait pas grand chose d'autre que se nourrir, manger et se dissimuler des autres prédateurs, ce qui limitait considérablement l'excitation possible de ses journées. Alors, inévitablement, il lui arrivait de penser à autre chose.
La pensée était passée par sa tête sans grande raison, alors qu'iel avait remarqué la présence du démon, couché sur une table de pique-nique et occupé à jouer avec iel ne savait quoi (quelque chose, qui, en tous cas, semblait l'amuser de tripoter pour qu'il fasse des petits bruits de « clics » réguliers). Depuis son arrivée, il n'avait rien dit, se contentant de malmener son joujou avec insistance, la mine renfrognée et les traits serrés en une expression qui devait sans doute être de la concentration. Ayant déjà expérimenté le fait d'aller lui poser tout un ensemble de questions pour savoir ce qui lui passait par la tête et finir par se prendre un croche-pattes entre deux mots, Livie avait préféré se tenir à l'écart. Ou du moins, c'était le plan, jusqu'à ce que, se rapprochant pour aller suivre du regard quelques éclats d'orange sur l'eau du lac, cette pensée s'échappe de ses lèvres.

Ce qui était sûr, c'était qu'iel s'était attendu à une réaction ; certainement pas à son absence. Livie avait remarqué, rapidement, les traits de l'autre se crisper, puis se détendre en une telle démonstration d'indifférence qu'iel n'avait pas pu s'empêcher de se dire que c'était particulièrement étrange. Pour autant, avant qu'iel ne puisse reprendre la parole pour insister, l'autre avait répondu en marmonnant, refusant obstinément de bouger de la tête.

« Tu es dans mon parc. Je m'assure que tu ne fasses pas n'importe quoi. »

La sécheresse de sa voix voulait sûrement dire qu'il s'attendait à ce que l'autre n'insiste pas, mais l'ange, bien incapable d'évaluer correctement des chances de réussite ou même de prendre en compte les risques, se contenta d'esquisser une moue boudeuse. Amusé.e par la réaction de son vis-à-vis, iel sourit malicieusement, se tirant auprès du démon pour venir appuyer sur sa joue, sans crainte aucune.

« Alleeez ! Tu mens, c'est écrit sur ton visage ! 
- Mon visage ne va pas tarder à t'arracher un doigt, si ça continue, Bichon. »

Il avait grogné plus brusquement, cette fois, lui jetant un regard mauvais qui devait sûrement avoir valeur d'avertissement, et Livie ne doutait pas un instant de sa capacité à agir, mais iel ne se sentait pas vraiment en danger, dans le fond. Inconsciemment, iel en était venu à se dire, ce qui allait tout de même sacrément contre tout ce qu'on lui avait appris et tout ce qu'iel avait lui-même fait auparavant, qu'il ne risquait pas grand chose en sa présence, si ce n'est peut-être des tympans physiques percés et quelques traces de morsure quand iel exagérait. Alors, sans grande crainte, Livie se permet d'insister encore, son sourire se faisant plus large alors qu'iel étouffe quelques gloussements moqueurs, plus vraiment très crédule face aux gesticulations de l'autre.

« Mais t'es un démon ! Vous mentez tout le temps ! 
- Quoi, du haut de la noua-rceuu-re de notre âme, à moi et mes confrères maléfiques ?

Son sarcasme lui tire un léger rire ; Livie n'a pas la moindre idée de si c'est volontaire ou non, mais dans tous les cas, vu le ton excessivement dramatique de son interlocuteur, l'ange a bien du mal à ne pas le faire. Rapidement, iel éloigne sa main pour qu'elle ne finisse pas piégé dans un bloc de dents effilées, gloussant malgré ellui, car « l'offensive » n'était pas bien rapide : et pour avoir goûté à ses tentatives, qui n'avaient certes pas du tout l'objectif de blesser, plus honnêtes, Livie savait bien que l'autre faisait majoritairement ça pour jouer. La poitrine légère, iel prit un ton des plus goguenards, minaudant presque.

« C'est l'écureuil, c'est ça ? Il est tellement mignon qu'il va purifier ton âme salie !
- Mais reste poli, je t'en prie ! Ça suffit, avec ta discrimination ! »

Il râle, peste, grommelle, mais Livie entrevoit quelques éclats d'amusement dans le creux de ses yeux, et l'inflexion nerveuse de ses lèvres desquelles il tente de retirer le sourire. Devant sa tentative de se relever pour venir ébouriffer ses cheveux, Livie choisit de battre soudainement des ailes, l'enfouissant dans un nuage de plumes ; et vu les « pouah » répétés et autres « GMRLgrlggm », le séraphin pouvait estimer que c'était réussi. Riant sans grande honte, iel ne cacha pas ses sursauts d'hilarité en voyant le démon rouler excessivement des yeux pour tourner le dos subitement, la tête cachée dans son propre cou, en train de grogner iel ne savait quoi. Amusée, le séraphin lui donna quelques petits coups de coude pour le dérider, quand bien même iel avait remarqué la manière dont son corps semblait détendu, paisible, loin de la crispation de quelqu'un qui serait véritablement énervé.
Pendant une ou deux minutes, leurs chamailleries se calmèrent progressivement, se faisant plus légères, plus calmes, plus douces, jusqu'à ce que les derniers sons de gloussement ou de chigneries ne finissent par mourir tranquillement entre deux souffles de détente. Tranquillement, le séraphin s'était positionné sur un coin de la table, quelque peu serré sur lui-même de par l'effet de la place que prenait le démon de son côté (mais pour une fois, il ne le virait pas avec un coup de pied, ce qui était un progrès). Iel devait avouer, quelque part, qu'iel se sentait plutôt bien, à l'heure actuelle, et la constatation ne lae dérangeait pas plus que ça, comparé à ces dernières semaines où iel avait tendance à se faire culpabiliser dès lors qu'iel riait même à une de ses plaisanteries (et d'ailleurs, elles étaient si nombreuses que c'était un peu étrange, quand iel y pensait).

Vers dix-neuf heures, quand vient le moment où les derniers humaines quittent progressivement les lieux, le parc se fait plus calme, plus silencieux, de temps à autre perturbé par par des croassements d'oiseaux et de rongeurs. Livie se surprend même à se laisser aller, sans presse, à ce calme progressif. Il a quelque chose de reposant et de familier, presque semblable aux instants de tranquillité des plaines célestes, qui lui permet de sentir plus à l'aise. Détendu.e, iel ne s'attend pas nécessairement à ce que l'autre prenne la parole.

« … Tu me rappelles une amie. »

Livie avait cru avoir rêvé, au départ. C'est-à-dire qu'iel ne s'attendait pas à entendre parler l'autre, et que sa manière de prendre la parole, d'une voix morne, discrète mais plate, comme si il énonçait une évidence dont il n'aimait lui-même pas se rappeler, lui fit presque voir qu'iel avait mal entendu. Entre deux souffles de vent, l'ange cligna des yeux, étonné.e et perturbé.e pour iel ne savait quelle raison, sentant quelque chose dans son estomac s'agiter à ses propos. Livie résista à l'envie de demander un « tu as des amis ? » qui, iel le devinait, serait mal passé, mais la pensée ne lui était pourtant jamais entrée en tête.
Iel n'aurait pas su dire quoi exactement, mais il avait senti comme une pression, un poids, comme un implicite lourd qu'il sentait dans l'air autant que sur les épaules de son interlocuteur. Il avait parlé calmement, comme si il énonçait un fait, mais Livie avait senti sa grâce frémir, sans nécessairement savoir si il s'agissait de son empathie ou d'une réaction autre. Interdit.e, le séraphin n'avait pas réagi sur le coup, n'osant pas aller au delà d'une ligne qui ne demandait pas nécessairement à être dépassée, et dont il peinait toujours à voir les limites avec l'autre, puisque ce dernier ne les éclaircissait jamais vraiment, alternant entre des phases positives et négatives. Pourtant, son silence et le fait qu'il n'ait pas encore disparu entre deux coups de vent l'enhardit assez pour que, tournant légèrement de la tête, iel ose reprendre la parole avec lenteur et prudence, comme si il s'approchait de quelque chose qui s'envolerait au moindre geste brusque. En même temps, de souvenir, c'était bien la première fois que son interlocuteur concédait discuter de quoi que ce soit qui soit plus personnel qu'une plaisanterie discutable.

« Est-ce que c'est une... Bonne chose ? »

Livie ne sait pas si iel devrait l'interroger davantage, déjà bien incapable de mettre les mots sur l'étrange mélange, ni désagréable, ni agréable, qui s'était mis à bourdonner dans sa poitrine après ses derniers mots. Comme un vide qui aurait pu se combler de chaleur ou de froideur, mais qui ne laissait que la sensation de son absence au creux de ses côtes. Malgré cela, pourtant, iel avait ressenti le besoin de le faire, comme une impulsion lancée du fond de ses tripes, et qu'iel n'aurait pas pu arrêter, quand bien même iel l'aurait voulu.
L'autre garda le regard vaguement porté sur un point invisible dans le ciel, l'air vague, peu concentré. Il y avait, en outre, cette lueur d'hésitation dans ses yeux, que Livie se surprit à chercher, même en dépit du fait qu'il s'était mis à parler.

« Je sais pas trop. Je ne l'ai pas vue depuis très longtemps, alors... »

Il haussa les épaules, comme pour simuler un semblant de distance et de désintérêt, quand bien même Livie n'en aurait pas été dupe. L'ange avait bien entendu l'hésitation dans le fond de sa voix, moins assurée que d'ordinaire, et dépourvue de cette arrogance qui boursouflait ses mots la plupart du temps. Rien de trop évident, mais suffisant, toutefois, pour que le séraphin le remarque entre les lignes. Ce devait sans doute être l'amertume, d'ailleurs, qui fit se fixer ses lèvres dans une ligne tirée et crispée, donnant également cette inflexion nerveuse.

« Les choses ont changé, je crois. Et moi aussi. »

Il ne développa pas davantage, mais Livie n'en était pas étonné.e. Son ton aurait pu avoir quelque chose de final si il n'était pas énoncé comme un relevé de température, ou une anecdote parmi tant d'autres, ce qui fit plisser les yeux à l'ange. Quelque part, iel arrivait à sentir quelque chose. Une émotion, une sensation qui ne lui appartenait pas, et qui alourdissait son ventre, comme un éclat de froideur perçant jusqu'à son thorax. Livie mit un moment à l'identifier, sa bouche s'ouvrant et se fermant plusieurs fois alors qu'iel cherchait ses mots, la voix finissant par se faire lente, hésitante.

« … Elle te manque ? »

Il lui avait semblé qu'iel était peut-être allé.e trop loin. Livie l'avait vu se tendre, durant l'espace d'un instant, et peut-être que c'était « trop ». « Trop » personnel, « trop » loin, « trop » un peu tout, au delà de ce qui était informel et dont le séraphin peinait à définir des limites claires. Livie ne sait pas vraiment ce qui est acceptable ou non, que ce soit avec un démon ou un de ses alters. Iel n'est même pas sûr.e que parler à un démon soit acceptable. Pour le moment, toutefois, iel l'a plus ou moins oublié, plus préoccupé par ce qui se passe en ce moment, et l'envie sincère de ne pas faire une bêtise, comme si l'idée de commettre une bourde, de par les conséquences que cela provoquerait, lui était déplaisant. Pas parce qu'iel aurait craint une réplique de sa part, ou quoi que ce soit du genre, mais parce qu'iel aurait craint qu'il...
J'ai peur... Qu'il me déteste... ?
La pensée lae fit buguer. Iel n'y avait jamais vraiment réfléchi, mais maintenant qu'iel y pensait, cela faisait sens, et iel sentit sa gorge se nouer, bien incapable de dire si c'était car iel craignait d'avoir commis une faute ou car iel venait seulement de le réaliser. Livie chassa, lâchement, la pensée de son esprit. À la place, ce fut la manière qu'eut le démon d'esquisser un rictus amer, bordé de désabus et de fatigue, qui attira son attention. Il semblait prêt à ricaner, mais le séraphin avait la sensation que cela n'avait rien de l'amusement.

« Eh bien, cela fait très longtemps. »

Il ne répondait pas, en somme. Ou du moins, si il répondait, ce n'était pas direct, pas assumé, pas dit, pas même énoncé. La manière qu'il eut de glousser devait sûrement vouloir dire qu'il connaissait bien la réponse, et qu'elle avait quelque chose de drôle à ses yeux, ou du moins de ridicule. Perplexe, Livie plissa les yeux, se mordant légèrement les lèvres sous le coup de la nervosité.

« Mais, tu pourrais juste aller la voir, non ? »

Livie n'était pas assez idiot.e pour croire que cette question serait utile ; en revanche, iel caressait l'espoir d'entendre la raison qui empêchait une telle action. Sans doute était-ce pour ça que sa voix s'était faite plus douce. Le démon, de son côté, soupira lourdement, quoique un peu désabusé.

« C'est plus compliqué que ça. Je ne suis même pas sûr qu'elle me reconnaîtra.
- Tu pourrais le lui dire, non ? »

Leurs regards se croisèrent et durant une seconde, Livie crut y voir quelque chose. De l'amusement, de l'amertume, une forme refoulée de tranquilitée, ou l'ensemble de ces éléments, qui furent bien vite chassé par une lassitude dure mais molle. Ce dernier grimaça, la mine plus sombre.

« Livie, il y a des choses qui... Des choses qu'on ne peut pas dire, si on ne veut pas faire plus de mal qu'on en a déjà fait. Des fois, ne pas savoir est préférable. »

Sur le moment, le séraphin fronça les sourcils. Iel aurait cru entendre Faust, dans sa manière de décréter des choses, des principes très larges, sans expliquer la corrélation avec la situation actuelle et supposer que cela suffisait, autant comme justification que comme explication. Dans ce cas, comme lorsqu'iel avait approché l'idée d'en apprendre plus sur les anciennes guerres, Livie eut l'impression d'avoir face à soit un brouillard d'éléments qu'iel ne pouvait pas espérer dissiper, et qui le frustrait on ne peut plus.
Il sonnait, maintenant qu'iel y pensait, étrangement défaitiste. Assez, en somme, pour que lae cadet.te plisse les yeux, confus.se, avant de poser une question, d'un ton cette fois hésitant.

« … Tu lui as fait quelque chose de mal ? »

C'était, du moins, ce qu'iel supposait en mettant les éléments bout à bout. Livie n'avait pas réfléchi, écoutant seulement la petite voix dans sa tête, du moins jusqu'à ce que l'autre ne retourne son regard vers ellui, une lueur désabusée dans les yeux, et un rictus amer au bord des lèvres.

« Quoi, pas d'attribution à ma nature maléfique, cette fois ? »

Si c'était de l'humour, Livie n'avait pas l'envie d'en rire, et iel choisit plutôt de garder le silence, la mine sombre. Sans doute devait-il être déçu de son absence de réponse, d'ailleurs, car il détourna presque nerveusement le regard après plusieurs secondes, l'air plus distant.

« … Je crois. J'en sais rien. À l'époque, je me disais que ce serait la meilleure chose à faire, et peut-être que ça l'était. »

Il tapota des doigts sur sa cuisse, la mine plus fermée, les traits de son visage se durcissant même inconsciemment. La manière qu'il avait de poser les yeux sur ellui avant de recommencer à fixer ailleurs sans rien dire avait quelque chose de frustrant, car Livie avait la sensation qu'il réfléchissait à quelque chose qu'il ne dirait pas. Dans cette conversation, l'ange avait l'impression de devoir recoller les pièces d'un vieux puzzle ensemble, sans même être sûr d'avoir plus de trois morceaux du même ensemble. Pourtant, là, inconsciemment ou non, l'autre avait dit quelque chose qui avait attiré son attention, et qui lui fit plisser les yeux, alerte.

« Ça fait... Très, très longtemps ? »

Il parut vouloir répondre, mais il s'arrêta en ouvrant la bouche, lae fixant plutôt d'un air désabusé et las, pour iel ne savait quelle raison.

« Qu'est-ce que cela veut dire, pour toi, « très très longtemps » ? »
- … Plus de vingt ans ? »

Quand Livie y pensait, il était vrai qu'iel ne saurait pas su définir précisément ce que ça veut dire, mais il ne savait pas non plus ce à quoi s'attendait son interlocuteur. Sa réponse, visiblement, devait avoir quelque chose d'amusant, ou de fatiguant, puisque l'autre fut pris d'un pouffement sans hilarité. Quelque chose dedans, d'ailleurs, lui noua l'estomac.

« Quel âge est-ce que tu as, Tipex ? »

Désarçonné, Livie cligna des yeux, ne voyant pas vraiment le rapport, ou même le sens, de ses propos. Confus.e, iel répondit plutôt timidement.

« Je, hm, eh bien... Soixante ans, je crois ? »

Une ombre de rouge passa sur ses joues. Iel se disait, que de visu, l'amusement de l'autre devait être une forme de moquerie par rapport à son âge ; après tout, la plupart des anges étaient millénaires. Et ça, Livie le savait bien, puisque c'était un sujet de moquerie vieux comme le monde, ce qui l'incita, assez impulsivement, à parler de nouveau, plus vivement, comme pour se défendre, un sourire crispé sur son visage.

« On m'a dit que j'avais mis du temps à prendre forme, et que c'était rare. M-mais je ne suis pas moins que les autres séraphins, hein ! »

Oui, tu as deux ailes en moins. C'est du niveau d'un chérubin.
Le démon plissa les yeux, l'expression toujours aussi dure, mais iel ne se rendit pas compte, trop perdu dans son petit épisode passager de mépris de soi, que cette dernière semblait plus troublée, cette fois. Se rendant compte de son propre malaise, Livie tenta, certes maladroitement, de reprendre le contrôle de la situation, notamment en se raclant la gorge d'une manière excessivement bruyante.

« Mais ne change pas le sujet ! Tu restes parce que je te... Te rappelle quelqu'un ? »

C'était, après tout, le détail le plus important à ses yeux, même si, au vu de la mine désintéressée du démon, ce dernier semblait peu tenté par le fait de lui en parler davantage. Ce, et même en dépit du ton impérieux du séraphin. Il claqua de la langue avant de lever les yeux au ciel.

« Ça, et c'est mon parc. »

Livie aurait bien grogné qu'iel n'avait pas envie de passer 150 ans avec ses excuses, mais iel n'en eut pas le temps.

« Aussi, ton écureuil se fait la malle. »

Alerté, le séraphin se retourna vivement, tout ça pour remarquer oui, l'autre avait bien raison, et que ce maudit rongeur était déjà de se précipiter loin, très, très loin de son champ de vision. Paniqué, Livie se leva rapidement pour tenter d'aller le pourchasser.

« A-ah ! N-non, non, reviens-là ! Vilain ! »

Quand iel était revenu, l'autre avait disparu ; cette fois, toutefois, Livie s'y attendait. L'amertume, en revanche, était une surprise.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeDim 30 Juin - 20:30


« … Est-ce que les démons ont des émotions ? »

Probablement qu'un compte-rendu n'était pas le meilleur moment pour poser cette question, mais Livie n'avait pas pu envisager d'autres alternatives. Quand bien même iel ressentait une nervosité exacerbée à prononcer de telles paroles dans un lieu céleste, Livie savait également qu'ironiquement, en la présence de son supérieur, c'était également le seul moment où iel pouvait le faire. Jamais Faust ne s'était moqué de ses interrogations, et jamais il ne l'avait, contrairement à d'autres, rabaissé pour ne pas savoir ce genre de choses. Alors, au détour d'une conversation sur le bien-être du rongeur dont iel était chargé, la question s'était échappée de ses lèvres.
Faust avait réagi différemment de ses prévisions, toutefois. Au lieu du sourire bienveillant et de sa mine tranquille habituelle, il avait froncé les sourcils, l'expression neutre, avant de lae dévisager avec attention. Livie se tendit, ne s'étant pas attendu à un pareil comportement, sa grâce prise d'un soudain doute, craintif.ve d'avoir potentiellement commis une faute, quand bien même iel n'en voyait pas la raison. Le séraphin était certain.e, pourtant, d'avoir senti comme une lourdeur dans l'air pendant quelques secondes, discrètes, mais juste assez présente pour qu'iel envisage de revenir sur ses pas et de bredouiller des excuses. L'éclat ombrageux dans le regard de l'archange, entre outre, ne faisait que l'angoisser davantage.

Contre toute attente, pourtant, l'autre finit par sourire de nouveau, la mine se faisant légère et lumineuse. Aux premiers abords, ce devrait être rassurant : et après tout, elle n'était pas différente de celle qu'il affichait ordinairement. Pourtant, Livie ne pu s'empêcher de se sentir mal à l'aise, comme si quelque chose clochait.

« Bien sûr. Toutes les créatures de la Création en ont. Il ne font pas exception. »

Jusque là, ça n'était pas insensé. Les démons, qu'ils soient des êtres humains touchés par la Malédiction, ayant vendu leur âme ou ceux ayant été bannis en enfer, provenaient de la même essence que toutes les autres créatures existantes. Le séraphin avait eu le temps d'apprendre sa leçon, mais ces temps-ci, iel s'était dit que les grands sermons, les descriptions d'horreurs et autres immondices, étaient quelque peu contradictoires avec le réalité. Ou du moins, l'interprétation qu'iel s'en était fait compliquait quelque peu la tâche. Cette considération, en outre, lui faisait de temps à autre se demander si, dès lors, les exterminer devenait judicieux.
... Mais, si ce sont des créatures comme les autres, alors il est de notre devoir de leur offrir la même compassion, n'est-ce pas... ?
Livie n'osa pas le dire, toutefois, bien conscient.e que cela n'aurait pas été loin du blasphème et qu'il valait mieux qu'iel évite de penser ainsi. Interdit.e, iel resta silencieux, encore plus lorsque l'archange reprit la parole, le ton plus pédagogue, cette fois, comme si il était en train d'essayer de lui apprendre apprendre quelque chose, ou de lui rappeler un principe.

« Mais eux sont gouvernés par leurs émotions et leurs désirs individualistes ; c'est pour ça que ce sont des démons. L'unicité et notre attention pour le Bien de tous est ce qui nous différencie fondamentalement. »

Son ton était affirmatif et ne laissait pas entendre de possible contradiction, mais en même temps, Livie remarquait qu'il tentait de se montrer le plus bienveillant possible. Sans doute fut-ce pour cela qu'iel eut du mal à reprendre de la voix, d'autant plus que le regard de l'autre ne lae lâchait plus, inflexible mais attentif. Même sa voix lui parut plus insistante.

« Quelque chose te tracasse, Livie...? »

Le séraphin retint tout juste un frisson, sentant sa grâce s'agiter de nervosité. Iel eut l'impression, durant une seconde, que l'archange aurait pu lire jusqu'à dans son âme, mais c'était sûrement l'effet de son impressionnabilité, alors iel se convainquit de rester droit.e. Iel s'encouragea même à sourire, la mâchoire crispée en dépit de ses meilleurs efforts. Ses ailes s'étaient faites rigides dans son dos, immobiles et paralysées.

« … N-non, bien sûr que non. Je révisais simplement mes écritures, et je voulais approfondir mes connaissance. »

En soi, ce n'était pas un mensonge absolu ; simplement, Livie ne tirait pas ses interrogations des écritures, et il valait sûrement mieux qu'iel évite d'en faire part à son supérieur. Ou du moins, iel avait la sensation que la bienveillance de Faust à son égard ne serait pas suffisante pour faire oublier la potentielle faute commise. De ce fait, iel ne put s'empêcher de se détendre quelque peu quand iel vit Faust lui sourire à nouveau, plus tranquillement.

« Tu m'en vois ravi. »

Pour la première fois depuis trois mois, Livie fut pressé.e de mettre fin à l'une de ces visites.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeMer 3 Juil - 2:44


« Pourquoi est-ce que tu continues ? »

Clive a l'habitude d'observer. Les voûtes célestes, qu'il avait façonné ; les étoiles, qu'il avait vu s'illuminer et s'éteindre, les mers, dont il avait dessiné les courbes les plus fines et agrémenté les profondeurs. La grâce qui traversait son être autant que la terre, les âmes qu'il observait au détour d'un paradis ou deux, les civilisations qui se faisaient et se défaisaient au cours des millénaires, comme dans un cycle. Pendant longtemps, il avait été persuadé que cela devait être le fait de son assignation, comme une conséquence logique et inhérente.
Des Quatres, il devait être le plus volatile, le plus discret et silencieux. Il n'avait jamais eu l'éclat des trois autres, et il n'avait jamais cherché à l'avoir, leur laissant les tâches glorieuses et les grands éclats de parole. Lui se voyait, la plupart du temps, comme un narrateur, un enlumineur (dont il regrette encore aujourd'hui la disparition malgré ses maints miracles intentés dans le but de les faire réapparaître), à la limite. Il avait la sobriété et l'humilité comme attributs, du moins c'était ce qui lui avait été Dit lorsqu'il avait été façonné dans le même moule que son jumeau. Il s'y était fait, comme il s'était fait au bannissement des déchus et à la Première Guerre.

Des fois, Clive pensait qu'il était peut-être le seul à y repenser.
Personne, évidemment, n'en faisait mention. Oh, bien sûr, bien sûr, il y avait les textes. Les écritures, les grandes déclarations, les Vérités, toutes ces choses qu'il répétait mot pour mot, diligent à sa tâche de Messager. C'était à lui de répandre la parole céleste, alors il la répandait, sans une protestation, sans une question, sans un murmure de plus. Il était le deuxième des Quatres, l'archange majeur dévoué à la Vérité et à la Force, dévoué à son assignation. Là où Faust, l'aîné d'entre eux, était l'archange majeur de la Miséricorde et du Bien, où l'archange majeur que les mortels appelaient Raphaël était dévoué à la Guérison et à la Compassion, et où le dernier d'entre eux, eh bien... Fut un temps, la lumière qui rayonnait au sein du paradis était moins terne. De temps à autre, Clive se surprenait à ressentir une nostalgie de cette époque, mais il ne se serait jamais permis de le dire. Dorénavant, ils n'étaient plus quatre à siéger dans la Voûte Suprême, assistés par les archanges mineurs du Conseil Céleste. Ironiquement, pourtant, Clive savait qu'ils se croisaient moins ; et il ne cherchait même pas à cacher ses tentatives de distanciation. Tant qu'il accomplissait sa tâche, après tout, personne ne viendrait le chercher. Comme tous les autres archanges, il dirigeait ses troupes et se contentait de son assignation.
La Vérité devait sortir de sa bouche, exulter de sa grâce et imbiber ses yeux ; ou du moins, c'était ce qui avait résonné dans son âme lorsqu'il avait été créé avec le reste de l'Univers, avant même que ne viennent le Temps et l'Espace. On lui avait dit qu'il était l'archange de la Force, spirituelle, mentale, physique, « celle qui pourfend le mensonge ». Gabriel, qu'il avait été appelé, parmi cent autres appellations. Elles ne lui avaient jamais vraiment convenues, alors il en avait changé, de siècle en siècle. Peu appréciateur des immuabilités, il s'était contenté de ce qui lui semblait acceptable au fur et à mesure, au cours des fluctuations du temps.

Mais au cours de ces fluctuations, il lui arrivait de se demander, de temps à autre, si il était le seul à repenser à cette époque. Car il avait parlé, il avait diffusé la parole céleste, la Vérité telle qu'elle devait être connue, et tous s'en étaient suffi, car c'était ce qui était acceptable. Ceux qui auraient pu ne pas le faire, de toute façon, avaient déjà été chassés. Le besoin de débattre n'existait pas, puisque c'était écrit, alors chercher à en débattre devait sûrement avoir avec un blasphème. Ou quelque chose du genre ; il n'était pas responsable du Bien comme l'était Faust, alors ce n'était pas à lui de juger.
Pourtant, la question passe dans son esprit plus souvent qu'il ne voudrait l'avouer. Depuis plus de cinq millénaires, elle est comme suspendue dans l'air, invisible mais lourde, aussi rampante que les questions qui avaient égrainé les rangs du Paradis après la première Chute. Bien évidemment, personne ne la lèvera ; rares étaient ceux qui avaient suivi l'étoile du matin, et plus rares encore étaient ceux qui risqueraient de chuter à leur tour. Clive, étrangement, en est déçu. Quelque chose s'agite dans son être, bourgeonne dans sa grâce, lorsqu'il voit tous ses alters s'incliner et se soumettre devant la parole céleste. Il ne saurait mettre les mots sur ce qui le trouble de cette manière, mais depuis quelques décennies, le murmure dans le fond de sa conscience se fait plus fort.

Il n'a pas le droit de se permettre d'hésiter, et sûrement pas devant les autres ; Faust lui avait déjà dit plus d'une fois qu'il serait dangereux de planter les graines du doute dans les esprits à nouveau. Leurs rangs se remettaient encore tout juste, cinq mille années après, du conflit qui avait décimé de part et d'autre. Ou du moins, c'était la raison qu'il avait entendu de sa bouche. Dans son regard fuyard, toutefois, Clive avait vu une étincelle de peur. Il ne lui aurait pas fait l'affront de lui demander d'où elle venait ; malgré tout le temps qui s'était écoulé, la simple évocation de la Première Chute et des actes qu'il avait dû effectuer pour aller contre la Rébellion continuaient de le faire tressaillir de crainte. Il pouvait bien tromper leurs subordonnées du fait de sa puissance, mais Clive n'était pas dupe des frissonnements presque imperceptibles de sa grâce, trop semblable à la sienne, trop liée, pour qu'il ne la sente pas résonner dans son être.

Il n'était pas dupe non plus de son indifférence affichée à ses propos. De la manière dont il avait de lever paresseusement le regard vers lui, ses six ailes battant doucement dans l'air qui n'existe pas, le regard lent, désintéressé. Liviel venait de sortir, trop brusquement pour que quiconque soit trompé par sa tentative de dissimulation. Lentement, Clive avait dissipé l'ombre qui cachait sa présence et s'était avancé tranquillement, la voix curieuse.

« Tu vois bien, pourtant, où cela pourrait mener. »

L'archange du Bien s'était immobilisé, considérant le sol d'eau intouchée et ses reflets célestes.  Le ton de son vis-à-vis n'est pas accusateur ou culpabilisateur, mais Faust sent bien, pourtant, l'implicite de ses propos. Si le Messager était un habitué des vérités vives et brusques, il avait dans le privé cette tendance poussée à la maïeutique ; une sale habitude qui ne l'avait jamais quitté, et qui semblait même s'aggraver depuis la fin de l'Antiquité. Le pauvre bougre devait être nostalgique de l'académie de Platon, mais Faust ne se sentait pas soudainement pris d'une compassion digne et magistrale. Le regard plus dur, il se contenta de l'ignorer, la voix ferme.

« Je contrôle la situation. Cette fois, je sais ce que j'ai à faire.
- Tu savais ce que tu devais faire, aussi, il y a cinq mille ans. »

La pique eut le mérite de le faire se crisper, mais Clive n'était pas assez naïf pour croire qu'il avait suscité chez lui autre chose qu'un vague agacement. Il sait, après tout, à quel point le sujet peut énerver et crisper son frère, mais il l'aborde malgré tout, dans une tentative somme toute assumée de le questionner. Il était, après tout, le principal chef de la milice céleste depuis toujours, et que l'on lui rappelle cet échec n'était pas de son plaisir. Plusieurs fois, Clive s'était demandé si il s'agissait d'orgueil ; il avait eu tort. Il s'agissait, en revanche, d'une plaie purulente, et d'une tendance à l'erreur que le deuxième archange n'était pas sans penser répétitive.
Il s'avance encore un peu, esquissant un signe de le main pour laisser apparaître une chaise contre la table où son interlocuteur considère ses rapports. Presque contemplatif, il appuie son front dans sa propre paume.

« Mais je ne crois pas que la situation s'en soit trouvée améliorée.»

Le poignet de l'autre se crispe, et lentement, le regard bleu de son aîné (de quelques millièmes de secondes, mais tout de même) se relève, plus orageux. Son mauvais tempérament était un secret de polichinelle, mais Clive n'en craignait rien. L'époque où ils se battaient pour un rien était passée depuis longtemps déjà. Pour autant, il perdait patience.

« Si tu as quelque chose à me dire... »

Le second hocha négativement de la tête, l'expression sereine.

« Je suis simplement confus devant ton obstination. Considérer le passé te serait pourtant d'une grande aide. »

Il sait que l'autre n'aime pas qu'il lui parle ainsi. Et pour être honnête, Clive n'en est pas très appréciateur non plus, plutôt. Il n'aime pas l'idée de le laisser ainsi, pourtant, à le laisser se torturer l'esprit comme il le fait en permanence, en niant à moitié, toujours profondément ancré dans le déni. Il n'y avait pas plus obstiné, de toute façon, mais, si il se permettait à quelques médisances, il dirait que ce n'est pas entièrement de sa faute ; lorsqu'on vous a convaincu toute votre longue, longue vie que vous devez être la représentation du Bien, dévier de ses entêtements devenait plus compliqué.
Pour autant, la lueur mauvaise dans son regard est son seul fait.

« Je ne m'attendrais pas que tu comprennes grand chose à la miséricorde. »

Son ton mordant lui tire tout juste un roulement d'yeux, tout comme son sarcasme. Sa manière de se réfugier derrière les officialités depuis quelques centaines d'années commençait à devenir enquiquinant, assez du moins pour que Clive ne soit pas dupe. Il ne le laisse pas s'en tirer, tournant légèrement de la tête pour l'observer en plissant les yeux, l'air plus sévère.

« Est-elle pour ellui, ou pour toi ? »

Si l'autre archange semblait vouloir répliquer, il ouvrit la bouche et se tut, ses ailes s'immobilisant légèrement. Clive sait qu'en appuyant sur son égoïsme potentiel, il obtiendra potentiellement quelque chose, encore plus à ce sujet. Il est sensible, et il sait l'affection que porte son jumeau à son protégé.e, alors il espère le faire réagir. Pour autant, il se renferme comme un mur, inflexible, froid et ferme, ses doigts tapotant la table sous le coup de l'agacement.

« Tu veux t'interposer ? »

Sa manière de poser sa question et la lourdeur soudaine de son regard, indiquèrent à l'autre qu'il attendait de lui une réponse rapide, comme si il n'appréciait pas de ne pas être au clair sur les sous-entendus qui imbibaient leur conversation à l'heure actuelle.
Clive hocha à nouveau négativement de la tête, la mine neutre mais plate, presque amère.

« Non, non. Ne me demande plus de prendre parti. »

Son ton s'est presque fait sec sur la fin, et il ressent une pointe de satisfaction en sentant la grâce de son aîné tressaillir face à cette pique de rappel. Tout au plus releva-t-il le regard, contemplatif.

« Disons que je suis curieux. 
-  Alors reste curieux, et laisse-moi faire. »

Il était parti comme un courant de vent, ne laissant derrière lui qu'une brise vive et l'éclat d'une plume blanche s'étalant dans l'eau, de sel. Clive, dans un soupir las, laissa ses six ailes se détendre, considérant la position où se trouvait auparavant son aîné avec inquiétude.
C'est bien ce que je crains, oui.
Revenir en haut Aller en bas
Segnif

Segnif


Messages : 356
Date d'inscription : 21/07/2017

UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitimeJeu 4 Juil - 0:19


« Pourquoi est-ce qu'on est là ?
- Parce que je t'ai très gentiment aidé, et que je ne te demande pas la mer à boire. 
- Mais je te dis que si ils apprennent que j'ai rendu service à un démon, ils vont me... !
- Personne ne l'apprendra, cesse donc d'en faire des tonnes. »

Livie grommelle, gigotant nerveusement sur place, le haut de ses ailes s'agitant maladroitement sous l'effet de sa frustration grandissante. Obligé.e d'endormir son écureuil pour le garder sous yeux dans le but qu'il ne lui arrive rien, le séraphin avait suivi le démon lorsque ce dernier lui avait dit de le faire, jusqu'à un coin reculé du parc, éloigné des chemins de promenade. Au début, iel n'avait pas très à l'aise avec l'idée ; tout particulièrement puisque l'autre avait entièrement refusé de s'expliquer. Cette hésitation était devenue une frustration de plus en plus nette au fur et à mesure que l'autre chassait ses inquiétudes comme si elles n'étaient rien.
En outre, l'indifférence apparente du démon quant à la possibilité que quelque chose tourne mal de son côté lae vexe assez pour qu'iel résiste difficilement à l'envie de disparaître subitement pour faire les pieds aux autres. Déjà que Faust lae regardait étrangement, depuis quelques jours... Iel n'osait imaginer ce qui pourrait arriver si jamais l'on apprenait qu'il avait accepté d'aider un démon. D'accord il avait promis que ce ne serait rien de « mal », mais avec toutes les précautions qu'on lui avait dit de prendre avec eux, leurs mensonges, leurs ruses et leurs... leurs trucs de démons, là ! Livie estimait qu'iel avait bien raison d'être quelque peu crispé, ce qui ne s'arrangeait pas au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient sans qu'aucun progrès ne soit fait. Vexé.e, iel se releva brusquement de la table où iel était assis.e, offrant à son interlocuteur un regard des plus mauvais.

« Je ne vois pas ce que tu t'attends à  ce que je fasse ici-... »

Un vieux sac à dos un peu écorché passa au travers d'ellui aussi subitement que promptement, et Livie sur tut immédiatement. Iel an avait presque oublié qu'ils étaient invisibles aux yeux mortels, à l'heure actuelle, mais quoi qu'il en soit, iel ne s'attendait certainement pas à ça. Surpris.e, l'ange détourna la tête vers la source de l'objet pour découvrir un adolescent. Absolument inconscient de ce qui se trouvait autour de lui, le gamin, qui ne devait pas avoir plus de seize ou dix-sept ans, passa une main rapide dans ses cheveux rouquins ébouriffés avant de s'étaler de tout son long sur la longue chaise de la table. Il colla derrière lui quelque chose qui ressemblait à un anorak pour s'en faire un oreiller avant d'y poser la tête et d'esquisser un sourire satisfait.
Le sourire satisfait de l'autre créature surnaturelle fut suffisant pour que Livie, en l'examinant d'un coup d’œil, comprenne qu'il était plutôt content de le voir ici à l'heure actuelle. En fronçant les sourcils, iel lui intima silencieusement de s'expliquer, ce qu'il fit avec un air on ne peut plus mielleux.

« Il vient là toutes les semaines. »

Comme si c'était suffisant pour que j'y comprenne quoi que ce soit !
Grommelant dans sa barbe inexistante, l'ange dévisagea le nouvel arrivant, esquissant des pas hésitants autour de lui, les yeux plissés. Il avait l'air on ne peut plus banal, et c'était justement ce qui intriguait le séraphin. Iel ne voit pas, au premier coup d’œil, ce qui pouvait intéressait le démon. Quelque part, une petite part de son esprit lui intimait que ce n'était probablement rien de bon, ce qui lae mit assez mal à l'aise pour qu'iel jette des coups d’œil inquiet vers l'autre. Le remarquant, Natsume roula excessivement des yeux, claquant même de la langue pour exprimer son mécontentement face à une pareille suspicion. Les bras croisés autour de sa poitrine, il exécuta un petit signe de la main pour lui faire signe de se détendre un peu.

« J'ai besoin que tu examines son âme. Rien d'intrusif. »

La requête eut au moins le mérite de lui faire fortement hausser les sourcils, s'arrêtant temporairement dans sa scène méfiante pour fixer le démon avec une confusion manifeste, les traits plissés dans une peinture même de l'incompréhension. Passant de l'adolescent occupé à se gratter le nez sur son banc à la figure agacée (enfin, vu sa manière de détourner les yeux et de pincer ses lèvres de cette façon) mais sérieuse du démon, iel ne put que s'interroger. Après tout, ne pouvait-il pas le faire ? Il avait beau ne pas être très doué, ce genre de talents n'était clairement pas exclusif aux anges, ce qui lui fit redouter autre chose.

« … Aucun mal ne lui sera fait, n'est-ce pas ? Et pourquoi est-ce que tu ne le fais pas, toi ? »

Livie parle lentement, mal à l'aise. Iel a entendu des histoires sur les âmes subtilisées et volées par des démons, par leur « tendance naturelle » à désirer la malheur d'autrui... Tellement de choses qu'iel ne peut qu'être perplexe face à ce qu'il lui demande de faire et qui ne semble pas nécessairement couler de sens, d'autant plus qu'il s'obstine à ne rien expliquer. Sa méfiance devait être visible, d'ailleurs, avec ses épaules tendues et son regard gris plus perçant, puisque l'autre soupira lourdement. Une main passant négligemment dans ses cheveux ébouriffés, il les ramena distraitement en arrière, des lueurs paresseuses et las dans ses yeux qui se posèrent sur le séraphin, tandis que sa voix, vraisemblablement le reflet de son embêtement, essayait malgré tout de rester cordiale.

« J'ai besoin de savoir si j'ai des raisons de m'inquiéter là-dessus, justement. Mais non, non, je ne compte pas le découper en morceaux et le manger dans ma soupe, si c'est la question. En revanche, je préférerais éviter de une... Une réaction, en m'y prenant moi-même. »

Il ne développa pas davantage, mais sa grimace à peine retenue fit comprendre à Livie qu'il devait ne pas apprécier cette possibilité. Pas plus éclairé.e sur ce que la « réaction » pourrait être, l'ange n'en fut que plus confus, encore plus après ce qu'il avait sous-entendu quand à la possibilité qu'il arrive quelque chose à cet humain. Livie n'en voyait pas vraiment la raison, mais sa curiosité avait été saisie, et dès lors, il ne put que gonfler les joues pour insister silencieusement auprès de Natsume afin qu'il lâche une partie de la vérité. Si ce dernier semblait très bon pour jouer au plus malin en ignorant platement ses tentatives, le fait que cela dure plus d'une minute devait sûrement user de sa patience, puisqu'il finit par lâcher l'affaire dans un grognement exaspéré, le regard mauvais.

« … J'ai des raisons égoïstes et incommodément sentimentales de vouloir qu'il vive assez vieux pour faire ses besoins dans une couche de bébé et radoter sur le bon vieux temps, alors arrête de t'inquiéter. »

Si la moitié de cette phrase ne faisait pas sens à ses yeux, et sa mine interloquée l'exprimait clairement, il y avait dans cette gêne qu'iel sentait bourgeonner en lui assez de sincérité pour que Livie soit tenté.e de le croire. Ou du moins, il semblait être maintenant plus mal à l'aise, comme si il avait hâte que les questions terminent. Rassuré.e, le séraphin esquissa un sourire plus léger et pouffa sans honte, et ce en dépit du regard assassin de l'autre.

« Très bien, mais si jamais c'est un sale tour, je te fais rôtir ! »

... Ou quelque chose du genre. Qu'est-ce qu'on fait, comme punition, par chez nous ?
Sa pensée n'alla bien loin, car iel se retourna vite vers l'adolescent qui semblait s'être perdu dans la contemplation de son téléphone portable, complètement inconscient de la présence de l'ange qui se rapprochait pour se pencher auprès de lui. Curieux.se, Livie le dévisagea pendant de longues secondes. Ses traits lui disaient quelque chose, mais iel n'aurait pas su dire quoi.
Se reprenant quelque peu, iel s'ébroua, laissant à ses ailes le soin de se détendre et de s'ouvrir progressivement. Posant une main douce sur le front de l'adolescent, iel inspira profondément avant d'expirer. Au fur et à mesure de son expiration, une chaude et vive lumière se mit à crépiter autour de ses ailes, avant de revenir progressivement vers son dos, puis ses épaules, jusqu'à ses mains. Bien que la tâche n'était pas supposée être complexe, Livie fut bien forcée de se concentrer comme iel le pu, n'ayant pas l'habitude le faire. Ou du moins, c'était ainsi qu'iel expliquait ses difficultés actuelles. Livie fronça les sourcils en sentant quelque chose, qui devait sûrement être les barrières de l'humain, résister, même faiblement, à la pression de sa grâce.
Mais normalement, je devrais... Je suis si nul que ça... ? Pour un séraphin, ce devrait être facile, pourtant  !

Ne voulant pas risquer de le blesser, iel mit un certain temps avant de se convaincre d'appuyer un peu plus. Au fur et à mesure, pourtant, Livie fut contraint.e de se rendre compte que plus iel insistait, plus iel sentait quelque chose s'opposer à sa présence avec force. Il lui fallut plusieurs longues secondes pour finalement en reconnaître la familiarité, temps aubout duquel Livie écarquilla les yeux, sa bouche s'ouvrant sous le coup du choc.

« … Qu'est-ce que... ? »

Interdit.e, iel se retira vivement, sentant le bout de ses doigts commencer à lae brûler. Éberluée, iel resta plusieurs secondes à observer sa paume brûlante, complètement perdu.e. Les pas derrière ellui, toutefois, lui firent enfin remarquer la présence de Natsume, dont l'expression s'était faite plus sombre. Il semblait sérieux, cette fois, la voix dénuée de sa désinvolture habituelle.

« De la grâce, c'est ça ?

Livie ravala sa salive, reposant cette fois ses yeux sur le visage joyeux du gamin, bien inconscient de ce qui se passait. Au début, iel n'en était pas sûr.e, particulièrement car elle semblait si agressive, mais iel avait bien été forcé de s'en rendre compte à un moment donné. Le fait que l'autre n'ait pas l'air plus surpris que ça, toutefois, lui fit vivement relever la tête. Ceci expliquait certainement sa crainte de faire cette recherche à sa place, mais pas le reste.

« Il y en a un peu, m-mais... Comment est-ce que c'est possible ?!
- Réfléchis deux minutes, Tipex, ça va venir. 

La réponse de Natsume donna durant quelques centaines de centième de seconde l'envie à Livie de l'étrangler. Comment diable (oh, non, non, 'comment' simple suffisait) était-iel supposé deviner ?!
Iel prit sa façon de parler comme une provocation, choisissant de lui offrir un regard des plus mauvais, peu prompt.e à se comporter calmement quand la présence de grâce angélique dans l'âme de cet adolescent le perturbait autant. Bien sûr, les mortels avaient été créé avec un peu de grâce en eux, comme le reste du monde, mais rien qui soit semblable à ça ! Aussi faible qu'elle soit, cette trace était toutefois démesurée comparée à la moyenne, même si elle ne se rapprochait aucunement de celle des anges.

Visiblement conscient que le séraphin n'allait pas deviner, le démon soupira, posant un regard blasé et condescendant sur ellui.

« Les Grigori, ça te dit quelque chose... ? »

Le mot lae fit tiquer. Iel était persuadé de l'avoir entendu quelque part, mais iel n'évoquait chez lui qu'un vague malaise, sans plus. Ou du moins, iel ne voyait pas vraiment le rapport.

« Des... Des anges déchus, non... ? »

Puisqu'ils n'étaient pas ceux qu'iel avait principalement mémorisé, iel devait avouer avoir un trou sur leur historique précis. Voyant que Livie semblait avoir bien du mal à s'y retrouver, le démon reprit la parole, en observant toujours l'adolescent qui s'était tranquillement endormi, son téléphone écrasé sur son visage, la bave aux lèvres.

« Parmi les déchus, il n'y avait pas que ceux qui s'étaient rebellés directement. Enfin, si, mais... Il y avait aussi ceux qui aimaient plus les mortels que le grand patron. »

Il gloussa légèrement, ses lèvres se tordant en un rictus amusé, bien loin de l'expression malaisée de Livie. Ce.tte dernier.e ne put s'empêcher de gesticuler un peu, mal à l'aise, ses doigts triturant négligemment une de ses plumes. Il n'était pas nouveau que placer quiconque, même un autre ange (et c'était tout aussi tabou) au dessus de leur obéissance envers le tout-puissant n'était pas quelque chose d'acceptable. Alors, en plus, dévouer son amour de cette façon... C'était bien plus qu'un blasphème, à ce stade. Pourtant, le démon ne s'arrêta pas, se contentant d'un rictus caustique.

« Et de là, les néphilims sont nés. »

Ce terme-là, en revanche, suscitait chez lui une reconnaissance immédiate. Ouvrant de grands yeux, Livie se tourna vers Natsume, puis vers le gamin, puis de nouveau vers l'autre, complètement interloquée.

« M-mais ! Ils étaient gigantesques et puissants, pas aussi... Aussi banals ! »

Iel esquissa un mouvement de bras pour désigner l'adolescent, complètement perdu.e. Il faut dire qu'iel en avait entendu, mais sous la description de créatures gigantesques, puissantes, qu'il était impossible de confondre avec des êtres humains normaux. En outre, on lui avait aussi raconté qu'ils étaient monstrueux : des « abominations », des « insultes envers l'ordre des choses ». Livie avait donc bien du mal, par conséquent, à croire ce qu'insinuait Natsume.
Ce dernier, devant son exclamation, se contenta de lever les yeux, blasé, claquant de la langue pour parler avec une certaine lassitude dans la voix.

« La grâce s'est diluée avec le temps. Ceux qui ont survécu à la chasse des cieux se sont fait discrets, et ils ont fini oubliés, voilà tout. Et de toute façon, ils n'avaient pas intérêt à prétendre quoi que ce soit sur terre, puisqu'ils finissaient brûlés par les leurs. 
- La... La « chasse »... ? »

Dès lors qu'iel avait entendu ça, le reste de la phrase était passé au dessus de sa tête. Quelque chose avait saisi ses tripes à ces mots, et iel s'était immobilisé.e, crispé.e. Sa voix, presque craintive, posait une question dont iel n'était même pas sûr de vouloir la réponse. Le remarquant, un rictus mauvais et goguenard se dessina sur les lèvres du démon, qui fut pris d'un ricanement mesquin, des lueurs lourdes dans le regard. Même sa voix se mit à minauder.

« Allons. Par chez vous, on ne laisse pas vivre les « abominations », n'est-ce pas ? Ce serait contraire au Bien. »

Livie sentit sa grâce tressaillir légèrement. Immédiatement, iel se tendit complètement, le regard baissé, ne voulant pas croiser l'air satisfait de l'autre.

« Pas la peine de blasphémer. »

Iel préférait le reprendre là-dessus plutôt que de l'affronter sur le cœur du sujet, dont iel se distançait lâchement et rapidement, s'accrochant aux formulations pour ne pas trébucher. Sa manière de couper court, toutefois, ne fut pas comprise de cette façon, ou du moins, Natsume ne s'en préoccupait pas, car un autre détail avait attiré son attention en lui faisant froncer les sourcils et éclairant ses yeux d'une lueur orageuse. L'angoisse nouait la poitrine de Livie, lui donnant progressivement de plus en plus envie de disparaître.

« Je blasphème si je veux, Tipex. J'ai pas signé en bas pour en plus faire des courbettes à l'autre-
- Arrête ça ! »

Le cri avait été si soudain qu'il l'avait même surpris.e. Le démon, de se côté, s'était tu observant l'ange en silence, sans parler, mais sans non plus venir s'enquérir de son état. Quelque chose de chaud et de brûlant, incisif comme une lame de glace, s'était logé dans sa poitrine au fur et à mesure que l'autre parlait. Alors iel avait ressenti le fait d'y mettre fin, portant vers ce dernier une expression courroucée, les dents serrées et les ailes haussées dans une expression de menace implicite. Sa respiration s'est accélérée sans même qu'iel ne le remarque et iel grogne, beuglant presque entre ses balbutiements furieux.

« E-et moi, j'ai pas signé pour que tu dises des méchancetés et des bêtises en permanence ! Tu veux me faire croire des horreurs p-parce que, p-parce que t'es juste un démon frustré et malheureux ! »

Sa dernière phrase se finit en une pique aigue ; presque aussi aigue, en tous cas, que sa respiration. Surpris et visiblement désarçonné, le démon lae fixait maintenant sans cette arrogance dans le regard, l'air vraisemblablement troublé par la colère soudaine et inattendue du séraphin. Il n'y avait plus de moquerie ni de condescendance sur ses traits maintenant, mais simplement une très sincère confusion. Si Livie avait été en état de la voir, iel aurait aussi remarqua l'inquiétude qui agitait ses yeux marrons, mais tout ce qu'iel vit fut le pas qu'il fit vers l'avant, comme pour se rapprocher.
Ce geste lui fit en esquisser deux de recul, levant une nouvelle fois la voix.

« Fiche-moi la paix ! »

Iel disparut dans un claquement d'ailes, sans même une plume derrière lui, les yeux humides et la poitrine lourde de colère. Natsume se retrouva vite seul, lâché pour la première fois en premier avec un silence qui était devenu aussi pesant qu'une pierre.
Il ne bougea pas tout de suite, la gorge nouée. Son regard, toutefois, passa lentement vers la silhouette de l'adolescent endormi, qu'il observa sans un mot, les yeux lourds de regret. Distraitement, il vint passer une main sur ses cheveux pour chasser une mèche qui s'était mise en travers de son visage, un sourire amer au coin des lèvres.

« Tu m'excuseras, Nagisa, mais je crois que vais avoir du mal à tenir ma promesse. »

Le silence lui répondit, et il ne s'en étonna pas. C'était mieux, quelque part.


Dernière édition par Segnif le Jeu 4 Juil - 3:48, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





UA Anges/Démons (Livie, présent) Empty
MessageSujet: Re: UA Anges/Démons (Livie, présent)   UA Anges/Démons (Livie, présent) Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
UA Anges/Démons (Livie, présent)
Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
L'UA de ta daronne :: Entrepot :: UA Anges/Démons-
Sauter vers: