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 sanic ze edge-hog

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sanic ze edge-hog Empty
MessageSujet: sanic ze edge-hog   sanic ze edge-hog Icon_minitimeMer 13 Mar - 23:36


sanic ze edge-hog Tenor

/!\ Alors, euh... Abus, torture psychologique, meurtre, violences, mentions de suicide, un poil de gore... Enfin vous savez très bien mais quand même :derp:

Il n'aime vraiment, vraiment pas Baguin.
Au delà du simple fait qu'il n'aime pas particulièrement s'aventurer sur le terrain, préférant s'amuser avec une ou deux stratégies plutôt qu'aller directement se salir les mains, il avoue ne jamais avoir développé de grande affection pour cette ville-là. Edgy comme il est, il vous dirait certainement qu'il n'a d'affection pour personne de toute façon, mais là n'est pas le sujet. Ce n'était pourtant pas pour faute d'y avoir "vécu" (enfin, si on pouvait appeler ça « vivre » et en plus, il n'avait pas vraiment eu d'autre choix) pendant un an. Ce n'est pas tant son altitude, son odeur de poisson ou ses maudites rues remplies de chiens de garde en tous genre (la plupart devaient être incapables de savoir où se trouvait la sécurité de leur arme, en plus), qui font qu'il ne l'aime pas.
Non, c'est surtout que très vite, il s'est rendu compte que ce serait probablement son mouroir.

« Mon p'tit serpent... »

La voix chantonne, distraitement, plus loin. Il peut l'entendre entonner les notes progressivement, suivant le rythme de ses pas qui se perdent dans les amas de gravas et de débris de cette rue, désormais entièrement déserte, de Baguin. Il n'a pas eu le temps de la connaître, alors en soi, il ne connaît pas grande tristesse à la voir aussi vidée de sa vie. Il n'est plus vraiment touché par tout ça, à force ; ou du moins, si il l'a été fut un temps, il y a un moment déjà que son empathie s'est endormie. Il se rappelle vaguement de quelques pics, quelques moments ici et là, puis, petit à petit, plus rien. Il y a pourtant dans son ventre quelque chose qui bourdonne alors qu'il zigzague entre les chemins creusés, gardant toujours à l'oreille les bruits de pas qui se rapprochent. Ses doigts rongent nerveusement la terre, animés par des petits spasmes irréguliers, presque autant que les bourdonnement frénétiques de son rythme cardiaque. Il est fatigué. Il le sent jusqu'au fond de ses muscles. Ses yeux, rapidement, passent de gauche à droite dans la recherche d'une échappatoire quelconque ; il n'a plus beaucoup de temps et il le sait.

« S'est sauvé dans le jaaar-din ♪ »

Ses pensées, pourtant, font le tour de ses dernières actions. Ce n'est pas ce qui était prévu, pas du tout. Ce n'est pas normal, et la pensée lui fait serrer les dents, sentant la frustration descendre de son dos à ses pieds. Il n'aime pas perdre le contrôle, du tout. Tout est millimétré, calculé, défini précisément, et tout, dans cet ensemble parfaitement bien construit, doit se dérouler comme il l'a prévu. Il ne supporte pas le contraire. Plus que ça, même, il ne veut pas en entendre parler ou même le voir. Lorsque ses plans tendaient à être contrecarrés ou envoyés en l'air, il lui arrivait de piquer de telles crises de colère que son énervement actuel, qui fait blanchir ses jointures et grincer ses dents, n'a l'air que qu'une petite pique. Pourtant, il avait tout préparé minutieusement, en silence, comme d'ordinaire. Accumulé les faux indices, pris soin de prendre les plus chemins les plus imprévisibles et les plus sûrs, avait pensé à changer de direction dès lors qu'il soupçonnait quoi que ce soit... Il avait même, pour la forme, pensé aux solutions les plus improbables, dans le simple objectif de se laisser l'esprit tranquille. Il ne l'a jamais eu, toutefois ; il n'a pas le souvenir que cela ait été le cas pendant près d'une vingtaine d'années.
Toujours est-il que cela aurait marcher. Il y a encore quelques jours, tout semblait être parfaitement en place. Il avait, par bonne conscience et par simple rigueur, même évité de traîner dans des cachettes d'anarchistes de crainte qu'elles soient éventuellement révélées par sa présence. Satisfait, il s'était même permis l'esquisse d'un rictus goguenard en en arrivant à la conclusion que tout s'était bien passé. Il est plutôt doué, pourtant, pour disparaître. On ne l'a pas surnommé serpent pour rien, ou pour une quelconque métaphore inutilement compliquée. Disons simplement que lorsqu'il fallait s'arranger pour se faufiler entre les ouvertures, ou trouver le passage qui permettrait à quelques uns de ses camarades de s'extirper d'une situation compliquée, il était généralement assez doué. Plus doué qu'au combat, mais on ne lui demandait pas vraiment de s'en charger ; de toute façon, il était bien content de rester à l'arrière, plus préoccupé par le fait de planifier ses petits jeux que par ce qui pouvait bien se passer dans les faits.
Puis, ce matin, il avait remarqué l'ombre d'une Démolosse dans ses pas. Et tout, tout avait commencé à ne plus faire sens.

« Il est caché sous un chou ! »

Dans un instant d'inattention, il avait oublié d'avancer. La terre tremble, d'un coup. Un crochet surgit et vient déchirer le plafond du tunnel ; un nuage de poussière s'élève au moment même où des gravats viennent le heurter au visage. La lumière du soleil l'illumine, lui brûle presque la rétine, mais il dispose encore de réflexes de survie suffisants pour reculer immédiatement. Réflexe salutaire, visiblement, puisqu'il évite de peu une seconde salve en trébuchant au cours de son mouvement brusque.
Un frisson de dégoût lui descend l'échine lorsqu'il remarque le rictus jubilatoire dessiné sur le visage masqué de Méphisto.

« Invi, Invi, Invi... C'est pas très poli, de m'ignorer quand je te parle. »

Du sol, toutefois, ne surgit qu'un éclair verdâtre et véloce, dont le conseiller a le temps d'apercevoir des éclats d'ivoire au moment même où se crocs se referment sur le corps de la Démolosse à ses côtés. La chienne, si elle pousse un grognement sous le coup de la douleur, reste toutefois droite comme une statue et bouge violemment son flanc, envoyant le Séviper qui s'était tenté à une attaque ma foi plutôt brave voler contre un mur brisé, plus loin. Elle arque ses pattes en sa direction, prête à bondir, des étincelles enflammées crépitant au fond de sa gueule. Le sourire du conseiller s'est figé, laissant entrevoir ses traits tendus pendant quelques secondes et la teinte doucereuse de sa voix.

« Petite fouine. DEUX mois. T'as bien profité, dis-moi ? »

Méphisto, toutefois, n'a pas bougé. Tout au plus observe-t-il d'un air indifférent, ses yeux bleus passant paresseusement des silhouettes des deux pokémon à celle du maître encapuchonné du Séviper, tout juste sorti de sa cachette souterraine, avant de glousser moqueusement face à la manière dont la chienne des enfers semble être en bonne hâte de porter une nouvelle offensive.

« Pas tout de suite, Dalh. Garde-le moi au chaud. »

Une note d'amusement glisse dans sa voix sirupeuse alors qu'il fixe son regard sur le second protagoniste, vaguement protégé par quelques morceaux de murs détruits derrière lesquels il a cru importun de se positionner. Ce dernier n'a toujours pas dit un mot, le visage dissimulé sous son masque à gaz verdâtre. Méphisto, malgré lui, esquisse un tic nerveux de la pommette en le remarquant ; Arceus, qu'il aurait aimé le lui arracher, de temps à autre, quand ses foutus gazs venaient contaminer les champs de bataille et interdire toute progression aux leurs... L'imaginer en train de s'étouffer de la même manière que le faisaient nombre des miliciens pris au dépourvu avait quelque chose de suffisamment distrayant ou relaxant, toutefois, pour qu'il puisse retrouver le sourire et esquisser sa plus belle frimousse colgate.

« Bravo, sincèrement ! »

Les applaudissements claquent entre les murs de la rue désertée. Le conseiller fait quelques pas lents, suffisamment pour ne pas distancer la Démolosse revenue dans son ombre. Il continue, pourtant, les mains dans les poches, un rictus moqueur et goguenard au coin des lèvres. Sa voix s'élève d'un ton sans difficulté aucune, bien trop habitué aux mises en scène de ses apparitions publiques ; il y infuse une ironie presque doucereuse. Il faut dire qu'à force de donner des interviews et d'apparaître sur les plateaux télé en se donnant l'air du trentenaire joyeux, rassurant et parfaitement inoffensif, il est devenu quelque peu talentueux en son art. En même temps, pour lui, c'était aussi aisé que distrayant, d'apparaître comme le plus tempéré et le plus chaleureux des liguiens, tout en gardant de temps à autre une main sur un couteau qui pourrait se rendre utile à l'occasion. C'est rigolo, au fond. Presque autant que la situation actuelle, quelque part, qui lui donne envie d'esquisser son expression la plus désinvolte.

« Félicitations, pour la mort, d'ailleurs. J'y ai presque cru, c'était splendide. Le faux cadavre, la mise en scène, les brouillages de preuve... C'était épatant, j'ai été bluffé comme un gosse ! Du vrai travail de pro. »

Nouveaux applaudissements. Plus loin, la figure encapuchonnée expire difficilement dans l'obscurité de sa cachette, les doigts crispés contre les morceaux de pierre brisée. Le Majaspic glisse vers lui, jetant un coup d’œil incertain vers l'Arbok enroulé autour de la taille de l'humain et au Séviper qui n'a de cesse d'observer les environs d'un air nerveux.
Ses poumons brûlent, sa gorge, aussi ; cela fait un certain temps déjà qu'il n'a pas eu accès à son traitement, et il sait, il le sent, que son corps fatigue. Il court depuis plusieurs jours déjà, sans grande capacité de s'endormir pour plus de quelques heures. Ce n'est pas la première fois que Méphisto manque de le découvrir ; c'est la première occasion, en revanche, où il se retrouve si près. Auparavant, il pouvait toujours jouer avec ses nerfs pour gagner du temps et rejoindre une cachette sûre, mais ce n'est plus le cas. Il lui semble qu'à force, ses muscles se soient fatigués. Probablement que son esprit l'est aussi : cet immonde jeu de cache-cache qui n'a rien d'un jeu dure depuis un moment maintenant. Méphisto, pourtant, semble bien plus, à l'heure actuelle, occupé par ses déblatérations quelconques, la voix légère et désinvolte au possible. L'autre n'a pas sa capacité au flegme, gardant dans un coin de son champ de vision les couleurs blanchâtres et rouges passagères de l'Absol qui rode entre les rues. Il ne peut pas l'avoir oubliée, celle-là. Sa corne avait fait rouler bien trop de têtes au sol pour qu'elle ait disparu de sa mémoire.

« J'étais persuadé que t'avais réussi à te foutre en l'air. Pas que ç'aurait été une grosse perte, mais à force, j'avais mes doutes, tu vois. Franchement, le coup des tâches de sang en plus, c'était la cerise sur le gâteau. Les cicatrices doivent encore te lancer, non... ? Vu la quantité, j'aurais dit les poignets. »

L'encapuchonné, par réflexe, crispe ses mains au sol. Quelques étincelles sous sa peau viennent de se rappeler à lui, mais il les ignore ; au fond, ce n'est pas bien différent de la simili-migraine permanente au fond de son crâne. Méphisto rit un peu, comme si il y voyait une bonne plaisanterie à laquelle est le seul à trouver de l'humour. Son rictus, toutefois, semble plus lourd, plus pesant sur ses traits tendus. L'autre a l'impression, pendant quelques secondes, de voir un tout autre visage à son opposant. Il ne s'était jamais vraiment posé de questions, mais il comprend mieux, d'un coup, pourquoi l'on tendait à l'appeler le « cerbère » de la Compétition ; les trois visages, au delà de la métaphore foireuse, il ne pouvait pas les distinguer aussi nettement qu'aujourd'hui, alors que l'autre devait se forcer pour garder cet air pseudo-jovial sur ses traits.

« C'était joli, le coup de la nouvelle identité, je dois l'avouer. C'était confusant pour le fichage, et j'ai mis un temps à piger que c'était toi. C'était pas forcément subtil, en plus, t'aurais pu choisir un nom plus compliqué ! »

Invi serre les dents. La nausée remonte dans sa gorge, plus puissante encore, alors qu'il glisse silencieusement entre les ruelles, comme une couleuvre. Le conseiller n'attaque toujours pas, pourtant, bien plus occupé par le fait de déblatérer seul, sans s'occuper d'une potentielle réponse de son interlocuteur. Au loin, l'anarchiste peut remarquer la noirceur du plumage d'un Corboss posté en haut d'un mur.

« Mais dis-moi, t'as cru que ça tiendrait combien de temps, ton petit manège ? Tu veux savoir comment j'en suis arrivé là ? »

Durant un instant, il fait l'erreur de s'arrêter, interpellé. Oui, quoique qu'il en dise, quelque soit sa frustration d'avoir visiblement échoué, c'est quelque chose qui le dérange profondément. Il avait après tout tout calibré pour que cette échappatoire soit sans failles ; il en tenait de sa fierté, bien plus importante pour lui à l'heure actuelle que tout ce qui aurait pu avoir trait à sa survie. Et, dans cet instant d'hésitation où il avait, naïvement, oublié qu'il ne devait pas arrêter de bouger, un pic de glace vint se planter à quelques centimètres de son visage. En regardant à sa droite, il remarque l'éclair fugace d'un Dimoret qui saute entre les toits, laissant une litanie de cristaux gelés derrière ses pas. L'on ne l'y reprendra pas ; Invi claque des pieds au sol. La petite capsule sous sa semelle explose soudainement, éjectant un épais nuage de gaz noirâtre.
Méphisto, plus loin, regarde d'un air distrait, haussant les sourcils et esquissant le début d'un rictus las. Il ne s'étonne pas de voir sa cible disparue dès lors que le nuage se défait. Ce n'est pas vraiment la première fois qu'il fait ça, après tout ; on lui avait déjà dit qu'il avait une sale tendance à s'évaporer d'un instant à l'autre, compliquant quelque peu le genre de tâches dont il était actuellement chargé. Il reste toutefois parfaitement à l'aise, se permettant même de glousser alors que ses lèvres s'écartent en un sourire malicieux, des éclats amusés dans le creux de son regard bleu.

« Oh, mais j'ai mieux. Je vais te laisser deviner. »

Invi inspire difficilement, remerciant d'un coup d’œil l'Ectoplasma blanche qui vient de l'aider à se déplacer pendant ces quelques secondes. La femelle ne bouge pas, gardant des yeux grands ouverts sur le conseiller qui continue de jeter des regards circulaires, et qui vient justement de poser son attention vers la zone où ils se sont dissimulés, comme si il avait exactement où ils étaient. Son dresseur, en revanche, est animé par de petits spasmes nerveux. Un rictus plein de dents a pris la place du sourire de Méphisto.

« Est-ce qu'on t'a vendu ? À ton avis, pour combien est-ce qu'ils auraient lâché ta tronche, tes potes ? Ça se trouve, ils l'ont fait gratuitement, même. Paraît que t'as une belle réputation d'emmerdeur, là-bas. »

Il ne devrait pas écouter. Il sait à quel point il peut être influençable et manipulable, surtout dans un cas de fatigue tel que maintenant. Pour autant, il ne peut pas nier que c'est en partie vrai. En général, cela ne le dérange pas de dire qu'il se fiche bien de l'avis que peuvent avoir ses camarades de lui. Ou du moins, ça, c'est la version affichée, parce que dans les faits, il est bien le seul à se prendre la tête cinq jours sur un mot de travers. Pourtant, même maintenant, alors même que les mots du conseiller font germer une douleur fantôme dans un coin de sa tête, il continue de se convaincre que oui, ça ne lui importe nullement. Il n'a besoin de personne, après tout, ou du moins c'est ce dont il s'est convaincu et veut se convaincre, car l'autre possibilité ne lui est pas supportable. Il fait sans rien depuis plusieurs années ; selon lui, tout se passe bien, alors il n'a pas non plus le besoin d'aller jouer à copain-copain avec quelques anarchistes avec lesquels il travaille. Et en dépit de tout ça, pourtant...
Pourtant, quelque chose tonne dans sa poitrine. Il s'efforce de ne pas y penser, car après tout, ce n'est pas de sa faute, si les autres finissent souvent par le regarder avec énervement, non ? Ils en font tous des caisses, puis, ils ne cherchent jamais à comprendre non plus, alors ce n'est pas de sa faute... Non ? Non, non. C'est forcément de la faute des autres. C'est toujours ça. Ils font bien des erreurs, après tout, dans ses stratégies ; certains ont même le culot de le blâmer quand quelque chose se passe mal. Alors oui, peut-être qu'au fond, c'est ça. Peut-être que...

« Ou alors, je me suis peut-être amusé un peu. Tu sais que généralement, les trois quarts des gens avouent après quelques secondes de torture ? Oh, ça s'comprend, en soi. Moi, c'est ceux qui prennent une ou deux minutes qui m'amusent. Ceux-là, c'est souvent les faux courageux, ou ceux qui veulent attendre d'avoir une excuse pour tout dégobiller en pleurant. Franchement, j'aurais encore préféré être dénoncé par quelqu'un depuis le début. Toi, tu penses qu'on aurait attendu des heures, pour te lâcher ? »

Un frisson passe dans son dos. Des visages défilent dans sa tête, lentement. Malgré tout l'énervement que suscitent chez lui certains des autres anarchistes, et même si il pourra clamer sur tous les toits se ficher complètement du sort de ses camarades, il ne peut définitivement pas chasser la nausée qui s'est installée dans son ventre et continue à grandir au fur et à mesure que les images changent. Probablement qu'il ment. Il ment forcément, car ça ne fait pas sens avec ce qu'il sait, mais en même temps, qu'est-ce qu'il sait, exactement ? Qu'est-ce qu'il sait, à l'heure actuelle ? Il a passé des semaines à calibrer ses allers et ses gestes pour ne pas risquer de griller sa couverture. Sans surprises, il a fallu faire des concessions, et les informations auxquelles il avait eu accès étaient devenues bien maigres. Le doute le prend soudainement, lui lacérant le ventre et faisant croître encore davantage l'incertitude qui ronge ses muscles. L'Ectoplasma à ses côtés plisse des yeux, confuse, alors qu'il lui intime, dans un geste de la main, de le suivre. Méphisto se rapproche progressivement, alors il s'engage dans une ruelle plus étroite. Plus connue, aussi ; il se souvenait avoir dessiné des plans quelque part dans les environs. La voix du conseiller, pourtant, résonne encore entre les rues, dans ses oreilles et dans sa tête. Il n'est pas vraiment sûr de ce qui tambourine le plus dans sa tête ; la fatigue, l'épuisement ou la peur, dans un coin de ses veines. Il est en train de ralentir, il le sent.

« Peut-être juste que t'es un idiot, aussi. Ton cerveau est complètement détraqué, ça serait pas étonnant qu'il ait fini par lâcher. Dis-moi, ça fait combien de temps, que t'as pas été sous traitement... ? »

Sept semaines. Sept. Les flacons qu'il avait réussi à se procurer n'avaient pas tenu longtemps, certainement pas en accumulant les crises, les cauchemars et les séquences de panique de plus en plus récurrentes. Son inhalateur n'avait tenu que quinze jours. Plus loin, il peut entendre le grondement féral d'une Tyranocif qu'il a déjà eu l'occasion de voir en action quelques fois ; enfin, avant qu'elle ne fasse s'écrouler un bâtiment entier sur la tête de tout un groupe de personnes, du moins.
Méphisto a arrêté de bouger. La Démolosse a disparu de ses côtés. Il écarquille les yeux, le dos plaqué contre la roche à moitié brisée. Le ton du conseiller semble devenu plus dur.

« Tout ça pour ça, en plus ? Aller aider quelques pauvres raids miséreux ? Vraiment ? »

Le rictus de Méphisto s'est changé en une grimace plus désabusée, de temps à autre agitée par de petits tics inconscients. Progressivement, son ton s'est refroidi, et il s'est mis à s'agiter dans son regard une étincelle inconstante, instable.

« Franchement, les types comme toi, ça comprend jamais rien. Ça m'énerve, t'as pas idée.
- Quoi, que t'es complètement fêlé ? »

Sa voix le brûle un peu ; ça fait un moment qu'il n'a pas parlé, et ses poumons brûlants rendent tout cela quelque peu pénible, mais cela importe peu sur l'instant. Non, vraiment, voir la surprise s'exprimer sur les traits du conseiller, qui s'attendait sûrement au même silence de sa part qu'avant (après tout, il était assez connu pour être non-verbal au possible, au point où c'en devenait franchement frustrant pour n'importe qui au bout d'un moment), et ses traits se déformer sous le coup de la vexation, ça avait quelque chose de si jubilatoire qu'Invi ne put s'empêcher de glousser sous sa capuche, l'ombre de son manteau dissimulant tout juste l'inclinaison goguenarde ses lèvres.
Quitte à se faire éclater dans une ruelle craignos comme le dernier des tocards imprudents, autant que ça soit après l'avoir emmerdé, j'suppose.

« Sale petit rat. »

La silhouette du conseiller se fait floue. L'encapuchonné croit rêver au départ, ouvrant de plus grands yeux interloqués. Pourtant, le corps de Méphisto se fait sous ses yeux, s'évaporant dans un nuage de gaz violacé.
Merde ! Quand est-ce que... ?
Imprévu. Complètement imprévu ; lorsque l'anarchiste finit par comprendre que le conseiller s'est depuis longtemps substitué par son Spiritomb, qui glousse actuellement en étant animé par de petits soubresauts rieurs, il est probablement trop tard.
Invi esquisse un mouvement vers l'arrière, dans un réflexe quasi instinctif, reflet de longues années de mésaventure. Le Majaspic à ses côtés s'est mis à s'agiter, gardant sa position défensive ; l'Ectoplasma, troublée, tourne la tête de gauche à droite, comme incapable de trouver le point qui l'entête. L'Arbok contre les flancs de leur dresseur s'agite d'un seul coup, se déroulant de tout son long avant de sauter devant lui ; il est arrêté net dans sa course par la mâchoire saillante de Dalhia, sortie du détour d'une rue. La chienne le saisit au vol et, dans son élan, abat sa mâchoire vers le sol pour le faire tomber d'un coup entre les gravats. Son Séviper est bloqué instantanément par les serres d'un Corboss qui le coince contre terre, dans une position qui est aussi douloureuse qu'humiliante. Il ne parvient plus à distinguer son Ectoplasma ; elle semble s'être volatilisée. Son ventre se tord en se rappelant la présence du Spiritomb, conscient du risque qu'elle pourrait encourir  si jamais il l'avait croisée. Tout va vite, d'un coup, très vite. Tellement vite que, même en entendant un caillou rouler derrière ses oreilles, Invi ne réalise que trop tard que l'ombre dans son dos n'est autre qu'une Amphinobi. Ses yeux s'écarquillent sous le coup de l'horreur. Jusqu'à ce moment, elle s'était faite discrète, alors il était resté sur ses gardes, encore plus que d'habitude ; il savait bien que les pokémon de ce genre étaient capables de se camoufler entre les couleurs, rendant sa progression potentiellement dangereuse si elle n'était pas dans son champ de vision. Toutefois, visiblement, ce n'avait pas été suffisant. Il esquive une tentative d'éloignement alors que, derrière lui, son Majaspic est arrêté tout net dans sa progression par une volée de pics glacés, laissant échapper un de douleur cri glaçant. Mauvais choix, toutefois.  
Quelque chose vient de saisir sa taille, de s'y enrouler et de s'y accrocher fermement. Dans un réflexe de survie, il tente de le déloger, mais constate avec dégoût et peur que ce qui l'a saisi n'est autre que la langue de l'Amphinobi. Elle se resserre nettement, et, sans autre forme de procès, le fait claquer contre le morceau de mur qu'il utilisait auparavant pour s'abriter. Un cri muet fait s'ouvrir la bouche de l'anarchiste. Des éclats de douleur viennent de saisir tout son corps, descendant du sommet à la base de sa colonne vertébrale dans des crépitements électriques qui le secouent de toute sa figure. Sa capuche est tombée, révélant un visage pâle, terne et aux cernes creusées. Son masque à gaz est abaissé avec rudesse tandis qu' une main vient saisir brusquement ses cheveux, relevant sa tête de force, et lui faisant croiser le regard de deux yeux bleus orageux, noyés dans la colère.

« T'es pas un centième de Kenway, Natsume. Tu crois quoi ? Quand on l'a arrêtée, t'aurais dû comprendre que t'avais pas l'ombre d'une petite chance. »

Il se crispe. Cela fait un moment qu'il n'a pas entendu son nom ; et très clairement, il n'avait plus envie de l'entendre, sûrement pas de la bouche du conseiller. Il n'avait pas créé Invi il y a deux mois pour rien, après tout. Il était supposé disparaître entièrement, comme l'adolescent à peine majeur qui avait quitté le Japon il y a presque sept ans. Ce gamin-là, bien incapable de dire ce qu'il voulait faire de sa vie, qui ne cherchait dans les études universitaires à l'étranger qu'une échappatoire quelconque... Franchement, depuis qu'il avait été découvert comme un anarchiste radical, à quoi est-ce que cela servait ? Par sécurité, il avait commencé à utiliser un pseudonyme. Il n'était plus vraiment à une dissociation près. Depuis qu'il s'était échappé, il était plus préoccupé par sa liberté qu'autre chose.
L'entente du nom de sa mentor vient toutefois de faire remonter quelque chose dans sa gorge, si semblable à de la nausée qu'il pourrait presque la confondre avec celle qui lui agite les tripes depuis les coups qu'il a pris, ou depuis que le conseiller le tient de cette façon, comme un chien qu'il s'apprêterait à abattre. Il sait, pourtant, que ce n'est rien de cela. Les images ne partent plus, depuis qu'Esther a été arrêtée. Il n'arrivera jamais à deviner pourquoi exactement es-ce que quelque chose avait rompu, ce jour-là, dans sa tête.  Pourquoi la disparition d'une seule personne l'avait mis dans un état bien pire que celui qu'il aurait accepté, et avait tellement obsédé son esprit qu'il avait fini par rompre la promesse qu'il s'était fait à soi-même : ne pas s'en mêler. Rester éloigné. Tout se passait toujours mieux, quand il ne faisait rien. C'est quelque chose qu'il avait bien appris au Japon, à force de prendre des coups. Toutefois, lorsqu'Esther, dénoncée par un de ses camarades, avait été arrêtée en plein jour, cette certitude arrogante et condescendante s'était heurtée si violemment à un mur qu'il avait mis plusieurs jours à se rendre compte de ses propres actions. Deux jours plus tard, il avait fait contacté quelques autres anarchistes, et tout s'était passé très vite.
Pourtant, il ne peut pas dire qu'il regrette, même à l'heure actuelle. Quelque chose bouillonne dans sa poitrine depuis que Méphisto a pris la parole, toutefois, et il passe dans ses yeux des étincelles d'une colère vive, ardente, suffisamment pour lui faire lever le ton, les traits tirés par l'énervement. Il grogne presque, pris d'une rage subite.

« Garde son nom hors de ta sale bouche de- »

Le genou violemment lové dans son ventre vient le faire tout net. L'inspiration aiguë qu'il prend, et le tressautement de ses muscles endoloris tirent à peine un rictus amusé à Méphisto, occupé à observer le corps du cadet se recroqueviller autant que la langue de l'Amphinobi serrée autour de lui le lui permet. Le spectacle lui tire un ricanement mesquin, qui le soulagerait presque de sa frustration accumulée pendant ces deux derniers mois de recherches ; en réalité, non, puisque le creux de sa poitrine est plus un vide interne dont il est le seul responsable.

« Tut tut tut. C'est moi qui décide, je te rappelle. »

Quand est-ce qu'il a bougé... ? En même temps que la Démolosse...? Est-ce que je suis si fatigué que ça... ?
Cela ne lui sert pas à grand chose de suivre le cinéma de Méphisto, après tout. Oh, bien sûr, sa fierté et son orgueil en prennent un coup, mais il n'est plus à ça près, et il est encore obsédé par cet échec de sa part. Puis, de toute façon, il a vite appris qu'il valait mieux se distancer au plus vite dès lors que l'on effectuait ce genre de cinémas avec lui ; c'était ce qu'il faisait avec plus ou moins tout le monde, et c'était très efficace dans ces situations. Son regard passe rapidement vers les silhouettes de ses pokémon, alors qu'une grimace étire ses traits endoloris. Fran semble bloquée par la Démolosse, Byakuran par le Corboss et Hatori par le Dimoret. Plus loin, il peut apercevoir les silhouettes de la Tyranocif et de l'Absol, qui semblent plus préoccupées à surveiller les environs qu'à s'occuper de tout ça. Shion, pourtant, a entièrement disparu. Natsume fronce les sourcils, confus, tandis qu'il rembobine les événements dans sa tête. Quelque chose, maintenant qu'il y pense, est absent. Quelque chose aurait être là, et pourtant...

« T'es bien placé pour parler, en plus. Qui c'est, tiens, qui est allé en prison juvénile à 14 ans... ? »

Natsume se gèle. D'un seul coup, ses pensées s'arrêtent. Son corps s'est statufié immédiatement et il a durant l'espace d'une seconde, cessé de respirer. Ses mouvements pour tenter de se délivrer se sont stoppés tout net. Le remarquant, Méphisto se permit le début d'un rire caustique, définitivement amusé et satisfait par le frisson qu'il avait vu remonter dans la colonne vertébrale du cadet. Il ne s'était pas attendu à une pareille réaction, mais elle le rend presque joueur, son ton se teintant d'un nuancier d'amusement purement mesquin.

« Oooooh, mais oui, j'ai trouvé. C'était un peu compliqué, mais il a fini par arriver, ce dossier. Dis-moi... »

Le rictus sur son visage reste intact alors qu'il relève une nouvelle fois la tête de son interlocuteur pour le forcer à fixer son regard, quand bien même ce dernier a comme cessé de respirer depuis tout à l'heure. Mielleux, il prend tout son temps pour énoncer ce que l'autre voit déjà arriver, retenant tout juste sa jubilation.

« C'est comment, comme sensation, de défigurer le visage de son propre père au couteau ? »

Natsume ne dit pas un mot. Ses mains tremblent un peu alors que, vaguement, les souvenirs se bousculent dans un tête. D'ordinaire, il prétend avoir oublié. Et ce n'est pas faux, en un sens ; les médecins avaient bien précisé, à son procès, qu'il ne se rappellerait probablement que peu des détails. Il n'avait pas lu le rapport, car il n'avait pas souhaité y toucher, mais il se souvenait bien, ce jour-là, alors que les regards durs, fermes, mais dissimulant avec grand mal leur horreur, d'adultes, étaient posés sur lui, avoir entendu quelque chose à ce sujet. C'était comme si ce n'était jamais arrivé, et que cette soirée-là, lorsque son géniteur avait levé une main de trop vers sa mère, tout avait continué normalement. Il aurait pris un coup ou deux, serait parti se coucher dans la terreur, et le lendemain, Kazuo n'était plus là.
Mais de temps à autre, dans l'obscurité glaçante de ses propres cauchemars et dans la solitude de ses nuits sans sommeil, il a encore l'impression d'avoir le couteau dans la main. Son sang sur les doigts, l'écho du gargouillement de sa gorge déchirée figée dans le creux de ses tympans, ses lambeaux de chairs étalés sur le carrelage froid. Dans le fond, toujours, le hurlement de Miyu, puis son silence. Son silence lorsqu'elle était venue éloigner l'arme de ses mains et l'attirer loin du cadavre. Ses murmures doux, entrecoupés par quelques tressautements d'horreur et de crainte, quand elle l'avait emmené à la douche sans un mot et que, deux jours plus tard, elle avait accueilli les policiers, alertés par les voisins. Il se rappelle de ses regards désolés durant l'audience, de la manière dont elle avait caressé ses cheveux en lui promettant de venir le chercher dès que possible. Des nuits passées dans une cellule bondée, à garder toujours un œil ouvert de crainte qu'un de ses « camarades » ne vienne tenter de lui mettre une nouvelle rouste pour l'avoir défié verbalement quelques heures avant. Du sourire de sa mère quand il était sorti, et de la torsion de ses intestins lorsqu'il avait remarqué qu'elle semblait plus prise par l'empire du divertissement qu'elle avait construit par l'héritage de son mari que par les crises nocturnes de son fils. Des expressions chaleureuses qu'elle partageait avec Namiko. Plus que tout, il se rappelle de ce froid dans tout son corps, inamovible, mordant, débilitant.
Le pire, dans tout ça, c'est qu'une fois sorti après six mois, il ne se rappelait même pas de cette soirée-là. Pas même lorsque Nagisa le lui avait évoqué, interdite, entre deux regards dégoûtés, quelques mois après.
Maintenant, si.

« Je te dirais presque bravo, le type avait l'air d'être une belle pourriture, mais faut pas s'étonner de finir marteau, après. Perso, j'pense que la quatrième tentative de suicide était de trop ; t'aurais pu tenter la cinquième avec un peu d'audace ! »

Ses tripes sont déjà retournées. Alors, au lieu de susciter une quelconque forme d'humiliation supplémentaire ou même de raviver une nausée déjà omniprésente, les paroles de Méphisto font surtout naître un éclat de rage dans ses yeux fatigués, première étincelle y passant depuis un moment déjà. Ses terreurs nocturnes ont beau flouter la ligne du réel et du faux bien souvent, surtout depuis deux mois, il n'empêche qu'il est encore assez lucide pour remarquer ce que l'autre est en train d'essayer de faire. Natsume lui laisse avoir son rire insupportable et son enjouement exagéré ; de toute façon, il a mieux à faire que de se focaliser sur le visage du conseiller.
Ce dernier semble pourtant plus préoccupé par le fait de déblatérer sans pause, car apparemment, le son de sa voix devait être une merveille pour les oreilles de la pauvre populace, ou un truc du genre ; faut dire qu'à force de voir sa sale tronche dans des clips de propagande (ah oui, « publicitaire », qu'il fallait dire), Natsume avait plus ou moins compris qu'il avait l'air d'aimer s'entendre parler. Enfin, comme tous les compéteux à ses yeux, en soi. De temps à autre, il aimait les comparer à des smarties au caca ; un enrobage bien coloré pour un contenu franchement nauséabond. Mais là, encore une fois, n'était pas le sujet. Enfin, de toute façon, vu sa position actuelle, il y avait fort à douter qu'il puisse faire quoi que ce soit.

Méphisto se permet même de s'accroupir, le même sourire au visage. L'autre roule des yeux, tout au plus ; il ne ressemble qu'à un bully du collège, à son avis. Toutefois, et il le remarque assez vite, mais ses traits sont en train de s'assombrir, laissant progressivement disparaître sa fausse jovialité pour qu'à la place, une expression parfaitement neutre et apathique s'y installe. Sa mâchoire est plus tendue. Natsume sent le malaise dans son ventre se ranimer ; pendant quelques secondes, il lui semble être revenu vingt ans en arrière. Le ton doucereux et sec au possible du plus âgé ne fait qu'aggraver la situation. Plus loin, il entend Fran et Hatori couiner sous le coup de la crainte. Le fait de les savoir plus ou moins en sécurité a au moins le mérite de le calmer un peu.

« J'ai pas le droit de te buter, et ça te ferait probablement trop kiffer, mais crois-moi, je vais profiter de chaque petite seconde. Deux mois que j'attends ça. Même pas besoin d’abîmer ta petite tronche. »

En dépit de la crainte qui fait se tendre ses muscles, le cadet reste toutefois parfaitement stoïque. Ce n'est pas franchement la première fois de sa vie qu'il se retrouve dans cette situation ; c'est plus ou moins ce à quoi il a été habitué depuis l'enfance, alors il a appris à canaliser la panique de son instinct de survie pour n'afficher qu'une expression défiante et pleine de mépris. La voix du conseiller descend finalement d'un octave, mettant cesse à son petit cinéma qui ne convainquait, et n'avait d'objectif, de ne convaincre que lui. Les étincelles de colère qu'il dissimulait jusque là dans ses yeux bleus délavés sont enfin pleinement apparues.

« Maintenant, tu vas être gentil et me dire où est-ce qu'elle est, où on fera le tour jusqu'à que tu finisses par avoir une illumination. Après, j'ai un couteau, mais je t'avoue que j'ai pas très envie de m'salir.
- Va te faire foutre. 
- Oh, ça, c'est malpoli. »

Nouveau coup, remonté vers ses côtes, cette fois. Natsume encaisse silencieusement, bien qu'une exhalation aiguë et maladive soit sortie de sa gorge. L'ayant pressenti venir, il se contente ensuite plutôt de serrer les dents au possible dans l'espoir de ne pas laisser à son opposant le simple plaisir de l'entendre geindre ou réclamer un peu clémence ; il préférerait encore un coup de couteau, à la place, tiens, comme il en parlait. Pourtant, cette fois, contrairement à ses petits speechs de tout à l'heure, et même contrairement à ce qu'il a dit, Méphisto perd patience.

« Ma fille. Je sais que c'est ta sale petite gueule qui la cache. Ouvre-la, dépêche. »

Natsume se retient d'esquisser un rictus, probablement plus désabusé qu'amusé en réalité, conscient que ce serait probablement trop parler. Il savait parfaitement de quoi voulait « discuter » le plus âgé, en soi, au delà de sa petite fuite de l'emprisonnement dans lequel il se trouvait avant. Alice Donovan, après tout, il la connaît bien. Très bien, même. Enfin, disons qu'elle l'avait contacté, à un moment, paniquée par les dérives de son père dans la compétition. Ou plutôt, disons qu'elle s'était déplacée jusqu'à Baguin, un peu hagarde et complètement à l'ouest, et qu'il l'avait pris en pitié, ne supportant pas de ne rien faire à la vue d'une adolescente en train de pleurer pendant des heures. Il avait bien vite compris qu'en faisant ça, c'est-à-dire en la prenant sous son aile et en l'aidant à s'éloigner de sa famille, il courrait des risques. Encore plus lorsqu'il avait été capturé suite à une bête erreur (crétin, crétin, crétin qu'il avait été !) et que son nom était devenu connu des services de renseignement.
Pour être honnête, toutefois, il devait avouer que, dans son arrogance, il ne s'attendait pas vraiment à ce que les conséquences arrivent réellement. Comme là, par exemple. Mais bon. Tant pis. Au moins, la tête que tirait le conseiller et sa frustration lui fournissaient assez d’amusement pour rendre la douleur parfaitement « worth it », comme diraient ses élèves de collège. Méphisto claque de la langue.

« Non, pas de souvenir...? T'inquiètes, ça va te revenir. »

Ses traits sont serrés, et si il se prépare à faire quelque chose de nouveau, l'asiatique n'a pas vraiment envie d'attendre pour voir. Du coin de l’œil, il remarque un éclat violet, presque invisible, et écarquille les yeux, surpris. Pour la première fois depuis le début de cette course-poursuite complètement désavantagée, il sent l'once d'une sensation de soulagement.
Oh, bon sang, espèce d'incapable barjot, tu es génial.
Ses yeux examinent en quelques secondes la pièce, surtout ses propres pokémon. Une petite ouverture lui apparaît alors lorsqu'il remarque que, dans ses ricanements ridicules, le Dimoret du conseiller a très légèrement relâché sa tenue sur son Majaspic.

« Hatori, à droite ! »

Le serpent réagit instantanément, passant au delà de la douleur pulsante que lui a fait subir l'attaque du Dimoret tout à l'heure, pour lui donner un vigoureux coup de queue qui a le mérite de l'éloigner. Juste assez, en tous cas, pour pouvoir se relever avec rapidité et, glissant contre le sol, de faire naître une tornade de feuilles qu'il projette sans plus attendre vers la direction indiquée. La Tempête Verte s'écrase pourtant près d'un mur, passant près, très près, de la Démolosse ; elle ne fait que frôler, toutefois. Malgré sa grandeur imposante et la force qui semblait s'en dégager, faisant même siffler le vent, elle n'a pas eu d'autre effet qu'être vue.
Méphisto reste interdit, confus par l'ordre insensé du cadet, tandis que Dalhia, furieuse d'avoir été ainsi provoquée, saute à la gorge du Majaspic pour le plaquer définitivement au sol. Natsume, passé un coup d’œil rapide vers le serpent qui geint de douleur, ne montre pourtant aucune trace de déception sur son visage. Le Donovan ne comprend pas et, ce faisant, assume qu'il s'agit d'une simple preuve de médiocrité ; il ne lui en faut pas beaucoup pour être convaincu, de toute façon. Dans un claquement de la langue condescendant, il roule des yeux avec évidence, se contentant de prendre sa voix la plus blasée possible.

« Non, mais sérieux... Reste à ta place, un peu. Tes pauvres pokémon face à un conseiller, tout de même... Puis, sans stratégie, en plus... ?»

En remarquant un craquèlement violet derrière Méphisto, un rictus moqueur se dessine toutefois sur le visage de l'anarchiste.

« Pas besoin, t'es déjà complètement con. »

Il n'a pas le temps de profiter pleinement de l'expression désabusée du plus âgé, puisque aussitôt ces paroles dites que le bracelet à sa jambe se met à s'illuminer rapidement Une silhouette blanchâtre et informe se dessine subitement à l'arrière, faisant vivement réagir les pokémon de Méphisto qui tentèrent de la neutraliser immédiatement, mais ce fut sans succès aucun ; une violente vague mauve de poison vint les percuter et les faire reculer sans plus d'efforts.
Un souffle de vent glacial sévit tout à coup, les forçant à tenter de se couvrir tandis qu'une seconde plus tard, une lame aiguisée passe à quelques centimètres de l'anarchiste. Proche, très proche ; tellement proche que le cœur de Natsume rate un battement, stupéfait. Également assez, toutefois pour que l'Amphinobi relâche sa proie, bien consciente que le conserver dans sa prise ne vaudrait pas le fait de perdre sa langue.

L'éclair blanc se poste droit devant lui, lui permettant enfin de voir de ses yeux la Méga-Ectoplasma qu'il attendait de voir revenir avec des secours, qui se présentent notamment sous la forme d'une Momartik et d'une Exagide bien connues. Peu à peu, ses pokémon se regroupent autour d'eux, libérés par cette petite « explosion » de rien du tout. Ses jambes tanguent sous l'effet de la douleur de ses côtes, mais il est vite rattrapé par une petite figure empotée. Il n'est pas surpris de le voir là, ayant eu conscience de sa présence depuis un moment déjà, mais il n'empêche que son ton normalement très apathique se désemplit de sa froideur, laissant place à une mornitude plus douce.

« Merci, Ava, Shion. »

Si la Méga-Ectoplasma lui offre tout juste un coup d’œil tendre, plus occupée par le fait d'observer leurs opposants, le premier interpellé se mit à rire joyeusement, gigotant sur place avec entrain. Il n'a enfilé qu'un déguisement très sommaire, aujourd'hui, alors l'on devine aisément ses mèches blanches sous le petit manteau rosé qu'il a enfilé et derrière son bandana noir.

« Mais de rien, p'tit flocon d'avoine !  T'as mis longtemps à comprendre, hein ! »

Le sourire goguenard d'Ava lui fait rouler des yeux, mais le début d'un sourire reconnaissant tord toutefois le bout de ses lèvres ; il le dissimule autant que possible pourtant, mais rien à faire. Depuis le Drascore disparu, il aurait définitivement dû le voir venir. D'accord, il n'y avait pas réfléchi tout de suite. Il avait pensé que son partenaire avait perdu le fil, tout simplement, jusqu'au moment où Shion avait définitivement disparu, ce qui n'était pas normal, pour le coup. Au moins, ils avaient fini par le trouver. Il ne pouvait nier ressentir une certaine forme de soulagement ; il avait beau faire tout son possible pour avoir l'air indifférent, l'idée d'une alternative défaitiste ne le tentait nullement.
Livie, toutefois, semble pris d'un rire clair en apercevant la figure agacée et promptement curieuse du conseiller. Ricanement fièrement, une main sur sa joue, il pointa du doigt derrière lui, le ton joueur.

« Ooooh, t'es pas bon ! T'es vraiment pas bon !  Maya et Ziska ont attrapé ton bidule super vite, héhé ! »

Le Donovan tourna un peu la tête sur le côté, avant de grimacer de marmonner quelque chose qui n'était sans doute pas très poli et qu'il ne vaut pas le coût de raconter.

« Ah, oui, zut. Désolé, Konrad. On t'a oublié. »

Le Drascore, pris au piège dans les bras glacés d'une Momartik au sourire tout aussi refroidissant, poussa tout juste un petit cri d'indignation, vexé comme un pou par la tendance récurrente qu'avait son dresseur de l'oublier complètement. D'autant plus que celui-ci, même si il ne visait nullement à mal et était plus habitué à cette vieille blague qu'autre chose, semblait plus intéressé par les deux anarchistes devant lui. Enfin, disons plutôt qu'il poussa un long soupir exaspéré, une main dans les cheveux, avant de reprendre la parole comme si de rien n'était.

« Qu'est-ce que ça me change, un raté ou deux à ramener, franchement... Ça me fera une distraction, au moins. »

Le Dimoret derrière lui gronda de satisfaction, probablement très friand de l'idée. Derrière lui, Natsume sentit son Ectoplasma glisser contre ses côtes, lui offrant un coup d’œil rassurant, accompagné d'un rictus malicieux. Shion devait probablement avoir un peu hâte, maintenant qu'il y pensait ; elle avait toujours vu les combats comme une sorte de jeu qu'elle partageait avec son dresseur, collé contre sa peau. L'asiatique pouffa discrètement, mais ce pouffement disparut vite dans les gloussements bruyants de l'anarchiste blanc, dont les épaules se haussaient sans honte sous le coup de l'amusement. Ce dernier offrit au conseiller son plus beau sourire candide, trépignant sur place.

« Si tu n'as pas explosé d'ici là, héhé ! »
- Ava. »

Son ton réprobateur devait sûrement avoir parlé pour lui. Ou du moins, son partenaire l'avait entendu suffisamment souvent pour savoir à quoi s'attendre. Indigné, il gonfla des joues immédiatement et se mit à piailler de sa voix la plus puérile.

« … Mais ! Mais, tu sais que si on l'explose pas, il... !
- Ne sois pas ridicule. Il t'a fallu une heure pour me sortir de là, qu'est ce qu'on fait, si tu te retrouves bloqué ? »

Son argument eut le mérite de couper court à une part de la conversation, au moins. Visiblement, l'autre n'y avait pas réfléchi et il ferma sa bouche, conscient d'être en tort. Cela ne l'empêcha pas toutefois de sortir un nouvel argument, le ton plus geignard.

« J'aime pas courir... Puis, on aurait un problème de moins, Vivi ! 
- Oh, tu d'vrais écouter le d'moiseau, Vivi, moi, je trouve que c'est à tester. »

Natsume ignora complètement la voix et le rictus railleur du conseiller, bien conscient qu'il ne faisait que se moquer d'eux en leur donnant l'hypothèse d'un combat qui serait de toute façon perdu d'avance. D'accord, il avait la sale habitude ne pas vraiment s'inquiéter de s'attaquer à bien plus fort que lui, mais bizarrement, c'était tout autre chose maintenant que le pot de blanco était là ; par contre, pour qu'il l'avoue, même pas la peine. Il semblait d'ailleurs préoccupé par l'idée de faire comprendre à l'autre toute la complexité de leur situation, ne serait-ce que par ses sourcils froncés et son ton morne, un poil agacé. Les yeux plissés, il recommence à l'interroger, mais sa question est plus insistante, emplie d'un sous-texte qu'il estime (à tort) ne pas avoir besoin d'énoncer.

« Ava, est-ce que tu sais où sont les bombes, au moins ? 
- Eh bien, euh, c'est-à-dire, que, héhé... Je sais que tu m'as tout bien expliqué plusieurs fois, mais, euh... »

Le sourire gêné du juriste balbutiant, qui était d'ailleurs un peu trop candide pour que ce ne soit pas une tentative d'amadouement, en dit bien assez à son partenaire pour qu'il ne retienne pas le grognement frustré qui sortit de sa gorge. Un peu plus sèchement et probablement avec une autorité un peu excessive, il reprit la parole en lui adressant un coup d’œil mauvais.

« On rentre. »

L'autre fit la moue, mais n'objecta pas nécessairement, esquissant même le début d'un sourire bizarrement satisfait. Il fallut toutefois qu'ils s’aperçoivent que les pokémon du conseiller s'étaient mis à se rapprocher pour qu'ils s'arrêtent dans leurs pas, retournant enfin leur attention vers Méphisto, qui jusque là les observait avec une expression franchement fatiguée. Il ne semblait plus d'humeur à afficher une quelconque forme d'amusement faussé, même si ses paroles et la manière qu'il avait de garder ses mains dans ses poches auraient pu faire croire le contraire.

« Hep hep hep. Désolé de vous interrompre, mais ça m'arrange pas. Et vous commencez à me chauffer les nerfs avec vos conneries, sincèrement. »

Natsume se tend légèrement, sentant l'agacement du dresseur se partager vers ses pokémon, qui avancent lentement vers eux, les entourant sans souci aucun. En temps normal, avec les forces de  l'Exagide et la Momartik de Livie, ainsi que son Ectoplasma méga-évoluée (elle lui avait valu une petite réputation, il faut dire) combinées à ses serpents, il ne se serait probablement pas trop inquiété de se retrouver dans un traquenard pareil. Ou du moins, il aurait eu tendance à dire « au pire, je perds un bras » et à prendre le risque, bien trop fier pour penser même à une quelconque forme de reddition. Toutefois, à l'heure actuelle, et surtout contre un conseiller qu'il méprise de tout son être mais dont il connaît parfaitement la force, il lui faut jeter un coup d’œil à Livie pour renoncer à cette idée. Et si on le lui demandait, il vous dirait que ça n'a aucun rapport avec sa présence, évidemment. Vu l'assurance de leur opposant, de toute façon, il devait sûrement avoir plus d'un tour dans son sac ; et Natsume ne préférait pas imaginer ce qui serait fait au juriste si jamais ce dernier venait à tomber dans les pattes du chien-chien de la compét. Ce dernier semble d'ailleurs parfaitement assuré, notamment lorsqu'il esquisse un nouveau pas.

« On va discuter en plus grande intimité, vous inquiétez pas. J'ai des cellules toutes chaudes pour vous faire réfléchir un peu. »

La main de l'asiatique vint se porter à l'une de ses poches. Il n'aime pas vraiment utiliser de gaz en présence d'Ava, mais la situation est urgente. Toutefois, alors qu'il remettait son masque et s'apprêtait à faire claquer les petits dosettes au sol, il fut interrompu par la voix joyeuse de son partenaire. Un immense sourire venait de se dessiner sur sa frimousse boudinée.

« Oh, oh ! Attends, ça y est, je m'en souviens ! »

D'une de ses très, très nombreuses poches, le blanc fit sortir un interrupteur que Natsume connaissait très bien, puisqu'il l'avait lui-même monté. Ouvrant de grands yeux horrifiés devant l'air fier de son partenaire, il leva le ton pour la première fois, paniqué.

« Ava, ne-... ! »

Trop tard. Il a tout juste le temps d'ouvrir la bouche que, déjà, le souffle d'une explosion retentit dans les rues.

--

Il n'aime pas vraiment retourner aux caches des égouts d'Amanil. Tout infecte ses narines avec une vicieusité telle qu'il en est obligé, parfois, de se balader avec une pince sur le nez (et encore, une douce, car sinon, il pique une crise, hypersensible comme il est). Néanmoins, il n'a pas vraiment le choix ; ces temps-ci, il vaut mieux pour lui de rester dans des endroits peu évidents. Le souvenir de Baguin le fait frissonner de malaise, et il passe une main hésitante sur ses côtes abîmées. Dans son état, il serait bien incapable de reprendre des risques, de toute façon.
Pourtant, cela ne lui épargne pas d'être harcelé par une voix criarde et plaintive, dont le possesseur  s'entrevoit dans l’entrebâillement de la porte. Natsume lui jette un regard assassin dès qu'il le remarque, faisant baisser la tête de ce dernier, une moue piteuse au visage ; il en manque presque de faire tomber la poche de glace qu'il maintient sur son crâne endolori. Toutefois il ne recule pas, esquissant plutôt le début d'un sourire maladroit en s'avançant lentement, jetant des coups d’œil aux autres objets de la pièce pour s'assurer de ne rien recevoir sur la tête.

« … T'es encore en colèèèèèère-euh ? »

L'autre éloigne immédiatement son regard, choisissant plutôt de reporter son attention vers les plans qu'il n'a de cesse d'observer depuis que Livie s'en souvient. Vexé, le blanc gonfle immédiatement ses joues et trépigne sur place, les sourcils froncés dans une moue de déplaisir complet. Il estime s'être montré assez patient avec l'autre, donc il ne hésite plus à hausser le ton ou même geindre ; pour dire qu'il ne l'avait pas été du tout car il était bien incapable d'être autre chose qu'égocentrique. Il voulait bien comprendre que l'asiatique n'ait pas aimé la méthode, mais tout de même, elle avait fonctionné ! Puis, il n'avait même pas dit merci, en plus...

« Viviiii ! Allez, ça va faire deux jours ! »

Un grognement rustre lui répond, suivi de quelques mots en japonais qui ne veulent sûrement pas dire 'oui petit chou', ou du moins, uniquement dans son imaginaire. Agacé, l'aîné grommelle quelques 'zut de flûte hein t'abuses' pas franchement plus constructifs, avant d'aller s'asseoir à leur table commune, jouant machinalement avec ses playmobils au nez et à la barbe de son partenaire. Malgré tout, cela ne l'empêche pas de remarquer la légère inclinaison du regard du cadet vers son crâne, ainsi que la minuscule grimace qui s'étire sur ses lèvres, sûrement en repensant au choc de l'explosion récente. Oh, ils s'en étaient sortis, et l'autre ordure aussi, mais chacun était reparti avec quelques égratignures, disons. Des côtes fêlées pour l'un (enfin, Méphisto avait probablement bien commencé le travail), et une commotion pour l'autre, ou un truc du genre, c'était trop technique pour qu'il retienne le nom exact. Commotion qu'il devait partiellement apaiser par une petite bouillotte glacée, actuellement baissée du fait du regard curieux qu'il jetait à l'ancien scientifique. Ce dernier, remarquant qu'il était observé, détourna le regard en serrant les dents, se contentant de lui réserver un coup d’œil incendiaire en marmonnant ses prochains mots.

« Tais-toi et garde ta poche de glace sur la tête.
- Oh, tu t'inquiètes ? »

Il avait probablement dit ça avec un peu trop d'espoir et des yeux trop ouverts sous le coup de l'excitation, car aussitôt ses paroles lui échappèrent, aussitôt l'autre se mit à rouler des yeux pour reprendre la parole du même ton sarcastique habituel. Il lui semblait d'ailleurs, bizarrement, qu'il était particulièrement sur les nerfs depuis les derniers mois ; m'enfin, il ne lui demanderait pas pourquoi, car comme d'habitude, comprendre que quelque chose s'était peut-être passé pendant son enfermement était hors de sa portée (et de son avis de s'intéresser aux autres). Dans tous les cas, il en fit des tonnes, comme d'ordinaire.

« Si tu l'enlèves, je vais te donner une raison de la remettre, crois-moi.
- Mais de rien pour le sauvetage, hein ! »

Natsume soupire un peu. Il n'a pas vraiment le cœur à lui dire, pour le moment, que c'est probablement le cadet de tous leurs soucis, à l'heure actuelle.  Malgré tout, l'autre persiste un peu, l'air plus subtil toutefois.

« T'veux toujours pas parler de ce qui s'est passé pendant... ?
- Je veux que tu te concentres pour une fois dans ta vie et que tu mémorises ces foutus plans. Tu peux le faire, ça ? »

Ava roula des yeux.

« Oui bah pas si t'es malpoli comme ça.
- Meurs bêtement, alors. »

Le blanc grommela sous sa barbe inexistante, jetant distraitement une figurine playmobil à la figure de son camarade. En dépit de tout ça, pourtant, il ne put s'empêcher de se sentir un peu rassuré ; au moins, ça, c'était plus semblable à leurs habitudes.
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Segnif

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MessageSujet: Re: sanic ze edge-hog   sanic ze edge-hog Icon_minitimeLun 17 Juin - 2:26


L'évaluation ne semble pas possible dans l'état actuel des faits. Le refus de coopération du patient complique la mise en place du traitement et semble symptomatique d'un comportement contraire. Il ne semble pas y avoir de corrélation majeure entre ce comportement et le trouble anxieux ou les TSA connus. Il est probable que le stress post-traumatique soit en grande partie responsable ; par conséquent...

Il s'arrête. Temporairement, Mikael regarde sa feuille, retenant un grognement en essayant de voir comment formuler les faits sans sonner trop impératif, passif-agressif ou même trop plat, quand bien même il rêverait d'être honnête.

… par conséquent, l'enfermement prolongé n'est pas recommandé et
… Et comme si on allait m'écouter, bien sûr. Je déteste les rapports, par le cul de Groudon.
… par conséquent, il faudrait envisager de nouvelles méthodes de traitement.
Voilà, bien formel, complètement inutile et vide, mais ça remplit des lignes et je peux prétendre bosser sérieusement.

Pour le moment, l'évolution ne semble pas conséquente. Gagner la confiance du patient semble être une tâche à échelonner dans la durée.
Oooh, parfait, ça « échelonner ».  Ma grosse intelligence, tout ça, ça sonne bien. Même si ça veut juste dire « j'en sais rien alors vu que je peux pas trop dire que ça sert à rien on va continuer et on verra bien ».
De ce fait, le traitement médicamenteux doit s'en tenir au strict nécessaire mais doit être continué.

Il s'arrêta d'écrire, grimaçant un petit peu. Négligemment, il secoua sa main, les sourcils froncés sous le coup de l'agacement. Au bout de quelques secondes, et après avoir considéré son papier d'un air circonspect, il fit la moue, embêté, avant de pousser un soupir et d'apporter une dernière note.

PS : L'apport de gants sera nécessaire pour la poursuite du suivi. Le patient semble avoir la morsure facile.
PS2² : Prévoir un approvisionnement en antidouleurs.


--

« J'vais pas te mentir, va falloir qu'on coopère, si tu veux que ça se passe bien. »

Et bordel de merde, pourquoi je suis là, moi.
Si il était à peu près honnête, peut-être admettrait-il qu'il était probablement le seul à blâmer pour sa situation. Le fait était toutefois qu'il ne l'était pas, et qu'il était bien content se complaire dans ses plaintes comme le dernier des petits princelets capricieux. En revanche, ce qu'on pouvait admettre, c'était qu'il n'avait pas vraiment prévu que son job de médecin-assassin-chercheur-il-sait-pas-trop l'amène à finir par se taper chaque semaine un rendez-vous d'une heure avec une espèce de prisonnier VIP pour vérifier que ce dernier ne se foute pas en l'air et faire le point sur son état.
Ledit zigoto, par ailleurs, ne paraissait pas vraiment l'écouter ; plus préoccupé à tripoter un stylo quatre couleurs et à le faire biper et dé-biper régulièrement qu'autre chose, il n'avait pas dit un seul mot depuis que le médecin était entré dans la pièce. En soi, Mikael ne s'attendait pas à grand chose ; il l'avait déjà aperçu quand il avait fallu le soigner à son « arrivée » et n'en avait pas pensé plus. D'une part car il n'en avait pas grand chose à faire (on ne le payait pas à poser de questions), et d'autre part car il était assez intelligent pour ne pas se mêler excessivement de tout ce qui l'entourait. Les gens trop curieux, de toute façon, ne faisaient pas long feu. Dans tous les cas, l'individu qu'il « suit » plus ou moins n'était pas franchement son intérêt principal.

« Donc, hm, si tu pouvais répondre à la question.... ? »

Le souci étant qu'il fallait bien qu'il parle, à un moment donné, pour qu'ils avancent. Il avait toutefois visiblement oublié de considérer la capacité de l'asiatique à l'ignorer copieusement, se contentant de tourner un peu de la tête pour fixer davantage le stylo qui semblait être bien plus passionnant à ses yeux que son interlocuteur.
Très clairement, j'vais pas le blâmer, mais ça m'emmerde un peu, là.
Bon, il pouvait très bien faire comme la dernière fois et prévenir l'autre emmerdeur de service qu'il n'avait pas de rapport à rendre puisqu'il était dans l'incapacité de le produire au vu de l'absence totale de coopération du Shimomura, mais Mikael n'avait vraiment pas envie de se reprendre la même séance de reproches. Pas qu'il soit franchement gêné par ça, mais c'était tout de même pénible et il avait d'autres choses à faire avec son précieux temps, merci bien. Il aurait pu mentir, à la limite, mais étant donné qu'il avait à peu près envie de vivre, ce n'était pas envisageable.

Exaspéré, le médecin poussa un grognement lourd. Déjà qu'il n'aimait pas être ici.... Ce salon ressemblait tellement à un showroom ikéa qu'il aurait parfait dans un film d'horreur cheapos. Mr. Jedisrien ici présent, avec sa tronche de de mort-vivant et ses airs de fantôme à filer contre les murs, discret et silencieux, aurait fait un bon cryptide, mais ce n'était probablement pas le but. Même si dans tous les cas, étudier un véritable cryptide ou même un pokémon aurait plus intéressant de vérifier l'état d'un otage (????) qui paraissait parfaitement satisfait de le faire tourner en bourrique en le snobbant complètement, assis (hm) sur sa chaise comme si il était entièrement seul. Pinçant l'arrête de son nez, il dévisagea le cadet, faisant marcher les rouages de son cerveau pour tenter de trouver une solution. Après plusieurs secondes, il finit par reprendre la parole, tapotant le dessus de la table pour espérer que le son n'attire l'attention du cadet, sans grand succès (mais il pouvait toujours essayer).

« Hé. Tu veux que je me barre, je veux me barrer. Sur ça, on peut s'entendre, non ? »

Pas de réponses. Perplexe, il devait avouer commencer à se demander si, à tout hasard, le plus petit ne faisait pas exprès ; c'était tout à fait probable, puis qu’apparemment, une de ses activités préférées consistait à faire tourner le majordome du coin (mais qui avait besoin de majordome par Arceus) en bourrique. Mais dans son cas, il n'avait pas eu le droit au beurre mou étalé sur le sol pour provoquer des chutes immédiates, ce qui rendait cette hypothèse légèrement moins probable (quoique au moins, là il y aurait trouvé un peu d'amusement, mais c'était probablement la raison qui faisait qu'il n'obtenait aucune attention, justement).
Pour autant, le Shimomura n'était pas le seul à être têtu. Le médecin, en haussant les sourcils avec condescendance, roula des yeux. Son ton, toutefois, dénotait une pointe d'agacement, prenant la forme d'une inflexion tendue. Ses traits se pincent, mais il reste (ou du moins se force) à rester relativement calme.

« Écoute. Moi j'ai besoin d'écrire des trucs. Si c'est des conneries, j'en ai rien à foutre, j'aurais au moins quelque chose pour remplir mes rapports et pas avoir à passer deux fois plus de temps à te coller au derche la prochaine fois. »

Il aurait eu cru que ça ne fonctionnerait pas ; après tout, il lui avait déjà fait des propositions plus alléchantes que ça, sans grande réussite. Pour autant, il remarqua, à sa grande surprise, que le cadet avait très légèrement dévié son regard en sa direction, l'étudiant d'un regard presque perçant. Surpris, le médecin haussa quelque peu les sourcils, étonné. Il se retint, certes difficilement, de se mettre à glousser, à l'instar d'un gamin très fier de lui face à ce qu'il voyait comme une petite victoire ; et en même temps, vu que les deux dernières semaines n'avaient résulté qu'en des échecs complets. Presque impatient, il choisit donc d'enchaîner, saisissant son stylo à la volée pour venir griffonner négligemment sur la page et s'assurer qu'il soit bien en état de marcher.
L'air de rien, il afficha un sourire (bien entendu faux) parfaitement radieux, ne pouvant presque plus tenir sur place à l'idée d'enfin pouvoir quitter la pièce.

« Allez, n'importe quoi. Ton enfance à Mexico, tes treize frères et sœurs, des souvenirs traumatisants et parfaitement véridiques de la mort de ton petit pitbull Pupuce ; quoi que ce soit qui me donne une raison de me tirer et de sortir un truc à peu près vrai. »

Parce que lui, c'était tout ce qui lui importait. Sincèrement, la loyauté n'était à ses yeux qu'un étalages d'idioties typiques des gens qui mourraient jeunes ; et tout comme son interlocuteur, il avait la résistance d'un cafard quand il s'agissait de survivre. Alors non, très clairement, « bien faire son travail », ça lui passait au dessus de la tête. Avoir l'air de bien faire son travail, en revanche, c'était beaucoup mieux ; ça, ça permettait de ne pas finir avec la tête en gruyère et de vivre à peu près décemment (enfin, même si clairement, ils allaient tous finir par crever et qu'il avait un peu hâte de voir le shitshow à venir). Si le cadet voulait bien coopérer dans ces termes-là, il n'allait certainement pas se plaindre et ferait avec ce qu'il avait ; cela lui rappelait vaguement l'époque où il coupait de l'herbe pour la vendre à prix fort aux petits bourges du quartier fermé de son enfance, et c'était plus ou moins le même mécanisme.
Bien sûr, toutefois, que l'autre devait avoir quelque chose à redire, vu l'emmerdeur qu'il pouvait être (et bon sang, il ne pouvait pas le saquer des fois). Plissant les yeux, il avait toutefois arrêté de faire cliquer son foutu stylo, le considérant toutefois avec un air aussi méfiant que condescendant, de cette même trogne hautaine qui ne semblait jamais quitter son visage.

« … Et quel intérêt j'aurais à vous faire confiance ? »

Mikael ignora son venin méprisant, car il avait passé l'âge d'être heurté ou intimidé par ce genre de choses, se contentant plutôt d'un sourire on ne peut plus mielleux, claquant nerveusement des doigts sur sa feuille de soins pour s'éviter quelque chose d'aussi soudain que de lui sauter dessus pour l'étrangler.

« J'te demande pas de faire confiance, bichon, je le ferais même pas. Et j'te fais pas confiance non plus. En revanche, si je m'fais virer, y'a des chances que le prochain soit vachement moins conciliant. »

Cette fois-ci, il avait définitivement attrapé son attention, puisqu'il réagit même à sa dernière suggestion, fronçant les sourcils d'un air contrarié. Il resta silencieux, pourtant, et durant un instant, Mikael crut avoir fait une bourde.
Zut, me dites pas que je viens de faire cinq pas en arrière, là... ?

« … J'ai été élevé dans un cirque nomade de fourmis  en Angleterre, et depuis je rêve de fonder mon propre cirque de chats volants en Australie. »

La mine parfaitement sérieuse, il avait parlé d'un ton morne et désintéressé, le regard aussi vide que celui d'un poisson mort. Surpris et pris de court, le quarantenaire cligna des yeux et resta à le fixer ainsi pendant quelques secondes, avant d'être pris par quelques pouffements mécaniques. Distraitement, il se mit à écrire.
Bon, bah visiblement, c'était bien.

-

Quelques progrès ont été réalisés aujourd'hui. Si les propos rapportés semblent majoritairement être des créations réalisées dans le but de brouiller l'expertise, il advient toutefois que le patient a consenti à participer. Cela correspond à une avancée, même si une régression est possible du jour au lendemain.
PS : Les gants doivent effectivement être gardés, le patient n'ayant qu'une tolérance limitée. Encourager à la prise de médicaments de manière poussée semble encore dangereux.

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MessageSujet: Re: sanic ze edge-hog   sanic ze edge-hog Icon_minitimeDim 18 Aoû - 3:39


« … J'ai remarqué que tu mangeais pas mal de pommes, apparemment. Un goût pour les fruits ? »

Cette fois-ci, il avait relevé les yeux. Temporairement, il avait cessé de fixer l'écran de la vieille gameboy qui l'intéressait jusqu'alors bien davantage, son regard se portant vers l'intrus de la semaine. Mikael n'a pas bougé de sa chaise, confortablement installé à la table du salon, tapotant du stylo sur la feuille qu'il regarde distraitement, faisant passer son regard au scientifique qui, jusque là, se plaisait à l'ignorer copieusement.  En gardant le contact visuel, quand bien même ce dernier ne tient pas longtemps car il ne fallait pas s'attendre à ce que l'autre le poursuivre, il poursuit du même ton désinvolte, les épaules immobiles.

« C'est cool, je trouve, que tu prennes soin de ta santé. Non, vraiment. C'est cohérent avec la prise de poids, en plus. »

Un sarcasme sirupeux enveloppe le miel de ses paroles. Fixé sur la silhouette du cadet qui continue de le défier du regard, il continue de parler, faisant glisser les fiches de suivi qu'il avait soigneusement tenu, les traits de son visage se fixant toutefois dans une monotonie froide.

« Tu prends même la peine d'enlever chacun des pépins, c'est admirable. »

Son ton claque un peu. Les yeux du Shimomura l'examinent sans laisser passer quoi que ce soit, se contentant d'un mutisme implacable, comme si il savait très bien de quoi il voulait parler, mais qu'il attendait de voir avant de se trahir potentiellement. Mikael, en le regardant faire, sent sa patience être testée : mécaniquement, ses doigts tapotent la table avec plus de régularité tandis qu'il fronce les sourcils.

« Parce que, tu sais... »

Son ton s'est fait plus sec. Si son sourire forcé n'a pas disparu, il est toutefois marqué par une inclinaison agacée, plus tendue sur le moment. L'une de ses mains sort de sa poche droite un petit paquet remplis d'ovales noirs, qu'il pose négligemment sur la table, refusant de quitter le Shimomura du regard. Si ce dernier n'a pas bougé, Mikael croit avoir vu une étincelle de surprise dans ses yeux pendant une seconde – juste une seconde. Elle disparaît l'instant après, tel qu'il s'y attend de la part de quelqu'un mettant un point d'honneur à se montrer le moins expressif possible. Pour autant, le médecin poursuit, le visage devenu presque inflexible.

« Si jamais quelqu'un venait à ingérer quelques uns, ce ne serait pas grave, mais si quelqu'un les gardait de côté pour en ingérer une cinquantaine en une fois... »

Mikael agite légèrement le petit sac qu'il a récupéré quelque part dans un coin de placard, bien dissimulé, dans une crevasse sûrement creusée pour l'occasion – plutôt malin, le cadet s'était montré prudent, évitant les cachettes trop évidentes. Le barbu avait manqué de croire qu'il imaginait des choses, lorsqu'il avait vu ces deux-trois trognons impeccablement nettoyés ; puis, petit à petit, il s'était rendu compte qu'il n'avait pas vu les précédents, et que le Shimomura semblait même les ingérer. Une habitude étrange qui lui avait mis la puce à l'oreille et qui, visiblement, il avait bien fait de mettre en doute.

« Eh bien, cette personne serait dans un très mauvais état très rapidement, et sans moyen de l'empêcher. »

L'ironie dans sa voix a perdu son côté joueur, parce qu'en vrai, ça ne le fait pas vraiment rire. Il aimerait que l'autre le comprenne, mais le matheux semble décidé à lui offrir sa plus belle tête de désintérêt absolu, comme si il était en train de lui conter l'alphabet et qu'il n'avait jamais entendu quelque chose d'aussi plat. Oh, Mikael avait un peu ri sur le moment : dans un pouffement jaune, il l'avait même traité de « sale petit con ». Même maintenant, un rictus jaune étire ses traits.

« C'est malin. Je n'y aurais jamais pensé. Les fleurs toxiques, ça oui, mais les pépins... »

Il avait réalisé, sur le moment, que sa tête avait bien fallu rouler pour quelque chose d'aussi stupide que des pépins de pomme. On lui avait dit de se méfier, pourtant : un spécialiste du poison aux tendances suicidaires, c'était quelque peu compliqué à maîtriser. Assez stupidement, probablement arrogamment, Mikael l'avait mésestimé. En même temps, difficile de ne pas le faire face à quelqu'un coupé du monde et tout moyen évident de mettre fin à ses jours. Devant un animal acculé, on a tendance à croire qu'on contrôle bien la situation ; c'est justement là qu'ils sont les plus vicieux, mais le médecin ne l'avait pas envisagé. Cette erreur aurait pu lui coûter très cher, mais il n'a pas l'intention de se laisser piéger une seconde fois.
Avec sa mine morne et ses airs de nerd renfrogné, Mikael aurait presque oublié qu'il avait face à lui un anarchiste chevronné et qu'il n'avait pas vraiment l'intérêt à le prendre pour un idiot ; le dernier qui l'avait fait, après tout, s'était retrouvé responsable de sa fuite, et... Eh bien. Disons qu'il avait eu l'air blanc pendant un moment, par la suite. Probablement qu'il l'était toujours, vu sa façon de raser les murs et de regarder à tous les coins de la rue en traversant. Au fond, Mikael est plus frustré contre lui-même.

Natsume est resté silencieux, ses yeux faisant des allers retours entre le petit sachet et le visage de son interlocuteur, qu'il jauge en silence, comme pour essayer d'évaluer précisément ce qui se passe et ce qu'il peut faire. Les traits durcis du barbu ne semblent pas le déranger ; et sincèrement, Mikael commence à se demander si il est capable d'exprimer autre chose que cette tronche vide, à force. Exaspéré, le médecin sent ses dents se crisper et il siffle presque, l'air plus mauvais.

« Je m'en fous, que tu veuilles te foutre en l'air. En revanche, si tu réussis en t'intoxiquant, c'est ma tête qui suit. »

Aller explique à Sirius que son chouchou était mort en s'empoisonnant parce qu'il était infichu de préparer un antidote dans les temps ou le sortir de son système était une tentative qu'il n'avait pas vraiment envie de faire : déjà car il avait la sensation qu'il ne sortirait pas de la pièce, ensuite et d'autre part car il avait déjà vu assez d'épisodes des Looney Tunes pour savoir qu'il ne courrait pas aussi vite que ça.

« … Et ? »

Il ne doutait pas du fait que le cadet en ait quelque chose à faire, mais le ton plat et désintéressé de ce dernier alors qu'il le regarde le lui confirme. Soit, essayer d'appeler à son empathie était plus ou moins inutile, mais cela ne l'empêchait tout de même pas de tenter le coup ; qui ne tente rien n'a rien, après tout. Quelque peu agacé malgré lui par le comportement de son interlocuteur, Mikael doit forcer un sourire extrêmement crispé à tenir sur son visage.

« … On va faire un marché, veux-tu ? »

Natsume plisse les yeux, méfiant. Mikael n'ira pas lui en vouloir pour ça : ce n'est pas comme si il était entouré de gens sains d'esprit ou de confiance, en soi. Il ne s'attend pas à autre chose que de la méfiance, mais il croit également que l'intérêt du scientifique se retrouvera avec le sien dans ce cas-là. En parlant, il prend le soin de bien clarifier son propos et d'articuler au possible.

« Tu arrêtes les essais à base de poison et en échange, je ne dénonce pas ta petite tentative. Je ne crois pas qu'il serait dans ton intérêt que ça se sache que tu aies recommencé, n'est-ce pas ? »

Vu le grognement de désagrément qu'il entendit, il y avait fort à parier qu'il avait touché juste, et la pensée tira à Mikael un sourire satisfait. D'accord, ce n'était pas très juste, de jouer à ça, mais... Mais, bah, l'autre l'avait cherché, aussi. Aussi têtu qu'il soit, Natsume n'était pas assez bête pour ignorer le fait qu'être sous surveillance raffermie risquait de lui compliquer la vie, quand bien même il détestait l'idée de donner ne serait-ce qu'un doigt à son vis-à-vis. Il paraissait toutefois y réfléchir, bien que ses yeux lançaient des éclairs. Un détail, néanmoins, attira son attention et lui fit plisser les yeux dans une mine perplexe.

« … Vous ne demandez pas à ce que j'arrête tout court ?
- Parce que tu m'écouterais ? »

Les sourcils haussés et l'air aussi moqueur que blasé, il estime ne pas avoir besoin de s'expliquer davantage ; et l'asiatique n'insulte pas davantage son intelligence, se contentant de fermer sa bouche. Un comportement que l'aîné interprète comme un « hm, fair ». Au moins, quitte à ne pas pouvoir parler à un instant de survie ou à une forme d'empathie, Mikael pouvait espérer faire quelque chose avec du pragmatisme.
En roulant de la main, il fit glisser un fruit de son sac à sa main pour le jeter négligemment vers le scientifique, un rictus prétentieux au coin des lèvres.

« Hé, j't'offre une pomme ? »

D'accord, d'accord. Peut-être qu'il avait marché en plein dedans, et qu'il n'aurait pas dû être surpris de le recevoir violemment en plein visage par la suite : il allait devoir ajouter « œil au beurre noir » à sa liste des risques encourus, en revanche.

--

Les dernières évolutions dans le comportement du patient semble laisser croire à une diminution des symptômes d'envies suicidaires. La prise régulière du traitement, rendu possible par l'administration au sein de la nourriture, remplit correctement son rôle de stabilisateur.
Si les comportements antisociaux n'ont pas reflué, il advient toutefois que la proportion des conduites à risques semble avoir largement diminué. Il est possible qu'un environnement stable et sain...


... Mouais, non, pas crédible, là. Si le mensonge est pas fin, ça va se voir.

… Il est probable qu'un environnement stable en soit une cause.

Waw, même moi, je me  trouve sans race.

Il ne semble pas y avoir de facteurs de complications.

--

« Mais pourquoi est-ce que tu mords tout le temps ?!
- Parce que je n'ai rien pour te poignarder. »

La réponse avait été prononcé d'un ton si plat et avec tant d'aisance que Mikael avait manqué de se demander si le plus petit n'était pas en train de lui énoncer les composants d'une sauce à la tomate. Une main le tenant à distance, il grimaçait quelque peu face à l'effort nécessaire de l'éloigner et en même temps, d'éviter de laisser la moindre petite trace d'ongle sur sa peau. Même si leur différence de carrure et de musculature était assez spectaculaire, cela ne rendait pas la tache foncièrement plus simple : Natsume compensait ses difficultés par une incroyable et presque admirable volonté de lui faire très mal, par tous les moyens possibles. Une volonté contre laquelle il a du mal à lutter pour le moment, et qui le fait couiner à chaque fois que le cadet écrase le plus fortement possible ses pieds avec ses chaussures.
Les sourcils froncés, il montre les dents entre deux tentatives de lui faire un croche-pattes, l'air mauvais.

« Les couteaux, les fourchettes, les cuillères et  la plupart des objets contondants ont disparu, alors je fais avec ce que j'ai. »

Probablement qu'il n'aurait pas dû penser que lui faire une injection allait être une partie de plaisir. Vu le médicament et les carences en vitamines laissées par ses semaines d'errance, Mikael était bien obligé, mais... Mais visiblement, le travail allait s'avérer coriace. Quand en plus il ne pouvait même pas envisager d'utiliser sa force...
Une nouvelle sensation de douleur aigue le fit couiner brutalement, et il persifla le plus vulgairement possible, beuglant cette fois-ci comme un âne qu'on mettrait à mort.

« … C'est tout à fait valable, mais ça ne veut pas dire tu peux me mordre ! »

Et le pire dans tout ça, c'est que ce petit con s'était mis à rire.

--

… Pour autant, la recherche volontaire de conflits semble être un élément récurrent.
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MessageSujet: Re: sanic ze edge-hog   sanic ze edge-hog Icon_minitimeDim 18 Aoû - 23:20


Les tentatives de communication avec le patient se révèlent plus fructueuses. Sans obtempérer au traitement, il semble que les comportements antisociaux et agressifs refluent progressivement, probablement sous l'effet de la fatigue émotionnelle.
Le passage des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine à des  inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine ou noradrénaline est recommandé, étant donné que les probabilités d'effets secondaires sont amoindris.

La stabilisation semble pour le moment en bonne voie.


--

« Hé, t'as fait quoi, pour être mis ici, au fait... ? »

La question le triturait depuis un moment déjà, il faut le dire. Pour plusieurs raisons, il ne l'avait pas posé jusqu'à maintenant. Déjà car il avait comme l'impression qu'il n'aurait aucune réponse, d'autre part car il n'avait pas nécessairement la possibilité de la poser (quand vous cherchez à éviter de vous faire agresser, vous avez autre chose à foutre), et également car il n'avait, jusque là, pas envisagé l'idée même que son interlocuteur l'écoute plus de trois secondes et demi. En trois semaines toutefois, il était passé d'une ignorance volontaire et parfaitement calculée (du genre à aller aux toilettes pendant deux heures quand il était là) à un snobbisme basique (plus vexant, car du coup Mikael le voyait très bien l'ignorer, mais bon), si bien que, au détour d'une consult' à peu près ordinaire, il s'était permis de la poser, l'air de rien.

Au début, Mikael était persuadé qu'il allait avoir droit à un des silences habituels du Shimomura, qui s'était placé dans sa position habituelle en se recroquevillant sur le canapé (et sur le même coussin à chaque fois, d'ailleurs il avait eu le droit à une crise quand il s'était un peu trop approché, alors depuis, il se tenait à l'écart). Il n'avait même pas relevé le regard, toujours fixé sur sa console, probablement car il n'avait pas fini son opus actuel de Fire Emblem et qu'il préférait grommeler sur sa malchance que l'écouter (ce qui en soi était parfaitement fair). Pour cette raison, il avait repris une gorgée de son verre, laissant l'alcool descendre dans sa gorge pour la brûler avec modération, avant de le poser sur la table et de parler en l'air, le regard fixé sur le plafond. Refait, d'ailleurs, puisqu'au cours du dernier meltdown en date, Natsume avait balancé il ne sait quoi et fait quelques dégâts (et pour être honnête, ça faisait beaucoup rire Mikael). En haussant les épaules, il se permit même d'expliquer le pourquoi de sa question.

« Tu reconnaîtras que c'est pas... Habituel, comme conditions de détention. Y'a bien des gens en résidence surveillée, mais c'est des cas rares, et là, t'es... »

Il se garda de prononcer les mots de « cage dorée », bien conscient qu'il n'était pas supposé le dire à haute voix, quand bien même il avait déjà sûrement enfreint quinze ou treize règles en parlant de manière aussi ouverte à l'anarchiste. Sa bouche se ferma en une grimace, peu appréciateur de cette hypocrisie ridicule à laquelle il devait participer. Pour autant, son interrogation était sincère : il ne saisissait pas vraiment ce qu'il foutait là, l'ancien prof de maths de collège qui avait au mieux fabriqué quelques gaz et participé à des actions somme toutes plutôt banales. Si encore il avait servi de rançon, aurait pu produire des armes ou quelque chose du genre, Mikael aurait pu piger l'intérêt d'essayer de le dorloter pour s'attirer ses bonnes grâces, mais ça n'avait pas l'air de fonctionner des masses. Puis, il y avait le sujet de la haine vivace que le Shimomura portait pour Sirius, et...

« … Calmos, hein, j'ai pas envie qu'on m'arrache la tronche si on te voit avec trop d'alcool dans le sang. »

Il cligna des yeux en voyant le cadet terminer son verre de manzana-vodka-jus de pêche d'une traite, une grimace s'étirant sur ses traits. En rétrospective, ce n'était peut-être pas une bonne idée, mais bon, il avait bien fallu ça pour que le cadet consente à écouter ses questions (il n'avait pas promis d'y répondre), alors... On pouvait dire que ça faisait partie de son job, quelque part... ? Un ricanement sec tira toutefois Mikael de ses pensées.

« J'ai déjà des corticoïdes, des antidépresseurs, au pire, ça fera un mélange efficace et ça finira le travail. »

Mikael ne rit pas trop à cela, bien conscient que ça n'avait rien d'une blague et qu'il était parfaitement sérieux, même si son rictus narquois aurait pu faire penser le contraire. Oh, en temps normal, ça le ferait rire comme un dindon, mais ça le faisait un peu moins marrer quand ça le concernait, égocentrique comme il était.
Le Shimomura, en tous cas, semble trouver ça très drôle, vu son rire jaune et la manière qu'il a de fixer le plafond. Ses étouffements, toutefois, n'ont rien de naturel et laissent à l'Evans une sensation de malaise au creux du ventre, qui croît encore lorsqu'il croise le regard vide et las du cadet.

« Qu'est-ce que j'en sais, moi, de ce qui lui passe par la tête ? »

Il y a une certaine sécheresse dans sa voix, qui claque sur la fin, son regard se faisant  perçant. Mikael cligne des yeux, curieux face à cette évolution dans son comportement. Les épaules du Shimomura se sont crispées, et derrière sa fausse décontraction, le médecin perçoit clairement une tension sous-jacente, refoulée, plus profonde que la colère habituelle qui surgissait de temps à autre dans ses crises et ses sarcasmes. Il croit même discerner un éclat de rage dans son regard marron morne tandis qu'il esquisse une moue mauvaise.

« On vous a pas appris à ne pas essayer de rentrer dans la logique des sociopathes, en médecine ? »

Il siffle presque, comme pour lui signifier de reculer implicitement, mais de la manière la plus expressive possible. Peu impressionné, probablement car il a déjà eu le droit à son lot de griffures et de morsures et qu'il n'est donc plus à ça près, le barbu se contente de le fixer avec neutralité.
Ah, si j'ai pas touché un point sensible, là...
Le cadet hausse les épaules, continuant à fausser son air désintéressé, les traits de son visage forçant un vide qui se reflétait jusqu'à sa voix, désabusée au possible.

« Des armes ? Des infos ? Une envie de 'montrer' qu'il peut gagner ? Est-ce que ça a une importance ? »

Il lui paraît étrangement calme, comme ça. Comme si il était résigné à une absurdité qu'il n'avait que d'autre choix que supporter avec fatigue, La tête posée sur l'accoudoir du canapé, son ton n'est même pas acide, comme si il s'agissait d'une constatation banale.

« Ça ne changera rien à ma situation que de le savoir. Ça fait un bout de temps que j'ai pigé ça. »

En soi, Mikael pouvait admettre qu'il avait un point. Lui-même n'était pas trop au courant des raisons et des ramifications de toute cette affaire ; et de toute façon, il ne s'en approcherait pas à moins de cent quarante kilomètres, bien conscient qu'il y avait là des informations sensibles qu'il ne voulait pas nécessairement connaître. Les quelques hypothèses qu'il avait n'étaient pas nombreuses, mais toutes s'appuyaient sur cette amertume qui enveloppait les paroles et le comportement du cadet, comme la couverture de quelque chose de bien plus insidieux et personnel. L'agressivité ne venait pas de nulle part, après tout, et après trois semaines, si elle s'était stabilisée, elle restait toutefois profondément enfouie ; il y avait donc bien quelque chose qui le dérangeait intimement, au delà de son enfermement. De là à le lui faire sortir, par contre... Encore aurait-il fallu qu'il le sache lui-même, et sur ça, Mikael avait comme un doute.
Un gloussement jaune lui échappa alors qu'il tourna lentement la tête dans sa direction, lui offrant une moue aussi moqueuse que lasse.

« J'ai l'habitude des prisons. Dans le fond, c'est juste la tapisserie qui change. »

J'aime pas quand il a raison, je me retrouve comme un con à rien pouvoir dire, après.
Ou à se retrouver à vouloir prendre une gorgée d'un verre qui est déjà vide, donc se sentir un peu stupide, et le remplir plus ou moins adroitement de la manière la plus maladroite et évidemment suspecte, aussi. Fort heureusement, Natsume n'était clairement pas une lumière pour ce qui était de déchiffrer les étrangetés sociales, alors il ne le releva pas, plus occupé à fermer les yeux pour signifier à son interlocuteur qu'il aimerait plutôt faire la sieste que l'écouter à l'heure actuelle. En s'enfonçant dans son coussin comme un rongeur au fond de son trou, le Shimomura en oubliait presque la présence de l'Evans, qui, jusque là, le fixait sans un mot, une pensée en tête.
Bon, alors, c'est un peu quitte ou double, ou...

« Ouais, sauf que d'habitude, c'est pas ton ex, non ? »

Il avait dit ça comme ça, l'air de rien, en prenant bien soin de relever son verre pour donner l'impression qu'il n'avait absolument pas réfléchi à ce qu'il venait de dire. Son regard, toutefois, passe au travers du verre pour ne plus quitter le visage de son vis-à-vis, qui s'est si brutalement renfermé que ce ne peut être le simple fait d'un désagrément anecdotique.

« C'est pas mon ex. C'était un pote, c'est tout. »

C'était définitivement pas un pote.
Son ton claque comme une sentence, lui ordonnant silencieusement de reculer au plus vite de la ligne blanche qu'il avait (presque) franchi. Si il était habitué aux regards mauvais, celui-ci est incendiaire, et, le médecin le sent jusque là, bien plus sérieux. Une tension lourde s'était installée dans l'air, si bien qu'au bout de quelques secondes, Mikael finit par hausser les épaules, la mine désintéressée et tout à fait blasé.

« 'Ex-pote', alors, si tu veux. Ça change pas la situation. »

... Mais ça change les effets secondaires.
Natsume roula des yeux – trop fortement pour que ce ne soit pas exagéré. Inconsciemment, il se recroquevilla quelque peu, les épaules rehaussées contre son cou.

« De toute façon, je finirai par sortir. Les pieds en arrière si il le faut. »

Mikael, cette fois, n'aurait pas mis en doute le fait qu'il était très sérieux. Il se garda de faire un commentaire, moins certain que le cadet pouvait l'être sur ce dernier point.

--

Les progrès effectués en termes de communication ne laissent pas entrevoir la possibilité de l'amélioration de l'état général du patient.


Dernière édition par Segnif le Mar 15 Oct - 0:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: sanic ze edge-hog   sanic ze edge-hog Icon_minitimeMer 21 Aoû - 1:53


Merde, merde, merde !
Une bête erreur de vigilance. Le genre de trucs qui finit par arriver quand vous vous habituez à une stabilisation relative, et que vous oubliez, somme toute assez stupidement, que tout peut aller très vite. L'enflure avait parfaitement mémorisé ses horaires désarticulés, ses manières de trifouiller dans ses affaires, le délai qu'il posait entre chacune de ses actions, l'endroit où il fixait son regard... Le genre de choses auquel il aurait pu s'attendre, et qui le mettait maintenant dans une merde noire .

« Mais je croyais que t'avais pas d'objets contondants ?! »

Ne pas lui faire confiance était pourtant la règle d'or qu'il s'était fixé, mais pendant quelques secondes, il l'avait presque oublié. Faut dire qu'à force, c'était plus devenu un running gag qu'autre chose, et le danger réel lui avait paru de plus en plus éloigné. Quand il y repensait deux secondes, il était tout à fait probable que le cadet ait volontairement attendu le moment où sa vigilance serait la plus faible ; Mikael lui en voudrait presque si il n'avait pas conscience qu'il était le seul à blâmer pour sa naïveté, et si il n'avait pas d'autre chose à faire à l'heure actuelle.
En grommelant, il jeta un regard sur le côté, gardant sa prise bien fermée sur le col du cadet qui se débattait vivement pour s'éloigner. La plaie sur sa clavicule, bien que superficielle puisque Mikael avait eu le temps de l'arrêter à temps, laissait toutefois échapper de longs et fluides filets de sang de leur source. Le barbu n'avait pas eu le temps de voir ce qu'il avait utilisé : tout juste avait-il eu le temps de bloquer ses poignets et de le saisir pour l'empêcher d'aller au bout de son projet, mais la suite avait été une telle bataille de jambes et de bras que cela aurait été trop lui demander.

En manœuvrant l'asiatique, ce qui n'était au passage pas une tâche facile car ce dernier paraissait décidé à lui arracher le visage avec ses dents, son regard bleu entrevit quelque chose qui ressemblait à une lame, et qui, au vu de sa couleur, devait être...

« … Bien sûr. Bien sûr. »

Bordel de merde, c'était pas le moment d'être intelligent, gamin !
En écrasant le couteau de glace sous son pied, il grimaça fortement, jurant intérieurement sonctre sa propre stupidité. En grommelant, il retint le bras qui venait tenter de lui offrir un coup de poing, serrant les dents, surpris par la force soudaine du scientifique, ne s'étant pas attendu à une telle vigueur. Mikael n'a pas vraiment peur d'être blessé, ou du moins, autrement que de manière superficielle : puisque pour l'instant, son attention est plutôt portée vers la plaie sanguinolente du Shimomura, qui s'écoule d'autant plus que son porteur n'a de cesse de bouger. Perdant patience, le barbu grogna expressément, les traits bougés en une expression dure et exaspérée.

« Laisse-moi voir. C'est raté, tu vas pas réussir. Tu vas pas continuer d'avoir mal par fierté, tout de même ?! »

Le regard enflammé et mauvais qu'il reçut en réponse lui exprima très clairement un « oh si » parfaitement assumé, mais Mikael fit mine de ne pas l'avoir vu, se contentant de pester lorsqu'il eut le droit à un vif coup de pied, menaçant de lui faire perde l'équilibre.
Bon, de toute façon, j'ai pas le choix...
D'ordinaire, il évitait de l'abîmer, car il savait à quel point c'était risqué, mais l'urgence de la situation lui fit passer au dessus de ses habitudes. En saisissant son poignet, il le fit basculer à terre avec une certaine force, juste assez pour le sonner quelques secondes et bloquer son torse par le biais d'un de ses bras. Pour autant, quand bien même la situation était inextricable pour le cadet, ce dernier continuait de gesticuler avec ardeur, accompagnant ses coups de pieds par des grognements et des beuglements en japonais qui ne devaient certainement pas être des politesses.
... Ah, ça, j'ai entendu ça dans le dessin animé de Dany, c'est pas gentil.

« Purée, tu t'es pas raté. Tu sais où viser, au moins. »

Il grimace en arrêtant comme il le peut le saignement, évitant de justesse que des gouttes trop révélatrices ne soient visibles. Pas que cela le gênait de laisser du travail en plus à Aloïs, mais... Mais, bah, clairement, le gamin serait dans la panade si jamais ça se voyait trop, alors, même inconsciemment, il faisait en sorte de le dissimuler. Réalisant qu'il l'avait fait tout naturellement, il claqua de la langue pour se maudire intérieurement.
Bon sang, trop bon, trop con.
Ledit gamin n'allait clairement pas le laisser s'occuper de lui, et Mikael n'était pas très fan de l'option « l'assommer et s'expliquer en rapport après ». Parce que, clairement, c'était vaguement désagréable, d'autre part car il tenait pas mal à ses fesses, et enfin car il était du genre à apprécier les compromis qui l'arrangeaient surtout lui. Alors, en attendant une occasion où les gesticulations de son « patient » se firent moins fortes, sans doute à cause de la nécessité de prendre de l'air, il reprit la parole, le visage plus neutre et le ton calme.

« Laisse-moi te soigner. Ça ne prendra que quelques minutes, et je te toucherais le moins possible. »

Vu la manière qu'il avait de le défigurer à moitié en règle générale lorsqu'il essayait de lui faire une injection ou de simplement s'approcher pour marcher bordel de merde, il allait bien avoir besoin de ça. Les mouvements du Shimomura semblèrent s'amoindrir légèrement, mais Mikael pouvait toujours apercevoir une lueur d'inquiétude et d'anxiété dans son regard vitreux. En grimaçant, il adoucit sa voix.

« … Je le marquerai pas. »

Il y eut un silence, entrecoupé par les inspirations malaisées du cadet. Pendant quelques secondes, Mikael crut que le gamin allait récupérer de la force et lui sauter à la gorge, mais il n'en fut rien. En croisant son regard, il fut presque surpris par le calme plat de l'asiatique, dont la mine s'était faite une peinture même de la fatigue. Puis, dans un soupir, il ferma les yeux et tourna la tête, comme pour lui donner son accord sans avoir à le dire.
... On progresse. De pas grand chose, mais on progresse.

La respiration lente et hachée du scientifique lui fait relever la tête, les sourcils froncés. Il a arrêté de se débattre, mais sa cage thoracique s'abaisse et se baisse plus régulièrement, son regard vague fixé sur un point invisible sur le plafond. Au début, Mikael met ses inspirations et expirations lentes, difficiles, sur le dos des efforts qu'il a dû faire pour essayer de se débarrasser de lui, mais bien vite, il est forcé de remarquer qu'elles sont trop puissantes pour que cela soit normal. Les yeux plissés, il fait passer un doigt sous le cou du Shimomura pour mesurer son pouls, avant d'écarquiller soudainement les yeux.
Mais comment est-ce qu'on peut avoir une santé aussi merdique, par le cul crasseux de Kyogre ?!
Probablement que quelques années de prison pour mineurs, d'hôpital psychiatrique, de pauvreté et de traumatismes variés n'aidaient pas, mais il était décidé à être de très mauvaise foi.

En retirant la pression sur sa poitrine, l'Evans vint saisir l'arrière du dos du cadet pour le relever légèrement, juste assez pour incliner son dos à 120°, qui, étrangement, se laissa faire. Curieux de cette bizarrerie mais pas d'humeur à le lui faire remarquer, il éloigna le chiffon qu'il avait posé sur son cou pour venir approcher son inhalateur, écarquillant légèrement les yeux en voyant l'asiatique l'accepter sans un mot. Si ses tremblements n'ont pas diminué, il a toutefois entièrement cessé de le repousser ; Mikael ne saurait pas dire, toutefois, si c'était à cause du choc ou d'une simple bonne volonté, pour une fois. Il était très probable que ce soit le premier cas.

Sans un mot, le médecin s'applique à sa tâche, gardant l’œil sur le visage blanc du plus jeune pour s'assurer qu'il ne lui fasse pas un malaise d'une minute à l'autre. Pour une fois, Mikael aimerait s'imaginer au bord d'une piscine, en train de siroter un whisky-coca, avec un twink ou une goth plutôt mignons au cou, une vidéo youtube de chats qui pètent en fond et un petit parasol sur son verre, parce que quand même, ça serait vachement mieux que ça.

« Tu fais chier. J'avais prévu d'aller voir mon gamin, moi. »

Le grognement lui avait échappé comme ça, sans qu'il y réfléchisse vraiment, entre deux inspirations de l'asthmatique. Le Shimomura posa sur lui un regard perplexe, comme si l'apport d'une nouvelle information le rendait bizarrement curieux.

« … T'en as un ? »

Mikael cligna des yeux en fixant son vis-à-vis d'un air stupide, étonné de voir une forme d'intérêt quelconque de la part de l'anarchiste, d'autant plus que ce dernier paraissait avoir du mal à parler. Sans vraiment réfléchir à ce que cela voulait dire, il haussa les épaules.
Bah, après tout, je préfère ça à quand il me bouffe, sérieusement.

« Deux en fait, enfin, plutôt un au quotidien, on va dire. »

Il grimaça légèrement en y repensant, ne voulant pas vraiment rentrer dans les détails à ce propos. Enfin, pas qu'il puisse se plaindre, puisqu'au moins ses gamins étaient en vie (ce qui n'était pas le cas de tout le monde), mais... Mais clairement, la détestation claire de son aîné pour lui n'était pas sans le faire royalement chier. Il haussa vaguement les épaules.

« M'aime pas trop. Tu lui ressembles un peu, pour le côté chat sauvage. »

Chat sauvage traumatisé, surtout.
Bien conscient qu'il tentait déjà sa chance par cette comparaison, il n'en rajouta pas. Face à ses propos, le Shimomura se contenta de le fixer avec une neutralité que Mikael interpréta comme un désintérêt total. Sans être vexé, le médecin se serait presque mis à faire la moue.
Lentement, la respiration du cadet se calme. Le saignement s'est lui aussi stoppé, ou du moins, Mikael ne voit plus rien couler le long du tissu, alors il se permet un soupir de soulagement, bien content de ne pas avoir plus galéré que ça. Honnêtement, quand il l'avait vu en train de pisser le sang sur le sol de la cuisine, il avait vu sa propre vie défiler devant ses yeux, et elle n'était franchement pas assez cool pour que le spectacle en vaille la peine.

« … Désolé, pour le coup. »

L'excuse était venue toute seule. Même si il n'avait pas de race, taper sur des asthmatiques malades deux fois plus petit et musculeux que lui en position de faiblesse, ça devait rentrer dans une catégorie spéciale de trucs que même quand t'as pas de race, tu y repenses deux secondes en te disant que ouah, quand même, papa noël va vraiment pas te faire de cadeaux cette année. Mikael avait imaginé que l'asiatique lui dirait de se la carrer dans un endroit relativement original, à la place, il eut plutôt le droit à un haussement d'épaules désabusé, qu'il interpréta comme un « eh, m'en fous ».
En parlant de coup, d'ailleurs, le regard du médecin s'attarda vaguement sur la trace située près de sa clavicule. Il pouvait certes bidouiller son rapport, mais quitte à prendre un risque, autant prendre également quelques précautions. Il se releva machinalement pour aller vers la salle de bains, en revenant avec un peu de fond de teint pour dissimuler la plaie. En le voyant faire, le Shimomura esquissa un mouvement de recul, mais s'immobilisa quand l'Evans s'arrêta pour lui montrer qu'il ne comptait pas faire un pas de trop.

« Bouge pas. Pour aujourd'hui, ça devrait suffire. Après-demain, ça sera parti. »

Dans un grognement fatigué, le Shimomura obtempéra malgré tout, quoique son regard restait extrêmement concentré sur ses mouvements, très peu appréciateur. Vu la manière qu'il avait de gesticuler sur place, il y avait fort à parier que l'information comme quoi il avait une sainte horreur d'être touché n'était pas une simple invention destinée à lui éviter des grandes traces de dents sur les bras. Au moins, comme ça, il arrêtait de lui grogner dessus, ce qui était plutôt pas mal en terme d'avancée.
Un silence relativement inconfortable s'installa. Le gamin ne bougeait plus, l'air fatigué, le regard fixé sur un point fixe. Le barbu, en regardant les traces de sang à terre, grimaça malgré lui, ne sachant que bien trop à quel point effacer tout ça allait être une corvée. Son expérience dans le régime allait aider, mais ce ne serait pas la première fois depuis qu'il avait commencé à bosser pour la compét ; parce que, dans le fond, les confitures se font toujours dans les mêmes marmites.  Toujours était-il qu'il n'était pas particulièrement enjoué face à l'idée.
Mais pourquoi j'le couvre, aussi, moi ?!
La question resterait sans réponse, tant parce qu'elle le rendait confus que parce qu'il ne voulait pas y penser trop longtemps, et que ça l'arrangeait bien, de ne pas y réfléchir.

En soupirant, il reposa son attention sur l'anarchiste, laissant son regard s'attarder sur la plaie qu'il avait dissimulé du mieux qu'il le pouvait. Bon, de toute façon, il passait déjà les trois quarts du temps à se couvrir avec tout ce qu'il pouvait choper, alors ça devrait passer, mais... Mais au fond, un détail le chiffonnait encore, et cette fois-ci, ça n'avait rien d'une obligation professionnelle. Les yeux plissés, il se permit une certaine audace, curieux.

« … Tu m'expliques, quand même ? »

Il ne reçut en réponse qu'un vague regard vide, planté sur lui comme si il attendait d'autres paroles que celles qu'il pensait déjà bien explicites comme ça. En remarquant que son attention ne s'éloignait pas, Mikael développa davantage, légèrement incertain cette fois.

« Ça faisait huit jours que t'avais pas retenté le coup. »

Et c'était plutôt pas mal, en vrai, comme high-score, même si il ne devrait certainement pas appeler ça comme ça parce que c'était un peu glauquissime, au fond. Il avait même pris la peine de noter de nets progrès, sans être non plus complètement aveuglé au fait que ces « progrès » devaient surtout être le fait de l'isolation de tous moyens de mettre fin à ses jours. Au moins, en prenant ces notes, il se disait qu'on lâcherait un peu du lest à l'asiatique ; il ne s'était pas rendu compte que, même inconsciemment, l'idée le rassurait quelque peu. Toutefois, après ça... Disons que cela risquait d'être compliqué.

« … Ça fait mal. »

Il avait tellement marmonné que Mikael avait cru qu'il ne s'agissait que de grognements, au départ, de vagues sons destiné à lui faire signe de reculer. Pourtant, la mine du Shimomura est sombre, fermée. Son regard lui paraît plus vide que jamais et son ton est si plat que quelque chose dans un coin de son esprit ne peut s'empêcher de tiquer, perturbé. Quelque chose semble différent, même si il ne saurait pas dire quoi exactement.

« Dedans. Ça fait mal dedans. »

De l'écholalie... ?
Les épaules haussées, il ne développe pas davantage. Ses muscles sont étrangement crispés, et il grince des dents, comme si une plaie quelconque le secouait intérieurement. Ses yeux s'humidifient rapidement, brusquement, rougis par la fatigue et l'exhaustion. Même ses épaules, amaigries par trop de jeûne et d'autres choses que Mikael ne pouvait expliquer dans ses rapports sans vexer l'ego démesuré de son supérieur, se sont mises à trembler violemment, agitées par des secousses nerveuses et inarrêtables. Sa poitrine se hausse et s'abaisse de plus en plus vivement alors que ses ongles s'enfoncent dans la chair de ses jambes.

« Ç-ça b-brûle. »

Ses paroles sortent dans un hoquet étranglé. En se recroquevillant comme il peut, il coince sa tête au fond de son cou, un premier sanglot faisant trembler tout le haut de son corps. Le second, plus insidieux cette fois, l'étouffe dans sa propre salive. Ses jambes sont pris de tels frémissements qu'il faut bien que l'Evans réagisse pour stabiliser ses pieds et le soulever par réflexe, sans vraiment se rendre compte de ce qu'il faisait. Le Shimomura ne semble, de toute façon, plus vraiment être conscient de ce qui se passe ; et cela faisait parfaitement sens, en réalité, même si y penser fit s'étaler une grimace le long du visage de Mikael.
Choc-post traumatique.

« F-fatigué... »

Il n'est plus vraiment là. Le quarantenaire n'a pas vraiment besoin de poser de questions pour le savoir, vu le vide de son regard, et la manière qu'il a de geindre de cette façon, comme inconscient de ce qui pouvait se passer. Nerveux, l'Evans fait quelques pas vers le canapé (ce coussin-là, pas les autres), espérant presque que cette ersatz de contact familier calmera ne serait-ce que partiellement la crise. Pendant une seconde, une pensée le dérange.
Autant de crises aussi violentes, sur un laps de temps aussi court, sans possibilité d'améliorations... Qu'est-ce qui va se passer dans sa tête, au bout d'un moment... ?
De toutes les réponses qu'il avait en tête en ce moment, aucune ne semblait augurer quelque chose d'à peu près sain.

« C'-cétait mon meilleur ami, e-et... »

Il ne termine pas sa phrase. Ses doigts se crispent avec violence dans sa peau, tandis que sa poitrine se comprime brutalement, lui arrachant une inspiration aiguë et douloureuse, les yeux hermétiquement fermés. Malgré ses essais, des sanglots lourds font trembler ses épaules. Quelque chose doit avoir lâché, car ses mains se perdent dans ses cheveux, agrippant violemment les mèches qui s'y trouvent pour se raccrocher à un semblant de quelque chose. Mikael, de son côté, écarquille légèrement les yeux, sentant une pièce se raccrocher au reste du puzzle.
Comme si une douleur vivace lui agitait la poitrine, Natsume se recroqueville davantage sur lui-même, la tête coincée entre ses épaules, les yeux lourds de larmes acides et douloureuses. Ce devait être quelque chose d'ancien et de pesant, vu la manière que la pensée eut de le secouer violemment, moment après moment. Il est loin, déjà. Inconsciemment, la mine de Mikael s'assombrit.
Probablement trop. Lentement, mais sûrement... Et ça ne fait qu'un mois.

Sans doute qu'il devrait écrire ça. Faire un rapport propre, détaillé, des éléments qui fragilisaient la stabilité mentale de l'anarchiste et qui pouvaient être potentiellement exploités, car c'était son job, à la base, aussi. Donner les informations nécessaires pour simplifier certains processus, et dans le fond, il n'en avait pas vraiment cure, habitué à faire le taff avec d'autres personnes. Ce n'était pas son premier coup, et ce ne serait certainement pas son dernier. Il était arrivé au résultat escompté, et pourtant...

La main posée dans le dos du cadet, la mine fermée, Mikael ne dit rien, se contentant de le reposer doucement contre son coussin. Il ne faisait plus vraiment attention à lui, de toute façon, la tête dévorée par des vieux démons, des geignements sortant déjà de sa gorge comme autant de plaintes de douleurs qui ne pouvaient s'exprimer par des mots. Sans doute que le meltdown était déjà bien engagé, et qu'il ne ferait rien d'autre qu'aggraver la situation en restant ici. Nettoyer les traces était plus urgent.
En s'éloignant, il prend la peine de fermer la porte le plus lentement possible, sans un mot.

--

Aucune nouveauté n'est à rapporter. Le traitement ne semble pas progresser significativement. Aucune anomalie n'a été observée. Les comportements suicidaires paraissent refluer.
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