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 UA tin-edge (surtout edge)

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Coba




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MessageSujet: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeMar 25 Déc - 2:19

Martin I

Martin n’a jamais vraiment aimé les soirées. Surtout celles organisées par l’autre bouffon. Pourtant cet abruti de Lionel est bien le seul qui invite absolument tout le monde sans distinction. Les standards sont très bas parce qu’au fond, si le Roque-Lartigue invite tout le monde c’est surtout parce qu’il est obsédé par l’idée de passer pour un mec sympa… en fait le simple fait de ne pas être exclu de ce genre de fêtes par au moins une personne donnait la sensation à Martin d’être accepté tel qu’il est quelque part. Avec Samaël ils ont beau se dire en ricanant bêtement qu’ils vont dans ces soirées pour se foutre de la tronche des « deux nerds à lunettes qui portent tellement mal leurs chemises en flanelle » ils y vont toujours pour couvrir autre chose aussi et espérer attirer l’attention de certains en agissant comme des sacs à merde. Probablement que Samaël finira par réussir à être honnête pour sa part et par parler avec l’autre intello mais Martin… Bon, disons juste que même s’il est franc avec l’autre matheux il y a trop de choses qui feront qu’il ne pourra jamais rien se passer dans tous les cas. Sa mère lui a bien fait comprendre ce matin-même : « de toute façon toi, tu es incapable d’être honnête ». Le blond en pense tout à fait autrement : il veut juste être ce qu’il est convaincu d’être depuis toujours mais… peut-être que sa mère a raison, en fait, sur ses mensonges. Quand un parent nous martèle le crâne avec une idée persistante pendant 18 ans, on finit par croire que c’est la vérité.

« Tu peux pas fumer ta merde ailleurs ? »


Fit le blond en balançant sa main devant son nez, histoire de chasser la fumée de pétard nauséabonde que soufflait le seul type du lycée plus petit que lui. Le métalleux en train de se la péter avec sa fichue herbe lui lança un regard blasé.

« T’en veux ? Ça pourrait te détendre. »


Le binoclard en chemise trop bien repassée se crispa et souffla avec agacement un coup en apercevant l’air moqueur et provocateur d’Olaf.

« C’est bon, j’ai pas envie de finir junkie à 19 ans comme toi. »
« Roh, tu m’blesses, là, mon petit Martin. Et je vais avoir 20 ans, un peu d’respect j’te prie. »


Le plus jeune fronça les sourcils et grogna en croisant ses bras, un peu rafraichi par la brise du dehors. Puis il se mit à ricaner brièvement, souriant jaune en tendant la main pour gouter ce que l’autre était en train de fumer. En inspirant la fumée, le blond se mit à tousser bruyamment ce qui déclencha l’hilarité du plus âgé, bien entendu.

« Bordel quand tu fumes on dirait Lionel, on r’connait bien les p’tits bourges ! »


Martin pinça les lèvres d'un air outré. Il repassa le pétard à l’autre abruti et roula des yeux, déjà blasé par cette conversation. Bon, il n’a pas tord et vu la taille de la barraque des parents Rosenthal le blondin ne peut pas vraiment nier. M’enfin, quand même, c’est l’hôpital qui se fiche un peu de la charité.

« Tu t’es vu, toi avec ton cousin fils d’ingénieurs et ta famille de cathos coincés du cul ? »

Olaf gloussa de nouveau et haussa les sourcils en replaçant sa mèche trop longue qui l’empêchait de voir clairement.

« T’es vachement renseigné, hein ? »

Martin pinça les lèvres et secoua négativement la tête, faisant comme s’il ne voyait pas à quoi le plus vieux faisait allusion. Hors de question de révéler qu’il avait cherché l’adresse d’Helmut sur internet, qu’il avait trouvé les noms et prénoms de ses parents et donc leurs professions… et comme internet est internet, Martin avait même pu se renseigner sur le parcours du paternel Nagel. Enfin, c’était juste parce qu’il était tombé dessus par hasard ça, hein, juré.

« …Quoi ? »

Dit-il l’air de rien, comme s’il ne voyait pas à quoi Olaf faisait allusion. Mais ce n’est pas la première fois qu’ils discutent comme ça, quand ils ne sont pas vraiment dans la fête et préfèrent être quelques minutes tranquilles dans leur coin. Martin ne peut pas toujours coller au train de Sam en permanence, il faut bien le laisser tranquille avec ses autres potes. En présence de Faust ou d’Angarade et avec son physique de nabot effacé, il lui foutrait la honte. En même temps, Olaf savait certains trucs que Martin n’osait pas dire à Sam à propos d’un certain « crush » d’ado un peu con (enfin, non, Sam doit aussi bien le savoir que Martin le sait pour l’autre et Natsume, mais, ils ne se le disent pas, ils préfèrent faire genre, encore). Enfin, une autre soirée où il avait un peu trop bu, le blond avait avoué certains trucs et le métalleux n’avait pas eu l’air franchement surpris… En vrai le seul qui pourrait être surpris c’est le principal concerné.  

« Tu veux son numéro ? »

Le lunetteux se figea en une fraction de seconde et se crispa de nouveau. Certes, l’air narquois d’Olaf ne pouvait pas vraiment aider à se mettre à l’aise, mais ce n’est pas la seule chose qui faisait que Martin avait soudainement envie de s’enfuir en courant. Oh, bien sûr, c’est vrai qu’il pourrait lui en poser des questions, pour tout savoir ce qu’il ne savait pas encore (et avait envie de savoir, hein, faut bien l’avouer) sur l’autre matheux débile et Olaf serait ravi de lui balancer des dossiers. Mais même avec toute la bonne volonté du monde, l’aide d’une tierce personne ne changerait pas la situation du blondin plutôt persuadé qu’il ne méritait pas vraiment de vivre ce genre de choses avec quelqu’un… surement pas quelqu’un qui lui plait. Olaf vit bien que Martin tirait la gueule malgré sa proposition alléchante et ne sut pas vraiment quoi ajouter. Il se contenta de tirer une nouvelle fois sur sa roulée, laissant le plus jeune cogiter, au cas où il voulait dire quelque chose.

« Laisses tomber, il ne veut pas de quelqu’un comme moi à ses côtés. »


Le brun aux cheveux longs roula des yeux et grogna avec une certaine lassitude.

« Mais qu’est-ce que t’en sais. Même moi j’en sais rien, hé. Par contre j’sais que c’est pas un saint l’autre abruti donc, c’est bon, arrêtes voir. »


Martin n’eut pas l’air de trouver ces paroles encourageantes du tout et se renfrogna d’autant plus. C’est sûr que le matheux n’était surement pas absolument clean, rien que quand on voit sa famille. Enfin, Martin n’aime pas juger, mais quand il voit la sienne, il se dit qu’il n’y a pas beaucoup de familles bourges franchement fonctionnelles ou saines, qui ne font pas subir des saloperies à leurs gosses.

« … Quoi, qu’est-ce qu’y a ? »

Finit par demander le plus vieux en terminant de fumer et en prenant soin de ne pas jeter le mégot, d’une part parce qu’il est maniaque et d’autre part, car il sait que Lionel ferait encore une scène et se mettrait à pleurer s’il trouvait un mégot dehors à grands coups de « si personne ne se dénonce bah mes parents ils vont trouver le mégot et je vais encore me faire gronder ouiiiiin ». Martin ne répondit pas et semblait fortement mal à l’aise.

« Bah… Je suis pas pour lui… personne aime les menteurs comme moi. »


En se recoiffant d’une main et en soupirant pour réprimer son envie de pleurer, le blondin s’appuya contre le mur et fixa le bout de ses chaussures trop bien cirées. Son père avait encore assisté pour le faire le matin même. Si seulement Ottokar pouvait aussi faire en sorte que son épouse ne soit pas aussi vicieuse avec leur fils, enfin, leur fils…

« Je… je suis même pas un vrai mec. »

Avec un grognement guttural, Olaf avait l’air de commencer à être un peu irrité. Pas forcément par Martin mais par les bêtises qu’il était en train de déblatérer.

« Mais arrêtes tes conneries. »


Le Rosenthal renifla et essuya ses yeux humides d’un revers de main, sa voix tremblante tandis qu’il cherchait les mots de ses aveux.

« Ma mère continue de m’appeler « Anna » et de me traiter de menteur. Pourquoi elle ne comprends pas que… que je suis un garçon et puis c’est tout ?! Ce matin elle a encore tenté de m’acheter des… enfin, tu sais. »


Olaf voyait très bien le problème et comprit d’autant plus quand Martin désigna d’un geste très vif mais assez évocateur le haut de son torse.

« Je suis pas un menteur, bordel… »


Pas assez tactile pour se rapprocher et réconforter le blondin, Olaf se contenta se tapoter du bout des doigts l’épaule de Martin, dans un geste amical. Enfin, aussi amical qu’Olaf peut l’être avec son air patibulaire.

« Gars, je sais, hein, enfin, tu sais que, euh… que je sais. »


Son interlocuteur renifla et hocha la tête. Il se sentait franchement con et ridicule mais avec les horreurs qu’il avait entendu le matin même, ne pas être jugé, pour une fois, c’était pas désagréable.

« M’enfin, euh… entre nous j’pense que Moumou y s’en fout, hein. »


Martin fronça les sourcils, perplexe, se tourna vers le plus petit et ne comprit pas tout de suite qui était « Moumou ». En réalisant de qui il s’agissait en réalité, le blondin eut du mal à retenir ses gloussements gutturaux. Même s’il le voyait toujours crispé, Olaf se dit qu’au moins, il avait réussi à le faire marrer pour qu’il se détende. Après quelques secondes, un sourire très discret apparut sur le visage du blond nerveux soulagé d’apprendre que, peut-être, probablement le type qu’il aime bien (enfin faut pas le dire même si tout le monde (sauf probablement Lionel et Zlatan) le sait) accepterait ce qu’il est. Du moins il a envie de l’espérer. Pour le reste, cependant, le blondin se sentait toujours un peu trop inhibé pour cette histoire d’échange de numéros… et puis, il hésitait aussi bêtement par rapport à Samaël. Ou plutôt, c’est une excuse. « Ouais mais bon, euh, Sam si je vais trainer avec Moumou, heu, Helmut, il va m’en vouloir et se sentir trahi… » (spoiler : non), enfin, on voit bien le merdier dans lequel il se met tout seul alors qu’il n’y a même pas de merdier en vue.

« Bref, euh, tu le veux le numéro, du coup ? »

Osa quand même redemander le métalleux, au cas où. Le plus jeune lui sourit en coin puis secoua la tête.

« Non, j’suis capable d’aller lui demander tout seul tu crois quoi, hein ?! »


S’il arrive à faire le kéké c’est bien le preuve que ça semble aller un peu mieux. Probablement. Olaf marmonna quelques trucs comme « ouais c’est ça et sans moi tu serais bien emmerdé quand même ».

« C’est ça. Et moi j’suis le Pape. »
« Eh oh, tu veux qu’on parle de Daichi, aussi ? »

En gueulant un : « EUUUUUH NON MAIS OH HEIN ! ,» le petit brun trapu passa du blanc à l’écarlate. S’il avait pu sauter par la fenêtre pour s’échapper il l’aurait fait mais le cas échéant, il se contenta de partir en marchant vite et le regard rivé vers le sol en prétextant une envie pressante.

« Roh, Maléfique faut pas l’prendre comme ça ! »

Fit Martin, provocateur mais bienveillant et il entendit un « Maléfique elle t’emmerde ! » raisonner dans le couloir. Comme il voyait que Sam était de nouveau seul au buffet par la porte-fenêtre, le blondin se dit qu’il avait bien envie de le rejoindre et de lui glisser un « héhéhéhé hohoh oh bah c’est drôle t’as vu les nerds au lieu de mettre des chemises moches à carreaux, ce soir, ils ont mis des chemises moches à carreaux DE SOIREE, qu’est-ce qu’on se marre ! »… Ouais, venant du type qui boutonne ses chemises jusqu’en haut c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité.


Dernière édition par Coba le Jeu 14 Fév - 11:46, édité 2 fois
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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeMer 2 Jan - 20:16

Lionel I

« Mais par les poils pubiens de Belzebuth dites-moi que je rêve ?! »

La grande asperge blonde lâcha un énième soupir-grognement exaspéré de diva en voyant le sourire niais du type assis derrière le pianoforte de la salle Jean-Sebastien Bach du conservatoire de Trifouillis-les-Conifères. Lionel souriait avec ravissement derrière le clavier du pianoforte, observant pour se détendre le petit orgue placé au fond de la grande pièce normalement réservée aux auditions et aux examens et son regard s’échappa par les fenêtres bordant la pièce pour s’attarder sur ce qui se passait dans la cour de l’école de musique. Des pigeons se battaient pour des miettes de croissant lâché par une vieille dame… passionnant. Du moins, bien plus fascinant qu’Alexander en train de refaire sa fameuse crise de « futur chanteur d’opéra » façon Castafiore, ce qui allait finir par rameuter tout le conservatoire (et probablement que c’était son but). D’ailleurs, la pauvre secrétaire entra en trombe avec un doigt sur la bouche, alertant l’adolescent qu’à force de crier, ils dérangeait les autres classes au travail.

« Monsieur Nagel, est-ce que vous pourriez vous calmer ?! »


Le plus jeune, le blond, posa ses mains sur ses hanches et échappé une interjection outrée entre le « oh ! » et le « agrougrou » fort singulière, assez fort pour que la secrétaire se sente immédiatement compétemment blasée. Quand un ado de 17 ans fait une scène digne d’un enfant de 3 ans, difficile de réagir autrement que par l’exaspération, ou en levant les yeux au ciel. Le Griffin allait encore partir dans un plaidoyer absurde et ridicule d’enfant roi et comme il n’y a aucun moyen connu de l’arrêter, la secrétaire se contenta de quitter lâchement la pièce, espérant qu’il ne dérangera pas trop longtemps le reste du conservatoire (oui, bah, c’est pas bien, mais quand on supporte ça depuis 12 ans et que ce petit con est impossible à exclure à cause de son papa qui fait du zèle, on finit par laisser tomber). Cela laissait le ténor insupportable seul avec Lionel, le pianiste qu’on lui avait attribué (car bizarrement, tous les autres étaient « trop débordés » et puis, le fait que les deux se connaissent depuis l’enfance avait bon dos).

« Que je me calme ? Mais c’est pas ma faute ! On m’oblige à me coltiner le plus gros tocard de la classe de piano pour mon examen de cycle spé, est-ce que ce monde est sérieux ? »


La drama-queen de service se pinça l’arrête du nez en se redressant le dos droit et en levant le visage vers le ciel dans une position théâtrale. Comme le pianiste aux cheveux bleus se contentait de le regarder depuis le siège du pianoforte en souriant bêtement (non sans ressentir un certain malaise, atténué du fait que cela fait presque 14 ans que Lionel a l’habitude de voir Alexander faire ce genre de caprices). Comme le blondin n’avait pas l’attention qu’il désirait, il se permit d’insister en prenant son camarade musicien à parti.

« Roque-La-Tringle, est-ce que ce monde est sérieux ?! »

Oui, euh, bon… Roque-La-Tringle, Roque-La-Trique... C’était rigolo et mignon quand on était petit parce qu’il savait pas bien prononcer mon nom de famille mais maintenant c’est un peu relou quand même… Mais, euh, il dit pas ça pour être méchant, je suis sûr qu’il veut juste me faire rigoler pour détendre l’ambiance, non… ?

Malgré tout ce qu’il pensait, Lionel se mit à rire avec un sourire crispé, regrettant immédiatement de ne pas avoir le courage d’ignorer royalement le Griffin, ou de simplement lui dire « ta gueule sale castafiore despote de mes couilles » (mais l’apeller « despote », il le prendrait comme un compliment). Depuis des années que Zlatan lui dit d’arrêter de prêter la moindre attention à ce que peut bien penser Alex de lui même s’ils sont amis d’enfance et que les parents Roque-Lartigue son comme larrons en foire avec le paternel Griffin… Lionel n’ose pas manifester son désaccord parce que, eh bah, il ne voudrait pas que le blond ait une mauvaise opinion de lui, ou que cela fasse désordre dans sa famille. Car au fond il le sait, que si Alex le veut, tout ce qu’il dira ici remontera jusque chez son papa Théodule et donc, chez les parents Roque-Lartigue.

« C’est Roque-Lartigue ! »

Ce fut la seule protestation dont le plus âgé fut capable, encore une fois désamorcé par un rire artificiel censé le convaincre lui-même qu’il était totalement à l’aise dans cette situation contraignante. Le blond se remit à pester et lâcha un « raaaaaahhhhh » tonitruant qui raisonna dans la pièce et là, Lionel du bien admettre qu’il se sentit un peu secoué. Il n’a jamais aimé entendre les gens élever la voix pour « prendre de la place » de la sorte. Cela lui fait se sentir écrasé. Mais, soudain, un bruit de pas lourd et précipité se rapprocha en quelques secondes depuis l’étage. On entendit quelqu’un descendre à toute vitesse l’escalier de bois menant à leur étage puis le fracas des Doc Martens sur le parquet se rapprochèrent jusqu’à ce qu’une furie aux cheveux rouge entre dans la salle Jean-Sebastien Bach.

« Hé, la cantatrice Foster-Jenkins, tu peux pas la fermer et laisser les autres bosser tranquille ?! »

Voir la Onizuka aux cheveux rouges arriver dans la pièce pour tenir tête au Griffin réjouissait un peu trop Lionel intérieurement. Riku n’a jamais eu peur de rembarrer le blondin capricieux depuis qu’elle était arrivée dans leur lycée et au conservatoire il y a deux ans et avait d’ailleurs déjà pris la défense de Lionel quelques fois… En réalité, le Roque-Lartigue attend un peu trop qu’on lui vienne en aide alors qu’il arrive à un point où il ferait mieux d’essayer de régler ses problèmes lui-même. Enfin, Lionel a aussi toujours envié les gens comme Riku ou Zlatan qui semblent n’avoir pas vraiment peur des représailles. Il se dit souvent qu’il ne sera jamais aussi « courageux » et a tendance à les idéaliser aussi.

« Oh, bonjour Riku ! »

Fit-il tout guilleret, en se balançant un peu sur son siège. La batteuse qui avait encore ses baguettes dans la main se retourna vers son camarade de Terminale L option musique, haussant les sourcils d’un air surpris à sa vue. Tout d’abord interpellée, Riku prit rapidement Lionel en pitié, se doutant qu’Alex lui en ferait baver.

« …Ah Lionel, t’es là aussi. Bon courage hein. »


Son ton était compatissant et encourageant. A vrai dire, Riku avait déjà donné pour aider Lionel à se défendre contre l’autre diva. Seulement, Lionel se reposait un peu trop sur elle et la rouge lui avait bien fait comprendre qu’elle ne pouvait pas l’aider tout le temps quand il avait ce genre de soucis, car elle avait aussi ses propres problèmes. Oh, Lionel ne lui en veut pas, en fait, même si c’était le cas, il ne voudrait pas l’admettre parce que, bon, il en sait assez pour savoir comme la haine et la colère sont des sentiments éprouvants et surtout… mal vus dans sa famille de bourges. Riku lui avait bien fait comprendre qu’il ne pouvait pas se cacher derrière d’autre gens tout le temps, même pas avec Zlatan, mais pour le coup, Zlatan n’a pas autant de répartie et de férocité que Riku, même s’il aime le prétendre. Le seul truc que le pianiste avait trouvé pour contrer le fait qu’il ne sait pas trop se défendre tout seul c’est de jouer au gentil garçon avec tout le monde et de s’assurer de n’oublier personne dans le processus. Dans la logique de Lionel, c’était infaillible… sauf que c’est aussi ce qui le rend vulnérable, car il n’ose même pas penser que certaines personnes prennent juste du plaisir à profiter des gens dont ils « peuvent » abuser. Et ce n’est pourtant pas la faute des certains d’essayer de lui faire comprendre. Dans tous les cas, quelque soit la personne en face, Lionel passe son temps à faure croire qu’il est tout content d’être là où il est.

Après tout, quand j’étais bébé, on disait que j’étais tout le temps content et que j’étais adorable, ça marche à tous les coups !

« Oh, ça ira, tu sais, je suis honoré de travailler avec le premier ténor de la classe de chant. »

Riku resta interdite quelques longues secondes, ne croyant qu’à peine ce qu’elle entendait… est-ce que Lionel se rend compte à quel point il se ment à lui-même, des fois ? Elle ne veut pas vraiment le savoir, en fait, elle le trouve juste plutôt pitoyable. Puis, elle poussa un soupir exaspéré et se massa l’arête du nez.

« Le flattes pas, abruti… »

Marmonna-t-elle en trouvant les propos de son camarade tout à fait désespérants. Alex, de son côté, en profita évidemment pour se mousser et replaça sa mèche d’un geste précieux.

« Hinhin ! C’est la moindre des choses, de m’acclamer, oui. »

Lionel fit volte-face vers la punk avec un sourire crispé, faussement satisfait et esquissa un geste en direction du blond.

« Tu vois, ça lui fait plaisir ! »

La Onizuka commençait sérieusement à être lassée par ce dialogue de sourds. Elle se remit à gromeller, rendue nerveuse par les propos d’Alexander et son ton baissa, pour confier d’autres corrections à Lionel. Mais bon, elle se doutait bien que ses réponses entreraient par la première oreille du pianiste pour ressortir par la deuxième.

« Oui, bah, évidemment, il compte sur toi pour se flatter… »

En voyant que les deux autres faisaient des messes basses et que leur attention se détournait de sa personne, il devint très urgent pour Alexander de se manifester, si possible avec un sujet auquel ses interlocuteurs ne pourraient pas ne pas répondre.

« C’est bon, vous avez fini vos commérages, là ? Vous voulez pas vous rouler une pelle aussi ? Si je me foire ce sera tout votre faute ! »

Lionel retint son souffle et porta une main à sa bouche, mimant l’horreur excessive. Dans ces cas-là, difficile de savoir s’il est sincère ou s’il est dans l’auto-dérision volontaire mais parvient très bien à le cacher. Probablement un peu des deux. A avoir ce comportement depuis des années, ce serait surprenant que Lionel n’essaie jamais d’en jouer.

« Oh ! Non ! Ce serait horrible ! »

Riku pour sa part, pris son air le plus sincèrement dégouté. Ce qui ne dérangea pas vraiment Lionel, d’ailleurs, comme il trouvait aussi ces sous-entendus un peu crades même s’il jouait à la sainte-nitouche.

« Ah, dégueulasse ! T’es grave de rester là-dessus, tout ça parce qu’on est sortis ensemble pendant  deux semaines en première ! Pour mon excuse c’est totalement la faute des cheveux bleus. »
« Mais je tiens à préciser que nous nous sommes quittés en très bon termes et d’un commun accord ! »


Les deux se regardèrent avec un sourire complice, surtout amusés du fait qu’Alexander les regardait de travers avec un pincement de lèvre irrité. Pour le coup, ils ne sont plus aussi proches qu’avant, pour tout dire, ils ne se voyaient quasiment plus en dehors des cours et Riku ne venait pas toujours aux soirées du Roque-Lartigue. Mais comme le dit Lionel, les choses s’étaient bien passées, à l’époque, et il n’y avait pas besoin d’en parler pendant des années. Tandis que les deux autres gloussaient, le blond les regarda en plissant les yeux, intérieurement scandalisé (o m g quoi) de ne plus être le sujet central de leur « conversation ».

« Mais qu’est-ce que vous voulez que ça m’foute ?! »

Pesta-t-il avec force, en croisant les bras et en essayant de ne pas trop esquinter sa gorge avant de chanter. Il ajouta un soupir sonore et se rapprocha du piano. En tapotant avec ses doigts sur le bois noir verni, le blond attendit avec un air narquois que ce baratinage se termine, défiant Riku du regard en espérant gagner ce concours de clash. L’adolescente ne jouait pas pour sa part, elle avait juste envie de lui envoyer des faits vexants à la tronche histoire qu’il réalise qu’il n’est pas le roi.

« Moi je sais pourquoi tu te retrouves avec Lionel… sans offenses, hein, c’est vrai que t’es pas un as en piano, enfin, promis, c’est pas pour te vexer… »

Pour le coup, la rouge n’a pas pour but d’enfoncer encore plus Lionel mais ce serait mentir de dire qu’il est un bon musicien. Il essaye, hein, quand il ne passe pas son temps à raconter sa vie à sa prof car il n’arrive pas à déchiffrer la partition, mais le résultat laisse toujours à désirer.

« Ça va, ça va, ma prof m’a déjà dit pire ! »


L’acceptation de Lionel sembla amuser Alexander, sautant sur l’occasion pour recommencer à enfoncer l’autre musicien.

« Oh, sois pas trop optimiste. »


Dit-il avec son meilleur sourire d’emmerdeur. Riku se rapprocha et claqua des doigts devant le visage du binoclard pour attirer son attention, comme cela l’arrangeait bien de changer de sujet.

« Hé, tu restes concentré, Pavarotti ?! Pourquoi tu crois que y’a que Lionel qui veut de toi en répet ? Personne a envie de se faire traiter comme un résidu de capote pendant que tu fais tes hullulements de pintade égorgée ! »


Lionel haussa les sourcils, pinça les lèvres et pencha la tête sur le côté en regardant une caméra invisible, faussement choqué par la « vulgarité » de Riku alors qu’il connait bien assez d’expressions scabreuses pour sa part.

« C’est bon, t’as fini ? »

Gromella le blondin, ce qui fit revenir le visage de Riku à une expression victorieuse. Moucher le fils à papa Griffin, ça a quelque chose de très satisfaisant. En plus, le blond était encore plus véxé depuis que Lionel avait pouffé suite aux propos de Riku en voyant l’air dépité d’Alexander. D’ailleurs il se prit un regard des plus noirs de la part de ce dernier.

« Bon j’retourne bosser mais vous avez intérêt à répéter, hein. »
« Au revoir Riku, travailles bien ! »

Le blond et le redoublant de terminale regardèrent la punk partir et Alexander passa encore quelques minutes à se plaindre avant qu’ils ne commencent la répétition. Même s’il se faisait reprendre et qu’on s’adressait à lui comme s’il était une vieille serpillère pleine de caca d’oiseau, Lionel tenta de se persuader que tout se passa très bien, qu’il n’y en avait pas pour très longtemps, que ce serait vite passé et qu’aussitôt sorti du conservatoire, il filerait chez Zlatan pour jouer aux jeux vidéos (quoiqu’il serait plus honnête de dire « filer chez Zlatan pour le regarder jouer aux jeux vidéos et causer sans discontinuer pendant des heures de tout et rien »). Sauf que les choses ne se passèrent pas vraiment comme l’avait espéré Lionel. Trop poli (et bête et probablement un peu maso) pour ne pas aller jusqu’au parking avec Alexander, il lui avait fallu aller saluer le papa Griffin qui passa un bon quart d’heure à lui montrer sa nouvelle BMW avec des sièges en cuir qu’il avait acheté avec les sous de sa « formidable dernière vente » et à parler de la « réussite incroyable de son fiston Alex qui sera un grand chanteur bientôt, pas vrai Lionel qu’il sera un grand chanteur ». C’est vrai que Lionel est un bavard habituellement. Mais là, il s’était contenté de « oui, oui », « oh, oui, bien sûr » en boucle en espérant que cela passe plus vite. Heureusement, les Griffin ne lui avaient (bien entendu) pas proposé de le raccompagner chez lui, ça aurait juste empiré les choses, car il aurait fallu se les coltiner à l’apéritif et au diner si les parents Roque-Lartigue avaient commencé à faire la causette avec Théodule. Une fois la BMW flambante neuve éloignée, Lionel fila au pas de course vers l’arrêt de bus pour aller jusqu’au quartier où habite son ami, assez excentré et plus modeste que le centre-ville bourgeois dans lequel il a grandi. Pour l’anecdote, d’ailleurs, cette ligne de bus était la première qu’il avait empruntée au collège, la première fois que son ami l’avait invité en 5eme. Quoiqu’il en soit, trajet fut pénible et Lionel commençait à se poser des questions.

C’était juste Alex et son père, je les connais, ils sont ce qu’ils sont et ils ne me veulent pas de mal.  Et cette ligne de bus, je la connais par cœur aussi , je la prends depuis presque 8 ans pour aller chez Zlatan, je sais qu’il y a du monde à cette heure-ci… Alors pourquoi j’ai envie de pleurer ? Je vais avoir l’air bête si je débarque en pleurnichant alors qu’il ne m’est rien arrivé de grave.

En se torturant un peu l’esprit, le pianiste pianota quelques SMS sur son portable à destination de Zlatan, comme ce dernier venait de lui envoyer qu’il était chez lui et qu’il pouvait rentrer comme d’habitude en prenant les clés cachées dans le pot de fleurs à côté de la porte d’entrée. Signalant son arrivée, Lionel se sentit un peu mieux en ayant la confirmation qu’il serait au calme chez son ami.

En arrivant devant l’immeuble, Lionel entra le code du portail, puis progressa dans la cour où il récupéra les clés, cachées à l’endroit habituel. Il monta quelques étages jusqu’à l’appartement des Eriksen et signala son arrivée par un « c’est moi ! » en refermant la porte derrière lui. Comme il le faisait à chaque fois qu’il débarquait, Lionel ouvrit le frigidaire pour prendre une canette de coca et prit connaissance par un mot sur le réfrigérateur qu’Hélène, la maman de Zlatan, travaillait la fin d’après-midi et était de garde pour le reste de la soirée à l’hôpital. A sa connaissance, Hélène avait toujours élevé son fils unique seule, ce qui interpellait  beaucoup Lionel à l’époque où il avait connu le Eriksen et lui faisait poser beaucoup de questions un peu connes dont il n’avait pas conscience de la portée quelque peu insultante comme : « t’as pas de père, Zlatan ? pourquoi ? » ; « mais tu vas bien, même si t’as pas de père ? », « mais ta mère elle s’en sort vraiment toute seule ? »… Bon, certes, il reproduisait les questionnements hautains de sa famille au sujet de son ami (car, évidemment, les Roque-Lartigue trouvaient la vie de famille d’Hélène et Zlatan « pas très normale », avec leurs standards bourgeois), mais Zlatan avait dû remettre Lionel à sa place assez sèchement pour qu’il « arrête de poser des questions débiles qui font chier ». Du coup, Lionel ne posa plus de questions de ce genre (car il en a toujours d’autres à poser) et ça rendit les choses bien plus naturelles… Enfin, c’est surtout qu’après ça, Lionel avait entendu sa famille avoir des réflexions semblables sur « c’est tout de même bizarre une femme sans homme » pour parler d’Hélène et « mais ça ne m’étonne pas que son fils tourne mal et se drogue quand elle ne travaille pas assez pour lui donner un cadre de vie stable », « mon petit Lion tu ne devrais pas trainer chez ce garçon il va avoir une mauvaise influence sur toi » et là, eh bien, comme Zlatan est son ami, Lionel l’avait mal pris et comprenait mieux pourquoi il avait été quelque peu relou. Les remarques nocives de sa famille n’avaient pas eu l’effet escompté, cependant et Lionel n’avait pas arrêté de trainer avec son pote de 5e, probablement même que c’est sa seule et unique manière à lui de dire « oui euh bah, voilà, je peux aussi me rebeller contre l’autorité parentale, moi, agrougrou ». Bien sûr, ce n’est pas pour ça qu’il traine avec Zlatan, mais, c’est clair qu’il y a quelque chose qu’il trouve chez l’étudiant en psycho (ils s’étaient retrouvés dans des cursus différents quand Lionel avait raté son bac il y a un an) qu’il ne trouvera jamais dans le monde que lui imposent sa famille, car c’est un monde qu’il n’aime pas vraiment, mais, ça, Lionel ne veut pas l’admettre, ça lui fait trop peur.

« Hé ben, c’est quoi cette tronche, ça s’est mal passé ton cours de piano ? »


Demanda la grande asperge occupée à réviser mollement ses cours tout en jouant sur sa PS4, au moment où Lionel franchit la porte. Apparemment, il avait l‘air plus crevé et dépassé qu’il ne l’aurait cru et n’avait pas vraiment le cœur à jouer la comédie. Enfin, de toute façon, ce n’est pas vraiment utile, avec Zlatan, depuis le temps qu’il se côtoient. Même s’ils sont tous les deux bavards, les sujets plus sérieux n’ont jamais été ceux sur lesquels ils parvenaient bien à s’exprimer, mais, à force de s’écouter, de passer des soirées à boire des bières ensemble (et d’autres alcools lorsque Lionel fait la fête et décide d’inviter plus de monde en l’absence de ses parents), eh bien, on commence à bien cerner certaines choses. Et c’est assez simple, pour Lionel : quand il tire la tronche c’est généralement car il n’a plus vraiment envie ou la force de faire tenir son habituel sourire de façade. Et autant cela fait de la peine à son ami de le voir toujours jouer pour bien paraître en public, autant il est aussi inquiet quand le redoublant de 19 ans semble fatigué et stressé en arrivant chez lui.

« C’était une répétition. »

Il répondit plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu. Cela devenait un peu évident, que ces dernières heures avaient été très désagréables malgré tout ce que Lionel tente de mettre en œuvre pour se convaincre que « ça c’était bien passé, comme d’habitude ». Le Roque-Lartigue posa son sac près de la porte et s’assit sur le lit, comme a son habitude. D’aussi loin qu’il le connait, le Eriksen avait toujours été bordélique et Lionel du pousser une pile d’habits et de feuilles de cours volantes pour s’assoir et s’affaisser jusqu’à poser son dos contre le mur. Si cela le rebutait au départ, car lui est plutôt du genre à prendre plaisir à ranger ses affaires bien alignées sur les étagères, Lionel se faisait très bien à ce désordre omniprésent car, bah, c’était la chambre de son pote et ça lui ressemblait bien. Il lui fallait aussi toujours quelques secondes pour ne plus être surpris et dérangé par l’odeur de cigarette ou d’herbe de l’endroit, dont il avait pris l’habitude d’ouvrir la fenêtre en arrivant. A chaque fois, Zlatan lui demandait « ah, l’odeur te gêne ? » et Lionel répondait « non, non, j’aère juste, enfin, euh, oui, mais, euh, juste un peu, hein ». Dans tous les cas, le brun arqua un sourcil et fut un peu interpellé et inquiété par le ton qu’employait son ami, qui, d’habitude prenait le temps de dire bonjour avec le sourire et commençait tout de suite à raconter sa journée.

« Oui, oui, euh, ta répétition… Hum… Tu es sûr que ça va ? »


Lionel n’aime vraiment pas répondre négativement à cette question. Car il aime se dire qu’il est vraiment ce type qui sourit tout le temps comme un couillon et que tout le monde trouve un peu débile mais attachant (enfin, non, il n’aime pas vraiment qu’on lui dise qu’il est débile, mais, il sait que c’est ce qu’il se dit) et donc, être triste ce serait… bizarre ? Mais bon, ça arrive. C’est juste que chez Zlatan, on l’écoute et dans sa famille et au lycée, il a la sensation qu’on se fiche pas mal de lui (mais bon, il se dit qu’il l’a bien cherché, à force de cabotiner tout le temps et plus sérieusement, Lionel dit aussi beaucoup de merde simpliste et insultante sans s’en apercevoir). Mais, dans l’immédiat, ça ne va pas et il n’a pas la force de faire croire l’inverse.  

« Bof, je crois que Alexander il m’apprécie pu trop… »

Zlatan avait posé sa manette pour écouter ce que Lionel avait à dire et leva quand même les yeux au ciel. Honnêtement, cela fait des années que Lionel se plaint mollement d’Alexander régulièrement et ça commence à tauser un peu l’étudiant en psycho, que son ami ne se préoccupe que de la question « est-ce que Alex il m’aime bien quand même » quand le problème est clairement ailleurs et réside en bonne partie dans le comportement toxique de son « ami d’enfance ».

« Sans blague ! Ce mec aime personne, hein, c’est un gros con. »

Probablement que Lionel attendait plus réconfortant comme discours, mais Zlatan n’était pas vraiment gêné de dire à voix haute ce que tout le monde sait bien. Même le pianiste n’est pas dupe à ce point, il se voile juste la face et c’est bien ce qui inquiète le brun… A force de se dissimuler la vérité, le Eriksen craint qu’il arrive du mal à son pote, quand même (car, là, ce n’est même pas qu’il se fait des idées, il a bien des exemples et des anecdotes qui prouvent très clairement par A+B qu’Alex est une mauvaise personne, tout comme son paternel). Mais ce n’est pas ça, que le redoublant en terminale voulait entendre.

« Ah, super, ça me rassure que tu dises ça. Arrête de parler dans le dos des gens quand tu les connais pas, c’est vraiment pas cool… »


C’est surtout qu’il n’a pas envie d’entendre quelque chose susceptible de gâcher ses impressions que tout est parfait et que tout le monde autour de lui s’entend bien. Mais dans l’absolu même Lionel n’y crois pas vraiment, à ce gros mensonge. Donc, le message c’est surtout « ouin Zlatan arrêtes de dire la vérité, oui, euh, tais-toi s’il te plait, c’est trop cruel pour moi alors que j’ai 19 ans et que si je suis chez toi c’est bien parce que je sais que je ma famille est pas franchement parfaite et c’est un euphémisme ». Sauf que cette attitude bouchée, depuis les années qu’il la supporte, Zlatan en a un peu marre et ne veut plus vraiment mâcher ses mots.  

« Ah, bah, je vais me gêner. Je te jure que c’est vraiment un connard. Si je me gourre je paye ton kébab ! »


Cela dit, en voyant l’air de chien battu de Lionel, l’étudiant en psycho pinça les lèvres et se reprit en bafouillements de type « hm, euh, je veux dire euh, bon tu vois, c’est juste que bon… » et baissa les yeux vers ses notes de cours posées sur ses genoux. Son but n’est pas de blesser son pote ou de le rabaisser plus bas qu’il n’est déjà.

« Mais… ! Sois pas si pessimiste, les gens peuvent devenir sympas si on les traite, euh, bah, gentiment ! »


Il faut dire qu’admettre qu’Alexander adore se servir de lui comme faire valoir reviendrait à assumer que les parents de Lionel ont aussi recours à ce genre de manipulation. Et ça, c’est tout de suite plus délicat et même Zlatan sait depuis le temps que c’est un sujet très difficile pour son ami.

« Lionel, euh… Ça, ça marche, ouais, mais dans les Disneys… Et pas les meilleurs, en plus. »


Comme il voyait bien que le pianiste était en train de se braquer et de faire de plus en plus la tronche, le brun essaya de trouver d’autres « bonnes » excuses pour supporter ses propos. Mais ça ne change pas que pour lui, Alexander est un gros con, point final.

« En plus le Griffin, bon, euh… son père est commissaire-priseur et l’est pourri-gâté, c’est pas ça qui va l’arranger. »


Mais probablement que même en trouvant d’autres aguments, Lionel avait arrêté de l’écouter et ne se sentait visiblement pas du tout assez bien pour ne pas culpabiliser et prendre au pied de la lettre tout ce que le Griffin avait pu lui dire de manipulateur.

Oui enfin... moi je suis un enfant gâté, ça veut dire qu'il a aussi une sale opinion de moi, ou...?


« Toute façon je comprends qu’il s’énerve, c’est vrai que je suis pas doué en piano et personne voulait le faire alors je me suis dit que si je me dévouais… »


Zlatan soupira longuement et s’accouda au lit en se retournant vers son ami quelque peu crispé sur lui-même en serrant sa canette de coca cherry. Il tenta d’avoir l’air calme car quand il voir son ami dans cet état, sachant de quoi Alex est capable, il a un peu de mal à ne pas se mettre simplement à gueuler dans le dos du blond. Mais le brun a toujours été très doué pour contenir sa colère (ce qui ne lui fait pas du bien, clairement), car il sait qu’il a tendance à aller dans les excès quand il ne se contrôle plus.  

« Personne ne t’obligeait à le faire de base, hein. T’en avais vraiment envie ? »

Demanda-t-il pour essayer d’aller un peu plus dans le sens de son ami de manière aussi à arrêter de parler de l’autre ténor.

Ouais enfin... c'est pas si simple, là, Zlatan !


Car, quelque part, ce n’est pas que lui, c’est aussi que Lionel se ferme comme une huitre et il faut bien qu’il comprenne qu’il vaut mieux qu’il cessa immédiatement de culpabiliser pour les saloperies qu’une tierce personne lui a dit. Enfin il faudrait aussi qu’il arrête d’agir comme si c’était la fin du monde quand quelqu’un n’agit pas de manière forcément amicale en sa présence.

« … M-mais bien sûr ! »


« Ouais, je vais faire comme si j’y croyais, hein. » pensa le Eriksen, qui pinça les lèvres en regardant Lionel, l’air sceptique. Ce dernier ne le regardait pas vraiment, enfin, l’ado aux cheveux bleus n’aime pas trop fixer les gens, de ce que Zlatan à remarqué (mais là n’est pas la question), mais là, c’est clairement car le terminale est très stressé par sa journée et pas très loin de craquer.

« Je ne peux plus faire marche arrière de toute façon, hein ! S’il rate son cycle spé, ce sera ma faute. »


Et voila qu’il donnait des excuses à l’autre, maintenant. Le Griffin savait s’y prendre pour retourner le cerveau des gens, surtout quand ils ont tendance à être influençables comme Lionel.

« Ou pas, hein. Si l’autre con se comporte comme un sac il mérite qu’on le laisse se démerder tout seul. Tu ferais mieux de le lâcher, ça lui apprendra et ça va pas ruiner sa vie de gros bourge. »

Enfin, ça y est, l’étudiant en psycho n’avait plus aucune envie de se retenir d’être sec, maintenant. Pour le coup il retourna à son écran pour ne pas voir l’air de pitié que devait afficher son ami en ce moment même.

« T’es pas sympa. »

En levant les yeux au ciel, le brun se retint de grogner et souffla par le nez pour éviter d’être trop agressif. Même, si là, il n’allait plus se gêner car il n’a pas toujours la motivation pour dorloter l’autre sur demande dès qu’il débarque, surtout quand il est en train de geindre depuis 20 minutes sur la même chose en espérant entendre « ohlalalala pauvre Liolio ne t’inquiètes pas ça va s’arranger, Alex et toi vous allez vous faire un câlin, vous serez bientôt les meilleurs amis du monde et vous irez courir dans les champs de fleurs main dans la main ».

« Hein ?! Vraiment, c’est moi qui suis pas sympa, là ? L’autre diva te traite comme une merde et c’est moi qui… roh, puis zut, tu me fais chier quand tu te comportes comme un gamin… »

Marmonna le brun très vite, et Lionel ne comprit pas tus les mots, mais il comprit très bien l’attention et l’idée général vu l’air et le ton irrité de l’étudiant qui s’était reconcentré sur son jeu. Le redoublant commença à se dire qu’il avait un peu abusé et redoutait d’avoir bléssé son ami.

Mais, euh, c’est pas la peine de le prendre comme ça…


En plus, vu la tronche que Zlatan tirait, il lui ferait le traitement du silence pour le reste de la soirée. Enfin, non, peut-être pas toute la soirée, mais, longtemps quand même.

« Oui, bah, euh, tu peux pas comprendre, toi, toute façon, ta seule ambition dans la vie c’est de faire le rebelle tout seul dans ton coin et de sécher les cours. »

Il n’eut en guise de réponse qu’un « grmblbmm mais j’temmerde » désagréable, suivi d’un long silence pesant.

Bon, d’accord, là j’exagère… M’enfin, c’est pas moi qui ait commencé. Enfin, si. Il doit vraiment me détester, maintenant et moi je boude. En même temps il m’a pas chassé et je peux aussi rester. Faudrait peut-être que j’arrête de bouder… Mais je suis un peu fatigué pour le moment.


Et il avait un peu envie de pleurer aussi, mais, ça, il ne veut pas le dire et aimerait résister un peu aux larmes sinon, là, c’est sûr, Zlatan se sentirait vraiment mal pour quelque chose qui n’est absolument pas sa faute. Ce n’est pas du tout ce que veut le terminale et donc il fit le choix de se coucher sur le lit en se retournant vers le mur, histoire de bouder renifler dans son coin.

« … Bon puisque c’est comme ça, hein… bah, euh, je vais dormir. »

Lionel ne se souvient plus trop depuis combien de temps il a commencé à se sentir mieux chez Zlatan que chez lui, enfin, ce serait plus pertinent de dire « chez ses parents ». Parce qu’il n’y a bien que quand il organise des soirées et investit réellement la maison des parents Roque-Lartigue que le cadet à l’impression que cette grande barraque lui est familière et du reste… bon, il n’aime pas trop les trop grands espace du manoir familial : sa chambre est trop grande, les plafonds un peu hauts, tout est trop propre et bien rangé, rien ne dépasse… Certes, chez Zlatan, c’est petit et c’est le bordel, mais c’est bien plus chaleureux et puis, bah, son pote est là et ça, bah, c’est un bonus agréable. Mieux qu’agréable même enfin, ça, c’est un autre sujet.

Réveillé par des cris de monstres et des bruits de flingue, Lionel s’étira après avoir dormi un petit quart d’heure. Un peu comateux même s’il n’avait pas roupillé très longtemps, le pianiste se retourna sur son flanc pour regarder l’écran où des zombies étaient en train de se faire cribler de balles. Lionel n’est pas le genre à penser que « lé jeu vidéos sa ran violan » (parce que personne ne croirait que Zlatan l’est, même lui n’y croit pas quand il fait le thug, surtout quand on l’a déjà vu gaga avec son vieux chat Patate sur les genoux), mais, dans tous les cas, il n’a jamais vraiment trouvé de charme à ce genre de jeux où l’intérêt principal est de se faire peur et de tuer des gens déjà morts. En plus, il aime pas les choses qui font peur parce que son imagination est très fertile et fait beaucoup trop bien le travail pour terminer de le terrifier à partir d’une toute petite histoire à base de « ah y’a une madame sous ton lit ». C’est aussi pour a qu’il n’a jamais osé demander à Zlatan de l’emmener avec lui dans ses excursions de chasseur de fantômes dans de vieux bâtiments et maisons abandonnées. Il faut dire que l’autre ne lui a pas non plus proposé et justement, Lionel se dit que ça embêterait forcément le brun s’il osait lui poser la question. Parce que, enfin, c’est son ami, alors, il aimerait en savoir plus sur ce que son pote aime parce que… bah, parce qu’il tiens à lui et parce qu’il est curieux et puis le fan d’occulte est toujours tellement impliqué pour s’intéresser à Lionel (probablement trop mais ce n’est pas Lionel qui va le juger quand on voit son côté « je pose pleins de questions aux gens pour avoir l’air sympa à tous prix et qu’il me trouvent cool), que celui-ci veut un peu lui rendre la pareille. Enfin, c’est peut-être un peu excessif et dramatique, mais il aimerait juste que Zlatan se sente aussi « important » que lui quand il squatte chez l’étudiant. Quoique c’est déjà peut-être le cas mais il est toujours difficile de bien s’en rendre compte.

Comme il se sentait de meilleure humeur, il roula sur le matelas et se posa contre l’épaule du brun assis contre le sommier du lit.

« Tu joues à quoi ? »


Demanda Lionel, plus timidement qu’il ne l’avait envisagé avant de poser sa question. Il aurait voulu avoir l’air plus enjoué et plus « normal » par rapport à ses intonations un peu enfantines et exagérées mais il regrettait les mots qu’il avait eu tantôt sous le coup de l’agacement et de la fatigue.

« Resident Evil. Tu veux jouer ? »

Le brun ne se retourna pas et même si l’agacement avait totalement quitté sa voix, le pianiste craignait que Zlatan soit toujours fâché (enfin, il n’en sait trop rien en fait, il ne l’a quasiment jamais vu vraiment en rogne mais justement). Lionel quitta l’épaule de l’autre en restant avachi sur le matelas et marmonna, l’air quelque peu piteux :

« Non, les zombies ça fait peur. »

Zlatan haussa les sourcils d’un air confus et haussa les sourcils en marmonnant quelque chose comme « ah bon mais les zombies c’est rigolo et c’est débile » en faisant une moue amusée. En voyant que son ami n’avait pas l’air de le détester, Lionel osa se lancer histoire de se débarasser de ce qui lui pesait depuis… juste une vingtaine de minutes (donc c’est pas réellement aussi dramatique que ça l’est dans l’esprit du pianiste qui s’imagine comme au bord d’une falaise).

« Euh, dis, tu m’en veux pour tout à l’heure ? Je suis désolé, hein… »

Celui qui était occupé à tuer des zombies n’eut même pas le temps de mettre son jeu en pause et de dire « non non euh ça va, hein » que Lionel s’emballait déjà en accélérant son débit de parole sous l’effet de sa gêne.

« C’est vrai que je prends toute la place et que je dis des bêtises tout le temps parce que je suis trop bête et trop naïf et tout le monde le dit je le sais. Et puis… »
« Hé, oh, euh, t’arrêtes ? »


Zlatan posa sa manette et fit signe à Lionel de s’apaiser, comme il n’aimait pas trop le voir se remettre à paniquer tout seul. Et accessoirement, l’entendre se dévaloriser lui fait pas mal de peine. Lionel l’a toujours dit depuis qu’ils étaient devenus plus proches (et que les bières en soirée aidaient un peu à se confier), qu’il était certain d’être vu comme le débile de sa famille au sein de sa famille, et donc, qu’il faisait en sorte d’être considéré pareil dans ses relations amicales et depuis la primaire « pour ne pas faire désordre ». Comme Zlatan connait l’autre depuis un bout de temps, il en sait assez pour dire avec certitude que Lionel n’est pas aussi stupide qu’il ne veut bien le faire croire. Mais il semblerait ne pas vouloir l’entendre quand on lui dit que son côté niais et un peu couillon n’est qu’une apparence qu’il se donne pour se donner l’air gentil et aussi s’éviter beaucoup de vérités un peu trop désagréables… Il n’y a que la vérité qui blesse et c’est pour ça que le pianiste n’avait pas très bien pris l’interruption de l’étudiant et il s’empressa de reprendre la parole pour essayer de changer de sujet.

« Roh, ça va, je blaguais, hein ! »


Il se força même à émettre un rire bref en espérant que cela rendrait plus crédible son gros mensonge. En plus, Lionel le savait très bien, que ce n’était pas la peine de faire genre devant son ami de longue date.

« Ben voyons. »

En voyant que ses propos ne dupaient personne, Lionel se crispa et enfonça sa tête dans ses épaules, gonflant les joues d’un air boudeur. C’est vrai que cela le préoccupe beaucoup et qu’il ne peut plus vraiment faire semblant, à force. En ramenant ses genoux contre lui, Lionel soupira et continua de marmonner dans sa barbe absente.

« Tout le monde le dit, il y a bien des raisons. »


Le soucis c’est surtout que Lionel en a un peu marre que la conversation ne tourne qu’autour de lui. Zlatan est très patient mais il se sent assez gêné de toujours lui imposer ça. Le pianiste ne lui demandait pas de lui répondre, mais, l’étudiant bonne pâte avait quand même des choses à dire. Il s’était accoudé sur le bord du matelas et même s’il voyait bien que Lionel ne voulait pas vraiment lui rendre son regard, Zlatan lui fit part de son opinion.

« Euhm… Sauf que… non, hein. Tu peux pas faire grand-chose si les gens décident de se tromper sur ton compte, hein. »
« Vas dire ça à Samaël, parce que lui, visiblement, il me déteste et il a de bonnes raisons… »
« Oui, bah, ça arrive. »
« Maiiiis… ! »


Il allait se remettre à geindre, maintenant, comme d’habitude. Même Zlatan commençait à en avoir un peu marre de ce cinéma et l’ignora un peu. En plus, Lionel savait pertinemment tout ça mais bon, c’est plus facile pour lui de se voiler la face. Un peu comme tout le monde, en fait, mais dans certains cas cela devient excessif. Et pénible, aussi.

« Bon, euh… Je sais que j’ai ptet pas aidé tout à l’heure en disant que tu réagissais comme un gamin, m’enfin, c’est juste que tu m’inquiètes quand tu te forces à être sympa même avec ceux qui veulent en profiter. Tu sais bien que, euh… ça s’est mal passé avec ton exe pour ça. »


Lionel cessa de faire la moue, sembla se détendre un peu, puis il haussa les épaules en soupirant. Ce qui dans on langage corporel cela voulait dire « bon, oui, d’accord, c’est vrai ». Il se sentait assez en sécurité et pas jugé chez son ami pour avouer que son comportement cachait des choses un peu moins réjouissantes. Toujours un peu renfrogné, Lionel ne voulait tout de même pas qu’on s’inquiète trop pour lui.

« …Je suis un grand garçon. »

Marmonna-t-il avec un petit sourire narquois, comme s’il était quand même un peu lucide sur son immaturité. Cela eut l’air de rassurer Zlatan qui lui rendit son sourire et quitta son jeu pour démarrer une partie de Mario Kart à la place.

« Ben, toute façon, tu peux pas m’empêcher de m’inquiéter pour toi, hein. »


Si cela conclut leur discussion à propos de Lionel, celui-ci s’empressa de se « rattrapper » en demandant à Zlatan de lui parler de ses cours et de ce qu’il faisait en ce moment à l’université, comme cela avait l’air de l’occuper et de beaucoup l’intéresser. Entre deux « mais niques-toi j’allais gagner la course-euh ! » et « roh mais arrêtes de m’envoyer des carapaces bleues, c’est nul » les deux potes continuèrent de parler de tout et de rien comme à leurs habitudes de gros bavards, jusqu’à ce que Lionel ose poser une autre question qui le turlupine depuis quelques temps.

« Hé, dis, au fait, Zlat’, un jour tu m’emmèneras dans tes chasses aux fantômes ? »


Pour mettre toutes les chances de son côté, Lionel s’était remis sur l’épaule de l’autre grande perche avec un sourire candide. Pris de court, l’étudiant avait baffouillé un « euh hein quoi » confus en se retournant vers l’autre andouille de Roque-Lartigue qui semblait bien s’amuser de son petit effet de surprise tout en gardant son air faussement innocent. Un peu flatté que Lionel ne trouve pas son attrait pour l’occulte trop bizarre, le Eriksen avait l’air un peu touché et en dehors de ça, il n’avait aucune envie de refuser quelque chose à son ami quand il le demande de cette manière.

« Euh, bah, j'avais prévu de faire ça demain, mais… tu n’as pas ton cours de patinage, demain soir ? »


Cours auquel Lionel avait toujours refusé que Zlatan assiste depuis qu’ils se connaissent d’ailleurs. Surement avait-il des raisons. Si Lionel est des fois carrément négligeant avec les cours, quand cela concerne ce qu’il aime, il est complètement passionné et perfectionniste. C’est quelque chose que l’étudiant en psycho a toujours trouvé très touchant, d’ailleurs. Le Roque-Lartigue prit quelques instants pour réfléchir puis répondit avec un sourire engageant.

« C’est pas grave, ça, on se retrouvera à la salle et on ira chasser les fantômes ensuite. »

Zlatan ne savait pas si c’était une manière pour son ami de dire qu’il voulait bien qu’il vienne le voir sur la glace. Dans tous les cas, la perspective de la soirée du lendemain leur donnait tous les deux hâte d’y être.
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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeJeu 14 Fév - 13:35

Zlatan I avec beaucoup de Lionel donc disons + Lionel I.5 (1/2)
Ce qui donne ZI LI.5 1/2

« Ah, tu es encore là ? Tu n’as pas cours le mercredi matin ? »

Demanda Helène à son fils qui venait de sortir de sa chambre et d’entrer dans leur petite cuisine en bâillant et en se grattant le bas du dos sous son t-shirt Nirvana. L’étudiant regarda l’heure en éloignant la mèche qui obstruait sa vision et émit « oh, ah oui » mou en voyant qu’il avait encore dormi trop longtemps. Même en mettant plusieurs réveils à sonner à la suite il faut croire que Zlatan avait toujours le sommeil trop lourd et n’était pas reposé même en dormant 10h. A vrai dire, lui ou d’autres auraient tendance à dire qu’il profite de sa condition pour se donner des excuses pour glander et rater les cours, et même s’il l’a peut-être fait quelques fois (qui dit ne l’avoir jamais fait ment très mal), la plupart du temps, le Eriksen se passerait de sa fatigue constante et de l’impression de désorientation parfois méchante au réveil. Par conséquent, suivre en cours n’a jamais été son fort non plus : ses capacités de concentration et sa tendance à très facilement piquer du nez n’ont jamais été de très bons alliés pour rester attentif en cours et réviser. Sa mère savait tout ça, mais savait aussi que son fils avait un côté « laxiste »… enfin, elle avait tendance à l’interpréter ainsi, comme les réponses des médecins au sujet des troubles du sommeil, quand il n’y a pas de dépression diagnostiquée, sont assez confus, et ils n’ont pas poursuivi les procédures assez loin pour en savoir plus. Donc, aussi bien attentionnée qu’elle soit envers son fils, Helène, même si elle était infirmière, trouvait ses propres explications parfois à base de « il est simplement déprimé » ou « il a toujours été un peu flemmard, faut dire », parfois sans voir que cela blessait son fils qui n’osait plus en parler. La blonde émit un raclement de gorge un peu sévère afin de faire comprendre à son fils que c’était un peu limite et que ça ne devait pas devenir une habitude, de rater ainsi les cours du matin. Vu le roulement d’yeux et l’air blasé de l’adolescent, il était évident qu’il ne le voulait pas attendre parler de ça de bon matin (enfin, à 11h passées) et que la rengaine de sa mère à propos de « oui c’est pas bien de glander maintenant tu es étudiant, les études, gnagnagna » l’ennuyait, car pour lui, ce n’était pas qu’une « envie de glander pour profiter de la vie d’étudiant ». Elle ne pense pas à mal et s’inquiète juste pour son fils, en lui rabâchant que les études ne sont pas faciles (Helène a elle-même beaucoup galéré avant de finir ses études d’infirmière et sait que les parcours sans problèmes n’existent pas, surtout quand on a un gamin sur les bras à 20 ans) et qu’elle préférerait que son fiston ne redouble pas 3 fois sa première année. Enfin, Helène fait confiance à son garçon, mais, parfois, elle repense au fait qu’il a passé son temps (ou presque) à dormir dans le reste de sa scolarité et craint que cela lui poste préjudice s’il ne se discipline pas un peu mieux pour la suite des choses. Même si, encore une fois, la discipline n’est pas vraiment le principal soucis de Zlatan. Mais il n’ose pas aborder la vérité, surtout pas de « bon matin ».

« Fais gaffe quand même… »


Ajouta-t-elle en voyant son fils avachi par-dessus son bol de café au lait, presque à se rendormir dans le liquide si on le laissait seul. L’infirmière aux longs cheveux blonds et aux yeux bruns s’assit en face de sa progéniture et soupira en entendant l’adolescent grogner une nouvelle fois et lui répondre d’une voix pâteuse, enchainant les mots en grommelant. La journée il est généralement plus enthousiaste, mais le matin, Zlatan ressemble à une toute autre personne.

« Meuh ça va roh j’y vais ‘près l’café greuh… J’allais po rater l’partiel d’l’aprem t’façon, hein… »


La question d’Hélène ne le mettait pas tout à fait à l’aise car cela lui rappelait certaines reproches faites par certain.e.s. Toutefois, Zlatan voulait quand même rassurer sa mère sur le fait qu’il ne profite pas de son statut d’étudiant pour « glander, toucher les aides pour étudiants et aller s’acheter de l’herbe et de la bière avec ». Hélène ne dirait pas une chose pareille, bien sûr, mais, c’est une chose que Zlatan avait déjà entendu ça de la part d’un gros bourge de sa promo nommé Ellias Griffin qui passait son temps à juger ceux et celles qui ne se tuaient pas pour les cours de la faculté. C’est le genre de reproche qu’Ellias l’intello-délégué avait déjà plusieurs fois chuchoté au propos du Eriksen en pensant qu’il n’entendait pas, en plus de « il a encore fumé j’en connais un qui va planter le partiel de psycho-clinique »… Vraiment, Zlatan est très patient et très lâche mais un jour il allait finir par s’énerver et lui coller son poing dans la gueule (en s’excusant après quand même). Mais, il y avait quand même des « circonstances atténuantes » (enfin, un peu), depuis que l’étudiant avait percuté lors d’une discussion avec Lionel que cet Ellias était juste le grand frère adoptif d’un certain Alexander Griffin et il avait été pris d’un fou rire nerveux incontrôlable en se disant que finalement, sa vie à lui n’est pas si merdique que ça.

« Je sais, mon Zazounet, je ne voulais pas te stresser. »

Le concerné haussa les épaules et commença à boire son café. Souvent, il s’en veut un peu de n’avoir jamais été un gamin franchement facile pour sa mère, ses prof.fe.s et ses camarades du milieu scolaire. Evidemment, c’est une culpabilité qu’il s’invente tout seul à partir de quelques discours qu’on lui a déjà faits par le passé. Hélène ne pensait pas à mal quand elle lui faisait comprendre que même si ce n’était pas sa faute d’avoir eu des paralysies du sommeil récurrentes depuis ses 11 ans (d’ailleurs, il s’en voulait bêtement d’avoir déjà effrayé Lionel avec ça plusieurs fois) ajouté au fait que depuis toujours, il se sent toujours fatigué (probablement pour cause d’hypersomnie, enfin, c’était une des théories médicales récurrentes) ce qui ne le rend pas agréable ni facile à vivre tous les jours. Les profs lui reprochaient d’être renfermé et morose alors qu’« un enfant c’est censé être joyeux », entre autre (ce qui ne l’empêchait pas d’être enthousiaste et motivait avec les activités et les personnes qu’il appréciait, mais c’est juste l’école et ses camarades n’en faisaient pas partie, ça lui bouffait de l’énergie). Et puis, il y a eu l’adolescence qu’il a plus souvent passé à faire l’école buissonnière avec son cousin Soltan car les cours les ennuyaient qui lui fit une réputation de cancre. Mais ça pour le coup c’est vraiment le cadet de ses soucis, surtout que passer pour le glandeur de la classe qui dort en cours lui avait fait rencontrer Lionel, comme ils étaient collés ensemble car ils oubliaient de faire leurs devoirs, l’un par je-m’en-foutisme et l’autre car il n’arrivait pas à se concentrer et préférait bâiller aux corneilles. Il n’y a bien qu’avec ces deux-là que le Eriksen se montre plutôt joyeux et naturel, pour le coup, même si par adaptation, il a aussi pris l’habitude de faire un peu le con et le kéké devant les inconnu.e.s pour qu’on ne s’attarde pas trop sur son cas (ce qui ne marche pas toujours très bien). Enfin, ce sont des choses qui ne partent pas vraiment et qui ne l’aident pas trop, surtout en fin d’adolescence lorsqu’il essaie de prendre son indépendance et qu’il se dit que d’autres ont vécu bien pire et qu’il aurait bien tort de se plaindre. Il faut bien avouer que pour le stress qui découle de tout ça, fumer de l’herbe avait parfois bien aidé à le faire rester zen et ce n’était pas un secret pour Hélène (même si ce n’est pas la meilleure idée quand on a des soucis de sommeil, mais, parfois, ça aidait à tomber comme une masse, aussi). Sa mère avait toujours été très « ouverte » au sujet de la drogue (à condition de vérifier qu’il ne fumait pas n’importe quoi trouvé chez n’importe quel dealer), quand Zlatan compare au blocage d’autres adultes à ce sujet, mais, elle se doutait quand même bien que son fils commençait peut-être à en être un peu dépendant, avec l’habitude. Et justement, le brun se rendait bien compte qu’entre autre avec ça, il continuait de causer du soucis à sa mère.

« Je sais, je sais, hein. Mais bon, j’l’aurais mon s’mestre... Probalement ras-la-tronche comme d’hab’ mais j’l’aurais ! »

Sa voix était plus claire maintenant qu’il avait terminé son café. Hélène lui sourit et hocha doucement la tête en se levant pour qu’ils ragent rapidement la vaisselle ensemble. Elle remarqua que dans les couverts de la veille, son fils avait sorti des assiettes et des fourchettes en double et elle sourit doucement.

« Ah, Lionel est passé hier soir ? »

Zlatan qui essuyait son bol lui lança un regard interpellé. C’est vrai qu’Hélène connait son pote de cinquième depuis un bout de temps, elle l’avait même emmené une ou deux fois en vacances avec eux. Chose sur laquelle les Roque-Lartigue ne rendaient jamais la pareille pour Zlatan et ça agaçait très fortement Hélène, pas contre Lionel en particulier mais elle n’avait vraiment aucun atome crochu avec la famille du meilleur ami de son fils. Surtout pas depuis qu’ils avaient eu droit à une leçon de moral lors d’une rencontre à la réunion parent-profs en seconde, quand, au détour d’un couloir, les Roque-Lartigue avaient passé 10 minutes à sermonner Hélène sur le fait que « votre fils est d’une très mauvaise influence pour le nôtre, vous saviez que Lionel passe son temps à jacasser et à faire le pitre en classe, depuis qu’il a rencontré votre fils ?! ». Enfin, malgré ses réticences au début, l’infirmière l’aimait bien, le Lionel, et ça lui avait fait très plaisir de voir Zlatan se faire enfin un vrai ami au collège.

« Euh, ouais, on s’est fait des pâtes avec de la sauce tomate et du gruyère et on a aussi pris des bières, du coup. »


Il lui passa le détail de leur échange un peu trop long concernant les idées de Lionel en ce qui concerne ce menu, comme monsieur voulait descendre au supermarché pour acheter 5 sortes d’épices ultra fortes à mélanger avec de la mayonnaise maison et des tomates et en faire une espèce de sauce andalouse très forte, juste parce que « oui quand même c’est un peu fade sinon ». Zlatan avait réussi à l’en dissuader grâce à ses arguments puissants de « moui j’ai un peu la flemme en fait, oh, regardes y’a des milkshakes au frigo pour le dessert ». Enfin, une soirée comme une autre, en fait.

« Il allait bien ? »

L’adolescent haussa une nouvelle fois les épaules, ne sachant pas trop comment répondre quand il repensait à l’état de son ami la veille, même si ce dernier était revenu au « naturel » une fois sa crise passée. Quand Lionel ou les gens qu’il apprécie ne sont pas bien, Zlatan ne parvient pas à l’être non plus et c’est donc quand son meilleur pote avait commencé à retrouver son sourire habituel en jouant à la console qu’il s’était lui aussi senti mieux. Au moins, le terminale avait quitté l’appart des Eriksen dans la bonne humeur.

« Hm, moui, ça allait. Y repassera ptet ce soir, d’ailleurs donc, euhm… ça te gêne pas, toi ? »

La blonde eut un haussement d’épaule à son tour et une moue neutre très similaire à celle de son gamin avant de répondre.

« Oh, non, tu sais, il y a des chances qu’avec le boulot, on ne se recroise pas aujourd’hui, donc… »

Avant d’aller préparer rapidement son sac pour partir en cours, Zlatan demanda quand même des nouvelles à sa mère pour savoir si son travail à l’hôpital ne l’épuisait pas trop. Comme d’habitude, Hélène répondit de manière assez évasive, mais les cernes sous ses yeux se creusant toujours de plus en plus à l’approche de la fin de semaine en disaient assez long. Une vingtaine de minutes plus tard, l’étudiant était parti pour l’université et normalement, il arriverait à temps pour prendre le CM d’histoire de la psychanalyse en route. Enfin, ça, c’est ce qu’il pensait jusqu’à ce qu’une voix familière fébrile l’appelle pour lui crier de l’attendre un peu.

« Zlatan-euh m-m-m-mais att-attend moiiii ! »

Comme il avait semblé à la grande perche en blouson de cuir, c’était la voix de Mell Straum, son voisin de palier. A vrai dire, il aurait préféré faire la route tranquille avec ses écouteurs sur la tête mais comme le petit brun à lunettes s’était essoufflé à courir pour le rattraper, Zlatan n’avait pas vraiment le cœur à l’envoyer péter. Et puis, même s’il a toujours été un peu fatigant, bah, même s’il n’irait pas jusqu’à dire qu’il sont vraiment potes, il l’aime bien, Mell, quand même, il est pas méchant.

« C-ça roule ? »

Demanda l’étudiant en biologie pour briser le silence, encore essoufflé par sa course. Il a l’habitude que Zlatan ne soit pas très causant avant midi et qu’il ait la tête totalement ailleurs quand il marche peu après s’être levé et ne lui en tient pas vraiment rigueur… il était déjà comme ça quand ils étaient dans la même classe en primaire, en fait. Par la suite, ils étaient allés dans des classes différentes dès le collège, en fonction de leurs options.

« Euh, ouais, j’ai un peu la tête dans le cul, là, en fait. Enfin bon, faut que j’me grouille, je suis méga à la bourre pour mes cours. M’enfin, ça va, hein… »


Du haut de son mètre 63, Mell avait un peu de mal à suivre le Eriksen et son quasi mètre 90 sans presser le pas. Mais il continuait de lui emboiter le pas en souriant nerveusement comme un gros bêta.

« Aaaaah, d’acc-ccord ! »


Comme le silence était gênant et que Zlatan en oubliait un peu les politesse (parce qu’il est quand même pas très doué), il se rappela quelques bonnes 20 secondes plus tard qu’il laissait le binoclard dans une situation awkward.

« Euh… et toi ? Et ta sœur, ça va bien aussi ? »


En réalité, les deux étudiants s’étaient côtoyés quotidiennement en primaire et c’est en constatant que « oh tiens on est voisines et les deux gamins sont dans la même classe » que Leanne, la sœur de Mell et Helène avaient sympathisé. Leanne est en effet beaucoup plus âgée que son petit frère et elle avait environ 20 ans quand lui et Zlatan étaient en primaire. Pendant que les deux jeunes femmes sympathisaient, les deux garçons s’étaient un peu fréquentés hors de l’école et il fut une époque ou leurs deux familles faisaient un peu tout ensemble. Cependant, ils n’ont jamais été très proches, contrairement à Leanne et Helène qui prennent souvent le café ensemble encore aujourd’hui. Donc, quand ils se retrouvaient depuis le début de l’université à faire le chemin ensemble, c’était un peu bizarre, parce qu’ils ne savaient pas trop quoi se dire, après s’être si peu causés les dernières années.

« Ah, u-ouais, super ! Enf-enfin on b-bosse pas mal chacun d-dans not’ coin donc c-c’est un p-peu… euh, c-calme à la maison, en c’moment, haha… »


Zlatan hocha la tête et retourna observer ses pieds et les lignes du trottoir tout en marchant, les mains dans les poches. Il leur restait juste 5 minutes de marche, mais cela paraissait assez long aux deux adolescents.

« D-dis, tu m’as p-pas dit c’que t’étudies t-toi ? Ça t’plaît ? »


C’est vrai que la dernière fois, Zlatan avait passé le trajet à écouter son voisin lui parler de ses cours de bio. Même s’il n’avait pas tout compris et avait juste hoché un peu bêtement la tête en souriant en coin et en disant « oh, cool », « ah, sympa » et « ah ouaiiiiis » de temps à autre, ça avait été assez plaisant de voir Mell si passionné et communicatif… Disons qu’il l’avait connu plus secret que ça, mais, pour le coup, ce n’est pas lui qui jugera.

« Bah, j’ai pris psycho car ça avait l’air intéressant, enfin, euh, j’aime bien tout ce qui est, euh… psychologique… ? »

Ah, oui, merci captain Obvious. C’est gênant.

« Bon, euh, dans tous les cas, c’est sympa, quoi. J’apprends des trucs. »


Le grand brun leva les yeux au ciel et se sentit un peu débile d’avoir un discours aussi basique concernant ses études qui l’intéressent beaucoup. Lui qui est fort bavard d’habitude, là, avec son voisin, il ne savait pas trop quoi raconter. Probablement car l’autre l’avait intimidé, la dernière fois, avec ses explications très précises de chacun de ses cours et ses sujets d’étude de prédilection… bon, c’est aussi que Mell a toujours été un gros nerd et qu’actuellement, Zlatan a complètement la tête dans le cirage. Il se reprit un peu, cependant, pour continuer, voyant que le plus petit lui avait ouvert grand ses oreilles.

« ‘fin, c’que… enfin j’ai toujours bien aimé analyser le comportement des gens et y parait que j’suis pas mauvais pour écouter et parler quand les autres ont des problèmes, enfin, me disais que ça doit être bien, d’être psy et.. bref, voila, quoi ! »
« Ah, c’chouette ! »

Déclara Mell, pas le moins gêné du monde, alors qu’ils arrivaient sur le campus. Zlatan pensait chacun de ses mots mais il avait toujours la sensation que ce n’était pas très naturel. C’est normal de ne pas être sûr qu’on fait les études qui nous conviennent parfaitement, même si on est passionné, mais dans le cas de Zlatan, il sent qu’il y a toujours quelque chose qui cloche dans son rapport à sa vocation… Enfin, quelque part, il a encore tendance à y penser comme quelque chose qui lui permettra d’aider les autres plutôt que quelque chose qui pourrait le faire grandir, lui. Enfin, ça, il n’osait pas vraiment y penser, par pour le moment et avant un bout de temps et après tout, c’est sympa, la licence de psycho (mis à part Ellias Griffin), alors il n’a aucune raison d’arrêter. A force de tergiverser et de commenter que « oh il fait beau aujourd’hui », ils arrivèrent à la hauteur du bâtiment de sciences humaines. Après s’être fait des au-revoir sommaires, l’étudiant en psycho se hâta jusqu’à son amphithéâtre et s’installa dans une place libre qui restait.

Autant le cours de la fin de matinée fut assez vite passé, mais le partiel ne fut pas autant une promenade de santé. En voyant l’intitulé, le brun était un eu tombé des nues malgré ses révisions, probablement parce que ces dernières étaient encore un peu trop légères. Probablement qu’il aurait dû passer moins de temps à faire le con avec Lionel en jouant à Mario Kart, hier soir, et peut-être aussi qu’il devrait se mettre à réviser à d’autres moments que seulement la veille de l’examen. Enfin, bon, il est très clair que Zlatan préfère largement se regarder dans le blanc des yeux avec son ami aux cheveux bleus (en toute amitié) et qu’il regrette sa présence sur le siège adjacent au sien durant les cours, depuis un an. Pendant les examens, surtout, au moins, ils pouvaient se passer les réponse (et d’ailleurs ils se faisaient rappeler à l’ordre tout le temps car ils gloussaient comme des dindes en s’envoyant des « bah je sais pas la réponse je croyais que toi tu l’aurais mdr ») et à eux deux, ils parvenaient à dépasser la moyenne. En réalité, même si l’étudiant se dit que le Roque-Lartigue le rejoindra à la fac l’an prochain, il se fait un peu de soucis aussi, sachant que le bleu a déjà plus ou moins volontairement planté son bac pour éviter d’entrer en sciences politiques comme ses parents le voudraient. Enfin, ça, encore, c’est entre Lionel et sa famille mais de manière un peu égoïste, Zlatan aimerait juste pouvoir voir son ami tous les jours, comme avant et moins de manière parfois un peu improvisée quand Lionel a le temps entre ses cours et toutes ses activités extra scolaires (en plus, leurs pauses de midi ne concordent pas), c’est à dire assez peu et souvent déjà pas mal crevé.

En même temps c’est qui leur soucis, aux gros bourges, quand y se disent que c’est une bonne idée qu’en plus de 25h de cours par semaine, il faut que leurs gosses fassent aussi du patinage artistique, du piano, de l’escrime et de la natation…

En ruminant et en regrettant la présence de Lionel à ses côtés, Zlatan en oubliait un peu sa copie et aurait presque pris le risque de sortir son portable pour envoyer un SMS débile de « passes moi les réponses stp le partiel c’est de la merde », mais, ce serait tenter le prof qui déambule déjà entre les tables. Enfin, dans tous les cas, avec de telles conditions réunies, le brun ne fut pas franchement satisfait de ce que fut sa copie de partiel à la sortie de la salle de cours. Il oublierait assez vite quand il aura retrouvé son cousin pour la pause de midi.

***


« Euh, quoi ? »

Interrogea Soltan tandis qu’il mangeait son américain double steak et qu’il écoutait Zlatan parler depuis 10 minutes non-stop de son excursion du soir dans la vielle usine du sud de la ville. Avec le débit de parole de son cousin fan d’occulte quand il est lancé, l’armoire à glace sait qu’il ne peut pas en placer une et a souvent un peu de mal à suivre, son attention étant souvent détournée ailleurs. Ça ne dérange pas vraiment Soltan qui est totalement habitué à ce genre de scènes et il se contente de rappeler de temps à autre à son cousin germain que « hé, penses à manger ton panini il va être froid ».

« Je disais que je suis sûr qu’on va voir des trucs étranges à l’usine, ce soir, c’est une nuit sans lune, et y’a pleins d’histoires cheloues sur ce bâtiment ! En plus, faut avouer que quand tu viens, il se passe toujours plus de truc, tu dois avoir une aura qui attire les esprits ou un truc du genre, je t’assure ! Je me demande comment les fantômes vont réagir à la présence de Lionel, d’ailleurs… »

L’élève de BTS agro-équipement releva la tête en fronçant les sourcils d’un air confus.

« Hein ? Lionel y va venir avec nous ? »


Zlatan hocha la tête avec enthousiasme, un peu fier de lui aussi, car il avait n’avait jamais osé proposer ça à son meilleur ami avant ça. Cependant, il constata rapidement que Soltan, lui, n’était pas aussi ravi. Bon, il est clair que dans tous les cas, le plus vieux sourit assez peu souvent même quand il est content, mais, là, l’étudiant en psycho voyait bien que l’autre n’était pas follement motivé.

« Quoi, ça te dérange ? »


Demanda-t-il, soudain un peu sur la défensive. Enfin, il faisait au mieux pour rester aimable, mais il sait aussi que son cousin a toujours été un peu froid et facilement agacé par le Roque-Lartigue. Zlatan sait très bien qu’on ne peut pas aimer tout le monde et que le futur agriculteur est de nature assez méfiante mais… enfin, il a tendance à vouloir protéger Lionel de certains désagréments et de lui-même, alors que Lionel est le premier à devoir lui crier « Zlatan le bonhomme pour traverser est rouge ! C’EST ROUGE, NE TRAVERSES PAS !! » ou encore « Zlatan attention au poteau ! Ah bah, trop tard… » chaque fois qu’ils se promènent en centre-ville. En bref, cela l’ennuie un peu que les deux personnes dans sa tranche d’âge dont il est proche n’aient pas d’atomes crochus, mais, en même temps, c’est aussi vrai que cela les concerne eux et pas lui.

« Bof, non, je m’en fous, mais tu veux vraiment que je vienne avec vous ? »


Soltan haussa les épaules, avouant qu’il ne serait pas non plus offusqué de ne pas aller à cette nuit de chasse aux fantômes… d’ailleurs il n’a jamais cru à ces trucs et sait bien que Zlatan essaie de s’inventer des trucs, mais jamais ils n’ont vu la moindre chose qui sortait vraiment de l’ordinaire lors de ces excursions.

« Bah, oui, enfin, tu viens quasiment toujours avec moi alors… ? »


Le plus âgé arqua un sourcil en terminant son sandwich. Il sait que Zlatan peut être lourd mais généralement, il n’est pas si insistant, surtout pour ses fameuses sorties de fana des esprits. Au regard un peu irrité de son cousin, le plus âgé comprit sans mal qu’il en faisait peut-être trop.

« Enfin, je t’oblige pas, hein… C’est juste que, quand même, euh… »

Tout à coup beaucoup trop d’excuses fusèrent dans la tête de l’étudiant en psycho. Aucune qui ne soit pas du pleurnichage qui sonnerait un peu midinette si cela sort comme il l’imaginait. Dans l’absolu, Zlatan avait envie de se dire que c’était juste une question d’habitude, mais en réalité, il craignait juste d’avoir l’air vraiment étrange, ou d'un gros looser, ou d’ennuyer Lionel avec sa passion des vieux lieux peut-être habités par des fantômes la nuit. Parce qu’il se connait assez pour savoir qu’il passera la soirée à faire le kéké en causant de poltergeist et autres esprits qu’il ne verraient très probablement jamais et donc, le brun aurait préféré que Soltan soit là pour un peu atténuer la potentielle déception et l’ennui de son meilleur ami. C’est ça, il avait un peu invité Lionel à le voir son plus vrai jour et maintenant, il avait bizarrement envie de se dégonfler et de ne jamais avoir eu l’audace de faire ça. Déjà que Lionel a tendance à avoir peur devant des trucs de zombies, il allait forcément être mal à l’aise. Mais en même temps c'est lui qui avait évoqué ça en premier... Donc...

« Juste que quoi ? »


Demanda Soltan, un peu perplexe en voyant son cousin s’arrêter au milieu de sa phrase en fixant le vide comme s’il y avait découvert tout le savoir de l’univers. En voyant qu’il ne réagissait pas vraiment, le plus jeune passa sa main devant les yeux de son interlocuteur et claqua des doigts en espérant que cela le tire de sa transe.

« Hé ! Zlat’, t’es parti où, là ? »

L’autre était encore en train de ruminer, visiblement. L’armoire à glace s’avachit sur la table en soupirant et tapota des doigts sur la table. Ce que ça pouvait l’agacer quand son cousin faisait ça. Ne pouvait-il pas rester autre part que dans ses rêvasseries plus de 5 secondes ?

« Bon, d’accord, donc… Ce que je veux dire c’est que quand je vais quelque part avec toi et ton pote c’est… »
« Hein, quoi ?! »
« Ah, bah, tu vois que tu m’entends. »


Grommela le passionné des tracteurs et des vaches en croisant ses bras sur son torse. Zlatan rentra sa tête dans ses épaules et lui adressa un regard d’excuse, réalisant qu’il était parti un peu loin.

« Hem… désolé, j’ai un peu space out l’espace de quelques secondes, j’crois que je m’endors un peu, héhé. »
« J’avais vu, ouais. »


En retroussant les lèvres, l’étudiant reprit la consommation lente de son panini en laissant (pour une fois) Soltan parler et terminer ce qu’il disait.

« Bref… ouais, donc, je suis pas méga chaud pour venir avec vous et... »
« M-mais pourquoi ? »

Le plus jeune fit encore une fois les gros yeux à l’autre mangeur de panini qui ne pouvait pas s’empêcher de lui couper la parole sans arrêts. Et ça, c’était un signe assez caractéristique du fait que Zlatan a la tête totalement ailleurs et a du mal à se concentrer sur les propos de l’autre.

« Parce que c’est un peu chiant de tenir la chandelle pour vous, voilà pourquoi. »
« Ah… ! »

Fit le fan d’occulte, l’air de nouveau absent.

Mais qu'est-ce qu'il insinue... ? Il doit dire ça car il est frustré de ne pas avoir assez de temps pour voir la profe d'arts martiaux, alors il compense en disant n'importe quoi... Ouais, ça doit être ça.

Quelques secondes s’écoulèrent pendant que Soltan regardait, blasé, la cadet, qui n’avait pas vraiment percuté. Du moins, il était passé à autre chose. Tant mieux, en un sens. Il ne sait pas trop comment Zlatan aurait réagi s’il avait bien percuté que le sous-entendu n’en était pas vraiment un. Ce n’est pas que Soltan soit gêné d’être en dehors des conversations de son cousin et son meilleur pote (comme la plupart du temps il ne percute même pas ce dont ils causent), mais il a souvent l’impression d’être là pour la forme alors qu’il pourrait faire autre chose comme… par exemple… oui, réviser ses cours, hein. Ou aller voir Shizune au dojo pour lui dire comme il est paaaaaassionné par les compétitions de Taekwondo. Bon, certes, c’est vrai que le plus âgé n’a pas grand-chose à faire de ses soirées et que ça l’occupe bien, de suivre son cousin dans ses explorations. Mais ce n’est pas pour ça qu’il a envie de faire l’effort de supporter la présence, la voix et les rires de Lionel avec qui il n’a pas franchement d’affinités. Et puis, franchement, des fois, Soltan se disait qu’ils feraient mieux d’être seuls pour faire le point sur certains trucs qui ne concernent pas que les poltergeist.

« Hm… donc t’es pas chaud ? T’es sûr ? »

Le fan des bovins roula des yeux et renifla avec agacement. L’autre commençait à lui courir sur le haricot, avec ses jérémiades de forceur à la « mais euh, t’es sûûûr, hein… ? Je dis pas que j’aimerais bien que tu viennes quand même mais, euh, voilà quoi… ».

« Ouais, tu peux arrêter d’insister, là ?! »

Zlatan sursauta un peu mais au moins, il avait compris qu’il avait un peu dépassé les bornes et se résigna en finissant son panini poulet-curry. Un peu embarrassé, il fit la moue en s’excusant tout en fixant la table.

« C’est bon, c’est bon, j’arrête. Scuse-moi, hein. »

Maintenant, Zlatan avait le trac pour ce soir et passa les cours de la fin d'après-midi dans une certaine appréhension. Il se demandait s’il n’allait pas annuler de peur que tout ça soit un peu « trop » pour son ami mais il ne voulait pas que Lionel soit déçu non plus. Il faudrait qu’il l’appelle ou lui envoie un message pour en savoir plus, mais il n’en eut pas vraiment le courage et lui demanda juste « à quelle heure son se retrouve à ton cours ? » avec un smiley extra-terrestre un peu hors-sujet. L’étudiant eut le temps de rentrer chez lui pour bricoler un peu sur sa moto de gros kéké avant de partir, histoire de s’occuper l’esprit et ne pas se prendre la tête pour des « broutilles » qui seront bien vite oubliées quand il sera en présence physique de son meilleur pote. Ce dernier sera tout content quand il verra qu’on vient le chercher en moto, en plus. Lionel était très frileux avant de monter la première fois à l’arrière de la bécane puis il ne lui fallut pas essayer 30 secondes dessus pour commencer à adorer ça et réclamer à l’autre de faire des pointes de vitesse, tout en lâchant une main pour dire que « oh regardes y’a une voiture vert pomme ! ». Même en essayant de de distraire avec autre chose, force est de constater que son meilleur pote et ses sourires de débiles lui revenaient un peu trop en tête et d’un coup, Zlatan en était un peu embarrassé. Tout de même, ce n’est pas la première fois qu’ils sortent après 19h tous les deux juste pour flâner ensemble, à se demander pourquoi, ce soir, ça intimide autant la grande asperge gaga de sa moto.

Ça doit être la décision de Soltan, hein. Il fait chier, Soltan, tout est la faute de Soltan. C’est qu’il m’a lâché au dernier moment et ça me stresse parce que, euh… bah, j’aime pas ça, c’est pas ce qui est prévu habituellement et j’aime bien quand mes petites habitudes ne sont pas brusquées, VOILA.

Accessoirement il n’a vraiment pas envie que Lionel s’ennuie ce soir ou pense qu’il en fait trop ou… L’étudiant se réveilla soudain de ses tergiversations et regarda l’heure.

« Oh putain de garage à b—grmblll ! »

A force de se perdre dans sa mécanique, il s’était mis en retard et allait arriver à la bourre pour la fin du cours de patinage de Lionel. Lui qui voulait voir son pote sur la glace quelques minutes, ça allait être raté. Si Hélène aprend un jour qu’il avait un peu dépassé les limites de vitesse pour être à l’heure, Zlatan savait qu’il ne toucherait plus pendant des mois à sa moto et ce serait une assez juste punition. En y pensant avec quelques remords et en se dirigeant vers la patinoire, un peu penaud à l’idée d’avoir loupé l’heure, il ne faisait pas trop le malin et se fit discret en longeant les murs en arrivant par les gradins. Finalement, il faut croire que Zlatan était quand même arrivé un peu avant la fin du cours, comme Lionel était en train de glisser en travaillant une chorégraphie. Comme le stalker pas discret et pas assumé qu’il est, le Eriksen se planqua derrière le mur de l’entrée pour regarder son ami évoluer sur la glace, assez impressionné par les figures qu’il enchainait avec une aisance étonnante. Visiblement, plusieurs sauts de la fin de l’enchainement posaient quand même soucis au patineur…. Enfin, Zlatan appelle ça comme ça car il ne sait pas comment s’appellent les figures où on saute et on tourne, Lionel lui avait tout expliqué un jour mais bon, Zlatan, quand on lui explique des trucs un peu techniques, ça entre par une oreille et ça sort par l’autre, surtout quand il se concentre plus sur l’entrain de son ami que le contenu des paroles, mais, là, il diverge. Ce qui interpella surtout l’étudiant dans la manière que son ami avait de glisser et de faire des figures, c’était que les gestes de Lionel et les émotions qu’ils renvoyaient étaient différents des apparences qu’il porte quotidiennement… enfin, Zlatan avait l’impression de percevoir des émotions plus virulentes, plus affirmées voire colériques de ce que son ami montre en général, en s’efforçant de rester tout sourire et absolument aimable. Ce ne serait pas la première fois que Lionel lui dirait qu'il adore le patinage, car ça le défoule. Il avait déjà ressenti ça chez Lionel, en fait, les fois où ce dernier est contrarié ou fatigué, bien sûr et qu’il montre ses vraies couleurs, mais, surtout, les fois où il l’avait entendu répéter pour ses cours et ses auditions de piano et qu'il était... presque agressif avec le clavier et pestait car il n'arrivait pas à donner des aspects un peu plus doux aux mélodies. En fait, quand Lionel se donnait à fond dans des activités qui lui permettent de créer, Zlatan constatait à chaque fois que ce qui en sortait lui ressemblait beaucoup plus. Aussi, le rassurait que malgré les pressions familiales que subit son ami avec sa famille et les apparences qu’il prend l’habitude de se donner à cause de ça, ce dernier avait quand même plusieurs passions lui permettant d’exprimer ce qu’il est vraiment.

Le cours se termina après quelques minutes et Lionel s’arrêta, souffla un peu et se retourna directement vers l’entrée pour adresser un signe de main à son pote encore « caché » dans l’ombre du mur.

« Hé, coucou ! Tu viens d’arriver ? »

Zlatan hocha la tête d’un air hagard et se sentit un instant ridicule de s’être planqué bêtement, alors que manifestement, Lionel l’avait vu depuis le début. Il sortit de sa « cachette » et se rapprocha du bord de la patinoire, s’y appuyant pour aller à la rencontre de son ami patineur.

« Je vais me changer et j’arrive ! Tu es venu en moto ? »
« Ouais, je, euh, je t’attends à l’entrée du coup ? »


Lionel avait à peine terminé d’entendre la réponse de l’autre qu’il progressait déjà vers les vestiaires. Apparemment, il était pressé de sortir. Non sans se mettre la pression pour pas grand-chose car il voulait que les choses se passent bien dans cette histoire de chasse aux fantômes et… Bon, à force, ça commence à se voir qu’il la joue cool et mou mais qu’en réalité, il s’angoisse un peu pour tout et rien, surtout quand ça concerne son entourage proche (comme c’est étrange) et l’avis de ces personnes dont l’opinion compte à ses yeux. Au moins, Lionel semblait très enthousiaste en sortant du gymnase, au point qu’il sauta sur la moto en premier et en le voyant faire, Zlatan grimaça un instant de peur qu’il se fasse vraiment mal mais de toute évidence, le patineur était encore à peu près adroit et s’il le laissait trop longtemps seul sur le véhicule, il était capable de partir avec. Et il ne faut pas déconner, voir partir sa moto même avec son meilleur pote, ça l’emmerderait quand même un peu. Après avoir dit au moins 3 fois à Lionel que « non, on va pas faire de pointe de vitesse ce soir on passe par le centre ville » et l’autre lui répondit qu’il était « aussi grumpy que ton cousin Soltan et de ta cousine Julianne » quand il s’y mettait mais c’est rigolo tu vois que vous vous ressemblez ». Parce que, oui, Lionel sait comme Zlatan n’aime pas vraiment qu’on lui rappelle qu’il peut-être aussi grognon que ses cousins et a un caractère de cochon qu'il n'assume pas, tandis qu’il essaie de faire tenir l’illusion qu’il est le plus cool et souriant de la famille (enfin c’est surtout qu’il a envie de faire l’edgelord et aime se croire « teeeellement marginaaaaal et incompris » pour le principe) du coup, le Roque-Lartigue aime bien le taquiner là-dessus. Faut dire que dès qu’on connait un peu Zlatan, c’est pas vraiment le mot « marginal beaucoup trop dark » qui nous vient à l’esprit, mais plutôt « grosse guimauve stone qui dort un peu trop », mais, passons.

Avec tout ça, ils étaient arrivés à l’usine désaffectée convoitée par le fan d’occulte et armés de lampe de poche, ils avaient commencé l’exploration. Autant dire que dans ce lieu très vide et spacieux ou le moindre bruit résonnait plus que raison, les deux ados ne faisaient pas les malins et avançaient à pas de loup, à petit pas et en observant fébrilement autour d’eux. Dans béton dont était fait le sol de l’usine étaient plantées de grandes poutres de métal dont la peinture verte émeraude s’écaillaient, s’élevant à une bonne quinzaine de mètres jusqu’à une armature de métal complexe d’arches brisées d’acier. Cela faisant presque un siècle que cette bâtisse tenait, elle avait été réutilisée et restaurée plusieurs fois avant d’être abandonnée il y a dix ans. L’accès au lieu était plus difficile aujourd’hui, mais il était connu que le lieu était de temps à autre squatté et visité, bien que cela fut formellement interdit par la municipalité. Le bâtiment s’allongeait en longueur sur une cinquantaine de mètres plongés dans l’obscurité et l’allée principale était parsemée de vieux tapis de travail, et surmonté d’escaliers menant à deux anciens bureaux autrefois vitrés. Si ce n’était pas pour l’aspect franchement effrayant de ce lieu plongé dans le noir, il fallait bien reconnaitre que son architecture demeurait impressionnante.

Même s’il n’était pas très rassuré, Lionel avait encore l’air d’être le plus détendu des deux, du moins, assez pour faire des remarques légères tandis que Zlatan était beaucoup trop crispé sur sa lampe de poche et respirait à peine. La présence impassible de Soltan l’aurait vraiment rassuré et s’il avait déjà visité d’autres lieux inquiétant… Quelque chose ici ne le mettait vraiment pas à l’aise et ça n’avait rien à voir avec l’aspect un peu intimidant d’avoir son ami avec lui ce soir et la pression qu’il se mettait par rapport à ça. Non, là, son inconfort était totalement lié au lieu en lui-même. Ce n’est pas inhabituel de ne pas se sentir totalement en sécurité dans ce genre d’endroits (et clairement, c’est pas franchement une bonne idée de traiter ainsi dans des bâtiments désaffectés, mais bon, quand on aime le frisson et qu’on aime faire le kéké devant son pote, eh bien, on fait des choses assez connes).

« C’est glauque, ici. »

Quand Lionel se manifesta, le brun se tendit sous le coup de la surprise et s’en irrita un peu, sans raison véritablement valable. Probablement car pendant que Lionel dit tout haut ce qu'il pense tout bas, Zlatan, lui n'assume pas son inconfort. Ou alors, il était (juste un peu) très anxieux et ne voulait pas que son ami le voit et soit contaminé par son malaise.

« Quoi, tu t’attendais à Versailles, Monsieur Roque-Lartigue ? »

Ironisa-t-il pour se donner l’air malin, ce qui ne fonctionna pas trop comme Lionel le regarda juste avec une moue un peu lassée et retourna éclairer l’architecture de métal du lieu, soupirant, l’air inspiré par l’édifice. Lorsqu’il se retourna pour tenter de détendre un peu son pote anxieux, il surpris Zlatan en train de l’observer et lui sourit en coin en lançant, l’air rieur :

« Je crois que les seuls fantômes qu’on trouvera ici c’est des fantômes fumeur de joints. »


L’autre sembla comme se renfrogner et se détourna, encore plus grognon que tantôt. Cela amusait plus Lionel qu’autre chose, en réalité. Son ami était transparent lorsqu’il voulait cacher sa gêne et ne pouvait pas s’empêcher d’essayer un peu lamentablement de le chambrer en retour avec des vannes bêtes et pas franchement méchantes. Bon, il y a bien des moments ou Zlatan a regretté certains mots agressif qu’il avait eu envers son ami, ce sont des choses, qui arrivent, mais en l’occurrence ce n’était pas vraiment le cas.

« Ohlala, tu connais ces mots, toi ? C'est extrèèèmeme... »

Repris l’étudiant qui continuait de se crisper tout en avançant avec encore moins d’assurance que lorsqu’il était rentré. Lionel le voyait bien mais leva tout de même les yeux au ciel devant la réaction peu aimable de l’autre. C’était un peu salaud mais il avait envie de le taquiner en retour. Gentiment, hein.

« Je te sens un peu tendu, Zlatounet. »

Dit-il, volontairement mielleux, en se rapprochant. Lorsque « Zlatounet » vit l’air malicieux de l’autre, il s’efforça d’avoir l’air toujours aussi neutre et mou et lui répondit en haussant les épaules d’une manière assez peu naturelle, forçant un rire crispé.

« Euh… Héhé... non… »

Et le Roque-Lartigue avec son sourire débile n’avait pas fini de s’amuser pour sa part. Pour le coup, le brun ne savait pas trop ce que cette perspective éveillait chez lui entre de l’embarras et l’envie que l’autre continue quand même de l’asticoter car au moins, ça détendant l’atmosphère.

« Si tu as peur ne t’inquiètes pas, ma présence lumineuse illuminera l’obscurité de cette usine hantée ! »

Là, au moins, Zlatan, bien qu’un peu rose, pouffa brièvement et vit que son ami s’en réjouissait.

« J’ai déjà une lampe de poche, pour ça, hein. »

Declara-t-il avec un sourire narquois de petit con, faisant comme s’il n’avait pas compris ce à quoi l’autre faisait allusion. Oui, parce que le délire de Lionel ne sortait pas totalement de nulle part.

« Roh, fais pas le tsun tsun, c’est toi qui me l’a dit, un jour ! »
« Je vois pas de quoi tu parles ! »

Comme Lionel était d’humeur joueuse, Zlatan continua de jouer la carte de la fausse neutralité pince sans rire, espérant un peu que l’autre n’allait pas balancer le dossier ce soir, comme il se sentait déjà s’empourprer plus que raison.

« « Tu sais, Lionel, tu as toujours illuminé mes journées » ! »

…Bon, bah, il l’a dit finalement. Ah bah bravo.

L’étudiant en psycho se sentit devenir couleur écrevisse en entendant ses mots prononcés par Lionel raisonner dans l’usine désaffectée. Comme il l’avait déjà fait, il fit comme s’il n’en avait pas grand souvenir et se mit à bafouiller et à s’emmêler dans ses syllabes assez lamentablement. S'il n'y avait que ça, comme souvenir capable de le faire rougir, hein, on peut aussi parler du fait qu'il surprenait parfois son ami occupé à l'observer de loin (mais bon, c'est juste qu'entre potes, on veille sur l'autre, hein), et Lionel l'avait déjà aperçu de la même manière, tandis qu'il le regarder, juste... bah, comme ça, quoi, juste pour voir son meilleur pote être lui-même et faire des choses qu'il aime.

Oh, ça va, c'est totalement platonique, de toute façon !

« Mais qu’est-ce que tu racontes ? J’étais surement très très bourré ! »

Rétorqua-t-il, parlant bien plus fort qu’il ne le voulait au départ et la nervosité de son ton se répercuta contre les murs métalliques et aux vitres absentes du bâtiment. Pour le coup, Lionel perçut une certaine sècheresse cassante dans la voix de l’autre et arqua un sourcil, l’air un peu renfrogné.

« Détends-toi, je blaguais ! »

Entendant l’autre se justifier, Zlatan s’en voulut un peu pour son attitude mais, piqué au vif, il prit aussi un peu la mouche. En arquant un sourcil en en pinçant les mèvres, faisant la moue comme pour dire « euh gnagnagna je suis pas susceptible bordel de merde chut hein beuh »… Ce qui encore une fois est totalement transparent.

« Mais je suis cool, qu’est-ce que t’as avec ça, ce soir ? »


Il ne voulait juste pas que Lionel voie qu’il avait les boules de ne pas être en forme ce soir et qu’accessoirement, il se sentait franchement oppressé par cette sortie nocturne. Parce s’il n’était pas un kéké un peu débile, il le dirait, qu’il n’est pas très très à l’aise, mais, bon. Ce serait bête d’assumer que sa « coolitude extrême » de « marginal » n’est qu’une façade.

Comme si Lio ne connaissait pas le problème, en plus.

« Pfff… Okay. »

Voila, il l’avait saoulé. L’étudiant se mordit la lèvre en culpabilisant sur son attitude acariâtre. C’est vrai qu’il est grognon et très susceptible de nature, hein, mais il a un peu de mal à l’assumer. Enfin, pour autant, ce n’est pas Lionel qui devrait subir le retour de flamme.

« Ta journée était ennuyante ? »

Et voila que c’est encore lui qui essayait d’arrondir les bords. Bon, au moins, il n’était pas fâché. Zlatan n’avait pas envie d’en faire des tonnes non plus et comme d’habitude il haussa les épaules pour minimiser le fait que cette journée l’avait un peu achevé.

« Bah… Je me suis levé trop tard et puis j’ai foiré mon exam. »

Cela lui semblait un peu ridicule maintenant qu’il le disait. A chaque fois qu’il n’arrivait pas à se lever le matin, il ne pouvait que penser qu’il était un peu un boulet et donner raison à ce qu’Ellias aimait à dire sur lui de temps en temps. Il ne voulait pas dramatiser et d’ailleurs Lionel n’alla pas s’apitoyer non plus.

« Oh ! Moi aussi ! J’ai raté mon DS de littérature ! »

Et il en avait presque l’air content, cet andouille, même si son sourire en coin avait quelque chose d’un peu résigné, sachant très bien comment réagiront les parents Roque-Lartigue à la nouvelle. L’idée c’est qu’aucun des deux ados n’avait envie de penser aux conséquences de leurs galères scolaires pour le moment et ils préféraient en rire. Zlatan sourit d’un air attendri à son ami et lui adressa un regard d’excuse un peu penaud, ses épaules retombant en se décrispant au passage.

« Eh, on est pas brillants, hein… »

Marmonna-t-il avec humour et en se reconcentrant sur le faisceau de la lampe. Il se sentait fatigué et de moins en moins enthousiaste pour cette sortir. Ce n’est pas grave en soi et maintenant il un peu moins la sensation que son pote sera déçu s’ils veulent partir de cet… endroit glauque. Effectivement, quel drame.

Pourquoi je voulais l’amener ici, en vrai, hein ? Ah, oui, pour me la péter.

Il y a des fois (souvent en fait), il se blase lui-même.

« Dis, euhm… »

L’étudiant hésitait de nouveau. Ils n’avaient pas passé beaucoup de temps dans cette usine, n’avaient rien vu ni entendu de suspect ou qui pourrait être interprété comme un phénomène paranormal. Probablement car les forces spirituelles ne s’étaient pas habituées à leur présence, mais très probablement car tout ça n’existe pas vraiment (enfin, il ne faut pas le dire à Zlatan). La vérité, c’est surtout qu’il sentait le malaise l’envahir de nouveau et ça n’avait rien à voir avec ses insécurités personnelles, cette fois-ci. Probablement est-ce le côté glauque de ce lieu et sa fatigue qui reprenait assez vite le dessus, tout simplement. Il le savait parce que sa vision semblait s’assombrir depuis quelques minutes, ce qui n’était pas franchement rassurant dans un endroit déjà assez sombre (ça ne l’aidait pas à rester très concentré).

« Tu voudrais pas qu’on rentre à la maison, en fait ? »

Suggéra-t-il finalement à Lionel, n’osant pas vraiment dire qu’il avait tendance à se sentir un peu somnolant depuis quelques minutes, de peur que sa « condition » gâche leur amusement. Mais depuis le temps qu’ils se connaissent et que le Terminale connait les soucis de son ami, le fait d’être laissé dans l’ignorance avait plutôt tendance à irriter le bleu qui se permit de se rapprocher en attrapant doucement le bras de son ami.

« Non, ça ne me dérange pas… Tu es fatigué ? »


Zlatan le sait, pourtant, qu’il ne doit pas lui cacher ce genre de choses, que ça pourrait être dangereux. Le ton maternant de son ami avait tendance à l’agacer, mais ce n’est pas la faute de Lionel, c’est juste qu’il a du mal à supporter qu’on veuille le soutenir quand il ne se sent pas bien, car il se dit que c’est être un poids pour ses proches, même si ça ne semble jamais les gêner. Certes, il y a plusieurs fois ou Hélène lui a maladroitement reproché que « avec ce que tu dors, quand même, tu pourrais être reposé et ne pas t’endormir en cours » ou fait comprendre qu’elle n’avait parfois pas de très bonnes nuits car jusqu’à il y a encore quelques années, il venait systématiquement dormir avec sa mère après ses paralysies du sommeil (ce qui ne les repoussait pas vraiment mais ça l’aidait à se détendre, enfin, il avait arrêté depuis qu’il avait 15-16 ans, même si c’était se faire violence). Helène a été une bonne mère pour lui, et il l'aime beaucoup, ça, il n'en doute pas, mais elle est souvent dans son monde elle aussi et un peu bouchée par moments, probablement pas préservation et aussi car un parent ne saurait être irréprochable... Mais bon, quand Zlatan y repense parfois, il se dit que des fois, ça craint quand même un peu. Pour les autres gens avec qui il avait pu dormir, dans le même lit ou la même pièce, cela lui était arrivé quelques fois d’avoir des crises en leur présence et il en était toujours extrêmement embarrassé, surtout quand même hors de la crise, il était encore déboussolé et effrayé, avec le besoin de s’assurer que les présences effrayantes qu’il ressentait dans ses paralysies n’étaient réellement pas là (oui, Lionel était une fois allé vérifier qu'il n'y avait pas de monstre dans le placard, non sans appréhension à cause des récits des hallucinations peu rassurantes de son ami).

Comme Lionel avait l’air inquiet pour de vrai tandis qu’il essayait de le tirer par le bras pour sortir du bâtiment, l’étudiant grommela un peu pour la forme que « roh mais ça va là, oh, eh, rooohhh », ce à quoi le bleu répondit des « allons, il faut sortir, ne fais pas le Grinch ! » en ignorant ses protestations immatures qui n’étaient là que pour compenser. Une fois dehors, Zlatan n’avait qu’une peur, c’était de redevenir somnolent pendant qu’il était sur sa moto. Cela avait du lui arriver un jour, fort heureusement c’était sur une route de campagne et personne n’avait été mis en danger et il s’était arrêté à temps, mais enfin… Contre tout ça, il n’osait pas vraiment dire à sa mère et à d’autres gens qu’il ne pouvait pas juste prendre 5 cafés par jour pour compenser sa fatigue, car son corps n’appréciait pas vraiment la chose de manière trop régulière ou prolongée. Fort heureusement, il ne faudrait que 10 minutes pour rentrer au bercail, ou 25 minutes à pied s’ils préféraient marcher en poussant la moto pour rentrer.
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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeJeu 14 Fév - 14:02

Zlatan I avec beaucoup de Lionel donc disons + Lionel I.5 (2/2)

Les adolescents furent chez les Eriksen sains et saufs en une vingtaine de minutes et s’empressèrent d’aller glander et s’avachir dans la chambre, tandis que Lionel réfléchissait à voix haute sur ce qu’ils pourraient bien manger. Ils finirent la soirée avec une pizza surgelée agrémentée d’autre fromages et de restes de poulet et Lionel avait insisté pour ajouter beaucoup d’épices et d’herbe « sinon, même avec le reblochon ça n’aura pas de gout ». Inutile de préciser qu’avec leur longue journée et un tel repas auquel s’ajoutèrent des glaces, les deux adolescents étaient calés et prêts à dormir à peine une heure plus tard. Etant donné qu’aucun des deux ne voulait bouger, que Lionel ne voulait pas faire une demi-heure de trajet pour rentrer et que de toute manière, personne n’était chez lui avant le lendemain et ne le chercherait, il fut décidé sans trop de questions que le Roque-Lartigue dormirait sur place. Il ne commençait qu’à 10 heures le jeudi tandis que son hote n'avait cours que l'éprès-midi et heureusement, Lionel avait apporté de quoi se changer après le sport histoire de ne pas trop empester le lendemain.

Zlatan qui luttait déjà depuis plusieurs heures contre le sommeil s’écrasa très rapidement en sortant de la salle de bain après avoir marmonné un « mgmmg ‘nenuit ». En éteignant la lumière, Lionel, qui avait sorti le petit matelas de sous le lit, rangeant discrètement les affaires de son ami en train de trainer partout par terre pour mieux s’installer (et en pestant un peu intérieurement, car il se fait tard et qu’il se dit souvent que le Eriksen pourrait ranger sa chambre un peu plus souvent) se mit à l’aise à son tour. Il resta un peu à regarder quelques scans et vidéos sur son portable, s’assoupissant petit à petit, surtout après que les écouteurs soient tombés de ses oreilles. Cependant, alors qu’il allait ranger ses affaires et mettre son alarme pour le lendemain, Lionel ne put s’empêcher de remarquer que la respiration de son ami lui semblait soudain plus forte et rapide que tantôt. Il ne sut pas trop depuis combien de temps cela durait et se redressa vivement en entendant son ami gémir une ou deux fois. Puis en le regardant de plus près, il constata que Zlatan avait l’air de passer un très mauvais moment en plein sommeil. Cela lui rappelait qu’il avait déjà assisté à ça, juste une ou deux fois. Après coup, le Eriksen, bien que honteux pour quelque chose qui n’était absolument pas de son ressort, avant confié à Lionel qu’il pouvait essayer de le réveiller sans le brusquer si ce genre de chose arrivait encore une fois. Apparemment, ses paralysies du sommeil (enfin, si c’en est une) s’arrêtaient au réveil ou avec un toucher extérieur assez marqué. Bien que réticent au départ, de peur de faire quelque chose de travers, mais en voyant que l’état de son ami ne s’améliorait pas, le bleu se rapprocha du lit de son hôte et posa doucement une main sur l’avant-bras de Zlatan, en lui parlant à voix basse.

« Zlat… ? Réveilles-toi, tu fais un cauchemar… »

Et comme on lui avait prédit, le brun s’éveilla sans tarder et le Roque-Lartigue sursauta un peu en le voyant ouvrir les yeux et regarder autour de lui, quelque peu paniqué. Un peu groggy et bâillant à s’en décrocher la bouche, le terminale tenta de l’apaiser en remontant doucement sa main contre l’épaule de son ami, le caressant doucement avec des mouvements du pouce qu’il espérait réconfortants. L’autre grogna quelques jurons et se couvrit le visage avec sa main libre (celle dont le bras n’était pas du côté de Lionel) en essayant de se détendre en reprenant un rythme de respiration semblable. Il avait l’air secoué et l’autre ne savait pas trop quoi faire de plus, à part continuer d’essayer de l’apaiser par quelques effleurements.

« Hé, ça va aller, hein… »

L’autre émit des « hm-hm » en reniflant un peu, puis commença à se calmer petit à petit. Après quelques secondes à rester ainsi, Zlatan sentit que Lionel cherchait à se détacher de lui petit à petit, pour le laisser dormir, ce qui, spontanèment et sans y réfléchir, fit naitre en lui l’urgence de le garder un peu plus près de lui. Probablement que les sensations désagréables et les présences qu’il avait cru voir durant sa crise étaient encore trop présentes à son esprit pour qu’il se sente totalement serein de retourner ainsi essayer de dormir. En émettant ce qui ressemblait plus à des sons en « gnn » et en « hmm », Zlatan se retourna sur le côté pour se rapprocher de son ami et rattrapa sa main qui s’était détachée de son bras dans la sienne. Le patineur fut un peu surpris de l’empressement qui semblait guider les gestes de son vis-à-vis, mais pas choqué, sentant bien qu’il agissait un peu sous le coup de la panique. Et puis, ce n’est pas comme s’il était brusque ou lui faisait mal, il avait juste l’air apeuré et d’avoir besoin d’un peu de réconfort. Ce n’est pas Lionel qui refuserait de lui en donner, après tout, il est son meilleur ami. Aussi, il se laissa attirer par Zlatan qui finit par entourer le haut de son buste avec ses bras pour se cacher entre les épaules de son ami et calmer, finalement, sa respiration encore nerveuse. En sentant l’étudiant s’apaiser pour de bon, Lionel poussa lui aussi un soupir, soulagé. Soulagé mais aussi surpris par la chaleur qui l’envahit alors et le poussa a étreindre le brun à son tour. Cela fait, il se surprit à soupirer de nouveau et à rester ainsi quelques secondes supplémentaires.

Dans les vapes, Lionel ne sut pas trop combien de temps ils restèrent ainsi enlacés, mais il commença à sentir le haut de son dos et ses bras le peser, comme il était dans une position difficile à tenir, se tordant un peu pour être au niveau du sommier et en face de Zlatan qui était pour sa part allongé.

« Zlat’, euhm… J’ai un peu mal au dos… »


Fit-il à voix basse, entre deux bâillements, en se rendant compte au passage qu’il avait instinctivement commencer à faire aller et venir sa main contre les omoplates du Eriksen, dont il ressentait le souffle désormais paisible au niveau de ses clavicules. En l’entendant, Zlatan grogna un peu et se remit à bouger, s’éloignant sans le lâcher et en marmonnant quelques mots. Ses bras restèrent fixés sur les épaules de Lionel quand il ouvrit un peu les yeux afin de fixer ceux de l’autre légèrement penché par-dessus lui.

« Mmmeh… T’as qu’à v’nir. »


Grommela l’étudiant d’une voix pâteuse et peu compréhensible en se frottant les yeeux, comme il dormait à moitié. Il se recula pour faire de la place tout en guidant le Roque-Lartigue dont il gardait les avant-bras en main. Trop dans le cirage pour réfléchir, le bleu s’exécuta sans manières et se coucha en face de son ami qui semblait déjà se rendormir. Comme cette vue avant chassé chez lui toute trace de nervosité et qu’il était désormais rassuré de l’état de l’autre, Lionel termina de se détendre et laissa sa tête tomber pour de bon sur le bout d’oreiller qu’on lui avait laissé. Il ne rechigna pas ni ne bougea en constatant que ses bras entouraient toujours les côtes de Zlatan, au contraire, il profita d’être bien au chaud contre l’autre pour s’installer plus confortablement et s’endormir très vite à son tour.

Bien entendu, Lionel pesta quand son alarme sonna à neuf heures le lendemain matin. Il fut néanmoins bloqué lorsqu’il fallut aller arrêter la sonnerie, comme il se trouvait encore emmêlée avec Zlatan qui pionçait en bavant sur son oreiller. Si la vue sembla aussi ridicule qu’adorable au lycéen, il ne voulait pas réveiller son ami, et essaya d’étendre la main, finit par attraper son telephone qui continuait de vibrer et de  lancer des appels sonores tonitruants.

« …Ggmbmbm mais éteins-la, euh… mgmggnnff… »

Il entendit le brun marmonner contre lui au moment ou il finit par attraper son (insu)portable sur le sol et stopper leur supplice. En sentant que Zlatan bougeait de nouveau pour revenir entourer sa taille et poser sa tête sur le haut de son torse en soupirant avec aisance, le Roque-Lartigue se figea et sentit le chaud monter à ses oreilles et s’éparpiller dans son ventre. Il déglutit en regardant le plafond et en captant finalement où il se trouvait. Il ne savait si Zlatan faisait exprès ou s’il dormait vraiment à points fermés et ne se rendait pas compte qu’il était presque complètement allongé sur lui comme s’il était un second matelas. Ce n’est pas que cela ne plaisait pas à Lionel, au contraire, ça lui plaisir peut-être même un peu trop et c’est bien ce qui le préoccupait actuellement. Après avoir avalé sa salive une nouvelle fois, le bleu s’éclaircit la gorge et fit mine de tousser, ce qui délogea l’étudiant de son torse et… le réveilla au passage.

Zlatan émergea en grognant en se redressant petit à petit, puis ouvrir les yeux. La première chose qu’il aperçut fut un Lionel aux yeux écarquillés comme des soucoupes et aux joues quelques peu écarlates, qui le regardait avec l’air de ne pas trop savoir où se mettre. Après quelques secondes passées dans un silence perplexe, le regard du Eriksen passa trois ou quatre fois du visage de Lionel au reste du matelas, puis passa sur sa main encore posée contre le flanc du patineur.

« M-mmm-mais… Que… Qu’est-ce tu fous là… ? »


Dit-il en retirant sa main et en se redressant sur ses genoux de son côté du lit, tandis que Lionel faisant de même en s’empressant de s’assoir sur le bord du lit, une jambe dans le vide et l’autre pliée contre le matelas. A vrai dire, Zlatan n’était pas le seul à être confus par la situation et si des bribes lui revinrent sans tarder et que tout ne tarda pas à être clair pour les deux adolescents, ils avaient l’air aussi embarrassés l’un que l’autre. Enfin, tout ça (enfin, sauf la paralysie du sommeil) n’avait pas été désagréable du tout et les deux sentaient leurs joues se réchauffer tandis qu’ils évitaient de croiser le regard de l’autre. Ce n’est pas qu’ils avaient honte, non, mais l’un comme l’autre s’étaient regardés pendant ces quelques longues secondes de réalisation et avaient pu voir leur vis-à-vis passer par tout un dégradé de rouges-roses et réagir de différentes manières au contact qu’il avaient partagé pendant une grande partie de la nuit... bah, ça rendait le dout un peu awkward. Enfin, il y avait surtout ce que chacun ressentait de son côté sans reussir à mettre des mots dessus et qui les perdait un peu, actuellement. Lionel brisa pourtant le silence à son tour, en essayant de re-capter le regard de son ami, bien qu’appréhendant un peu.

« B-bah… tu as fait une de tes crises de cauchemar, là et, euh… tu voulais que je… enfin, je me suis dit que ça serait plus rassurant pour toi de… »

Zlatan, dont les yeux n’avaient pas quitté le matelas, savait tout ça. Du moins, il s’en était souvenu dans les dernières secondes. Il tenta de relativiser, ce qui n’étoufferait pas les émotions qui le parcouraient en ce moment, en se disant qu’il n’y a pas de quoi en faire tout un plat, qu’après tout, être potes, on peut très bien partager un lit… en passant la nuit dans les bras l’un de l’autre… si la situation l’impose… ? Si les deux essayaient de mettre des mots sur tout ça dans des termes semblables, tout ça n’avait pas l’air de faire beaucoup de sens. Leur mutisme leur devint un peu insupportable et ils avaient beaucoup trop la tête dans le sac pour avoir les pensées claires. C’est alors qu’un miaulement gras et sonore se manifesta depuis derrière la porte et que des bruits de griffes assaillirent le battant. S’en suivirent des bruits de pas et le son de la voix d’Helène se fit entendre.

« Chhht, Patoche. » Car le vrai nom du chat, c’est Patrick, pas Patate. « Viens, viens, on va au petit déjeuner. »

Fit la mère Eriksen en s’éloignant vers la cuisine. Après cette scène, les deux jeunes hommes se détendirent un peu et inspirèrent en même temps comme s’ils venaient de retenir leur souffle un peu trop longtemps. Sur cette descente de surprise synchronisée, Lionel fut le premier à émettre un bref gloussement guttural, son regard croisant finalement celui de Zlatan qui commença à rire à son tour. Le Erisken souffla du nez pour se calmer et sourit à l’autre, moins gêné mais il avait encore un peu chaud en repensant au fait qu’il avait trouvé le contact avec le corps de son meilleur ami exceptionnellement doux. Et confortable, aussi. Comme quoi, le sport, ce n'est peut-être pas si nul et inutile que ça.

« B-bon, on dirait que tu as bien dormi, finalement, au moins… ! Héhé. »


Déclara le lycéen dans un petit rire mi-embarassé, mi-malicieux, en se levant doucement en rassemblant ses affaires afin d’aller se changer rapidement après un bref passage à la salle de bain.

« Ah, ouais, ahah. Toi aussi, enfin… j’étais pas trop lourd… ? »


L’étudiant lança un regard d’excuse à son ami, auquel l’autre répondit d’un geste de main signifiant que ça n’avait pas trop d’importance avant de sortir pour aller à la salle d’eau. Zlatan l’entendit saluer Helène au passage et s’avachit sur le matelas en soupirant longuement. Il ne savait pas trop ce qui lui avait pris et s’inquiétait un peu d’avoir mis mal à l’aise Lionel… Ce n’est pas la première fois qu’il cherche le réconfort après ce genre de crises, mais généralement, il s’abstient, ne serait-ce que pour quand il est seul et ne peut pas faire autrement. Il ne voudrait pas que son ami se dise qu’on a profité de lui… Maintenant qu’il y repense, c’est la seule chose qui pourrait lui faire regretter ce qui s’était passé. La nuit avait été très agréable et… il se surprit à avoir envie de sourire comme un débile en repensant à cet épisode du réveil, maintenant.

Même s’il avait encore du mal à bien ouvrir les yeux, le Eriksen se décida à se lever à son tour, même s’il sentait qu’il allait se prendre une remarque en allant à la cuisine du genre…

« Ohlalala, mais ce que tu es matinal ! »

… Alors qu’il est 9h30… Bon, c’est surement matinal, pour quelqu’un comme lui.  Tandis que Helène commentait que « Lionel devrait venir plus souvent s’il te fait te lever si tôt », Zlatan se contenta de lâcher un « B’jour » pâteux et alla préparer son café, sans oublier de sortir des céréales pour son ami qui préférait ça et du jus de fruit le matin. Une dizaine de minutes plus tard, Lionel rejoint la cuisine et salua la mère Eriksen en bonne et dûe forme. Zlatan s’égara quelques à fixer le visage de son ami de bonne humeur en train de plaisanter pendant qu’il ne le regardait pas. Il le trouvait particulièrement rayonnant, ce matin, mais probablement que c’est parce qu’il était tout propre et juste… bah, lui, quoi. Néanmoins, Lionel se retourna vers lui au bout d’un moment et le Eriksen retourna à son bol de café au lait à la vitesse de la lumière, les joues redevenues roses.

Le petit déjeuner du se précipiter car Lionel était un peu pressé, ne voulant pas rater le début de ses cours, surtout qu’il avait apparemment pleins de choses à aller chercher dans son casier. Maladroitement, le Roque-Lartigue fit des allers-retours entre la cuisine et la chambre pour s’assurer de ne rien avoir oublié, se mettant un peu en retard au passage. Il faut bien dire qu’il avait encore l’air préoccupé par autre chose, enfin, une certaine grosse chose avachie par-dessus son café et dont il lui semblait croiser le regard sombre bien plus souvent que d’habitude, enfin, ce n’est pas ce qui lui déplaisait le plus dans cette histoire. Ce qui leur déplaisait à tous les deux, d’ailleurs, ce qu’ils appréhendaient, dans cette histoire, c’était…

On n’en parlera plus jamais, ou… ?

Zlatan, pour sa part, sentait son cœur se serrer à cette idée, mais, en même temps, il ne savait pas vraiment quoi dire. Ce n’était de toute manière pas le bon moment : Lionel était pressé, Hélène était là et il serait surement mieux d’être juste tous les deux pour aborder ces sujets… mais encore une fois, pour se dire quoi… ? Ou plutôt, par où commencer.

Le Eriksen se leva pour accompagner Lionel vers la sortie, au portail en bas de l’immeuble, voulant tout de même prolonger de quelques minutes ce moment en sa compagnie. En descendant, ils ne dirent rien, probablement car l’un comme l’autre, ils cherchaient quelque chose à dire. D’ailleurs, quand ils arrivèrent à la sortie, c’est tout ce qui tournait dans la tête de l’étudiant essayant de la jouer cool, mains dans les poches et avec un air encore endormi :

Dis quelque chose, mais dis quelque chose, mais dis quelque chose… !

Parce que, bon, se fixer les yeux dans les yeux de la sorte c’est franchement bizarre là. Et il se dit que Lionel attend surement autre chose qu’un « au revoir » banal… Ou alors, Zlatan extrapole, comme d’habitude.

« B-bon ! Bah alors… ! »

Dit finalement l’hôte, d’une voix plus forte qu’il ne l’avait prévu, tandis que le bleu ouvrait le portail, son sac à moitié sur son dos. C’est Lionel qui reprit la parole ensuite.

« Ouais, euh… »


Pour ne rien dire, lui non plus. Ils se sentirent assez cons, jusqu’au moment ou le bleu parla de nouveau.

« Faut vraiment que j’y aille mais… on se reparle par textos, hein… ? »

Ne sachant pas trop quoi comprendre ni répondre, si Lionel faisait allusion à ce qui s’était passé entre eux, où s’il s’agissait de « revenir à la normale » (ce qui ne veut pas dire grand-chose, en l’occurrence), Zlatan se contenta de hocher la tête doucement, incertain. Il resta quelques instants à regarder son ami s’en aller en pressant le pas en espérant attraper un bus qui arriverait à l’heure, sinon il devrait y aller en courant. Le Eriksen soupira en le voyant disparaître en tournant au bout de la rue, se faisant la réflexion qu’il avait beau connaitre la démarche de Lionel… Il le revoyait comme il s’était montré sur la glace la veille, enfin, y voyait quelques ressemblances et puis, se perdit dans ses pensées, relativisant sur hier et ce matin et certaines choses qu'il avait entendues…

Ah, mais alors… c’est pour ça que Soltan disait qu’il aurait eu l’impression de « tenir la chandelle »… ?

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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeVen 22 Mar - 22:00

Helmut I (+Olaf 0.5 et Alex 0.5 parce qu'on aime bien compter des trucs)


/!/ TW : C'est Mumut du coup abus familiaux et autre joyeusetés en vue, valaaaa :V /!/




« Rosenthal… ? »

Plusieurs têtes se redressèrent dans le labo lorsque Madame Rochard, la professeure de physique-chimie appela le nom de famille de leur camarade. Le fait qu’elle l’ait répété une deuxième fois en haussant le ton avait aussi réveillé quelques élèves déjà endormis à peine le cours avait-il commencé. Parmi eux, Helmut plaidait coupable, c’est qu’il y avait des frites à la cantine ce midi, voyez-vous. Cependant le matheux avait réagi à la première fois qu’il avait entendu le nom de son camarade au regard de tueur (qui lui faisait beaucoup d’effet quand ça lui était destiné d’ailleurs mais ce n’est pas -encore- le sujet même si, aussi peu original que ce soit, Moumou serait capable d’écrire des pages de rédactions sur les yeux de Martin -de manière totalement platonique, hein-). Effectivement, le blond était absent depuis le début de la semaine et pour Helmut, quand les insultes d’un être vous manquent, tout est dépeuplé. Pour autant le nerd n’irait jamais jusqu’à dire qu’il avait un béguin prononcé et qui durait déjà depuis presque un an pour le Rosenthal, car, bon, évidemment, rêvasser à l’air renfrogné du blond un peu tous les jours était tout à fait platonique. Appuyé sur son coude sur la paillasse de la salle de TP, le grand matheux soupira discrètement, ne voulant pas attirer l’attention sur l’ennui que lui provoquait spontanément l’absence de Martin. Bien entendu, il n’allait pas vraiment s’ennuyer de la journée, comme il la passerait essentiellement en compagnie de Natsume avec qui il pouvait discuter (ou pas, passer des journées installés aux mêmes places, avec leurs casques sur la tête à faire leurs trucs chacun de leur côté, ça lui convenait très bien) de trucs de nerds et des derniers bouquins d’astrophysique et de météorologie qu’il avait lus. Et de ses jeux de combat aussi, comme il avait encore amélioré son classement depuis qu’il jouait en ranked avec Juri à Street Fighter V et qu’il se sentait un peu obligé de faire des comptes-rendus tous les jours parce qu’apparemment « ça m’aide à être régulier et à progresser ». Dans tous les cas, la proffe continua son laius jusqu’à parler d’un travail à faire en binôme pour la fin du mois. Helmut soupira sans se cacher, cette fois-ci. Même si cela le satisfaisait d’avoir au moins la certitude d’être avec Natsume et que cela annonçait une bonne note, il préférait autant travailler dans ce coin pour ce genre d’exercice, jugeant n’avoir besoin de personne pour exceller dans ses matières préférées, petit con d’intello prétentieux qu’il est. Sauf que non, il n’aurait pas son binôme habituel cette fois-ci, car la chimiste annonça que cette fois, elle avait constitué elle-même les binômes « histoire d’équilibrer et ça pourrait permettre à certain.e.s de combler leurs lacunes ».

Ouais, combler les lacunes, je veux bien mais… non… non !!

En pleine panique interne (et visiblement il n’était pas le seul vu les regard médusés de ses camarades) tandis que leur proffe énonçait les binômes après leur avoir dit que les heures de cours seraient réservées pour ce travail, histoire de pouvoir superviser.

« Helmut Nagel… je t’avais mis avec An- enfin, Rosenthal, qui faudra mettre au courrant. »

Cette nouvelle fit blanchir le brun aux yeux bleus comme un linge. Il leva la main avec insistance tandis que l’adulte terminait d’énoncer les groupes. En le voyant se manifester avec un regard d’intello pressé de faire son intéressant Madame Rochard soupira et leva les yeux au plafond l’espace d’un instant.

« …Oui, Helmut, qu’est-ce que c’est ? Ton binôme ne te plait pas, je suppose ? »

Un « mais moi non plus madame ! » se fit entendre depuis l’autre côté de la classe, puis deux, puis trois. En bon élève et fayot pénible de première, Helmut se leva et s’éclaircit la gorge avant de parler tandis que la scientifique faisait taire le reste de la classe en se massant l’arrête du nez.

« Si Rosenthal n’est pas là, je peux très bien m’occuper de l’exposé tout seul, enfin, vous savez que j’ai de l’avance sur le programme et… »


Rochard coupa l’adolescent avec un claquement de langue, déjà agacée par la rengaine de ce dernier. Les autre élèves étaient aussi lassés de ce genre de scène et certains marmonnaient des choses au sujet du « gros matheux du premier rang qui peut pas s’empêcher de s’étaler ». Si l’intéressé fit mine de les ignorer royalement, cela ne l’empêchait pas de prendre un peu à cœur les piques le concernant.

« Et… quoi… ? Tu sais bien qu’on ne va pas faire des aménagements pour toi. De plus, c’est assez déplacé de laisser tomber ton binôme sans même l’avoir prévenu. »

En faisant la moue, l’adolescent se renfrogna, mais n’abandonnait pas de la ramener pour autant. En remontant ses lunettes sur son nez, Helmut repris la parole.

« Rosenthal a de bonnes notes aussi, dans cette matière, je ne crois pas que ce serait un problème pour… »
« Cela suffit, merci, rassieds-toi, maintenant. »


Coupa sèchement la quarantenaire, ne laissant pas vraiment d’autres choix au plus jeune que de se taire.

« Mais… ! »

Tenta de reprendre le binoclard, plutôt paniqué à l’idée, déjà, de devoir travailler « en groupe », et en plus avec Martin, qui n’était pas là et n’allait certainement pas bien prendre la nouvelle. Parce qu’autant Moumou est émoustillé par les regards de morts que lui envoie le blond, autant il n’est pas spécialement motivé à passer une séance de travail à se faire engueuler et mépriser du regard… ce serait très déconcentrant et il sait très bien que ça l’empêcherait de travailler. Car, du reste, il se dit qu’il doit le mériter, toute cette condescendance et ces insultes. Et, finalement, il y avait aussi l’aspect fort déstabilisant généré par l’idée de devoir, eh bien, travailler avec son « crush » pas assumé. Ce n’est pas que l’idée est foncièrement désagréable… mais elle est déstabilisante, oui. Puis il y avait pas mal d’autres facteurs faisant que, grosso modo… Bah, disons qu’il savait Rosenthal plutôt mal dans sa peau ces derniers temps, Helmut se doutait de pourquoi avec certaines rumeurs assez méchantes au sujet du blond. Il l’avait vu parler avec son cousin Olaf de temps en temps depuis la dernière soirée de Roque-Lartigue, savait qu’il préférait se faire appeler « Martin » par ses amis (enfin, Samaël, pour ne citer que lui), alors que visiblement, son nom restait inchangé sur les listes… Certain.e.s profs, comme Rochard, se donnaient au moins la peine de seulement utiliser son nom de famille mais… Bon, ce n’est pas par voyeurisme que le Nagel épie ainsi le comportement des uns et des autres, mais il se dit que poser ses questions directement à Martin serait peut-être déplacé et peu confortable pour le Rosenthal. Comme ça l’avait été lorsqu’il avait pu être maladroit avec Olaf, à une époque ou son ainé s’assumait beaucoup moins bien que maintenant (avant de partir de chez ses parents, en fait, mais c’est une autre histoire). En voyant dans quel état des interrogations mal placées, un mauvais prénom, d’autres détails qui peuvent devenir très violents quand on est dans une phase dysphorique… Helmut ne voulait surement pas refaire de bêtises et mettre son blond favori mal à l’aise, d’autant plus que tout ça ne faisait strictement aucune différence pour lui. Ça n’en avait jamais fait. Mais s’il est aussi précautionneux et à besoin de se le préciser, c’est peut-être aussi car il a encore quelques sales préjugés intériorisés, non… ? Il pourrait demander à Olaf, mais du coup, il ne voulait pas non plus embêter Olaf avec tout ça, comme s’il faisait des généralités.

Bon… si j’arrêtais d’en faire tout un plat… ? Mais je ne veux pas que ça fasse genre je m’en fous ! C’est important pour Martin qu’on l’Apelle Martin et… Oh, bah, je n’ai qu’à l’appeler Martin, alors. Ohlala mais je l’appelle toujours « Rosenthal », c’est peut-être un peu trop familier.

C’est dans ces moments-là qu’il se rend compte qu’il est un peu beaucoup mordu de son camarade de classe. Il s’était attardé dans ses pensées, en visualisant le visage renfrogné de Martin qu’il avait déjà pu voir se détendre en présence d’Enodril ou Olaf, son regard noisette farouche et sévère mais indéniablement expressif quand on le regarde de plus près (pas qu’il avait pu le regarder de très près, même si l’image mentale était amusante) et avait un peu perdu le fil du cours de chimie, voila qu’il en était même à articuler sans bruit le prénom du garçon occupant ses pensées. Il eut bien de la chance qu’on ne l’interrogea pas à ce moment-là, parce qu’il aurait certainement répondu un truc très ridicule et cringy, comme « MARTIN ! ».

Enfin, du reste, pour cette histoire d’exposé, il avait encore le temps d’y penser, d’ici demain. Il allait de toute façon travailler à la bibliothèque jusqu’à la fermeture et pourrait tout préparer d’avance, ils n’auraient plus qu’à s’entendre sur le plan et…

C’est moi ou un travail en duo sans Natsume est en train de me hyper ? Il ne faudra pas le dire à Natsu.

Pensa le matheux avec une pointe de culpabilité comme il en avait au moins une 50aine par jour, surtout en ce moment, avec la situation à la maison. Mais s’il restait à la bibliothèque jusqu’à la fermeture de l’établissement, c’était bien pour ne pas penser à ce qui se passait « à la maison », justement. Helmut soupira en ouvrant ses livres pour terminer un DM et s’avancer dans ses révisions.

Depuis quand est-ce que je me sens mieux au lycée que dans ma propre maison… ?

Se questionna-t-il amèrement. L’heure tournait déjà trop vite pour lui. « C’est la vie », essayait-il de se convaincre depuis un bon mois. Si ses parents ne veulent plus être ensemble : « c’est la vie ». S’ils divrcent et se séparent finalement : « c’est la vie ». S’il lui faut choisir entre vivre chez Siegfried ou chez Alma si tout cela se finit après sa majorité : « c’est la vie ». Si, en attendant, il faut supporter d’entendre ses parents hausser le ton dès qu’ils s’adressent la parole parce qu’ils ne peuvent pas régler leurs histoires simplement et sans qu’Alma saute à la gorge de son conjoint… non, là, Helmut ne peut pas assumer que « c’est la vie ». Il n’en espère pas grand-chose, de la vie, certes, mais ça… ça, ce n’est pas normal. Il lui avait fallu attendre de voir sa mère s’en prendre à son père pour comprendre qu’elle avait toujours été possessive et toxique avec lui aussi. Ce qui ne veut pas dire qu’il pouvait s’en éloigner pour autant. Ce soir aussi, après le diner, Alma monterait dans sa chambre pour faire l’inspection de ses devoirs, de ses révisions, de ses avancées dans les manuels universitaires, car il est hors de question qu’il prenne le moindre retard sur son avance. Si ce n’était pas assez pour elle, elle sourirait avec une compassion de façade puis lui rappellerait qu’à quelques centimètres de l’excellence, ce ne serait jamais l’excellence. Et Helmut connait assez sa mère pour savoir quelle passion elle entretient avec le fait que tout aille comme elle le souhaite. Evidemment qu’entendre Siegfried oser lui dire qu’il ne veut plus vivre avec elle doit la faire enrager. En même temps, Siegfried aurait fini par craquer. Même s’il était bon que son paternel assume enfin qu’il n’était pas heureux, Helmut ne trouvait pas cette situation réjouissante. Il en était presque à préférer les mensonges à la violence de la réalité, des fois… Probablement car il est quand même un enfant gâté qui aurait bien tord de se plaindre. C’est pour ça qu’il n’a pas parlé de ce qui se passe depuis un mois chez lui à Natsume.

Mais bon, Shimomura n’est pas bête, il ne doit pas être totalement étranger au fait que je le cache mal, quand je suis préoccupé. On se connait depuis un peu trop longtemps pour ça.

Helmut s’est souvent entendu dire qu’il était transparent et sa mère lui a bien souvent dit qu’il ne pouvait rien lui cacher. Cependant il essaie encore de garder ses secrets, de peur d’envahir les gens avec ses ennuis, préférant être plus attentif aux soucis des autres pour s’oublier un peu lui-même. Assez typique d’un gamin auquel on a appris à se taire devant les abus de sa mère et à se cacher dans du travail scolaire excessif, en fait, d’autant plus que les habitudes ont la vie dure.

Entendre la documentaliste commencer à ranger ses affaires et signaler aux autres personnes présentes dans le CDI ne manqua pas de faire soupirer le binoclard qui rassembla ses livres à son tour avant de sortir. Plus d’autres choix que de rentrer, maintenant. En se mettant sur le chemin de l’arrêt de bus, il ne s’attendait pas à croiser grand monde sur sa route. Il n’était pas certain d’en avoir très envie mais ça lui ferait une excuse pour retarder son arrivée. Et justement, des énergumènes qu’il connaissait bien car l’un était son cousin et l’autre, eh bien, un autre de ses cousins mais plus éloigné… dans le sens généalogique comme pour ce qui est de leur relation. C’est à peine si Alexander et Helmut se sont adressés la parole plus de 5 fois dans leur vie, réunions de famille comprises. Le matheux est bien plus proche d’Olaf, en revanche, surtout depuis que ses deux grands frères, Hanz et Klaus, sont partis de la mais pour aller faire leurs études.

« …Bref, faudrait que tu finisse la nouvelle chanson pour le concert, là. C’est pas sur ça traine depuis 3 mois mais faudra aussi qu’on la répète, nous. »

Rouspétait le plus âgé en fustigeant le blond occupé à pianoter sur son téléphone. Il avait adressé un signe de main à Helmut au passage, histoire de ne pas l’ignorer royalement, mais le matheux était fort aise d’entendre les deux musiciens se prendre le chou. Ça lui faisait un échauffement pour ce qui l’attendait à la maison. Cela fait maintenant 3 ans que Olaf et Alexander ont commencé à se retrouver pour faire un groupe et que d’autres membres les ont rejoint avec le temps et il semblerait que le plus âgé avant d’autres ambitions que seulement jouer dans le local du club de musique. C’est ce qu’il avait confié à Helmut une fois, du moins. Mais le Griffin, pour sa part, semblait tantôt totalement détaché de tout ça, tantôt extrêmement motivé et ça avait tendance à énerver Olaf, cette inconstance.

« Oh, mais, tu sais bien que dans le pire des cas, m’entendre chanter seul suffira à les captiver. »

Répondit Alexander, avec son meilleur ton suffisant et ses mimiques de diva. Helmut se retint de soupirer avec Olaf, car ça ne le regardait pas (bien qu’il prenne tout de même un certain plaisir à mettre son nez dans les affaires des autres pour compenser l’aspect pathétique de sa propre vie).

« C’est pas une audition où tout le public applaudit pour lécher les boules de ton paternel installé au premier rang, princesse Briseburne. »


Niveau suffisance, Olaf en connaissait un rayon aussi et roula des yeux devant le cinéma de son camarade.

« Olaf, très cher, parfois je te trouve très vulgaire. »

Répliqua le blond, faussement outré. Helmut les trouvait distrayant. Il entendit Olaf grogner pour la forme (ce qui ne l’empêchait pas de sourire en coin, manifestement amusé) puis se reconcentra sur sa marche, n’entendant plus que des échos des voix de ses deux cousins en train de de crêper le chignon. Probablement aurait-il du se reconcentrer sur les paroles des autres, comme il a l’habitude de le faire : le matheux a toujours aimé marcher derrière les gens ou à côté, juste pour les écouter parler de tout et de rien. Ça l’aide à se concentrer et aussi à penser à autre chose qu’à ses parents qui s’engueulent presque quotidiennement depuis plus d’un mois. Il fallut qu’Olaf recommence à s’égosiller de sa voix de crécelle en ouvrant la portière grinçante de sa vieille R11 beige moche pour qu’Helmut reconnecte finalement à la réalité.

« Hé ! Allo ?! Helmut-Isaak le gros sac, tu réponds où t’es en train de mesurer les distances entre les pavés ? »


… Oui, c’est exactement ce que je voulais faire, gros con…

Pensa-t-il si fort que le fond de ses idées devait pouvoir se lire dans son roulement d’yeux.

Il fit brièvement volte-face histoire de montrer son regard noir à ses deux cousins. Etant donné que ce genre d’œillades censées être très menaçantes et hautaines sont un peu une spécialité familiale, Olaf et Alexander ne réagirent que pas un clignement d’yeux simultané.

« Non, je vais marcher. »

Rétorqua le terminale en se détournant tel une diva, reniflant pur témoigner de sa mauvaise humeur. Il entendit le plus âgé soupirer de manière sonore et l’imaginait rouler des yeux avec excès.

« Tu marches, toi ? »


Olaf avait ricané, appuyé sur sa portière et Helmut commençait à en avoir marre.

Je vais assez prendre dans la gueule pour la soirée alors je me passerais de tes commentaires, trou du cul.

Le matheux se retourna une nouvelle fois avec son air de rageux et fit quelques pas vers son cousin Nagel-Griffin qui n’était pas franchement impressionné.

« … Ouais, maintenant je marche, figures-toi, je "fais des efforts", incroyable mais vrai. »

Lui lança-t-il avec tout le venin dont il était capable, en reprenant les mots que certains des ses camarades avaient déjà pu formuler quand ils avaient des commentaires à faire sur son tour de taille. Olaf se contenta de faire la moue, laissant Helmut se défouler un peu sur sa personne. Pas comme si cela l’affectait encore, étant donné que le binoclard était ainsi depuis qu’il avait 5 ans. Devant ce crêpage de chignon, Alexander souriait en arrière-plan, ne camouflant pas le plaisir de spectateur que lui procurait cette scène de « drama » familial. Et bien sûr, comme il n’aimait pas être laissé en dehors de ce genre de joutes verbales où ses cousins se traitaient tous les deux de « connard », de « gros » en s’ordonnant d’ « arrêter d’être vulgaire putain », le blond trouva bon de la ramener en s’imposant entre les deux autres grandes gueules.

« Et moiiii, tu vas pas me déposer ? »

Se mit-il en geindre avec son plus bel air angélique qui donnait envie de lui mettre des claques. Tandis qu’Helmut soufflait fort du nez pour ne pas vociférer comme un cochon qu’on égorge à nouveau, Olaf se chargea du sale boulot qui était de répondre au plus jeune.

« Toi, tu peux crever. »
« Ah ! Tu me fends le cœur ! »

Cria-t-il en surjouant la détresse d’une Marie-Antionette sous la guillotine. L’intervention du blondin eut au moins le mérite de faire perdre le fil de leur « bagarre » aux deux plus vieux. Après avoir lâché un soupir, Olaf fit le tour de sa vieille voiture pour aller s’installer derrière le volant, puis il indiqua la place du passager à l’avant à Helmut.

« Tu vas pas marcher une heure pour rentrer chez tes vieux, abruti. Allez, montes. »


Puis, il fit de même pour Alexander, en lui montrant la banquette arrière d’un mouvement de tête.

« Et toi, si je te ramène c’est juste pour que ton paternel fasse un AVC en te voyant dans mon tacot. »
« Comme tu es attentionné, mon petit Olaf ! »


Victorieux, le blond s’installa, même s’il n’avait pas vraiment douté que le Nagel-Griffin l’aurait déposé. C’était l’idée d’Olaf au départ, après tout. Pendant les dix minutes qui suivirent, Helmut continuait de faire boudinette, Olaf avait mis de la musique et Alex jouait sur son téléphone. Ce dernier descendit sur le trottoir aussitôt arrivé sans même dire merci et histoire de le fustiger, et de potentiellement mettre Alexander dans l’embarras si son père entendait, il lança d’une voix de crécelle :

« Et t’oublies pas la répétition au bar vendredi soir ! »


Puis, en remontant sa fenêtre, il repartit et pris le chemin de la demeure des Nagel. Etant donné que Helmut tirait toujours une tête de six pieds de long (comme à chaque fois qu’il doit rentrer chez lui depuis plusieurs mois), Olaf s’interrogea plusieurs fois sur s’il devait lui demandait si tout allait bien ou s’il ferait mieux de se taire. En réalité, curieux qu’il était, le plus vieux savait qu’il ne résisterait pas à essayer de tirer les vers du nez à son jeune cousin. Il ne s’agissait pas que de curiosité malsaine, même si le Nagel-Griffin préférait que ça en ait l’air. La réalité, c’est qu’il s’inquiétait souvent un peu trop pour ses cousins à sa manière et particulièrement Alexander et Helmut dont il est plus proche depuis leur enfance et les cousinades régulières. Avec des familles comme les leurs, aussi, se dire qu’ils font un peu les marginaux dans leur coin, ça leur plait bien et ça leur permet de ne pas trop supporter les récits de vie de leur 11e grand oncle par alliance qui avait une maison plus grande que le jardin de leur 4e tante par alliance. Enfin, dans tous les cas, Olaf finit quand même par poser sa question, comme il était au courant de la situation chez Helmut et ses parents depuis un bail. Cela car le plus jeune lui avait donné assez d’indices sans le dire clairement ces derniers temps et parce qu’il avait vent des ragots par Alex qui entendait son paternel se plaindre de « ah mais c’était un bon mariage, pourquoi se séparer, tss, je te jure, les progrès de la société, parfois, hein… ».

« Visiblement ça s’arrange pas chez tes vieux. »


Sans blague.

Helmut grogna et se referma immédiatement comme une huitre (car, oui, il pouvait encore plus se fermer qu'il ne l'était déjà). Olaf s’y serait attendu, ce bahut est décidément rempli de gamins pudiques et totalement terrifiés à l’idée de parler de leurs ressentis. Des gamins comme lui, quoi, peut-être pour ça qu’il a tendance à pas réussir à refuser d’écouter leurs galères.

Dans tous les cas, le lycéen n’avait aucune envie de parler de ses problèmes. Dans l’absolu, il était surtout en train de se demander s’il ne préférait pas aller vivre chez Hanz ou chez Klaus. Même s’ils étaient partis à l’étranger pour leurs études et qu’il n’avait pas assez d’argent de poche pour les billets, ça lui semblait toujours plus raisonnable que rentrer pour voir ses parents se lancer des regards assassins et les entendre lui raconter des mensonges en faisant comme si tout allait bien. Il jugeait aussi avoir suffisamment ennuyé Olaf et même Natsume à rester « plus tard que prévu » chez eux à certaines occasions, car il avait la sensation assez difficile à assumer qu’il avait profité de son cousin et de son meilleur pote. Bref, Helmut avait la sensation d’être coincé et absolument pas en mesure de pouvoir faire ses propres choix et la conséquence logique de tout ça était de laisser la colère s’accumuler en lui et rejeter l’aide qu’on tentait parfois de lui donner.

« Tu peux pas dire des trucs encore plus évidents ? »

Rétorqua-t-il, franchement agressif et avec la claire attention d’être blessant, comme si éloigner une des personnes dont il était le plus proche lui rendrait service en ce moment. Il ne se sentit pas fier du tout de réagir de la sorte. Il fut presque soulagé d’entendre Olaf renifler avec mauvaise humeur, en ayant la confirmation que son cousin n’allait pas plus insister sur le sujet, maintenant qu’il l’avait envoyé péter.

« Oh, bah écoutes, si tu veux pas en parler, t’as qu’à l’dire au lieu d’répondre comme à ton chien. »

Ouais et dieu sait que mon chien, je lui parle mieux que ça, hein.

Pensa amèrement le binoclard en croisant ses bras sur son torse et en soupirant lourdement. Le reste du trajet se passa dans un silence lourd et qui ne manqua pas de faire regretter ses paroles  à Helmut. Mais il ne s’excuserait pas. Parce qu’il en avait ras-le-bol de s’excuser toujours pour ce qu’il était comme il doit le faire chez lui, comme s’il était de trop.

De toute façon, Olaf a autre chose à faire.


Le matheux soupira quand son cousin se gara devant la maison de ses parents. Avant d’ouvrir la portière, Helmut hésita tout de même quelques secondes entre rester dans la voiture et vider son sac et simplement rentrer chez lui. A contre-cœur, il opta pour la deuxième solution.

« Merci de m’avoir ramené. »

Dit-il d’une voix faussement neutre en refermant la portière. C’est la boule au ventre que le brun poussa la porte de sa demeure. S’il s’attendait à trouver un foyer chaleureux et calme comme dans ses souvenirs d’enfance, la douche froide fut violente.

« Penses un peu à Helmut-Isaak ! Ce que tu peux être égocentrique ! »

Pourquoi sa mère était toujours obligé de l’utiliser comme argument, Helmut n’en savait rien mais il trouvait ça de plus en plus nauséabond. D’ailleurs, il ne lui en fallait pas beaucoup plus pour avoir l’appétit coupé pour la soirée. L’adolescent resta un moment dans l’entrée et jeta un coup d’œil par la porte-fenêtre. Il regretta amèrement de voir qu’Olaf était déjà reparti car il serait bien ressorti pour s’excuser et admettre qu’il ne voulait pas rester ici une seconde de plus. Mais c’était trop tard.

Pourquoi Papa ne répond-t-il pas ?

Helmut avait au moins besoin de la preuve que son père ne pensait pas aussi qu’il était une sorte de parasite dans la vie de ses proches. Se faisant le plus discret possible en passant dans le couloir, espérant atteindre les escaliers sans qu’on le remarque, le lycéen ne put s’empêcher d’écouter aux portes. Mais les deux adultes étaient trop occupés à se détester pour l'avoir entendu. Même le pas préssé d'Algorithme, sa husky sibérienne d'un an et demi, qui descendit depuis l'étage pour acceuillir son "papa" ne trahit pas la présence d'Helmut.

« Arrêtes de le mêler à ça et de te servir de lui comme un… »
« Oh, alors, j’imagine que tu te fiches bien de ce qu’il pourra devenir une fois qu’on en aura fini avec ta crise de la cinquantaine ! »


Alma avait toujours réponse à tout, même quand Siegfried essayait de placer un argument valable. Donc, on ne finissait toujours par penser que celle qui avait le plus d’aisance à s’exprimer et à « survivre » le plus longtemps au débat avait raison. Et on se taisait. Si on faisait comme la matriarche et qu’on en appelait à la logique, on finissait toujours par revenir au point de départ, en attendant que ça implose de nouveau.

Et pourtant, Helmut aimait toujours ses deux parents, malgré tout. Il n’arrivait même pas à détester sa mère, même après tout ce qu’elle avait pu lui faire vivre, tout ce qu’elle avait fait et faisait encore pour le rendre dépendant de son avis et du travail. Il aimait aussi Siegfried de tout son cœur, même si ce dernier avait mis 17 ans à se figurer ce qu’Alma faisait à leur famille, lui faisait à lui. Il pouvait encore mins éprouver une rancœur assez forte envers ses frères ainés qui avaient quitté la maison, le laissant seul face à leurs géniteurs qui ne s’aimaient plus. Parfois, l’adolescent voulait se mettre des gifles pour pardonner aussi facilement. Probablement était-ce juste une manière de se protéger de la violence insidieuse qui a toujours gouverné son espace familial, en se faisant passer pour l’enfant docile exemplaire. Mais même son déni habituel ne fonctionnait plus pour faire passer la pilule plus aisément.

L’adolescent n’entendit pas le reste de la « discussion » car il monta dans sa chambre et se hâta de remettre son casque sur ses oreilles, se ruant de nouveau sur ses livres et ses cahiers pour ne pas entendre ce qui se passait au rez-de-chaussée.

C’est pas ma faute, c’est pas ma faute, c’est pas…

Se répéta Helmut jusqu’à atteindre le point de rupture et finir par craquer en balayant impulsivement et dans un grognement sauvage les pots à crayon et les ouvrages empilés sur son bureau. Algorithme, qui l'avait suivi dans la chambre et avait posé sa tête contre la cuisse du brun, recula dans un couinement apeuré. Le souffle du Nagel devint court, sa gorge et son ventre se nouèrent et sa cage thoracique se contracta, faisant remonter la nausée d’un coup, la laissant bloquée dans son gosier. Après de longues minutes d’immobilité, pétrifié devant la force de sa propre colère, la voix forte d’Alma se fit encore entendre depuis la cuisine. En comprenant que ses géniteurs allaient encore passer la soirée à crier, le Nagel ne put se retenir une fois de plus de pleurer et se rassit à son bureau, enfermant sa tête entre ses bras pour mieux s’isoler de ce qu’il risquait d’entendre.

Une heure avait passé. Le matheux s’était excusé auprès de sa husky et l'avait laissée venir lui faire des câlins. Puis, il était allé s'étendre sur son lit et regardait le plafond de sa chambre d’un air absent, Al couchée au pied du lit, espérant que le silence dans lequel la demeure s’était replongée durerait encore longtemps. Helmut se crispa et se redressa vivement en entendant des pas gravir les marches de bois et avancer sur le plancher du couloir de l’étage, jusqu’à s’arrêter devant sa porte. Heureusement, il reconnut le son de la démarche molle de son père, ce qui le fit se détendre un peu et lui permirent de ne pas sauter au plafond quand trois coup retentirent contre la porte de sa chambre.

« Moumou… ? Euhm… On va se mettre à table, si tu veux venir manger… »


Il était déjà 21h. Et avec ce qui s’était passé, l’adolescent n’avait pas faim du tout. Il lui suffisait d’entendre son paternel pour comprendre dans quel état de fatigue il se trouvait et comme il devait se sentir coupable. Mais même pour cela, Helmut ne descendrait pas tenir compagnie à ses parents et se contenta de se rallonger sur sa couette, roulant du côté du mur et du papier peint à étoiles et planètes qu’il connaissait par cœur depuis ses 8 ans.

« J’ai déjà diné avec Olaf tout à l’heure. »

Menti-t-il sans même hésiter une seconde. Ce ne serait pas la première fois. Peut-être même que Siegfried le savait bien et comprenait. Ou peut-être pas. De toute manière, il attendrait que ses parents dorment pour descendre manger quelque chose en cuisine. C’était mieux ainsi, il ne risquait pas de les croiser et d’être un problème supplémentaire. Il lui sembla que Siegfried resta quelques instants sans bouger devant sa porte, l’entendit soupirer, surement en renonçant à lui dire certaines choses, puis commencer à rebrousser chemin.

« Oh... D’accord, mon grand. Reposes-toi bien, hein ? »

Puis, le paternel se redirigea vers les escaliers et Helmut se retrouva bientôt dans le silence. Après quelques minutes passées dans l’immobilité, le Nagel attrapa son agenda et ses livres de physique, en repensant à son exposé. Finalement, la perspective de voir Martin le lendemain et lui parler de l’exposé était la seule chose qui parvenait à le motiver à prendre une bonne nuit de sommeil pour avoir envie de se lever le lendemain et supporter ses parents au petit déjeuner.
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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeSam 30 Mar - 15:43

Lionel II (et Zlatan I.75 j'y pige pu rien)

Ce n’est pas la première fois que Lionel a droit à des remarques de ses professeur.e.s au sujet de son assiduité en cours et de son attitude inconsciemment insolente lorsqu’il juge bon de répondre à tout par besoin de s’expliquer ou de comprendre. Seulement, jusqu’à ce jour, ça n’était jamais allé jusqu’à l’heure de colle. Le Roque-Lartigue avait oublié une fois de trop de rendre un DM et donc, comme il se cherchait des excuses totalement déplacées à base de « mais euh j’ai perdu mon agenda dans les vestiaires quand j’allais à l’escrime » (ce qui est vrai mais improbable), eh bien, le prof de français de la 5e B avait cédé et terminé la discussion par « ce sera deux heures de colle Lionel, on verra ça à la fin du cours, maintenant, vas à ta place ! ». Et le mercredi après-midi suivant, le jeune bleu était dans le couloir, à attendre que la salle de colle s’ouvre et pour voir à quelle sauce il serait mangé… Enfin, il sait déjà que ça ne pouvait peut-être pas être pire que l’engueulade que son père lui avait fait subir en apprenant la nouvelle. Lionel, avec la boule au ventre et se retenant de pleurer comme un bébé sur sa terrible situation (ouin), regarda autour de lui et n’osa qu’à peine croiser le regard des autres personnes qu’il allait « côtoyer » durant ces deux heures. Des élèves bien connus au collège pour avoir des soucis disciplinaires avec les profs, les surveillant.e.s et le reste du personnel enseignant… Des gens que les parents de Lionel nomment « petits cons », « parasites », « moins que rien », « cas désespérés » sans même les connaitre. Et le collé non plus ne les connait pas, ces gens et avec les a priori qu’il a sur elleux, il se met à penser qu’il va se faire chambrer, le pauvre petit enfant de gros riches (parait que ce sont toujours eux les victimes, c’est vrai qu’ils sont tellement enviés). Mais, non, les autres restent en groupe et ne semblent même pas le voir et Lionel s’en sentit un peu rassuré… Car oui, son père lui a tellement monté la tête sur « tu vas te retrouver avec les déchets de l’école, ne viens pas pleurer s’ils s’en prennent à toi car tu l’a cherché, à te mettre à leur niveau », que l’adolescent s’imaginer des choses. Enfin, il essaie aussi de tempérer et de se dire que son Papa était seulement en colère et sous le coup de la colère, on dit des choses auxquelles on n’a pas vraiment réfléchi avant, plus d’autres excuses qui amoindriraient la violence des propos du patriarche dans son esprit. Penser à tout ça n’aidait pas vraiment le nœud qui s’était formé dans sa gorge à partir et le gosse de riche préféra se mettre assis par terre et ramener ses genoux contre lui pour s’y cacher, au cas où il se mettait à chouiner, autant que personne ne le voit. Mais il faut croire qu’il reniflait peut-être un peu fort car son état n’échappa pas à tout le monde.

« Hé, euh, te mets pas dans un état pareil, c’est juste des heures de colles, personne va t’manger, hein… »

Lionel releva la tête vivement, surpris par l’irruption de ses camarades dans son champ de vision. Il le connaissait, en plus, celui-ci, c’est un gars de sa classe avec un prénom un peu rigolo. Zlatan Eri… Eri-quelque chose. Enfin, c’est aussi un gars sur qui Lionel n’avait pas de bons à priori parce que, eh bien, Zlatan était ce qu’un de leurs profs appelle un « cancre » (d’ailleurs, ce prof, le gamin gâté ne l’aimait pas non plus, car il le sermonnait aussi bien souvent). Parce que ce dernier est un peu abonné aux colles parce qu’il dort en cours, répond souvent à côté de la plaque, ne veut pas faire des exercices au tableau, répond un peu trop souvent aux adultes qu’il a « la flemme » et qu’il « n’a pas entendu son réveil c’est pour ça que j’arrive qu’à 11h » ou « mais j’ai pas écouté je peux pas vous répondre, désolé hein »… Bref, c’est un peu facile de le traiter de « crétin », avec ces critères et encore une fois, ce n’est pas que Lionel irait l’insulter ou le malmener, mais il ne contredit jamais ce que disent ses parents, les adultes et ses camarades, ce qui n’est pas mieux. Dans tous les cas, Lionel ne s’attendait pas que dans tous ses camarades, Zlatan essaie de lui remonter spontanément le moral. C’est encore juger sur les apparences, mais, avec son look tout noir, avec la veste en cuir, les cheveux dans la tronche, ses jean troués et ses chaussures de punk, bah, le gosse de riche (que sa mère n’autorisait pas vraiment à sortir habillé comme il le voulait) se disait que le Eriksen était du genre patibulaire et pas sympa. Mais visiblement, c’était l’inverse.

Sur le coup, il ne sut pas comment réagir et se contenta de s’essuyer le visage d’un revers de main. C’est vrai, il n’allait pas mourir d’aller à une heure de colle, mais, pour sûr, il allait encore en entendre parler durant des semaines au sein de sa famille.

« Tu ne peux pas comprendre, d’abord. Mon père est furieux contre et je veux pas avoir une réputation de moins-que-rien ou de cancre, moi ! »

Il avait répondu vivement, sans avoir conscience de la portée franchement déplacée de ses paroles. Evidemment, il voulait se convaincre qu’il n’était pas comme ces « fortes têtes » qui « veulent rater leur vie », comme l’avait aussi bien dit son père. On lui a toujours appris qu’il n’était pas du même monde que « ces gens » et que c’est pour ça qu’il n’avait pas le droit à l’erreur, ni de se mêler à eux. Zlatan, lui, s’était redressé, leva les yeux au ciel et considéra le gosse de riche en soupirant.

« Oh, t’inquiètes pas pour ta « réputation », hein, ça devrait aller… »

Le ton en apparence ramolli de son camarade camouflait bien des piques plus sarcastiques. Lionel ne les perçut pas, mais il vit bien le regard apitoyé et lassé avec lequel l’autre l’observait.

« Toi, y suffit que tu dises à Papa et Maman que machin t’a embêté et c’est fini les soucis, donc, bon… »

Marmonna le brun et il aurait voulu ajouter que « ça te fera les pieds de venir en colle, tu verras que c’est pas seulement réservé aux « parasites »… », tandis que Lionel se relevait en face de lui, en voyant que le surveillant arrivait pour ouvrir la salle. C’est vrai, ses parents avaient déjà fait ça. Mais il n’avait jamais voulu que son camarade ait des ennuis et il ne pensait pas que cela s’était su… Chacun a sa bonne et sa mauvaise réputation et doit gérer avec, il faut croire.

« Oui, ben, euh… C’est fini cette histoire, d’abbord… »

Se renfrogna le princelet en serrant la bretelle de son sac. L’autre avait juste voulu être sympa avec lui et il ne se sentait pas très bien de l’avoir envoyé péter de la sorte même si, sur le coup, il ne s’en était pas rendu compte.

« Mais, euh… il vont nous faire quoi en colle, en fait… ? »

Demanda avec appréhension le Roque-Lartigue au Eriksen, tandis qu’ils rentraient dans la classe avec les autre. Le gamin de riche s’était mis à coller au train de son camarade de classe, comme si ce dernier allait lui donner réponse à toutes ses questions… D’une manière qui faisait de lui un sale petit con, Lionel se disait spontanément, bien que sans arrières pensées pour le coup : « ah mais comme lui, il est habitué aux colles, il sait forcément comment ça se passe ! ». Sa question fut sourire Zlatan, qui se retourna avec un air un peu mesquin afin de donner sa réponse à l’autre.

« Oh, bah, généralement, ils nous font nous mettre les genoux nus sur une règle en bois et après on récite des psomes et le premier qui dit « aïe » il a perdu et il va dans l’isoloir. »

En voyant le visage horrifié de Lionel, prêt à se mettre à pleurer de nouveau, Zlatan se mordit un instant l’intérieur des joues pour le pas rire, puis eut rapidement pitié de son camarade a l’air traumatisé. Au moins, ils étaient quittes, maintenant.

« Qu-que… quoi… ? Ce-c’est quoi l’iso-l-l-loir… ? »

Zlatan aurait presque voulu ne pas perdre la face tout de suite pour raconter à Lionel que « c’est un cachot secret dans le fond du bureau du dirlo, il fait tout noir et tu entends les fantômes des anciens CPE morts dans ce cachot te chuchoter à l’oreille « ouhhh-ouuuh, tu n’as pas fait tes devoir, c’est pas biiiieeeen, on va manger tes grands moooorts » » , mais, il avait l’air tellement crédule et terrifié qu’il n’avait pas vraiment le cœur à l’effrayer encore plus. Du coup, le Eriksen se mit à glousser et à rire et son interlocuteur comprit bien vite qu’il s’était foutu de sa gueule. L’adolescent aux cheveux bleus fit la moue et détourna la tête en pinçant les lèvres avec un « hm ! », croisant ses bras sur son torse.

« Pfff ! C’est pas drôle du tout ! J’ai vraiment eu peur ! »

Rétorqua le Roque-Lartigue, l’air pincé et rendu susceptible par les gloussements moqueurs du Eriksen.

« Rooooh, mais c’est un peu marrant quand même, avoue ! »

Marmonnant des « …m-même p-pas vrai c’nul, pff, roh… », Lionel sentit pourtant sa voix chevroter et il finit par céder au rire à son tour.

« T’inquiètes le pion fait juste faire des devoirs en plus, hein ! »

Encore en train de glousser, les deux ados échangèrent un regard et repartirent de plus belle.

« Oui, b-bah, j’préfère, ouais, hahaha ! »

Déclara Lionel qui était encore un peu hilare et avait presque oublié où il se trouvait.

« Hé, monsieur Eriksen, tu veux aller raconter tes vannes chez le CPE ? »

Lança le pion dans leur direction, et les deux adolescent sursautèrent presque, car ils avaient un peu oublié le monde extérieur à force de dire n’importe quoi. Zlatan leva les yeux au ciel et s’assit à sa place, à la table individuelle adjacente à celle de Lionel.

« Non, non, m’sieur, j’vous promets, je vais être sage… »

Déclara-t-il avec un air faussement candide qui fit soupirer le surveillant. Lionel se mordit l’intérieur des joues pour ne pas se remettre à rire les deux finirent par se taire pour le reste des heures qui suivirent, histoire de se concentrer sur leurs exercices. Enfin, c’est aussi ce jour-là que leur tradition de se demander les réponses aux exercices et aux devoirs se mit en place. Après ça, Lionel ne craignait plus vraiment les heures de colles en dehors des réactions de son paternel. Mieux encore, il avait a sensation que l’expérience avait largement élargi ses perspectives et puis, il devait bien l’avouer, il ne s’était jamais vraiment fait de vrai pote avant ça.




Avachi sur son lit dans sa chambre un peu trop grande pour lui, si bien qu’il avait couvert les murs de posters pour ne pas craindre trop d’espaces vides malaisants, Lionel se sentait franchement très con. Cela lui arrive souvent en soi, mais là, c’était particulier et s’il n’aimait déjà pas ça d’habitude, il appréciait encore moins quand cela concernait son meilleur ami. Déjà 4 jours s’étaient écoulés depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vu en direct et alors que le Roque-Lartigue est d’habitude très bavard, il n’avait pas été fichu d’envoyer au moins un message à Zlatan. Ne serait-ce que pour savoir si l’étudiant allait bien, le bleu ne se sentait pas d’envoyer un texto sans se dire qu’il risquait de brusquer son ami, car il repensait à chaque fois à ce qui s’était passé l’autre matin.

Mais c’est quand même vraiment trop bête, là.

Pensa-t-il en se retournant sur son dos contre ses oreillers, bien incapable de se concentrer sur son DM de littérature. En observant son plafond haut couvert de petits sticks étoiles fluorescents, Lionel poussa un soupir inutilement long puis fit la moue en attrapant sa console de jeux sur sa table de nuit pour avancer dans un de ses jeux remplis de personnages féminins aliens et moe. Mais même ça ne put détourner ses pensées et il grogna en se rendant compte qu’il essayait juste, une fois de plus, d’éviter de prendre des nouvelles de son pote… Enfin, ce n’est pas qu’il ne voulait pas savoir si Zlatan allait bien, hein, mais… Il digérait tout juste ce qui s’était passé entre eux il y a quelques jours et plus il y pensait, plus il se disait qu’il avait dû être envahissant pour son ami. Ce dernier n’est pas très tactile, après tout et vu comme Lionel se rétracte lorsqu’on lui impose un contact non désiré, il a peur d’avoir mis mal à l’aise son pote. Ce n’est pas comme si l’expérience avait été malaisante pour lui, pourtant, bien au contraire et il ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement en pensant aux sensations ressenties sur le moment, ne résistant pas à l’espoir séduisant que ce genre de chose se reproduise à l’avenir.

Mais, avant ça, il voulait vraiment savoir ce que le Eriksen pensait de cette situation, pour savoir s’il n’était pas en train de se mettre dans tous ses états de midinette pour quelque chose qui ne serait pas désiré par l’autre intéressé. Oh, Lionel avait déjà pu voir Zlatan se braquer et pour cette situation précise, passé la surprise forcée de se réveiller dans le même lit, eh bien… Le patineur n’avait pas eu l’impression que son meilleur ami était choqué. Mais il y a aussi la possibilité que le brun ait simplement été gêné mais n’ait pas osé le dire pour ne pas froisser le terminale…

Naaaan, c’est pas son, genre, Zlatan grogne quand il est embarrassé, normalement et là il n’a pas grogné. Il était juste tout rouge et… Oh, non, il était adorable, comment j’ai zappé ça, moi…

Même s’il était seul dans sa chambre et que ses parents n’avaient aucun moyen de le voir ni de l’entendre vu l’épaisseur des murs de leur grosse maison de riches, Lionel se cacha le visage dans les mains tandis qu’il piquait un fard en ricanant bêtement.

Oh et puis zut, hein ! Il me manque trop et puis de toute manière je le connais, il répondra dans 3h alors j’aurais le temps de me préparer.

Tu fais quoi-nyaaaaaa ??

Tapa-t-il sur son écran en essayant d’y penser le moins possible puis envoya son message avant de se remettre sur sa console. Pour l’aspect cringy du message, il en était conscient mais il avait pris cette habitude débile depuis un moment de délire qu’il avait eu avec son ami lorsqu’ils s’étaient retrouvés à try hard toute la nuit un dating-sim de furries débile et franchement moche et raté et n’avaient pas reussi à sortir avec la neko-girl à lunettes dont les « nyaa » tellement mal doublés et prononcés avec la conviction d’un poisson mort les avait achevé de rire.

Voila. Maintenant je vais m’occuper de Scylla-senpai qui…

Il sursauta en entendant son portable vibrer littéralement 1 minute après l’envoi de son message. Bien entendu, il se rua dessus et son sourire devint un peu trop large lorsqu’il lut les quelques mots que lui adressait Zlatan.

Me fais chieeeeeeeeeer les révisions c chiaaaaant

Même si le SMS de son ami n’avait rien qui sortait de l’ordinaire, Lionel sentit un soulèvement agréable à l’intérieur de sa poitrine et son rythme cardiaque s’emballer. EN roulant d’un flanc sur l’autre sur son lit, le bleu se hâta de répondre en réecrivant au moins 10 fois son message, car il y avait un peu trop de choses qu’il avait envie de dire à son ami d’un coup, surtout des trucs très important comme le chaton qu’il avait croisé en train de jouer avec le chien du voisin il y a deux jours et… Finalement, il resta sobre avec beaucoup de smileys.

Moi aussi ouin ᕕ( ᗒ ヘ ᗕ )ᕗ jpp des conneries d’Anthony c’est un gros yandere RELOU

Non vraiment je déteste ce pauvre gars qui est pas foutu de laisser une nana qui dit « non » depuis 3 ans et qu'il finit par l’assassiner… brrr… on est censé avoir de la sympathie pour ça, c’est qui qui choisit les bouquins à étudier en litté, hein ?!

Encore une fois, Zlatan lui répondit presque tout de suite et Lionel ne pouvait plus tenir en place sur son lit tant il se sentait vibrer d’enthousiasme et de bonheur en échangeant de nouveau des messages avec son meilleur ami. Cela ne faisait que quelques jours mais il se sentait comme le jour où il avait reçu son coffret collector Sailor Moon… Quoique c’était même mieux.

Hein ? Atta genre t’avais pas dit que jtais un yandere aussi là ???


En gloussant, Lionel se dépêcha de répondre, éteignit sa console et mit sa veste sur ses épaules. En descendant les escaliers, il lança à voix haute à travers la maison qu’il allait se promener. Il ne tenait plus vraiment en place et préférait aller prendre l’air que faire les cent pas dans sa chambre.

Naaaaaan toi tes un tsundere, cpas la même ! ☞ の ᗜ の ☞

Environ 10 secondes après, le portable vibra à nouveau dans sa main.

Gros dweeb

Ah, qu’est-ce que je disais ! Totalement tsuntsun !

En commençant à marcher sur le chemin de terre à la sortie de la propriété de ses parents, Lionel ricana en lisant les mots de Zlatan. Vivre un peu éloigné du centre-ville avait ses désavantages mais le bleu trouvait très agréable de n’avoir à marcher que quelques minutes pour se retrouver à la lisière de la forêt et à côté de la rivière (qui allait encore déborder pendant l’hiver et ça lui fera une mini patinoire dans le jardin). Seul a marcher dans la nature paisible qui bordait le domaine des Roque-Lartigue, Lionel continua d’échanger une bonne dizaine de messages avec son ami sur ce qu’il voyait sur son chemin tandis que l’autre lui parlait de son avancée dans le dernier Castlevania, ce qui fit que le bleu manifesta soudain un enthousiasme de fanboy et demanda à ce qu’on lui envoie au moins 15 snaps de ce qui se passait dans le jeu « car juste 1 photo c’est fake », mais Zlatan lui répondit juste : « pfe nn g la flem ».

Après ce message, Lionel passa quelques minutes avant d’envoyer son prochain texto. C’était l’occasion d’envoyer quelque chose comme « bon bah si tu veux pas montrer je viens voir », mais c’est aussi à cet instant qu’il repensa à l’autre matin et se dit que ce serait peut-être un peu bizarre… ou plutôt, il se disait qu’il devrait prendre des pincettes la prochaine fois qu’il parlait de passer chez le Eriksen. Parce que tel qu’il se connaissait, il ne pourrait pas vraiment résister à l’envie d’évoquer les évènements qui avaient (probablement) contribué à leur silence radio inhabituel pour eux de ces derniers jours.

Rah, et puis, zut, j’ai envie de le voir !

Pensa-t-il en sentant son ventre se réchauffer à l’idée de revoir Zlatan en tête à tête pour simplement passer une soirée en sa compagnie. Momentanément déstabilisé par les scènes que son cerveau imagina quand à la tournure des évènements de cette soirée pas encore prévue, des scènes qui finissaient pour la plupart par lui enlaçant le Eriksen en lui disant des choses bien trop mièvres pour qu’il ne soit pas embarrassé rien qu’à y penser… bref, le Roque-Lartigue secoua la tête pour dissiper les images reproduites par son imagination trop fertile mais qui lui donnait bien des espoirs et finit par commencer à écrire un nouveau message.

Bon bah puisque c’est comme ça, y’a une soirée Castlevania bière pizza qui s’impose, non ? (◡‿◕✿)


Comme il n’eut pas de réponses pendant une bonne heure avant de rentrer chez lui et eut même le temps d’aller prendre une douche avant le diner, Lionel commença un peu à paniquer d’avoir été intrusif. Si rien ne s’était passé l’autre jour, il aurait trouvé ça tout à fait banal mais, là… oui, il paniquait totalement pour rien, si bien qu’il était retourné causer avec Scylla-senpai sur la console. Ce qui devait arriver arriva, donc et il sursauta de nouveau de manière un peu excessive quand il reçut la modification sonore d’un nouveau SMS du Eriksen.  

Oué javou

Après ça, tout ce qu’il savait, c’est qu’il n’avait cessé de compter les heures et d’être aussi vibrant d’impatience qu’un toutou attendant sa promenade depuis 1h jusqu’à ce qu’il se retrouve, enfin, sur le pallier de chez son ami.

Probablement avait-il passé un peu trop de temps devant cette porte à bien ajuster le col de sa chemise violette à motifs vampires et fleurs moches et sa chaine en vérifiant qu’il ne restait pas une poussière sur son accoutrement. Il avait acheté à boire sur le chemin et espérait ne pas gâcher la soirée trop tôt en disant n’importe quoi. Après avoir appuyé sur la sonnette, il eut l’impression que son cœur allait sortir de sa cage thoracique et ses jambes lui semblèrent prêtes à se changer en spaghettis trop cuits en entendant la porte se déverrouiller de l’autre côté. Lionel espéra très fort qu’il n’était pas rouge tomate en revoyant apparaître Zlatan devant lui et qu’il passerait inaperçu qu’il venait de passer deux bonnes secondes un peu trop longues à apprécier son ami du regard avant de lui dire bonjour avec un sourire gaga. Il sembla au bleu que l’autre était tendu et un peu rouge aussi, mais il ne voulut pas déjà baliser alors que la soirée avait à peine commencé.

Ouais, on va y aller doucement et pas commencer à le harceler, hein… Je suis assez creepy comme ça avec mon imagination de gros niais mièvre. Hehehe.

En apprenant que les pizza étaient en route, heureusement, Lionel se remit à l’aise et pensa un peu à autre chose que les idées qui lui venaient en tête quand il observait trop longuement son ami. Penser à son estomac qui gargouillait lui semblait une bien meilleure résolution. Pour le moment, du moins.



Les deux adolescents avaient passé les dernières heures à jacasser de sujets banals qui les avaient comme d’habitude redirigé vers des conversations fantasques sur « les paresseux ils sont souvent à l’envers sur les branches mais alors leur sourire à l’envers ça devient un smiley « : ( » mais en fait c’est toujours un « : ) » parce que sa tête est restée à la même place, c’est sans fin c’est comme les cartons avec marqué « haut » dessus, ça me trouble toujours, comme quand le « haut » il est écrit en bas de la boite mais que la flèche pointe vers le haut ». Enfin, ça c’était avant les deux bières, par la suite, ils se sont emballés en jouant aux jeux vidéo et en parlant d’autres sujets plus personnels, des cours, de leurs parents, du fait que « on est d’accord que quand même, Alucard dans Castlevania c’est un drama queen mais il est quand même marrant on l’aime », de leur avenir car Lionel s’inquiétait encore pour son bac, à cela Zlatan avait répondu « booooh mais je l’ai eu en dormait pendant l’épreuve de maths alors tu l’auras, attends, eh, puis toute façon c’est juste pour la frime, hein ». Et puis, l’alcool rendant plus loquace, il se mirent à refaire un peu le monde comme des adolescents faussement edgy pour le brun et faussement guimauve pour le bleu. Tout ça pour conclure d’un commun accord sur « quand même la vie ça doit être vachement plus simple quand t’es un gros chat comme Patate », en embêtant le gros chat de Zlatan venu miauler pour réclamer son pâté et des câlins. Comme à force de discuter et de vider doucement des 1664, ils s’étaient avachis en s’accoudant sur le lit (Lionel avait toujours eu du mal à piger comment avec sa taille, Zlatan arrivait à rester des heures assis de travers sans avoir mal au dos et dans des positions improbables que lui-même avait du mal à reproduire alors que ses années de patinage l’avaient assoupli) et l’étudiant se leva quelque peu groggy pour aller nourrir le chat puis revint d’un pas tout aussi lent pour se ré-avachir à moitié sur le sol et sur le lit. C’était le moment où la soirée bière-pizza commençait à descendre et à les rendre encore plus mous que d’habitude et un peu comateux, après des soupirs quelque peu somnolents ils prirent une pause dans leurs bavardages et le silence s’installa dans la chambre, s’allongea même un peu plus longtemps qu’à l’accoutumée, du moins, c’est ce ainsi que les deux andouilles le ressentaient. Enfin, surtout après que leurs regards se croisent et qu’ils commencent à se fixer en ricanant bêtement sur « ptdr chips du regard trop drôle haha… héhé. eh. ». Et oui c’est gênant mais pas tant que ça, comme les deux avaient l’air à l’aise malgré leur proximité inhabituelle, même pour eux qui, avec les années, supportaient très bien la présence de l’autre dans leur espace personnel. Lorsque Zlatan était revenu de la cuisine, il s’était sans le vouloir re-positionné plus proche de son ami, qui lui aussi en avait profité pour se rapprocher. Donc, en s’en apercevant, ils avaient suspendu leurs souffle un instant, tout comme leurs regards et leurs gestes car ils craignaient surement de briser un moment particulier.

Lionel se souvient qu’on lui a toujours un peu reproché de fixer les gens tandis que lui sait très bien qu’il évite les regards quand ça l’arrange, surtout ceux de ses parents, étrangement. Enfin, là, tout de suite, surtout parce que Zlatan qui était du genre à ne pas trop aimer observer les pupilles des gens semblait aussi à l’aise, le gosse de riche se sentait bien. Peut-être un peu trop car il ne pouvait pas s’arrêter de sourire bêtement en reposant sa tête sur le matelas et il se sentait aussi rosir un peu quand l’autre grande asperge lui rendait ses sourires, un peu hagard, certes, mais c’était agréable, cette ambiance, bien qu’un peu étrange et différente de d’habitude. C’était d’autant plus agréable après la gêne de l’autre matin qui avait entrainé pour les deux une certaine frustration. Ils avaient l’impression de retrouver les sensations de l’autre fois, maintenant ils pouvaient dire que ça leur avait manqué, mais aucun n’osait vraiment admettre qu’il avant envie de faire en sorte de les retrouver. C’était d’autant plus confortant pur Lionel, car, l’autre jour, ils n’avait pas bien pu cerner toutes ces émotions et avait été pris de cours. Mais à la fin, il s’était rendu compte que ce qu’il aurait aimé, alors, ça aurait été que ce moment dure plus longtemps, assez pour qu’il comprenne ce qui lui arrive et, qui sait… peut-être comprendre que l’attraction qu’il avait ressenti, ressent à nouveau, était réciproque.

Dans tous les cas, si c’est pour sentir la chaleur lui envahir le ventre comme ça, Lionel se disait qu’ils devraient décidément moins discuter de trucs débiles et apprendre à profiter des moments de silence. Enfin, cette quiétude ne durerait pas trop car de nombreuses questions revinrent à l’esprit du Roque-Lartigue tandis qu’il scrutait les yeux sombres de l’autre. Ces interrogations le turlupinaient depuis plusieurs jours désormais et imaginer des réponses négatives ou insatisfaisantes l’angoissait plus que raison. Mais d’un autre côté, il avait totalement confiance en son ami et ne s’attendait pas à une réaction ou un rejet qui serait réellement violent. En fait, sa principale appréhension était de mettre Zlatan mal à l’aise. Mais, pour le coup, être un peu pompette l’aidait à être un peu plus spontané même s’il n’était pas à son meilleur et qu’il avait ce rictus débile qui ne disparaissait pas.

« Hé, dis, euh, Zlat’ ? »

Osa-t-il, en brisant le silence, se rendant compte au passage que sa voix n’était plus aussi posée qu’avant, au contraire, il s’entendait sonner comme intimidé et hésitant, parlant presque à voix basse pour que seul son pote l’entende. Ce qui est assez bête car le seul qui aurait pu les entendre était Patate, certainement occupé à se lécher les parties dans un coin du salon. Et puis cette intonation qu’il employait fit comprendre à Zlatan qu’il ne faisait probablement pas semblant d’être sérieux pour sortir une vanne un peu bête pour détendre l’ambiance, ce qui ne fut pas sans rajouter un peu d’attente et d’appréhension au milieu des émotions déjà mélangées et confuses qui monopolisaient leurs cerveaux.

« J’peux te poser une question bizarre ? »

Depuis ce qui s’était passé depuis quelques jours et le silence radio qui en avait résulté (oui parce que passer 4 jours sans s’envoyer de SMS, c’est bizarre, pour eux, et là, ils savaient que c’était parce qu’il y avait quelque chose qui devait être « digérée »), certaines choses attendaient d’être dites. Les deux ados avaient assez peur de ne pas trouver les mots, de comprendre qu’il se sont trompés, ou de mettre mal à l’aise l’autre. Pour ces raisons Lionel semblait buter sur les mots, commençant des phrases en marmonnant et faisait des moues confuses.

« Tout ce que tu veux, hein, tu sais. »

Lui dit Zlatan, espérant que son vis-à-vis se détende de nouveau et ne se sente pas mal de ne pas trouver ses mots tout de suite. Le bleu inspira profondément, à la fois soulagé et encore plus tendu qu’avant. Les choses devenaient un peu trop concrètes d’un coup, un peu vertigineuses, mais, il avait aussi besoin de se prouver qu’il ne rêve pas. C’est pour ça que la main du terminale vint se placer doucement sur le poignet de son vis-à-vis, avant qu’il n’avale sa salive une nouvelle fois avant de recommencer à parler.

« Si… Si j’étais… »

« Qu’est-ce qu’il faudrait être pour que je sache si je plais à Zlatan », s’était-il questionné bêtement en premier lieu, sans trouver la réponse. C’était déjà chercher trop loin par rapport à ce qui se passait à ce moment précis et qui ne pouvait pas être rationnalisé. De plus, Lionel avait déjà ressenti de l’attirance et bien entendu, c’est différent selon la personne en face. Pour le coup, vu son vécu (pas incroyable) au niveau sentimental, il ne s’était pas attendu à se trouver attiré par un autre gars. Mais, bah, c’était le cas et c’était plaisant, alors il ne préférait pas penser à ce que pourrait dire sa famille de gros réacs. Au contraire, peut-être trainait-il trop avec Zlatan pour penser ça, mais ça lui plaisait bien de faire quelque chose qu’il sait que sa famille désapprouverait, pour une fois. Probablement qu’il aurait dit des choses assez mauvaises à ce sujet il y a quelques années, lui aussi. Mais lui aussi avait encore des restes de réflexes fachos débiles, comme, là, il avait presque failli dire quelque chose comme « si j’étais une fille, est-ce que je te plairais ? ». Ce qui lui semblait bien absurde à présent et il était bien content de ne pas l’avoir dit.

« Si… »

Reprit-il, ne sachant pas par où commencer. Il devait être rouge vu comme ses oreilles chauffaient et comme le creux de son estomac fourmillait, donc, à ce rythme-là, il ne peut pas faire marche arrière. Alors Lionel se dit qu’il était aussi bien d’aller droit au but. En déglutissant difficilement, il osa finalement prononcer de nouvelles syllabes, raffermissant malgré lui sa prise sur le bras de son ami.

« Tu aimerais, euh… embrasser, euh, un gars… ? »

C’est ce qui lui avait passé par la tête en premier parce qu’il devenait évident qu’il en avait envie, pour sa part, depuis quelques longues minutes. Maintenant que le chat était sorti du sac, Lionel se sentit devenir encore plus pourpre en comprenant qu’il trahissait totalement ses propres envies. Enfin, il connait suffisamment Zlatan pour se dire qu’il avait peut-être une issue de secours, car, distrait comme il est, l’étudiant serait capable de ne pas capter ce que le Roque-Lartigue tente de lui faire comprendre.

Bien entendu, la question prit le Eriksen de court et il se mit à rougir à son tour de plus belle. Il se crispa aussi un peu et Lionel le sentit, probablement car il ne savait pas quoi répondre.

« Euh, bah… »

Bafouilla-t-il en baissant les yeux vers le matelas, brisant leur contact visuel. Le bleu l’imita en soupirant. C’était peut-être trop évasif et confus et Lionel ne voulait pas que les choses restent dans cet état. Il était lancé et il ne voulait pas se stopper net. Peut-être que c’était un peu précipité de vider son sac maintenant, peut-être qu’il n’y avait pas assez réfléchi et qu’il agissait sur une attirance totalement passagère car c’est comme ça qu’il a l’habitude d’agir avec ses crush. Passé la séquence « personne ne m’aiiiiime ouiiin » qui vient après un râteau, il y avait pire chose à vivre, mais… là, il s’agissait de son meilleur ami et même s’il devait se passer quelque chose entre eux et que cela sonne cliché, le patineur ne voulait rien gâcher de ce qu’est leur relation actuellement.

« Enfin, pas juste un gars au pif, hein, mais, disons… euh, si c’était moi, par exemple ? »

Bon, là, cela devenait un peu évident, quand même. Même Zlatan devrait comprendre là où il voulait en venir. Lionel demeurait insatisfait de la manière dont il avait dit les choses, pourtant. Il ne voulait pas être brusque mais peut-être qu’en essayant de prendre des précautions, il avait été trop direct. L’effet sur le Eriksen fut en tout cas immédiat. Il retint son souffle et ne pouvait être plus rose. Son regard dériva de tous les côtés avant de se re-pencher vers le sol. Il ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, mais seul un bref bruit guttural confus en sortit. En le voyant perdu comme ça, Lionel se sentit coupable et tenta de remettre un peu de réconfort dans sa voix.  

« Désolé, j’aurais pas dû demander. »

Mais, le brun se mit à secouer négativement la tête et leva une main entre eux, intimant à son ami de de pas en dire plus. C’était probablement à lui de s’expliquer un peu, aussi. Même s’il sentait qu’il n’arriverait que bien mal à verbaliser ce qu’il ressent.

« Nan, je sais que, bah, euh… C’est à cause de moi, un peu, hein… »

« A cause de lui » n’est peut-être pas le terme qu’il cherchait. Mais,  quelque part… il se dit qu’il est  à l’origine de ce qui se passe en ce moment et de la confusion de son ami. Vraiment, il ne regrette pas et les moments qui ont précédé cet instant de leur conversation, ça avait été très plaisant mais maintenant, Zlatan sentait qu’il allait ruiner le moment avec son inefficacité lorsqu’il doit parler de sentiments.

« Quoi ? »

Mais, voilà, il avait perdu Lionel qui avait vraiment l’air de ne plus entraver grand-chose. Il allait devoir expliquer et ça ne le réjouissait pas, sachant qu’il allait encore plus compliquer les choses inutilement.

« Bah… j’ai été bizarre, la dernière fois, avec ma crise. Je voulais pas que tu te prennes la tête et que tu te sentes confus à cause de moi. »

Toujours les crises, hein. Un jour il comprendra que le fait qu’il ait une paralysie du sommeil ne tue pas un bébé chat à chaque fois. Il se disait aussi (peut-être car il refoule quelques sentiments envers Lionel depuis un temps) qu’il avait forcé son ami à quelque chose cette nuit-là en le « trainant » dans son lit et que, donc, le bleu s’était senti obligé de « poursuivre » quelque chose.  

« Mais tu sais bien que c’est pas grave et que t’y es pour rien… »

Il lui avait déjà dit, ça. Et c’est vrai que ce n’était pas ça, le problème. Que c’était une excuse, de parler de ça pour noyer le poisson. Bien entendu, c’était une vraie paralysie, pas une excuse bidon ou malsaine. Peut-être était-t-il temps aussi que Zlatan admette qu’il avait été très heureux de se réveiller contre Lionel, que les gestes, paroles et regards qu’ils avaient échangé ce matin-là et la soirée d’avant, même à d’autres moments récents ou plus anciens ne pouvaient plus sortir de sa tête. Qu’il admette que son cœur ne bat pas comme ça que depuis une semaine mais plus longtemps que ça et que… il est peut-être temps d’arrêter de refouler ce qu’il ressent en se cachant des arguments bidons et parfois homophobes.

« C’est pas que la crise… Enfin, si, mais…  c’était pas une excuse, hein… je voulais pas que ça se passe comme ça et te forcer à… »

Il secoua la tête. Jamais il n’obligerait Lionel à faire quoique ce soit. Mais il avait tout de même la sensation de ne pas lui avoir laissé le choix.

« Tu ne m’as pas forcé, arrêtes avec ça. »

Pourtant il continuait d’avoir mauvaise conscience. Ou alors, il se donnait des excuses pour esquiver. Il ne savait pas trop en fait. Cela avait toujours été très difficile pour Zlatan de dévoiler ses émotions, du moins, de les verbaliser. C’est quelque chose qu’il avait toujours envié à Lionel qui… quoique Lionel ne parlait pas spécifiquement de ses sentiments mais il savait les exprimer, les extérioriser, mais probablement que le Eriksen l’avait aussi détaillé assez longtemps pour relever ce genre de choses. Pour sa part ça avait toujours été compliqué : il a toujours essayé de se persuader qu’il n’était pas quelqu’un d’émotionnel, surtout par pudeur et parce qu’il savait être extrêmement empoté quand il fallait verbaliser son ressenti.

« Enfin, même avant, je… Je sais pas, je voulais absolument que tu viennes avec moi à l’usine et finalement je me suis dégonflé, et puis on a rien vu, et puis… je voulais tellement que tu voies pourquoi j’aime ce genre de trucs et en fait j’ai juste été bizarre et ça a dû être décevant et puis, bah, je sais pas pourquoi j’en a fait une obsession, je devrais pas être obsédé comme ça par l’idée de te… enfin, que tu me trouves… je sais pas… »

Ses questionnements ne dataient pas de leur excursion de l’autre soir, en réalité. Mais Zlatan ne voulait pas le dire, car il ne voulait pas effrayer Lionel en lui disant qu’il est probablement attiré par lui depuis des mois, voire plus d’un an et qu’il est peut-être un peu transi aussi… S’il plait au bleu de son côté, le Eriksen n’ose pas baliser sur le fait que cela dépasse le simple béguin passager. Mais en même temps, cette idée lui serre le cœur plus fort qu’il ne voudrait bien l’admettre. Cela commençait à être évident, même s’il ne s’était jamais vraiment senti plus que « bien » ou « attiré physiquement mais pas tro profondéman in love nn plu » avant, eh bien, là, il se disait qu’il était probablement un peu amoureux. Il aimerait que ce soit aussi le cas de Lionel mais beaucoup de choses le bloquait, si ce n’est la basique excuse naze de « oui mais Lionel n’est pas gay et moi non plus mais du coup c’est quoi ce bordel », qui n’a aucun sens à part être un mauvais argument, car maintenant, ni l’un ni l’autre ne peut dire qu’il est « fixé » sur ses « préférences ». Bref, il n’en sait foutrement rien et ferait mieux de se renseigner mais à la place, il préféra dire une connerie pour ne pas continuer à se sentir débile.

« Laisses, on est juste bourrés, hein. »

Même s’il le cachait ça derrière un sourire en coin désabusé, la déception se peint sur le visage de Lionel, qui se détourna et regarda par la fenêtre, d’un air un peu renfrogné. Il pouvait se faire à l’idée que peut-être, l’étudiant n’avait pas envie de parler de tout ça, mais il aurait aimé l’entendre autrement. Ce n’est pas la première fois qu’il a l’impression que le Eriksen ne veut pas être franc avec lui pour des raisons qui lui échappent encore.

« Je me sens pas bourré, moi. »

Marmonna le terminale dans un soupir. Il avait lâché le bras de son ami et regardait ailleurs, remettant une plus grande distance entre eux. Lionel n’était pas vexé, simplement refroidi et un peu culpabilisé à l’idée d’avoir pu être un peu trop intrusif. Ce n’est pas exactement ce que pensait son interlocuteur à qui leur proximité semblait déjà manquer, d’autant plus qu’elle avait été rompue un peu brusquement, à l’instant. Zlatan considérait que c’était un peu sa faute lui aussi, autant dire qu’on n’irait pas loin de cette manière. Il se mit lui aussi à diriger son regard autrepart, à savoir, le sol en parquet dont il commença à gratter les fissures entres les planches.

« M-moi non plus, mais… »

Tenta de se rattraper Zlatan sans trouver ses mots. Non, ils n’étaient pas saouls, pas assez pour ne plus avoir conscience de ce qu’ils se racontaient ou ne pas capter qu’il se passait quelque chose entre eux. Le Eriksen se frustrait de ne pas parvenir à en dire plus et avait soudain été saisi par la peur que Lionel puisse être dégouté de ses paroles ou ne le trouve complètement nul et lâche. Ce qu’il est probablement et ce n’est pas comme si ça l’arrangeait, dans l’état actuel des choses. Ça ne lui faisait pas plaisir et manifestement, à Lionel non plus, même si le bleu est assez fort pour se cacher quand il est contrarié, derrière un sourire factice.

« …J-je sais pas quoi te dire… »

Finit-il par articuler, son regard toujours rivé sur le parquet. Lionel s’était détendu et cherchait ses mots, espérant lui aussi parvenir à réconforter et rassurer son ami, histoire de dédramatiser un peu la situation. Après tout, aucun des deux ne compte partir en courant quoi quelque soient les réponses de l’autre ou ce qui pourrait se passer entre eux.  

« T’es pas bizarre. Enfin, si c’est bizarre alors je suis bizarre aussi. »

Finit par dire le Roque-Lartigue, avec un sourire en coin. Il sait que Zlatan a tendance à penser qu’il est malsain ou bizarre par rapport à beaucoup de choses et pour des raisons qu’il n’a jamais vraiment comprises. De son expérience, le Eriksen est une des personnes les plus gentilles et saines qu’il a pu rencontrer. Certes, les standards de Lionel sont très bas quand on voit sa famille et le fait qu’il doivent trainer depuis son enfance avec des personnes comme Alexander et sa famille, mais concernant l’étudiant en psycho, il n’a jamais ressenti le malaise qu’il a pu traverser face à son père et ses « amis de la haute société », par exemple. Dans tous les cas, le bleu a parfois l’impression que Zlatan se referme sur lui-même comme une huitre quand il y a du changement en vue. Le Roque-Lartigue peut comprendre comme il est aussi très attaché à sa routine, néanmoins, il est plus confortable de son côté, notamment grâce à la stabilité de sa famille. Il a plus ou moins la certitude que rien ne changera vraiment à ce niveau, mais ne veut pas penser à ce qu’il devra faire une fois qu’il aura terminé avec le lycée. Dans tous les cas, le terminale connait son ami depuis assez longtemps pour avoir constaté qu’il n’aimait pas vraiment se lier aux gens, il avait marmonné un jour quelque chose comme « je sais que c’est débile et chochotte, mais c’est que ça demande trop d’efforts et c’est fatigant ». Sur ce point, même si Lionel appréciait aussi la solitude, ils étaient assez différents tout en ayant besoin de confirmation chacun à leur manière : Lionel cherchait à être pote avec tout le monde mais Zlatan préférait garder ses distances en faisant comme s’il s’en fichait, mais les deux n’avaient pas vraiment ce qu’ils voulaient au final. Ce qui n’est pas étonnant dans la mesure où on ne peut pas attendre d’autres personnes qu’elles nous donnent exactement ce qu’on attend, où nous disent les mots qu’on veut entendre.

Mais qu’ils le veuillent où non, les choses avaient changé entre eux et pas seulement par rapport à ce qui s’est passé l’autre jour. Les deux adolescents ne se voyaient plus tous les jours alors ce n’est pas l’envie qui leur manquait. Ils se sentaient tous les deux un peu coupables de cette distance qu’ils n’avaient pas voulu voir s’immiscer entre eux au départ, encore une fois pour différentes raisons : Lionel avait le lycée, ses activités et les soirées et vacances que sa famille lui rendait obligatoires. Pour ce qui est de Zlatan, les choses étaient un peu différentes, car, objectivement, il avait beaucoup de temps libre mais le travail que lui demandait la fac disait l’inverse. De plus, s’il n’en parlait pas, il pensait beaucoup à ses problèmes de sommeil et l’errance médicale à cet égard ne l’encourageait pas à écouter sa mère qui lui disait qu’ils pouvaient tout à fait continuer de chercher des réponses à ce sujet si ça permettait de l’aider. Puis ça le fatiguait encore plus. C’était simplement beaucoup de choses à se réhabituer pour eux deux et ce qui se passait en ce moment, sur un niveau plus sentimental, en rajoutait une couche. Ce n’est pas que cela compliquait vraiment les choses en soi, mais les deux andouilles s’étaient tant attachés l’un à l’autre qu’avec cette dernière année, ils craignaient que la moindre évolution puisse terminer de les « séparer ». Oui, ils sont un peu drama-queen aussi, mais il faut les comprendre, ce ne sont que des émos de 19 ans.

Après un long silence, Lionel eut envie d’ajouter quelque chose, pour continuer à parler de ce qu’il ressentait par rapport à toute cette drôle de situation.

« C’est… je comprends, en fait. Moi aussi j’ai envie que tu puisses voir comment je me débrouille au patinage. Je te l’ai pas dit mais j’étais vraiment content que tu viennes un peu en avance l’autre jour, parce que… bin, tu es mon meilleur ami et je sais pas, ça compte pour moi que tu… et qu’en même temps, tu me fasses assez confiance pour que je vienne avec toi à l’usine. »

Lui-même ne savait pas trop où il voulait en venir. Il soupira, abandonnant un peu l’idée d’être clair en s’exprimant par des mots. Lionel avait simplement envie de sauter au cou de son ami, espérant que tout serait plus clair de cette manière, mais il ne voulait pas brusquer le Eriksen à nouveau. Cette perspective lui serrait le cœur et le frustrait un peu, à l’idée de ne pouvoir encore vraiment mettre des mots sur ses émotions, alors qu’il y réfléchissait depuis des jours.

« Enfin… je dis « meilleur ami » parce que, c’est ce que tu es pour moi et tu le resteras, mais… tu sais… je sais qu’on se voit moins qu’avant mais là, je… j’ai juste envie d’être avec toi, je crois… »

Le Roque-Lartigue sentit sa gorge se serrer sous le coup de l’émotion. Par « être avec toi », il n’était pas tout à fait sûr de ce qu’il sous-entendait. Plus proche physiquement et émotionnellement, sans doute. Si le bleu se mordait la lèvre en se maudissant de ne pouvoir être plus clair il semblait que ses mots avaient tout de même touché Zlatan. Le brun avait trouvé sens à ses propos, d’une manière ou d’une autre et sembla se détendre, moins braqué que tantôt et plus confiant. Il lui offrit même un de ses sourires en coin timides, osant finalement soutenir à nouveau son regard.

« Lio, tu sais, euh, je… Tu me manques aussi. »

Lui confia-t-il à mi-voix, en se penchant légèrement vers lui. Sans l’attitude et les regards que lui lançaient l’étudiant, Lionel sembla comprendre que son ami lui faisait comprendre qu’il était ouvert au contact physique de nouveau. Pensant reconnaitre les signes, le Roque-Lartigue se laissa guider par son instinct et ses envies en s’approchant doucement. Lorsqu’il posa ses mains sur les épaules, de son ami, le réponse du Eriksen fut immédiate : il se lova dans ses bras et l’invita à l’enlacer aussi. Lionel retint son souffle sous le coup de la surprise et s’exécuta sans même y penser, en serrant son ami contre lui. C’en était presque absurde comme les choses semblaient plus claires dès le moment où ils avaient commencé à s’embrasser ainsi. Ce n’était pas la première accolade qu’ils échangeaient, mais celle-ci n’était absolument pas identique aux précédentes. Elle leur rappela tout de suite ce qu’ils avaient ressenti le matin où ils s’étaient réveillés de manière un peu ridicule dans le lit du Eriksen. A cette idée, ils eurent la sensation de se détendre chacun leur tour, même si cela fit se raffermir la prise de l’un sur l’autre, le brun en premier, suivi de son vis-à-vis. Aussi, d’habitude, Lionel n’avait pas l’habitude de spontanément caresser le dos et les cheveux de son ami. La réaction de ce dernier ne lui donna pas tord non plus, comme il sentit Zlatan se replacer plus encore contre lui en grognant comme un gros chat ronronnant dans son cou qui redemanderait des gratouilles. Le bleu se mit à rire doucement, attendri et encore surpris par les réactions de l’autre. Ce n’est pas un secret pour lui que le fan d’occulte est une grosse chose molle qui aime beaucoup se sentir confortable et cajolé. Du moins c’est ce que Lionel a pu constater, car son ami a tendance à préférer les espaces réduits très remplis (il n’y a qu’à voir comme il grogne ou fait la moue quand on touche au bazar organisé de sa chambre), qu’il aime porter ses vêtements près du corps avec plusieurs épaisseurs même quand il fait chaud, bref, la liste de ce genre de petits détails est longue. Se remémorer ces éléments minimes du comportement de son ami ajoutait à l’état de gagatage avancé de Lionel qui n’était pas près de sentir les palpitations dans sa poitrine et son ventre se calmer.

Collé contre lui, Zlatan semblait détendu, plus mou que jamais, même, depuis que le Roque-Lartigue lui faisait des gratouilles au niveau de la nuque. Difficile pour le terminale de ne pas trouver l’autre adorable dans cet état, si bien qu’il se baissa et déposa un baiser sur la joue découverte du brun, au niveau de la mâchoire. Il n’eut pas le temps de sentir l’épiderme de l’autre frémir comme le Eriksen sursauta et se redressa vivement, cognant leurs têtes au passage, résultant une série de jurons et de gloussement incontrôlés. Lionel termina se s’esclaffer en se massant le menton, un bras toujours entouré autour des épaules de Zlatan qui pour sa part, ricanait bêtement en caressant doucement les flancs du bleu. Puis il soupira en reprenant un peu de sérieux, envoyant un regard un peu piteux à l’étudiant.

« Euh… désolé, c’était trop ? »

Le brun s’empourpra légèrement et regarda ailleurs en faisant la moue, son expression typique de lorsqu’il est pris la main dans le sac ou percé à jour.

« Euh… non… j’m’y attendais pas c’est tout, hein… »

En s’appuyant contre le sommier, Lionel laissa à son ami le loisir de se remettre à l’aise contre lui, puis ferma les yeux en soufflant avec un « mmmmh » fluet de bienheureux. Il n’ouvrit les yeux qu’en entendant l’autre se mettre à bâiller et eut l’impression en regardant Zlatan qu’il luttait pour ne pas s’endormir.

« Tu veux pas aller dormir ? »
« Mmmmh… »

Même s’il a pris l’habitude de ce genre de réponses, le patineur a encore besoin d’un instant pour différencier les « mmmmh » positifs des négatifs. Il tire une certaine fierté de faire ce « déchiffrage » sans problème et quelque part, il a toujours trouvé que les bruits et grognements émis par son ami paresseux font partie de son charme. Pour le coup, ce marmonnement était ambigu, il indiquait une réponse positive mais qui indiquait à son attitude qu’il n’avait pas envie de bouger d’où il était. Ce que Lionel pouvait comprendre car lui aussi était très bien où il était. Mais, il avait peut-être un compromis en tête.

« Sinon, euh… tu veux que je dorme avec toi… ? »

Cette fois aussi, le « mmmh » de Zlatan signifiait un « oui », mais l’étudiant se cacha aussi dans le cou de l’autre, probablement pour cacher ses joues en train de se réchauffer. Le bleu ne tarda pas à s’empourprer à son tour. Ce n’est pas la première fois qu’ils dormaient ensemble, maintenant, on pouvait le dire, mais ce n’était pas vraiment la même chose que la dernière fois. Pas de crise en vue ni d’imprévus désagréables et ils pourraient dormir longtemps le lendemain matin.

En s’installant l’un à côté de l’autre après s’être changés, ils s’observèrent un instant et Lionel ne put retenir un rictus un peu embarrassé, car il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que sans la crise de son ami l’autre nuit, ils ne se seraient peut-être pas rapprochés ainsi ce soir-là. Il ne fit par part du fond de ses pensées au Eriksen, néanmoins, car il ne voulait pas lui rappeler cette mauvaise expérience. Zlatan avait souri aussi, bien que plus fatigué qu’autre chose, puis s’était couché la tête posée sur l’épaule du bleu, se détendant en sentant le bras de l’autre entourer sa taille afin de l’attirer contre lui. Après tout, son matelas n’était pas bien grand et cela constituait une bonne excuse pour se serrer. En dernier lieu, avant de se laisser aller au sommeil, le Eriksen étendit son bras en travers du ventre de son ami pour aller saisir sa main, hésitant comme pour demander l’autorisation quand ils entremêlèrent leurs doigts après avoir éteint la lumière, puis ils s’endormirent peu de temps après.
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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeDim 5 Mai - 2:51

Trouducs-OTP III
(parce que bon, à force, jpp de compter Lionel et Zlatan qui alternent leurs PDVs comme y ont envie)

Il n’aime pas ça, il n’aime vraiment pas ça, quand le prof de maths fait venir Zlatan au tableau car ce dernier n’écoutait pas assez le cours à son gout. Lionel non plus n’écoute jamais et pourtant, lui n’est jamais humilié au tableau par le professeur.

Non, parce que, clairement, là, c’est de l’humiliation, non… ?

Se disait Lionel en se mordant les ongles en voyant son ami observer d’un air lassé le professeur en train de lui répéter de résoudre une équation « en live, parce que bien sûr, Monsieur Eriksen a préféré se fumer un pétard au lieu de bosser, une fois en plus ». Ce n’était pas la première fois que le bleu assistait à ça avec ses camarades… Rennert, le prof de maths, aimait déjà faire la vie dure à Zlatan depuis la 4e. Si les autres avaient fini par aimer sourire méchamment en coin en voyant ce « spectacle », Lionel le trouvait glaçant mais… Il n’avait pas agi pour autant. Aujourd’hui, cependant, c’était particulièrement insupportable et le Roque-Lartigue ne comprenait pas comment son ami pouvait demeurer aussi impassible face à ça.

« Tu penses vraiment que c’est comme ça que tu vas passer ton brevet ? »

« J’suis plein de ressources, m’sieur, faut pas croire… »

Les réparties du Eriksen faisaient perdre ses moyens au professeur qui lui riait au nez, désormais.

« Ah, j’espère pour toi, oui, il en faudra, de la ressource, une fois qu’il faudra aller pointer pour ton petit RSA… »


Lionel ne savait pas ce que c’était que le « RSA », mais à la manière dont Rennert évoquait la chose avec dégout et condescendance… ça n’était pas censé être gentil.

« Cool, on pourra se payer des vacances avec celui de ma mère si jamais elle perd son boulot. »

Oh, non, vu la tête du prof il va exploser et Zlatan va encore se faire engueuler et envoyer chez le proviseur…

Lionel avait envie d’agir, il n’aurait pas les mots pour défendre la cause de son ami comme il e souhaiterait, mais, en revanche, il pouvait peut-être détourner l’attention du professeur. Pris d’une soudaine hardiesse, le Roque-Lartigue leva la main et se mit à gigotter sur sa chaise, brisant le silencé glacial qui s’était étendu dans la classe.

« M’sieuuuuuur ! »

Le prof se tourna vers lui et lui fit signe de baisser le bras avec un geste agacé et un sifflement, visiblement énervé d’avoir été coupé dans son élan sadique de mauvais prof. Mais Lionel ne baissa pas la main et continua son manège.

« M-mais m’sieuuuuur ! »

Le matheux se tourna vers le Roque-Lartigue et le fusilla du regard. Il eut du mal à contrôler le volume de sa voix en étant contraint de finalement répondre à l’autre adolescent insistant.

« Quoi, Lionel ?! Tu ne vois pas que je suis occupé ?! »
« Mais… mais m’sieur… »

Bon, arrivé là, il ne savait plus quoi dire. Le professeur le pressait et allait finir par l’ignorer donc le bleu dit la première chose qui lui passait par la tête.

« Je… J’ai la diarrhée ! Y faut vraiment que j’aille aux toilettes tout de suite ! »

Il y eut un silence dans toute la classe et le professeur regarda le Roque-Lartigue d’un air décontenancé. Une seconde plus tard, Zlatan pouffa de rire en même temps que d’autres de leurs camarades et petit à petit c’est le reste de la classe qui devait se retenir de ricaner bêtement sous le regard agacé de l’adulte.

« Tu te moques de moi ? »
« … Euh, bah, euh, non ! »

Lionel s’efforça d’avoir l’air convaincant et de ne pas glousser à son tour, comme ça gâcherait tout son effet. Il aurait fallu qu’il lâche un gros pet pour être parfaitement convaincant, mais ça, il n’avait jamais réussi à le faire sur commande.

« …Bon, euh, dépêches-toi ! »

Le bleu se leva et quitta la classe en courant et en se mordant l’intérieur des joues pour ne pas rire, une main sur les fesses pour être à fond dans le rôle. C’est non sans une grande satisfaction qu’il croisa le regard complice du brun en sortant et lui offrit une œillade au passage.

« Euh, m’sieur, je fais quoi, moi ? »

En sortant, Lionel resta quelque instant à écouter à la porte pour voir si sa diversion avait fonctionné. Encore exaspéré par les évènements récents, Monsieur Rennert gromella et eleva le ton de nouveau, il avait visiblement perdu son « vibe » sadique et renvoya le Eriksen à sa place en lui demandant son carnet de liaison de manière à lui remplir un bulletin pour son « comportement de fumiste ». Puis le cours repris avec la correction de l’équation. Ce n’était pas l’idéal mais au moins, Zlatan devrait être tranquille jusqu’à la fin du cours. Lionel revint après peu de temps et trouva la classe dans le calme en train de faire de nouveaux exercices tandis que le prof de maths s’occupait de remplir le carnet de son camarade. En allant s’asseoir à sa place sur le rang de devant, il capta à temps le regard de son pote qui lui envoya un sourire en coin. Le cours se termina ainsi dans le calme et Lionel attendit le Eriksen dehors, comme ils en avaient désormais l’habitude.

Depuis presque un an qu’ils avaient fait connaissance en colle, le Roque-Lartigue ne trouvait plus autant intérêt à trainer avec ses camarades qu’il connaissait depuis le début de l’école primaire, n’en déplaise à ses parents qui préféraient choisir ses fréquentations. Pour une fois que Lionel se faisait un vrai ami, il avait franchement les boules de ne pouvoir en parler chez lui sans avoir droit à des commentaires sur le fait qu’il « ferait mieux de faire attention à ses fréquentations »… raison de plus pour profiter du Eriksen à l’école. Et puis, parmi ses camarades, on ne lui en tenait pas encore vraiment rigueur… les autres avaient l’air d’y être indifférents, en fait. A part quelques remarques sur « wah mais tu traines avec lui mais ma mère elle a dit que… », après lesquelles Lionel avait préféré changer de sujet avec le sourire, il n’avait pas à se plaindre… Enfin, s’il n’avait pas plus de soucis que ça au collège, c’était assurément grâce à son nom et à sa famille qui étaient réputés depuis que son grand-frère Hanson était passé dans le même collège, pour faire des sales descentes de police au moindre ennui rencontré par leur progéniture. Même l’administration ne les voulait pas sur leur dos. Si le bleu était embêté de devoir parfois se faire discret quand à son amitié avec son camarade, même s’il n’en était pas à le snobber, il essayait de s’en faire pardonner d’une manière ou d’une autre, comme cette fois-ci en cours de maths. Enfin, il le faisait surtout car c’est ce qu’on fait pour les amis, après tout.

« Alors, ça, va, pas trop mal au bide ? »

Ricana le Eriksen en sortant avec son carnet sous le bras, visiblement ennuyé de sa « conversation » avec Rennert. L’autre 3e gloussa en commençant à avancer dans le couloir, en direction de la sortie.

« Héhé, c’était pour de faux, hein ! »
« Bah, oui, je savais, mais c’tait marrant. »

Malgré le mauvais moment qu’il avait passé pendant l’heure de maths, Zlatan arrivait à sourire à son ami, encore amusé en se remémorant la scène d’il y a 30 minutes.

« M’enfin, j’aurais pu m’débrouiller tout seul, hein, t’étais pas obligé d’faire ça. »

Après un bref silence, le brun avait repris un ton un peu plus sérieux. Lionel lui adressa un regard alarmé.

…Quoi, mais comment ça ?

Ce n’est pas qu’il se sentait vexé, mais il ne savait pas trop comment interpréter les dernières paroles de l’autre. Pourquoi ne voudrait-il pas qu’on l’aide ? Est-ce qu’il pense que Lionel avait pu faire ça de manière intéressée ? Peut-être parce qu’il craint que Lionel subisse un traitement semblable au sien par la suite ? Le Roque-Lartigue ne comprenait pas trop et ne savait pas quoi répondre. Il entrouvrit la bouche en cherchant ses mots, mais l’autre repris la parole avant.

« ‘Fin… t’es pas responsable de moi. J’veux pas qu’tu penses que je traine avec toi pour pu avoir d’ennuis. »

…Heiiiiiiiiiin ?!

Lionel fronça les sourcils et eut un léger mouvement de recul. Il secoua la tête négativement et agita les mains d’un air paniqué, préoccupé de dissiper ce qui lui semblait être un malentendu… Quoiqu’il n’en savait rien, car il ne comprend même pas pourquoi Zlatan pourrait penser, eh bien… qu’il pourrait penser des choses pareilles !

Et puis… est-ce qu’il a tant d’ennuis que ça… ?

Cette dernière pensée attrista le bleu de manière un peu excessive. Il allait parler mais à la place, il rabattit son regard vers le sol, l’air piteux, comme si cette situation était de sa faute. Mais… s’il n’avait pas pu voir pour tous les « ennuis » du brun, alors, il se disait qu’il était un mauvais ami.

« Je… Non, mais… pourquoi tu dis ça… ? »

Le Eriksen haussa les épaules, devenant hésitant à son tour.

« Bah, je, euh… je sais pas, c’est juste que… bah… tes parents sont pas comodes quand on vient t’emmerder, alors... enfin, y’a des gens qui disent que… »

Oh, ça, oui, Lionel n’est pas très fan du zèle de son père, surtout. Mais il n’a pas vraiment d’autre choix que d’accepter sans rien dire… pour se préserver. Il pinça les lèvres, tirant une mine embêtée.

« Tu crois vraiment que je penses ça de toi… ? Que je pense que tu es pote avec moi juste parce que tu penses que moi, on viendra pas m’embêter… ? »

A ses côtés, mains enfoncées dans les poches de sa veste noire, le Eriksen avait tendu ses épaules et rentré la tête dans son cou, l’air mal à l’aise.

« Non, c’est pas ça… Je sais qu’on est potes et tout, m’enfin… j’ai un peu du mal à… enfin, à m’dire que… bah… je suis parano, en fait, j’veux pas que, genre, les gens s’imaginent ça… et pis, avant de te connaitre je te voyais un peu comme le gosse de riche qui s’entoure avec sa cour et qui… enfin, clairement, je te voyais pas être de ceux qui en auraient eu quelque chose à faire de mon cas un jour… »

Le jeune Roque-Lartigue ouvrit la bouche pour répondre, peut-être un peu vivement, puis la referma tout de suite, retournant à sa contemplation du sol tandis qu’ils progressaient vers la sortie. C’est vrai que… s’ils ne s’étaient pas croisés en colle un jour, Lionel n’aurait probablement pas essayé d’adresser la parole à Zlatan. D’ailleurs, c’est ce dernier qui avait fait le premier pas, à la base ! Car il serait juste resté convaincu qu’ « ils ne sont pas du même monde », que « quelqu’un comme lui ne parle pas aux glandeurs qui fument »… et le bleu n’en était pas fier, d’avoir pu penser ce genre de choses un jour, avant de décider sans aucun mal et sans arrières-pensées d’aller à son tour vers le brun le lendemain de l’heure de retenue qu’ils avaient passé ensemble. La « ligne » invisible que ses parents tracent entre les gens « comme eux » et « les autres » qu’on lui avait appris à considérer comme immuable n’était en fait rien du tout. Bien entendu, il demeurait des incompréhensions, des maladresses fréquentes… comme quand Zlatan regardait Lionel dire que « ça n’a rien de si extraordinaire d’aller passer les vacances aux caraïbes, c’est le travail de Papa qui paye de toute façon » d’un air blasé, par exemple. En réalité, Lionel apprenait la décence et à ne pas être trop invasif avec le brun qui avait quelques soucis de confiance… Une chose que le bleu pouvait un peu comprendre, en un sens, comme il avait ce soucis de plaire à tout prix. Mais, surtout, il avait pu apprendre, aussi niais que cela paraisse, ce qu’était une amitié sincère et qui se passait de discussions superficielles comme il en avait avec ses amis de primaire avec qui il trainait par habitude plus qu’autre chose. Pas qu’il s’en plaigne, et il ne dit pas qu’ils sont stupides, mais… tout cela lui paraissait très ennuyant et de moins en moins utile depuis qu’il connaissait un peu plus Zlatan, même si celui-ci mettait du temps à s’ouvrir.


« Hm… je sais pas trop quoi répondre mais… je trouve que t’es sympa et c’est pour ça que je traine avec toi depuis un an et tout. »

Finit-il par dire tandis qu’ils arrivaient à la grille. Tout bien réfléchi, Lionel était content que l’autre se soit confié, même s’il ne comprenait pas vraiment tout. Il sentait bien que le Eriksen était un peu confus et ne voulait pas tout dire. Mais, après tout, lui-même est tout aussi confus… enfin, il évoluait, en la compagnie du fan d’occulte au look quelque peu edgy, donc, des fois, il se prenait des douches froides, mais, ce n’était pas si mal que ça. Après un bref instant, Zlatan sembla se détendre : il souffla et se remit à sourire en coin en direction de l’autre adolescent, réajustant son sac sur son épaule au passage.

« J’trouve que t’es sympa aussi. Et, euhm, c’tait cool ce que t’as fait tout à l’heure. »

Un large sourire ravi s’élargit sur le visage du bleu, un peu trop heureux d’entendre ces paroles. Son interlocuteur en fut un peu gêné et ne sut pas trop où se mettre sur le coup. Il avait eu l’air de tomber des nues en réalisant que cela faisait déjà un an qu’ils se connaissaient, aussi et pour être honnête, Lionel aussi avait encore un peu de mal à y croire.

« Mais toi aussi t’es cool, tu sais ! »

En gloussant bêtement, ils se regardèrent d’un air complice et marchèrent vers l’arrêt de bus de Lionel, comme pour sa part, le Eriksen rentrait à pied. En observant la direction allant vers chez lui, le futur motard hésita un instant, puis fit volte-face vers son camarade.

« Dis, euh… ça te dirait, de venir à la maison ? Euh… on pourrait jouer sur la console. »

C’était la première fois qu’il avait droit à une invitation du genre, alors Lionel ne pouvait pas se sentir plus heureux à ce moment-là. C’est probablement à partir de ce jour qu’ils prirent l’habitude d’être toujours collés ensemble et aussi ce jour-là que le Roque-Lartigue fut converti à jamais par l’autre fanatique de Castlevania.


***



Après son bref passage au club manga, Lionel n’avait pas résisté à presser le pas vers la sortie ou l’attendait son ami, du moins, si cela était conforme aux SMS qu’ils avaient échangé il y a quelques minutes. Après, il y aurait forcément ce moment où, dans son agitation, Lionel confondrait probablement deux ou trois fois sa droite et sa gauche car il serait incapable de se concentrer mais, il finit toujours par trouver son chemin jusqu’à son ami l’edgelord.

Enfin, « ami », « ami »…. Huhuhu, huehuehe… hihi. Oui, ami, mais plus que ça, maintenant, pas vrai ? Hihi. Il faut vraiment que j’ose lui en parler cette fois-ci, par texto, ça aurait été un peu awkward.


La dernière fois, ils avaient un peu été rattrapés par le temps et n’avaient pas eu le temps d’avoir une conversation à base de « est-ce que tu voudrais sortir avec moi hihi » tels des collégiens un peu ridicules. De toute manière, Lionel n’avait pas eu envie de les précipiter vers ce sujet de conversation, n’étant lui-même pas tout à fait revenu de ce qui s’était passé l’autre soir. La journée d’après, ils avaient naturellement trainé au lit en ronflant et en profitant de la promiscuité pour se serrer comme des koalas, mais n’avaient eu que peu de temps pour sortir comme ils avaient prévu. Lionel avait effectivement dû rentrer chez lui un peu urgemment pour garder son cousin Xavier quelques heures et même si ça lui faisait très plaisir et qu’il adorait Xavier… bah, le programme de rester se balader avec Zlatan lui aurait bien convenu également. Surtout que derrière, la semaine revenait et avec ça, la frustration de ne pouvoir profiter bien longtemps l’un de l’autre, à part une heure ou deux certains soirs. Bien entendu, ils s’envoyaient encore plus de messages (dont le contenu mièvre est déconseillé aux gens qui ont le foie sensible) pour compenser et même si ça leur plaisait, c’était un peu limité.

Si on était dans la même classe on pourrait se voir tout le temps, c’est nul ! On aurait dû se dire tout ça y’a un an, mais… non, c’est bien comme ça aussi, en fait.

L’humeur du bleu n’eut pas eu le temps de se dégrader car il aperçut finalement Zlatan et sa moto du côté opposé à la où il s’était rendu. Il franchit avec de grandes enjambées la distance les séparant et son rictus euphorique s’élargit encore lorsque le brun sourit en coin (Lionel aimait penser que c’était peut-être en se retenant de sourire un peu trop largement) après s’être retourné vers lui. Aucun des deux n’aimant les démonstrations publiques d’affection, ils ne se sautèrent pas au cou… mais vu les « saluuuuuut… » mielleux que les presque-vingtenaires s’échangèrent, à en provoquer des crises de foie aux passant.e.s qui auraient pu les voir et les entendre… peut-être qu’une simple accolade et un baiser sobre aurait été moins gênant. Ils échangèrent des formules de politesses vives afin de s’informer de la forme de l’autre (même s’ils s’étaient déjà écrit tout ça) et avaient prévu d’aller se promener un peu au centre-ville, manger quelque chose et peut-être voir un film. Mais à l’air gêné de l’étudiant appuyé contre son deux-roues, Lionel comprit assez rapidement que leur planning serait peut-être dérangé. Il n’aimait pas trop ça, mais pouvait s’y faire et puis, si au moins il était avec son copain, enfin, son ami, ça sera bien quand même.

« Euh, en fait, on pourra pas aller en ville parce que ma mère voulait que j’aille faire le courses, et bah, donc.. »

Le Eriksen regardait ses chaussures et avait l’air réellement embarrassé. Sur le coup, le terminale pensa qu’ils ne pourraient pas passer les heures qui suivaient ensemble et ne cacha pas sa déception : il baissa les yeux à son tour et fit la moue, gorge sérrée.

« Oh… »

Le silence qui suivit fut immédiatement interrompu par l’ado en blouson de cuir afin de rectifier le potentiel malentendu.

« Mais tu peux venir avec moi, hein ! »

Dit-il en remuant sa main devant lui, pour dissiper les doutes comme s’ils étaient matériels. Lionel manifesta son enthousiasme pour les courses, cependant l’autre lui rappela qu’il ne s’agissait pas d’acheter des tonnes de trucs en plus « même si c’est ton argent » juste parce qu’il veut un peu « pimper le repas » avec desingrédients qui resteront à moisir dans les placards.  De manière générale, le bleu aime beaucoup faire les courses, surtout avec Zlatan. Parce qu’il aime passer du temps à regarder les trucs dans les rayons, remplir le caddie avec des trucs inutiles, pousser le caddie, jouer sur le caddie (d’ailleurs le patron du magasin les avait l’œil, depuis qu’ils avaient mis le caddie dans le décor en chantant des « woot woot assassin de la poliiice » et fait tomber les conserves de petits pois en promo… oui, Helène les avaient un peu engueulés ce jour-là)… En l’occurrence, la liste des courses était longue donc ils n’avaient pas trop le loisir de faire n’importe quoi, car il fallait se concentrer un tant soit peu. Puis, clairement, ils avaient plutôt hâte d’en avoir terminé pour rentrer et passer du temps seuls tous les deux, à se câliner, enfin, c’est ce que Lionel espérait un peu car il était en manque du contact du brun. Au vu de l’attitude un peu ronchonne de ce dernier, c’était assez évident qu’il n’avait pas plus envie de s’éterniser. Zlatan avait aussi l’air d’avoir sa journée dans les pattes et d’être un peu crevé, d’ailleurs, Lionel dû le « réveiller » à la caisse car il était en train de fixer le vide en somnolant debout.

« Mais pourquoi elle est toujours aussi pénible à ouvrir, la porte de chez toi ? »

Demanda Lionel en forçant sa voix faussement plaintive, ce qui fit ricaner Zlatan qui l’imita a pas de « gnugnugnu la porte buhuhu ». Cependant il ne s’était pas attendu à voir le bleu se rapprocher en s’appuyant sur son épaule et lui chuchoter à l’oreille :

« Héééé ! Mais, quand on sera rentrés et qu’on sera tranquilles on pourra se faire des câlins… »

Il lui sembla que le Eriksen eut un déclic et que la porte s’ouvrit tout d’un coup comme par magie. Une fois dans la cuisine et la porte refermée, le terminale s’était pendu comme une sangsue au bras de son ami et avait l’air de quémander son embrassade en papillonnant des yeux.

« M’fin laisses-moi poser les courses, déjà, spèce de sangsue… »

Grommela le brun sans se débattre et en lançant des regards un peu gâteux à son vis-à-vis un peu trop affectueux. Après qu’ils aient posé la sacs et que le moment qu’ils attendaient s’en venait, l’étudiant eut un léger moment d’absence et un vertige soudain qui tombait assez mal et qui le contraint à se retenir à la table.

« Ooooups… Ouhla, ça tourne. »

Fit Zlatan avant d’esquisser un geste de la main pour faire comprendre à l’autre qu’il allait bien. Le bleu lui vint en aide pour le soutenir et lui éviter de dégringoler de nouveau, momentanément paniqué.

« Tu veux pas aller t’allonger ? »

Le fan d’occulte se massa les yeux et bâilla à s’en décrocher la mâchoire avant de secouer négativement la tête.

« Hm, après les courses… »

Il entendit Lionel grogner d’une certaine façon qu’il devina que le bleu souriait en coin. Le terminale lui attrapa doucement les épaules et l’attira doucement contre son torse. Zlatan se détendit immédiatement et redevint aussi ramolli qu’un marshmallow.

« On peut toujours ranger dans 10 minutes. »

Ajouta Lionel qui l’emmenait vers la chambre tout en le gardant contre lui. Il lui semblait que son ami s’écrasait littéralement contre lui et profitait finalement très bien de la situation en le serrant plus fort entre ses bras avec des grognements de paresseux bienheureux.

« Ooooh, mais c’est qu’on en profite ! »

En l’apercevant en train de s’accrocher de la sorte avec un air presque sournois, le bleu ricana doucement et poussa la porte de la chambre et souleva l’autre comme un sac à patate afin de le poser sur son matelas. En se faisant, il se retrouva juste au-dessus du brun, ses bras posés de part et d’autres du visage du Eriksen en train de glousser, l’air un peu endormi mais victorieux.

« Qu’est-ce qui te fait riiiiire ? C’est ça ? »

Interrogea Lionel avec son plus bel air roublard, juste avant d’attaquer son ami à coups de chatouilles, l’y découvrant encore plus sensible qu’il ne l’était lui-même. Comme il voyait bien que Zlatan s’assoupissait quand même entre deux éclats de rire, Lionel s’arrêta après peu de temps puis s’allongea aux côtés de l’autre adolescent en le scrutant d’un air bienveillant.

« Tu es trop adorable, tu sais. »
« Et toi tu dis beaucoup de merde. »

Le Eriksen avait piqué un fard dont Lionel n’avait rien loupé, même avant que l’autre ne vienne se blottir contre son épaule en bâillant. En l’enlaçant finalement, le terminale se mit à l’aise et se sentit plus zen que jamais en entendant la respiration de son copain s’apaiser et ralentir jusqu’à un nouveau rythme régulier. Pour être tout à fait honnête, il ne sait pas s’il existe un meilleur endroit sur terre que là où il se trouve en ce moment.


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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeDim 5 Mai - 3:04

Trouducs-OTP IV
(edge et insuline au caca/20)

« Lio… ? Euh, ça va ? »

Le Roque-Lartigue avait le regard dans le vague. Il lui fallut quelques secondes pour remarquer la présence de son meilleur ami debout à ses côtés, sur le balcon.

« …Hein ? »

Avec une voix pâteuse et l’air franchement hagard, il se retourna. Avec son haleine et la tronche qu’il tirait, Zlatan devina sans mal que son Lionel avait bu quelques bières de trop. Le bleu passa une main dans ses cheveux en soupirant et se tapota la joue comme pour se réveiller.

« Ah, c’est toi. »

Ils ne s’étaient pas beaucoup croisés, ce soir. Ni cette semaine, ni celle d’avant, en fait. Zlatan avait passé du temps avec son cousin et il lui avait semblé que Lionel préférait être avec Riku, ces derniers temps. Depuis sa relation courte puis sa rupture avec sa copine, Rosaline, le bleu s’était refermé sur lui-même et le Eriksen avait l’impression que son ami l’évitait. Ce n’était pas la première fois que Lionel avait ce genre de comportement, lorsqu’il était contrarié à ce point et ne sentait sent pas bien et c’est bien ce qui inquiète le brun. Que son ami se mette sur la défensive et ne veuille pas en parler au-delà de « elle a cassé », c’est une chose que Zlatan respecte, mais se faire fustiger ou prendre de haut à chaque fois qu’il tente d’approcher, il commence à en avoir marre. Bon, ce n’est pas comme s’il était vraiment mieux quand il n’était pas d’humeur, en un sens, mais de son souvenir, il ne s’en était jamais pris aux autres en les accusant de participer à son malheur.

« Tu penses pas que t’as assez bu ? »

Demanda-t-il sans grande conviction, fatigué de devoir être celui qui se sent obligé de secouer Lionel, ces derniers temps, alors que l’autre le snobbait sans trop l’assumer. Il a beau adorer son ami du collège, des fois, Zlatan se dit que si le Roque-Lartigue ne change pas son attitude de petit gamin de riche pensant que tout devrait être plus facile pour lui… leur amitié ne durera plus très longtemps. Mais, « trop bon, trop con », comme dirait Soltan pour parler de son cousin et aussi de lui-même en levant les yeux au ciel. Et le Eriksen n’aime pas voir Lionel saoul en train de broyer du noir. Non seulement ça lui faisait de la peine, mais en plus, ça l’inquiétait.

« C’est encore Rosaline, c’est ça ? »

Finit-il par demander, en espérant avoir quelques réponses. En entendant le prénom de son exe (avec qui il était resté à peine deux mois mais il persistait à dire qu’ils avaient « vraiment vécu un truc de ouf et ils étaient trop amoureux et tout »), le patineur grimaça et n’osait pas regarder son ami qu’il avait esquivé par peur de se confronter, malgré les tentatives de ce dernier pour voir s’il allait bien. C’est qu’il savait que Zlatan serait probablement trop franc avec lui à son gout, car, après tout… le Eriksen lui avait dit dès le départ qu’il ne « la sentait pas trop », la Rosaline. C’est à partir de là, d’ailleurs, que Lionel avait commencé à faire la tronche et à prendre la mouche à la moindre remarque, étrangement. Enfin… Zlatan se mêle probablement trop souvent de ce qui ne le regarde pas, mais quand quelqu’un se sent obligé de tourner le dos et de laisser tomber tous ses potes pour se consacrer uniquement à son copain ou sa copine… C’est rarement très bon signe. Probablement que Lionel se sentait juste bête et que le brun était un peu dur avec lui mais… Non, il avait été assez patient. Le Roque-Lartigue pouvait aussi tirer un peu de bon d’une douche froide. Et ça passera ou ça cassera. Zlatan pouvait très bien se retrouver sans potes de nouveau, après tout, il avait l’habitude.

« Elle… Elle mentait quand elle disait qu’elle m’aimait et tout. »

Oui, ça, le Eriksen en avait entendu parler. Il avait bien vu son ami se mettre à dire « aaaah, elle m’a fait une super déclaration tu as vu, j’ai une copine ! » du jour au lendemain, passant du « ah elle est mignonne et sympa on s’est parlés en cours de physique-chimie » à « ohlalala je crois que je l’aime » en environ 48h. Pour beaucoup de raisons, Zlatan l’avait trouvé plutôt ridicule et quand il y repense, probablement assez jaloux. Pas parce que l’autre s’était casé mais parce qu’il allait peut-être moins le voir et avoir moins de moments de complicité avec lui. Et ça l’agaçait de voir Lionel se mettre dans tous ses état de midinettes pour une personne qui ne lui inspirait pas vraiment confiance et avec qui son pote partageait une « alchimie » de niveau « roulage de patin devant l’entrée du lycée pour qu’on voie qu’on est trop in love ». Et dire que le bleu disait que c’était gênant ce genre de choses, avant ça. En y repensant, Zlatan ne culpabilisait plus vraiment d’être énervé par l’attitude de Lionel.

« C’est ce qu’elle a dit après que… Comme motif de… »

Après un bref silence, le plus grand soupira, comprenant ce à quoi son interlocuteur faisait allusion. « Ouais, en gros, y ont couché ensemble, puis elle l’a lâché. » se dit-il. Bien entendu, ce n’était pas la meilleure chose à vivre, d’être utilisé de cette manière. Surtout que Lionel n’était jamais sorti avec quelqu’un avant ça. Mais encore une fois, vu de l’extérieur, tous les signes pointaient vers le fait que les deux ne filaient pas un amour parfait, que Rosaline avait son « petit copain » sous son emprise, que Zlatan avait essayé de lui faire comprendre plusieurs fois et… Finalement, ça n’avait servi à rien et il n’avait pu rien faire. Il était agacé mais en plus, il s’en voulait d’avoir été impuissant et ruminait. Cependant, maintenant que la chose était passé et que Lionel daignait finalement lui adresser la parole à nouveau… Le Eriksen ne mâcherait pas ses mots.

« Ouais, elle s’est servi de toi, quoi… C’tait pas ta faute. ‘Fin, c’est un peu ce qui me semblait, vu comme t’en parlais. »

Son but n’était pas de faire culpabiliser son ami le patineur. Evidemment qu’il n’avait pas voulu que les choses se passent ainsi. Pourtant, Lionel le regarda de travers.

Quoi, ça aussi, c’est trop franc pour lui… ? Mais tu voulais que je dise quoi, hein ? Dix de perdues, une de retrouvée… euh, non, c’est pas ça l’expression…

« …C’est bon, me regardes pas comme ça, hein ! Elle t’as traité comme de la merde et ça craint et je… enfin, ça me fait chier que ça se soit mal passé pour toi et tout mais… au moins, t’es débarrassé d’elle maintenant, elle t’as lâché. »

Et il ne pouvait que lui souhaiter d’arriver à voir venir ce genre de personnes toxiques à l’avenir, pour que la chose ne se reproduise pas. Quoique ça ne serait surement pas aussi simple. Mais, au moins, maintenant, Lionel n’était plus sous l’emprise de personne, à sa connaissance. Et si c’était le cas… Zlatan recommencerait à essayer de lui remettre les yeux en face des trous malgré tour. Sauf si… enfin, si Lionel continue d’être bouché à ce point, il y a un moment donné où la corde ne tiendra plus. Et c’est bien ce que craignait le paresseux en ce moment, vu que l’autre continuait de lui envoyer des éclairs par ses yeux rendus hagards par sa consommation d’alcool.

« Si c’est censé me réconforter, c’est raté ! Tu es obligé d’être tout le temps comme ça ?! »

Comme quoi ?! Comme un pote qui a pas envie de te dire que tout va bien quand tu vas visiblement mal depuis plus d’un mois ?

Zlatan perdit patience, après avoir entendu ça. Il leva les yeux au ciel et se recula d’un bas, levant ses bras à hauteur de ses épaules pour les laisser retomber ensuite, en signe de lassitude.

« Quoi ? Tu vas pas me dire que c’était la femme de ta vie, non plus. »

Non, ça clairement pas. Et le brun espérait vraiment que Lionel n’était pas allé se faire des films à ce point. Ce serait se faire encore plus de mal pour toute cette histoire. Mais, ça non plus, le Roque-Lartigue ne voulait pas l’entendre.

« Mais qu’est-ce que tu peux y comprendre, toi ? A part coucher avec n’importe qui… ! »

Oh, alors c’est ça le problème ? Je n’ai pas vécu le graaaaand amour comme lui avec sa « Rosa-chérie d’amour », alors j’ai pas mon ticket du club des lovers aptes à participer à cette conversation ! Et puis, pourquoi ça l’intéresse tant que ça que je… que je sache, je lui ait pas partagé ce genre de détails comme le dernier des gros beaufs !

La grande perche souffla par le nez pour se calmer et éviter de s’emporter tout de suite. Si Lionel avait envie de lui imaginer une vie sexuelle et amoureuse avec ses propres standards de fils de riche coincé, grand bien lui fasse.

« …Eh, oh… »

Maugrea-t-il en espérant conserver un semblant de calme et apaiser au passage l’autre qui… venait de lui lancer un sale regard en coin bien hautain. Bon, il l’aura cherché.

« J’te l’avais dit, hein, qu’elle était pas claire… T’avais qu’à m’écouter. »

Trancha finalement Zlatan, arrachant un rire forcé et désabusé à son ami, qui l’avait bien entendu toutes les fois où on avait tenté de lui ouvrir les yeux. C’était évident qu’il avait mauvaise conscience, mais qu’il faisait simplement le lâche.

« Personne n’est clair, quand c’est toi, tout façon. T’es tout le temps en train de parler dans le dos des gens, pas étonnant que t’aies pas d’amis. »

Les propos du bleu n’avaient pas raté et avaient bel et bien blessé leur cible. En ravalant sa frustration et en essayant d’ignorer ce qui nouait désormais ses tripes, le Eriksen se redressa et regarda ailleurs, en se rappuyant au bord de la rambarde du balcon.

« C’est ça, continue de me prendre de haut comme le dernier des gros cons de bourges. Et démerdes-toi, la prochaine fois, je suis pas ton limier. »

Jamais Lionel ne lui avait lancé un regard aussi noir, avant de partir chercher une nouvelle bière et s’isoler dans un coin.

« Et me dis pas « merci », surtout ! C’est vrai que ça m’éclate de parler à un mur ! »

Zlatan s’en était trouvé franchement blessé et était rentré chez lui une dizaine de minutes plus tard en claquant la porte.



***



Zlatan ne savait pas pourquoi il fallait que l’amertume de ce moment qui aurait pu mettre un terme à leur amitié (si Lionel n’avait pas fini par s’excuser) lui revienne dans un moment pareil. Il était pourtant si bien, depuis qu’il s’était endormi dans les bras du bleu, mais il fallait que ce rappel vienne lui foutre les glandes… Enfin, ce n’est pas le seul moment inconfortable qu’ils avaient vécu, Zlatan se souvenait encore de quand il s’en était un peu voulu de s’être endormi comme une masse en montrant le film Silent Hill à Lionel, qui avait été totalement traumatisé par le visionnage et s’était senti un peu seul à flipper, mais n’avait pas osé se lever dans le noir pour éteindre le film, ni réussi à réveiller l’autre. Il y avait aussi les trop nombreuses fois où il avait zappé leurs plannings pour sortir ou aller voir des films ensemble car il était occupé à rien faire et avait posé des lapins à Lionel, ou encore quand il s’était à plusieurs reprises excessivement énervé sur Lionel qui ne comprenait pas une notion de leur exposé que lui pensait évidente… Bref, bien entendu, qu’ils s’était plusieurs fois disputés et que ça n’était pas toujours la faute de Lionel qui n’en fait parfois qu’à sa tête et se voile la face. Quelques jours près cette « engueulade », le Roque-Lartigue était revenu, plus penaud que jamais, en s’excusant platement pour son comportement et pour l’avoir snobbé depuis des semaines puis s’était embrouillé et éternisé dans ses excuses, si bien que Zlatan lui avait juste dit « c’est bon, c’est bon, t’inquiètes, on est toujours potes, viens, on va prendre un kebab ». Mais il avait en réalité pris du temps avant de se faire « apprivoiser » de nouveau, Lionel n’avait pas tardé à comprendre qu’il faudrait quelques temps avant de retrouver leur proximité d’antan donc, il avait laissé de la place à l’autre pour regagner sa confiance.

Dans tous les cas, avoir ce genre de réminiscence dans un moment qu’il aurait pu passer tranquillement avec son ami, ça l’ennuyait. Déjà qu’en se rendant compte qu’il s’était assoupi, il se dit qu’il avait dans un certain sens posé un lapin à Lionel… en plus, c’était pour avoir les sensation de ce sale moment qui lui revenait. Et aussi certaines insécurités… il n’est pas toujours un bon pote, il est parfois égoïste, très immature et dit un peu trop tout ce qui lui passe par la tête donc, est-ce qu’il pourrait vraiment être un bon copain pour le Roque-Lartigue ? En plus… même s’il avait eu des copines, ça n’avait jamais duré bien longtemps et il ne partageait pas avec ces personnes une complicité aussi signifiante pour lui qu’avec son meilleur ami. Accessoirement, son crush sur Lionel ne datait pas d’hier et lui semblait bien plus fort que ce qu’il avait pu vivre avant. Bref, tout ça l’intimidait, en plus de ça et il allait encore buguer comme un con lorsqu’ils aborderont (peut-être) le sujet de l’évolution de leur relation. Enfin, dans tous les cas, il avait trop dormi pour une simple « sieste » et il devait se lever. Ce ne fut pas son irritation passagère qui le réveilla, toutefois, mais le bruit et les voix venant de la cuisine. En reconnaissant la voix de sa mère et en constatant qu’elle était revenue et que la lumière avait décliné dehors, le Eriksen se leva un peu en catastrophe, se secouant un peu trop vite si bien qu’il se fit mal au crane au passage.

Ah, merde, mais combien de temps j’ai dormi, encore… ?

Intégralement groggy, il se dirigea en essayant de focuser ses yeux pour ne pas y voir flou vers la cuisine. Helène était bien rentré et re-triait les courses que Lionel avait certainement dû ranger sans savoir exactement où elles devaient aller… Il faut dire que le gosse de riche était un peu à la masse, pour ce genre de choses. Même s’il voulait bien faire, Zlatan savait que son copain était un peu sur une autre planète (une planète de richard qui n’a pas vraiment l’habitude des tâches ménagère, disons-le) quand ça concerne ce genre de trucs domestiques.

« … et n’oubliez pas de mettre les fruits au frigo, aussi ! »

Disait la grande blonde lorsque son fils passa la porte. Elle le vit arriver, lui adressa un bref sourire (elle avait quand même l’air de bonne humeur), puis posa ses mains sur les hanches dans une attitude de reproche.

« Ah, tu es là, tu aurais pu montrer à Lionel où ranger les courses ! »

Un peu piteux mais aussi reposé, le Eriksen haussa les épaules et se gratta la tête dans une mimique un peu embarrassée.

« …Désolé, ‘me suis endormi… »

En prononçant ces mots, il avait reporté son regard vers Lionel et les deux gloussèrent comme deux abrutis mièvres en repensant à leur séance « câlins et chatouilles » qui avait précédé la sieste. La mère Eriksen les regarda en arquant un sourcil intrigué puis roula des yeux en quittant la cuisine.

« Bon… je vais aller me reposer, mais, tu veux rester à manger avec nous, Lionel ? »
« Ah… non, je peux pas, mes parents m’attendent ! Mais c’est gentil de proposer ! »

En entendant ce dernier échange, la guimauve edgelord de service fut un peu brutalement ramené à la réalité : le temps était passé trop vite, Lionel devrait bientôt partir et il n’auront pas eu le temps de pleinement profiter l’un de l’autre. Il se tut en terminant de ranger les courses tandis que sa mère prenait son thé et s’en alla se poser dans sa chambre où elle avait allumé la télé. Son ami le gosse de riche ne commença à être préoccupé par le retour brusque au silence de Zlatan qu’en revenant dans la chambre. Une fois de nouveau seuls, il devint évident au bleu que son ami était contrarié, à la manière qu’il avait de s’asseoir en rassemblant ses genoux contre lui, saisissant ensuite la manette de sa console sans rien dire. Ne sachant pas trop comment réagir, Lionel commença par se poser au bord du lit sans rien dire, puis attendit de voir quelques signes de détente chez son ami.

« … Ça va… ? »

Finit-il par dire en se tortillant un peu nerveusement sur le lit, essayant de capter un regard chez l’autre qui s’était renfermé. Ce n’est pas qu’il voulait le forcer à parler… enfin, il espérait simplement comprendre ce qui alarmait le Eriksen au point qu’il soit devenu aussi silencieux d’un coup. Mine de rien, il trouvait ça inquiétant.

« Hmmmm… »

« C’était un « hmmm » de la culpabilité », ça, se dit Lionel. Il commençait à suffisamment connaître son copain pur comprend d’où venait son irritation apparente. Doucement, le terminale se rapprocha de son ami qui ne broncha pas.

« Bah, quoi ? »

Son ton était tout à fait inoffensif et trahissait un peu son inquiétude. L’étudiant s’en rendit compte et mit son jeu sur pause puis se retourna vers Lionel. En se soulevant au passage afin de rejoindre son ami assis sur le matelas, Zlatan chercha ses mots en s’emmêlant les doigts, manifestement embêté.

« Bah, rien, t’aurais dû me réveiller… »

La tête légèrement inclinée sur le côté et un sourire tendre sur les lèvres du bleu fit se détendre un peu le brun. Cette vue de son meilleur ami fit s’emballer son rythme cardiaque et ressentir un léger pincement agréable dans la poitrine.

« …Mais… T’avais l’air fatigué, t’es tombé direct alors… »

A ces mots, Zlatan se remit à regarder le sol. C’est vrai qu’il se sentait un peu bête de culpabiliser pour être fatigué, alors que l’autre lui dit déjà souvent que cela ne le gêne nullement. Un frisson agréable le parcourut et lui tira un soupir de détente lorsqu’il sentit la main de son vis-à-vis venir effleurer puis laisser un instant de latence avant d’avoir l’autorisation de se poser sur son épaule, glissant lentement contre son bras puis jusqu’à sa main.

« Tu sais qu’on aura d’autre occasions, hein ? »

La voix du bleu avait le chic de réchauffer et de rassurer le Eriksen, ces temps-ci. L’idée de revoir Lionel plus souvent pour s’enlacer et passer des moments comme celui-là faisait manquer quelques battements à son cœur et remplissait son ventre de fourmillements. C’est vrai que ce n’est que partie remise et puis, après tout, il pouvait avoir confiance en le fait que Lionel l’aimerait toujours, même s’il doit passer les prochaines fois à se reposer en sa présence, n’est-ce pas ? Même si ses insécurités perduraient, l’edgelord voulait croire les propos de son ami et hocha la tête doucement avant de se confier à nouveau.

« Ouais mais ça fait chier… Je pensais qu’on sortirait et tout mais, bah, voila. »

Maugréa-t-il en faisant encore un peu la moue. Lionel soupira à son tour puis lui tendit les bras afin de l’inviter contre lui comme tantôt.

« Allez, viens-là. »

Même s’il pinçait les lèvres avec son habituelle expression grincheuse, l’étudiant accepta avec une joie et s’affaissa sans se gêner pour prendre de la place dans le creux du bras de son ami. Ce dernier entoura son cou et joignit ses mains au niveau de son épaule afin de l’attirer un peu plus contre lui.

« C’est pas grave. En plus j’ai un peu roupillé aussi. »

Ajouta-t-il avant de fermer les yeux pour profiter du moment, laissant ses doigts dessiner des formes abstraites entre les omoplates du plus grand. Les deux restèrent ainsi quelques secondes, puis il sembla au brun que son ami avait l’air de respirer étrangement. Quand il ouvrit les yeux, Zlatan eut un léger mouvement de recul en réalisant que l’autre était en train de le renifler comme si ne rien était.

« T’es en train de me sniffer, là ? »

Demanda-t-il, mi-choqué, mi-amusé de cette réalisation et de devoir formuler ça à voix haute. Lionel n’avait pas l’air de trouver ça étrange et se contenta de l’observer en silence, toujours lové dans le cou plus grand où il continuait de renifler. Il avait l’air content de lui, en plus.

« Bah, oui ! »

Plutôt perplexe face au comportement de son meilleur pote, le Eriksen se redressa et s’assit sur le matelas. En croisant les bras sur son torse, il scruta son ami, allongé comme une princesse romaine, qui l’observait avec un sourire hagard.

« Tu me reniflais aussi quand je dormais ? »

Demanda-t-il finalement en arquant un sourcil et avec un regard du jugement. Dit comme ça, le bleu sembla lui aussi trouver ça un peu étrange et pinça les lèvres en regardant ailleurs, piquant soudainement un fard. Il ricana aussi bêtement en s’emmêlant les doigts, levant les yeux au ciel d’un air candide, comme pour dire : « ah euh oups, c’est un peu bizarre, c’est vrai, que je suis maladroit ! ». Son interlocuteur fit la moue et l’observa d’un air blasé, loin d’être malaisé car la situation était plutôt cocasse. Quelque part, c’est aussi qu’il avait simplement envie de taquiner son crush pendant qu’il faisait sa tête de chien battu. Et, non, c’est pas vrai, Zlatan ne le trouvait absolument pas adorable, surtout quand il vient le renifler !

« … Mec, t’es chelou… »

Lui fit-il remarquer et l’effet fut immédiat sur le Roque-Lartigue qui gonfla les joues et croisa les bras, faussement boudeur. En se redressant à son tour, le bleu se remit à geindre en se rapprochant d’un air suppliant de son ami, comme s’il voulait obtenir le pardon pour la plus grosse erreur de sa vie qui mettra fin à leur amitié pour toujours. Bien entendu il n’y croyait pas vraiment, mais Lionel adore faire le drama queen.

« Maiiis… ! Tu sens bon ! …Enfin, euh, désolé. La prochaine fois je demanderais ! »

Le brun roula des yeux, émit un rire guttural et laissa tomber ses bras en s’avachissant sur le lit.

« Genre « hé, Zlatan, je peux te renifler ? » ? Je préfère autant que tu dises rien, hein. »

L’autre lui répondit un « baaaah, oui ? » amusé et se mit à rire à son tour en se rapprochant encore un peu jusqu’à poser sa tête sur l’épaule de son ami fan de fantômes. En le voyant se reposer ainsi et laisser aller son regard dans le vague, le Eriksen devina sans mal que son ami avait quelque chose qui lui démangeait de dire, mais qu’il cherchait ses mots avec précaution avant ça. Pendant qu’il réfléchissait, le bleu avait de nouveau laissé glisser sa main jusqu’à celle de son hôte et il joua quelques minutes avec ses doigts avant de finalement se remettre à parler.

« Hé, euh… Est-ce qu’on est… »

Même si Lionel ne le regardait pas, d’où il était, Zlatan avait pu remarquer que les joues de l’autre étaient en train de s’empourprer de nouveau. Son propre teint commença à tourner vers le rose en anticipant ce qui allait bien pouvoir se dire. Sentant que c’était peut-être important et que ça concernait peut-être la manière dont les choses avaient évolué entre eux récemment, l’étudiant tenta de garder le contrôle malgré le fait que ses battements cardiaques s’emballaient sérieusement.

« Tu veux qu’on… ben… sorte ensemble ? »

Quand son ami se tourna vers lui pour prononcer ces derniers mots, le brun devint écarlate et eut du mal à retrouver une respiration normale avant 2 ou 3 secondes. En retenant son souffle, il cligna des yeux en fixant Lionel, comme pour lui demander s’il n’avait pas mal entendu ou déformé ses paroles. Après quelques instants de bug où il ne devait pas avoir l’air très malin, l’edgelord parvint à aligner quelques syllabes :

« Euh… bah… t-tu veux dire… »

Bien sûr, il voyait ce que l’autre voulait dire, mais, il y avait toujours la possibilité qu’il s’imagine des choses. Difficile cependant de se dire avec les propos et les gestes qu’ils échangeaient depuis qu’ils sont arrivés (et même depuis quelques semaines) que Lionel veuille signifier autre chose que… bah, que ce que « sortir ensemble » signifiait assez clairement. Il ne parlait certainement pas de simplement aller dehors pour prendre l’air.

« Bah, euh, je veux dire, est-ce que tu veux bien être mon… bah, mon copain ? »

Répondit-il tout de même en bonne foi, préoccupé par le fait de mettre au clair tout ça une bonne fois pour toute. Enfin, toutes les zones d’ambiguité n’étaient pas encore mises en lumière et à part le fait qu’ils étaient clairement attirés l’un par l’autre, les deux adolescents étaient encore loin de pouvoir mettre des mots précis sur leurs sentiments respectifs. Ce qui était certain en revanche, c’est que les deux avaient besoin et envie de voir l’autre au-delà d’une relation amicale tout à fait platonique. Il est évident pour Zlatan que maintenant qu’ils avaient de manière assez naturelle passé cette « ligne » immatérielle en s’autorisant à donner un nouveau sens à leurs paroles et eux gestes qu’ils échangeaient pour conforter l’autre, qu’il aurait pour sa part beaucoup de mal à s’en passer. Le brun était certain de ne pas avoir envie que cela s’arrête pour le moment et malgré le vertige et la réserve que lui provoquent le fait d’essayer de mettre des mots sur ce qu’il ressent pour le moment, Zlatan était curieux de voir la suite. Enthousiaste, même : il se sentait un peu euphorique même s’il ne savait pas bien comment le montrer.

« Ou… Ou-oui… ? Euh je veux dire euh, oui, oui ! Enfin… ouais. »

Après le moment de « je me sens très bête » que lui provoquèrent ses dernières paroles (ou plutôt des onomatopées, en l’occurrence), le Eriksen sentit ses oreilles chauffer de nouveau et il se mit à ricaner pour dissiper le côté awkward de la situation. Lionel l’imita et semblait absolument ravi, ça faisait littéralement chaud au cœur de son ami… enfin, son « petit » ami (diantre qu’il trouvait cette appellation naze mais en même temps la grosse guimauve sapée en noir adorait ça).

« Aaaah ! C’est trop cool ! »

Jubila le bleu en remuant ses jambes sur le matelas, témoignant de son ravissement, comme de manière générale, il gesticulait beaucoup dans ses moments de grande joie. Une fois qu’il eut fini de s’agiter, Lionel se colla de nouveau à son copain, lui souriant avec douceur et des lueurs joueuses dans les yeux. Pas compliqué de deviner qu’il avait quelque chose à demander et on ne tarderait plus à savoir de quoi il pouvait bien s’agir.  

« Et… est-ce que, du coup, j’peux t’embrasser ? »

A la manière dont il avait attrapé ses chevilles rangées avec ses jambes croisées en tailleur et dont il souriait, Lionel ne cherchait pas à cacher le fait qu’il était très curieux de savoir ce que ça leur ferait de partager ça. D’ailleurs il n’était pas le seul et il ne fallut pas deux secondes au Eriksen pour hocher la tête de manière appuyée et avec un rictus en coin un peu provocateur qu’il ne pouvait pas effacer. Parce qu’il fallait quand même que le brun joue les effrontés comme pour lancer des « bah t’es cap ou t’es pas cap ? » à son comparse alors qu’il sait pertinemment qu’au fond, il se sentirait trop intimidé pour initier ce genre de geste. Pour cette fois, en tout cas car à l’avenir, ça pourrait peut-être changer.

Dans tous les cas, maintenant qu’il s’était assuré d’avoir le consentement de son copain, Lionel passa un bras autour des épaules du Zlatan et commença à se rapprocher de lui. Son compagnon ferma les yeux en premier et le bleu déposa un baiser très bref et léger sur les lèvres de l’autre, dont la réaction ne se fit pas attendre. Le Eriksen ouvrit un œil et lança un regard blasé à son vis-à-vis qui avait l’air de beaucoup s’amuser à jouer la sainte nitouche et à faire durer le suspense à sa manière.

« Ok, super, t’es vraiment un gros thug… et c’est tout ? »

Le Roque-Lartigue peut-être extrêmement roublard quand il s’y met, mais Zlatan s’impatientait un peu, même s’il gloussait bêtement avec l’autre andouille aux cheveux bleus. Lionel n’était pas du genre à vouloir le frustrer éternellement non plus et s’y remit donc avec ferveur. Sa main libre qui n’était pas enroulée avec son bras autour de l’autre vint chercher le visage du brun qui suspendit un instant sa respiration en constatant leur proximité. Tandis que ses doigts glissaient sur la joue de son ami, le bleu sentit un pincement agréable dans sa cage thoracique lorsqu’il embrassa à nouveau les lèvres de l’étudiant. En se donnant le temps d’en profiter cette fois-ci, Lionel soupira brièvement en se penchant un peu plus pour se replacer de manière un peu moins maladroite contre la bouche entre ouverte de Zlatan en train de lui répondre, de manière un peu empotée également. Le brun passa une main hésitante dans les cheveux mi-longs de son copain pour le garder un peu plus au contact de ses lèvres, avant qu’il ne se détache et dépose d’autres baisers sur ses joues et ses tempes. Le Eriksen entrouvrit ses yeux à temps pour voir son gros chat en train de les fixer depuis le pas de la porte que le félin avait réussi à entrouvrir une fois de plus… et Patate se mit à miauler de manière très sonore une fois qu’il comprit que son « grand frère » (comme Patate est autant le bébé d’Hélène que l’est Zlatan, ce dernier soupçonne d’ailleurs sa mère de préférer un peu le matou) l’avait vu.

« Grmbl, on a pas d’croquettes pour toi, sale matou… »

Grogna-t-il en entendant Lionel glousser dans son cou tout en continuant de lui embrasser le coin des lèvres et d’autres endroits du visage tout en d’amusant avec ses cheveux. Le Eriksen se ramolli et ferma les yeux de nouveau, prenant le visage de l’autre entre ses mains afin de quémander d’être bécoté de nouveau. C’est le moment que choisit le gros chat noir et blanc au longs poils pour grimper sur le lit et se frotter aux adolescents en continuant de miauler de de grogner. L’un se mit à rire mais l’autre, qui était aussi censé être son « maître », émit de nouveau grognements en essayant de chasser le chat en train de se mettre à l’aise sur ses cuisses à coup de « tsh, tsh, mais va-t-en ‘spece de saloperie ! brrr ! kssh !! ». Mais Patate ronronnait déjà et massait la jambe de Zlatan avec ses patounes, sous le regard attendri de Lionel qui trouvait la scène très mignonne et ne se passait pas de le dire à l’oreille de son petit ami entre deux baisers sur la joue de ce dernier en train de grommeler pour la forme. En restant complètement collé au brun qui s’occupait de donner des gratouilles au félin envahissant, Lionel attrapa la manette de la console et se permit de continuer la partie de Castlevania que son ami avait reprise tout à l’heure. En ricanant des « mais non là je l’ai déjà fait, mais non, mets pas cette âme-là, elle est toute pourrie et… ah tiens, merde, je l’avais raté ce secret, mais roh, euh… » que lui lançait l’autre toutes les cinq secondes, et donc les simagrées étaient calmées très facilement par un bisou déposé dans ses cheveux ou sur son nez. Même si cela avait été toujours trop bref à leur gout, les deux ados se sentirent moins vides et attristés de se séparer l’heure venue, probablement car ils avaient enfin pu commencer à mettre des mots sur ce qui les travaillait depuis maintenant quelque temps. Si cela n’arrangeait pas vraiment les questionnements nombreux qui tournaient dans leurs têtes sur ce que cette relation allait devenir, il est certain qu’ils étaient tous deux curieux de savoir où ça pourra les mener.
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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeLun 17 Juin - 0:39

Martin II

Malgré la galère que constitue le fait de devoir se changer pour aller à ces cours, Martin aime les heures de sport. Il aime courir et se défouler sur les terrains, car, dieu sait qu’il a des choses qui demandent d’être évacuées de son esprit, plus ou moins en permanence. Beaucoup de colère accumulée, principalement envers sa mère et lui-même et aussi envers l’indifférence de son père camouflée derrière une façade souriante. Puis, il y a toutes les bêtises intériorisées qui s’entêtent à lui faire croire qu’il se comporte comme un gamin capricieux qui veut faire son intéressant en essayant de se sentir mieux en s’affirmant dans le genre qui lui convient le mieux. C’est une chose qu’il fait avant tout pour lui-même, et ça aussi, ça le fait se sentir parfois moins légitime… comme si ça voulait dire qu’il ne l’assumait pas vraiment car il ne proclamait pas haut et fort sa transidentité. C’est quelque chose qu’on lui avait déjà reproché oui, sur les réseaux sociaux, de ne pas avoir l’air « assez trans » ou « pas assez masculin »… ce qui faisait bien entendu beaucoup de bien à sa dysphorie de genre. Enfin, c’est aussi pour ça qu’il s’attachait quand même beaucoup aux cours de sport, ça lui vidait la tête mais lui permettait aussi de chercher une sorte d’affirmation un peu plus « masculine », aussi cliché et sexiste que cela puisse sonner. Le fait qu’il soit parmi les meilleurs de la classe pour ce qui est de l’EPS lui avait effectivement valu une certaine « confirmation », certes superficielle de certain.e.s de ses camarades. C’était aussi l’occasion de faire un peu le kéké, de s’amuser avec Sam, aussi, en espérant en impressionner d’autres. Pas seulement Helmut, pour le coup, mais aussi le reste du groupe, dans un espoir de validation, il faut bien l’admettre. Le Rosenthal a néanmoins la sensation que depuis le banc des remplaçants, le matheux l’avait plusieurs fois regardé évoluer sur le terrain alors qu’il était dans l’équipe adverse. Mais la plupart du temps, il préférait causer avec Natsume, sans doute des trucs de nerds fans de « Star-trucs », comme disait ils disaient avec Sam pour vanner sur des trucs auquels ils n’étaient pas fichus de s’intéresser car trop occupés à faire les crâneurs insupportables. Bon, Martin ne le dira pas à Samaël, bien entendu, mais récemment il s’était mis à regarder tous les films de science-fiction ou « de geek » favoris d’Helmut, car Olaf lui donnait quelques titres quand il était de bonne humeur (rarement, donc, mais quand même), en roulant des yeux parce que « quand même, tu pourrais aller lui demander toi-même, un jour, non ? ». C’est vrai qu’il aura l’air con, le jour ou il aura tout vu et qu’il se ramènera soudain vers Helmut pour lui dire « héééééé au fait, lol, Enterprise Picard Super NES Metroid Mother Brain, hein ! ». Le pire, c’est que même en dehors des informations que lui donnait Olaf (et Martin se demandait parfois s’il ne devenait pas un peu stalker, mais, eh, après tout il ne fera jamais pire que la réputation d’Eriksen), il commençait à apprécier le Nagel-Griffin. Après tout, lui et Olaf partageaient certains trucs (pour le dire, d’être gays comme des pinçons et tout sauf cisgenres) et ce dernier lui avait même montré une salle du campus où se changer tranquille s’il en avait besoin.

Comme d’habitude après le cours de sport, Martin se hâta de gagner la sortie sans passer par les vestiaires et couru pu gagner l’aile sous-terraine du campus (abritant encore quelques sales de TP mais surtout des vieux locaux inutilisés) en faisant attention à ne pas être vu. Depuis les quelques semaines qu’il empruntait la salle, le blond se demandait souvent comment Olaf avait eu les clés (qu’il cachait à un endroit bien précis connu de quelques personnes, nommément lui, Olaf, Alexander et quelques autres nom inconnus du Rosenthal). Après s’être enfermé, Martin put finalement se changer, regrettant l’absence de douche, mais il ne voulait juste pas imaginer l’état dans lequel il serait de devoir se laver dans les douches collectives… A ce prix-là, le blond préférait encore attendre de rentrer chez lui à l’heure du repas dans quelques heures. Prêt à retourner en cours et regrettant de ne pas pouvoir plus prendre son temps, le gosse de riche sorti de sa « cachette » après s’être assuré de n’entendre aucun bruit dans le couloir puis regagna l’extérieur sans plus traîner. Les cours d’anglais n’étaient clairement pas ses favoris mais bon, c’était un peu marrant d’y aller pour entendre l’accent de merde de Nagel qui faisait quand même du zèle pour participer à l’oral et booster sa moyenne. Un petit sourire réjouit allait se former sur ses lèvres lorsqu’il fut surpris au détour d’un couloir.

« Ah ! Rosenthal ! Je te cherchais. »
« AAH ! »


Bordel de… pourquoi quand je pense à son accent anglais de merde il faut qu’il apparaisse, ce crétin ?!

La tête encore dans ses ruminations, Martin ne voulait même pas penser à la perspective que le binoclard l’avait peut-être en sortant du sport afin de le croiser avant le prochain cours. Cela le fit se mettre plus sur la défensive qu’à l’accoutumée, serrant son sac contre lui et regardant ailleurs que dans les grands iris bleues de son camarade classe.

« Qu’est-ce que tu veux, Nagel ?! »

Demanda le blond en contournant précautionneusement Helmut afin de reprendre son chemin d’une marche rapide. Au moins, l’autre n’était pas insistant et garda ses distances en se mettant à marcher derrière lui, ce qui fit grogner Martin à nouveau, puis il se rappela qu’ils se rendaient au même endroit et se tut.

« Attends, euh, c’est juste que… on a un exposé à faire ensemble en physique. »


Toujours aussi tendu, Martin fit un brusque volte-face et plissa les yeux en direction du plus grand.

Y m’impressionne même pas avec son mètre 80, d’abbord !

En continuant de défier l’autre du regard, le blondin se redressa aussi droit qu’il le pouvait et essaya d’avoir l’air intimidant. A vrai dire, ça ne marchait pas très bien. Le binoclard aux cheveux noirs se contenta de cligner des yeux et de pencher la tête sur le côté, manifestement confus.

« J’ai jamais voulu faire un exposé avec toi. »

Cracha le Rosenthal en se donnant l’air suffisant et le plus détaché possible. Voir son interlocuteur réagir avec un air embarrassé l’emplit d’une certaine satisfaction… mais il sentit aussi une pointe de culpabilité, surtout lorsqu’il se fit la brève réflexion que « mais pourquoi j’ai dit ça, il est mignon ». En retroussant les lèvres et haussant les épaules d’un air crispé, le Nagel se mit à regarder ailleurs en lui répondant.

« Bah, oui, je sais, mais c’est Rochard qui s’est dit qu’elle allait nous mettre en binôme. »

Mais c’est pas possible d’être aussi MOU !

Se dit le binoclard aux sourcils blonds tellement froncés qu’il allait se rider avant l’heure, exaspéré par la voix posée et la diction quelque peu molle de l’autre.

Olaf fait des phrases courtes et perd pas trois heures, lui, au moins ! Ahah !

Sans prendre le temps de se demander pourquoi il préférait bolosser Helmut dans sa tête plutôt que se concentrer sur le sujet principal de la discussion, Martin sentit tout de même qu’il était urgent de continuer à chigner.

« Quoi ?! Mais quelle vieille pie, celle-là ! »


Rochard n’est pas la pire prof de physique du monde mais elle est connue pour être parfois un peu vicieuse.

Et là, vous allez pas me dire qu’elle savait pas que ça emmerderait tout le monde, son fichu système d’entraide, là…

Et puis de toute façon, Martin ne fait pas vraiment de discrimination quand il s’agit d’être un gros rageux plein de sel avec les gens. Mais il a quand même ses chouchous, il n’y a qu’à voir sa manière d’être avec Helmut, dont il a particulièrement envie d’attirer l’attention.

« Bah, oui, je sais, mais c’est juste qu’elle voulait qu’on s’entraide pour… »

Le blond leva les yeux au ciel et poussa un (trop) long soupir, coupant au passage la parole à l’autre. Il ignora que le fait que l’autre ne manifeste pas un enthousiasme de fou à l’idée de faire équipe ensemble provoqua chez lui un pincement de cœur.

« J’ai pas besoin de ton aide, j’te rappelle que je suis, genre, 4e de la classe ! »

Ah oui, il aime bien le rappeler, qu’il passe du temps sur ses cahiers et profite bien de sa grosse culture™ d’enfant de riche. Il sait aussi que le Nagel est toujours en tête dans le classement et le souligner est une bonne manière (selon sa logique foireuse) d’attirer l’attention du brun en se donnant l’air intelligent.

« Bah, oui, je sais… »

Mais, encore une fois, Helmut n’était pas très impressionné. C’est pour ça que Martin grogna encore et aurait presque tapé du pied par terre en reprenant la parole et en fixant le brun aux yeux bleus d’un air qui signifiait « MAIS REGARDES MOI LAAAAAA, AU LIEU DE MATER TES CHAUSSURES ! ».

« Arrête de dire « bah oui je sais », putain ! »

Lui ordonna-t-il en espérant une fois de plus apparaitre en contrôle de lui-même. Il se retourna une nouvelle fois pour voir la réaction de son camarade, dont l’expression avait un peu changé. L’espace d’une seconde, le Nagel avait l’air un peu moins neutre, Martin crut même voir un sourire en coin passer sur le visage du nerd.

« Ok… »

Agacé par ce qu’il pensait avoir vu sans en avoir la confirmation, le Rosenthal pinça les lèvres. Mélangé entre l’irritation à l’idée que son camarade puisse se moquer de lui et la frustration de ne pas comprendre les raisons à l’origine de ce sourire, le binoclard aux cheveux blonds se crispa. L’idée qu’il était une attraction risible pour la personne qui occupait souvent ses pensées ne plaisait vraiment pas à Martin, ça lui nouait la gorge. Il n’osa pas poser la question, de peur de recevoir une réponse capable de le blesser et se contenta de soupirer, exaspéré avant de faire volte-face vers leur destination.

« Euh, mais du coup, on… on fait quoi pour l’exposé… ? »

Demanda l’autre vainement, en lui emboitant le pas prestement. Après un nouveau grognement, Martin marmonna « après les cours de l’aprem au CDI », puis ils rejoignirent leur classe et leurs compagnies habituelles.



Les cours jusqu’à la fin de leurs dernières heures de l’après-midi semblèrent étrangement longues au blond. Passé la surprise désagréable d’avoir croisé Helmut de manière inopinée dans les couloirs, Martin avait pu prendre quelques heures pour se projeter dans leur entrevue du soir-même. S’il mettait de côté la peur que son camarade lui pose des questions déplacées sur son absence de quelques jours et les raisons de son passage au sous-sol, le Rosenthal se sentait plus détendu. Et puis, se projeter dans les moments privilégiés qu’il passerait avec l’autre binoclard au CDI faisait poindre des palpitations agréables dans son estomac.

En se dirigeant vers la bibliothèque du campus, le blondin était envahi par une certaine excitation qu’il s’efforçait de contenir, relativisant en imaginant qu’il serait certainement déçu. Mais ce n’est pas pareil que les moments où ils se croisent habituellement alors il anticipait car ne savait pas à quoi s’attendre… là, ils seraient au calme et entre eux, pas à une soirée trop pleine de monde ou dans les couloirs entourés de leurs camarades de classe. Martin ne serait pas influencé par eux, cette fois, quand il s’agit de se moquer des nerds…

Bon, ok, je suis un sac à merde aussi. Tout ça pour cacher qu’une fois chez moi je passe mon temps à lire des trucs sur l’histoire de l’art que j’ai pris à la bibliothèque. Mais ! Il a l’air con aussi avec ses… ses lunettes, là ! Et son look de premier de la classe avec ses chemises boutonnées jusqu’en haut et ses cheveux gras et… ses yeux bien trop bleus qui… urrrhh. Dégueu. Ohlala.

Arrivé le premier, Martin eut droit à l’interminable scène beaucoup trop awkward de la vision du Nagel qui arrivait après lui, où chacun des deux ados faisait comme s’il n’avait pas vu l’autre pour ne pas rendre la situation et l’anticipation plus embarrassante.

« Bon, on y va ? »


Lança le blondin une fois qu’Helmut fut arrivé à sa hauteur, afin de se donner, une fois de plus, l’air d’être en contrôle… de la situation, pourquoi pas, mais surtout de lui-même. Sans dire un mot et en se contentant d’un hochement de tête, le brun lu suivi jusqu’à une table libre dans la section scientifique du CDI. Martin fronça les sourcils en sortant ses affaires tandis que l’autre commençait déjà à lui expliquer tout ce qu’il avait fait pour le plan et les axes de leurs exposés. Mains sur les hanches, le blondin observa l’autre en train de s’exprimer d’un ton limite autoritaire en parlant ce qui devait être « leur » travail. Il grogna et tapota du pied sur le sol avec son meilleur regard de smiley en colère, manifestant son agacement vis-à-vis d’Helmut qui semblait vouloir absolument jouer au chef de chantier.

Ok, sinon, je vais pouvoir dire un truc où bien, tu vas me donner un texte à apprendre par cœur pour que je récite TON truc de merde ?!


Lui qui était détendu depuis 10 minutes, il avait de nouveau envie de hurler à la tronche du binoclard. Cependant, il se contenta de soupirer de manière sonore pour attirer l’attention de l’autre en train de tergiverser tout seul sur son plan (dont il était visiblement très fier). Cela finit par faire relever la tête au Nagel qui était jusqu’à présent trop concentré pour écouter les paroles de l’autre binoclard. Quand il fut sûr d’avoir son attention, ce dernier se redressa, dos bien droit et s’éclaircit la voix de manière obséquieuse.

« Ouais, sinon, je vais avoir le droit de faire un truc dans NOTRE exposé, sinon, ou alors, t’as prévu de m’utiliser comme figurant mal payé ? »


Et encore, avant qu’on me dise quoique ce soit… j’ai été bien plus aimable que j’avais envie de l’être !

Un lourd silence passa dans le CDI et les deux adolescents se défièrent du regard quelques longues secondes. Ce fut Helmut le premier à baisser les yeux, en arquant un sourcil, l’air plus intrigué qu’effrayé du point de vue de Martin. Néanmoins, il prit la résignation apparente de son interlocuteur pour sa victoire, ce qui lui tira un de ses sourires en coin de tête à claque arrogante. Il eut la mauvaise surprise de voir l’autre hausser les sourcils en l’observant un nouveau, puis sourire discrètement de nouveau, comme il l’avait fait quelques heures plus tôt dans le couloir.

Ah ! Je vais pas le laisser passer, cette fois !

« Quoi, ça te fait marrer ?! »

Il eut, en guise de réponse, droit à roulement d’yeux des plus lassés de son camarade de classe. Le Nagel finit par lui répondre, après avoir pris quelques secondes pour réfléchir.

« Oh, ça va, arrêtes un peu de gueuler… »

Si de la fumée avait pu sortir des naseaux du blond, alors il se serait bien changé en locomotive sur-le-champ. Il lui fallut se contenter de serre les poings en soupirant en fusillant l’autre adolescent hautain par les yeux.

« Bref, tu réponds à ma question ?! »

Traduire par : « tu peux souligner ma présence en me confirmant que tu m’inclues ? », ce qui, en soi, est une demande plutôt légitime, vu que le gros matheux avait surtout parlé pour lui-même. Aussi, Helmut fit la moue puis se renfrogna, avant de finalement répondre, non sans s’embrouiller dans ses propres paroles.

« Non, je, enfin, je. »

Voir l’autre s’enliser de la sorte ne devrait pas réjouir Martin à ce point, mais il profitait tout de même de l’instant.

« Hem… je veux dire, non, j’ai pas déjà fait tout l’exposé, mais hier soir j’avais rien d’autre à faire et… bref. »


Me racontes pas à ta vie, en plus… Enfin, si, ça m’intéresse, mais euh, pas comme ça !

« Tu veux refaire le plan, c’est ça ? »

Le blond à lunettes releva vivement la tête. Il avait du mal à croire qu’Helmut finisse par émettre la possibilité de revenir sur son fabuleux plan… Probablement qu’il comprenait aussi que tenter de jouer au grand chef face à un blondin qui a autant envie de commander que lui ne servirait à rien. Méfiant, Martin croisa ses bras sur son torse et hocha la tête en émettant un « hm-hmmm » affirmatif plein de reproches. Une bonne partie de lui avait bien du mal à admettre que son camarade le matheux accepte de mettre son saint travail dont il est si sûr et qu’il adore tartiner comme le sale premier de la classe arrogant qu’il a toujours été.

… Pourquoi est-ce que je crushe sur ça déjà—Ah, oui. Parce que je relate totalement.

En voyant que son camarade ne répondait rien, Helmut continua de se ratatiner sur sa chaise. Martin en fut le premier surpris… il n’aurait pas pensé que ce fichu premier de la classe soit ainsi quand il faut travailler sur un exposé avec d’autres gens. Est-ce qu’il aurait conscience de son tempérament pénible et autoritaire ? Bon, le blondin n’allait pas lui donner des cookies pour se rendre compte de ça, mais il lui vint l’idée que, peut-être, le gros nerd faisait tout ça pour compenser quelque chose. Un peu comme lui, en somme. A cette pensée, le Rosenthal eut envie de s’assagir un peu mais n’en fit rien tandis qu’il parcourait ses cours et son manuel.

« C’est que… t’étais pas là l’autre jour et je me disais que ça pourrait aider si… »


Le blondin fut surpris par la timidité évidente dans les paroles prononcées par son camarade. Il surpris ce dernier occupé à s’emmêler les doigts en cherchant ses mots. Le Nage s’apperçut qu’on l’observait et se détourna, légèrement rouge.

« N-non, rien, euh… » Son regard se focalisa sur le classeur de physique-chimie de Martin et ses yeux semblèrent soudain s’éclairer. « Oh ! Il est super bien fait ton cours ! Je peux ? »

Confus en voyant l’autre s’animer soudainement et avec un enthousiasme qu’il ne pensait pas surprendre un jour, Martin écarquilla les yeux. Il se contenta de tendre son classeur à l’autre qui commença à tourner les pages en prenant grand soin de ne rien abîmer. Certes il est très fier de la propreté de ses cours et dans d’autres circonstances, il aurait bombé le torse de fierté, mais là, la scène avec quelque chose de comique et le blondin ne put réprimer un rire étouffé qui interrompit l’autre dans sa contemplation.

« B-bah quoi ? »

Le binoclard blond gloussa de plus belle, avec un air narquois.

« Rien, t’es marrant à tourner les pages comme si c’était un manuscrit du 13e siècle, avec tes grosses mains, là. »

Le brun regarda ses mains et leva les yeux au ciel avant de se mettre à railler son camarade.

« Ah, ouais, toi aussi t’as remarqué que j’étais pas maigre ! »

Merde, me dites pas qu’il l’a mal pris !

« Ce… c’est pas ce que je voulais dire ! »

Renvoya le blond qui avait remonté sa garde une fois de plus. L’autre laissa passer un silence puis se remit à sourire en coin.

« Je blaguais, t’inquiète. »


Quoi ?! Mais c’est pourri !

Martin gonfla les joues en regardant l’autre puis se remit à grogner en lui demandant de lui rendre son classeur. Après quelques instants à retrouver la page du cours concernant le sujet de l’exposé, le blond reprit la parole, plus motivé.

« Bon, on s’y met ? »

Dès qu’il eut la confirmation de l’autre, ils se mirent à travailler. Le Rosenthal eut la bonne surprise de pouvoir mettre de côté la plupart de se réserves concernant l’efficacité de son camarade. Ils se prirent encore la tête sur quelques trucs mais furent très efficaces de manière générale. Après quelques temps, Martin regarda l’heure à sa montre et manqua de sauter au plafond.

« Merde !! Il est déjà 18h, faut que je rentre ! »


Bordel, je vais encore avoir droit aux jérémiades de Papa et Maman sur le fait que je rentre un peu trop tard alors que j’ai presque 18 ans ! « C’est parce qu’on tient à toi », mon cul !

L’autre le regarda ranger ses affaires en vitesse. Puis le blondin l’observa en biais en voyant qu’il ne bougeait pas.

« Euh… Tu restes ici… ? »


Demanda-t-il en ajustant son sac sur son épaule. Helmut hocha la tête d’un air entendu.

« Oui, je pars à la fermeture, je préfère bosser ici qu’à la maison. »

Mais du coup y doit rentrer vachement tard chez lui… ça doit être plus crevant qu’autre chose et je crois que ce pauvre gars a encore moins de vie que moi, m’enfin, ok.

Martin ne sut pas quoi faire de cette information et ne s’appesantit pas dessus trop longtemps, même s’il compatissait un peu en se disant que le Nagel devait aussi avoir une certaine pression familiale chez lui à gérer. Juste pur ça, le blondin eut presque un peu pitié et l’idée de rester un peu avec son camarade lui traversa l’esprit. Puis il se rappela que ça ne valait peut-être pas le coup d’entendre les jérémiades de sa mère lui disant qu’il ne lui cause que du soucis. Après tout, il reverra Helmut tous les jours en classe jusqu’à la fin de l’année… même si dans les prochains jours il ne pourra pas s’empêcher de recommencer son manège minable avec Samaël et d’autres pour se confirmer de manière superficielle au dépens d’autres personnes, dont une qu’il commencerait presque à apprécier. Le Rosenthal soupira puis vit que l’autre le fixait avec un sourcil arqué dans une expression perplexe.

« Tu voulais pas y aller ? »

Lui demanda-t-il, comme Martin était resté planté là depuis un petit moment en tergiversant. Il se secoua et s’éclaircit la gorge.

« Euh. Ouais, j’y vais. On, euh… on se revoit demain, pour terminer l’exposé ? »

Son ton soudain hésitant sembla surprendre le plus grand qui se contenta de hocher la tête et de lui donner une réponse brève.

« D’accord. A demain, alors. »


Meh, sois pas si enthousiaste, hein.

« ‘D’main. »


Répondit le plus petit en s’en allant vers la sortie. Il se demanda pourquoi il avait espéré des au revoir larmoyants avec l’attitude qu’il montrait au matheux depuis des mois. Ce n’est pas parce que ces quelques heures à travailler ensemble s’étaient bien passées que tout était pardonné et réglé entre eux et qu’ils seraient bons amis dès demain. Mais… peut-être bien que si Olaf ne lui avait jamais dit que c’était totalement mort… bah, c’est peut-être qu’il a  quand même des chances. Quand bien même, il venait à Martin d’envisager la scène ou l’autre lui ferait une déclaration enflammée et il avait encore du mal à voir ce genre de relation entre eux bien se terminer. Si ça se trouve, Helmut ne passera pas deux jours sans dire des conneries transphobes, si ça se trouve, il ne comprendra rien du tout et aurait juste dit oui par curiosité malsaine et le blond se fera juste du mal en ayant attendu trop du matheux. Puis lui-même aussi avait été con avec le Nagel et son pote Shimomura, dès le début. Cela l’étonnerait que ce soit oublié de sitôt. Mais, maintenant, Martin n’arrivait plus vraiment à nier. Son cœur battait fort, il voulait retourner au CDI, tout dire à Helmut, espérer qu’il comprendrait tout, accepterait tout sans poser de questions, l’apprécierait et le supporterait quoiqu’il arrive par la suite… Non, ça ne se passerait pas comme ça. Pour le moment… il vaudrait mieux commencer par terminer cet exposé et… Martin essaierait de ne plus encourager les moqueries envers son camarade intello et son ami. Puis, il verrait bien.  Et il allait aussi très probablement envoyer un texto à Olaf car il commençait à flipper de manière très bête sur chaque mot qu’il avait pu prononcer ce soir et sur le fait qu’il avait découvert des nouveaux côtés du Nagel qu’il ne devrait pas trouver aussi mignons.

Enfin. Bref. Je suis dans la merde, quoi.  


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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeLun 17 Juin - 19:22

Trouducs-OTP IV

/!/ TW : homophobie intériorisée et transphobie. /!/
Et du coup la première partie est PDV Zlatan et la 2e PDV Lionel :V


C’est pas facile de capter le regard de Lio quand il est concentré sur ses recherches de cosplay avec Olaf. Je lui en veux pas, hein, c’est aussi marrant de l’observer quand il est à fond sur quelque chose. Ça me fait plaisir, quand il se lance dans les choses qu’il aime sans trop hésiter, car c’est assez souvent qu’il laisse tomber par peur de ce que ses vieux en penseront. Même avec sa voix de crécelle et son caractère de chiotte (comment ça, « hypocrite » ?!) le Nagel-Griffin a l’air d’être bon pour motiver les gens… meh, j’imagine que ça doit être ça, « avoir la confiance ». Sur le coup je ne suis pas aussi vigilant que d’habitude à l’idée qu’on me surprenne à admirer mon meilleur pote… enfin, mon, euh, petit copain. J’ai encore du mal à me faire à l’idée, pourtant j’en avais envie depuis un bon moment et j’ai encore du mal à réaliser que c’est vrai, mais en même temps, je ne mesure pas bien ce que ça implique, enfin, je sais que ça ne nous oblige à rien, m’enfin, j’espère juste que je ne vais pas tout gâcher. Chaque fois qu’il m’envoie un de ses texto remplis de smileys et de sparkles, simplement pour me raconter un truc qui lui est arrivé, me demander où on se retrouve ou juste pour me dire des trucs gentils et me raconter sa journée, je me change en flaque et je ne reviens pas de la chance que j’ai. Je me sens euphorique quand je me retrouve en face de lui et j’ai envie de le serrer et de l’embrasser tout le temps, c’est… je suis surement complètement dingue, en fait. Je suis ridicule de me monter la tête ainsi, c’est impossible que Lionel se sente aussi comme ça, hein… ? Je sais pas, cette idée me terrorise et en même temps, à chaque fois qu’il me regarde, puis me sourit, je me sens rassuré et j’ai la sensation d’être aussi important à ses yeux. Autant dire que ces dernieres semaines me font faire le yoyo en permanence et j’ai très peur de faire des gaffes… Etant donné que ça arrive souvent à Lio aussi, je sais que j’ai un peu de marge, m’enfin, quand même. Et puis tout ça et très beau, mais je peux souvent sentir mon ventre se nouer de manière désagréable quand je me demande si tout ça va durer… je le veux, bien sûr, mais… si je fais une connerie, ou que mon ami se rend compte qu’en fait, je ne lui plais plus vraiment, ou alors « pas comme ça », qu’il s’est trompé. Après tout… je ne sais même pas si Lionel aime les mecs et il aime expérimenter et je ne voudrais pas le lasser. Quant à moi… j’en sais trop rien, en fait. Ca provoque chez moi un léger malaise.

Je devrais peut-être pas aller jusque-là non plus pour le moment car je n’ai pas l’impression que Lio s’en préoccupe du tout mais je me pose beaucoup de questions aussi… disons que je ne m’attendais pas vraiment à… enfin, à me retrouver amoureux d’un autre gars, quoi. Certes, je me dis aussi que si Lionel avait été une nana, ça n’aurait rien changé à mes yeux car ce n’est pas son, bah, son genre qui m’attire chez lui en premier lieu. Mais, du coup, c’est encore plus confusant ! Mais je n’ai jamais vraiment ressenti ça avant non plus. Enfin, j’ai été avec des filles très sympa, hein, surtout Reine, je l’aimais vraiment bien, mais, c’était quand même différent. Probablement que c’est différent avec chaque personne. Ça me rend un peu nerveux de me poser des questions là-dessus, je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de me dire que je suis peut-être… mouais, on va se dire « peut-être pas complètement hétéro » pour le moment. Ou alors « hétéro mais j’aime Lionel », ou… argh, c’est trop bizarre de le dire ainsi ! J’ai essayé de vaguement poser la question à google et je suis tombé sur des trucs de merde du genre « 10 signes qui peuvent vouloir dire que vous êtes gay » et d’autres trucs bien plus utiles sur d’autres orientations possibles comme bi, pan (pas trop compris en quoi c’était différent, encore). Je devais quand même être bien con de jamais m’être renseigné car y’a tellement de possibilités que j’ignorais ! Enfin, tous ces « labels » d’orientation me confusent plus qu’autre chose pour le moment mais ça me rend tout de même bien curieux… Je ne sais pas si ça interesse Lionel ou s’il se pose aussi la question. Qu’est-ce qu’il en penserait… ? J’en sais trop rien, il a vraiment l’air à milles lieues de se prendre la tête sur ces histoires. Peut-être que ce n’est pas plus mal pour le moment et j’aurais peur de le presser en abordant le sujet, comme s’il fallait absolument qu’on s’ « officialise », d’une certaine manière. Quoiqu’il en soi, ça va continuer à me travailler. Et un peu à me rappeler quelques mauvais souvenirs du collège mais j’ai pas envie d’y penser maintenant.

Je sens l’anxiété s’emballer en moi et lâche un moment mon portable des yeux pour me reconcentrer sur la discussion de Lio avec Olaf. Ils parlent toujours de leur groupe de cosplay Touhou… il aimerait bien crossplayer un de ses personnage favoris. « Ramigna Starlett », « Tenshi »… ? Des noms comme ça, enfin, y’a une nana vampire parmi ses favorites en tout cas. Quel fétichiste des morts-vivants et des vampires celui-là, je vous jure... Oh, wait... De ce que je me rappelle, le crossplay c’est faire un cosplay « masculinisé » d’un perso féminin ou l’inverse ou un truc du genre, mais y’a plusieurs façons d’en faire, m’avait dit Juju un jour en se perdant dans un exposé passionné. Je m’égare un moment sur le sourire plein d’entrain de mon copain, son regard orangé qui pétille de passion et tous les petits gestes qu’il esquisse quand il est enthousiaste : remuer les mains et les jambes dans le vide tout en trépignant sur son tabouret… muhuhu, il est vraiment craquant. Je sens quelque chose qui se serre de manière agréable dans le haut de ma poitrine et ma gorge lorsque mon dweeb préféré a capté que je le matais et se tourne vers moi avec un sourire doux. Appuyé sur mon coude, même si nous ne sommes pas seuls et que je crois que Martin, qui lit plus loin, nous observe en arquant un sourcil, je lui rends non sans être un peu intimidé son œillade tendre et le laisse retourner à sa discussion.

« Ouais, mais hé, j‘y pense… »

Intervint le Nagel-Griffin bas de plafond en repoussant sa longue mèche de cheveux noirs sur son épaule. Lionel eut l’air surpris lorsque le regard de son camarade de club passa entre nous deux et je dois dire que je suis confus également…

« Plutôt que te faire chier avec un cosplay, tu pourrais presque être pas trop dégueu, en drag. ‘Me demande c’que ça donnerait avec des costumes à la Touhou… »


Quoi ? Du drag ?! J’ai eu un mouvement de recul sous le coup de la surprise mais Lio a l’air ravi, pour sa part.

« Han, c’est vrai ?! J’aimerais trop !! »

Je dois dire que même si je connais son amour pour le déguisement, je ne m’attendais pas à ça… le drag, quand même, c’est autre chose que le cosplay, quoi, enfin, jouer au drag-queen, quoi. M’enfin, maintenant que je vois mon copain s’enthousiasmer je me dis qu’après tout, j’y connais rien, je devrais peut-être pas réagir de la sorte, y fait bien ce qu’y veut, maintenant, je peux me détendre et arrêter mes… et pourquoi est-ce que Nagel-Griffin me regarde à mon tour ?!

« Toi aussi, hein, d’ailleurs. »

Je croyais qu’y me laisseraient en dehors de ça, mais, perdu. Je ne suis pas très à l’aise et me crispe sur ma chaise, sans réussir à partager l’enjaillement de mon copain. Je ne veux pas gâcher son plaisir ni l’ambiance alors je force un sourire crispé en cherchant comment répondre pour refuser poliment. Je débute asses mal par un rire clairement forcé et je vois bien dans le coin de mon champ de vision que Lionel a capté mon malaise.

« Euh, ahaha, ouais, euh le drag, euh, hahaha. »

Quel con, je sais plus ou me mettre… Voila que Olaf a commencé à m’observer en biais en pinçant les lèvres et que Martin a levé les yeux de son bouquin pour regarder dans ma direction.

« Quoi, y’a un soucis ? »

Demande Olaf de sa voix de bécasse mal réveillée. Je suis pas rassuré, là. Je crois que j’ai fait une connerie. Lionel a l’air confus et nous observe chacun notre tour.

« Nan, nan, c’est vraiment pas mon truc ce genre de… enfin, bon, t’vois bien que je suis pas… enfin, que c’est pas mon…bref. Haha. Mais euh, Lio, euh, y’a pas de soucis, hein, si ça t’amuses… »


Que je suis pas quoi… pas gay, c’est ça que j’essaie de dire ? Quelle idée de sous-entendre ça si fort et avec l’air de dire que c’est bizarre devant une telle audience… et si ça faisait de la peine Lio en plus de ça… ? Martin grogne et lève les yeux au ciel et Olaf plisse les yeux.

« Hé, oh, calmes ta panique d’hétéro frustré, là, j'vais pas te forcer à mettre du rouge. »


J’ai bien compris que j’avais fait une bêtise alors je me tais en essayant de faire taire certains mauvais souvenirs qui n’ont pas grand-chose à voir comme ni Olaf ni mon ami n’étaient dans l‘idée de se foutre de ma gueule. Il fallait que Lio assiste à ça, hein. Pourquoi je sens qu’il faut que je me défende quand même quand je suis clairement en tord, en plus. Sur la défensive, je me mets à rouspéter.

« Roh, ça va, hein ! J’voulais pas dire que c’tait nul ou je sais pas quoi… »

Mes interventions étaient bien vaines et continuèrent de m’attirer le mépris apparent d’Olaf et Martin. Le Nagel-Griffin observa ses ongles vernis noirs et renifla avant de me répondre froidement.

« Tant mieux, on te d’mandait pas ton avis. »


Je vais m’écraser, je crois. Je baisse les yeux vers la vieille table du club où j’avais posé mon téléphone. Le silence qui ne dure qu’un instant me semble durer des heures… je sens que Lionel m’observe mais je me sens trop stupide d’avoir dit n’importe quoi devant lui. Enfin j’imagine qu’il le sait, que je ne suis pas parfait mais… Je suis déjà assez un boulet pour lui comme ça ! C’est ridicule, je devrais au moins l’ouvrir pour m’excuser auprès d’Olaf et Martin mais à la place, j’essaie de trouver une excuse bidon pour sortir de la pièce et aller me flageller mentalement ailleurs comme le dernier des drama queen. Quand je me redresse pour me lever, j’entends Lionel suspendre sa respiration un instant et croise son expression préoccupée. Ah, Lio, me fait pas ces yeux de chien battu, ça n’arrange rien…

« Où tu vas… ? »

Me demande-t-il, soucieux et visiblement pas dupe une seule seconde. J’essaie de forcer un sourire avant de me diriger vers la, sortie avec mon portable.

« Euh… aux toilettes. Je reviens, hein ! »

Bon, pour la conviction on repassera. De toute façon, vaut mieux pas que je reste dans le coin pour le moment… Je sors et referme la porte derrière moi, en espérant que mon copain n’essaiera pas de me suivre.


Dernière édition par Coba le Lun 17 Juin - 20:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeLun 17 Juin - 19:32

Trouducs-OTP V

/!/ TW : homophobie intériorisée et transphobie. /!/

« … Il est grave refoulé, ton mec, là, faudrait qu’y se détende un peu le périnée ! »

Grogna Olaf en voyant Zlatan quitter la pièce. Je déglutis difficilement, mis mal à l’aise par cette dispute et aussi par le fait que le Nagel-Griffin l’appelle « mon mec » alors que je ne lui ait rien dit.

« Mais-euh... Ce, c’est pas… on est pas… »
Je ne vois pas à qui j’irais faire croire ça ici. A voix basse, je me reprends. « Enfin… tu peux garder le secret… ? »

Le plus âgé lève les yeux au ciel et marmonne un « mais oui, rohlala ». On est si peu discrets que ça ? On doit être, pour reprendre les propos d’Olaf ou Martin « dans le placard ». Encore inquiet, je soupire et prend mon portable pour lui envoyer un message afin de m’assurer que tout va bien. Qu’est-ce qui lui a pris ? C’est bizarre qu’il réagisse comme ça… Je pense pas que Zlatan soit homophobe ou quoique ce soit, n’empêche que ce qu’il a dit a déplu à Olaf et Martin qui continuent de marmonner à son sujet. Je devrais peut-être défendre mon copain mais je ne veux pas risquer de les froisser à nouveau.

« Je… je crois pas qu’il pensait à mal, c’est juste qu’il est pas très confiant qu-quand ça concerne son physique… »

Dis-je d’une petite voix et je m’en veux d’en avoir dit peut-être trop. Ce n’est pas quelque chose qu’il m’a confié, mais… c’est un truc que je n’ai pas pu m’empêcher de soupçonner au fil des années, qu’il ne s’aime pas beaucoup, surtout physiquement. Il ne le dit pas de cette façon, mais il se dévalorise, il lui arrive souvent de mettre des manches longues en été, des fois il ne prend pas soin de lui, bref, je ne veux pas trop le relever en sa présence car je ne voudrais pas le blesser, mais… ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Je me demande parfois s’il ne lui est pas arrivé des ennuis pour qu’il prenne si vite la mouche… Olaf et Martin n’ont fait que lever les yeux au ciel quand j’ai tenté d’arrondir un peu les angles. Visiblement, mes commentaires et le fait de défendre Zlatan ne sont pas vraiment bienvenus. Je baisse les yeux jusqu’au moment où le petit gros aux longs cheveux noirs reprend notre conversation où elle s’était arrêtée comme si ne rien était.

On continue de parler de projets de cosplays et c’est le moment que choisit Martin pour ranger son livre puis partir, apparemment, il a un truc à faire à la bibliothèque. Son camarade le raille à coup de « bon rencard » et le blond lui jetta sa veste dans la tronche en piquant un fard. Je n’ai pas tout compris mais, euh, je suis content pour Martin s’il a un rencard, enfin, je crois… ? Je me demande souvent pourquoi il vient au club mais je crois que c’est qu’il préfère quand Olaf est là… je ne pense pas que le blond m’apprécie trop… faut dire qu’à une époque, je l’avais contrarié en disant « elle » au lieu de « il » pour parler de lui. Je voyais pas le problème en fait, je me disais que comme Martin avait été une fille un jour (et l’était toujours « physiquement »), ça faisait toujours « partie de lui ou elle »… Quand lui et Olaf ont fini par me casser avec des regards bien noir, j’ai décidé d’arrêter pour ne plus vexer, même si aujourd’hui je ne pige encore pas tout, mais… si Martin veut être un homme, bin, il faut se dire que c’en est un, ou quelque chose comme ça. Je suis encore maladroit et je le sais, encore plus maintenant que j’ai des questionnements qui me brûlent les lèvres depuis que j’ai commencé à sortir avec Zlatan. C’est vrai que je pourrais poser des questions à Olaf mais je ne veux pas nous afficher encore plus, surtout si mon copain ne m’a pas donné son consentement à ce niveau. Je préfère ne pas revenir là-dessus et on continue de parler du cosplay tranquillement. Cependant, je n’ai toujours pas de réponse de mon ami et commence à m’inquiéter. Depuis le temps, je ne crois pas qu’il soit vraiment allé aux toilettes, ou alors c’est qu’il a mal digéré son sandwich de ce midi. Ça me prend un peu trop la tête alors je quitte temporairement la salle du club pour essayer de trouver l’autre andouille (enfin, je l’aime, mais, c’est une andouille) qui m’a indiqué dans son message être un peu sorti derrière le bâtiment des clubs. En essayant d’être discret, je me mets en route pour le rejoindre et ne tarde pas à le trouver assis sur une marche en train de regarder des trucs sur son portable. On n’a pas vraiment le droit d’aller derrière le bâtiment, normalement. Faut dire que ça fait pas très envie. Le bâtiment n’est pas tout neuf lui-même et derrière, il y a un mur de béton tout gris plein de tags qui laisse un passage d’environ deux mètres de large où la végétation pousse de manière complètement chaotique. Bien sûr, il y a des mégots partout par terre et je regarde quand même un peu ou je mets les pieds pour ne pas marcher sur des bouts de verre jusqu’à rejoindre mon copain qui m’a vu arriver. Je m’approche, ajuste ma chemise bleue clair à motifs Goélise et mon jean et mes chaussures sombres beaucoup trop chères, puis pose un pied sur une marche. Je me penche pour poser mon avant-bras contre le mur, ne recoiffer d’un geste volontairement lascif et envoyer un sourire et un regard de lover à Zlatan, espérant le faire rigoler.

« Hé, salut beau gosse... »


Bah, quoi, moi je trouve que c’est vrai. En toute objectivité, évidemment. Le grand brun émet un gloussement guttural puis me regarde et secoue la tête avec un sourire en coin.

« Pfrt, t’es con. »

Yes, c’est réussi ! Je ricane un peu et me décroche du mur afin d’aller m’asseoir sur les marches, à la place que me laisse mon copain en se décalant sur le côté. Je le sens un peu gêné quand nous échangeons un regard et quelques sourires fugaces et je veux encore une fois détendre l’atmosphère.

« Tu t’es trompé, les toilettes c’est pas par-là ! »

L’autre se contente de sourire en coin cette fois-ci, plus crispé. Il passe une main sur sa nuque et semble ennuyé.

« Te forces pas à détendre l’ambiance, j’me rends bien compte que j’ai été con tout à l’heure. »


Arf, je suis si transparent que ça ? Je rapproche mes pieds de moi pour m’installer en tailleur et attrape mes chevilles pour me sentir plus à l’aise car je ne sais pas trop quoi dire.

« Enfin, j’imagine que j’ai gaffé et que c’tait le truc à pas dire. »


L’hausse les épaules et fais la moue, un peu tendu à l’idée de lui dire que son comportement n’a effectivement pas été super bien reçu.

« Bah… pas vraiment, je crois… »

Je ne veux quand même pas qu’il se sente mal alors je me sens obligé d’atténuer les choses. Puis quelque part, je crois que j’ai un peu peur de le froisser, même si je sais que ça ne serait pas la fin du monde, que c’est sa nature d’être parfois susceptible et même si mon cerveau m’assure l’inverse, il ne me détestera pas pour ça.

« Tu sais, j’ai aussi fait des gaffes comme ça, avant, donc c’est pas-- »
« Lio, c’est bon… »


Il me coupe au milieu de ma phrase et m’adresse un regard préoccupé. C’est à lui de prendre un ton rassurant, maintenant et il pose même timidement sa main contre la mienne comme pour m’intimer de me détendre.

« T’es gentil et tout, mais, euh, tu sais, t’as pas à me dorloter, hein… »


Je me crispe un peu. Est-ce que j’en ai trop fait ? Il doit penser que je le prends pour un gamin ou que je suis trop protecteur, maintenant, ça craint un peu... Je voulais pas le culpabiliser ou avoir l’air autoritaire avec lui… ! Son ton est doux et hésitant, mais je sens qu’il veut quand même mettre des choses au clair.

« J’ai fait une connerie mais je suis un grand garçon et, bah, euh… j’ai pas besoin de toi pour aller m’excuser. »


Oui, dit comme ça, c’est logique… Mais je me dis que j’ai quand même été trop maternant ou collant avec lui, sur ce coup. J’essaie de me convaincre que ce n’est pas la fin du monde pour autant mais ma conscience essaie de me convaincre de l’inverse.

« Ah… c’est vrai. Désolé… »


M’excusais-je d’une voix penaude en grattant le ciment des marches en espérant que ça me détende.

« Hé. Te mines pas. T’y es pour rien. »
« Je sais mais… »


Je ne pensais pas à mal mais des fois, je suis lourd. Je ne voulais pas l’ennuyer. Puis j’ai vraiment eu l’impression qu’il était un peu dérangé par quelque chose quand même en quittant la salle il y a vingts minutes et comme je suis parano, bah, je m’inquiètes bêtement.

« Olaf non plus, d’ailleurs, hein, c’est juste que, euh… ça m’a rappelé des mauvais souvenirs, c’est tout. »

Des mauvais souvenirs ? J’hausse les sourcils sans trop comprendre. Je ne sais pas tout de la vie de mon copain, bien entendu, même si je pose beaucoup (trop) de questions, il reste quelqu’un de réservé. Sa main est toujours posée sur la mienne et mes doigts viennent tout naturellement s’emmêler avec les siens tandis que je poursuis la conversation.

« Ah bon… ? Comment ça ? »

En voyant mon ami regarder ailleurs et retrousser les lèvres d’un air anxieux, je me dis que ce n’est peut-être pas le moment de lui poser la question.

« Enfin… peut-être que tu veux pas en parler. »


Il secoue la tête et se tourne vers moi de nouveau. Tenir ma main dans la sienne et ma proximité semblent l’apaiser.

« T’inquiètes c’est juste un truc à la con… c’est juste qu’au collège, bah, ‘fin, j’tais déjà plus grand et maigre que les autres et en plus j’avais les cheveux plus longs alors, bah… je me faisais un peu chambrer, en fait. »

C’est pas vraiment « un truc à la con », ça, j’ai envie de lui dire ! Je ne savais pas, je n’avais pas vu ça, moi… Je me sens nul, même si c’était surement avant qu’on traine souvent ensemble. Il y a pleins de choses que je ne voyais pas, que j’avais appris à ignorer en fait, avant que je ne connaisse mieux Zlatan. Il fait comme si ça n’était pas grave, je le vois bien, mais j’ai l’impression que c’était plus important que ça. Un ange passe et je continue de le scruter d’un air soucieux, n’osant pas poser plus de questions même si j’essaie de faire le lien avec ce qu’on aurait pu lui dire… je fais le lien avec des récits d’Olaf sur ses années d’école sans tarder. Est-ce que les autres le trouvaient… efféminé ? Est-ce qu’ils lui disaient des saloperies sur son physique car il n’avait pas l’air assez masculin ou je ne sais quoi, comme Olaf m’avait raconté l’avoir vécu pour me remettre en tête que l’homophobie, il en a mangé tous les jours, fut un temps ? Je dois trop me prendre la tête mais je me dis que ça fait sens, vu la réaction de Zlatan tout à l’heure.

« Hé, ça va fais pas cette tronche, j’suis pas mort ! »


Mais-euh ! Faudrait qu’il meure pour que je m’inquiète, c’est ça qu’il me dit ?! Je fais un peu boudinette puis le regarde en biais. J’ai envie de lui faire des câlins et me rapproche doucement, ne voulant pas l’effrayer.

« Tu veux un câlin… ? »


Lui demandais-je timidement de peur de le bousculer, mais il ne répond que d’un roulement d’yeux et d’un « roooh, mais t’inquiètes pas comme ça ! » qui ne me convainc toujours pas. Je ne fais pas ça par pitié ! Je sais juste pas quoi dire, je veux le réconforter et comme personne nous voit et qu’on a pas eu l’occasion aujourd’hui, j’ai envie de son contact ! Bon, c’est peut-être un peu égoïste, d’accord, mais… bah, ça fait toujours du bien, un câlin, quand c’est voulu, non ? Finalement, le Eriksen penche la tête sur le côté et se rapproche de moi.

« J’veux bien quand même. »

Me confia-t-il à mi-voix, après avoir observé autour de nous pour s’assurer que personne ne nous verrait. Sans geste brusque, je passe un bras autour de ses épaules et l’attire contre moi. Zlatan blottit sa tête dans mon cou et ferme un instant les yeux tandis que ma main lui caresse tendrement l’épaule. Je me sens mieux et lui aussi semble se détendre. Ça me soulage de le voir ainsi et donc, je soupire en sentant mon corps s’affaisser un peu sur les marches. Parlant de ça, le brun, lui, prend bien ses aises, comme d’habitude et s’écrase encore plus contre moi en prenant toute la place. Quel coquin, je vous jure. Après quelques minutes, l’autre soupire et je ne peux m’empêcher de me tendre et de grimacer devant l’odeur de cigarette qui remonte jusqu’à mes narines.

« Zlaaat, tu sens la cigareeeette-euuuh… »


Me mis-je à geindre en faisant la moue. Je n’aime pas du tout cette odeur et à chaque fois, ça a le chic de casser l’ambiance. Mon copain met la main devant sa bouche pour souffler et vérifier mes dires, puis grimace à son tour.

« Ah, ouais, yeesh. Oups. Déso. »

On est plus vraiment dans l’humeur, donc on se sépare avec un léger gène. C’est dommage, j’aurais bien aimé lui faire un bisou furtif quand j’en avait l’occasion, mais avec cette odeur, je peux juste pas. Zlatan a l’air un peu embêté et m’envoie des regards un peu piteux. Je m’en remettrais ! Une fois debout, je passe quand même une caresse affectueuse dans son dos avant de reprendre le chemin de la salle des clubs. Olaf nous observe en biais avec un sourcil arqué lorsqu’on entre dans la pièce, d’autant plus qu’on est arrivé en ricanant comme deux gros niais car je lui ait simplement dit qu’il était mignon et il a commencé à grogner comme un vieux varan mal réveillé, comme d’habitude. Après un bref silence gêné, Zlatan met ses mains dans ses poches et ses épaules se tendant tandis qu’il va voir Olaf pour s’excuser. Le concerné se contenta de pincer les lèvres en haussant les épaules d’un air blasé.

« Mouais, ok. »

Fit simplement le Nagel-Griffin avant de nous annoncer qu’il va fermer la salle et de toute manière, Zlatan doit aller à un dernier cours en fin de soirée, donc on allait pas s’éterniser. Sur le chemin, il me proposa de l’attendre chez lui en me disant que je pourrais glander sur la console, mais j’ai dû refuser à regrets car mes parents sont hyper maniaques sur mes horaires, ces temps-ci… Je me demande s’ils se doutent de quelque chose… j’espère que non ! Enfin, dans tous les cas, ils sont pénibles et stressants en disant que je ne dois pas me laisser distraire cette année et ça m’empêche de voir mon copain aussi souvent que je le voudrais. Comme on le craignait un peu, on a moins d’occases que d’habitude mais j’espère qu’on se rattrapera par SMS dès que je serais rentré. En même temps, parfois, je me dis que si je faisais pas forcément un peu tout pour pas fâcher mes parents, bah, j’aurais plus de temps. Rahlala… Je crois que je vais pas me gêner et trouver une excuse pour sécher l’escrime la semaine prochaine, comme Zlat’ a sa soirée de libre…
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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeDim 21 Juil - 14:54

Trouducs-OTP VI

HRP : Première partie PDV Zlatan et deuxième partie PDV Lionel :V

Je viens de me réveiller après une longue sieste. Pourquoi ai-je besoin de dormir autant tout le temps, j’en sais rien, j’aimerais bien savoir ou avoir quelque chose pour m’aider à passer la journée sans être crevé la majorité du temps. Il y a des journées où c’est tout à fait supportable, mais après 6h de cours, je tombe bien plus rapidement. Enfin, quand Lionel est là, je culpabilise de moins en moins, c’est surement une bonne chose même si j’ai toujours peur d’abuser de sa compagnie. Je ne vois pas bien quel intérêt il doit trouver à rester alors que je suis pas de très bonne compagnie quand ronfle, m’enfin… A priori, s’il reste, c’est qu’il ne se fait pas intégralement chier. Avant même d’ouvrir les yeux, je sens que mon copain est à côté de moi sur le lit. Il y a son odeur et aussi sa chaleur que je peux percevoir, il doit s’être allongé près de moi comme il lui arrive de faire de temps en temps pour somnoler aussi. Je souris intérieurement avant d’ouvrir doucement les yeux et d’apercevoir le Roque-Lartigue en face de moi, sur son portable. Je le vois s’empresser de ranger son téléphone dans sa poche de derrière puis il me sourit de manière un peu forcée, comme s’il me cachait quelque chose. Je suis encore trop groggy pour vérifier mais je n’oublierais pas de lui poser la question sur son attitude suspecte ! Lionel se repose sur l’oreiller et s’apaise, continue de me regarder sans perdre son sourire ravi… Je me demande ce qui le rend si apparemment heureux en ce moment, mais, dans tous les cas, je suis rassuré et content, bah, qu’il soit content.

« Bien dormi ? »

Me demande-t-il en penchant un peu la tête sur le côté. Il a un joli sourire et il est adorable comme ça, avec ce côté un peu timide lorsqu’il chuchote, pour ne pas briser cette petite bulle dans laquelle je me trouve encore dans ce genre de moments. Enfin, cette bulle, je la partage bien volontiers avec lui pendant ces moments privilégiés. Je lui réponds d’un « hm-hmmm » affirmatif et refermes mes paupières quelques instants. J’entends vaguement la musique de Castlevania sur la console et vois aussi que mon copain avait fermé les rideaux pendant ma sieste. Il avait également profité de ce temps pour sortir quelques affaires pour faire ses devoirs mais je ne crois pas qu’il y ait passé beaucoup de temps, vu la blancheur des pages que je vois d’ici. Je juge pas, j’aurais fait pareil, si je l’avais en train de dormir à côté de moi. Ça aurait été un peu distrayant, voyez-vous, j’aurais pas envie de bosser mais juste de me blottir dans ses bras. Parlant de ça, je me sens d’humeur à me faire dorloter. Je me rapproche de Lionel et passe mon bras autour de sa taille afin de l’enlacer. Mon visage se pose avec le sien sur l’oreiller, un peu plus bas, de manière à me retrouver dans le creux de son cou. Sans geste brusque, même si je vois bien qu’il est un peu interloqué quand j’initie ce genre de contact, la main du bleu s’en va contre mes omoplates et remonte dans mes cheveux qu’il caresse. J’adore quand il fait ça, ça me réchauffe et me rend encore plus mou que d’habitude. Je me serre plus contre lui avec un marmonnement de bien-être. J’ai vraiment du mal à me passer de ça, en ce moment. J’ai envie d’être tout le temps collé à Lio sans arrêts, parait-il que c’est normal, aux débuts mais je suis vraiment accro, là, c’est grave. Je relève la tête pour le regarder et mon cœur s’emballe. Quel gros niais, c’est pourtant pas la première fois que je vois sa tronche ! Ma gorge se serre agréablement et je reste ainsi un petit moment en terminant d’émerger. Je n’ai pas oublié ce qui s’est passé à mon réveil et approche discrètement ma main de sa poche. Furtivement, j’y récupère son portable.

« Hé ! Mais c’est mon téléphone, ça ! »

J’esquisse un haussement de sourcil provocateur devant l’air faussement outré de Lionel, prêt à se prendre au jeu. J’allume le smartphone sur l’écran d’accueil Utena de mon ami puis relève les yeux vers lui.

« Tu faisais quoi quand j’me suis réveillé… ? »


Je ne peux m’empêcher d’être curieux et je crois que mon pressentiment était fondé en voyant Lionel perdre momentanément le contrôle puis jouer l’innocence de manière bien trop forcée pour qu’il n’ait rien à se reprocher.

« Bah, euh, rien, je jouais ! T-tu peux regarder si tu veux, hein, même les photos, j’ai rien à cacher ! »

Il insiste quand même alors qu’il ment vraiment très mal. Il a l’air quand même de bien s’amuser. J’entre son code que je connais et comme il l’avait suggéré, je regarde son dossier d’image et… et je crois que j’aurais préféré voir des photos de Griffin en cosplay que des photos de moi. Je me sens un peu coupable de m’être autorisé à fouiller et éteins le portable avant de lui rendre, plutôt gêné… m’enfin, en même temps, je l’ai cherché, un peu, m’enfin… c’est lui, là, qui prend des photos volées de moi !


« … Pourquoi t’as autant de photos d’moi… »


Gromellais-je en lui rendant ses affaires. Lionel reprend son portable puis m’observe d’un air interloqué.

« Bah… je sais pas, j’aime bien avoir des photos de toi, enfin, parce que, euh, parce que t’es mon copain, quoi ? »

Vu comme ça, c’est logique. C’est vrai que j’ai pas de photos de lui, moi, pas comme si j’en prenais beaucoup de manière générale. M’enfin… Je sais que quelque part sur mon ordi, j’ai toujours cette vieille photo qui date d’il y a deux ans qui m’est arrivé de regarder souvent quand je me sentais mal ou que Lio me manquait. C’est une photo nous deux en soirée qui avait été prise par je sais plus qui. Dessus, le bleu a un bras autour de mes épaules et sourit à la caméra tandis que je le regarde en coin. Maintenant que j’y repense j’ai pas un regard hyper platonique, sur ce cliché. Bah. Maintenant je sais pourquoi.

« Ça te gêne parce que je t’ai pris en photo quand tu dormais… ? »

Il a l’air coupable. J’aurais pu trouver ça un peu creepy mais en fait, pas du tout. C’est quelque chose que j’aurais pu faire moi-même si j’en avais eu l’audace. Je m’affaisse sur le matelas et me colle de nouveau à Lionel.


« Euh, non, c’est pas grave. Mais je pensais pas que… »


Le bleu se redresse un peu et s’appuie sur son coude, joue doucement avec mes cheveux.

« Que quoi ? Que je voudrais pas avoir des photos de toi ? »

Je relève le visage vers lui et continue de l’observer d’un air perplexe. Je ne vois effectivement pas trop l’intérêt. Lionel se rapproche doucement et j’accueille son baiser sur mon front avec un soupir d’appréciation. Le voir sourire me rend plus serein. Je m’apaise et le laisse continuer de me parler.

« J’aime bien les regarder, ça me fait du bien quand j’ai pas le moral, tu sais. »

Je ris, un peu nerveusement. Comment il peut dire des trucs comme ça aussi spontanément, alors que je mettrait des heures à les digérer dans ma gêne de « non non je suis pas niais c’est pas vrai non, c’est gênant et mièvre c’est pas moi du tout gngngn » avant d'oser les prononcer… Ca reste un mystère à mes yeux.


« J’suis ravi de te servir d’anti-stress. »


Lui lançais-je sur un ton un peu narquois. Peut-être car je ne sais pas trop où me mettre quand il essaie de me dire des trucs gentils. Probablement pour ça qu’il m’appelle « tsundere ». Ça me déstabilise et en même temps, quand il se lance dans ce genre de séance de gentillesses sans arrière-pensées, j’en redemande. Le bleu passe son bras autour de mon cou et sa main se pose sur mon épaule. Il me caresse et continue de déposer des baisers chastes sur mon visage. Ma cage thoracique semble me peser un peu et mon ventre me picote quand il se remet à parler.

« C’est pas que ça, hein. C’est juste que… bah, c’est toi, quoi… t’es vraiment trop mignon. »

Il glousse un peu en marmonnant qu’il manque de vocabulaire mais je n’aurais pas vraiment fait mieux pour parler de lui. Je sens que je rosis comme une midinette.


« Pfff… c’est bizarre quand tu dis des trucs comme ça. »

« Ah bon, c’est bizarre de trouver son copain beau ? »

J’émets un nouveau « pffffffrt » un peu excessif et roule sur le matelas en cachant mon visage derrière mon bras mais Lionel a l’air tout à fait sincère. Quel abruti, il est gênant avec ses phrases de comédies romantiques nazes et en même temps j’adore ça. Lionel me regarde marmonner un moment, passe ses doigts dans mes cheveux pour me dégager le visage, il a déjà dit qu’il aime mes yeux vairons que je n’assume pas très bien, qu’il trouve mes cheveux doux (alors que des fois ils sont gras) et mes moues faussement renfrognées adorables et beaucoup d’autres choses qu’il semble prendre beaucoup de plaisir à me répéter. Je ne sais pas où il va chercher tout ça mais ça me fait quand même chaud au cœur même quand je fais genre. Il se donne tellement de mal et j’ai l‘impression de ne jamais être assez bien pour lui rendre la pareille. Pas qu’il m’en tienne rigueur, hein, c’est pas son genre. Mais je suis nul avec les mots et pas vraiment mieux au niveau des démonstrations d’affection tactiles spontanées.

« …Et pis c’est aussi que je t’aime. »

Ces derniers mots me prennent par surprise et tout s’arrête l’espace d’un instant. Mon copain les a prononcés très rapidement et rougis à son tour, visiblement intimidé. Est-ce que… non, c’est pas vrai, hein, j’ai rêvé… ? Est-ce que lui aussi… ? Je suppose que de l’extérieur, c’était peut-être évident mais je n’osais pas l’envisager sérieusement. Lio est amoureux de moi. Quel andouille de me dire ça comme ça, sans prévenir, alors que ça fait à peine un mois qu’on sort ensemble. Quelque part je me sens quand même soulagé, car je m’étais un peu pris la tête seul en me disant que peut-être, j’étais juste un test ou un simple crush pas trop sérieux pour Lio, bref que j’étais pas assez bien pour qu’il m’aime de cette manière. J’envisageais ne jamais lui dire ce que je ressens de peur d’entendre que lui ne voyait pas les choses de cette manière. Oui, après c’est moi qui lui dit qu’il devrait arrêter de se dévaloriser je sais.

Mon cœur s’emballe et je croise son regard. Ma gorge se serre quand je vois qu’on est tous les deux un peu temporairement submergé par nos émotions. Ma main quitte sa taille et remontent le long de ses flancs jusqu’à son cou et son visage. J’effleure sa mâchoire, ses joues et son cou. Je sais ce que je veux lui répondre mais les mots mettent du temps à sortir.


« M-m-m’aussi, j’t’aime. D-depuis longtemps. »


Je sais pas si cette précision avait lieu d’être mais elle produit son effet sur le Roque-Lartigue. La honte, pourquoi j’étais obligé d’ajouter ça, hein ? Comme si mon hésitation était pas assez ridicule comme ça.

« Depuis longtemps… ça veut dire que tu m’as attendu… ? »

C’est exactement pour ça que je regrette de l’avoir dit de cette manière. Maintenant, il va se sentir coupable. Alors que… bah, je ne m’en rendais juste pas compte, à l’époque. Ou plutôt j’avais parfois un peu trop de peine de ne pas le voir et à l’inverse, l’envie d’être en permanence avec lui, espérer qu’il m’enlace et je pensais que tout c’était totalement amical (spoiler : non). Ça aurait pu durer encore longtemps, maintenant que j’y pense. En me voyant sourire avec une mine un peu nostalgique, le bleu a l’air de se détendre.


« Ou-oublie, c’est pas grave. T’es là, maintenant. »


Il me rend mon léger sourire. Je me demande si lui aussi aurait aimé que ça arrive plus tôt… ? Ce n’est pas très important en soi mais, ce serait juste pour savoir, enfin, ce serait marrant.

« Désolé d’être atterri en retard… ! »

Il s’excuse quand même, ce gros bêta. Et en employant des mots que je sais pas ce qu’y fichent là. Enfin, c’est vrai qu’il est souvent dans la lune… et c’est pas le seul, tiens. Je me redresse sur mon coude en continuant de jouer avec le tissu et le col de sa chemise. C’est doux ces fringues de riches, ce doit être confortable… mais ça reste une chemise et je déteste les chemises.


« « Atterri » ? Tu te prends pour un chevalier pégase ? »


Je ne peux pas m’en empêcher, hein, de faire le petit con et des vannes totalement nazes. Bon, ça amuse Lionel aussi, qui est bon public. Il émet quelques brefs rires et sa mine tantôt soucieuse est redevenue joueuse.

« Les wyverne sont mieux ! »

« Laisses tomber, tu seras jamais assez dark. »


Mes répliques le font rire et rouler sur le dos. Il est beau, comme ça et j’ai envie de continuer de la taquiner un peu. Voilà qu’il saute sur l’occasion pour fanfaronner, évidemment.

« Héhé, si ça se trouve, j’ai un passé tragique, qu’est-ce que tu en sais ? »

Dit-il en s’étirant un peu et en continuant de rire pour lui-même. Un histoire tragique, lui ? Ça m’étonnerait, vu la richesse de sa famille. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas d’ennuis avec ses vieux. Enfin, son père m’a tout l’air d’être le roi des connards. Impossible d’être autre chose quand on tape sur ses gamins. Ça, Lio ne me l’a jamais dit dans ces propos mais, à force, il a laissé passer bien assez d’indices, surtout quand il avait un peu bu. Lorsque ça me revient, j’ai un peu de mal à rire sincèrement à sa vanne. Mais lui est déjà passé à autre chose et m’a tourné le dos pour retrouver jouer à la console. En se rapprochant de moi sur le matelas après avoir attrapé par terre la manette, il appuie sa tête sur mon bras et se remet à jouer. Je profite de sa proximité pour jouer un peu avec ses cheveux et continuer de le regarder simplement être content d’être là.

C’est pas du tout Castlevania qui m’intéresse, présentement… j’aimais quand même bien mieux quand il me regardait, m’appréciait et me faisait des câlins et des bisous. Qu’il s’occupe désormais plus du jeu que de moi me frustre un peu. J’aurais bien aimé continuer mais peut-être que Lio n’a plus envie pour sa part. Je pose ma main contre sa taille et la descend vers son ventre pour l’entourer avec mon bras et lui faire part, avec un « gngngngm », de mon envie d’affection. Le bleu fait légèrement volte-face et m’envoie un sourire ravi. Il repose la manette et visiblement, il a l’air open et m’entoure le cou avec les bras, m’invitant à passer au-dessus de lui et je m’exécute. Hm… C’est assez étrange… même quand je me mets par-dessus lui, je me sens un peu intimidé. Je ne sais pas si c’est Lio qui m’intimide ou juste le fait que…

« Huhu, c’est rigolo, pour une fois que t’es au-dessus. »

Oui, euh, bon, ça va, hein. Quel fourbe, je vous jure. Il est fort pour voir quand il me fait de l’effet. Je me sens un peu rougir, c’est vrai que j’ai pas trop l’habitude de « prendre les choses en main » de cette manière, préférant quand c’est mon ami qui le fait. J’aime me faire gâter, j’avoue. Mais j’ai envie d’essayer de le dorloter un peu à mon tour. Ses mains posées autour de mon cou descendent un peu et flattent ma nuque et mes épaules. Je m’apaise, laissant mon regard scruter mon copain étendu sous moi. Je le sens curieux. Je ne peux m’empêcher de m’égarer sur son visage, ses yeux, ses lèvres, son cou, sa chemise qui est, comme d’habitude, un peu trop ouverte. J’ai eu du mal à m’y faire au départ, je ne sais pas comment il se sent à l’aise ainsi, mais… je crois que je commence à apprécier, en fait. On dirait qu’il s’est un peu épaissi, ces derniers temps, en plus, je n’avais jamais trop remarqué, mais il n’est plus aussi mince qu’il y a un an, y’a qu’à voir ses bras, notamment, qui… euh, enfin, je m’attarde un peu trop, là. Je me rappelle que ses yeux sont plus haut et revient à son visage, le voit m’observer en retour, dans l’attente de quelque chose. J’ai rendu les choses awkward. C’est que j’hésite un peu, faut dire. Puis, je sens les doigts de Lionel remonter le long de mon cou jusqu’à mon visage… il m’encourage et je dois dire que je le trouve vraiment très attirant, là.

Je descends finalement vers lui pour l’embrasser, je suis content de ne pas trop rater ses lèvres depuis cette position. Comme il le fait souvent, Lionel ne tarde pas à me répondre avec beaucoup d’enthousiasme et je dois lui intimer d’y aller plus doucement. Ce n’est pas que j’aime pas son entrain, hein, bien au contraire, mais il me prend parfois au dépourvu, c’est marrant. Finalement, il me laisse prendre mes aises. C’est vrai qu’habituellement, c’est lui qui prend les initiatives et il n’a pas l’air habitué à juste se laisser faire sans vouloir un peu « gérer » les choses. Après quelques secondes, il s’adapte à mes gestes puis ses bras s’en vont contre le bas de mon dos et m’entourent afin de m’attirer doucement contre lui. Je ne m’attendais pas à me retrouver tout collé avec Lionel mais il faut bien reconnaitre que je suis plus à l’aise pour l’embrasser de cette manière. Enfin, je crois. J’essaie de ne pas trop m’attarder sur le fait que de cette position, je sens assez bien les reliefs de son corps contre le mien. Je me mets à rougir… ça me fait plus d’effet que j’aurais pu croire. Des frissons chauds m’envahissent le ventre et me poussent à profiter encore plus de ce contact. Une de mes mains remonte sur sa chemise, contre son torse, pendant que je continue d’embrasser ses lèvres et son visage. Je commence à rester plus longtemps sur sa bouche, il entrouvre les lèvres et titille les miennes. Je peux sentir sa langue, avec laquelle il semble me proposer sans insister d’approfondir nos baisers. Ce n’est pas désagréable mais il est un peu pressant et je préfère m’en tenir là pour le moment. C’est pas que l’idée de lui rouler des patins me tente pas, hein, juste, pas maintenant.


***



Je sens Zlatan qui se détache pour simplement rester allongé sur moi et profiter de mes caresses dans son dos et ses cheveux. L’espace d’un instant je me demande si je m’y suis mal pris tandis qu’il m’embrassait. Peut-être que j’ai été un peu pressé et que je ne l’ai pas assez laissé faire les choses à son rythme. On n’est pas obligés de s’embrasser tout le temps, évidemment et il n’a pas l’air de m’en tenir rigueur, mais bon.

Tandis que j’observe le plafond, les cheveux de mon copain le paresseux me chatouillent et j’en ai partout ! Je souffle pour les faire partir mais l’autre me les remet volontairement dans le visage ! Ah ! ça ne se passera pas comme ça ! En émettant un « gnap ! » j’attrape une de ses mèches dans sa bouche.


« Héééééé ! »


Proteste-il en se redressant, en me voyant grogner, à moitié hilare avec ses cheveux dans ma bouche. Il se libère puis me tire les joues pour se venger. Je geins pour la forme et il cesse en ricanant doucement. En le regardant, je repense à ce qui s’est passé il y a une minute et dévie le regard en pinçant les lèvres, un peu embarrassé.


« Quoi ? »


Zlatan a capté ma gêne passagère, évidemment. Cette fois je m’empourpre en relevant les yeux vers lui, l’air probablement un peu trop alarmant. Je vois que l’inquiétude investit le regard de mon brun favori tandis que je cherche mes mots.

« Dis, euhm… tu trouves que j’embrasse mal… ? »

Zlatan soupire avec un certain soulagement et lève les yeux au ciel. Il se laisse glisser sur le matelas de manière à se retrouver à mes côtés. Je me retourne sur mon flanc pour lui faire face et me sens un peu bête de poser ce genre de question. M’enfin, c’est vrai, je suis un peu trop brusque, des fois. Puis je suis nul pour mettre la langue, à ce qu’y parait.


« Qu’est-ce que tu racontes, là ? »


Le Eriksen m’observe avec perplexité. Aaaaah, je le savais ! La honte ! Je suis nul pour embrasser mon copain ! Le concerné est confus et m’observe en plissant les yeux, cherchant des explications.

« B-Baaaah… ! T’avais pas l’air d‘aimer, plus tôt… »

« Mais non… ? »


Il a dit non ! Qu’est-ce que je disais. Je me pétrifie et me préparais à m’enterrer mentalement mais l’autre se reprend.


« Enfin, je veux dire, que, euh, si, j’aimais bien, m-mais, euh, j’étais pas dans l’humeur et euh, des fois, bah, euh… t’es un peu pressé… ? »


Je rougis dans mon embarras… Il a raison, à chaque fois je suis trop content de l’embrasser alors je peux être un peu trop… bah, enthousiaste, au point d’être relou.


« Hé, ça va, c’est pas grave, hein. »


S’il le dit… Je soupire et me pose sur l’oreiller, toujours un peu crispé et gêné.

« Tu es sûr ? »

C’est vrai que… ça ne m’étais pas arrivé si souvent, avant lui, d’embrasser comme ça. C’est vraiment très différent de ce que j’avais expérimenté, à vrai dire. Avant, bah, j’aimais pas embrasser du tout, en fait. Je trouvais ça un peu dégoutant, ce genre de geste est vraiment très intime à mes yeux et j’avais commencé à me dire que j’étais un peu bizarre car tout le monde en faisait des tonnes. Puis, j’ai imaginé que c’était soit que j’avais pas de chance et que je tombais que sur des personnes qui s’y prenaient mal, soit moi qui étais nul ou coincé. Mais en réalité, c’est juste que j’étais pas réellement attiré. Avec Zlatan, même quand c’est un peu raté, j’adore. C’est particulier enfin, ça a un sens particulier à mes yeux, je ne saurais pas vraiment dire en quoi. L’autre hoche doucement la tête et me dit de ne pas m’inquiéter. Je commence à me sentir moins bête.

« Ouf… Parce que moi, j’aime trop t’embrasser ! »

Liant le geste à la parole, je dépose un baiser sur sa joue et apprécie de le voir rougir à mes mots et à mes gestes.


« Pff, idiot. »


Comme d’habitude il fait son tsundere quand j’ai envie de lui dire des trucs gentils.

« Quoi, c’est vrai, t’es tout doux et tu sens bon ! Enfin, sauf quand tu as fumé, tu pues. »

Zlatan glousse brièvement et lève les yeux au ciel. Il secoue la tête en se donnant l’air détaché mais je vois bien que ça le touche.  


« J’crois pas que tu sois super objectif, là, hein. »


C’est à moi de rire comme un gros niais. Je souris en coin et lui caresse la joue avec un air enjôleur.

« Bin, et alors ? »

Il va faire quoi, si je le trouve aussi irrésistible, quel que soit l’avis général sur la question ? Si vous voulez mon avis, c’est l’avis général qui est complètement pété ! Je suis sûr que les gens ne veulent juste pas admettre que mon petit ami est super cute juste parce que… parce qu’ils n’ont aucun goût, pardi. Pendant que je rêvasse comme une midinette, l’autre se rapproche avec son air de kéké mesquin.


« Alors, comme ça, on me trouve doux, hein ? »

« Euh… oui… hein, qu-- »

Je n’ai pas le temps de répondre que Zlatan a déjà commencé à me poke le ventre avec ses doigts pour jouer et il sait très bien que je suis hyper chatouilleux à cet endroit.

« Hé ! Hé, non, aaaaah ! Pitiéééé ! »

J’éclate de rire et l’autre continue de m’attaquer de plus belle sans me laisser de répit. Je roule sur le lit sans pouvoir respirer au cœur de mon fou rire. Je ne sais pas combien de temps je ricane ainsi comme un gros andouille (enfin ça fait rire mon copain aussi de me voir dans cet état), nous ne nous calmons qu’en entendant la porte de l’appartement s’ouvrir et la mère Eriksen appeler « Zazou » pour voir si son fils est là et manifester sa présence. De notre côté, même si on est encore hilares, on décide de se décoller et le brun se lève pour répondre et saluer sa mère par la porte de la chambre. Je suis encore un peu essoufflé après avoir autant ri d’un coup mais lance quand même un « bonjour Helène ! » à la grande blonde qui vient d’arriver. Pendant qu’elle discute avec son fiston, je m’assois sur le lit et prend la manette de la console pour me remettre à jouer.

J’écoute l’air de rien la discussion de mon ami avec sa maman. Elle lui demande comment était sa journée, si je suis là car elle a reconnu mon rire, dit qu’on avait l’air de s’amuser, Zlatan lui répond par des « euh ouais ouais » et des « et toi ? » un peu distraits. Je me demande si elle se doute de quelque chose, par rapport à nous deux ? Est-ce que mon brun préféré lui a déjà dit ou sous-entendu qu’on sort ensemble ? Il m’en aurait certainement touché deux mots avant. J’ai confiance en lui et aussi en Helène. J’ai de bonnes raisons de penser qu’elle sera encourageante vis-à-vis de notre relation. Du moins je n’ai aucune raison de penser le contraire. Mes parents, en revanche… eux, ils ne sauront jamais rien et ça vaut probablement mieux. Ça me rend assez triste de ne pas avoir de proches avec qui je peux partager mon bonheur. Mais je suis un peu habitué, en fait, même s’il m’arrive d’espérer que mes parents changent d’avis. Déjà, si je parle ne serais-ce que de mon amitié avec le Eriksen, c’est parti pour une demi-heure de commentaires bêtes et méchants. Je ne veux pas non plus importuner d’autres personnes avec ça, même Riku qui serait certainement contente pour nous et Alexander… non, je ne préfère pas lui dire, à lui… mais c’est pas que je l’aime pas. C’est juste que… en fait, je suis moins à l’aise avec lui avec le temps qui passe. J’ai de plus en plus de mal à donner tord à Zlatan qui me dit depuis un bout de temps que Alexander, même si c’est mon ami d’enfance, abuse parfois pas mal de moi. J’aurais surtout peur que le Griffin aille tout raconter à son père qui raconterait tout à Papa et Maman et là je ne veux même pas penser aux scènes d’hystéries qui s’en suivront.  


« Hé, Lio… ? »


Je me suis momentanément perdu dans mes pensées et j’en ai oublié de faire attention à la discussion de mes hôtes. Je cligne des yeux et vois les deux Eriksen qui attendent ma réponse. Zut, j’ai pas entendu.

« Euh… pardon, qu’est-ce que c’est… ? »
« Je te demandais si tu voulais rester ce soir et si tu dinais avec nous ? »

Helène a toujours un air un peu attendri quand elle s’adresse à moi. Même si elle parle fort et souvent familièrement, qu’elle aime bien faire des vannes parfois cassantes, je sens toujours quelque chose de bien attentionné mots. Quelque chose de parental, j’imagine, que je ne trouve pas dans la manière dont mes géniteurs s’adressent à moi.

« Eh ben… je veux bien, si ça vous gêne pas, je ne voudrais pas m’imposer… »

Zlatan lève les yeux au ciel.


« Mais nan, andouille, on te propose. »

« Me traites pas d’andouille, euh… andouille ! »

Je sais bien que je n’ai pas beaucoup de répartie mais au moins, ça fait rire les deux Eriksen. Helène nous annonce qu’elle aimerait bien qu’on vienne l’aider à la cuisine quand elle aura fini de se reposer une petite demi-heure. De toute façon, je comptais bien faire l’invité modèle. Assis sur le matelas, mes yeux ne quittent pas mon copain qui referme la porte quand sa mère s’en va faire une petite sieste comme à chaque fois qu’elle revient du travail. En se retournant, il me vit en train de le fixer et arque un sourcil intrigué.


« Bah quoi ? Tu veux ma photo ? »


Marmonne-t-il avec un air un peu narquois. J’ai déjà pleins de photos de lui, il le sait maintenant !

« Oh, ben oui, je veux bien ! Tu prends la pose ? »

Répliquais-je avec un air malicieux. Il ricane pour cacher son embarras, revient s’asseoir à mes côtés et profite de mon moment d’inattention pour me piquer la manette. Je continue de l’observer tandis que certaines questions me taraudent encore. Je prête attention aux bruits de l’appartement, pour être sûr que Helène ne nous entende pas. Patate profite que la porte n’ait qu’à être poussée pour entrer et vient me saluer en premier en grimpant sur le lit. Il roule sur le dos en émettant des « pruuh ? » adorables et je commence à lui gratter la tête. Je pose la mienne sur l’épaule de Zlatan qui se concentre sur son jeu, espérant attirer un peu son attention.

« Hé, Zlat, tu as dit à ta mère pour nous deux… ? »

Visiblement surpris pas la question, l’étudiant se retourna vers moi et mit son jeu en pause.


« Euh… non… je lui ait jamais trop parlé de ma vie sentimentale… »

« Ah bon… ? »

J’aurais cru, vu comme ils sont proches tous les deux… Enfin, c’est l’impression qu’ils donnent.


« Bah, d’une manière ou d’une autre… je crois qu’elle voyait quand j’avais des copines, c’est elle qui me demandait en premier et en général elle voyait juste. »


J’imagine que c’est des choses qui se sentent, quand on est proches, dans une famille. Ou peut-être que j’extrapole. Où alors c’est juste que Zlatan est un peu transparent… maintenant que j’y repense, ce doit plutôt être ça, il est très mauvais pour faire des cachotteries, à son grand dam.

« Et là… tu crois qu’elle sait… ? »

Le grand brun se raidit un peu et grimaça en se grattant la nuque.


« Euh… je sais pas… je sais pas si elle envisagerait que je sois avec un gars… »


J’émets un « ah » et penche la tête sur le côté. Je comprends où il veut en venir. Je suis un peu surpris qu’il se prenne aussi la tête pour ça. Même pour lui, ce n’est peut-être pas évident de « sortir du placard », comme dirait Olaf, même avec sa mère.

« Tu as peur qu’elle ne le prenne pas bien… ? »

Il prend une pause puis secoue la tête, en emmêlant ses doigts entre eux.


« Hm… je pense pas que M’man soit chiante sur ça, en vrai. En plus elle te connait et elle t’aime bien. »


Moooh ! Ça fait plaisir que la maman de mon copain m’aime bien ! Enfin, c’est pas la question. Zlatan enchaine, de plus en plus hésitant.


« C’est juste que… le reste de ma famille, je sais pas si… enfin, je m’en fiche un peu, je leur dirais pas, m’enfin… »


J’ai du mal à imaginer la famille de mon copain intolérante… encore une fois, j’idéalise en me disant qu’on ne peut pas être plus malveillant que mes parents au sujet de l’homosexualité, mais à ce qu’il paraît, c’est en réalité loin d’être rare… malheureusement.


« En fait, je repense juste à certains trucs que mon grand-père a déjà dit sur les « pédés » et… enfin, tu vois, m’man le regardait de travers, mais personne disait rien. Et euh, y’a Soltan, aussi… C’est pas qu’y dit des saloperies, lui, mais… je sais pas, leur opinion compte un peu pour moi, alors, j’ai un peu peur de leurs avis quand même. Et je veux pas que ça pose des problèmes à ma mère. »


Je crois que je vois bien. J’étais de ceux qui ne disaient rien, justement. Probablement encore maintenant, avec ma famille, en tout cas. Je comprends que Zlatan non plus, ne dit peut-être rien. Même ses cousins, dont il est pourtant proche, il ne peut pas connaitre leur avis sur la question, donc il a peur d’être déçu ou rejeté par eux.

« Je comprends… »

De mon côté, je ne me pose même pas la question, je sais que Papa et Maman ne pourront jamais entendre que je sors avec un homme. Je suis naïf, c’est vrai, j’idéalise ma famille et celles des autres, mais, il y a des sujets où je n’ose même pas me poser la question. Pour mes parents, je crois que je commence à ne plus trop espérer. J’ai beau essayer d’y penser avec toute ma candeur, il m’est difficile d’ignorer la boule que j’ai dans le ventre chaque fois que je rentre à la maison et que mes vieux y sont. La vérité, c’est que cette boule est là depuis des lustres mais que je ne préférais pas y penser.


« Et puis, tu sais, je sais même pas si je suis… enfin… je suis un peu paumé, en fait. »


Je ne suis pas certain de comprendre où il veut en venir. Est-ce qu’il veut dire qu’il se questionne sur le fait qu’il aime peut-être aussi les gars, alors qu’il est toujours sorti avec des filles avant ? Personnellement, je n’ai eu qu’une copine avant lui et le fait de trainer au club manga notamment avec Olaf m’a certainement rendu plus aisé de me dire que je pouvais aussi être attiré par Zlatan, et donc, des gars, enfin, je crois bien que le sexe… enfin, le genre d’une personne, plutôt, m’importe peu. Cependant, si je n’avais jamais entendu des personnes parler d’orientation ou de diversité des genres ces derniers mois, je crois que je serais tout aussi perdu que mon copain. J’aurais peut-être peur de me poser des questions. J’aimerais le rassurer… je ne serais pas aussi clair et informé qu’Olaf ou Martin quand ils en parlent entre eux et que j’écoute en douce, mais, je pense que c’est bien de dire ce que je sais.

« Hm… c’est vrai que… quand j’ai commencé à me dire que, peut-être, tu me plaisais un peu, j’ai un peu posé des question à Olaf et Martin… Enfin, j’ai dit que c’était « pour un ami ». »

Je rougis en me rendant compte du ridicule de ma démarche.

« Evidemment y ont tout de suite dû piger que je parlais de moi, enfin, bref ! »

Déjà, Zlatan se remet à sourire puis rigole doucement.


« T'as vraiment fait ça ? »

« Oui, bon, je sais, c’est un peu ridicule, mais, ils ont été vraiment sympas enfin, un peu secs, tu les connais, mais y m’ont quand même écouté alors que j’avais du mal à aligner trois mots… bref ! »

Je devais vraiment avoir l’air d’un imbécile à balbutier juste pour prononcer quelques syllabes. Y repenser me fait rire, maintenant que je suis blotti contre Zlatan qui a accepté de sortir avec moi et on s’est même dit « je t’aime » ! Rien qu’à me le remémorer, j’ai l’impression que mon cœur va exploser et j’ai envie de le serrer fort dans mes bras pendant des heures. Mais je vais me contenir, sinon je vais penser à autre chose et totalement oublier ce dont on parlait.

« Tout ça pour dire que avec ce qu’ils m’ont dit et les personnes à suivre sur les réseaux qu’ils m’ont donné pour me renseigner, ben, j’ai regardé un peu et… bah, de ce que j’ai compris, c’est qu’en gros, c’est bien de se questionner, mais ça veut pas dire qu’y faut tout de suite trouver une réponse. Moi, par exemple, je suis pas tout à fait sûr mais, euh, je crois que je suis bi et… bah, voilà, c’est juste que ça me ressemble plus… du coup, je dis pas que toi aussi et si tu veux pas te définir comme ça… enfin, t’en fais pas ! »

Je me rends compte que j’ai beaucoup parlé de moi pour dire pas grand-chose… Je crois que j’ai du perdre mon copain en route car voilà qu’il me fixe avec des yeux tous ronds.

« Oups… héhé ! Je suis pas doué pour les explications, désolé ! »

Zlatan secoue la tête avec un sourire en coin et passe un bras autour de mes épaules.


« Mais nan. C’est, euhm, c’est cool ce que tu me dis. »


Quel tsuntsun, quand il fait sa petite moue et son regard en coin après avoir dit un truc sympa, je vous jure, c’est presque caricatural. Et je sais que je suis un peu grave, mais, c’est absolument trop mignon. J’émets un « moooh » totalement mièvre et lui saute au cou pour avoir un nouveau câlin, comme si on en avait déjà pas assez eu en cette journée et cette période où il semblerait qu’on doive être collés en permanence sinon on chouine toute la journée (enfin, c'est mon cas).


« Je voulais le dire à ma mère, enfin, si t’es d’accord avec ça… juste, c’est encore un peu nouveau, alors, enfin, tu vois, je préfère attendre un peu, quoi. »


Finit-il par me confier tout en continuant de m’enlacer en me caressant le haut du dos. Je m’éloigne un peu pour lui sourire et lui embrasse la joue.

« Fais comme tu le sens ! »

Je fais vraiment confiance à Hélène et l’imaginer être « de notre côté » me fait du bien, à défaut de ne pouvoir avoir ce genre d’alliés dans ma famille. Tandis que mon copain me quémande de la place sur mes genoux pour s’y reposer la tête et continuer à jouer, bienheureux que je continue de lui caresser les cheveux par la même occasion. Patate ronronne tout autant quand je continue de le gratouiller. Le matou finit par se lasser et ses pupilles se rétrécirent lorsqu’il roula de nouveau sur son dos et me défia de lui poker le bidou afin de jouer à essayer d’attraper ma main pour la mordiller. Il est rigolo, parce que par rapport à son gros ventre, il a les pattes un peu courtes et donc, il se retrouves à se retourner sur son flanc pour m’attraper. Mais, mine de rien, le vieux matou est encore agile et finit par arriver à m’attraper les mains et fait des roulades en tous sens jusqu’à tomber du lit. Une fois par terre il reste interloqué un instant, puis s’empresse de faire sa toilette avant de sortir comme s’il ne s’était rien passé être nous. Ouin. Il m’a quitté.

Je crois que par la suite, il est allé déranger Hélène, comme on entend cette dernière dire « rooooooh Patatounet, tu pues tu cul, dégages ! ». Elle nous prévint peu de temps après qu’on allait faire le repas et nous dûmes donc quitter la chambre pour aller en cuisine. Je ne l’ai pas dit à Zlatan pour qu’il ne balise pas, mais je crois que vu qu’on est quand même de plus en plus tactiles tous les deux, la maman Eriksen nous a parfois envoyé des regards en coin… Enfin, personnellement, j’ai toujours été tactile, mais, mes gestes ne sont plus vraiment les mêmes maintenant, je ne saurais pas comment les décrire, je crois qu’on sait juste qu’ils n’ont pas le même sens. C’est surtout de voir Zlatan oser de plus en plus me toucher ou me caresser le dos, ce qu’il ne faisait jamais avant, qui eut l’air de surprendre Hélène. Tout ça pour dire que je ne pense pas qu’elle soit très dupe, malgré ce que son fiston disait plus tôt. Elle est assez discrète pour ne rien dire, évidemment et ne fait pas non plus de remarques sur le fait que je reste dormir. Je pense que ça soulage un peu mon copain aussi, qu’elle ne dise rien et nous laisse vaquer pour la soirée. Je compte bien profiter du week-end à venir chez mon copain, parce que dans les semaines suivantes, je sens qu’avec les examens blancs qui s’en viennent, je vais pas mal être fliqué chez moi. La barbe. Je crois même qu’ils m’enverront des fois chez Alex pour que lui et son frère Ellias me fasse réviser. C’est vrai qu’ils sont bons à l’école les Griffin, mais leur père est… je le connais depuis mon enfance mais il m’a toujours mis mal à l’aise. J’espère qu’ils ne me sucreront pas mes entrainements de patinage et que je pourrais quand même un peu tricher en me réfugiant au club pendant mes heures d’études ou retrouver Zlatan sur le campus en prétendant que je profite de mes trous en fin de journée pour étudier au CDI !

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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeMer 24 Juil - 0:08

Alexander I
/!/ TW : homophobie, classisme, elitsime, comportement narcissiques et toxiques à gogo, bullying, etc. /!/


« Encore devant le miroir, hein ? »

En traversant le couloir pour se rendre dans la salle à manger, Théodule Griffin s’arrêta à quelques mètres de la porte de la chambre impeccablement rangée de son fils cadet en train d’ajuster son accoutrement du jour avec un grand soin.

Et c’est parti ! Mission gêner Papa dans son homophobie crasse : acceptée !


« Tu ne veux pas que je sois beau, papounet ? »


Lui répondit le blondin avec un regard en biais et un sourire en coin insolent. Son père adoptif resta un moment interdit devant l’assurance apparente du ton qu’employait le blondin, nullement intimidé par ses railleries de vieux con. Quelque peu outré par l’impertinence de son fiston favori, Théodule répondit avec un certain embarras, comme si on le forçait à dire des mots qu’il ne voudrait pas employer. D’ailleurs, il n’alla même pas jusqu’au bout de sa formulation.

« Il y a être « beau » et être… »

Oui, oui, « avoir l’air d’un gros pédé », Papa, je sais. Merci de le remarquer !

Le regard du patriarche Griffin scruta son fils cadet de haut en bas avec suffisance. Il émit une de ses inspirations sceptiques avant de retourner d’assoir à la table où était sorti le petit déjeuner et son journal. Alexander sortit de sa chambre et ne relâcha pas son père du regard, continua de se tenir droit, souriant en ajustant sa cravate à rayures bleues et roses, jusqu’à s’asseoir, tout sourire, en face du patriarche. Theodule s’attarda plus longtemps sur la fameuse cravate que sur le reste de l’accoutrement de son fils, ainsi que sur son blaser et sa chemise serrée et bien repassée. Puis il émit un claquement de langue.

« Je veux dire, oui, « beau », d’accord, mais, bon, là… enfin… tu vois ce que je veux dire. »

Il se reconcentra sur son journal en jetant des coups d’œil de temps à autre au blond qui dépliait sa serviette en tissu avant de se mettre à boire son thé du matin avec un « sluuuurp » de délectation.

Hmmm… les larmes des hétéros homophobes frustrés du cul ont bon goût ce matin.

Alexander était presque trop habitué aux inspections de son père devenues quotidiennes depuis quelques temps. Le cinquantenaire commençait peut-être à soupçonner quelque chose sans oser l’envisager pour autant, tant ce serait une disgrâce, une trahison immense envers son sacro-saint sang de bon croyant réactionnaire. Même s’il jouait avec le feu, il n’était pas difficile au blondin de lui tenir tête sans dire un mot, c’était inné, chez lui, d’être arrogant et insouciant. Du moins, c’est ce dont il préférait se convaincre, afin que les propos violents de son père adoptif ne l’atteignent pas. Et puis, au fond, il le savait, qu’il en faisait assez pour rendre papa fier pour le faire douter et avoir à peu près la paix.

J’ai tout du fiston idéal, jamais il n’oserait me virer… Il le sait, que je le vaux bien : je présente trop bien en public avec mon beau sourire, je sais chanter, je suis très cultivé, je suis brillant pour mon jeune âge. Quoi, « mes privilèges de gosse de riche blanc » ? Ah, mais, carrément ! Pourquoi ? Vous pensiez que j’assumais pas d’en profiter un max ?


Ca, ses privilèges, s’il n’en avait pas toujours pleinement confiance, Alexander aimait en profiter,  « juste comme on me l’a enseigné », dira-t-il pour se déculpabiliser avec une impudence à peine feinte. Avec tous les avantages que présentait le fait d’être le fils adoptif favori du chef de la famille Griffin, le blondin se persuadait d’être tout à fait libre de ses choix et pourtant, il ne voulait surement pas se demander dans quel genre de malaise il puisait pour en venir à maltraiter les autres pour se sentir mieux. Dès ce moment, toutes ses excuses étaient futiles, c’est pour cela qu’il ne s’en donnait pas et qu’il continuait de se comporter comme un princelet autoritaire et dictatorial avec Lionel, pour ne nommer que lui. Ces derniers temps il avait aussi trouvé malin d’aller ennuyer Léopold Richter et la cousine d’Eriksen pendant leurs activités de préparation de convention… Pourquoi est-ce que son grand cousin Olaf devait toujours se trouver dans le coin dans ces moments-là et l’attraper par le piercing (ah, Papa Théodule ne les aimait pas non plus, les piercings) pour l’obliger à aller travailler sur la prochaine chanson du groupe ?!

Ah, oui, la vie est dure, quand on est un Griffin gâté, hein.

« Il faudra que tu ailles chez le coiffeur. »


Lui dit son père qui continuait de l’observer derrière son journal entre deux pages et deux gorgées de café.

« Tu prendras de l’argent et tu iras au salon du centre-ville, tu dis que tu viens de ma part et ils te feront ça dans l’heure. »

Comme Alexander ne répondait pas et ne faisait qu’hausser les épaules d’un air désintéressé, Théodule le rappela à l’ordre avec un de ses reniflements dédaigneux. Sa voix devint plus mielleuse.

« Vraiment, Lelex, ils commencent à être longs et je ne voudrais pas que tu ressembles à une… enfin, tu vois ce que je veux dire. »
« Non. Qu’est-ce que tu veux dire, papounet ? »


Renchérit le blondin provocateur, en feignant l’innocence comme il avait toujours très bien su le faire devant son paternel.

« Tarlouze », c’est ça, le mot que tu cherches. A force de faire le disque rayé on commence à comprendre. Ou « folle », probablement, même si je ne suis même pas sûr qu’il connaisse plus de termes que ça.

Au lieu d’oser assumer de connaître des termes atrocement violents et oppressants, Théodule préféra changer de sujet sans plus attendre.

« Ah, et cette chère Sixtine Roque-Lartigue m’a appellé, elle a besoin que tu fasses réviser son fils, là, le Lionel, dans les jours qui viennent. »

Fais gaffe, papounet, tu baves quand tu parles de cette vieille bique de Roque-Latrique.


Ce n’était pas vraiment nouveau, ça, et Alexander trouvait ça aussi dégoutant qu’intrigant. En entendant parler de cours de soutien à donner à Lionel, son sourire s’élargit, l’air un peu mesquin.

Héhé, on va bien s’amuser. Et ça me fera de l’argent de poche !

« Bien sûr, elle te paiera. »

Le patriarche soupira, plus pensif.

« Quel tare ce doit être, d’avoir un cadet aussi peu brillant par rapport à l’ainé… ils ont bien du courage de le garder chez eux, cet imbécile heureux, à se demander ce qu’ils vont bien pouvoir en faire. »

Avec un sourire en coin, Alexander haussa les épaules. Après tout, si Lionel était moins un « imbécile heureux », il ne se laisserait plus autant faire.

Ce serait ballot !


Et faut pas le dire, mais sans Lionel, le blond n’aurait plus beaucoup d’ « amis » ou de personnes prêtes à le couvrir en cas de soucis.

Le paternel plia son journal et quitta la table, ce qui signifiait qu’ils allaient bientôt partir en direction du collège. Hors de question que le patriarche Griffin laisse ses fils prendre le bus… Le blondin se contenta d’un « okaaaayyyy » enthousiaste et se dépêcha de terminer son café et s’en alla chercher son sac bien préparé dans sa chambre.

A cause des embouteillages sur le chemin, Alexander fut passablement ennuyé de ne pas avoir le temps de passer au sous-sol se changer. Depuis quelques semaines, le « vestiaire » trouvé par Olaf servait aussi à Martin, un type de la classe d’Helmut encore dans le placard. Sans surprise, le Griffin est assez indifférent à la présence du Rosenthal dans leur petite « communauté »… mais il n’avouera jamais qu’il se sent toujours un peu jaloux quand Olaf s’occupe d’une autre personne qui a des soucis par rapport au fait de vouloir transitionner tout en devant rester dans le placard. En plus, il y a deux-trois ans, le fils à Papa était tout autant dans son malaise avant de demander de l’aide à son cousin… Cousin qui avait dû à l’époque arrêter ses études de théâtre pour trouver une source de revenus car les Griffin-Nagel l’avaient jeté après avoir découvert qu’il travaillait dans un bar LGBTIQ et faisait des spectacles de drag. Bref, si Alex arrivait à s’assumer aujourd’hui au grand dam de son paternel, c’était en partie grâce à Olaf. Mais il se comportait quand même comme un ingrat et regardait Martin et son cousin de travers lorsqu’ils avaient besoin de se mettre dans leur coin pour parler.  

Alexander traversa le campus en direction du bâtiment des clubs vers lequel son cousin traine souvent à cette heure-ci. Olaf avait beaucoup à faire pour préparer la convention, il lui avait rapidement montré ce qu’il voulait créer au niveau des cosplays et ce qu’il voulait vendre en terme de vêtements qu’il avait crée cette année pour leur stand. Le blond aime bien servir de modèle pour le Griffin-Nagel, ça lui permet de poser et de renflouer l’instagram de Silvery Die, l’identité sous laquelle il a commencé à pratiquer le drag il y a peu. La jeune queen y met beaucoup de cosplays ces temps-ci et des photos des performances de leur groupe de glam metal ; elle commence à avoir un bon nombre de followers sur les réseaux.

En passant non loin de l’entrée des étudiants, le Griffin se fit discret en apercevant Lionel en train de causer avec son pote Eriksen.

Pourquoi traine encore avec ce looser… ? Y se croit malin parce qu’il a une pauvre moto à la con, celui-là ?!

Alexander plissa les yeux, observant les deux amis interagir sans l’apercevoir. D’un regard mauvais, il constata que le duo devenu de plus en plus inséparables avec les mois qui passent (malgré leur séparation avec le redoublement de Lionel), avaient l’air encore plus collés que d’habitude.

Et c’est quoi ça, regardez-le, qui s’est appuyé sur la moto et… mais bordel, je rêve, il minaude à mort, là, le Roque-Latringle !! Et il est pas le seul, en plus ! Depuis quand l’autre punk de mon tuck il ose faire le poseur et sourire comme ça à mon cru-- euh, mon esclave ?!

Il grimaça en continuant de fixer la scène et en sentant sa gorge se tordre sous le coup de la jalousie. A moins d’être hétéro et bigleux, impossible si on connait un peu Lionel d’ignorer que son langage corporel était extrêmement flirty. De plus, Zlatan semblait beaucoup apprécier. Alex tourna les talons et termina de tracer son chemin jusqu’au bâtiment des clubs. Comme prévu, il y trouva son cousin en train de pianoter sur son téléphone. Olaf regarda le Griffin arriver habillé avec ses vêtements de fifils à son Papa et grimaça, sachant très bien que même si Alex aime bien ressembler à un étudiant en école de commerce, il est plus à l’aise dans d’autres tenues.

« Wah, t’es moche. »

Le nargua-t-il après l’avoir observé de haut en bas avec une expression horrifiée. Alexander ricana de sa voix de crécelle et s’installa à côté du brun afin de le railler à son tour.

« C’est à force de trop trainer avec toi Olafounet. »


Le plus âgé laissa passer un silence quelque peu consterné puis fixa le blond en arquant un sourcil. Il se serait attendu à une tirade bien plus hyperbolique en guise de réponse à sa vanne.

« Quoi, c’est tout ? Tu me récites même pas du Shakespeare ? J’t’ai connu plus inspiré. »


Grinça-t-il, presque préoccupé par le fait que son cousin semblait ailleurs. C’est vrai que la jeune queen avait encre en tête cette image dégoutante de Lionel en train de draguer fort ouvertement son « ami » Zlatan (qui, à ce rythme-là, n’était peut-être plus seulement son ami). Il tenta de ne rien laisser paraitre en répondant par une nouvelle raillerie.

« Ah, oui, je compte commencer à tarifer ma salive. Ce sera 500 balles les 30 secondes de vanne, maintenant. »

Depuis le temps qu’ils se connaissent, le brun bas de plafond au grand nez sait fort bien quand l’autre andouille tente de camoufler son malaise. Il roula des yeux et rangea son portable en soupirant gravement. Olaf croisa les bras et remit sa mèche derrière son oreille, puis se mit à fixer son cousin avec un air des plus mielleux.

« M’ouaiiiiis, causes toujours, chaton… moi, je crois qu’y s’est passé un truc. »

Le sourire en coin du plus vieux faisait bien comprendre qu’il n’était pas dupe. Pour autant, ce n’est pas pour autant que Alex craquerait. Des fois, uniquement devant lui, il admettait, d’autres fois, il changeait simplement de sujet. Le regard irrité, presque farouche du binoclard le fixa un instant. Le fils à Papa hésita l’espace de quelques secondes, puis il grogna avant de répliquer, non sans rouspéter comme la diva pourrie-gâtée qu’il est.

« Depuis quand Roque-Latrique est, genre… proche de l’autre junkie, là, Eriksen… ? »


« Evidemment, c’est TOUJOURS à propos de Roque-Lartigue », pensa Olaf en soupirant avec exaspération. Le brun ricana au nez du plus jeune et s’assit sur une marche, sentant qu’ils étaient peut-être partis pour une conversation un peu longuette.

« …Y sont potes depuis le collège, abruti. »

Lui renvoya-t-il sans arrêter de lancer des œillades lasses au blond qui revenait toujours au même point. Sa jalousie maladive se voyait toujours comme leurs nez au milieu de la figure (et c’est peu dire, dans leur cas). Et Alexander osait le nier depuis des années, ce qui commençait à tauser Olaf très sérieusement, d’autant plus qu’il faisait des scènes de chialage très souvent ces temps-ci, avec Martin dans le coin.

« Non, mais quand je dis « proches », ça veut dire, dans le sens « gays ». »


Cette fois, Olaf tourna lentement la tête et cligna des yeux, toisant la grande perche qui se surpassait en terme de caca dans les yeux et le cerveau, ces temps-ci. Il lui lança un « bitch, really ? » ironique puis commença à se foutre ouvertement de sa tronche avec un rire gras des plus irritants.

« Pourquoi tu formules ça comme un hétéro ?! »

S’esclaffa-t-il tandis qu’en face de lui, Alexander grognait. Les commissures de ses lèvres plongèrent exagérément vers le bas et il posa ses mains sur les hanches, comme prêt à piquer une crise façon « oh, je suis véxé, je suis colère !! ». Nullement perturbé par les regards assassins qu’on lui lançait, Olaf continua de se marrer gaiement, puis essuya les petites larmes apparues au coin de ses yeux afin de reprendre son souffle et la parole.

« Roooh, arrêtes de me regarder comme ça et de faire genre ! »


Avant de répliquer, Alex émit un « oh-oh-oooooh ! » outré accompagné d’un bruit guttural étrange, dans tous es cas, il ressemblait à une dinde rachitique en train d’échouer dans ses vocalises.

« "Genre" de quoi ?! »

C’en était trop, Olaf se tut une fraction de seconde puis explosa de rire à nouveau, s’affaissant sur les marches en s’éventant d’une main. Absolument pas amusé, le Griffin attendit qu’il termine de « faire le gros gamin », pour reprendre les paroles qu’il marmonna en tapottant de ses doigts bien manucurés sur ses hanches.

Pffff ! Y peut se brosser pour que je lui fasse ses ongles gratuitement la prochaine fois ! Là-aussi, je vais faire flamber mes tarifs, pour la peine !


« Tu joues les Saintes-Nitouche refoulées quand on parle de ton « pote » d’enfance ! »

Comment ?! KOMAAAAAN ?!

En devenant tout rouge (de colère ou d’embarras, difficile de le savoir), le blond se pencha vers Olaf, narines retroussées et sourcils très très froncés. Devant cette grimace, le vingtenaire ne put que glousser de plus belle.

« Quoi ?! Sérieux, c’est la première fois que tu remarques que c’est limite s’y ont pas une main dans le slip de l’autre tout le temps ?! »


Même s’il se sentait « hu-mi-lié » par les moqueries de l’autre, le blond à lunettes parvint enfin à aligner quelques syllabes qui ne ressemblaient pas aux feulements d’un chat aux glandes salivaires un peu trop dévelopées.

« Ce que tu peux être dégradant, des fois. Tu crois vraiment que j’ai envie d’imaginer ça ? »

Parvint-il à articuler en s’efforçant d’avoir l’air en contrôle de lui-même et détaché. Olaf finit par se calmer et fut bien content de pouvoir respirer normalement à nouveau. Un long soupir plus tard, il se redressa sur son séant et fixa longuement Alexander. Ce dernier arqua un sourcil car il sentait bien que son interlocuteur allait lui sortir quelque chose qui n’allait pas du tout lui plaire.

« Je t’ai jamais dit de l’imaginer, obsédé ! »


Mais qu’est-ce qui lui dit que… Pffffff ! Débile !!!

« C’est toi qui te fais des films en mode « Princesse Juliette X Roméo Lover Doki Doki » avec Roque-Latringle depuis que t’as commencé à te faire les ongles. »

Q-U-O-I ????? Non mais ça va pas ?! Dégoutant ! Ah ! Beuuurk ! Les seuls rêves de ce genre que je fais, c’est avec moi-même ! Enfin, mon alter-égo superpuissant gary-stu super bien sapé comme dans la meilleure tragédie de Euripide-Marlowe !!

Pour dissiper son malaise, Alexander se força à ricaner haut et fort, histoire que tout le monde puisse profiter de son rire strident des plus désagréables.

« Quoi ?! Seigneur dieu me tripotte, tu veux que je vomisse ? »


Pas dupe une seule seconde, Olaf se redressa et haussa les sourcils sans perdre son sourire provocateur.

« Roooh, allez, avoue que t’as les glandes de te l’être fait piquer par le clone avorté de l’enfant de Kylo Ren et Dingo ! »

Mais par la barbe de cul de Saint Parcouille, il est con, ce matin ! Enfin plus que d’habitude, évidemment il est con, tout le monde est con, comparé à moi ! Toute façon Lionel ne m’interesse pas, il est trop, euh… vieux, oui. Puis ça me fait juste chier qu’il traine avec cet attardé de Eriksen qui fait rien d’autre de ses journées que se défoncer dans sa cité et astiquer son pot d’échappement ! Sérieux, qu’est-ce qu’il a de plus de moi, hein ?! Y verra bien, dans trois mois, y sera lassé et reviendra en rampant vers moi car je SAIS qu’il m’aime plus !

Même s’il essayait de se convaincre qu’il ne réagissait pas de manière totalement possessive et toxique au sujet de, Alexander se sentait vexé comme un pou par l’attitude d’Olaf. Ce dernier avait perdu son sourire et souffla du nez, apparemment lassé du cinéma de son cousin Griffin.

« Qu’est-ce que t’es chiant… tu sers à rien quand tu fais la commère, comme ça. »
« Ohlala oui, c’est moi qui suis chiant. »


Pffff… ignorons-le, il est con.

En ravalant l’envie de vociférer à nouveau l’hystérique qu’il est, le binoclard roula des yeux.

« Tsss… c’est ça. Allez, j’vais en cours. »

Marmonna-t-il simplement en retournant vers les bâtiments de la section lycée du campus. Il tira son téléphone de sa poche et se surprit à sourire d’un air victorieux en voyant qu’il venait de recevoir un message de Lionel.

C’est bien ce soir que je viens chez toi pour réviser ??


…Même pas 30 smileys content et sparkles ?! C’est quoi ce délire ? Quand je dis que l’autre junkie dépressif a une sale influence sur lui.

Le Roque-Lartigue lui envoya un autre message dans la minute.

On se retrouve où ?

Toujours pas de smiley, c’est quoi son soucis, il a mangé du chianto-lax dans ses céréales, ce matin ?

Non sans s’agacer de repenser à sa conversation avec Olaf, le blond s’occupa de répondre avant d’entrer en cours, fin prêt à faire du zèle pour la lecture des Misérables prévue durant son cours de littérature.

Le chauffeur de mon père vient me chercher, on se retrouve à la sortie après les cours vers 16h30.


Meh. J'aurais pas le temps d'aller au coiffeur, du coup... Une autre fois, la flemme. Papa aura oublié, de toute façon, y sera trop occupé à parler de sa vente.

Une fois installés au bureau dans la chambre bien trop grande du fils à Papa Griffin, Lionel remercia la gouvernante qui venait de leur apporter des jus de fruits et des biscuits. Alexander souffla d’agacement lorsque son pote d’enfance et Madame Dubreuil commencèrent à discuter un peu trop longuement à son gout. En l’entendant pester, la cinquantenaire les laissa tous les deux et il lui fallu écouter Lionel, bien entendu incapable de se concentrer sur son travail, dire que la gouvernante avait l’air « trop trop gentille pas comme dans les contes où elles sont toujours méchantes, c’est marrant parce que dans la réalité elles sont pas villaines comme ça… ». Le blond à llunette le coupa sèchement.

« Oui, oui, ok, super, tu peux te concentrer sur ton DM de litté, maintenant ? C’est pas sorcier, quand même, ce passage d’Anthony… »

Lionel eut l’air quelque peu bléssé d’être coupé de la sorte et se renfrogna. Le Griffin n’y prêta pas attention et lui souligna les passages importants à étudier. Les épaules tendues et le visage crispé, il fixa son regard sur les pages de son livre en essayant d’analyser comme il le pouvait le texte sur lequel posaient ses questions type Bac, mais après une journée de cours, il était incapable de tenir en place.

« C’est duuur… j’en ai marre de travailler… »

Alexander l’ignora royalement et se posa sur son coude en le fixant, espérant que ça force son pote d’enfance à faire « un minimum d’effort ».

Hm… ça faisait longtemps, tiens, il a les cheveux qui ont poussés… ça lui va bien, quand y sont attachés, comme ça, y ressemble à… eh, oh, euh, stop là ! Putain d’Olaf, y m’a retourné le cerveau avec ses histoires !

Histoire de penser à autre chose, le blond se secoua et désigna une ensemble de phrases avec son crayon, essayant d’être un minimum pédagogue.

« Ecoutes, c’est pas compliqué, regardes le passage, là… avec ce que tu connais de l’œuvre de Dumas, comment tu pourrais analyser ce passage… ? »

Le bleu sembla tomber des nues et observa le Griffin avec des yeux ronds comme des assiètes.

« … euh… l’œuvre de Dumas… ? Euh… je dois avoir lu d’autres choses… ? »


Alexander se mit à cligner des yeux. Confus, il se gratta la nuque, souffla un coup, et arqua un sourcil en demandant des explications.

« Rassures-moi, tu l’as lu le bouquin ? »

Franchement, déjà, pas lire Anthony, c’est franchement criminel, mais même pas essayer de s’en intéresser, faut vraiment être le dernier des… Grmbl.

« Euh… j’y arrive pas, c’est trop long. »

Oh, mais, quel boulet !

« T’es sérieux, là ? Evidemment que tu comprends rien ! »


S’énerva le plus jeune en se massant l’arrête du nez. A côté de lui, Lionel se rattatina sur sa chaise et semblait se sentir mal. Il attrapa discrètement son portable mais son « ami » d’enfance attira de nouveau son attention sur le DM.

« Ta mère me paye pas pour… Rah, bref, ça sert à rien, si t’as rien lu, comment tu veux que je t’aide ?! »

Le Roque-Lartigue eut l’air d’être sur le point de se mettre à chouiner.

Mais qu’est-ce qui lui arrive, encore, là ?!


« Cries pas comme ça, je suis désolé… Tu… tu voudrais pas me faire un résumé ? »

Gémit-il tel un enfant effrayé.

Bah v’la autre chose… Tsss… C’est bon, je vais lui faire son résumé.


Alex claqua de la langue, se calma et soupira en s’étendant au fond de sa chaise. Un silence passa puis le Griffin se leva afin de commencer à résumer à l’oral Antony et sa place dans l’œuvre de Dumas. Pendant ce temps, Lionel, tendu au départ, se laissa aller aux digression détaillées de son ami d’enfance, si bien qu’après avoir entendu Alexander s’emporter et réciter plusieurs répliques par cœur avec passion, il applaudit avec entrain.

« Waaah ! Comment tu sais tout ça ? »

Euh… Hein ? Attends, il était prêt de chialer y’a pas dix minutes… Il est lunatique où quoi… ? Bordel, il est tellement niais et abruti…

Le binoclard émit un « barf, culture générale » en remontant ses lunettes, puis en allant consulter sa bibliothèque afin de dissimuler ses joues devenues roses.

« Tu es vraiment intelligent… moi je comprends rien à ces trucs. Ça me fait ça aussi, quand Zlatan me parle en détail de comment on monte un moteur ou du lore des jeux Résident Evil, moi, je connais rien… »
« Wah… gé-niaaaal… »


Ironisa le blond en levant les yeux au ciel avant de se remettre à parcourir les bouquins d’un air inspiré, comme le dernier des poseurs. Lionel ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis se renfrogna.

Des moteurs et des jeux vidéos ? Il est sérieux, là, ça intéresse qui ?!

Trop occupé à se comporter comme les dernier des sales bourgeois classistes, Alexander en oublia que Lionel se sentait visiblement mal face à ses discours de gros intello. Sans réponse, le bleu fit mine de se reconcentrer sur ses devoirs, du moins, il essayait réellement d’écrire quelque chose qui se tienne en prenant en compte ce que lui avait dit son « professeur ». Après un petit quart d’heure, le Roque-Lartigue ne tenait à nouveau plus en place et se leva.

« Je reviens, je vais faire pipi. »

Dit-il en laissant le blond seul devant ses propres devoirs. Ce dernier ne se soucia guère de l’absence de son pote d’enfance, jusqu’au moment où il entendit le telephone de l’autre vibrer sur le bureau. En voyant l’écran s’allumer et notifier la réception d’un SMS (malheureusement, Lionel masquait le contenu des textos sur son écran), Alexander fut pris d’une furieuse envie de foutre la merde en essayant d’espionner le contenu des messages de l’autre. Il voulait aussi savoir s’il avait imaginé des choses ce matin en voyant le bleu avec Eriksen et… en se rappelant l’air ravi de Lionel après son exposé improvisé, même s’il pouvait très facilement « éjecter » Zlatan du « jeu » sans trop réfléchir, Alex renonça à son entreprise.

Fait chier…

Se dit-il avant que Lionel ne revienne dans la chambre, avant de signaler qu’il ne devait pas trop tarder à partir. Il donna à son mai d’enfance la somme que sa mère lui avant confié.

« Ah, ton phone à vibré pendant que t’étais aux toilettes, au fait. »


« Oooh ! »


Le visage de Lionel s’éclaira et il se mit à sourire comme un niais après qu’il se soit hâté d’ouvrir le fameux message.

Tsss… bingo. Foutu Olaf.

Amer, le Griffin constata que son estomac se tordait en constatant qu’il était bien loin des pensées de Lionel en ce moment. Sans plus protester, car il n’avait, pour une raison qui lui échappait, pas le cœur à emmerder le monde, le fils à Papa se décida à raccompagner son pote d’enfance vers la sortie, au moment ou Théodule rentrait et les interrogeait sur la leçon. On peut dire que le Roque-Lartigue savait au moins cirer les pompes du patriarche pour éviter des s’attarder.

« Oui, ça s’est bien passé ! Alex est un très bon professeur ! »

Son regard orangé pétillant croisa les iris bleu glacés du blond, qui se sentit pétrifié l’espace d’un instant.

« Ça m’a vraiment beaucoup aidé ce que tu m’as dit, merci ! »

…Mais quel…

Alexander ne sait même plus quel genre de réponse il avait formulé pour répondre et saluer son ami  d’enfance et ne se rappela pas non plus la réflexion de son père sur le fait que « c’est qu’il est bien élevé mais il est vraiment retardé, ce petit… ». Le Griffin retourna sans trop attendre à ses devoirs, histoire de se concentrer sur autre chose que sur certaines pensées parasites dirigées vers le cadet Roque-Lartigue. Ce n’est pas souvent qu’il a mauvaise conscience et sans doute que personne ne le plaindra (à juste raison) mais… en vrai, il aime bien Lionel. Pour une fois, même si la jalousie lui fait presque mal, il n’a pas vraiment envie d’empoisonner la relation du bleu avec son copain fan de motos et d’occulte.

Pfff… Je suis juste fatigué. Toute façon, Lionel se lassera dans quelques semaines. Eriksen est pas un mec pour lui.

Sans se remettre en question et en ignorant le moindre de ses remords concernant la manière dont il utilisait Lionel, le fils à Papa passa une soirée de gentil petit bourge avec devoirs, diner, film au coin du feu en robe de chambre, puis dodo.

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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeMar 30 Juil - 23:05

Martin III

Est-ce qu’il va passer aujourd’hui aussi… ?

Planqué derrière son bouquin d’histoire de l’art, le Rosenthal espère qu’on ne remarquera pas les coup d’œil à la fois appréhensifs et pleins d’espoir qu’il lance vers l’entrée du CDI. Croyant réellement être discret, le blondin se disait qu’avec un peu de chance, il croiserait « totalement pas hasard » un certain matheux de sa classe qu’il sait aimer fréquenter le CDI. Le fait est que depuis qu’ils a avaient terminé leur exposé, Martin était à court d’arguments viables pour provoquer une rencontre avec Helmut. Car bien entendu, une solution « viable » ce n’était pas de simplement demander « tiens tu veux qu’on se fasse un Burger King et un ciné ? », pour Martin, mais de se mettre à un emplacement stratégique où son crush aurait des chances de le trouver et de lui faire par la suite une grande déclaration. C’était le scénario idéal pour l’adolescent qui rêvassait plus que jamais à son crush à lunettes. Au lieu de se faire des films, il pouvait aussi accepter la proposition d’Olaf qui lui agitait depuis des lustres le numéro d’Helmut sous son nez et qu’il refusait par… par orgueil mal placé, évidemment.

Mais non. Il va bientôt entrer par cette porte, me voir, je vais lever le nez de mon livre comme si ne rien était, passer au passage pour un mec ultra cultivé… puis il va me demander ce que je lis, je vais lui étaler ma passion pour l’histoire de l’art et direct il va craquer en voyant mon air passionné.

Son plan était parfait, évidemment, mais reposait uniquement sur la théorie que les choses se passeraient exactement comme il les a imaginées. Et dans la réalité, les choses ne se passent jamais comme on les espère. D’ailleurs, quand on imagine un scénario de midinette de ce genre, c’est que bien souvent, c’est le dénouement qui a le moins de chance d’arriver.

Sinon, je suis pas du tout mordu et j’ai pas de sentiments pour lui ni rien, hein, je le jure…


Le blondin fut coupé dans ses pensées lorsque l’objet de ses pensées franchit finalement la porte. Il se cacha maladroitement derrière son bouquin qu’il tenait à l’envers en s’efforçant de ne lancer aucun regard vers son camarade. Mais ce dernier ne le capta même pas et parti dans la direction opposée.

….Mais… MAIS JE SUIS LAAAAA, DUCONNO DES BACS A SABLE ! J’avais pris la meilleure position stratégique, c’était OBLIGE qu’il me voit !!


Martin regarda, franchement dégouté de tout, le Nagel s’éloigner pour aller s’installer dans une autre zone du CDI. Une fois Helmut disparu, le binoclard blond retomba le front sur la table et s’insulta de tous les noms d’oiseaux qu’il connaissait. Maintenant, il lui fallait un nouveau plan. L’idée ne tarda pas à se dévoiler dans son esprit. Quelques minutes après, le Rosenthal commença à exécuter son « plan B ». Il se leva, non sans appréhender la suite, puis se dirigea en essayant de faire comme si ne rien était vers l’autre section du CDI.

En même temps, évidemment qu’il est allé vers la section physique-chimie… Je m’étais installé dans les bouquins d’arts. Quel con (pas moi, hein, c’est lui qui a aucun goût) !

La première étape consistait à repérer le Nagel. Ce qui était idéal, déjà, c’est que le brun lui tournait le dos et semblait déjà au travail. Comme ça, il ne le verrait pas arriver et Martin éviterait de se faire remarquer trop tôt. Le cœur en train de s’affoler du blond failli l’empêcher de passer à la seconde étape de son stratagème. Celle-ci consistait à faire mine de parcourir les bouquins sur les étagères en s’approchant petit à petit de la position de Nagel, jusqu’à ce qu’il le remarque. C’est ce que le Rosenthal entreprit alors de faire, en sentant sa poitrine s’emballer plus fort lorsqu’il se rapprochait de son camarade captivé par ses devoirs.

Encore quelques mètres… hm… il aurait déjà dû me remarquer, là…

Se dit le blond maintenant qu’il était presque juste derrière Helmut. Mais ce dernier semblait bien trop concentré pour faire attention à ce qui se passait autour de lui. Martin commençait avoir envie d’abandonner et c’est à ce moment-là que sa main glissa et fit tomber une paquet de livres par terre.

« Putain de MERDE ! »


Pesta le razibus à lunettes en se baissant pour ramasser son bazar. Trop occupé pour faire attention au reste, il ne s’attendit pas à se retrouver nez à nez avec le matheux une fois qu’il se releva avec trois livres sur les bras.

« Qu’est-ce que tu fais ? T’en fais du boucan… fais gaffe, la documentaliste vas te faire chier. »

Mais de quoi je me mêle ?!


Martin piqua un fard, honteux de s’être mis dans une position aussi peu flatteuse devant son crush. Sur le coup, il avait envie de lui hurler dessus de se mêler de ses affaire car il n’avait pas besoin qu’on lui rappelle l’affiche qu’il venait de se taper. Mais d’autre part, il avait au moins reussi à surprendre son camarade… enfin, c’est ce qu’il espérait. Probablement que ce n’était pas que la honte qui rendait ses joues roses mais également sa proximité avec Helmut qui ne le quittait pas des yeux, visiblement confus par son manque de répondant.

« Euh… rien, j’étais en train de… chercher des livres… »

Répondit finalement le blondin en essayant de contrôler le volume de sa voix.

Pff, fais pas genre que ça t’interesse !!

« Ah. Tu cherchais quoi ? »

… Mais… on a pas idée d’être trop curieux ! J’aurais dû trimballer mon bouquin d’histoire de l’art avec moi ! Maintenant je me retrouve avec… Oh… oh meeeeerde… !


Martin retint sons souffle avec une mine horrifiée tandis que l’autre se penchait vers les ouvrages qu’il avait dans les bras, à savoir « Un prince pour mon Noël », « Seule avec mon gentil vampire » et « La magie de l’amour », des romans visiblement très niais dont Martin ne comprenait pas la présence dans un CDI.

« Oh. »

Le Rosenthal sentit ses joues devenir plus écarlates que jamais, surtout quand son camarade releva la tête sans dissimuler un sourire en coin. Helmut haussa les sourcils et son rictus s’allongea.

« J’aurais pas cru que tu aimais ce genre de… »
« Quoi ?! Mais c’est pas pour moi ! C’est pour… c’est Olaf qui voulait que je lui ramène !! »

Une ange passa entre eux. L’excuse était presque plausible et c’est probablement ce qui fit plisser les yeux au Nagel, puis qui lui provoqua un bref rire étouffé. Martin en profita pour mettre les livres à leur place en un rien de temps et changer de sujet.

« Tu lis quoi, toi ?! »


Demanda-t-il impulsivement, sans pouvoir s’empêcher d’être brusque au cœur de sa panique. Helmut n’avait pas l’air de lui en tenir rigueur et ne dit rien non plus quand son camarade s’installa sur une des chaises libres autour de la table où il s’était installé. Cela dit, son clignement d’yeux de surprise semblait signifier qu’il ne s’attendait pas à la question de l’autre. Lentement, le brun baissa le regard vers son livre et installa soigneusement un marque-page Star Trek (Martin se sentait presque débile de reconnaitre le Capitaine Picard) à la page où il s’était arrêté, afin de montre la couverture de l’ouvrage à Martin.

« Euhm… Les guerriers du silence ? C’est un roman ? »


Le brun hocha la tête et laissa le blond lire le résumé sur la quatrième de couverture.

« Ouais, c’est un truc de SF avec des voyages dans l’espace et y’a des aliens qui peuvent tuer avec leurs pensées... pour le moment c’est pas mal. »
« Hm-hm… j’y connais rien en science-fiction… »

Avoua Martin en rendant le livre à son propriétaire. Ce dernier eut l’air d’hésiter en cherchant ses mots. Il semblait au Rosenthal que son camarade faisait des efforts pour poursuivre un peu la conversation. Il ne le connaissait pas spécialement loquace, à part quand ça en vient à ses trucs de geek et de « Star Trucs ». En un sens, s’il était avec Samaël, Martin ne se serait pas non plus donné beaucoup de mal pour faire la conversation avec l’autre lunetteux.

« Ah… euhm… tu as pas déjà vu un Star Wars ? Ou juste un truc qui se passe dans l’espace ? »

Merde… C’est là que va falloir que je sorte que oui, j’ai regardé des trucs de mecs qui vont voir des aliens dans les étoiles…

« Euh… j’ai regardé quelques épisodes de Star Trek… c’est sur Netflix et je me faisais chier donc… »


« Quelques épisodes », ouais… la Série originale et 2 saisons de La Nouvelle Génération. Rien que ça. Mais c’est pas ma faute si Spock et Picard sont cools… Et non, c'est interdit de dire que j'ai un kink sur les monsieur Je-Sais-Tout stricts.

« Oh ! Cool. »

Le blond bugua l’espace de quelques secondes car il ne s’attendait pas à entendre Helmut dire « cool » avec un début de sourire.

Evidemment, que tout le monde peut sourire quand il est content… je suis con, moi aussi. Et je fais quoi, maintenant, je parle de Star Trek avec lui ?


C’est peut-être la meilleure occasion de Martin d’avoir une conversation amicale avec son camarade avant un bout de temps. Il est le premier à vouloir en profiter et à avoir espéré ce genre de situation des centaines de fois dans sa tête, mais maintenant qu’il y est, le Rosenthal a encore plus le trac que lorsqu’il avait dû participer à sa première kermesse et avait compris tout le sens de l’expression « se faire pipi dessus de peur » par la même occasion. Enfin, là, il n’avait pas peur, mais il se sentait vibrer à la fois d’excitation et d’intimidation. Il allait enfin avoir un véritable échange avec son crush et qui sait, peut-être que de fil en aiguille, il aurait l’occasion de l’impressionner avec ses connaissances en histoire de l’art… En fait, Martin écouta plus son camarade lui parler en détail de l’univers de sa fameuse série de S-F qu’autre chose et il trouva ça étrangement captivant. En réalité c’est un peu pour ça que le blondin était tombé sous le charme du Nagel depuis plus d’un an… C’était un gros intello crâneur qui se sentait obligé de se la ramener en cours car il était plus avancé dans les matières scientifiques que le programme, mais ça ne parvenait pas à agacer Martin, surtout quand il voyait la passion qui anime son camarade quand il étale ses connaissances. Le soucis qu’ont les gens avec la manière de causer du plus grand, c’est qu’il n’adresse pas vraiment ses propos : il donne l’impression de ne parler que pour lui-même. Martin pouvait comprendre ça, il ne savait pas bien s’adresser aux gens non plus sans qu’on lui dise qu’il se la joue. Ce qui n’est pas faux. Mais en vrai, il n’attend qu’une chose, c’est que quelqu’un veuille bien partager ses nerderies avec lui. C’est vraiment un truc d’intello bourge qui a besoin de compenser son absence de confiance en lui avec sa grosse culture, mais, le Rosenthal avait l’impression que son camarade aux yeux bleus perçants pouvait comprendre. Il enviait souvent Natsume d’être aux premières loges pour partager ses passions avec Helmut, d’ailleurs. Et puis il y a aussi que Martin a rarement le réflexe de renvoyer la balle à ses interlocuteurs, car il est quelque peu imbu de lui-même alors ses conversations tournent souvent court.

Helmut parla assez longtemps et aborda certains épisodes qu’il aimait particulièrement pour finir par demander à Martin quels épisodes il avait apprécié. Ce dernier ne sut pas trop quoi répondre, vu qu’il les enchainait pour le moment et n’arrivait pas à tout retenir : ça se mélangeait dans sa tête. Apparemment, selon le matheux, c’était normal au premier visionnage. Le plus grand arriva au bout de son long speech et le silence revint entre eux. En cherchant quoi dire ensuite le razibus blond tourna un peu ses pouces et surprit l’autre regarder l’heure d’un air soucieux. Entre le moment où ils avaient fait leur exposé et aujourd’hui, le Rosenthal avait remarqué que l’autre gosse de richards avait l’air très fébrile avec l’heure. En tournant deux ou trois fois la langue dans sa bouche avant de se mettre à causer, le blond osa demander de quoi il retournait.

« Euh… tu as un truc à faire après… ? »

…Que… Non, non, ça sonne comme une invitation, là ! C’est pas ce que je voulais dire !! Ah le bouleeeeeet ! Et l’autre me regarde comme si je venais d’Alpha du Centaure, maintenant, aaaaargh !

« Je je je… je veux dire… euh… genre, euh, juste pour pour toi, quoi, parce que euh, moi, j’ai… moi, j’ai des trucs à faire, c’était pas une invitation ni rien ! »


Abrutiiii !

En se maudissant de l’intérieur, Martin attendit en se retenant de se ronger les ongles la réponse de l’autre qui semblait toujours aussi surpris.

« Euh, tu peux répéter, j’ai rien compris, là… »

Martin émit un bruit guttural de malaise en se tendant comme un « I » sur sa chaise. Evidemment que l’autre n’avait pas compris son charabia de syllabes maladroites. Le blond inspira profondément et repris finalement la parole, non sans sentir ses joues se réchauffer à nouveau.

« Je disais… c’est juste que tu regardes beaucoup ta montre, alors, je me demandais si t’étais pressé par le temps ou… »


Helmut émit un « aaaaah » pour annoncer qu’il comprenait finalement où voulait en venir sn camarade blond. L’espace d’une minute, le Nagel cessa de fixer et baissa les yeux vers son livre, visiblement un peu stressé par quelque chose.

« Hm… Non, non, c’est plutôt l’inverse… »

Fit-il à mi-voix, visiblement un peu embarrassé. Peut-être que son imagination lui jouait des tours, mais Martin eut l’impression, à la manière dont son interlocuteur avait laissé trainer son intonation à la fin de sa phrase, que le matheux s’attendait à ce qu’il renchérisse sur quelque chose. Le blondin retint son souffle en s’apercevant que c’était peut-être le moment idéal pour proposer à son camarade d’aller quelque part. Il n’avait pas l’air occupé par des révisions ou des devoirs, tout comme Martin qui était là sur son temps libre. Plus nerveux que jamais, le Rosenthal sentit ses mains devenir moites et sa gorge se bloquer momentanément.

Je… je dois lui demander. Je veux lui demander. C’est le moment où jamais.


La sensation lui semblait vertigineuse, il n’avait jamais fait ça, ça lui sembllair presque insurmontable. Mais quelque chose, une impression infime que l’autre attendait peut-être une telle proposition, semblait pousser Martin à oser finalement quelque chose. Ce n’était pas prévu, il était pris de court par l’ambiance qui venait de s’installer entre eux et qui ne saurait cesser de s’intensifier lorsque leurs regards se croisèrent l’espace d’une seconde. A cet instant précis, le jeune blond à lunettes eut envie de tout arrêter et de fuir en courant, comme par pudeur maintenant que son camarade avait pu deviner ce à quoi il pensait. Poussé par un élan de courage intrigant, Martin entrouvrit ses lèvres et leva le visage vers Helmut.

« Euh… N-Nagel ? »

L’autre déglutit et frotta et tortilla ses doigts les uns avec les autres, visiblement appréhensif. Le nom de famille d’Helmut sonnait tout de suite sec à travers les paroles devenus hachées de Martin qui n’avait probablement jamais autant sué du cul de sa vie. Le brun émit un bruit guttural aigu étrange qui était sans doute censé être un « oui » au départ et que Martin trouva bizarrement adorable.

« Tu… si t-t’as rien à faire, alors… m-moi j’ai rien à faire non p-plus… tu veux qu’on, euh… »


Je veux crever. Je veux crever mais faut que je termine cette phrase sinon je vais regretter tout le restant de mon existence.

Le blond avait l’impression de s’apprêter à faire un sauf de l’ange depuis le haut d‘une falaise… Et s’il se gourrait totalement ? Et si Helmut faisait juste cette tronche car il était horrifié par la manière dont il s’adressait à lui ? Et s’il disait « oui » juste par politesse et lui posait un lapin ensuite ?! Clairement, ça n’avait pas l’air d’être le genre d’Helmut qui est plutôt sec de manière générale, mais, là, Martin était prêt à envisager le meilleur comme le pire.

« On peut… aller quelque part ens… ensemble… ? G-genre, euh, manger un t-truc… ? »


Durant le bref silence qui suivit, Martin eut envie de disparaître. Que la réponse de son camarade soit « oui » ou « non », ça ne changeait pas grand-chose, il était atrocement gêné et en avait presque le vertige. Mais, quelque part dans sa poitrine, quelque chose se réchauffait et le faisait se sentir presque fier d’avoir eu le courage de faire cette proposition à l’autre. Même si, d’un côté, il lui fallait aussi admettre qu’Olaf n’avait pas que des idées merdiques et ça, ça lui faisait beaucoup plus de mal à l’égo que tout le reste. Après une ou deux secondes de silence, pourtant, Martin avait envie de hurler.

MAIS REPONDS !!! Me regardes pas comme ça !!


Bien que ça lui fasse un drôle d’effet de croiser à nouveau le regard de l’autre et de constater qu’il était rouge écrevisse et avait visiblement du mal à se retenir de sourire (ou alors, il se faisait des films), le blond voulait sa réponse avant de péter une durite.

« B-bah… o-okay… »

C’est tout ?! Mais ça m’aide pas, ça ! Je dis quoi, maintenant, gros malin ?!


Martin allait se remettre à bafouiller de nouveau et d’instinct, il se leva avant de reprendre la parole, encore une fois poussé par une adrénaline mystérieuse.

« Euh… on… je vais… je p-passe aux toilettes et j’prends mes affaires et puis… on s’attend à l’entrée ? »

Etrangement, son ton s’était un peu apaisé. Contrairement à son cœur qui, lui, était toujours aussi affolé. Il laissa tout juste le temps à Helmut de lui répondre affirmativement et fila sans demander son reste mettre ses affaire dans son sac et courir aux toilettes. Une fois enfermé dans une cabine, le jeune blond se mit à hurler intérieurement, sans savoir si c’était de terreur ou car il était fou de joie. Ses jambes tremblaient encore, il avait l’impression que ses paumes et ses joues dégoulinaient de sueur et sa poitrine chauffait agréablement.

Ok, c’est cool, mais flippant, mais cool, mais… faut que j’envoie un SMS avec Olaf. Pitié, Maléfique, réponds.

HELP !!! J’AI PROPOSE A HELMUT DE SORTIR JE FAIS QUOI ?! JE VAIS CREVER ?!


Bien entendu, il ne pouvait pas rester indéfiniment dans les toilettes et c’est bien pour ça qu’il espérait que le Nagel-Griffin ne prendrait pas des heures à lui répondre. A son grand soulagement, son portable vibra à peine une minutes plus tard.

MDRRRRR


Mais connard, c’est VRAI, là, c’est pas des conneries !!!

Aides-moi ptn ???

Il a dit oui ?


OUI ????

Bah go Burger King alors XDDD

Nn mais C TROP BIZARRE ? Jvé mourir ???


Après ça, Martin décida de sortir de sa cabine, comme il ne pouvait pas y rester des heures et de toute manière, Olaf ne répondait plus dans les trentes secondes. En inspirant profondèment, le blondin s’observa brièvement dans la glace et remit ses cheveux sans être convaincu du résultat. Ses préparatifs furent interrompus par l’irruptions de deux types bruyants dans les toilettes qui se ruèrent vers les urinoirs. Même s’ils ne l’avaient regardé que brièvement, le blondin préféra partir sans demander son reste, de peur de se prendre des remarques. C’était de plus en plus rarement le cas, avec les années, ses camarades avaient pris l’habitude de le voir dans les toilettes hommes et ne faisaient plus attention, mais avec ce qu’il avait déjà entendu lorsqu’il n’avait pas le passing qu’il a aujourd’hui (et encore, ça reste vraiment pas idéal à ses yeux), le Rosenthal ne pouvait s’empêcher d’être méfiant.

En sortant, Martin surprit Helmut de dos, en train d’essayer de se recoiffer avec son reflet dans une vitre. Cette vision le laissa perplexe puis il se mit à sourire en coin, jubilant un peu d’avoir capté ça. Il ne fit aucune remarque en arrivant à la hauteur du brun, visiblement pris par surprise en le voyant revenir. Les deux adolescents échangèrent un regard, puis leurs yeux dévièrent ailleurs, mais Martin ne put s’empêcher de sourire bêtement en tripotant la bretelle de son sac, certain d’avoir vu son camarade rougir et se tortiller sur place avec une expression plutôt réjouie.

« Bon… bah... On y va… ? »


Pour une fois, Martin était plutôt persuadé de ne pas se gourrer en pensant que quelque chose se passait peut-être entre lui et le matheux. Même si cette sortie fut des plus étranges car Helmut n’osa pas prononcer un mot (mais n’avait pas l’air de s’ennuyer pour autant car il souriait en coin tout du long), le Rosenthal avait rarement vécu quelque chose d’aussi grisant ces dernières années. Il avait hâte que l’occasion se représente une autre fois, même si rien ne s’était passé comme prévu et qu’il n’eut pas l’occasion de parler des grands peintres de la Renaissance de manière hyperbolique… Ce n’est pas ce soir qu’il en aura appris beaucoup au sujet de son crush matheux et il ne se souvent à peine de ce dont il lui avait causé plus focalisé qu’il était sur la tension agréable qui régnait tout au long de leur « date », mais Helmut avait hoché la tête avec enthousiasme lorsque Martin lui avait demandé s’il voulait refaire ça une autre fois. Et le lendemain, il se targuerait d’avoir réussi à chopper le numéro du Nagel sans l’aide d’Olaf, juste pour embêter le plus âgé qui, il le savait, se réjouissait surement pour eux bien qu’il ne l’admettrait jamais.


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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeDim 11 Aoû - 14:28

Helène I
(edge et insuline au caca/20)

« Mais t’arrêtes de me faire chier à la fin ?! Dégages de ma chambre ! »

Pour la 3e fois cette semaine, Zlatan vient de me claquer sa porte au nez. Un soupir exaspéré s’échappe de mes lèvres tandis que je m’en vais vers la cuisine. Je ne sais pas ce qu’il a en ce moment, mais il est contrarié en permanence et refuse de me dire pourquoi. Je me prends sans cesse des « mêles-toi de ton cul ». Charmant, mon Zazou adoré, n’est-il pas ? Il est pénible, a persister à faire comme si je ne remarquais pas qu’il ruinait son rythme de sommeil en se couchant de plus en plus tard, qu’il se remet à boire trop de café en conséquence, qu’il mange moins et je crains qu’il finisse par abuser sur l’herbe. Ce n’est pas encore le cas et je ne crois pas qu’il en arrive vraiment là, mais, le fait est qu’il ne vit pas sainement, ces temps-ci. Ce n’est pas la première fois que ça lui prend. La dernière fois, c’était à son entrée à la fac : il était très angoissé mais ne voulait pas l’admettre. C’est bien souvent ça le problème, et depuis fort longtemps : il bloque sur un truc et refuse de passer aux aveux à moins d’être pris en flagrant délit ou de craquer. Nous avons beau être proches, je ne le comprends pas bien. Probablement que je ne le comprendrais jamais vraiment, même si je suis sa mère.

J’aimerais pouvoir dire que je n’aurais pas voulu que les choses soient plus faciles avec Zlatan. Souvent, je me retrouve impuissante, je dois la plupart du temps me contenter de ne pas avoir de réponses, d’autant plus qu’il ne devient que plus secret avec le temps qui passe. Il m’inquiète particulièrement, en ce moment et il ne veut rien entendre lorsque j’essaie lui faire comprendre que ce n’est pas en se remettant à foutre en l’air son rythme de sommeil et son alimentation que les choses s’arrangeront. Je ne peux pas m’empêcher de me remettre en question dans une telle situation et c’est probablement ce qui me met le plus mal à l’aise et me conduit à m’énerver. Est-ce que j’ai loupé quelque chose dans son éducation, pour qu’il soit ainsi ? Est-ce que c’est sa manière de me dire que je suis une mauvaise mère, comme lorsque Patate me fait caca sur le lit ?

Je ne veux pas aller l’engueuler, il est grand, il comprendra tout seul et finira par venir s’excuser à sa manière. Mais en attendant assise dans ma cuisine, j’ai encore la jambe qui tremble sous le coup de ma colère passagère. J’ai besoin de ventiler à un endroit où Zlatan ne m’entendra pas. J’envoie un texto à Leanne, la voisine, pour savoir si je peux passer la voir. J’attends la réponse assise à la petite table de la cuisine, tapotant des doigts sur mon genou afin de me calmer. Cinq minutes plus tard je suis dans le petit salon des Straum et je vide mon sac.

« Je dois vraiment être horrible et tyrannique, mais des fois, j’aimerais juste qu’il… qu’il ne soit pas aussi difficile ! Ou qu’il me dise au moins ce qui va pas au lieu de se braquer dans son coin pendant que je me fais du sang d’encre jour et nuit ! »

Je reprends mon souffle entre deux phrases, tente de respirer profondément pour ne pas repartir de plus belle… je me sens déjà comme la méchante. Je m’asseois bras et jambes croisés en signe de frustration sur le canapé aux côté de la Straum qui attend patiemment que j’en ai terminé. Je pince les lèvres et mes sourcils doivent être très froncés… c’est comme ça que je vais finir par me faire des cheveux blancs, déjà qu’ils ne sont plus aussi blonds, j’espère au moins qu’ils seront aussi jolis que ceux de maman quand je serais vieille. Mais je m’égare.

« Ça t’arrive aussi, à toi, de vouloir qu’il parte et qu’ils se débrouille seul pour ne plus avoir à… enfin, pour plus avoir cette impression permanente que tu ne fais que des conneries et que c’est ta faute, s’il n’a pas l’air toujours heureux ? »

Urh… je suis horrible…

Je ne sais pas si je suis très claire. Mais j’ai la sensation que j’ai déjà eu cette conversation des tonnes de fois avec ma voisine. Quand ce n’est pas moi qui craque, c’est elle. Car bon, son petit frère, là, le Melly, il a un caractère de cochon aussi. Probablement pour ça que lui et Zazou n’ont jamais bien réussi à s’entendre. Je ne sais pas si j’ai fait une erreur ces derniers temps, si c’est après moi que Zlatan en a, mais… comme c’est moi qu’il engueule, comme ça fait trois fois en à peine huit jours, bah, je commence à le prendre personnel. La brune qui m’accueille gentiment chez elle pour que je ventile dans son salon soupire d’un air compatissant puis remplit ma tasse de thé maintenant qu’il a fini d’infuser. Ah, le bon thé à la menthe de Leanne Straum. Voila qui me fera du bien.

« Bah, mieux que tu dises ça ici que devant lui. Mais, ouais, des fois, j’en ai marre de Melly aussi. Je sais que c’est horrible, mais des fois, je me mets à imaginer de trouver un bouton « pause » quand il pique des crises ! »

Rétorque-t-elle et je ne peux pas m’empêcher de glousser un peu à sa remarque. Effectivement, si on s’autorisait à faire ça, on serait les pires mères ou tutrices du monde, mais c’est pas comme si nos vies étaient reposantes, non plus. Plus hésitante, ma voisine se reprend.

« Enfin… je sais que je suis pas la mère de Mell et que c’est pas comparable et j’y connais pas grand-chose mais… »


Tandis qu’elle s’emballe comme pour s’excuser une fois de plus comme si elle avait l’outrecuidance de se considérer comme aussi responsable que moi, je lui adresse un signe de main apaisant.

« Bah, c’est du pareil au même, Lélé. T’as elevé ton frangin bien plus que vos vieux qui étaient pas là, je sais qu’on passe ton temps à te rappeler que tu pouvais pas bien faire ton taff mais c’est pas vrai… »


On est parties pour nous plaindre de conneries qui nous tombent régulièrement sur la tronche du fait de notre statut si avantageux de mère ou dans le cas de Leanne, de tutrice célibataire. Souvent, c’est juste dans le détails, mais les remarques sur le fait que ça doit pas être évident pour les gamins de se construire dans une telle situation, alors qu’ils sont majeurs et vaccinés (et franchement mieux élevés que d’autres qui ont eu l’incroyable chance d’avoir un papa et une maman et pleins de frères et sœurs adorables), c’est quelque peu usant.

« Oh, bah ça… Merci à tous les Jean-Marie et les Josiane-Sophie DuBelExemple et aux services sociaux pour m’avoir donné l’impression d’être une imposture ! »


Je ricane mesquinement avec elle. C’est pas la première fois qu’on parle de ça, mais les gens qui nous font des remarques sont tellement pénibles, avec l’accumulation, et ont tellement tendance à nous faire douter que c’est toujours bon de se défouler un peu.

« Mais bon, quelque part, même si j’étais sa mère, on m’aurait emmerdée de pas être assez responsable de pas donner un père à ce pauvre petit, héhé. »
« Ahah, tu vois, même combat. »


Je lève les yeux au ciel et continue de boire à ma tasse. Bon sang, ce qu’il est bon ce thé, je ne regrette pas d’être venue. Je me sens mieux, maintenant que j’ai craché mon venin. Un ange passe dans le salon et je m’avachis sur le canapé comme une bienheureuse. Cependant, je vois ma voisine qui me lance des regards en coin.

« On s’éloigne du sujet, là, non ? »
« Ah, euhm… »


C’est vrai qu’à la base, je parlais de mes problèmes. Comme on a dérivé sur autre chose, je ne voulais pas ennuyer d’avantage mon amie. Mais elle pose quand même la question.

« Donc, alors, Zlatan, qu’est-ce qu’il a, cette fois ? »

Arrivée là, en fait je n’ai plus grand-chose à vider. Je me sens juste inquiète et un peu triste. C’est logique que je sois contrariée, vu le contexte. En appuyant mon coude sur l’accoudoir du sofa et mon visage sur ma main, je commence à tirer une moue des plus blasées.

« Bah… J’en sais rien, c’est bien le soucis… »

Grognais-je avant d’expirer longuement et de manière un peu exagérée. Ce n’est pas pour faire la drama-queen, c’est juste que j’ai l’impression que c’est toujours a même histoire avec mon fils. Quoiqu’en fait, c’est vrai, en fait, j’ai du raconter ça au moins 50 fois à Leanne. C’est ça qui me fait me braquer, en fait, c’est que depuis le temps que je rencontre des difficultés quand il faut communiquer avec Zlatan, je me prends le même genre de réactions et doit toujours le voir se rendre malade et refuser de m’écouter. Je me suis souvent dit que, peut-être est-ce moi qui m’y prends mal, alors on a essayé de voir d’autres interlocuteurs, comme des psychologues pour ses cauchemars et le fait qu’il se referme comme une huitre et ne veuille pas dire pourquoi, des médecins pour ses problèmes de sommeil, mais… il déteste vraiment ça. Et je voyais bien que ça le mettait mal, alors, je n’ai pas voulu le forcer d’avantage. Mais, résultat, il ne veut pas s’en occuper lui-même ! Il commençait tout juste à trouver un rythme à peu près décent depuis qu’il a commencé la fac et il faisait vraiment des efforts pour s’y tenir… peut-être ne l’ai-je pas assez félicité pour ça… ? Enfin, bref, il lui suffit de presque rien pour qu’il se retrouve contrarié et foute tous ses efforts en l’air du jour au lendemain et… et moi je n’aime pas le voir comme ça. Et donc, je ne sais pas comment réagir, alors, je peste quand il n’est pas là.

« Il a l’air de n’avoir aucune idée de comment se préserver par lui-même ! On dirait qu’il ne sent pas qu’il se met en danger, des fois ! Je pensais qu’il avait appris, vu les situations dans lesquelles il s’est mis par le passé… Et quand j’essaie de lui suggérer de chercher de l’aide, il me rit au nez ou m’envoie chier… »


Et parfois il n’y va pas de main morte, dans les mots qu’il utilise quand il se met sur la défensive. Même s’il est tout piteux après et s’excuse platement, ça me blesse. Je me demande ce que j’ai fait de mal en voulant seulement l’aider ou le secouer un peu. C’est d’autant plus inquiétant parce que… Zlatan n’est pas quelqu’un de méchant. Il a un caractère de cochon comme sa mère et comme beaucoup de gens de notre famille, il prend un certain plaisir à être cynique et grognon à tout bout de champ, mais… il est vraiment gentil, au fond. Je n’arrive pas à lui en vouloir bien longtemps quand il m’envoie péter et s’excuse ensuite, parce que, la personne qui pâtit le plus de son comportement, en ce moment, c’est lui-même. Je suis soucieuse de mon implication là-dessus et me sens un peu coupable, parce que j’ai peur qu’il se sente abandonné comme il l’a déjà pensé avant. C’était en partie ma faute, je n’aurais pas dû accepter de repartir au front dans un moment de sa vie où il était aussi fragilisé. Je n’avais à l’époque aucune idée de ce qui se passait pour lui à l’école car il faisait toujours comme si ne rien était, mais… j’aurais du savoir. Et ne jamais le laisser, même s’il était entre de bonnes mais avec ma sœur Alicia, mon beau-frère Ronald et leurs trois enfants. Enfin, c’est surtout Soltan et Illéas, qu’il faut remercier, dans cette histoire, j’avoue que mes relations avec Alicia et son mari ne sont plus pareilles maintenant, même si ma grande sœur fait de plus en plus d’efforts. Je n’ai jamais vraiment aimé Ronald, de toute façon.

Repenser à tout ça fait naître une boule dans le creux de mon estomac. Je sens que l’angoisse me gagne et me mord la lèvre. Leanne se rapproche en essayant de m’apaiser. Elle sait ce qui s’est passé il y a maintenant presque 7 ans et se montre compréhensive. Faut dire qu’avec ce qu’elle et Mell ont eu comme périodes angoissantes, notamment avec leur père qui partait en vrille, elle a souvent été compatissante. C’est bien aussi, ça fait se sentir moins seule et moins conne.

« Je veux dire… est-ce qu’il attend que je dise quelque chose, que je fasse quelque chose ou que je le laisse juste… je ne veux pas le laisser s’abimer dans son coin… »


Je ne comprends pas bien ce qui se passe dans sa tête. Pourquoi il semble accorder si peu d’importance à son bien-être et ne se sente pas assez bon pour être apprécié d’autres personnes. Ce n’est pas anodin s’il n’a quasiment aucun ami en dehors de Lionel (et si on met de côté ses cousins) : ce n’est pas que sa timidité, il me dit souvent pour compenser avec son air de faux rebelle que « ce serait une perte de temps », mais je sens bien que ça cache une crainte d’être rejeté. Du moins, c’est ce que j’insinue avec ce que je connais de lui et ce qu’il me disait quand il était plus jeune.

« Je sais qu’il a à peine 20 ans, qu’il fait déjà comme il peut avec la fac, que pour tout ce qui est des relations sociales il a du mal, m’enfin… »


J’essaie d’être plus indulgente. Je me dis qu’il a le temps, qu’il sort à peine de l’adolescence qui a déjà été assez pénible pour lui, mais… des fois, ça atteint un seuil de tolérance limite, au-delà duquel ça me rend dingue.

« Des fois, tu perds patience, c’est pas anormal. »


Leanne m’enlève les mots de la bouche. Ce n’est pas anormal, mais j’aimerais mieux ne pas en arriver là. Mais bon, je suis humaine, quoi.

« Hmph… c’est même pas tant ça… je voudrais juste qu’il arrête de se faire du mal… »

Marmonnais-je, sans quitter ma moue boudeuse. La Straum m’adresse une tape affectueuse dans le dos et un bref silence passe entre nous.

« Heureusement qu’il a Lionel, mine de rien… »


Finis-je par dire avant de passer à une autre sujet. On parle encore une fois de nos galères, on casse du sucre dans le dos du voisinage, on refait un peu le monde. Après avoir parlé de Lionel, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec l’état de mon shtroumph grognon (il déteste ce surnom) et le fait que le Roque-Lartigue ne peut plus venir aussi souvent car « ses parents le font bosser », parait-il. Enfin... c’est juste une hypothèse que j’ai commencé à me faire récemment, mais je crois que Lionel, c’est plus que juste son ami. Enfin, aux yeux de Zlatan, je crois qu’il y a plus que juste de l’amitié. Je ne l’ai jamais vu regarder quelqu’un comme il regarde Lionel. Et entre nous, je ne fais pas des gratouilles dans le dos à mes amis. M’enfin, en un sens, tout ça ne me regarde pas. Zazou a toujours été assez clair sur le fait qu’il n’aimait pas que je me mêle de sa vie privée, mais, des fois, je suis bien obligée de voir certaines choses quand elles sont sous mon nez. Mais, bref. J’espère juste qu’il fait attention à lui et à son copain... enfin son pote, j’en sais rien, enfin, bref, peu importe.

Je reviens seulement vers 20h, pour le dîner. On a bien parlé 3 ou 4 heures avec Leanne, comme à chaque fois, on a tendance à s’égarer. Le retour de Mell nous a interrompues et ça m’a rappelé que moi aussi, quelqu’un m’attendait peut-être à la maison. Enfin, je n’avais pas oublié, mais le temps était passé tellement vite… Bref, me voila qui tourne la clé dans la serrure de l’appartement et j’entre à temps pour voir Zlatan aux fourneaux, ce qui est assez surréaliste en soi. J’arque un sourcil sous le coup de la surprise et tente de regarder ce qu’il fabrique. Sans doute des pâtes bolo, c’est le seul truc qu’il prépare bien, niveau bouffe.

Lorsqu’il se retourne je vois qu’il est quelque peu crispé en m’observant. Je pense bien qu’il va s’excuser sous peu, vu comme il semble péteux et mal dans ses chaussons Falkor, actuellement.

« Ah, euhm… salut. »


Dit-il avant de se concentrer sur sa passoire, dans laquelle il reverses les spaghettis tout juste cuits. J’en profite pour m’asseoir et sortir des assiettes et des couverts.

« J’ai… enfin, j’ai fait les pâtes pour toi, pour… » Il baisse les yeux quand je offre un regard appuyé pour qu’il en vienne à ce que je m’attendais à recevoir en rentrant. « Pardon pour tout à l’heure… »

Je le laisse me servir généreusement de pâtes et de sauce. Lui en prend moins, comme d’habitude. J’espère qu’il en reprendra un peu quand même. Pas étonnant qu’il reste si maigre.

« Enfin… pour tout à l’heure et aussi ces derniers jours. Je… C’est pas ta faute… »


Je ne suis plus en colère et suis prête à lui pardonner. Mais avant ça, je ne peux m’empêcher de remarquer qu’il évite mon regard afin de me cacher ses yeux rougis. Je ne lui ferais pas remarquer, comme cette vue est assez évocatrice comme ça et me fait de la peine.

« C’est bon, Zazou… »

Je ne sais pas quoi lui dire d’autre et souffle sur mes pates couvertes de sauce rouge pour les reffroidir. On commence à manger dans le silence et j’essaie de trouver une manière de tourner les paroles que j’ai à transmettre à mon fils. J’aimerais être directe mais ne veux pas non plus risquer de le braquer. Autant rester simple, sinon on va tourner du pot pendant des heures.

« Tu sais… je suis pas dupe quand t'es dans cet état, hein. J’t’ai déjà dit que je voulais pas te fliquer, mais, j’arrive pas à supporter que tu te mettes en danger pour… »


Il lève les yeux au ciel tout en mâchant. Oh, non, qu’il ne me fasse pas le coup de « mais non tu t’inquiètes trop », hein…

« Roh, mais non, faut pas exagérer… »

Mais qu’est-ce qui est si honteux à ses yeux et qui mériterait qu’il se rende malade comme ça ? je soupire et pose un instant ma fourchette.

« Ecoutes, je… c’est ta santé, tu fais bien ce que tu veux avec, mais… »


Je le vois qui commence à retrousser les lèvres, visiblement gêné.

« Tu le vois bien que c’est pas bon pour toi, non ? »


Il se renfrogne et s’avachit dans son siège. C’est un peu quitte ou double, tel que je le connais, il a autant de chances de nier et trouver une excuse pour quitter la table que de finalement s’ouvrir sur le sujet. Et pour une fois, je le vois hésiter.

« Je… je sais… »


Je relève les yeux de mon assiette. Je ne m’attendais pas à l’entendre admettre, pour une fois. J’ose croire qu’il y a eu du progrès, avec le temps.  

« C’est des problèmes à la fac… ? »

Osais-je demander, un peu naïvement, en repensant au reste de sa scolarité qui n’a pas toujours été plaisante pour lui et le dire ainsi, c’est une euphémisme. Mais, ce n’est pas ça, apparement. Zlatan secoue la tête rapidement avec une mine un peu confuse. On dirait que je suis à côté de la plaque. L’adolescent ronchon se laisse le temps de terminer son assiette avant de me répondre.

« C’est… c’est Lionel. »

Ah. Tiens donc. J’hausse les sourcils. Je me demande ce que son meilleur ami a bien pu faire comme bêtises. S’il a fait une bêtise, évidemment, car c’est sûrement autre chose, Lionel n’est pas exactement je genre fauteur de troubles même s’il dit parfois des conneries, il s’est beaucoup amélioré. Zlatan a d’ailleurs l’air plus inquieté qu’agacé en parlant de son ami aux cheveux bleus.

« J’suis inquiet pour lui et ça me… bref, tu sais comment sont ses vieux, quand il m’en parle dans ses messages, même s’il dit que ça va, j’sens bien que c’est dur pour lui. »


Je le vois qui se crispe et qui tremble un peu de frustration. De ce que j’ai compris, les parents de Lionel n’en ratent pas une pour rabaisser leur fils cadet. Vu comme il tient à lui, c’est normal que ça le mette en colère.

« Il a du temps que pour m’envoyer des SMS le soir et le matin, du coup… je reste jusqu’à pas d’heure au cas où si… s’il a besoin de moi. »


Je m’avachis sur ma chaise et soupire en levant les yeux au plafond. C’est donc ça ? Je suis assez soulagée que ça ne soit rien de plus « grave ». Quoiqu’il y a peut-être autre chose, mais je suis déjà un peu moins inquiète. Ceci étant, je ne crois pas que Lionel apprécie que mon idiot de fils fiche en l’air son rythme de sommeil pour lui… C’est ce que je comptais lui dire, mais le brun prend les devants, à ma grande surprise.

« Je devrais pas, je sais, hein… d’ailleurs, il aime pas trop ça. Mais vu qu’imaginer qu’il est fliqué par ses vieux pour ses exams et aussi ses fréquentations dans ces périodes… »


Ça le travaille beaucoup, ça se voit. Ce n’est pas la première fois qu’il me raconte ce genre de choses au sujet de Lionel et de sa famille, mais je ne pensais pas que ça l’atteignait à ce point. Je vois bien à sa voix enrouée qu’il lui est difficile d’aborder tout ça sans céder à la colère ou aux larmes. Il doit se sentir impuissant. Je suis contente qu’il ose finalement me parler de tout ça, mais ce n’est pas pour autant que ça va arranger la situation. Enfin, peut-être que ce sera plus facile à vivre pour lui, d’autant plus que ces périodes sont bien souvent temporaires, mais, elles doivent esquinter son ami. Ce doit être insupportable pour Zlatan d’avoir l’impression de le laisser vivre tout ça sans vraiment qu’il n’ait le choix.

« Ça m’empêche de dormir… en plus, à cause de moi, il prend d’autres risques et ça… »

C’est vrai que les Roque-Lartigue n’ont jamais vraiment apprécié que Lionel fréquente Zazou. Cependant, ils ne peuvent pas tout contrôler et jusque-là, Lionel a l’air de s’en sortir quand même. Mais comme l’a déjà dit mon fils, ça doit être quand même stressant pour lui.

« C’est un grand garçon, hein. S’il reste avec toi quand même, c’est qu’il arrive à gérer ces trucs-là. »


Zlatan ne peut pas décider de ce genre de trucs pour son ami. A la manière dont il hoche subtilement la tête en pinçant les lèvres, je crois qu’il le sait. Mais ça ne saurait le rassurer, visiblement. Ses épaules se tendent et il commence à masser nerveusement son épaule.

« Hm… Sauf que… Là, c’est plus pareil qu’avant… »

Plus pareil ? Il s’est passé quelque chose ? Je me redresse, pas certaine de comprendre où il veut en venir. Un long silence passe, pendant lequel le brun grincheux cherche ses mots. Je ne sais pas si c’est de gêne ou dans sa confusion, mais ses joues rosissent légèrement avant qu’il ne se remette à parler. Je ne voudrais pas qu’il se force, mais ça semble lui tenir à cœur.

« Lio et moi on est plus que « juste » des amis, maintenant. »

Même si je soupçonnait que quelque chose se passait peut-être entre eux ces temps-ci, je tombe quand même des nues. Je ne pensais pas qu’il oserait me parler de ce genre de choses un jour. Je ne peux empêcher la surprise de se peindre sur mon visage, entrouvrant ma bouche et écarquillant mes yeux au passage.

« Tu veux dire que... ? »

J’ose demander, mais l’autre m’envoie un regard entendu.

« T’as très bien compris. »


Oui, je crois. Je ne veux pas être intrusive, alors je lui laisse la liberté de m’en dire plus une prochaine fois s’il en a envie.

« Je pense que oui, mais… qu’est-ce que ça change… ? »

C’est une question un peu stupide, sans doute. Je ne sais pas si c’est une manière pour moi de lui dire que ça ne changera rien à mes yeux, comme si je me sentais forcée de respecter cette convention, ou si c’est une vraie interrogation. Toujours aussi tendu, Zlatan finit par m’éclairer.

« Bah… si ses parents apprennent pour nous, je… sérieux, si tu savais ce qu’y me racontait, y sont capables de tout, y seraient capables de le foutre dehors du jour au lendemain juste pour ça. »
La voix du brun s’emballe, il lutte pour ne pas céder aux larmes alors qu’il en vient finalement à ce qui le met si mal à l’aise. « …tout ça à cause de moi. Je… j’ai pas le droit de lui faire prendre autant de risques. »

Il renifle et s’essuie rapidement les yeux. Ma gorge se noue et ça me fait mal au cœur de le voir ainsi. Je comprends bien qu’il doit se sentir impuissant, qu’il doit s’en vouloir de ne pas pouvoir faire plus pour son ami, enfin, son copain.

« Zazou, c’est pas ta faute… »


Dis-je pour l’apaiser, mais il détourne le regard vers la fenêtre.

« Ça a toujours été tendu, chez lui… mais ça, personne ne peut le gérer à sa place. »
« Je sais, ça… »


Marmonna-t-il en tripotant nerveusement sa fourchette.

« Il est un peu insouciant, c’est vrai, mais il n’a pas l’air du genre à vraiment se mettre en danger. Et puis… s’il t’aime et qu’il sait que tu t’inquiètes, il fera attention à lui. »

Zlatan rosit légèrement et regarde ailleurs en espérant surement que je ne le remarque pas. Je ne peux m’empêcher de sourire discrètement en coin, touchée de le voir dans cet état en pensant à la personne dont il s’est entiché. Je le laisse digérer mes derniers paroles, puis souffle avant de reprendre la paroles, le regard plus sérieux.

« C’est très bien que tu sois là pour lui, mais, toi aussi, tu dois faire attention à toi, hein. »


Mon ton est plus ferme et je vois que mon fils se renfrogne tout de suite et croise ses bras en pinçant les lèvres d’un air boudeur.

« Hé ! Je ne déconne pas ! T’auras pas l’air plus courageux à te ruiner la santé pour être disponible 24h/24 pour lui ! Tu vas juste être crevé quand vous vous reverrez et tu t’en voudras encore pour ça. A force, tu te rends compte que c’est sans fin ! »


Il rentre la tête dans les épaules et me regarde un peu en biais en pinçant les lèvres.  

« Oui, bon, euh… arrêtes de m’call out, comme ça, là… »

Je roule des yeux en l’entendant faire son « gngngn grmbl » habituel lorsqu’il admet que je l’ai coincé. Hé, je ne dis que la vérité ! Et puis, je sais qu’il en est conscient, au fond. Je ne dis pas qu’il arrivera tout de suite à sortir du cercle vicieux, mais après cette discussion, je sens que les graines ont été semées. Sa relation avec Lionel le met face à ça, c’est une bonne chose aussi, je pense qu’il vont tous les deux pouvoir grandir, avec ça et je m’en réjouis. Je ne dis pas que ce sera facile, mais je pense qu’il finira par s’en sortir.

On finit rapidement de diner et Zlatan me marmonne d’autres excuses avant de retourner vers sa chambre. Je le retiens avant qu’il ne parte, avec un sourire en coin.  

« Tu peux m’en parler quand tu veux, et pour Lio, bah, tu sais qu’il sera toujours le bienvenu ici. Même en cas de soucis. »

Il me rend mon sourire, visiblement touché. Puis il se retourne vers moi et me quémande un câlin. Moh. Je ne dis pas ça pour l’infantiliser, mais c’est encore un gros bébé, des fois. Je me sens plus petite à chaque fois que je l’enlace, ça me fait bizarre de me dire qu’il était tout chétif, fut un temps. Enfin, il n’est pas costaud mais avec mon mètre 70 face à son presque mètre 90, je me sens un peu naine alors que je suis pas si minuscule que ça !

« Merci m’man. »

C’est moi qui devient émotive, maintenant… Ca me fait toujours cet effet, quand il est doux et sincère comme ça, que j’ai l’impression de revoir un peu le petit garçon qu’il était et qui a tant grandi. C’est mièvre, évidemment, mais ça me rappelle comme je suis heureuse de l’avoir vu évoluer au fil des années, ça me fait chaud au cœur. Ma main se pose tendrement sur son épaule et je lui glisse, avant qu’il ne regagne sa chambre.

« Je t’aime fort et je suis fière de toi, tu sais. »


Voila, il est tout gêné et roule des yeux de manière exagérée en émettant un « pfffrt c’est ça ouais » qui me fait sourire narquoisement. Il sourit bêtement en retournant vaquer dans ses quartiers. Moi aussi, j’ai bien besoin de glander un peu, après toutes ces émotions… dire que je dois me lever tôt demain, encore, j’ai vraiment pas envie, je resterais bien couchée avec mon chachat, mais, eh, la vie d’un adulte c’est aussi un peu d’avoir le seum en permanence. Et je ne parles même pas du repas chez Papa et Maman ce week-end… Pas hâte d’entendre Papa encore gueuler en danois parce qu’il devient sourd !
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Coba




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MessageSujet: Re: UA tin-edge (surtout edge)    UA tin-edge (surtout edge)  Icon_minitimeDim 18 Aoû - 1:39

Moumou II


/!/ TW : dépression, meltdown, paranoïa, abus familiaux, comportements auto-destructeurs, etc. /!/

« Ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vu sourire comme ça, Moumou ! »

Pris la main dans le sac tandis que je souriais bêtement sur le dernier SMS que Martin m’a envoyé, je range immédiatement mon téléphone et me concentre sur mon café comme si ne rien était. J’envoie des regards en coin à Papa qui continue de me sourire avec bienveillance en se servant une tasse. Nous sommes tous les deux seuls pour le petit déjeuner que nous prenons dans la grande cuisine. J’aime beaucoup cette cuisine, le matin. Il n’y a qu’une grande fenêtre, mais avec le store vénitien, la lumière rentre avec parcimonie et n’est pas éblouissante. Les plans de travail et les placards sont tous en bois sombre et pas un truc synthétique ou qui a l’air trop neuf. Il y a plein de place pour cuisiner et pour manger, une petite table trône au milieu de la pièce. Ça me rend toujours un peu nostalgique des moments où on passait du temps en cuisine à préparer des choses avec Papa. Il est modeste, mais il m’a beaucoup appris. Mais, revenons au présent et aux paroles quelque peu niaises de Papa Siegfried. Même si ce grand dadais aux cheveux gris a probablement que de bonnes intentions en se réjouissant pour moi, je me sens un peu gêné. Puis je ne vois pas trop l’interêt de relever quelque chose de visiblement évident. Mais, en même temps, j’ai un peu envie d’étaler mon bonheur. Bon, c’est tout récent et il m’en faut peu, aussi. Quelque part, je ne peux pas donner tord à mon paternel : j’ai toujours été le boudeur de service, dans la famille et c’est pas pour faire allusion à ma dépression et tout ce qui fait que je ne suis pas exactement neurotypique, mais là, on s’égare. Quoique pas tellement, comme j’y pense un peu souvent ces derniers temps du fait que, eh bah, je me demande ce que Martin dirait s’il savait. Enfin, j’aimerais juste pas qu’il arrête de vouloir me voir parce que… bah, parce que c’est pas « normal » ou je sais pas, enfin… de toute façon, Martin a bien d’autres soucis plus importants de son côté et je ne veux pas être un boulet avec mes problèmes. C’est que je suis un peu sur un nuage et ça fait un bail que je ne me suis pas senti aussi bien à propos de quelque chose, je ne voudrais pas tout gâcher. Enfin, ça fait pas de mal, des fois, de pas se sentir comme un caca mou.

Tout ça pour dire que je peux pas donner tord à Papa quand il a l’air content, bah, de me voir content. Alors que dans le SMS, y’avait juste écrit « Salut toi, tu vas à la bibli aussi ce soir ? », mais euh, c’est qu’on ira surement quelque part après les cours et ça, bah, c’est cool. Je me demande vraiment ce qui le pousse à me re-proposer de sortir alors que j’ai rien dit la première fois, pas beaucoup plus la deuxième, mais, on parle vachement plus par SMS, justement. Je suis plus à l’aise comme ça et lui aussi, je crois. Je savais pas qu’il était aussi passionné par l’histoire de l’art, à se demander pourquoi il tient tant que ça à faire sciences po après le lycée. Bon, dans tous les cas, je garde totalement ça pour moi, je n’en parlerais probablement pas tout de suite à Natsume et après tout, ce n’est pas comme s’il y avait vraiment quelque chose qui se passait et… enfin, si, mais, on n’est pas ensembles, quoi. J’aimerais bien mais, j’y connais rien, moi, c’est les premiers rencards de toute ma vie. J’imagine que conventionnellement, c’est comme ça que ça fonctionne, c’est-à-dire qu’on apprend à se connaitre et après on voit si ça marche mais j’ai aucune idée d’à partir de quel moment on se dit qu’on sort ensemble. Ou un truc comme ça, enfin, c’est ce que j’ai pu observer et ce que Hanz et Klaus ont déjà dit. Même si j’aime bien trainer avec Martin, je sais pas trop quoi faire ou quoi dire dans ce genre de situation et ce n’est pas seulement que je me sens intimidé par le blondin et son regard noir (huhu). C’est que c’est pas trop mon truc, les conventions, j’ai du mal. Mais ça ne signifie pas nécessairement que je suis moins enthousiaste.

Mon père s’est assis à mes côtés et parlant de conventions, justement, je ne sais pas s’il attend une réponse ou une réaction suite à sa remarque. Il est toujours souriant lorsque je croise de nouveau son regard. Finalement, je cède à une pression que je m’invente tout seul afin de répondre, m’imaginant qu’il prendrait mal d’être laissé en plan.


« Euh… oui… »

Je me mets quand même moins la pression que si c’était Maman en face de moi. Là, je serais déjà en train de préparer une dissertation dans ma tête pour me justifier d’avoir osé sourire pour une chose superflue et gaspillé de l’énergie que j’aurais pu utiliser pour travailler, diantre ! J’ai aussi un peu envie de réplique si je me sens mieux en ce moment que ces derniers mois et que je souris, ce n’est pas vraiment grâce à lui ni à Maman. Je sais que c’est difficile pour Papa aussi, probablement encore plus que pour moi, mais il est tellement à la ramasse en essayant de se rattraper pour les fois où il est… pas malaisant, mais il est blasant. J’ai l’impression qu’il veut prouver qu’il se comporte comme un gentil Papa avec moi et qu’il ne m’oublie pas malgré nos problèmes familiaux. Evidemment, qu’il est gentil mais ce serait mieux si c’était pas alimenté par une culpabilité sous-jacente.

« Il s’est passé quelque chose de bien au lycée ? »

Demande-t-il sans perdre son sourire et avec une expression un peu malicieuse. Je ne suis pas sûr de comprendre… enfin, je ne sais pas s’il se doute de mes affaires avec Martin, mais si c’est ça, je vais me mettre à rougir furieusement. Je lui ait déjà vaguement parlé de mon camarade blond, à l’époque de l’exposé et aussi quand il me demandait si quelqu’un de ma classe était bon en histoire pour potentiellement me donner un coup de main. Papa connaît aussi les Rosenthal par son travail (bah oui les chefs d’entreprise friqués, ça se retrouve facilement), mais je ne crois pas qu’il fasse le rapprochement car je pense que pour lui, les Rosenthal ont une fille, pas un fils. Après tout, je ne lui ait pas parlé de cette importante distinction, mais je ne suis pas sûr qu’il comprendrait. Il essayerait probablement et demanderait des explications, mais je ne pense pas encore être assez bien informé pour les lui donner. Et puis, bah, on n’en est pas là.

« Hm… on peut dire ça. »

Je ne tiens pas vraiment à en dire plus et reste un peu énigmatique. Siegfried ne se renfrogne pas, il a l’air décidé à m’encourager, ce matin. Cela faisait un peu trop longtemps et ça me fait du bien, quand je sens que je peux encore être un peu important pour quelqu’un.

« En tout cas, quelque soit la chose ou la personne qui te rend heureux… je suis content, et j’espère que j’aurais le privilège de… »


Papa ne sait vraiment pas s’y prendre non plus, franchement, s’il est neurotypique, lui, alors je suis le pape. Ses propos me paraissaient soudain bien dramatiques même si j’apprécie le fond. Mais il fut de toute manière forcé de s’interrompre lorsque Maman dragon fit irruption dans la cuisine. L’effet sur nous fut instantanés, car nous nous tendîmes immédiatement sur nos chaises, de manière parfaitement synchrone. Alors, oui, quand je dis que j’aime l’ordre, c’est pas ce genre d’ordre. C’était mieux avant qu’elle n’arrive.

« Vous êtes encore en train de manger, tous les deux ? Helmut-Isaak, tu es prêt à partir ? »

Je regarde l’horloge de la cuisine… tu parles, j’ai trop de temps. J’imagine que je n’ai que ça à faire de toute façon, arriver plus tôt en cours, puis repartir le plus tard possible. Hm. Mais Martin arrive toujours en avance aussi. Je pourrais le prévenir. Je ne relève pas trop la portée méprisante à plusieurs niveaux des propos d’Alma et me concentre sur le projet de finir mon petit déjeuner composé de tartines à la confiture, de fruits et d’un grand café au lait. Je suis intérieurement frustré qu’Alma ait interrompu un bon moment que je passais avec mon père. Pendant qu’elle se sert un café, le grand blond dont les cheveux sont désormais presque intégralement gris m’envoie un regard compatissant et je me sens un peu mieux. Comme je ne veux pas faire de vague et prendre le risque d’agacer Maman, je termine rapidement et vais chercher ma sacoche déjà prête dans ma chambre. Al’ était retournée se prélasser dans son panier dans ma chambre et se leva pour m’accompagner jusqu’à l’entrée, comme à chaque fois que je m’en vais pour la journée depuis quelques mois, elle a pris l’habitude. Comme tous les jours où je suis à l’école, ce sera Papa qui s’occupera de la sortir. Elle aime beaucoup Papa. Maman l’ignore, pour sa part. Comment peut-on ignorer une toutou aussi adorable et au regard aussi touchant, je ne sais pas, mais je me demande si Alma a seulement une âme, des fois. Après tout, elle a dit « oui » pour que j’ai un chien à condition que j’en ai la responsabilité intégrale, sinon elle a promis de dire à la fourrière de la reprendre. Oui, comme si c’était un article qui ne marchait pas. Ça se passe de commentaires.

Avant de sortir, j’adresse un signe de main à mon père en train de ranger la cuisine, caresse Al’ en essayant d’ignorer les soupirs exaspérés de Maman. Elle m’arrête à la porte et m’envoie un regard entendu.

« Tu as pris tes médicaments ? »

Je risque pas d’oublier. Mais c’est plus pour elle que pour moi, qu’elle me demande, même si j’en ai besoin. Effectivement, faudrait pas que je lui gâche encore la vie avec une rechute de dépression, hein. C’est déjà assez honteux comme ça pour elle. Tu parles, heureusement que je les prends religieusement, peut-être qu’elle ne se rend pas bien compte que je n’ai pas envie non plus de replonger et que ça me fait bien plus de mal à elle qu’à moi.


« Oui. »

Je ne veux pas épiloguer. Fort heureusement, elle non plus et donc, vingt secondes après, je suis dans la voiture.

Alma me déposa à l’entrée et repartit après m’avoir réclamé une bise, enfin, « imposé » un terme plus honnête. Bien sûr, elle me dit de bien travailler avec le sourire puis la voilà repartie au travail. Je soupire et tente de ne pas m’apitoyer sur mon sort en envoyant un texto à Martin.

Je suis arrivé. Tu es où ?

Le temps que j’entre en présentant ma carte, le blond m’a répondu.

J’arrive. On se retrouve aux bancs vers le CDI.


J’aime bien les SMS de Martin. Il va droit au but, c’est efficace. Je m’avance vers l’endroit dont il m’a parlé. Quand on arrive en avance et qu’il n’y a presque personne dans la cour du campus, le coin avec des bancs à côté du CDI est bien tranquille. De toute manière, quand le reste des gens arriveront, on se séparera pour retourner dans nos groupes respectifs. Ça nous va de procéder ainsi pour le moment.

Il fait assez bon, même s’il n’est pas encore 8h, c’est agréable. Je m’en vais m’asseoir sur un banc et balaye quand même les environs du regard. J’aime mieux qu’il n’y ait personne dans le coin. Les gens ont plus tendance à attendre vers les entrées et à l’intérieur, on devrait être tranquilles. En me regardant l’espace d’un instant, un malaise me traverse. J’hésite à rester assis, aujourd’hui, je crois que je fais une fixation sur la tronche de mes cuisses et le reste de mon anatomie quand je suis assis. Je pense être devenu assez imperméable aux moqueries et aux reproches sur mon poids. Entouré par Olaf et même Papa, je crois que je m’en sors assez bien, enfin, je me considère chanceux de réussir à m’assumer et à ne pas focaliser sur ça chaque fois que je me vois dans un miroir. Mais, il y a des jours, où, plus que d’autres, je ne peux pas m’empêcher de relever des défauts dans mon physique et d’avoir l’impression qu’on ne voit soudain que ça. En l’occurrence, que Martin ne verra que ça et sera dégoûté. Mais une fois de plus, je n’ai pas le temps de m’attarder car le Rosenthal sort du bâtiment et arriver vers moi d’un pas qui me semble pressé. Je commence à sourire dans sa direction et le détaille à mesure qu’il approche. Il a l’air d’avoir passé du temps à se coiffer ce matin, j’ai l’impression qu’il a fait un truc différent avec ses cheveux, qu’ils sont plus poussés en arrière, et moins en mode raie sur le côté je crois… ?

« Salut, désolé, je, euh, je me changeais. »

Il me faut un instant pour comprendre à quoi il fait allusion. Je hoche la tête et me contente de l’excuser en l’invitant à s’asseoir. Je pense que c’est une bonne chose qu’il soit transparent sur ça, enfin, je veux dire, ça me fait plaisir qu’il me le dise, ça me fait me dire que je ne fais pas les choses de travers en ce qui concerne son passing. Je suis précautionneux, peut-être un peu trop… je ne sais pas si ce n’est pas un peu bizarre de ne pas aborder du tout le sujet non plus, à moins que Martin le suggère. Peut-être que je peux passer pour un mauvais allié, du fait de ne rien dire… ? Je sais pas, probablement dois-je encore me renseigner. J’aime bien me renseigner, juste pour savoir, même si je le garde pour moi.

« Tu as fait quelque chose à tes cheveux ? »

Demandais-je, tout de même curieux. Le binoclard blond cligne des yeux sous le coup de la surprise puis sourit en coin.

« Euh, ouais, je voulais les mettre plus en arrière pour une fois. »

Il a l’air satisfait que j’ai relevé ce détail. Un ange passe et alors, Martin reprend son air de kéké un peu arrogant, en s’accoudant sur le dossier du banc. Je souris déjà en coin et me sens rougir légèrement, croisant mes jambes et replaçant mes cheveux derrière mon oreille d’un geste soigneux. J’ai pas vraiment hâte de retourner chez le coiffeur, mais dès qu’ils seront à plus de 4 cm sous mes oreilles, Maman m’y enverra.

« Alors, t’es arrivé en avance parce que t’avais trop hâte de me voir, avoue. »

Pffff, mais qu’il est con. Et moi je rigole comme une midinette. Si seulement c’était aussi cocasse. Mais c’est vrai que ça tombait pas si mal, au final.

« Huhu, non, ma mère voulait me déposer en avance « pour que je révise avant les cours ». »

Martin arque un sourcil et a un mouvement de recul.

« Quoi ? Personne fait ça, le CDI est fermé, en plus… elle est stricte, ta mère ? »

On ne s’est pas vraiment parlé de nos vies en dehors de l’école, encore. On s’est parlé de ce qu’on aime, mais je n’ose pas raconter ma situation familiale en long et en large. Ça n’a rien d’intéressant et je ne veux pas avoir l’air de faire du misérabilisme.

« Bah, un peu… »

Non, pas « un peu », c’est un dragon. Et j’ai peur d’elle. Genre, super peur. Mais j’aurais l’air con, à raconter ça, mieux vaut mentir.

« Mais t’es drôlement vilain, alors, tu sèches les révisions… ? »

Je me remets à glousser et je sais que je rougis de plus belle. J’ai le teint pâle, ça doit vraiment se voir, mais je m’en fiche. J’aime bien l’idée qu’il voit que ça n’est pas pour me déplaire, quand il parle comme ça. J’hausse les sourcils et souris en coin.

« Oh, mais pas besoin de révisions, de toute façon. Je suis le premier de la classe, je te rappelle. »

Mon sourire de petit con prétentieux doit être parfait, avec l’entrainement. Quoi, c’est vrai que j’ai un soucis avec le fait d’être premier de la classe, parce que c’est limite une obligation, mais, plutôt que me plaindre, je préfère m’amuser de l’absurdité de la chose. C’est mieux que les moments où je m’attarde dessus en m’angoissant qu’un simple point fasse chuter ma moyenne et entraine un sermon de la part d’Alma. Vu les crises que ça me provoque, comprenez que j’aime mieux faire des vannes pour relâcher la pression. C’est quelque chose dont Natsume ricane très facilement avec moi, je crois qu’en revanche, Martin a mis du temps à comprendre l’aspect ironique de mes réflexions sur le sujet. Ce dernier lève les yeux au ciel et souffle en secouant la tête.

« Roh, le mec, j’y crois pas. T’y tiens, hein ? »

Son air taquin prouve qu’au moins, le fait que j’ironise au sujet de ma fausse assurance a l’air de l’amuser.

« Bah, quoi, quand on n’a rien d’autre pour soi, on fait ce qu’on peut ! »

Je ne crois pas que le blondin gère aussi bien l’auto-clash, en revanche. Peut-être que j’y ait trop souvent recours. Il ne rigole pas trop, cette fois-ci et roule des yeux.

« Roh, arrêtes… »

Zut, j’ai ruiné l’ambiance. J’émets un bref rire, un peu gêné.

« Je rigole, hein ! »

Je baisse quand même les yeux. Je me sens un peu con. Je ne sais vraiment pas tenir une conversation normale, même avec quelqu’un qui m’intéresse vraiment et qui me plaît comme Martin. J’aimerais en savoir plus sur lui, le connaitre, être plus proche, mais… mais je ne sais vraiment pas bien procèder, la preuve. Heureusement que le Rosenthal, lui, a l’air de bien mieux comprendre tout ça. Ou alors, c’est les airs qu’il se donne. C’est lui qui reprend la parole, comme souvent et change de sujet, je l’en remercie intérieurement.

« Après les cours au fait.. ça te dirait d’aller voir un film ? »

Oh, un film. Chouette. Mais je pleure tout le temps au cinéma, j’espère que ce sera pas le cas, pour une fois, ce serait con. Les joues toujours rosies, je hoche la tête. Martin sort son téléphone et regarde les programmes du cinéma du centre-ville, à juste 10 minutes en bus du bahut. Pendant qu’il tapote, je m’égare sur son visage concentré. Je dois me retenir de ne pas soupirer mièvrement, même si mes pommettes ne veulent pas arrêter de s’empourprer. Il est vraiment beau, avec ses yeux marrons qui m’ont souvent l’air noirs, surtout quand il fronce les sourcils. Avec ses cheveux qu’il coiffe avec une très (trop) grande précaution, mais dont quelques petites mèches lui tombent sur le front. J’ai vraiment envie de toucher ses cheveux, de connaitre leur texture. Pareil pour sa peau. J’ai envie de me rapprocher pour mieux le détailler… tiens, il a un grain de beauté tout petit près de son sourcil droit. Je m’égare et alors, Martin se retourne vers moi et me grille en train de le fixer de manière quelque peu insistante. Il a un léger sursaut et recule un peu sur le banc en bafouillant quelques mots et je ne saisis pas tout. Je me recule aussi, je ne voudrais pas le gêner d’avantage.

« Euh… y’a un problème… ? »

Demande-t-il quand même, mal assuré. Je secoue négativement la tête. Sa réaction me préoccupe un peu, le voila qui se recoiffe nerveusement. Je recommence à détailler ses gestes pour essayer de comprendre ce qui le rend nerveux, mais je crois que je préfère, euh, m’expliquer.

« Je, euh… je te regardais juste… »

Martin se tortille un peu et ricane nerveusement. Faut que j’arrête de le fixer. Je ne sais pas trop s’il rigole car il est content ou s’il est gêné.

« Que… Quoi, pourquoi ? »

C’est à moi d’être un peu confus, maintenant. N’est-ce pas évident ? On me dit souvent que je suis trop direct et c’est vrai que ce que je m’apprête à dire déclenche chez moi un serrement de cœur agréable et un peu d’embarras, mais je préfère ça au risque de mettre quelqu’un mal à l’aise.

« Bah, parce que… j’aime bien… ? »

Et le voila qui rougit et ricane bêtement. Je ne peux me retenir de faire de même avec un sourire en coin et en déviant le regard ailleurs. Il me donne un coup de coude.

« Pff, t’es bêêête ! »

C’est celui qui le dit qu’y est d’abbord. Je recommence à me tortiller gaiment et mon sourire arrogant reprend sa place.

« Hé, dis pas ça à mon gros potentiel intellectuel ! »

Le rire du blondin se fit plus guttural et sonore. Je reste pince sans rire mais intérieurement, je partage son amusement.

« Putain mais gars, descends un peu ! »

Déclare-t-il entre deux gloussements et en se tenant le ventre. Tu parles, que je descends, j’ai beau dire ce genre de conneries, ça ne va pas améliorer l’absence de confiance que j’ai en moi à ce sujet. Surtout que « potentiel intellectuel » ne veut rien dire. J’aime juste m’amuser de l’absurdité de la chose. L’autre binoclard essuie des petites larmes au bord de ses yeux et essaie de se reconcentrer. Il s’est rapproché et nos regards se croisent de nouveau. Je lui rends son sourire en coin et je ne peux pas nier que je sens mon estomac se réchauffer en realisant que j’aimerais vraiment qu’il m’embrasse, tout de suite. Mais on est au lycée, rien que cette pensée à l’effet d’une douche froide sur moi. Martin ricane encore un peu puis se remet à causer en secouant la tête narquoisement.

« Bordel, t’es vraiment… »

Je me penche un peu vers lui. Je me rappelle ce qu’on a vécu avant, les regards noirs qu’il me lançait (qu’il me lance toujours, hein), ses propos tatillons que je n’appréciais guère même si c’était des tentatives d’approche (d’après ce qu’il m’a déjà dit, enfin, il s’est un peu excusé pour ça)… j’aime quand même bien jouer avec ça aussi. Enfin, on me pardonnera d’avoir peut-être une fixette bizarre là-dessus, mais, maintenant que notre relation a changé, j’aime bien que Martin me bolosse comme il le fait là.

« Quoi ? Tu me méprises, c’est ça ? »

Lui dis-je en penchant la tête sur le côté et en papillonnant des yeux. C’est devenu très vite un jeu entre nous. Martin a du mal à rester dedans et se contente de pouffer à nouveau et ses joues redeviennent plus pourpres.

« Pfffrt, mais t’as fini ?! J’arrive pas à me concentrer sur le ciné ! »

Finit par déclarer le blond pour changer de sujet. Oui, reconcentrons-nous sur ce qui nous intéresse, c’est mieux. J’avoue que près de Martin, je perds le fil assez facilement. Pour une fois, ce n’est pas vraiment désagréable de perdre le contrôle. Bon, le truc, c’est que je suis quand même distrait car j’ai toujours autant envie d’être collé à mon camarade et de le toucher. Bien sûr je ne le ferais pas tant qu’il ne m’aura pas dit « oui », mais je n’avais jamais ressenti ce genre d’envies, avant. Moi qui n’aime pas vraiment le contact physique, habituellement, c’est étrange que je le désire soudain tant quand le Rosenthal se trouve à côté de moi. Finalement, on se met d’accord pour aller voir le dernier film Marvel, car on manque un peu d’inspiration. La première vague de monde a commencé à arriver par la suite, et Natsume puis Samaël avec, donc on s’est séparés avant de se retrouver ce soir. Enfin, « séparés », c’est-à-dire que ça ne nous a pas empêché de continuer de nous envoyer des messages et de s’envoyer des regards de midinette débiles dans les couloirs. Enfin, tout ça pour dire qu’initialement, j’avais méga hâte d’être au soir pour le ciné. Du moins c’est ce que je me disais le matin en arrivant.

La journée ne s’est pas aussi bien passée que prévue. Tout ça à cause d’une interrogation surprise en anglais. Personne n’aime les devoirs surprises et je ne fais pas exception à la règle. L’anglais n’est pas mon fort, vraiment pas, je peux me dépatouiller à l’oral si j’ai préparé ce que j’ai à dire, mais à l’écrit, j’ai l’impression de me cogner la tête contre un mur. Donc je n’ai pas passé un bon moment. J’ai perdu mes moyens et je sens bien que ça va faire tâche dans ma moyenne. Mon ami le Shimomura à piques tirait autant la tronche que moi, ce qui ne m’a pas aidé à dédramatiser. Martin, lui, fanfaronnait comme un idiot d’avoir réussi ce fichu contrôle et je n’ai pas pu m’empêcher de le détester temporairement pour ça. Ce qui n’a fait que rajouter à mon malaise car je me suis senti très mal de réagir ainsi. Est-ce que je suis si stupide et mauvais que ça ? A en vouloir à la personne qui me plait juste parce qu’elle est capable de faire quelque chose mieux que moi ? C’est tellement ridicule. Puis je ne parle pas de l’angoisse qui n’a gagnée dès que j’ai pensé à la réaction de ma mère. Ma gorge m’a fait mal le reste de la journée, à force d’essayer de faire comme si ne rien était. J’ai même eu envie de pleurer quand Martin m’a envoyé un message pour me demander comment ça s’était passé pour moi, car il avait vu que je tirais la tronche. Je vois bien qu’il essayait de faire des efforts et donc, je me suis dit que je ne méritais pas son attention. Je lui ait mis un vent et n’ait répondu que pour lui dire qu’on se rejoignait à la sortie, comme prévu. J’avais vraiment envie qu’on sorte après les cours, je voulais toujours être avec le Rosenthal pour quelques heures, pour me détendre, mais le cœur n’y était plus. Mais, si je n’y allais pas, si d’un coup, je lui disais que je préférais retourner au calme, au CDI, je serais passé pour le relou de service qui ne pense qu’à lui.

Alors, évidemment, ce qui aurait dû me remplir de joie n’a pu être que pénible. A commencer par le bus trop bruyant, trop plein et qui pue. Puis, le hall de la salle de cinéma avec ses bornes de réservation qui ne marchent que quand elles en ont envie (pour le coup, même Martin s’est agacé dessus, je me suis senti un peu moins bête) et enfin, la salle, heureusement peu pleine pour un blockbuster, mais, qui sentait le vieux popcorn. Quand les lumières se sont éteintes et que j’ai eu quelque chose sur lequel me concentrer, je me suis dit que ça irait mieux, que je serais de meilleure compagnie pour Martin. D’ailleurs, on avait parlé pendant le trajet, mais je suis incapable de me rappeler de quoi. En plus, j’avais du mal à répondre. Pourtant, il a l’air content, il riait et j’ai essayé de rire avec lui pour me sentir mieux. Bref, pour que ça ait l’air d’un « vrai » rencard. Un comme on en voit pour les fictions débiles pour ados niais.e.s, parce que, je dois bien dire, ça a pas l’air si désagréable que ça à vivre, même si c’est gnangnan. J’aimerais bien vivre un truc « gnangnan », moi, ça me changerait de broyer du noir.

Pour en revenir au film et arrêter de me flageller comme le dernier des gosses de riches qui se plaint pour rien, j’ai essayé de me concentrer. Martin avait attiré mon attention sur quelque chose, mais je n’ai pas bien entendu, donc je me suis contenté de dire « ah, ouais ». Me concentrer sur le film en m’efforçant de ne pas penser au fait que j’avais mal au crâne et à la gorge et au contrôle d’anglais me faisait me sentir un peu mieux. Le blondin fit une autre remarque, je ne l’imaginais pas aussi bavard devant un film. Cette fois, je me tourne légèrement vers lui et nos regards se croisent. Aussi surpris l’un que l’autre, nous restons un moment interdits, à nous dévisager. Je sens que mes mains deviennent moites et que mon cœur bat à un rythme effréné… c’est pas le moment ! Je suspens mon souffle en réalisant comme l’autre binoclard est proche. Merde. Je suis pas du tout dans l’humeur pour ce genre de rapprochement. Mais je ne veux pas tout gâcher. Mais si je laisse faire, je sens que je vais avoir une réaction de rejet sans précèdent. C’est lorsque la main de Martin effleure avec douceur la mienne que je sursaute et glisse presque de mon siège, en retirant brusquement ma main.

« W-wow, euh, ça va ? »

Finit par me demander le Rosenthal, après quelques longues secondes de silence pesant. Il me semble préoccupé mais je pense qu’il doit surtout être déçu… bon sang, je me déteste… mon souffle est court et je dois arrêter de le dévisager comme un monstre alors qu’il… j’aurais préféré qu’il demande avant, mais, il ne pensait pas à mal. Finalement, j’arrive à articuler quelques mots, non sans avoir beaucoup de mal.

« Non, euh, oui… je dois… aux toilettes… j’dois aller aux toilettes. »

Parvins-je à articuler juste avant de me lever et de lier le geste à la parole. Une fois dans une cabine de toilettes, je m’assois sur le couvercle et ramène mes genoux vers moi. Mais quel abruti ! Je craignais de tout foutre en l’air, alors là, je crois que j’ai réussi ! Je suis ultra grillé, si j’y retourne, je ne me sentirais pas mieux, mais il est hors de question que je parte comme un voleur. De toute façon, mes affaires et mon portable sont encore dans la salle. J’essaie de profiter d’être seul pour me calmer et respirer sans risquer d’être dérangé. Avec les odeurs ce n’est pas très facile. Il me semble que je reste un long moment là, à essayer de calmer la panique qui s’est insinuée en moi et m’a complètement bloqué la gorge. Nom de dieu… gâcher son rencard car on est pas fichus de se remettre d’un devoir d’anglais raté. Je devrais vraiment arrêter d’être un boulet pour tout le monde, là, c’est quand même le bingo. Il va bien falloir que j’y retourne à un moment ou à un autre… Il me faut quelques minutes supplémentaires pour me décider à bouger. Je me relève, tire la chasse pour rien comme pour prétendre que j’étais sur le trône tout ce temps, puis me retrouve dans la salle. J’arrive à la fin d’une grande scène d’action, apparement. Martin m’aperçoit et je le vois se redresser sur son siège. Je n’ose lui jeter un regard lorsqu’il me regarde m’asseoir d’un air soucieux. Il lui faut quelques secondes pour finalement m’adresser la parole à voix basse.

« Euh… t’es sûr que ça va… ? T’as l’air bizarre… »

Je sais que je suis bizarre, bordel de merde. Si je suis ici c’est justement car je voulais juste faire un truc d’ado pas bizarre. Martin ne pense certainement pas à mal, mais… les mots qu’il a choisis passent vraiment mal.

« Ça va, ça va. »

Lui répliquais-je plus sèchement que je n’aurais voulu avant de me reconcentrer sur le film. Le temps me parait vraiment long, je n’ai pas du tout profité du reste de la séance et ne partage pas l’enthousiasme apparent de Martin lorsqu’on sort de la salle. Sûrement qu’il essaie de détendre l’atmosphère mais je n’arrive pas à me mettre dans la même humeur. Je le laisse pour la scène post-crédit en avançant que la climatisation me fait froid et vais l’attendre dehors. J’ai vraiment pas envie de reprendre le bus au retour, mais je vais pas déranger Olaf pour ça non plus. Martin sort dans les derniers, je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qui lui a pris tant de temps. Il n’a pas arrêté de m’envoyer des regards préoccupés, j’aimerais bien qu’il arrête, ça ne m’aide pas.

« T’as aimé ? »

Me demande-t-il alors que je détourne le regard. J’hoche la tête avec un « hm-hm » un peu vague, qui ne convainc pas l’autre. Je ne sais pas trop quoi faire. Je me sens épuisé et incapable de prendre des décisions pour moi. Alors j’attends, comme un con. En entendant Martin soupirer, je grimace. Tu m’étonne qu’il soit exaspéré, après un rencard raté comme ça. Le binoclard blond tapote du pied par terre puis pose ses mains sur ses hanches.

« Hé, Helmut, j’ai fait quoi de mal ? »

S’il s’efforce de garder son calme, j’ai l’impression de percevoir une pointe de reproche dans ses paroles. Pas maintenant, bon sang, je suis vraiment pas en état de répondre. Je sais pas quoi répondre. J’aimerais juste lui dire que je lui en veut pas, que ce n’est pas sa faute et… que c’est moi, le problème, que j’aurais dû savoir que je n’étais pas en état, que je me forçais et que ça ne pouvait pas bien se finir.  Après quelques instants, je me décide finalement à prendre mon portable dans ma poche, ouvre mon traitement de texte et commence à taper sur le clavier. Puis, après moult réticences internes de peur de me recevoir un « mais arrêtes de te comporter comme un débile », je retourne finalement l’écran vers le blond, qui me lit, rendu muet par l’incompréhension.

Désolé.

« …Quoi… ? Pourquoi est-ce que tu… ? »

Je reprends mon portable et recommence à taper frénétiquement.


J’aurais pas dû venir. Je me sens pas bien.


Martin regarde le portable, puis me regarde moi. Il fronce les sourcils et ne comprend pas. Mon dernier message prend bien plus de temps à s’écrire. Je tente d’ignorer les interrogations de Martin auxquelles je me sens un peu trop bête pour répondre.

« Mais… mais dis-moi juste ce qui va pas… ! »

Je vais rentrer, je crois. Promis, je t’expliquerais.

J’en sais rien pour la "promesse", de si j’aurais le courage, je crois surtout que je vais l’éviter comme le dernier des sales lâches.

« Quoi ? Mais me laisses pas en plan comme ça ! »

Je ne pense pas que martin soit en colère. Mais quand je le regarde, il donne l’impression d’être triste. Quelle classe, Helmut, tu as réussi à blesser ton crush. Je suis bien trop dramatique, mais j’écris un dernier truc.


Merci pour le ciné en tout cas. Désolé pour la sale ambiance.

« Euh… Ok… Salut. »

Je rends son signe de main au blond a l’air déçu et parvient enfin à me bouger jusqu’à la sortie puis à l’arrêt de bus. On prenait pas la même ligne, de toute manière, on n’aurait pas tardé à se séparer pour la soirée. Mais je m’en veux. C’est vraiment naze de le laisser en plan ainsi. Je n’ai pas l’énergie de lui envoyer un message pour m’expliquer, d’autant plus que je redoute trop ce qui m’attend peut-être au retour à la maison. Fort heureusement, Maman était absente pour la soirée, « dîner d’affaires », d’après Papa qui profitait de l’occasion pour s’affairer aux fourneaux. Il a dû avoir une grosse journée, je me demande comment il a encore l‘énergie pour ça. Mais quand je le vois se faire plaisir en cuisine, je dois dire que ça me remonte le moral. Il est concentré sur son ouvrage et ne m’entend pas entrer. Pas plus mal, je peux en profiter pour monter dans la chambre avec Al’ qui n’a pas tardé à sentir mon malaise. La husky me fait des câlins et des léchouilles pour me remonter le moral et il me faut un petit temps pour émerger, poser et ranger mes affaires pour redescendre jusqu’à la cuisine.

« Salut mon grand, alors, tu as passé une bonne journée ? »


J’ai vu mieux. Je préfère ne pas trop repenser. En se retournant vers moi, Papa voit bien vite que j’ai perdu mon sourire de ce matin et devient soucieux.

« Hm… ça va. ‘Suis fatigué. »

Me contentais-je de répondre en mentant un peu. Ce n’est pas très sain, ce que je fais, là. Mais Papa a assez de soucis comme ça. Il me regarde avec l’air préoccupé tandis que je complète mes défis quotidiens sur les jeux de mon smartphone. Al l’interrompt en lui sautant dessus et en lui faisant ses yeux les plus craquants, comme elle espère avoir un peu de jambon en rab. Evidemment, Papa craque et lui offre quelques morceaux. Je soupire en lui lançant un regard lassé.

« P’pa, faut pas lui donner tout ce que tu cuisines… »
« Roooh, mais, elle a faim, la pauvre petite ! »

Je roule des yeux. Evidemment, elle a toujours faim quand on cuisine et que ça sent la viande grillée. Siegfried se baisse pour être à la hauteur d’Algorithme et ébouriffe ses oreilles touffues en lui marmonnant des « c’est qui le bébé à son grand papa ? meuh, oui, c’est toi ma chérie d’amour ». Je ne peux m’empêcher de glousser en le voyant faire son numéro. Par la suite, il termine de faire ses trucs puis retire son tablier afin de s’assoir avec moi à la table. Il n’a pas vraiment dû me croire quand je lui assurais que tout allait bien tout à l’heure car il revient à la charge.

« Dis-moi, tu es sûr que tout va bien ? Tu n’as pas bonne mine. »


C’est vrai, ça doit être écrit sur ma tronche. Je regarde ailleurs. Je ne sais pas quoi lui dire. « Alors en fait j’ai raté mon contrôle d’anglais et Maman va me tuer et ça a totalement foutu en l’air toute ma journée et donc mon rencard au ciné avec mon crush, ah oui je t’ai pas dit mais je suis pansexuel lol, et au ciné j’ai laissé en plan Martin parce que je suis bizarre et pas capable de simplement passer deux heures dans une salle de cinéma pour profiter de la compagnie de la personne qui me plait, tout ça à cause d’un exam raté », je ne vais pas lui sortir un truc pareil. Je ne ferais que foutre la merde si je confessais tout ça d’un coup. Alors je commence par me taire et baisser les yeux. Je ne vais pas lui cacher grand-chose longtemps. Mais, pour le moment, je ne suis pas prêt à tout lui dire donc je vais en rester à ce qu’il sait.

« C’est rien, j’ai raté un contrôle surprise en anglais… »

En y repensant, ma gorge se serre. Je sais bien qu’en réalité, ce n’est pas ce fichu devoir, le problème. Papa m’observe en restant compatissant.

« Oh… mais, c’est pas très grave, ça, Moumou… »


Le ferme les yeux et me masse le front en grommelant. Evidemment qu’il dit ça, lui. Je sais qu’il le pense, que ça ne changera rien à ses yeux. Mais, ce n’est pas ça, qui m’angoisse.

« C’est pas grave, pour toi. »

Je lui lance un regard entendu. Il baisse les yeux, je vois qu’il a compris et je l’entends soupirer en se recoiffant nerveusement d’une main.

« Ecoutes… je vais en parler à ta mère, il faut que… »


Je manque de réagir violement et me redresse sur ma chaise. Al’ sursaute et me fixe en échappant un jappement préoccupé.

« Non, c’est pas… »
« Helmut. »

Ce n’est pas souvent que Siegfried m’interrompt d’un ton aussi ferme. Il esquisse un geste de la main censé m’apaiser et il se détend à son tour, réadoucissant la sonorité de ses mots.

« Je sais que c’est tout sauf facile pour toi, ces derniers temps, avec ce qui se passe entre moi et maman. »

Sans blague. Il est long à la détente. Je ne devrais peut-être pas être en colère contre lui aussi, mais je ne peux pas m’en empêcher. Je fronce les sourcils et me braque rapidement, retournant sur mon portable.

« Je suis désolé que tu te retrouves dans une position aussi peu confortable… et aussi de ne pas avoir réagi plus tôt. »

Je me sens mal. J’ai peur que les choses empirent juste pour nous deux, maintenant. C’est ridicule, je suis tellement peureux et parano pour tout… Que veut-il que je lui dise ? Je ne sais même pas si ça va servir à autre chose qu’encore plus envenimer la situation, que ça vienne de lui, de moi ou d’une autre personne.

« Donc, laisses-moi aller lui parler. Tu n’as pas à subir autant de pression alors que c’est déjà assez compliqué comme ça. »

Mais qu’est-ce qu’il en sait ? Il est allé au confessionnal comme tous les dimanches et une soudaine étincelle divine lui a un peu remis de l’ordre dans les idées ? Bon, certes, il essaie toujours de faire des choses pour moi, m’enfin… franchement, il aurait pu être plus présent.

« Enfin, je suis de ton côté et… je veux juste te dire que ça va s’arranger. Je te promets. »

Oh, je veux le croire. Mais j’ai du mal. Alors je ne dis rien. Qu’est-ce que je suis censé dire ? Je ne peux pas dire que ça ne me soulage pas un peu qu’il essaie, mais je ne crois pas que ça va changer grand-chose. Je n’y crois pas vraiment, en fait. Je repense à Hanz et à Klaus. Mine de rien, c’est pas pour rien qu’ils n’ont pas préféré rester. Leur départ ne m’a pas aidé à moins me refermer sur moi-même, d’ailleurs, mais même ça, Siegfried n’avait pas vraiment l’air de s’en rendre compte. Je veux bien croire que lui aussi, a eu des moments difficiles à l’époque ou mes deux grands frères sont partis, mais… j’aurais préféré ne pas rester livré à moi-même dans ces moments, en fait. Enfin, heureusement, depuis le temps, il y a Natsume et Olaf. SI ça continue je vais trouver le moyen d’aller dormir chez l’un ou l’autre ces prochains jours. Enfin. Je soupire et regarde Papa qui a encore son air de chien battu.

« Ok… fais comme tu veux. »

Soufflais-je en allant chercher de quoi mettre le couvert. J’en ai marre de cette journée, j’ai envie qu’elle termine au plus vite. Dormir, c’est bien, là, personne ne vient m’ennuyer. Peut-être bien que je suis un petit con qui ne sait qu’envoyer chier tout le monde quand on essaie de lui proposer de l’aide. Si ça continue comme ça, Natsume sera le prochain sur la liste. Tant pis, les gens ne ratent rien d’autre qu’un gros dépressif qui ne sait faire que chouiner sur ses notes et quand il y a trop de bruit et d’odeurs fortes, de toute manière. Lorsque je termine de manger et que je dis bonsoir à mon père, que je monte dans ma chambre avec Al’, je pense à Martin. On aurait pu être tellement bien, tous les deux, si j’avais pas tout fichu en l’air. On aurait été les deux mecs qui passent leur temps à s’envoyer des piques pour flirter, qui vont voir des films pour cracher ensuite sur le moindre petit défaut superflu, juste histoire de parler et de voir l’autre s’enflammer pour quelque chose. Si je m’étais écouté, ça n‘aurait pas dégénéré. Enfin, je rêve, bien entendu. Je ne sais pas encore quoi dire à Martin, si seulement il voudra me parler à nouveau. Il est déjà trop tard pour décider, de toute manière. Je sens que des pensées noires m’envahissent de nouveau, donc je préfère allumer ma console pour jouer jusqu’à ce que mes yeux commencent à se fermer tous seuls. Je me sens tellement épuisé. Même après tout ça, j’espère encore que mes soucis auront disparu au réveil.
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