Thérapie de (pas un) couple

« Mais tu pourrais être honnête avec moi, pour une fois ?! »

Le cri ne l'avait pas surpris. Pour tout dire, on aurait même pu croire qu'elle s'y attendait, ou qu'elle n'avait pas perçu la force de son énervement, vu son expression impassible. Les yeux rouges, la gorge enrouée, le cadet avait fini, à force d'une conversation qui ne menait à rien, par ne plus quoi savoir faire d'autre que lever le ton, la voix se brisant sur la fin, comme le début d'un sanglot fatigué.

« J'-j'en ai marre, que tu me dises rien, que tu... Fasses exactement ça ! »

L'adolescent renifle, les yeux embués, devant le silence de sa mère. Depuis son explosion, Natsume n'a pas dit un mot. Les épaules tremblantes, il arrive tout juste à ravaler ses larmes, sentant sa trachée le brûler. L'inexpressivité de la plus âgée lui fait l'effet d'un couteau dans la poitrine. Il aimerait une réaction, une émotion ; que ce soit de l'énervement ou de la tristesse, il s'en fiche. Il préférerait encore ça à cette impression de ne rien valoir aux yeux de sa génitrice.
Il se rend compte toutefois, petit à petit, que s'énerver le mènera nul part : mais la colère, encore, bout dans ses veines, grogne dans sa magie, soulève sa poitrine dans des hauts de cœurs violents. Il ne sait plus quoi faire. Alors, dans un élan de frustration et de rage, il tourne vivement des talons pour venir prendre la porte, la claquant avec violence derrière lui avant de commencer à s'éloigner vivement de la maison, sans même faire attention à ce qui pouvait être autour de lui.

Dans le salon, la magicienne, encore assise sur le canapé, n'a pas bougé. Son regard est toujours fixé sur la porte d'où son fils est sorti avec vigueur. Pendant quelques secondes, elle reste immobile, comme si elle voyait encore l'image de son départ. Puis, instinctivement, elle finit replier ses genoux, de telle sorte à coller son menton sur le haut de ces derniers, le regard vague. Sa poitrine lui semble froide, mais quelque chose bloque dans sa gorge.  Les épaules haussées, elle reste là, sans bouger, pendant de longues secondes ; jusqu'à ce que, après quelque instants, la porte ne s'ouvre de nouveau. Si une lueur d'espoir s'allume temporairement dans son regard, elle s'éteint tout aussi vite lorsqu'elle reconnaît finalement son ancien compagnon, laissant plutôt place à un rictus un peu désabusé, les yeux mornes.

« Si tu veux t'y mettre, c'est le moment, j'ai un créneau qui vient de se libérer. »

C'est une vague tentative de plaisanterie un peu jaune, qui lui tire un ricanement qui sonne bizarrement faux. C'est que, dans le fond, elle était presque sérieuse.

Il n'a pas osé intervenir, bien sûr. Assis dans l'herbe au bord de la rivière dans laquelle se reflète son visage aux traits tirés par la fatigue et la barbe mal rasée, il a laissé seuls Kaden et Natsume quand il a su que l'adolescent allait aborder leur discussion de l'autre soir avec sa génitrice, il a préféré leur donner le temps et l'espace nécessaire sans plus déranger par sa présence. Déjà qu'il tente de ne pas se montrer trop intrusif depuis que la magicienne le laisse dormir chez eux... Et la révélation faite à Kaden ne rendent pas forcément les choses plus aisées entre eux mais un poids lourd s'est envolé de ses épaules depuis qu'il lui a révélé son identité. S'il craignait sa réaction, leur conversation s'est plutôt mieux déroulée qu'il ne le pensait et il a pu dormir, pour une fois, sur ses deux oreilles en sachant que le cadet ne le détesterait pas pour ce qu'il est ou pour tout ce qu'il n'a pas pu faire.
Inquiet pourtant en entendant la porte de la maison s'ouvrir pour claquer brusquement, Sam a le réflexe idiot de se rendre temporairement invisible pour ne pas se faire remarquer par le Shimomura qui sort en trombe, les yeux rougis et la mine visiblement très énervée. Soucieux, l'Enodril ne dit pourtant rien qui pourrait le trahir et laisse le plus jeune passer devant lui sans qu'il ne le remarque. Ce n'est qu'une fois qu'il se trouve hors de son champ de vision que le magicien redevient visible et fixe l'entrée du domaine forestier où doit encore se trouver son ex-compagne. Hésitant tout d'abord, il ignore s'il doit aller vers la mère ou le fils ; pour les deux il devient anxieux, mais il suppose que Natsume, puisqu'il la connaît mieux et sait bien plus de choses sur elle que ce qu'il a laissé entendre à Kaden, est actuellement celle qui aurait bien besoin de son soutien en premier dans l'urgence. En poussant un bref soupir, c'est avec un pas lent mais non traînant qu'il se déplace jusqu'à l'entrée et se permet d'ouvrir la porte pour y découvrir la quarantenaire recroquevillée sur elle-même sur le canapé. Son expression morne qu'il apprend à redécouvrir le fait grimacer, n'aimant pas la voir dans cet état malgré tout ce qui est arrivé. Son commentaire en le voyant, qui plus est, ne se fait pas tout de suite comprendre par le nouveau venu, mais au final, il est plus surpris qu'autre chose dès qu'il saisit ses paroles.
Quoi ? Elle pense que je veux lui crier dessus, moi aussi ? Pour quoi faire?
Embêté, il se contente de l'observer avec désarroi.

« En fait... Je n'imaginais pas que ça pouvait le mettre dans un tel état. Il a toujours l'air si calme... »

Il pensait, puisque Kaden a grandi principalement avec Natsume comme modèle, qu'il finirait par devenir comme elle. Mais il s'est vite rendu compte que l'adolescent était bien plus sociable que sa génitrice au même âge et qu'ils sont peut-être même plus différents qu'il ne le croit.

« Vous vous disputez souvent comme ça ? Sa voix était assez retentissante. »

Comme la tienne quand tu te mets en colère, se retient-il d'ajouter, mais des fois, il lui reste assez d'intelligence pour savoir quand s'arrêter de parler pour ne pas mettre un peu plus d'huile sur le feu.

« C'est un faux calme. Nagisa dit qu'il pourrait être tout aussi explosif que je ne l'étais à son âge, et je commence à le croire. »

Et c'est qu'il était bien meilleur acteur qu'elle ne l'était, au passage. Kaden avait tendance à jouer les grands gamins pour faire croire que tout allait bien, ou, au contraire, de tout envoyer voler lorsque cette technique ne marchait plus. Natsume ne savait jamais vraiment à quoi s'attendre : dans ce cas-ci, toutefois, elle n'avait été aucunement surprise.

« Pas vraiment. Enfin, sauf depuis un an, quand je lui ai dit qu'il ne pouvait pas aller avec Namiko au Japon. »

Un rictus désabusé étira ses lèvres, comme si le fait de passer pour la méchante dans ce cas de figure la faisait beaucoup rire. Ça avait quelque chose d'amusant, mais comme un arrière goût de rance dans la gorge. Le fait qu'elle ait réussi à lentement s'introduire dans le cerveau de son fils lui donnait encore envie de vomir, à chaque fois que la voix sucrée de la vieille peau résonnait à ses oreilles. Dans tous les cas, elle ne pouvait que hausser les épaules, à l'heure actuelle.

« Mais les cris, c'est exceptionnel. Je crois que ce doit être la première fois depuis un moment. »

Avant, il y avait eu cette fois qu'elle avait cité, mais ça avait rarement été aussi fort. La voix inexpressive, elle prit quelques secondes de pause.

« Avant, c'était plus... Du passif agressif, ou des choses plus calmes. »

Un ado qui boude, c'est normal. Un ado qui a du mal à s'exprimer qui passe par des méthodes un peu lâches et passives, c'est plus ou moins normal aussi. Les explosions, en revanche... Alors que sa poitrine la pinçait, elle choisit plutôt de relever le regard vers son ami, comme si de rien n'était.

« … Ça s'est bien passé, hier ? »

Même si il s'agissait d'une façon d'éviter de parler de sa situation, sa curiosité était sincère.

Peut-être qu'il ressemble à sa mère, en fin de compte, se dit Sam qui n'aimerait vraiment pas voir Kaden se mettre en colère, pour des raisons évidentes. Cela n'empêche malheureusement pas une morsure glaciale traverser sa poitrine quand elle aborde le sujet qui fâche. Namiko revient sur la table comme si traîner son épiderme tout ridé n'était pas assez. L'Enodril ne peut pas dire qu'il est très à l'aise de savoir le cadet près d'une femme comme elle, et il a bien des raisons de s'inquiéter. Tout est encore si nouveau pour lui aussi qu'il ne voit plus ce qu'elle veut dire en parlant d'hier. Si sur le coup ça lui semble flou, comme question, il se rappelle de la fameuse révélation qui a poussé entre autre a passer ses nerfs sur sa génitrice.

« Je euh... Oui, ça s'est bien mieux passé que je l'avais imaginé. »

Et c'est peu dire. Il appréhendait pas mal ce moment en ignorant comment l'adolescent allait réagir, mais il semble assez ouvert et compréhensif de manière générale. Mais il peut admettre sans honte que ça s'est bien passé et qu'il est plutôt content de la tournure des événements, même si... Même si Kaden le considérera peut-être jamais vraiment comme un père.

« Je lui ai demandé s'il savait quelque chose à mon sujet et... je lui ai montré quelques photos de l'époque, aussi. »

Les revoir l'a plongé dans une certaine nostalgie, et ça lui fait étrange de savoir à quel point Natsume n'a pas tant changé que ça malgré une petite prise de poids et des traits plus affirmés.

« Tu n'en as presque aucune, pas vrai ?.. Je pourrais t'en passer, si tu veux. J'ai gardé le dernier album que nous avons fait ensemble. »

D'une voix amicale, il lève timidement les yeux vers son interlocutrice, comme s'il avait peur qu'elle le rejette. Il ignore quelle sont les limites ; leur situation est un peu particulière, après tout.

Au moins, leur « rencontre » s'était bien passée, ce qui eut comme avantage de la rassurer quelque peu, lui faisant pousser un soupir de soulagement. Elle avait la crainte, quoique un peu exagérée, que l’entièreté des soucis émotionnels de Kaden ne tombe d'un coup sous le nez de son géniteur qui n'y était pour rien. Ses épaules, inconsciemment, se détendirent un peu.
En somme, les questions qu'il lui avait posé étaient prévisibles, si bien qu'elle ne réagit que lorsqu'il avoua lui avoir montré des photos, ses yeux s'écarquillant un peu, ne sachant pas comment réagir devant l'idée que son fils ait pu voir des images de cette époque. Oh, maintenant, ça ne la dérangeait plus, mais... C'était un peu nouveau, en somme.
… Est-ce que ça veut dire qu'il les a gardé sur lui... ?
La pensée la rend perplexe et agite quelque chose dans sa poitrine, sans qu'elle ne puisse savoir quoi exactement.

La supposition de Samaël est juste, même si elle remue un couteau dans une plaie. Sa proposition, toutefois, lui tire un très léger sourire, ne serait-ce que lorsqu'elle apperçoit l'expression timorée de son ami. En soi, même si les souvenirs ont un arrière-gout un peu amer, elle ne peut pas dire qu'elle détesterait les revoir. Pour autant, elle avait bien eu quelque chose, jusque lors. Presque rien, mais...

« Quand je suis partie, j'avais peur qu'ils me les prennent si je partais avec, alors... »

Lentement, elle déplie ses genoux pour se relever, certes un peu péniblement, car son équilibre est légèrement altérée. Ses pas la portent jusqu'à son bureau où elle reste quelques secondes, avant d'en ramener un vieux livre de mathématiques à l'apparence plutôt barbant. Lorsqu'elle se rassit sur le canapé, une de ses mains vient saisir un des coins de l'ouvrage, avant de tirer doucement, très doucement sur la reliure ; cette dernière, après une insistance fine, finit par se se soulever et se faire, révélant derrière elle deux photographies de polaroid. Deux photos, en somme, qui se ressemblent beaucoup, ne serait-ce qu'au vu des deux protagonistes dessus. La seule différence notable, toutefois, est celle de l'âge ; si la première date de l'époque d'Hortensia, l'autre avait été réalisée peu de temps avant son départ. Un sourire un peu fier, mais amer, s'étire sur son visage alors qu'elle les tend dans la direction de Samaël.

« J'ai un peu rusé. »

En vérité, elle ne les sortait que rarement, puisque leur vision tendait à remuer des sentiments douloureux dans sa poitrine, et qu'elle ne les avait jamais montré à Kaden. Ceci, en revanche, elle éviterait de le dire.

Ébahi, il l'observe se relever pour aller chercher un bouquin tout ce qu'il y a de plus banal. Pendant une seconde, il manque de se vexer, croyant l'ennuyer avec ses histoires. Pourtant, elle arbore une expression sereine au visage quand elle tire deux photos de la couverture du livre. Le magicien pousse un hoquet de stupeur lorsqu'il les reconnaît finalement. Les yeux brillants, sa voix tremble presque sous le coup de la surprise et de l'émotion, tandis qu'un sourire touché apparaît sur ses lèvres, bien plus ébranlé qu'il ne voudrait l'admettre.

« Tu les as gardé ?.. Même après aussi longtemps ?.. »

Il sent une chaleur entourer sa poitrine, une boule remonter dans sa gorge. Tentant de faire reculer cette dernière, c'est calmement qu'il s'autorise à s'asseoir aux côtés de la brune pour mieux voir les deux clichés qu'elle a gardé depuis le jour de son départ. Ils sont si précieusement conservés qu'il n'est pas difficile de savoir qu'elle a bien fait attention à les préserver en bon état, et cette simple attention le trouble au-delà des mots. Quelques uns s'échappent pourtant comme s'il venait d'avoir une révélation.

« Je me sens tellement bête... »

Son sourire jovial s'efface lentement. Ses yeux parcourent leurs visages à tous deux sur les photos. Ces dernières, animées comme un gif, montrent des expressions apaisées. Sam y a le même grand sourire lumineux sur les deux mais on remarque que la Shimomura s'est détendue au fil des années. Sur le second portrait, elle se permet d'être plus fidèle à elle-même.

« Je n'ai jamais osé imaginer que tu puisses encore penser à moi après tout ce temps. »

Perturbé en sachant qu'elle les avait depuis toujours, l'Enodril doit se rendre tout à coup de beaucoup de choses. Sa vue se perd dans le vide de la pièce plongée dans le silence. Sa voix s'éteint légèrement au fur et à mesure.

« Pendant toutes ces années... J'ai cru que tu voulais oublier notre histoire. Que peut-être tu n'arrivais pas à me dire la vérité, que partir était la seule solution que tu aies trouvé... »

Il a longtemps cru qu'elle ne l'aimait plus, préférant user d'une technique aussi lâche. En soit, s'il a été attristé de sa disparition, c'est surtout son silence qui a été une torture à vivre.

« Si seulement j'avais su... »

S'il avait pu, bien sûr qu'il l'aurait retenu. Et s'il l'avait retenu, alors peut-être que leur histoire aurait été différente.

« … J'ai essayé. »

Elle parle d'une voix plate, morne, alors que son regard se tourne vers le côté. Elle ne sait pas si elle devrait en avoir honte ou non, devant la peine qu'elle voit chez le plus âgé. C'est pourtant ce qu'elle avait tenté de faire, lorsque les crises de larmes et de colère devenaient trop douloureuses, lorsque les images dans sa tête faisaient office de tant de couteaux dans le dos. C'était trop pénible de continuer à penser à tout ça quand elle savait que ses possibilités de retour en arrière étaient nulles.

« Quand j'étais enceinte, je... J'ai essayé de tout bloquer, mais... »

Sans résultats. C'était impossible, de toute façon, mais elle était encore trop naïve, trop arrogante, aussi, et trop aveuglée par sa peine pour réaliser que c'était inutile et au pire, ne faisait qu'empirer son état. Pendant un temps, il lui arrivait même de montrer la porte à Nagisa dès lors qu'elle abordait le sujet de son ex, voir même prononçait son nom.
Il y a avait ça, et la menace implicite que faisait poser Namiko sur la tête de Samaël, puis, moins violemment mais par le biais de sa manipulation, sur le fait qu'elle puisse garder son fils auprès d'elle. Pendant des années, elle s'était réveillée terrifiée par des cauchemars, obligée de passer par les couloirs pour vérifier qu'il était bien en train de dormir dans sa chambre. La première année, il n'avait jamais été loin de son lit. Mais même quand son attention se centrait sur l'enfant...

« Puis... Je ne vois pas trop comment j'aurais pu oublier pendant que Kaden grandissait. »

Un rictus désabusé et amer étira ses traits. On avait toujours dit à Natsume que son fils était son portrait craché ; une remarque qui l'agaçait toujours, puisqu'elle tenait de l'évidence. Pourtant, de temps à autre, elle ne pouvait que remarquer que la ressemblance venait d'ailleurs : la pensée lui comprimait toujours douloureusement la poitrine. A ses yeux néanmoins, elle n'avait qu'elle-même à blamer, si bien qu'elle releva vers son ami une mine fatiguée.

« Mais... Tu étais dans ton droit de penser ça. Tu n'as aucune raison de te blamer pour mes actions. »

Elle n'allait certainement pas lui en vouloir là-dessus. Et après tout, pendant des années, ses cauchemars avaient été si virulents à ce propos qu'à côté, cette conversation ressemblait à une balade dans le parc.

Tout comme il n'avait jamais vraiment réussi à l'oublier et passer à autre chose malgré ses nombreuses tentatives, il se rend compte peu à peu que son amie était exactement dans la même situation. Il se sent tout à coup beaucoup moins seul. Même qu'il était parvenu, petit à petit, à se dire qu'il n'était pas entièrement responsable de son départ. Sam n'a jamais été le plus brillant mais il faisait toujours preuve d'une extrême douceur et bienveillance à l'égard de sa petite-amie de l'époque. Même avant ça, ce n'était pas un adolescent et un jeune adulte particulièrement violent ou brutal. Continuellement, depuis le début, il avait soutenu Natsume sans faillir face à ses choix personnels quand elle avait besoin qu'il soit auprès d'elle. Le jour même de son départ, quand il se demandait où il avait bien pu aller, il se disait qu'elle allait bien revenir s'il lui préparait son repas favori. Son assiette était pourtant restée éternellement pleine et froide.

« C'est vrai. Aujourd'hui, je ne me blâme plus. »

Maintenant qu'elle le dit, il est vrai que lui aussi aurait tout autant eu du mal à passer à oublier leur relation aussi vite avec un enfant qui ressemble aussi bien à l'un qu'à l'autre, à sa place. Il se doute désormais que les circonstances de leur séparation a rendu la chose encore moins aisée à supporter.

« Cette situation n'a été évidente ni pour toi, ni pour moi. Mais... Quelque part... »

Son regard s'attarde un court instant vers la porte qu'il a refermé derrière lui mais qui a accueilli la colère d'un adolescent qui a bien du mal à digérer les mensonges de sa mère. Ses pensées vont vers lui, vers ce visage qui lui rappelle alors ceux qu'il a pu observé sur la photo d'Hortensia. Ils avaient à peu près le même âge que Kaden, à l'époque. Impossible, sur le coup, de nier leur relation de parenté quand on voit à quel point leurs traits sont similaires.

« Cela me réconforte un peu de savoir que tu avais une part... Une petite part de moi auprès de toi. Et... Je ne parle pas seulement des photos. »

Ses joues rosissent devant l'audace de ses propos. À la fois il sait que c'est présomptueux de faire le lien entre lui et Kaden quand ils se connaissent à peine et à la fois, pourtant, il se dit... Qu'il a bien mérité qu'on arrête de lui cacher des choses, à lui aussi.

Si une certaine surprise la prend lorsqu'il affirme avoir cesser de se culpabiliser, le début d'un sourire soulagé arque toutefois le bout des lèvres de la métisse. C'était bien une de ses hantises, en soi, depuis qu'il était revenu dans sa vie. Rien, évidemment, n'est simple dans cette situation ; toutefois, Natsume a du mal à être aussi enthousiaste que son ami quant à cette « part » de lui auprès d'elle. Si son expression ne bouge pas, une pensée amère la traverse, qu'elle se garde de partager, incertaine que son vis-à-vis apprécierait de l'entendre.
C'est aussi pour ça que je voulais avorter.

Aussi aveugle qu'elle puisse être, la Shimomura voit toutefois plutôt bien les tentatives de Samaël d'essayer de communiquer avec elle, quand bien même la situation est maladroite. Il tente de faire de son mieux, ce qu'elle ne peut qu'admirer alors que les pilules sont dures à avaler, alors elle sent, lentement, progressivement, que ses muscles se détendent et que ses barrières s'abaissent un peu. En reportant sa tête sur ses propres genoux, le regard dans le vague, elle grimaça d'un air presque désolé.

« J'essayais.... J'essayais de ne pas y penser de cette façon. »

Et ce n'était pas faute d'avoir essayé. Les faits, toutefois, remontaient plus souvent dans sa tête qu'elle ne l'aurait voulu. Le regard morne, elle soupira lourdemment avant de parler de nouveau.

« Je savais que je devrais en parler à Kaden un jour, mais... J'avais peur de craquer, si jamais le sujet revenait. »

Plusieurs fois, cela avait failli être le cas. Une crise trop forte, d'elle ou du gamin, une soirée trop solitaire avec ses pensées, le silence glacial après une remarque de Nagisa... Même avant d'accoucher, elle avait pris la peine d'écrire une lettre, confiée à sa sœur, au cas où il lui arriverait quelque chose après avoir perdu les eaux. Plusieurs fois, sa main s'était approchée de son téléphone, d'une carte postale à rédiger. Des fois, elle avait écrit quelques mots, avant de se reprendre plusieurs secondes après, se fustigeant d'un instant de faiblesse qu'elle voyait comme égoïste. En y repensant, d'ailleurs, un sourire jaune et peiné vint accompagner l'éclat lassé de son regard marron.

« Je croyais... Que je vous protégerais tous les deux, comme ça, mais... »

Visiblement, cela avait été tout l'inverse. N'arrivant pas à le dire, toutefois, elle se contenta de ravaler sa salive, les épaules crispées. Si elle se laisser aller, sûrement que les larmes viendraient. Ce soir, toutefois, elle n'en a pas envie. Pas maintenant. Aujourd'hui, elle n'a pas envie d'être celle que l'on console et que l'on réconforte, alors même qu'elle n'est clairement pas la seule à plaindre dans cette histoire Forçant une expression plus sérieuse sur son visage, elle releva un peu le regard.

« Je ne te demande pas d'accepter mes excuses, mais je veux au moins te les donner. »

Elles n'avaient sans doute aucune valeur. Qu'importe. Au moins, elles étaient dites.

Du côté de chacun, durant toutes ces années, parler de l'autre était difficile. Ils ont en souffert de façon différente, mais tous deux d'une puissante intensité. Même si depuis son retour l'Enodril a un vide dans sa poitrine qui manque d'exploser à tout instant et qu'il aurait bien besoin d'aller voir un psy une bonne fois pour toutes, il n'arrive pas à se dire qu'il pourrait en vouloir à Natsume.

« Tu me les as déjà données. Et je les accepte. »

Après tout, elle n'a pas eu une vie facile, elle non plus, c'est ce qu'il essaye de se dire.
Mais elle, au moins, avait Kaden et savait que tu étais vivant.
Les pensées de Sam veulent le perturber. D'un revers, il les chasse mentalement pour ne pas y songer, au risque de craquer devant la magicienne.

« Tu as fait ce qui te semblait juste, je ne peux pas t'en vouloir pour ça après tout... pas vrai ? »

Il esquisse un sourire un peu triste qu'il ne peut pas fausser pour autant. Une part de lui pense au fait qu'elle n'a pas eu tant de cadeaux que ça par la vie, et une autre prend la forme de ce jeune voleur sur balais aux idées rêveuses qui ont fini par se briser bien trop tôt à cause d'un trou béant dans son cœur qui n'a jamais pu être rempli.

« Même si... J'avoue que j'aurais pas été contre un petit message... N'importe quoi... Je pense que j'en avais le droit aussi. »

C'est pour cela que, peut-être quand même un peu amèrement, il détourne le regard en ayant honte aussi de faire part de ces pensées à la brune car il se trouve aussi égoïste que légitime vis-à-vis d'elle de lui en faire part.

« Tu peux m'en vouloir, et tu peux me le dire. »

Les mots étaient sortis d'eux-mêmes. L'expression calme, elle n'avait pas hésité à les prononcer, le regard rivé dans celui du plus âgé, comme pour montrer son sérieux à ce dernier. Quelque chose continuait de la déranger dans le comportement de Samaël, quand bien même il persistait à faire comme si il allait parfaitement bien. Une habitude, en somme, mais à laquelle elle ne croit pas vraiment. Sa manière de poser des questions était pour elle une trahison assez grande de ce qui pouvait passer par sa tête. Même sa remarque suivant et son air honteux semblaient corroborer ses propos, si bien qu'elle hocha lentement de la tête.

« Oui. J'aurais dû te dire que j'étais vivante. J'aurais dû te prévenir pour Kaden et... J'aurais dû te laisser le choix. »

Ultimement, c'était aussi ça, le problème. Elle avait agi en faisant ce qu'elle pensait le mieux. Un acte nourri par sa panique et sa peur, mais également plus égoïste que ce qu'elle aurait aimé avouer il y a seize ans. Même si la pilule était dure à avaler, regarder ailleurs n'était plus vraiment une solution, et elle ne parlait pas que de son cas. Le regard toujours rivé sur celui de son ami, sa voix n'a pas faiblie.

« Tu n'as pas à jouer aux grands saints et prétendre que tu n'as pas de rancune ou de peine. Ce n'est pas juste. »

Elle estimait, après tout, qu'il y avait déjà eu assez d'injustices dans toute cette histoire sans en rajouter davantage.

Oui. Oui, elle aurait dû. Elle aurait dû tout lui avouer, de n'importe quelle façon. Elle aurait dû trouver du temps, un moyen, quoi que ce soit, et lui révéler toute la vérité. Lui révéler l'existence de cet enfant à qui elle a donné vie sans lui en parler. Elle aurait dû lui demander s'il voulait qu'ils s'en occupent ensemble avant qu'il ne soit trop tard. Avant que l'enfant grandisse. Avant que son géniteur et lui doivent apprendre toute l'histoire au dernier moment. Peut-être, à ce moment-là, qu'ils auraient pu trouver une solution ensemble. Qu'ils auraient pu garder contact, peu importe comment. Qu'il aurait pu aider Natsume et la soutenir quand elle en avait le plus besoin. Elle aurait dû parler. Elle aurait dû. Et il devrait lui en vouloir. Mais...

« Je ne sais pas si ça servirait à grand chose, de toute manière. Je ne peux pas prétendre savoir mieux que toi ce que tu aurais dû faire, je n'ai pas été à ta place. »

Amer et chagriné, il l'est. Du moins, il l'a été. Beaucoup. En revenant auprès de Natsume par son retour, il ne pensait pas lui déballer tous les regrets qu'il a eu ou la douleur que leur rupture a laissé derrière. Il était réellement heureux de la revoir même en gardant sa disparition en travers de la gorge. Alors un soupir fatigué lui échappe. La tête lourde, il n'ose plus la regarder. Son attention est portée vers ses doigts qui s'agitent pendant qu'un courant froid les parcoure.

« Bien sûr que j'ai eu énormément de peine. J'ai eu le cœur brisé. Mais tu le sais. Tu le sais depuis le début. J'aurais du mal à croire que tu ne t'en sois pas rendue compte lorsque tu es partie. »

Il ne voit pas l'intérêt de cracher toute sa rancune. S'il a eu de la peine, il ne voudrait pas lui en infliger encore plus que ce qu'ils ont déjà dû endurer chacun de leur côté.

« Je le sais, et je le savais. »

Son ton est resté inflexible, comme son expression qui n'a pas changé. Si la peine de son interlocuteur transparaît pleinement, Natsume essaie de ne pas donner l'impression d'être bouleversée, ne voulant pas qu'il s'empresse de s'occuper de ses soucis plutôt que des siens. Si sa poitrine se comprime et se serre, elle ne veut pas se confondre en excuses pathétiques et larmoyantes qui ne feraient que reporter l'attention sur elle-même.

« Je savais que j'allais te faire du mal. »

L'avouer est compliqué. Les mots semblent se bloquer dans sa gorge, puis forcer le passage avec une violence qui lui donnerait presque la nausée. C'est la vérité, toutefois. C'était bien ce qui lui avait torturé l'esprit la veille de son départ, et ce qui avait continué à passer dans ses pensées pour venir tordre ses tripes après, dès qu'il y pensait. Si elle n''amorce aucune approche, elle pose sur l'Enodril un regard teinté de compassion, une expression fatiguée au visage.

« Mais tu ne me feras pas croire que ça te fait du bien, de refouler. »

La poutre, la paille, l'oeil, tout ça... Le problème, toutefois, était partagé.

Son honnêteté l'étonne mais lui fait du bien. Il avait besoin d'entendre que ce n'était pas de sa faute. Qu'elle n'était pas partie à cause de lui et qu'elle savait les conséquences que leur rupture brutale apporterait. En la retrouvant, Sam ignore s'il voulait vraiment repenser à tout ça, mais le fait qu'elle en reparle fait renaître un pincement dans sa poitrine quand sa mémoire lui fait rejouer des souvenirs désagréables qu'il avait tenté de refouler depuis son retour, en vain. Sans vraiment oublier complètement ce qu'ils ont vécu, il souhaitait seulement discuter avec Natsume et s'assurer qu'elle allait bien. Obtenir des réponses, il le voulait, mais sans savoir s'il allait vraiment avoir le courage de les demander. Il n'a pas besoin de tout garder pour lui, comme elle lui dit. Il ne le doit pas. Pourtant, il sent de plus en plus quelque chose le comprimer. En relevant timidement son regard vers celui de son interlocutrice, les mots se perdent. Il ne les trouve pas. Les siennes cependant résonnent en lui, appelant l'étudiant qu'il était à ressortir devant elle cette peine et cette frustration qui se sont accumulées. Il croyait pourtant s'en être débarrassé quand il a pleuré tout son soûl le soir où Nagisa avait enfin répondu à l'un de ses appels pour lui dire, au moins, qu'elle était vivante sans plus lui donner d'informations. Un maigre soulagement qui l'a néanmoins assez rassuré pour qu'il accepte à nouveau de manger correctement sans que Tori insiste pour qu'il avale quelque chose. Mais la blessure était toujours présente.
Alors ça veut dire qu'elle t'a bien quitté avait juste sorti le phénix qui osait énoncer les faits auxquels il ne voulait pas penser. Ce n'est pas en sachant ça, toutefois, que ça lui a permis de se libérer. Au contraire. Dans la rue, dans un café, dans un magasin, n'importe où, il avait l'espoir de la recroiser un jour par hasard pour avoir des réponses. Il aura fallu finalement attendre seize ans pour les trouver. Ou peut-être les cherche-t-il encore.
Ses yeux dorés deviennent peu à peu humides et se posent sur Natsume en brillant d'une lueur incertaine, presque apeurée. La pièce désormais plongée dans le silence laisse échapper un murmure trahissant son esprit perdu.

« J'étais fatigué... Je... Je ne voulais pas extérioriser... Je souhaitais simplement te revoir... En vie. »

Il n'a pas pu se défouler à l'époque. Il a laissé libérer son chagrin par des torrents de larmes, mais il avait besoin, pour se libérer totalement, de faire face à celle qu'il a perdu des années plus tôt. Il ignore à présent comment s'y prendre, ce qu'il doit faire.

« Je ne sais pas comment faire... »

Il est confus, désemparé, et insensible au froid qui s'est mis à les entourer subitement. De lui s'échappe pourtant visiblement de la glace qui commence à geler les tissus du canapé, très lentement mais sûrement, pour dévoiler son état instable.

Doucement, ses mains viennent se porter les épaules de son ami. Avec lenteur et délicatesse, afin d'éviter de le brusquer, elle amorce un geste de repli pour que ses bras finissent par dessus son dos, le gardant contre ses bras. La voix apeurée qu'elle entend et le regard perdu qu'elle rencontre lui font l'effet d'une lacération dans la poitrine, comme autant de témoins de ce qu'elle savait, mais qu'elle est toujours peinée d'observer. Le regard calme, elle passe une main affectueuse dans ses cheveux, sans se préoccuper outre mesure des engelures qui commencent à venir s'en prendre au tissu du canapé, et dont le fraîcheur mordante lui tire une brève crispation de surprise.
Pendant quelques secondes, elle garde le silence. Cette phrase, cette peur, elle l'a déjà exprimée. Plus d'une fois, il lui était arrivé de le dire devant sa mère, devant sa sœur, sans recevoir de réponses. « Trop sensible », elle avait appris à refouler, à contenir, à maîtriser derrière des portes verrouillées et des murs, parce que justement, l'autre méthode lui faisait peur. Elle se souvient, toutefois, de quelques mots qu'elle a déjà entendu de cette même bouche, mais qu'il semble incapable d'appliquer à lui-même.

« Laisse tout sortir. »

Sa voix s'est faite douce alors qu'une de ses mains passe sur son visage, se relevant vers sa tête dans une caresse qui se veut rassurante. Progressivement, elle se transforme en un murmure.

« Dis-moi. »

La peau de ses paumes, lentement, se met à s'échauffer. Il y a longtemps déjà qu'elle n'a plus usé de cela, et dans d'autres circonstances. Sa propre magie se réveille progressivement, amenant contre la glace de son ami un feu tranquille et stable, qu'elle essaie d'envelopper autour de leurs corps. Tranquillement, elle vient amener la tête de l'aîné sous son menton, le regard se portant temporairement vers le sol.

« Je peux le supporter. »

Elle avait eu seize ans, après tout, pour y réfléchir.

Son contact le surprend plus qu'il ne l'imaginait. Cela ne le dérange pas outre mesure, mais il n'y est plus habitué, d'une part, et d'autre part il est connu que Natsume n'est pas la personne la plus tactile au monde. Ironique quand on considère le seul mec qui a jamais su l'approcher autant, puisque ce dernier est tout le contraire. Comme autrefois, il laisse pourtant sa joue se coller tout naturellement contre sa paume chaude et familière. Ce jour-là aussi la pièce s'était transformée en congélateur. Quand Faust était venu s'enquérir de son état, il avait eu une belle surprise en découvrant la cuisine plusieurs degrés en-dessous de zéro. Avec le temps, Sam avait appris à maîtriser sa magie, bien sûr, mais les émotions qui échappent à son contrôle peuvent provoquer certains désagréments de manière involontaire. Sa voix suave le détend un peu, se souvenant d'un seul coup de toutes ces fois où il avait été à la place de la Shimomura à l'heure actuelle. D'ordinaire, auparavant, c'était lui qui la confortait toujours. Il faut dire qu'il avait beaucoup moins de problèmes avec sa famille pour sa part, ou même de manière générale.
Lentement, il laisse sa tête se reposer sur l'épaule de la magicienne pendant qu'une agréable chaleur les enveloppe. Il serait presque fier de la reconnaître après toutes ces années, mais il y a été si accoutumé qu'il pourrait deviner à qui elle appartient même en étant aveugle. Sentir ses flux magiques ont souvent réussi à l'apaiser, après tout. Mais il n'a pas seulement besoin de ça, aujourd'hui. Il doit se libérer. Laisser sortir. Il n'a pas l'impression que ça prendra du temps, de toute façon, puisque ses yeux sont déjà humides et qu'il sent une boule se former dans sa gorge. Bientôt, sa respiration est silencieuse mais de plus en plus irrégulière. Malgré la magie de la Shimomura, le froid continue de se répandre dans le salon.

« J'ai eu... tellement mal... »

Il ne peut plus retenir les larmes. Elles s'échappent plus rapidement qu'il l'aurait voulu et viennent se fondre dans les vêtements de la brune. Des tremblements l'agitent, mais la glace continue son ascension sur les murs avec une vitesse accélérée, résultat de toutes ces années où il a refoulé la colère et la tristesse qu'il gardait au fond de lui.

« Je rêvais... qu'on fonde une famille. Je voulais le voir grandir... Je voulais pouvoir être fier de lui !.. »

Il ne sent toujours pas le froid de leur environnement qu'il a provoqué malgré la température qui continue de baisser et qui les entoure à présent totalement.

« On aurait pu continuer à rester ensemble... Si seulement tu m'avais donné une chance... »

Il pleure plus fort. Cela faisait depuis seize ans qu'il n'avait pas eu une crise aussi violente. Avec des 'si', il referait le monde. Son corps continue de s'agiter. Il n'a jamais voulu se montrer ainsi devant quiconque, mais Natsume a toujours été différente. Aujourd'hui encore, sans qu'il ne sache trop pourquoi, il a l'impression qu'il peut se lâcher sans se retenir. C'est même ce qu'elle lui a demandé. Alors, progressivement, la glace qui recouvrait entièrement les côtés de la pièce change, se disperse, s'évapore. Dans des traînées de poussières, elle disparaît pour rendre aux objets et aux murs l'apparence qu'ils avaient avant et la température redevient ambiante. Il fallait qu'il s'ouvre complètement pour laisser s'exprimer le jeune adulte qu'il était à cette époque.

« Je t'en ai voulu... Peut-être bien que je t'en veux encore... Mais... Je ne veux plus te quitter. »

Il laisse sa voix s'éteindre comme ses reniflements qui se sont moins courants, heureusement pour ses tympans et ceux de sa camarade.